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Analyse comparative de la répartition des espaces verts urbains dans les métropoles européennes.

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par Yannick Schneeberger
Université de Lausanne - Master of science in urban studies 2011
  

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    Master of Science in Geography

    Analyse comparative de la répartition des espaces verts urbains dans les métropoles européennes

    Yann ickSchnee .erger

    Sous la direL t.ivn du Prof, C Iine f oze lol t

    AAaitrise universitaire ès sciences cri géographie Aoùt - 2011

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    2

    INTRODUCTION 4

    - PREMIÈRE PARTIE - 6

    APPRÉHENDER LES ESPACES VERTS URBAINS DANS UN CADRE COMPARATIF 6

    1 DES SUPPORTS DE VIE PEU COMPARABLES 7

    1.1 DIVERSES CATÉGORISATIONS POSSIBLES 7

    1.2 CONCEPTS RETENUS POUR LA DÉFINITION ET LA CATÉGORISATION DES ESPACES VERTS URBAINS 8

    2 ESPACES VERTS URBAINS ET ECHELLES DE TRAVAIL 11

    2.1 FONCTIONS ISSUES DE LA FRÉQUENTATION 11

    2.2 FONCTIONS PROPRES 13

    2.3 FONCTION ÉCONOMIQUE : LE MARKETING URBAIN DES ESPACES VERTS 16

    2.4 LE BESOIN CHIFFRÉ EN ESPACES VERTS URBAINS 17

    3 LA PROBLÉMATIQUE DES NIVEAUX GÉOGRAPHIQUES EN EUROPE 19

    3.1 LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES 20

    3.1.1 Le système NUTS 20

    3.1.2 L'Urban Audit : Concept 21

    3.1.3 L'Urban Audit : Test d'application 23

    4 LES ESPACES VERTS ENTRE VILLE DENSE ET VILLE ÉTALÉE 26

    5 REGIMES D'URBANISATION ET ESPACES VERTS URBAINS DANS LES METROPOLES EUROPEENNES 28

    5.1 DE L'ANTIQUITÉ A LA RENAISSANCE : FASTES ET CITÉS MILITAIRES 28

    5.2 DE LA RENAISSANCE AU XXÈME SIÈCLE : CROISSANCE ET EMBELLISSEMENT 29

    5.3 XXÈME SIÈCLE : SUBURBANISATION ET PÉRIURBANISATION 31

    5.4 VERS UN UNIVERSALISME DANS LA CRÉATION D'ESPACES VERTS URBAINS ? 33

    5.5 POLITIQUE COMMUNAUTAIRE EUROPÉENNE 36

    5.6 QUESTIONNEMENTS RELATIFS A L'ÉTUDE COMPARATIVE DES ESPACES VERTS URBAINS DANS MÉTROPOLES EUROPÉENNES. 36

    - DEUXIÈME PARTIE - 39

    CONSIDÉRER LA PLACE DES ESPACES VERTS URBAINS DANS LES MÉTROPOLES EUROPÉENNES :

    METHODOLOGIE 39

    1 DÉFINITION DU CADRE ANALYTIQUE 40

    2 SUPPORTS DE DONNÉES 47

    2.1 ECHANTILLONNAGE DE MÉTROPOLES 50

    2.1.1 Sélection des métropoles 50

    2.1.2 Sélection d'indicateurs 52

    - TROISIÈME PARTIE - 55

    FORMES URBAINES ET RÉPARTITION DES ESPACES VERTS URBAINS 55

    1 FORMES URBAINES 56

    1.1 L'EMPRISE AU SOL DES MÉTROPOLES EUROPÉENNES SELON LE PRINCIPE DE CONTINUITÉ DU BÂTI A 400M 56

    1.1.1 Paris 56

    1.1.2 Londres 57

    1.1.3 Madrid 58

    1.1.4 Berlin 59

    1.1.5 Athènes 60

    1.1.6 Rome 61

    1.1.7 Bucarest 62

    3

    1.1.8 Stockholm 63

    1.1.9 Copenhague 64

    1.1.10 Zürich 65

    1.2 TABLEAUX RÉCAPITULATIFS ET CALCULS D'ÉTENDUES 66

    2 ESPACES VERTS INTRAURBAINS PAR MÉTROPOLE D'APRÈS LE CHAMP URBAIN 67

    2.1 ESPACES VERTS INTRAURBAINS PAR MÉTROPOLE 68

    2.1.1 Paris 68

    2.1.2 Londres 70

    2.1.3 Madrid 71

    2.1.4 Berlin 72

    2.1.5 Athènes 74

    2.1.6 Rome 76

    2.1.7 Bucarest 78

    2.1.8 Stockholm 79

    2.1.9 Copenhague 81

    2.1.10 Zürich 82

    3 COMPARAISONS ENTRE LES MÉTROPOLES 83

    3.1 ANALYSE CHIFFRÉE A PARTIR DES INDICATEURS 84

    3.1.1 Espaces verts totaux et formes urbaines 84

    3.1.2 Agriculture intraurbaine et formes urbaines 85

    3.1.3 Espaces en agriculture intraurbaine et formes urbaines 85

    3.1.4 Homogénéité des répartitions des espaces verts 85

    3.1.5 Conclusion intermédiaire 86

    3.2 VERS UNE SYNTHÈSE, À PARTIR DES CAS DE LONDRES ET PARIS 86

    3.3 ANALYSE SYNTHÉTIQUE 88

    3.4 SURFACES TOTALES ET DENSITÉS 90

    3.5 TAILLE DES MÉTROPOLES ET ACCÈS À LA NATURE 91

    3.6 SURFACES MOYENNES DES ESPACES VERTS 91

    3.7 SURFACES TOTALES ET CLIMATS 92

    4 CONCLUSION 94

    5 PERSPECTIVES 95

    BIBLIOGRAPHIE 97

    ANNEXES 100

    4

    INTRODUCTION

    Longtemps reléguée à un rang secondaire par rapport à la morphologie du bâti, la nature en ville est considérée en urbanisme dès la fin du XVème siècle pour des raisons esthétiques. Ce paradigme restera ancré jusqu'à ce que l'édification de parcs et squares permette de tempérer les maux urbains ressentis lors des croissances à tout-va de la révolution industrielle. Aujourd'hui élément déterminant dans les processus d'interventions spatiales, la nature en ville propose de nombreux avantages : écologiques, sociaux, esthétiques, sanitaires ou encore économiques.

    Les espaces verts urbains ne jouent pas moins un rôle ambigu, ils participent du défi de la densification qualifiée, en tant que supports de fonctions sociales vitales pour le bien-être de la société, mais également comme acteurs de l'étalement urbain. Non seulement la quantité de végétation en ville est une question fondamentale pour le devenir des cités, mais son type également, ainsi le niveau d'équipement des espaces verts urbains s'invite dans le débat, de même que l'agriurbanisme.

    Afin de rendre compte de l'ampleur de ces phénomènes, ce mémoire se propose de cartographier ces différents espaces verts sur la base d'images satellitales, et d'analyser leurs répartitions intraurbaines. Alors que François Ascher discourait en 1995 sur le fait que nous ne «vivons plus à l'échelle du quartier ni même de la ville, mais d'une vaste conurbation polycentrique et discontinue», il est relevable que premièrement la pertinence du travail se veut plus grande sur des métropoles, et deuxièmement que les formes urbaines sont au centre de nos analyses. Dès lors, ce mémoire vise à des analyses comparatives entre métropoles d'Europe, besoin qui se fait largement ressentir par les instances dirigeantes européennes afin de soutenir et étayer des politiques urbaines qui puissent répondre spécifiquement aux problèmes des vastes capitales d'aujourd'hui.

    En effet, nombre d'études sont freinées par l'absence d'harmonisations efficaces des données au niveau international. De plus, d'ambitieux projets comparatifs avortent avec comme cause récurrente des échelles territoriales classiques ne répondant plus des aires fonctionnelles d'aujourd'hui. Ainsi, l'analyse inter-villes suppose la définition de cadres urbains comparables, ce à quoi ce mémoire s'attelle par des méthodes propres.

    5

    Classiquement, l'étalement urbain et la morphologie des villes sont étudiés par des analyses de la surface bâtie, nous prenons la contrepartie d'analyser son inverse, à savoir les espaces verts. Partir de leur répartition intraurbaine, dans un esprit systémique, nous permet d'étayer les problématiques classiques de l'étalement urbain et de l'accessibilité à la nature en ville.

    6

    - PREMIÈRE PARTIE -

    APPRÉHENDER LES ESPACES VERTS

    URBAINS DANS UN CADRE COMPARATIF

    1 DES SUPPORTS DE VIE PEU COMPARABLES

    1.1 DIVERSES CATÉGORISATIONS POSSIBLES

    La forme d'un espace public prédispose à sa fréquentation, celle d'un espace vert également. Forêts intraurbaines et squares permettent des comportements différents, ainsi les objectifs de fréquentations qu'ils recouvrent le sont également. Conséquence de la publicité de ces lieux, des catégories de populations bien différentes peuvent donner vie aux espaces verts urbains et leur conférer des fonctions multiples. La variété des types d'espaces verts urbains est grande : parcs, squares, forêts, bois, jardinets, toits végétalisés, etc. Lesquels d'entre eux doivent être pris en considération dans l'analyse des trames vertes urbaines ? La définition des catégories précitées n'est pas aisée, en effet des structures végétales peuvent prétendre à plusieurs dénominations, à l'instar des jardins collectifs, des bois équipés en mobilier urbain ou des zoos pour ne citer que quelques exemples.

    La variété de la forme que peut prendre la nature en ville est abordée avec le tableau suivant, où les grands types d'espaces verts urbains sont présentés.

    Type Périodes-type de création Niveau d'Anthropisation

    Marqué

    Nul

    Jardin à la française Ville classique, Italie, XVIème

    Jardin à l'anglaise Ville classique, Angleterre,

    XVIIème

    Square

     

    1853 (Haussmann, Paris)

    Parcs 1853 (Haussmann, Paris)

    Jardins familiaux /potagers Moyen-âge, intramuros

    Bois Antiquité ou antérieur

    Forêt Antiquité ou antérieur

    7

    Tableau 1 Types d'espaces verts, période d'invention, lieu et niveau d'anthropisation.

     

    Y.Schneeberger (c)

    Il est désormais bien visible que maintes formes peuvent être incorporées dans l'une ou l'autre des catégories et qu'au sein même de certaines, la question de la présence de certains espaces se pose. En effet, à partir de quelle taille un espace naturel est-il qualifiable de bois ? Où se trouve la limite Ni

    entre bois et forêt ? Quel niveau d'équipement fait basculer le bois dans la catégorie parc ? L'exercice

    8

    peut se répéter à l'infini, et démontre l'impossibilité de différencier les espaces verts urbains sur la base de leur forme pour un travail où leur nombre espéré est important.

    En raisonnant d'une manière plus globale, les espaces verts urbains sont des espaces publics. Pour Antoine Fleury ce terme désigne «un espace abstrait et changeant, prenant la forme du rassemblement qui le fait naître»1. Ici, ce sont les pratiques spatiales des individus, mises en rapport avec un substrat, le sol urbain, qui confèrent des fonctions à un espace. Ainsi, s'exprime le rapport entre Homme et Nature dans la ville, grâce aux espaces verts. Leur finalité est d'ailleurs leur fréquentation, néanmoins il n'en demeure pas moins des fonctions climatiques, hydrologiques et de biodiversité. Catégoriser ainsi les espaces verts urbains est ainsi bien trop complexe pour ce mémoire, et des solutions simplificatrices doivent être utilisées. En restant dans l'optique de la séparation des fonctions, nous pouvons les réduire à deux grandes catégories : il s'agit premièrement des fonctions qui supposent la fréquentation humaine, et deuxièmement d'autres plus directes, à savoir les fonctions propres, telles que la structuration du bâti, les aspects climatologiques ou encore la participation à la biodiversité. Ces différents points seront développés plus en aval de ce travail afin de décrire les échelles de travail des espaces verts urbains, étape nécessaire à la sélection d'un cadre urbain pertinent.

