Mutations et devenir des paysanneries de l'opération Yabassi-Bafang (littoral - Cameroun).

C-2. Le rôle de la SODENKAM

Pour un projet de la mise en valeur régionale comme l'Opération Yabassi-Bafang, un organisme de financement et de gestion s'avère être une nécessité. Dans le cas précis de la région de Nkondjock, 2 phases de gestion sont à distinguer :

? La première phase, qui va de 1964 à 1969, correspond à l'ouverture de J'axe routier Yabassi-Bafang (196-J-1965) à 1'installation des pionniers à partir de 1966 et enfin l'élaboration du projet de factibilité de l'opération qui a abouti à une structure de gestion: la SCET-COOP, organisme français chargé d'encadrer les pionniers sous la tutelle du ministère du plan. La gestion est assurée par cette dernière et le financement est supporté conjointement par L'Etat Camerounais et le Fonds d'Aide et de Coopération (FAC). A la fin de la période 1969, la part des dépenses du FAC s'élève à 492,5 millions de francs CFA et celles du Cameroun à 1085, soit en tout 1589,5 millions de francs CFA.

? Pendant la seconde phase commencée on 1970 la gestion est assurée par la SODENKAM et le financement supporté entièrement par le Cameroun. La SODENKAM est créée par décret N° 70/0F/524 du 27 Octobre 1970. Mais elle est gérée selon la loi 68/LF/69 du 11 Juin 1968 portant création des sociétés de Développement. Elle doit poursuivre et prolonger le rôle de SCET-COOP, c'est-à-dire la mise en valeur des terres de la région de Nkondjock. Ceci doit se faire par le recrutement, l'installation et l'encadrement des immigrants.

Ainsi les pionniers dès leur arrivée, bénéficient de nombreux avantages dans divers domaines. Sur le plan alimentaire, le pionnier reçoit une prime alimentaire attribuée par le (PAM) Programme Alimentaire Mondiale, en attendant que sa plantation produise. Cette prime s'échelonne sur 3 ans et comprend mensuellement 5,6 kg de riz 600 g de sucre, 6 kg de lait et de corned beef. il faut ajouter à cette prime d'encouragement une somme de 3000 fcfa versée mensuellement dès la première année et se réduit à 15000 fCFA dès la troisième année.

La SODENKAM leur procure également le petit matériel agricole (machette, houe, daba, trident, pioche, pulvérisateur etc). Le pionnier est exempt pendant 5 ans à partir de la date de l'installation.

L'AMÉNAGEMENT DE L'ESPACE

CHAPITRE II :

Les terres distribuées aux colons font partie du patrimoine national. Par le décret loi n°63-2 du 9 janvier 1963 fixant le régime foncier et domaniale, ce patrimoine est constitué de toutes les terres qui ne sont propriétés ni des individus, ni des collectivités. Dès lors ces terres sont gérées par l'état qui les distribue aux citoyens désireux et capables de les mettre en valeur.

Ainsi le pionnier de la région de Nkondjock reçoit un lot de 1000m dans le village pour son habitat et des champs de 6 à 8 hectares.

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L'arrivée des immigrants de façon massive a entraîné de nombreuses mutations dans divers domaines. Le changement du cadre géographique et la rupture écologique s'accompagnent d'une modification des systèmes de cultures et dos habitudes traditionnelles c'est dans ce sens que J.C. BARBIER écrit :

« Une zone de colonisation n'est donc pas une extension en superficie de l'aire d'habitat traditionnel, il n'est non plus la simple reproduction sous d'autres cieux de l'économie de la zone de départ. Elle acquiert après les années d'installation une véritable autonomie et une originalité par rapport à la zone de départ et par rapport aux autres populations environnantes»¹

Dès lors, les pionniers installés dans la zone de l 'Opération vont la mettre en valeur, dans un espace dont l'organisation est dictée par la SODENKAM nt point qu'en 1980, les résultats de l'Opération sont déjà palpables.