    1.2 CONCEPTS RETENUS POUR LA DÉFINITION ET LA CATÉGORISATION DES ESPACES VERTS URBAINS

    Une catégorisation basée sur les activités rendues possible par la forme et l'équipement des espaces verts, répond certes d'un fonctionnalisme plaisant, néanmoins elle est difficile à mettre en place. Nos objectifs de comparaison entre métropoles supposent le repérage d'un nombre important d'espaces et les différencier d'après leurs fonctions, ne serait-ce que celle qui est majeure, apparaît comme un travail trop important. En effet, plus la catégorisation est simple, moins le travail sera important à effectuer pour chaque métropole. De plus, les éventuelles spécificités locales peuvent être évitées en abordant la définition de nos espaces verts d'une manière non différenciée.

    Ainsi, séparer les espaces verts sur la base de leur forme se relève être une impasse pour des travaux à des fins comparatifs, dès lors n'existe qu'une seule catégorie : les espaces verts. Faut-il toutefois définir quel cadre cela recouvre, et quelles limites cela suppose. En effet, comme le souligne Boutefeu (2011 : 6), pour la même surface «un urbaniste parle volontiers d'espace vert, un paysagiste

    1 Définition dans Espace public, revue Hypergeo. http://www.hypergeo.eu/spip.php?article482

    de site paysager, un promoteur d'espace non bâti. Par contre, un biologiste utilise le terme de zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique [...] un agronome emploie le mot de surface toujours en herbe ou de terre labourable, tandis qu'un juriste lui donne volontiers le statut d'espace boisé classé».Ce chapitre a la vocation de clarifier nos considérations. Ainsi, la définition qui nous parait la plus pertinente est la suivante :

    Par espace vert, il faut à notre sens entendre un espace au sol régulièrement en herbe, s'élevant en hauteur d'une manière végétale.

    Cette définition signifie que les espaces arides ne sont pas des espaces verts (mais en l'occurrence entre le brun et le beige), et qu'une surface d'herbe telle une pelouse ou un champ, ne sont pas non plus des espaces verts en l'absence d'arbres ou arbustes. Cela suppose également que nombre de surfaces agricoles ne seraient pas recensée. Avec l'intérêt grandissant de l'agriculture de proximité et intraurbaine, ce défaut apparaît comme inacceptable. Au lieu de retirer ces espaces - et étant donné que la différentiation est possible avec une très brève analyse visuelle à partir des images satellitales - il en est créé une catégorie particulière donc l'analyse élève la pertinence de ce travail.

    Nos espaces verts urbains dont agricoles sont définis d'une manière à rendre compte de leur nature mais également de leur répartition au sein d'une métropole, ainsi nous reconnaissons :

    - Les espaces verts urbains ou intraurbains

    Typiquement, ce sont des parcs, squares et jardins. Les espaces privatifs ne sont pas comptabilisés grâce aux informations fournies par Google Maps.

    Parmi les espaces verts urbains ou intraurbains se trouve :

    o Les espaces verts urbains interstitiels

    Ce sont des poches naturelles englobées par défaut dans l'agglomération avec la croissance de cette dernière. Fréquemment en zone périurbaines, ils sont peu à non anthropisés et de type forestier.

    - Les espaces agricoles intraurbains

    Ils sont fréquemment interstitiels, néanmoins nous ne préférons parler la position des espaces agricoles : soit intraurbains, soit extra-urbains.

    9

    - Les espaces verts extra-urbains

    Ils se situent au-delà de la limite de l'urbanisation, typiquement sous forme de forêts et bois, mais également parfois de parcs et squares aménagés.

    10

    - Les espaces agricoles extra-urbains

    11

    2 ESPACES VERTS URBAINS ET ECHELLES DE

    TRAVAIL

    Cette problématique doit être développée afin de décider d'une sélection d'un cadre analytique pertinent, rendant compte des phénomènes liés aux espaces verts urbains. Pour ce faire nous nous arrêtons sur leurs fonctions. Une catégorisation simple en avait été faite, entre fonctions issues de la fréquentation et fonctions propres. Chacune d'entre elles, s'opère à des échelles diverses. De plus, l'aspect spatial de quelques études sur le besoin des espaces verts urbains nous permet d'enrichir notre base de décision quant à la définition de nos cadres de travail.

    2.1 FONCTIONS ISSUES DE LA FRÉQUENTATION

    De prime abord, les espaces verts urbains renvoient à la notion de tranquillité. Ainsi une des fonctions principales des parcs et autres squares est principalement la recherche de quiétude, typiquement pour des personnes seules. Tranchant avec le minéral urbain, la fréquentation des espaces verts urbains trouve sa raison d'être dans le besoin sociologique de sortir du stress engendré par la densité et le dynamisme présent dans la ville construite. En effet, «l'espace vert *...+ se présente comme la contrepartie idéalisée des conditions de vie en milieu urbain» (Merlin 2009 : 361). Le détachement mental de l'urbain fonctionnel suppose un environnement vide ou inattendu ; c'est l'une des particularités du monde végétal inséré dans un contexte bâti que de créer des conjonctions fortuites. Plus précisément, «le square et encore plus le parc sont des espaces publics perçus comme des havres de paix et de liberté, des refuges à l'abri des turbulences urbaines» (Boutefeu, 2005 : 8). Ils apportent «une réponse aisée à la dualité calme-sécurité/risque, que recherche l'homme dans son développement» (Merlin, 2009 : 361). Techniquement ce sont les effets de protection contre le vent, le soleil, et l'accès à une certaine intimité visuelle, qui l'explique. Psychologiquement, l'effet de bulle protectrice, soit la moindre intensité d'interactions humaines, offre une protection salvatrice dans des contextes urbains où la densité des contacts entre individus est fréquemment source de stress voire de mal-être. Les prises urbaines entre un individu et un espace vert urbain sont d'un tout autre tenant que celles qu'il peut explorer avec la ville minéralisée. Ainsi, la ville bâtie, riche de structures, invite à développer des chemins de pensée liant sa propre personne à la société et à des pratiques

    12

    définies par l'essence même de ces structures. La présence d'autres individus suppose, elle, l'échange verbal ou visuel. A contrario, le rapport entre soi-même et le règne végétal offre des prises urbaines différentes, où la quiétude des lieux et la simplicité de l'environnement aide à la réflexion, mais également où l'appropriation potentielle de l'espace est radicalement autre que dans le reste de la ville. Autrement dit, et pour simplifier le raisonnement, ce sont les valeurs que promeut l'idée de se mettre au vert que nous entendons ici comme fonction. Les champs nécessaires à des analyses comprenant ces phénomènes relèvent de compétences en sociologie et en psychologie, que nous ne saurions aborder. L'analyse se veut également efficace à des micro-échelles, sans exclure des méthodologies comparatives. Ainsi ces premières fonctions des espaces verts urbains invitent à une sélection rigoureuse comprenant les plus petits d'entre eux.

    Les équipements des parcs et squares induisent des fonctions spécifiées. Théâtres des joutes enfantines, les espaces verts urbains munis ce type de mobilier urbain sont fréquents. Incontournables, les bancs permettent d'inviter le passant à s'approprier les lieux autrement que par son passage. Bien que la répartition des espaces verts urbains puisse être plus pertinente en pondérant leur valeur d'après leur équipement utile, ce travail de précision est irréalisable dans le cadre de mémoire.

    Une autre fonction des espaces verts urbains est d'aider à la lisibilité de la ville. Les formes que peut prendre le végétal lorsqu'il est regroupé sont parfois massives, en raison de la hauteur, la largeur et de l'effet de couverture qui peuvent être atteintes par un arbre. Au-delà de la fonction de repère, ces véritables structures peuvent canaliser les usagers de l'espace public. Ainsi, une paire d'arbre fait figure de symbole de franchissement ; une voûte végétale inspire à être franchie. Comme le souligne Lévy et Lussault (2007 : 528) : «Le jardin, en effet, territorialise le parcours, la promenade, la déambulation». Grâce à sa liberté de mouvement, le piéton est le premier concerné par ces effets. Quant aux transports motorisés, les alignements en bordure de route peuvent donner l'impression de contenir ce flux et de libérer ainsi l'espace alentours. Par espace vert urbain nous n'entendons pas de telles structures puisque le sol n'est en principe pas en herbe mais bien minéral. Néanmoins, il est relevable que plus la masse de végétal regroupé est importante, plus son impact est grand sur la lisibilité urbaine. Ainsi, cette fonction peut être incorporée dans des analyses avec de grandes échelles de travail.

    Les déplacements de personnes sont un flux permettant la fréquentation des espaces verts. Le sol de ces derniers présente l'avantage de ne pas être aménagé pour la mobilité polluante, qui lui ôterait une partie de son caractère naturel, mais d'être présent en abondance et de pouvoir être recouvert

    13

    de divers matériaux ne lui conférant pas moins d'aspect végétal. Chemins de terre, d'écorces, de graviers, cailloutés, sentiers à même la terre et même bétonnages étroits permettent la déambulation. À l'heure où les transports individuels motorisés sont tentés d'être réduits au mieux, dans la plus grande partie des projets urbains visant à augmenter la qualité de vie du citoyen, les espaces verts offrent une alternative attractive. De par leur capacité à contenir un flux de piétons, cyclistes et autres modes de transports non polluants, ils sont devenus incontournable dans la planification urbaine, ne serait-ce que pour la symbiose créée avec la mobilité douce. Bien que des petites échelles de travail puissent mieux rendre compte de l'accessibilité réelle des espaces verts urbains, la surface totale par ville de ces derniers est un indicateur déjà intéressant.

    Jean Cabanel dans sa préface de l'urbanisme végétal (Stefulesco, 1993 : 9), nous relate que les «jardins, parcs, squares, ensembles végétaux...constituent des éléments essentiels de la qualité du champ de vie en ville, encore faut-il qu'ils soient bien disposés, bien choisis et bien plantés pour créer des volumes et des ambiances qui répondent aux aspirations des habitants». En effet, si tous les espaces verts d'une ville sont regroupés dans quelques quartiers, les autres portions de ville n'en profitent pas. La surface totale des espaces verts urbains par métropole ne suffit pas à décrire les répartitions intraurbaines de la nature en ville. Le degré d'homogénéité de la localisation des espaces verts est donc important. La création de cartographies par métropole permet de l'estimer, il en découle que les cartes créés doivent être suffisamment grandes pour ce faire.

    2.2 FONCTIONS PROPRES

    Alors que maintes fonctions ont été évoquées, celles-ci reposaient sur la fréquentation des individus, elles étaient donc issues du rapport Homme-Nature. Les espaces verts urbains ont la capacité de recouvrir d'autres fonctions, portées uniquement par leur partie végétale.

    Au XVIIème siècle, dans la création de jardins à la française, l'alignement d'arbres taillés d'une manière spécifique avait comme fonction de «délimiter les chambres et cabinets de verdure» (Stefulesco, 1993 : 46). La structuration de l'espace était née. Une allée d'honneur de peupliers a, par exemple, une influence considérable sur le champ visuel. La hauteur d'une telle forme d'espace vert implique un effet loin à la ronde, dès lors il est convainquant de soulever qu'alors que les alignements dans le vide séparent l'espace, ceux de forte taille peuvent diviser le bâti. En effet, «les lisières végétales fixent les limites d'espaces» (Stefulesco, 1993 : 73), voici le premier des effets structurant du végétal sur le bâti : délimiter les lieux. Le bâti peut être scindé par quartiers grâce à

    14

    une trame végétale faite d'alignements massifs et élevés, dans le but de voiler le vis-à-vis. Nombre de projets urbains actuels comportent fréquemment des tentatives de liaisons végétales dans la ville, soit des trames vertes. Les cheminements divisent l'espace ; leur végétalisation renforce cet effet. Les maillages verts ont à terme la capacité de dessiner les contours de quartiers entiers. Jean-Gilles Décosterd (2009b : 1) avance aussi ces fonctions structurantes des espaces verts urbains, mais à l'aide d'un vocable différent : «La nature urbaine est docile pour souligner la ville, pour réciter poliment la grammaire urbaine attendue ; elle est là pour amplifier les espaces majeurs de la cité». Nous retenons de cette fonction que le maillage vert est important, ce dernier est visible sur les cartographies attendues.

    Les espaces verts sont également utilisés pour relier des volumes espacés et éviter ainsi une rupture de l'harmonique du bâti existant, meilleure lorsque les densités et les hauteurs évoluent progressivement. Ils ont également une fonction de transition entre différentes utilisation du sol. La limite ville-campagne exprime complètement cette possibilité. Certaines politiques durables privilégient un rapport abrupt aux portes de l'urbanisation, définissant ainsi des limites marquées et contenant au mieux l'urbanisation dans un périmètre le plus restreint possible. D'autres politiques tout aussi préoccupés par la préservation de l'environnement, prônent des transitions en douceur entre le minéral et le végétal. Décroissances des densités et des hauteurs, serres maraîchères, parcs urbains et tours agricoles sont les solutions avancées pour éviter une rupture indésirable. Dans tous les cas, le végétal concourt à l'adoucissement des courbes de densité et de hauteurs, pour autant qu'il soit dévolu à cet objet. Caroline Stefulesco nous relatait il y a bientôt deux décennies que «les végétaux mêmes défoliés, constituent des volumes comparables aux structures architecturales» (Stefulesco, 1993 : 70). La localisation des espaces verts urbains aux marges urbaines est une information facile à obtenir, par observation sur les cartographies des métropoles.

    Autre fonction propre des espaces verts, la biodiversité s'inscrit de plus en plus comme élément définissant la conception des nouveaux espaces verts en ville. Selon Kempeneers (2003 : 1) « préserver et développer la biodiversité de la faune et de la flore, tel est le défi du maillage vert ». Ce n'est pas la double rangée d'arbres précédemment évoquée qui attire beaucoup d'espèces animales. Certes, les jardinets sont régulièrement appropriés par nombre de petits animaux et d'insectes, mais leur cloisonnement ne permet pas non plus des les inclure dans des maillages écologiques. Seuls les espaces verts et bleus soutiennent ces réseaux, ainsi que les coulées vertes dont les largeurs ne permettent pas toujours de les identifier comme espace vert urbain si l'on se limite à la correspondance de ce terme pour les parcs et les squares. Se rapprocher plutôt de l'état de forêt que

    15

    de celui de jardin fleuri est certes légitime aux yeux de l'ingénieur forestier dont les principes durables actuels tendent par exemple à laisser des amoncellements de bois morts traîner au sol pour favoriser la biodiversité, mais la multiplication des essences végétales est également un excellent programme pour attirer une faune diversifiée. Ainsi les villes, habitées par une population avec un besoin de nature, incite nombre de citadins à planter des végétaux dans les jardinets, sur leurs toits, balcons et rebords de fenêtre. Faisant fi du label local, ils privilégient souvent l'originalité, achetant des espèces non-endémiques, voir tropicales sous des latitudes bien différentes. La faune se délecte de ces nouvelles essences, au point de trouver dans des territoires urbains un habitat propice. La biodiversité en ville est aujourd'hui mesurée et impressionne. Notre travail peut appréhender ce phénomène d'une manière multiple. Premièrement, la surface totale en espace vert est une information utile. Deuxièmement, la séparation entre espaces verts non-agricoles et agriculture intraurbaine est un apport intéressant. Finalement, des maillages ou du moins des coulées vertes peuvent apparaître lors de l'analyse des cartes.

    Nous relevions quelques lignes en amont, la fonction d'ombrage portée par la verdure élevée. Elle se révèle avoir des impacts non seulement psychologiques sur les utilisateurs et participe ainsi à des fonctions issues du rapport Homme-Nature, mais a également des utilités propres. En effet, les espaces verts urbains sont des régulateurs thermiques de premier ordre, parcs et squares sont des armes de plus en plus utilisées contre la chaleur. Cette dernière présente des pics estivaux bien plus élevés dans les grandes villes que dans la campagne avoisinante, l'on constate ainsi des îlots de chaleur massifs. En effet, il suffit de comparer les températures officielles et mesurées à l'ombre qui émanent des instituts météorologiques et celles affichées ou ressenties sous un soleil d'été. L'ombre devient rapidement une chose recherchée sous les basses latitudes. Il en découle des aménagements spécifiques dans les métropoles du Sud de l'Europe, motivées par la finalité de rendre la rue fréquentable en tout temps. D'après Boutefeu (2011 : 4), «des travaux montrent également que les écarts de température entre un parc urbain et ses environs vont de 1°C à 5°C», de 5 à 8°C selon Lefèbvre (2008 : 84). D'après le même auteur, des réalisations impressionnantes eurent lieu à Séville pour l'exposition universelle de 1982 démontrant que la température est fortement abaissable lorsqu'espaces verts, eau et technologie s'allient pour y parer. En Allemagne, Herbert Dreisetl réussit actuellement à créer des espaces publics tout en eau et en végétal de manière à ventiler des quartiers entiers (Lefèbvre, 2008 : 77), par exemple dans le désormais célèbre Vauban à Fribourg-en-Brisgau. A Chicago, une directive impose d'équiper 50% des nouveaux toits de manière végétale, deux tiers à Stuttgart, ces méthodes provoquent un refroidissement par ventilation dans les rues urbaines et rallongent de moitié la durée de vie de l'étanchéité d'un toit. Finalement, les fonctions

    16

    dépolluantes des espaces verts urbains sont évidentes. Différentes échelles de travail peuvent être utilisées pour rendre compte de ces phénomènes. Sans apport des conditions de température et des vents locaux, qui serait trop fastidieux à obtenir, c'est l'homogénéité de la répartition des espaces verts urbains qui semble importante pour maximiser leurs fonctions climatiques. Cet indicateur déjà souhaité doit donc être développé.

    2.3 FONCTION ÉCONOMIQUE : LE MARKETING URBAIN DES ESPACES VERTS

    Le niveau d'ouverture des marchés est aujourd'hui tel, que des lieux toujours plus nombreux sont intégrés dans un réseau mondial. La globalisation implique que la spécificité des lieux est mise à mal, mais également que l'offre en lieux devient de plus en plus variée pour l'individu. Nous observons en tant que géographes que les villes sont plus que jamais en concurrence dans l'objectif final d'attirer de nouveaux revenus. Des classements de ces dernières sont édités depuis une décennie, sans toutefois encore incorporer la dimension écologique des cités. Ces dernière qui doivent se distinguer de leurs homologues et comptent sur l'attractivité de leur espace. Le marketing urbain ne s'arrête pas à l'érection de bâtiments tous plus démarqués les uns des autres. En effet, l'esthétique d'une métropole dépend également des ambiances urbaines ou encore de la quantité et la qualité des espaces verts. Hyde Park, le Bois de Boulogne, le Tierpark de Berlin, Central Park ... voici autant de lieux inégalés et constitutifs d'un patrimoine culturel, dont la réputation se veut mondiale. Les espaces verts, suivant leur taille et leur forme sont à même de régater parmi les phénomènes identitaires urbains les plus importants.

    Les pressions immobilières à l'oeuvre ne permettent aujourd'hui que rarement de recréer de tels espaces de végétation au coeur de la ville. Aujourd'hui, la croissance de la ville englobe parfois des espaces verts naturels, devenus interstitiels ou repoussent les limites de l'urbanisation vers de nouveaux espaces verts extra-urbains. Le développement récent des métropoles européennes nous apprend que la planification urbaine avec incorporation d'espaces verts intraurbains, repose essentiellement sur la création de quartiers durables ou éco-quartiers. Systématiquement inclus dans ces projets, en grande partie par leur côté esthétique, accessoirement par leurs effets structurants et écologiques, ils sont également une vitrine, économiquement intéressante. En effet, dans l'imaginaire collectif, les espaces verts sont l'expression visible des projets écologiques menés en milieu urbain. Rem Koohlaas soulève ce fait : «L'air, l'eau, le bois : tout est mis en valeur pour

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    produire une hyper-écologie TM, invoquée religieusement en vue d'un maximum de profit» (Koohlaas, 2001 : 288). Ceci rend compte d'une situation qui préside fréquemment à l'aménagement d'espaces verts urbains, soit les finalités économiques de projets urbains. D'un point de vue comparatifs, c'est par la présence ou non de parcs réputés que l'analyse pourrait être intéressante. Cela demande des connaissances précises pour chaque métropole, et la constitution de monographies des espaces verts à chaque fois. Nous ne nous y attelons pas.

    2.4 LE BESOIN CHIFFRÉ EN ESPACES VERTS URBAINS

    D'après Boutefeu (2007a : 1), «les Français manifestent clairement leur quête de verdure d'autant plus qu'ils vivent dans une grande ville». Nous rattachons ce fait au besoin sociologique de sortir du stress engendré par la densité et le dynamisme présent dans la ville construite, que nous évoquions justement comme fonction des espaces verts urbains, issue de leur fréquentation. D'une manière plus précise, il est concevable que le besoin en espaces verts dépend de la densité des villes, ou plus précisément des quartiers, voire des parcelles résidentielles elles-mêmes.

    Se basant sur une étude téléphonique effectuée auprès de 305 habitants à Lyon en 2002 pour le compte de la CERTU, Boutefeu (2005 : 1-3) avance que :

    -Le temps de déplacement qu'un Lyonnais est prêt à consacrer pour se rendre dans un square est de dix minutes ;

    -L'équilibre piéton-voiture s'effectue aux alentours de 2000 mètres ;

    -Plus de 60% des sondés déclarent aller régulièrement à la campagne, dont 18% tous les week-ends et en toutes saisons ;

    -Le square est sans conteste le type d'espace vert urbain le plus apprécié et le plus fréquenté.

    La ville de Lyon dispose de ces derniers, pourtant sa population convoite le franchissement de la limite ville-campagne. Force est de constater que l'aménagement d'espaces verts intraurbains peut difficilement contrer ces pratiques spatiales. Dès lors, les formes de villes polycentriques, ou multi-radiales sont plus à même de répondre au besoin en espaces verts, puisque l'éloignement moyen qu'elles supposent par rapport à la périphérie est moindre que dans une cité radioconcentrique. Toutefois, la présence des squares est louée. La ville idéale doit donc composer avec une accessibilité facile à la campagne mais également disposer d'espaces verts intraurbains plus travaillés que la

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    simple forêt ou le bois. C'est à ce prix que les attraits résidentiels et de loisirs de la périphérie peuvent être minimisés.

    Boutefeu s'avance sur un autre axe hypothétique : les jardinets. Selon lui, «on peut se demander si la petite taille des logements n'a pas une responsabilité directe dans cette demande d'espace, cette quête d'ouverture, de respiration, de vues lointaines et dégagées» (2011 : 7). Ces différents besoins sont réunis par la plupart des types d'espaces verts urbains, mais également par le jardin individuel. Selon le chercheur précité, «la présence d'un jardin demeure le premier équipement public spontanément cité par les personnes interrogées pour améliorer la qualité de vie en ville» (Boutefeu, 2005 : 2). Les centres-villes denses n'offrent que peu ce type de logement. Ainsi, le constat de Bochet (2005 : 59) est le suivant : «Au nom de valeurs portées par l'écologie : besoin d'enracinement, la relation à la nature, le souci du champ de vie, le rejet de la ville encombrée et polluée, beaucoup de citadins ont choisi de migrer à l'extérieur des villes».

    La présence cumulée de jardinets, de squares ainsi que de limites villes-campagne aisément accessibles répondent difficilement de la ville durable. D'autres solutions novatrices sont avancées pour amener la campagne dans l'urbain, à l'instar de l'agriculture urbaine.

    Cette dernière est convoitée pour sa capacité à minimiser l'empreinte écologique des individus, dont une bonne partie est due à l'importation de produits alimentaires. La disponibilité de fruits et légumes locaux peut pour certaines métropoles européennes avoir des effets importants sur la réduction du CO2 par rapport aux traditionnelles vergers de l'Europe que sont l'Afrique du Nord, l'Espagne et l'Italie. Les villes de moyenne latitude sont les plus concernées, car climatiquement propices à produire de l'alimentation, ce qui est plus compliqué à Stockholm ni à Athènes par exemple. Il est indéniable que cette ressource est inexploitée et que les systèmes novateurs de contrats entre usagers et producteurs peuvent permettre la mise en place de marchés de proximités efficaces, économiquement rentables, écologiquement idéaux et socialement intéressants, en bref durables. Toutefois ces pratiques ont des limites en termes de taille puisque les millions d'habitants des métropoles d'Europe doivent ponctionner des territoires plus éloignés pour satisfaire leur demande totale en produits frais. La présence de champs dans l'urbanisation permet d'aérer la ville du point de vue paysager, mieux que ne puisse le faire un espace vert dense en végétation. Ainsi l'agriurbanisme peut recouvrir d'autres fonctions que la simple production de vivres. Ce mode d'utilisation du sol est également un traitement de limite ville-campagne qui permet d'éviter la rupture parfois non souhaitable du bâti à la forêt.

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    3 LA PROBLÉMATIQUE DES NIVEAUX

    GÉOGRAPHIQUES EN EUROPE

    Cette problématique est récurrente pour des travaux comparatifs de niveau continental. Dans notre cas, des solutions doivent être trouvées concernant la délimitation des métropoles ; la question des la qualité des données se pose également. Historiquement, ces sont les pays, régions et communes qui définissent les niveaux géographiques utilisés aujourd'hui, d'ailleurs toujours supports des instances politiques. La commune peut être appelée différemment suivant les pays européens, et différentes administrations cohabitent parfois pour définir les niveaux régionaux. Ainsi en France par exemple, les départements appartiennent à des régions, niveau spatial inexistant en Suisse et en Roumanie par exemple. Ces divisions perdent toujours plus de leur pertinence avec l'augmentation des interactions entre unités territoriales, au point que l'analyse géographique ne puisse plus s'en satisfaire pour rendre compte de certains phénomènes.

    Métropoles, mégapoles et mégalopoles couvrent des niveaux géographiques plus fonctionnels que les découpages politiques susmentionnés. Ils partent d'une commune centrale, englobant ses premières couronnes et les communes qui s'y trouvent, et suivant la définition recherchée, une partie des zones périurbaines, voire d'autres centres et leurs vicissitudes. Comme l'explique Denise Pumain, «l'agglomération est un champ géographique plus pertinent que la commune pour étudier une ville 2».

    Le concept d'agglomération permet des analyses territoriales où des intensités de flux minimales définissent les limites de ce découpage. Cette règle est variable entre les différents pays d'Europe. La France et le Royaume-Uni se base sur le principe de continuité du bâti à 200m, et les pays nordiques utilisent des limites d'agglomérations qui s'arrêtent à précisément la limite bâtie. Les délimitations administratives existantes sont employées comme justifiants chez les premiers, jamais chez les seconds. Les tentatives d'harmonisation ou de mise au point d'échelles de référence par l'Union Européenne ne sont pas toujours applicables partout puisque les limites administratives répondent de principes différents entre pays. En 2003, auteur d'une thèse sur les formes des villes par télédétection, Marianne Guérois relatait que «l'urgence est aujourd'hui de développer des définitions comparables pour les aires urbaines fonctionnelles» (2003 : 270). Bien que des tentatives aient été

    2 Définition de l'agglomération, sur Hypergeo. www.hypergeo.eu

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    effectuées par Eurostat depuis lors, la présente étude a été démarrée en se basant sur un de ces niveaux, les difficultés éprouvées lors de la mise en comparaison des entités urbaines nous ont empêchées de poursuivre ainsi.

    Toujours est-il que bien que le concept d'agglomération soit plus proche des pratiques spatiales des habitants d'aujourd'hui, que ne l'est celui de commune, ses limites classiques à 200m sont bien courtes pour rendre compte de ce fonctionnalisme. En effet, l'importance croissante de la fréquentation des périphéries urbaines, supports de fonctions toujours plus importantes invite à travailler des niveaux géographiques plus élevés que l'agglomération sur des questions d'accessibilité.

    Afin de traiter de ces problématiques à la spatialité dépassant les limites de la ville bâtie, a été développé le concept d'aire urbaine. L'INSEE en donne cette définition : «Une aire urbaine est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci» 3.

    Cette définition et surtout son application, comporte des variations selon les pays. Les données aboutissant au 40% ne sont elles-mêmes pas calculées de la même manière par tous les pays, et certains assortissent d'autres contraintes pour appartenir à la zone urbaine, notamment en termes de distance maximale. D'autres pays emploient d'autres limites dans les rapports ville centre-communes alentours et préfèrent le terme de pendularité, à l'instar de la Suisse.

    3.1 LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES

    La classification de base adoptée par l'Union Européenne et qui couvre l'ensemble de son territoire découpe le territoire selon des principes économique, est la nomenclature des unités territoriales pour les statistiques (NUTS en anglais). D'autres études de grande ampleur ont été menées, qui ont nécessités des découpages différents, à l'instar de l'Urban Audit dont le but était d'obtenir des indicateurs spatiaux comparables entre villes européennes de vingt-sept pays.

    3.1.1 LE SYSTÈME NUTS

    3 Voir http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/aire-urbaine.htm

    Il présente trois principaux niveaux géographiques, et les définit comme tels :

    NUTS-1 Régions socio-économiques majeures ;

    NUTS-2 Régions de base pour l'application des politiques régionales ;

    NUTS-3 Petites régions pour diagnostics spécifiques.

    Eurostat fournit l'image ci-contre, révélatrice de la hiérarchie de ses découpages.

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    97 NUTS-1 existent, elles comportent 271 NUTS-2 avec 1303 NUTS-3 (au 31.12.2011). Des NUTS-4 et -5, représentant des quartiers sont parfois évoqués dans la littérature, ils sont aujourd'hui appelés LAU 1 et LAU 2 par Eurostat.

    Figure 1 : Les trois niveaux géographiques principaux de la NUTS. Source : Eurostat.

    3.1.2 L'URBAN AUDIT : CONCEPT

    321 villes d'Europe dans vingt-sept pays ont participé à fournir des données pour ce projet démarré en 2003 et achevé en 2007. Des cités importantes n'y ont pas pris part. Les fichiers disponibles en open data base contiennent plus de 250 indicateurs, exprimés annuellement.

    Le découpage ne se base pas sur les NUTS, mais aboutit dans certains cas au NUTS-34. En effet, des unités plus fonctionnelles ont été privilégiées, se rapprochant du concept d'agglomération. Les différentes pratiques nationales ont provoqué une multiplication des découpages officiels, comme le présente la figure 6 en page suivante, avec comme exemple la ville de Londres.

    4 C'est pleinement le cas pour les pays suivants : Danemark, Allemagne, Espagne, Grèce, Italie.

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    Quatre niveaux cohabitent pour chaque ville. Les traductions en français ne sont pas officielles, au contraire de celles en anglais. Eurostat5 les définit ainsi :

    ? La ville-centre (core city) est l'unité administrative pour laquelle des jeux de données complets sont généralement disponibles. Seules des parties urbanisées sont contenues dans le core city.

    ? La zone urbaine élargie (larger urban zone, LUZ) est une approximation de la zone fonctionnelle urbaine, centrée autour de la ville. De larges portions de territoires non-urbanisés entrent dans la LUZ.

    ? Le district suburbain (sub-city district) est une subdivision de la ville d'après des critères de population. Formellement, ce sont des quartiers qui sont créés.

    ? The kernel (traduction difficile, litt. la graine) a été créé pour quelques villes-capitales où le concept administratif ne fournit pas d'unités spatiales comparables. Des portions de territoires non-urbanisés entrent dans le concept, toutefois plus restreintes que dans la LUZ.

    Figure 2 : Niveaux spatiaux de l'Urban Audit, exprimés pour la ville de Londres. Source : Eurostat.

    5 Voir : http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/region_cities/city_urban/spatial_units.

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    Sur la base de la grande différence entre la définition des limites des villes Londres et de Paris, l'Urban Audit a créé une classe spéciale : Le Kernel. Il permet d'avoir un Inner London comparable avec Paris Intra-Muros, et un Paris et petite couronne a été créé pour être comparable avec le Greater London. Ainsi, le Kernel est plus petit que le niveau core city de Londres et plus grand que la municipalité de Paris. Stockholm, Copenhague, Helsinki, Athènes, Genève et Lisbonne bénéficient également d'un Kernel. Globalement, cette mesure permet d'harmoniser les niveaux.

    La zone urbaine élargie (LUZ) créée en 2004 par Eurostat et révisée en 2006 est le « découpage phare » de l'Urban Audit, il a été créé spécifiquement pour harmoniser le type de niveau supérieur à la ville. Ce concept est proche de celui d'aire urbaine, au sens de l'institut national de statistique français (INSEE). En effet, il vise à représenter une entité fonctionnelle, et se rapproche des régions fonctionnelles urbaines (FUR). Il se base sur l'intensité des liens entre communes périphériques et commune-centre et tend à utiliser les limites administratives existantes6. Pour chaque ville, des fiches des différents découpages d'Urban Audit existent. En annexe est fournie celle consacrée à Stockholm. Nous remarquons que le niveau core city (ici dénominé Urban Audit City) est très restreint pour la capitale, alors que celui pour Uppsala, ville située au Nord de la capitale, prend en compte un large espace autour de la ville, quatre fois moins habitée que Stockholm. Les NUTS-3 et LAU 1 sont responsables de cet état de fait. Quant à la LUZ de Stockholm, elle englobe des îles inhabitées et de larges vicissitudes forestières. Pour ces deux raisons, tant le niveau core city que la LUZ ne sont pas opportuns pour traiter de la localisation des espaces verts urbains. En effet, les problématiques recouvertes par cette thématique sont bien plus importantes pour l'agglomération que pour les aires périphériques, ou extra-urbaines. Le niveau géographique Kernel a partiellement corrigé le problème pour Stockholm entre autres.

    La plupart des villes européennes comportent des périmètres LUZ ou Kernel le cas échéant, et donc les bases de données de l'Urban Audit, néanmoins des villes importantes manquent. Dans certains pays, la LUZ est très vaste (Ecosse, pays Nordique, Pologne, pays baltes, Chypre). Les différentes pratiques nationales en matière de découpage apparaissent clairement. Malgré la correction des Kernel pour quelques métropoles, beaucoup de LUZ restent perfectibles.

    3.1.3 L'URBAN AUDIT : TEST D'APPLICATION

    Etant donné que les délimitations LUZ et city core ont été utilisées pour créer les statistiques de l'Urban Audit, il convient de savoir quelles informations sont disponibles pour les métropoles

    6 Chapitre inspiré de EUROSTAT, (2004 :11)

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    européennes. Nous avons testé les indicateurs proposés susceptibles de nous intéresser pour les villes de Milan, Rome, Zürich et Copenhague.

    Dans le domaine environnement, et en ce qui concerne les espaces verts urbains, la surface verte (proportion of the area in green space) est une donnée disponible, que nous tentons justement d'aborder dans ce mémoire. De tailles comparables, les villes de Zürich et de Copenhague obtiennent des scores similaires pour la ville en elle-même. Néanmoins, ceux de la zone urbaine élargie (LUZ) sont 2.5 fois supérieurs pour la capitale danoise, alors que ceux de la ville suisse sont proches de ce que compte comme espaces verts la ville-centre. La définition des limites de la LUZ est clairement la raison de ces différences. Les indicateurs à mettre en comparaison sont land area of core city based on modelling et complémentairement proportion of the morphological city area lying outiside the administrative boundaries. Aucune donnée n'est entrée pour nos quatre villes testées.

    Nous savons qu'au Danemark, c'est uniquement l'espace bâti qui est prise en compte pour créer les pourtours de la zone urbaine élargie. L'Urban Audit nous donne un chiffre de 74% d'espaces verts dans la LUZ de Copenhague, alors que ce sont des territoires urbanisés qui sont censés y être incorporés. Un Kernel existe pour Copenhague, mais ce niveau géographique n'est pas proposé dans les résultats des requêtes du système informatique d'Urban Audit.

    Les données par quartier sont erronées pour Copenhague avec un taux maximal d'espaces verts par quartier de 918%. Les données de Milan sont tout aussi invraisemblables, avec une proportion de 870% pour la ville-centre, il n'y a pas d'entrées pour les autres découpages territoriaux. Les données pour Rome sont inexistantes et globalement, 30% des données n'ont pas été saisies par les villes7, Dans le 70% des autres communes qui ont participé à la collecte pour cet indicateur, il faut compter avec 10% de chiffres dont l'exactitude paraît fausse à la simple lecture. Il faut savoir que chaque office national de statistique a transmis ses propres chiffres pour l'Urban Audit, appliquant sa propre méthodologie et éventuelle sous-traitance envers les villes pour les obtenir. Au vu de la marge d'interprétation dans la définition d'un espace vert urbain, il aurait été inacceptable de se baser sur les 60% de villes aux données disponibles et apparemment acceptables. En effet, bien que le manuel méthodologique de l'Urban Audit exclue les marais des espaces verts urbains (Eurostat, 2004 : 43), cela est non-exhaustif. Ainsi, les cimetières, zoo payants, talus escarpés inaccessibles, tous arborisés, peuvent être incorporés ou non dans les espaces verts urbains, avec des argumentaire facilement élaborés, quelle que soit la méthodologie suivie. Il existe un autre indicateur qui permet de se passer

    7 Il apparaît que les territoires LUZ qui correspondent parfaitement au NUTS 3 sont bien plus fournis en données que les autres.

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    de ce dernier problème : Green space to which the public has access. Malheureusement celui-ci comporte des données vides pour presque toutes les villes testées.

    Finalement, les découpages territoriaux d'Urban Audit améliorent le concept NUTS en se basant sur des critères fonctionnels, les niveaux géographiques permettent certainement des analyses de qualité, néanmoins l'uniformisation est un échec partiel. Le choix des indicateurs développés est excellent, mais la méthodologie souffre d'un excès de confiance envers les méthodes d'enquêtes des instituts nationaux de statistiques et d'une absence de relecture des données entrées. Tant les données que l'aboutissement des découpages d'Urban Audit sont des exemples de taille qui démontrent les problèmes concernant l'harmonisation des données géographiques en Europe, une problématique récurrente.

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    4 LES ESPACES VERTS ENTRE VILLE DENSE ET

    VILLE ÉTALÉE

    Le débat sur la compacité de la ville est fortement lié à l'implémentation d'espaces verts urbains. Pour diminuer un coefficient d'utilisation du sol, trois options s'offrent à l'aménagiste : Réduire la hauteur du bâti ; l'espacer avec un revêtement minéral, soit des places et routes ; ou encore l'espacer avec des espaces verts. D'autres possibilités existent, mais elles sont marginales. Dès lors que des coulées vertes sont projetées, la qualité de vie croît et la ville s'étale. Comme le titrait Emmanuel Boutefeu (2011 : 2), un choix s'opère entre ville dense et ville...verte.

    Les partisans de la ville dense mettent en avant les théories du développement durable, axées sur le côté fonctionnel de la ville et son empreinte écologique. Ainsi, la Commission européenne décrit depuis plus de vingt ans la ville durable comme étant celle où les distances sont minimisées, et l'étalement contenu8. En effet, économiquement, l'étalement urbain entraine notamment un surinvestissement dans les réseaux techniques, ce qui engendre un accroissement de la fiscalité. Socialement, elle amplifie les divisions sociales et augmente la ségrégation socio-spatiale.

    Les défenseurs d'une ville étalée rétorquent que la densité urbaine est l'expression d'une nostalgie de la ville européenne du passé, qui ne prend pas en compte les légitimes aspirations résidentielles actuelles, et la reconnaissance des formes de ville qui en découlent, entre autres nommée ville-émergente par Yves Chalas9. L'auteur soutient que «l'espace éclaté de la ville émergente correspond finalement un individu lui-même éclaté dans ses désirs et ses identités» (Chalas, 2000 : 125). Entre les lignes, c'est bien la contrainte sur les préférences spatiales de l'individu qu'impose une politique visant à la densité urbaine qui est décriée.

    Les espaces verts urbains sont une utilisation du sol qui présente un conflit d'intérêt marqué dans ce débat. En effet, les habitants d'une ville dense compensent les effets sociologiques nuisibles de la densité élevée par une fréquentation assidue d'espaces verts éloignées, alors que ces derniers pourraient être intégrés dans une ville plus étalée et d'autant plus vivable. Une des réponses des chercheurs favorables à l'urbain compact est exprimée par Boutefeu (2007a : 8) : «Habiter aux abords d'un parc historique, dans un logement avec vue imprenable sur le site, est un voeu hors de

    8 Voir notamment : Commission Européenne, 1990 : Livre vert sur l'environnement urbain : Communication de la Commission au Conseil et au Parlement. COM(90) 456, octobre 1990.

    9 Voir notamment : Chalas Yves, 2000 : L'invention de la ville. Paris : Economica.

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    portée pour un ménage modeste». Cela est symptomatique du libéralisme résidentiel qui impose des injustices environnementales, et économiques avec des charges en infrastructures conséquentes à supporter pour l'ensemble de la société. En effet, l'étalement urbain par inclusion d'espaces verts intraurbains profite aux investisseurs du marché fonciers, aux locataires disposant d'un revenu approprié pour loger dans leurs abords. Toutefois, l'espace public urbain est accessible - dans une diverse mesure - pour l'ensemble de la société. Par ailleurs, le mitage du territoire, symptôme de l'idéalisme pavillonnaire états-unien, qui et à la base de nombre de problématiques de gestion urbaine, peut être atténué lorsque les propriétaires trouvent des terrains adjacents à des zones végétalisées, plus proche de l'intérieur des aires urbaines. De plus, «le prix des terres agricoles proches des villes, bien inférieurs à celui des terrains situés en zone urbaine, amplifient l'expansion urbaine» (Commission européenne, 2006 : 17).

    Des mesures politiques pour ponctionner ces effets ne vont-elles pas reporter le problème à des distances encore plus élevées des centres et séculariser une population urbanophobe en quête de quiétude mais devant fréquenter l'urbain pour des raisons économiques ? En contrecarrant les identités, aspirations, appartenances et comportements des habitants par des politiques de densifications trop « éco-ambitieuses », la privation de liberté qui en découle peut être plus problématique que les bénéfices environnementaux et sociaux engendrés par de telles mesures. Selon Guérois (2003 : 50) reprenant Theys et Emelianoff10, ce «paradoxe tient selon eux aux tensions internes au projet écologiste, partagé entre un hédonisme individualiste et une défense plus collective de la cité».

    Synthétiquement, et avec un regard partant des espaces verts urbains, il n'y a pas de théorie implacable en matière de densification de la ville, toutefois le principe de villes compactes apparaît comme une base éco-compatible peu discutable au vu des dégradations de la qualité de vie urbaine engendrée par le nouveau régime d'urbanisation ainsi que des défis prochains qui attendent l'humanité ; «la ville durable se présente comme une alternative à la ville émergente, à la ville étalée née du déploiement du régime métropolitain» (Da Cunha, 2010 : 33). C'est son intensité et la manière dont il est appliqué au projet territorial qui suscite encore débat. Il n'est pas de villes idéales où la hauteur du bâti est infinie, les places minérales absentes et les espaces verts urbains chassés de la ville au nom d'une densité maximale.

    10 Voir Theys J., Emelianoff C. (2001) « Les contradictions de la ville durable », Le Débat, no 113, pp. 122-135.

    Dans ce mémoire nous croisons la surface en espaces verts par métropoles avec les densités connues afin de voir s'ils tendent vers l'étalement ou non. Il paraît également intéressant de repérer si la localisation des espaces verts dont agricoles est plutôt centrale ou périphérique, de manière à traiter de l'étalement urbain récent et non pas historique. En effet, les espaces verts urbains sont des « objets » durables, nous entendons par là qu'une fois constitués, leur place est fixée pour au moins plusieurs décennies, ou parfois des siècles. Ainsi, leur âge moyen correspond parfois aux dates de création du bâti, parfois à des mesures de politiques urbaines passés, parfois au hasard de la croissance des métropolitaines. Dans tous les cas, l'analyse comparative des espaces verts doit s'accompagner d'une bonne compréhension des conditions dans lesquelles ils ont été érigés.

    5 REGIMES D'URBANISATION ET ESPACES VERTS URBAINS DANS LES METROPOLES EUROPEENNES

    Après avoir identifié définit l'objet du travail de ce mémoire et les différentes problématiques attenantes, la littérature existante nous permet également de comprendre par quels mécanismes les espaces verts urbains ont pris place dans la ville que nous fréquentons aujourd'hui. Cette étape est indispensable à une bonne compréhension de la place de la nature en ville, et donc, à la lecture des cartographies des métropoles urbaines qui sont créés plus en aval de ce travail. L'apport de végétation en ville est le résultat de longs processus, son implantation est historique, et a de tout temps obéit à des régimes d'urbanisation et des politiques urbaines. Par régime d'urbanisation, il faut comprendre l'ensemble des modalités de territorialisation qui structurent et forment un espace physique, économique et social. Ce chapitre est structuré en trois grandes périodes (chapitres 5.1 à 5.3), explorées avec un regard porté sur la production d'espaces verts urbains. Finalement, la question de la mondialisation des espaces est posée (chapitre 5.4) et la politique communautaire européenne qui touche aux espaces verts urbains est décrite (chapitre 5.5).

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    5.1 DE L'ANTIQUITÉ A LA RENAISSANCE : FASTES ET CITÉS MILITAIRES

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    Alors qu'Athènes aurait contenu plus de 500'000 habitants au IVème siècle avant J-C, en l'an 0 Rome frôle le million de citadins. Les plus grandes villes d'Europe durant l'antiquité sont basées sur des plans en damier, constitués des axes cardo et décumenus. Denses, les différents quartiers sont fortement ségrégés, à une heure où la classe sociale définit sa place dans la société, et dans la ville. Cette dernière est essentiellement minérale, et ronge les forêts alentours pour utiliser le bois comme matériel de construction et de combustion. Alors que la majorité des cités Antiques n'atteindraient pas aujourd'hui le statut de villes, les centres de l'Empire Romain et de la civilisation Grecque, qui concentrent le pouvoir et les fonctions, sont gigantesques par rapport aux tissus urbains de l'époque.

    Des invasions barbares mettent fin au génie bâtisseur romain, maintes centralités sont abandonnées, pillées ou détruites, par le feu et les guerres. Ainsi, au moyen-âge l'urbanisme est basé sur la police du feu, visant à minimiser les dégâts en cas d'incendie. Ces villes médiévales sont avant tout fonctionnelles, ramassées sur elles-mêmes, et basées sur un plan propice à la de défense militaire. La densité n'empêche pas les jardinets d'exister à l'intérieur des murailles, ils étaient pas moins très estimés pour leur capacité à créer l'autosuffisance de la population, nécessaire en cas de siège. Exit les plans au mètre près des romains et grecs de l'Antiquité, une certains anarchie règne. La densité impose que «la végétation est rare *...+ les arbres sont peu nombreux, mais ils sont majestueux» (Stefulesco, 1993 : 11). La ville en compte peu, ils ont une signification commémorative dans la plupart des cas. Un autre point de verdure est présent, à l'intérieur des habitations. Ces jardins familiaux, «étaient de petite taille et revêtaient un caractère souvent utilitaire» (Merlin, 2009 : 357). Les ruelles ténues, particulièrement minérales se retrouvent aujourd'hui dans les centres anciens des villes européennes, créant des îlots d'habitations qui comprennent encore aujourd'hui leurs patios.

    5.2 DE LA RENAISSANCE AU XXÈME SIÈCLE : CROISSANCE ET EMBELLISSEMENT

    Dès la renaissance (1453-1610), l'esthétique prend une place importante en urbanisme. «La ville s'ouvre sur l'extérieur et l'arbre d'alignement prend une place très importante» (Stefulesco, 1993 : 11). Ce constat est valable pour certaines villes au développement continu et lors de longues périodes sans menace militaire. Bien que les remparts restent de mise, et la densité que cela impose soit également une constante, à la fin de la Renaissance, les jardins commence à être entretenu pour des raisons esthétiques, ils sont alors fréquentés à des fins de loisirs par les classent dominantes, au

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    point de «s'affirmer comme des lieux de vie sociale» (Merlin, 2009 : 357). Bâtis accolés aux murailles ou contigus aux villas des classes au pouvoir, les labyrinthes sont des exemples qui expriment cette dualité.

    Au XVIIème siècle, dans la création de jardins à la française, l'alignement d'arbres taillés d'une manière spécifique avait comme fonction de «délimiter les chambres et cabinets de verdure» (Stefulesco, 1993 : 46). Essaimant ses principes à la ville entière, la structuration de l'espace était née. Une allée d'honneur de peupliers a, par exemple, une influence considérable sur le champ visuel. La hauteur d'une telle forme d'espace vert implique un effet loin à la ronde, dès lors il est convainquant de soulever qu'alors que les alignements dans le vide séparent l'espace, ceux de forte taille peuvent diviser le bâti. Le paradigme d'embellissement prend pleinement effet au XVIIIème siècle, il applique les allées et autres concepts du jardin classique au système de voirie, les effets de la pénétration du soleil sur le territoire sont pensés de concert avec le choix du type d'espace vert et même des essences.

    Les premiers espaces verts que nous connaissons aujourd'hui - nous entendons par cet adjectif, ouverts au public et support d'une fréquentation à des fins récréatives - apparaissent sous forme de ceintures vertes suite à l'obsolescence de murailles ; certaines villes profitant de cet environnement pacifique s'étalent extra-muros. De plus, selon Stefulesco (1993 : 13) le vocabulaire s'enrichit de termes décrivant la forme des espaces verts urbains : Boulevards, promenades, alignements, squares de proximité, jardin de loisirs, etc. Conséquence de la consommation importante de bois durant les périodes de croissance urbaine, plusieurs programmes de replantation d'arbres ont essaimé l'histoire de nombre de pays. Des forêts ont non seulement été élevées à proximité des villes, mais encore la population urbaine était récompensée lorsqu'elle participait à la végétalisation de ses terres, y compris à l'intérieur des murs de la ville.

    Le XIXème siècle correspond au début d'une croissance continue pour l'ensemble des villes occidentales, avec notamment la révolution industrielle qui aimante les populations des campagnes vers les villes. D'après (Pelletier, 1994 : 79), «ce grossissement c'est traduit par une extension mal contrôlée en l'absence de plans de développement cohérents, en tache d'huile plus ou moins digités sur les voies de communications ferroviaires» et «il en résulte une structure générale en couronnes plus ou moins concentriques à partir du centre» (1994 : 79). Après la révolution industrielle, Les activités industrielles, vectrices d'une pollution urbaine intense, sont considérées comme nuisibles et déplacées, il en résulte des espaces en friche, qui seront massivement dévolu à la création de grands parcs, sous l'impulsion d'une bourgeoisie urbaine en quête d'une qualité de vie croissante. La

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    disposition de la majeure partie des espaces verts intraurbains est dessinée, et explique en bonne partie leurs localisations actuelles dans les centres des métropoles européennes.

    Le XIXème siècle correspond également à un style plus pittoresque avec une mise en scène paysagère est à son apogée, les champs visuels sont travaillés et on recherche plus la diversité que les alignements parfaits. La longévité des arbres étant limitée et les infrastructures urbaines transformées, on ne retrouve guère plus de ces compositions de nos jours, mais bien des surfaces restent occupés par des parcs et squares.

    5.3 XXÈME SIÈCLE : SUBURBANISATION ET PÉRIURBANISATION

    Avec le mouvement des cités-jardins lancé en 1898 par Howard à Londres, le XXème siècle, s'annonce comme celui de la ville générique. Le projet de l'Anglais relève alors de l'utopisme. D'après son schéma, la ville est contenue, aux alentours de 30000 habitants et se présente comme une alternative verte, alors que les centres et les banlieues industrielles étaient très pollués en Europe de l'Ouest. Le concept de base repose sur un poumon vert central et une ceinture verte agricole afin de viser l'autosuffisance alimentaire, qui est par ailleurs appliquée à l'industrie également, pour des raisons de loisirs des ouvriers et d'aération. Ainsi, malgré les effets spatiaux des différents régimes d'urbanisation, il devrait subsister des parties de ces espaces verts urbains - alors périphériques - répondant aujourd'hui aux besoins largement présentés précédemment, et à des formes diverses. Toutefois il s'agit d'un «urbanisme à coté de la ville ou hors de la ville» (Corboz, 2001 : 201) qui ne vise pas à une refonte des territoires urbains existants. D'après Merlin (2009 : 174), le renouvellement sous diverses formes prend le cas des cités-jardins la forme de New Towns anglaises réalisées dès 1946, du plan Abercrombie du Grand Londres (1944) dont le but était de relier des grands espaces verts urbains et de ceinture verte appliquée à la capitale du Royaume (1938). A l'étranger, en France, on crée des villes périphériques similaires mais qui s'écartent du plan originel de Howard en matière d'autosuffisance et de densité, le concept de ceintures vertes entourant les métropoles est largement repris en Europe.

    Durant l'entre deux guerre, W.Gropius applique le remplissage de l'espace non-bâti par le végétal. Dit mouvement moderne, en relation avec la période architecturale du XXème siècle, il consiste à définir un ordre de priorité. Les immeubles et la voirie sont une base et le reste de l'espace peut être dévolu aux espaces verts. Merlin et Choay (2009 : 358) nous décrivent un cas typique : «la cité ouvrière de Siemenstadt à Berlin ne connaît, ainsi, hors du logement, que la coursive de chaque étage

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    et le parc au-dehors». En effet, ce sont fréquemment des immeubles hauts, avec peu de balcons, rassemblés autour d'un grand parc qui ont été érigés. Parallèlement, des espaces militaires sont rendus à la nature un peu partout en Europe.

    Avec la libération de temps pour les loisirs, le développement des systèmes de transports individuels, collectifs et les technologies de l'information, la montée en puissance de la motilité et de la mobilité individuelle a élargi le territoire référent de la qualité de vie d'un habitat. Nous entendons par là que la fréquentation de lieux toujours plus éloignés est devenue possible, augmentant l'aire de chalandise des espaces verts urbains. D'après Bochet (2005 : 56), «dès la fin des années 1960, on passe d'un régime suburbain extensif à un régime périurbain extensif». En effet, «au niveau local, le nouveau régime d'urbanisation se définit par des processus complexes et souvent synchrones d'étalement du champ bâti, de desserrement sélectif de la population ou de certains équipements et activités» (Bochet, 2005 : 55). A la fin des trente glorieuses, la notion d'écologie vient s'intégrer à la planification urbaine «qui organise dans les esprits et dans la culture ce passage de la nature comme paysage à celui de nature comme environnement *...+ la position l'homme s'y redéfinit» (Décosterd, 2009a : 2) et ce que François Ascher qualifie de troisième phase du développement de l'urbain «nous ramène du capitalisme industriel au capitalisme cognitif, de la société de production de masse à la société de consommation de masse, de la ville à l'urbanisation généralisée de l'ère métropolitaine» (Da Cunha, 2010 : 7).

    Du point de vue des espaces verts, l'étalement urbain engendre des problèmes plus globaux que la consommation de terres viaires, en effet les régimes de mobilités évoluent et confèrent de nouvelles fonctions à de nouveaux espaces. En effet, la périphérie verte est régulièrement accaparés par les habitants de la ville-centre pour satisfaire leurs besoins récréatifs et sportifs, la limite ville-campagne devient ainsi moins nette.

    Trouvant ses origines dans le même phénomène, la spécialisation des espaces périphériques a partiellement relégué les espaces verts intraurbains à un rang moins élevé, depuis plusieurs décennies. En effet, effet principal du dernier rythme d'urbanisation, «certains services se sont largement exurbanisés ou tout au moins se sont (ré)installés dans les espaces périphériques» (Merenne-Schoumaker, 1993 : 133). Ainsi, se forment des espaces urbanisés de plus en plus étalés, hétérogènes et fragmentés (Ascher, 1995), que Bochet (2005 : 55) dénomine «nébuleuse de centralités secondaires j...] sans véritable limite». Entourant ces fragments, des espaces verts sont devenus adjacents à ces nouvelles centralités émergentes. La dilution des fonctions urbaines, dont celle d'habiter, à des distances toujours plus élevée du centre, couplée à la faible accessibilité en

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    transports publics de ces lieux distants les uns des autres, engendrent une saturation des infrastructures routières, caractère fortement problématique éprouvé par nombre de métropoles européennes.

    Exprimant ce phénomène de manière encore plus directe, les centres de loisirs, équipement sportifs et aires de pique-nique se développent également de plus en plus aux portes de l'urbanisation des métropoles, augmentation la fonctionnalité des nouveaux espaces verts adjacents, jusqu'à alors faible, car non équipés en infrastructure (cheminements, bancs, parkings, couverts, entretien). Cette concurrence envers les parcs et squares, diminue de facto l'attractivité de ces derniers, et participe lui-même du processus de périurbanisation. Ce qui est valable pour l'offre en espaces verts l'est tout autant pour le logement et les emplois. En effet, leur «redéploiement en périphérie a conduit à faire baisser l'attractivité du centre ville, ce qui à son tour a favorisé le déplacement de la population vers la périphérie» (Bochet 2005 : 58), ce constat exprimé par Wiel11 en 1999 a des implications sociologiques importantes. L'augmentation des déconnexions spatiales s'accompagne de différences grandissantes des valeurs du terrain et des loyers pratiqués, ainsi que du niveau d'accessibilité entre habitat, services et loisirs, ce qui provoque une ségrégation spatiale montante. Cette injustice environnementale tend à être moins significative avec le fort renouvellement urbain que les centres de villes connaissent depuis quelques années. En effet, un retour des habitants et emplois est constaté dans les centres villes (Rérat, 2010, chapitre 4.1). De facto, cela suppose que l'attrait des espaces verts intraurbains augmente dans les années à venir.

    Globalement, le nouveau régime d'urbanisation extensif implique une «déprise démographique des centres urbains qui se poursuit depuis trois décennies, alors que les couronnes suburbaines et périurbaines enregistrent des taux de croissance positifs de leurs couronnes» (Bochet, 2003 : 61). D'après l'évolution de leurs populations, les métropoles européennes sont particulièrement touchées par ce phénomène.

    5.4 VERS UN UNIVERSALISME DANS LA CRÉATION D'ESPACES VERTS URBAINS ?

    Actuellement, les villes nouvelles sont écologiques et «la végétation est intégrée à toutes les composantes de la ville» (Merlin, 2009 : 358). Les problèmes urbains sont fréquemment similaires

    11 Voir Wiel Marc (1999), La transition urbain ou le passage de la ville pédestre à la ville motorisée, Sprimont, Mardaga.

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    entre les grandes villes européennes. Mobilité, pollution, esthétique et ambiance urbaine constituent des thématiques importantes de la politique urbaine. Les espaces verts jouent un rôle considérable dans la politique urbaine durable, de par leurs capacités à favoriser la mobilité douce, réduire la pollution, esthétiser et structurer l'espace, créer des ambiances et jouer un rôle dans la biodiversité.

    L'urbanisme végétal permet de répondre à bien des maux urbains, d'ailleurs il est en Europe au moins, une déclinaison obligée de l'espace urbain, et aucun projet important ne saurait se passer d'un volet paysager et jardinatoire» (Lévy et Lussault, 2003 : 528). Cet élan vert propose une image et des vertus très seyantes, qui occultent un fait majeur, en effet, «l'accroissement des surfaces urbanisées participe au recul des milieux naturels et à l'effacement progressif des paysages ruraux à la périphérie des villes» (Boutefeu, 2007c : 1). Ainsi prend place le débat qui oppose le modèle de ville compacte à celui de ville étalée, que nous avons précédemment évoqué. Le nouveau paradigme d'intégration des espaces verts urbains extra-urbain dans l'offre en espaces verts des villes est également source d'un nouveau mal urbain commun aux métropoles. En effet, « le marginal urbain, l'exclu, c'est aujourd'hui l'être bloqué, l'être incapable de se mouvoir très loin ou régulièrement. C'est celui ou celle, qui n'est pas en mesure de vivre comme tout le monde les formes de travail, les modes de consommation, les pratiques de loisirs ou de rencontre avec autrui qu'implique la circulation généralisée» (Chalas, 2000 : 107) nous dit le chercheur français, repris par Donzelot (200412) qui parle de ville à trois vitesses. Le niveau de réalité porté par ces constats pessimistes dépend certainement des formes de ville des métropoles, des densités présentes et des modes de vie des habitants, en termes de pratiques spatiales et de besoin en surface de logement notamment.

    Les transports publics ont la capacité de réduire les différents d'accessibilité entre les portions du territoire, or atteindre la limite ville-campagne par de tels moyens s'avère onéreux, et peu rentable pour les transporteurs. Les coûts d'infrastructures laissent penser que l'accès aux espaces verts extra-urbains reste un privilège, et donc une source d'une injustice sociale. A nouveau, il est vraisemblable que la forme des villes et les pratiques spatiales des habitants fassent varier l'injustice réelle ou constatée entre métropoles d'Europe. D'après Guérois (2003 : 44), «on observe assez nettement, à travers l'évolution des formes urbaines citées en référence, un glissement progressif du modèle `idéal' vers une structure urbaine de type polycentrique». Dès lors, l'accessibilité aux espaces verts des habitants des métropoles européennes tendraient à s'uniformiser, du moins pour celles qui étaient l'objet de la constatation de Marianne Guérois, à savoir Amsterdam (Randstadt), Münich et

    12 Voir Donzelot Jacques, 2004, « La ville à trois vitesses : relégation, périurbanisation, gentrification. http://www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=7903. Consulté le 9 mai 2011.

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    Londres. Le basculement vers cette forme durable de la ville est un mouvement certes en marche mais qui prend appui sur des villes aux formes très différente et ne déploie apparemment pas encore d'effets assez puissants pour en modifier la structure antérieure.

    De plus, «les tendances très homogénéisatrices des dernières décennies j...] ne sauraient occulter les réinventions régionales permanentes qui se sont faites, et dont les densités urbaines sont un des révélateurs. Pour très longtemps encore, la relation à la densité urbaine demeurera différente selon les cultures, conservant cette diversité des modèles urbains qui est, sans doute, une des chances du territoire européen» (Berroir et al., 1995 : 23). Le renforcement constant des contraintes apportées par la politique européenne en matière d'aménagement du territoire suppose également une augmentation des inadéquations avec la particularité des environnements urbains, ce d'autant plus que des pays aux formes héritées toujours plus diverses viennent à se joindre à la communauté européenne. Malgré les fortes divergences théoriques et les problèmes locaux qui accompagnent la planification urbaine aujourd'hui, les technologies de l'information et de la communication permettent aux décideurs politiques d'être au courant des pratiques internationales en matière de création d'espaces verts ; dès lors il est probable que des solutions urbanistiques particulières puissent être également plus facilement trouvées. Paradoxalement, de nos jours, et Sandrine Berroir l'exprime pleinement, il ne semble pas y avoir d'universalisme théorique autour de la manière de concevoir le vert en ville en Europe, et ce malgré la politique les recommandations de l'Union et le renforcement des réseaux de connaissance entre acteurs de la politique urbaine.

    Finalement, ce passage à travers le temps est synthétisé par ce constat : «Les sociétés édifient les états de nature qui correspondent à leurs schèmes culturels et à leurs logiques sociales à un moment historique donné» (Lévy et Lussault, 2003 : 655). En effet l'influence des besoins urbains a dicté le choix de la forme des espaces verts. Le jardin est, d'après Lévy et Lussault (2003 : 528) «chargé de signifier la nature en ville, et plusieurs courants de l'urbanisme lui ont confié des rôles déterminants».

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    5.5 POLITIQUE COMMUNAUTAIRE EUROPÉENNE

    Parmi les principes directeurs pour le développement territorial durable du continent européen, nous en retenons trois qui sont liés aux espaces verts urbains.

    ? Un développement de forme polycentrique qui est souhaité ; ? les espaces interstitiels doivent être intelligemment utilisé ; ? la surface d'espaces verts par habitants doit augmenter.

    Prôner le polycentrisme s'allie parfaitement avec la création de parcs et squares pour un aménagiste. Si par espaces interstitiels, l'on entend des programmes de complétude architecturale dans les limites du bâti actuel, il en va de même. Si l'utilisation des interstices urbains est appliquée aux poches libres d'urbanisation à l'échelle métropolitaine, c'est un développement anti-polycentrique qui se met en place, et des espaces antérieurement souvent verts (forêts, bois) qui disparaissent. Ce fait ne diminue pas la surface d'espaces verts par habitants théorique puisque Eurostat la calcule avec un recensement des parcs, squares et jardins urbains uniquement. Par contre, l'offre réelle en espaces verts, s'en voit largement affectés, ce d'autant plus que l'on a tendance à développer ces zones de manière plus intense lorsqu'elle est sont centrales, et donc hautement accessibles. Dans le contexte des métropoles européennes, des villes présentent des formes urbaines très, partiellement ou peu polycentriques, des espaces interstitiels nombreux ou rares, et des quantités de surfaces vertes par habitants radicalement différentes.

    Finalement, un parallèle étroit peut être fait avec l'analyse de Bernadette Merenne-Schoumaker (1996 :135) quant à la répartition de la localisation des services publics, «qui est rarement le résultat d'une planification systématique et s'explique davantage par le poids des contingences particulières historiques, politiques, de contraintes de sites».

    5.6 QUESTIONNEMENTS RELATIFS A L'ÉTUDE COMPARATIVE DES ESPACES VERTS URBAINS DANS MÉTROPOLES EUROPÉENNES.

    La littérature a permis de ventiler la simple présence d'espaces verts en diverses fonctions sociologiques et environnementales, malgré le fort lien qu'elles peuvent entretenir entre elles. Il a été démontré que bien des analyses peuvent être faites sur la base d'une échelle métropolitaine.

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    Différents indicateurs sont d'ailleurs plébiscités. Les rythmes d'urbanisation sont à même d'offrir un champ à la compréhension de la place actuelle des espaces verts urbains dans les métropoles européennes.

    Alors que l'on observe que des poches de nature sont englobées dans la ville croissante d'aujourd'hui, la question du lien entre accessibilité aux espaces verts forme des métropoles européennes est ouverte. L'absence d'espaces verts urbains historiques dans les couronnes urbaine, relève-t-il d'un problème d'accessibilité pour les habitants de ces dernières ? Nous pouvons supposer que dans les cas de villes de formes radioconcentriques ou compactes, c'est l'extra-urbain qui est le support référent d'espace vert pour les résidents, et que cela suppose un déplacement plus long que dans leurs consoeurs multi-radiales.

    Les cités de forme polycentriques englobent plus d'espaces non-urbanisés dans leurs limites, et permettent ainsi un autre accès à la nature pour les habitants décentrés des métropoles, reste à savoir le type d'espace que cela suppose, les champs agricoles n'étant le support que peu de peu d'activités en comparaison des aires forestières.

    Par ailleurs, la place de l'agriurbanisme dans de telles structures est méconnue, des constats sont nécessaire pour juger de la pertinence de ce mode d'utilisation du sol.

    Des directives de politique communautaire voient le jour en Europe, qu'en est-il de l'adaptation de ces mesures par rapport aux particularismes locaux, en premier lieu la forme des villes ?

    Bernadette Mérenne-Schoumaker nous indique (1993 : 133) que «certains services se sont largement exurbanisés ou tout au moins se sont (ré)installés dans les espaces périphériques». Ayant pris acte de l'attrait massif des citadins pour la limite ville-campagne, nous pouvons partir du postulat que les espaces verts sont un tel service. Les nouvelles formes urbaines, plus étalées, hétérogènes et fragmentées (Ascher, 1995), que Bochet (2005 : 55) dénomine «nébuleuse de centralités secondaires j...] sans véritable limite», participent-ils de ces flux dont les conséquences sont si problématiques ?

    D'après Guérois (2003 : 44), «on observe assez nettement, à travers l'évolution des formes urbaines citées en référence, un glissement progressif du modèle `idéal' vers une structure urbaine de type polycentrique», ainsi entourant ces fragments bâtis, des espaces verts devenus adjacents à ces nouvelles centralités émergentes ne permettent-ils pas d'éviter une fuite encore plus lointaine du citadin devenu urbanophobe ? Dès lors, émerge l'hypothèse d'une amélioration de l'accessibilité aux espaces verts urbains dans les métropoles européennes. La disponibilité par habitant en surface

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    verte, dans un cadre bâti fonctionnel, est un indicateur qui permettrait d'apporter sa pierre à l'ébauche d'une réponse. Alors que les nouveaux espaces verts, interstitiels, sont peu équipes en mobilier urbain, ils répondent pourtant d'un besoin d'un nombre élevé de citadins. Le modèle dominant de parcs et de squares ne suffit-il plus à la qualité de vie urbaine ?

    Ce sont autant de questions qui sont ouvertes et qui demandent de repenser la localisation des espaces verts urbaines dans les grandes villes d'Europe.

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    - DEUXIÈME PARTIE -

    CONSIDÉRER LA PLACE DES ESPACES

    VERTS URBAINS DANS LES MÉTROPOLES

    EUROPÉENNES : METHODOLOGIE

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    1 DÉFINITION DU CADRE ANALYTIQUE

    «Comme tout problème de localisation, celui des services est d'abord largement dépendant de l'échelle d'analyse : internationale, nationale, régionale ou locale. Il est ensuite fortement corrélé à la distribution des villes et à leur configuration spatiale interne, car les liens entre villes et services ont toujours été étroits. L'étude de la localisation des services doit, dès lors, être menée à deux grands niveaux, dont l'interurbain, c'est-à-dire au sein même des agglomérations urbaines». Ainsi est la vision de Mérenne-Schoumaker (1999 : 37) quant à la manière de traiter la problématique qui nous intéresse : un service urbain qui a tendance à s'exporter à la périphérie de la ville.

    Dans ce cadre, toutes les questions soulevées à la fin de la partie précédente, peuvent trouver un début de réponse dans la phrase suivante :

    « Quels sont les liens entre la forme des espaces verts urbains et les types de métropoles sur lesquelles ils reposent ? »

    En découle, plusieurs questions de recherche qui trouvent leur place dans un processus aboutissant à l'analyse cartographique des espaces verts urbains des métropoles européennes.

    1. Quelle est la répartition spatiale des espaces verts urbains de grande taille dans les métropoles européennes ? En termes de localisation (approche systémique) et en termes d'accessibilité ?

    2. Sur la base de l'offre et de la demande, et dans un champ durabiliste, quelles lacunes en surfaces d'espaces verts urbains de grande taille peut-on identifier dans les métropoles européennes ?

    3. Quelles délimitations spatiales permettent les analyses les plus efficaces lorsque l'on s'intéresse aux métropoles européennes ?

    4. Quelle est l'importance des politiques nationales dans la création d'espaces verts urbains, par rapport aux directives de la politique communautaire ? Un universalisme des formes des métropoles urbaines est-il en marche ?

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    L'objectif principal de ce mémoire est d'apporter une contribution utile à la réflexion sur la place des espaces verts urbains dans les métropoles européennes.

    Des approches quantitatives sont favorisées pour avoir des bases de réflexions solides, tel que le ferait un diagnostic territorial dans le champ d'un projet urbain. Aujourd'hui beaucoup de tentatives de chiffrer l'emprise au sol du végétal en ville ont été faites, les statistiques dans le domaine sont de mauvaise qualité, elles souffrent de multiples problèmes, dont le plus récurrent est l'absence de méthodes unifiées entre pays européens en charge de la collecte de données, mais également entre villes d'un même pays, à qui ce devoir est fréquemment transmis par les instances européennes. Ainsi, un objectif trouve sa place dans la présente étude, il s'agit d'établir un système d'indicateurs pour les espaces verts urbains des métropoles. Ces derniers peuvent par ailleurs pleinement être incorporés dans une typologie des métropoles européennes.

    De par le recensement des espaces verts urbains qui est nécessaire aux calculs de localisation, nous sommes parfaitement à même de décrire l'offre en espaces verts urbains des métropoles européennes qui seront sélectionnés. Une analyse comparée doit en être faite, assortie des indicateurs classiques pour la géographie spatiale à ces échelles. Pragmatiquement, la comparaison entre offre et demande de végétal en ville ciblé sur des métropoles européennes aux formes diverses, nous permet d'étayer des constatations sur des éventuelles lacunes en surfaces vertes dans les métropoles.

    Plus en amont dans le processus méthodologique aboutissant aux cartographies des espaces verts urbains, un travail de définition des contours des métropoles est inéluctable. L'objectif est ici d'arriver à trouver une unité territoriale pertinente dans pour l'analyse macroscopique des espaces verts urbains des métropoles.

    Comme le reprenait Lajoie (2007 :130) des mots de Brunet13 «la pratique sociale façonne l'espace» et l'on peut «partir de l'espace pour se poser de bonnes questions, et même des questions sociales». Ainsi notre approche par les espaces verts de formes de métropoles d'Europe peut de par son originalité alimenter le débat entre ville dense et ville étalée, plus précisément celui sur la qualification de la densité.

    13 Voir Brunet Roger (1986), La géographie dite sociale : fonctions et valeurs de la distinction, L'espace géographique, no. 2, pp.127-130.

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    Les conditions de création d'espaces verts urbains font partie du processus d'urbanisation des villes, à l'instar d'autres espaces ou équipements. Les rythmes d'urbanisations ont de tout temps jugulé l'existence de nouveaux terrains verts en ville, en fonction des besoins alimentaires pour la subsistance de ses habitants, récréatifs pour d'autres ou, plus récemment, environnementaux pour ponctionner la pollution urbaine ou encore favoriser la biodiversité. La mise en réseau des connaissances pose la question du niveau de globalisation des systèmes d'espaces verts urbains, et la concurrence grandissante entre cités d'Europe soulève celle de l'existence d'une différenciation volontaire des manières d'aménager la nature en ville. Ces effets sont mesurables par des analyses dynamiques et à des échelles allant de l'aire métropolitaine à celle du quartier, notre méthodologie peut quant à elle présenter un état récent de la diversité des systèmes d'espaces verts urbains, et les mettre en relations avec des indicateurs géographiques classiques.

    Les espaces verts urbains sont un cas particulier de service se situant en partie dans l'espace périphérique des villes. Dès lors que la limite de l'urbanisation est franchie, nous pénétrons dans l'espace extra-urbain. Celui peut se prolonger ad eternam et il est raisonnable de penser que ses parties les plus proches de la ville-centre sont celles qui sont en moyenne les plus fréquentées. Ceci suppose également que différencier les portions de l'espace extra-urbain n'apporte que peu à l'analyse de l'offre en espaces verts d'une métropole, puisqu'au-delà du champ bâti émerge un « tout », qui a la propriété d'être contigu. Ce n'est plus le cas des poches d'espaces verts englobées dans l'urbanisation. Identifier la limite du bâti à partir des centres des métropoles est capital pour l'analyse des formes de ville sur la base des espaces verts. Différents limites existent et différentes techniques de délimitation aussi. Pour ce mémoire, nous apprécions la définition de l'agglomération selon une continuité du bâti. Les concepts mixtes existants, sur la base de la pendularité ou de la dépendance économique par exemple sont trop complexes à mettre en oeuvre pour une analyse internationale. Le découpage NUTS n'est pas idéal puisqu'il souffre de sa dépendance par rapport aux unités administratives, l'aire urbaine de l'INSEE est trop vaste, de même que

    l'étendue de la LUZ ou de celle du Kernel. Figure 3. Kernel et continuité du bâti, cas du

    quartier de Biggin Hill, au Sud de Londres. Échelle 1 : 140'000. Fond de carte : Google Earth.

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    En effet, la vue satellitale ci-contre, à l'échelle 1 : 100'000 au sud de Londres, présente le découpage Kernel, l'urbanisation est grisée, les espaces verts sont recolorés. Nous pouvons constater que le niveau Kernel ne correspond pas à une délimitation d'après la continuité du bâti. Il comprend sur presque la totalité de sa bordure interne, entre 1.5 et 8 kilomètres d'espaces verts. Nous apercevons que ces espaces, que nous définissons comme des espaces verts externes, sont de type agricole pour la plupart, avec des petites aires forestières. La figure comprend une poche de bâti situé dans les espaces verts externes à la ville compacte (soit au-delà de la continuité urbaine), ce quartier satellite ne fait donc pas partie de notre délimitation. Rappelons que les problématiques d'accessibilité des espaces verts ne concernant que peu les quartiers satellites pris dans des espaces verts urbains externes et que nos analyses ne souffrent que peu de leur non-prise en compte.

    Quant au niveau core city, il se limite aux délimitations administratives des villes-centres et n'inclut pas d'autres villes adjacentes, quand bien même l'urbanisation est continue entre les deux communes.

    La délimitation des agglomérations selon Moriconi-Ebrard effectué en 1994 est une source de grande qualité, elle a été effectuée avec un principe de continuité du bâti à 200m, ce qui est globalement accepté comme étant relativement fonctionnel. Néanmoins, dix-sept ans se sont écoulés depuis la définition de ces aires. Notre problématique étant les espaces verts urbains, les pressions qu'ils ont pu ressentir durant cette période sont trop fortes, au vu des vitesses d'urbanisation actuelles, pour se baser sur ce découpage. De plus, deux constats relevés plus en amont de ce rapport nous indiquent que la limite de 200m est moins pertinente que d'autres. En effet, et premièrement les besoins de nature éloignée pour les loisirs supposent que la distance choisie pour délimiter les zones urbaines soit plus grande, de sorte que la sortie volontaire et nécessaire de la ville soit mieux représentée, ainsi un principe de continuité à 400m est jugé opportun. A l'inverse, et deuxièmement, le fort penchant des Parisiens pour le square nous indique que la micro-échelle est plus apte à rendre compte des problématiques liées aux espaces verts urbains. Néanmoins à cette échelle, il est très difficile de considérer autant ceux de petites tailles que les grands espaces extra-urbains.

    Ainsi, puisqu'aucun découpage recensé pour l'Europe n'est idéal dans l'appréciation des espaces verts d'une métropole, nous définissons nos propres délimitations territoriales, qui doivent porter un nom. La définition du champ urbain de Denise Pumain, nous convient particulièrement bien. Il s'agit «d'une évaluation de la forme prise par l'influence de la ville sur sa région environnante, une structuration de l'espace géographique par les villes» (Pumain et al., 2006 : 48) soit «une structure spatiale faite d'un ensemble de valeurs décroissantes allant du centre de la ville vers la périphérie»

    (Pumain et al., 2006 : 48). Différentes considérations sont évoquées comme étant possible par pour créer un champ urbain, dont bien sûr le principe de délimitation du bâti.

    Les données au 1 : 100'000 nous permettent d'identifier à l'oeil nu et sans zoom, ce qui serait très fastidieux, des limites du bâti à 400m près au maximum, ce qui est fonctionnellement raisonnable sans être idéal. Bien que la continuité à 200m soit une moyenne appréciable dans la considération de tous les espaces verts urbains, nous relevions que plus de la moitié des déplacements sont dus aux loisirs en direction de la périphérie. Dès lors, il nous semble également intéressant de travailler sur des délimitations à 400m. Par ailleurs, ceci est inédit, et les formes urbaines qui en découlent ont un potentiel analytique intéressant, particulièrement dans un esprit comparatif. Pratiquement, l'opérationnalisation de ce principe s'effectue en mesurant la distance entre deux zones bâties lorsque le doute est présent, comme le présente la série de captures d'écrans suivantes.

    Sur la figure 9 en page suivante, avec une échelle de 1:10'000, au Nord de Rome, la distance reliant deux zones bâties à vocation commerciale ou industrielle est supérieure à 400m, la limite du champ urbain englobe par conséquent la partie au Sud uniquement. Sur l'image de droite, prise aussi au Nord de Rome, deux quartiers de maisons individuelles sont distants de 0,32 km, ainsi nous considérons que tous deux font partie du champ urbain romain.

    44

    Figure 4 Limite ville-campagne, séparation du bâti > 400m, cas de Figure 5 Rattachement d'un quartier

    Rome, Échelle 1:10'000. Fond de carte et outils : Google Earth. périphérique au champ urbain, cas de

    Rome, Échelle 1:10'000. Fond de carte et outils : Google Earth.

    45

    Dès lors, un nouvel objectif émerge. Notre propre définition des limites de l'agglomération urbaine nous permet de comparer l'emprise au sol des métropoles européennes sur la base du principe de la continuité du bâti. Les contrastes entre les superficies trouvées et celles des unités territoriales présentés en amont ont un intéressant potentiel.

    Figure 6 Limite ville-campagne en zone agricole, cas de Rome, Échelle 1:6'000.

    Quelques problèmes

    interviennent avec le
    principe de découpage à 400m près. En effet, les zones agricoles accolées aux marges urbaines

    comportent des

    constructions. Dans

    certaines régions,

    particulièrement dans la périphérie de Rome, la

    taille moyenne des
    parcelles agricoles est inférieure à 400m sur 400m, dès lors il est possible de relier « ferme à ferme » le bâti et d'aboutir à un vaste champ urbain non-fonctionnel, ce n'est pas notre objectif. Une solution simple est adoptée pour palier à ce défaut méthodologique. Premièrement, les problématiques urbaines liées aux espaces verts urbains concernent peu les habitants de la zone agricole, deuxièmement ces mêmes personnes participent peu des problématiques urbaines globales, puisque leur trajet domicile-emploi intervient bien moins dans la vie urbaine. Ainsi écarter leurs territoires du champ urbain semble même renforcer la pertinence de nos principes de découpage. Pratiquement, il est aisé de différencier un tissu fait de parcelles agricoles à un tissu résidentiel, comme le présente la figure suivante, au 1 : 6'000 prise au Sud de Rome. L'urbanisation dans la partie Sud de la photo aérienne est prolongée par des parties agricoles au Nord, avec des distances de moins de 400m entre les constructions, en raison de la faible taille des parcelles agricoles. Dans cette situation, qui prévaut presque uniquement pour la cité italienne, la limite du champ urbain est définie à la bordure de la zone non agricole.

    46

    Deux autres cas problématiques viennent s'ajouter. En ce qui concerne Athènes, de telles structures agraires en parcelles allongées existent également, à la différence que la densité y est quatre ou cinq fois plus élevée qu'à Rome, définissant ainsi des quartiers d'habitation, par ailleurs peu périphériques. Dans ce cas, nous avons incorporé ces zones dans le champ urbain de la capitale Hellène, ils sont mis en évidence dans la cartographie plus en aval de ce mémoire. A Madrid, la forte présence de serres agricoles nécessite de trancher quant à leur caractère de bâti. Après renseignement, ces dernières sont presque toutes fixes, nous entendons par là que leur nombre ne varie pas selon les saisons, ce qui leur confère une qualité de bâti.

    Finalement, répondant des mêmes principes de découpage et de recensement des espaces verts urbains, l'analyse géographique proposée contient ainsi des données harmonisées, pures et absolument comparables entre elles, ce qui est novateur pour les terrains que nous avons sélectionnés. Les quelques adaptations méthodologiques effectuées ne diminuent pas sa qualité, au contraire, elles la renforcent.

    47

    2 SUPPORTS DE DONNÉES

    Les fonds de carte sont acquis sur Google Earth. Ce choix a été effectué en raison de trois avantages.

    Premièrement, les images satellitales de Google Earth ont été actualisées ces dernières années pour les métropoles européennes, ce qui confère une certaine pertinence pour notre recherche. En effet, nous pouvons reprendre les mots de Guérois qui défendait son support de donnée : «l'apport potentiel d'une source comme l'image CORINE Land Cover semble immense : en représentant pour la première fois les modes d'occupation du sol de manière harmonisée, elle offre un apport inédit à la comparaison des formes de l'urbanisation d'un pays à l'autre» (Guérois, 2003 : 66). Nous prétendons que les images satellitales de Google Earth ont ces mêmes qualités.

    Deuxièmement, la gratuité de ce support était incontournable pour notre travail étant donné que nous ne disposions pas d'orthophotos de suffisamment de métropoles européennes.

    Troisièmement, Le choix de l'altitude, et par conséquent de l'échelle de travail est capital pour notre travail. En effet puisque ce travail porte sur les métropoles européennes, nous tentons d'utiliser l'échelle la plus élevée possible pour des raisons de présentation. Toutefois, il est nécessaire de pouvoir identifier et dessiner les contours des espaces verts urbains. Il a donc fallu définir une taille minimale pour ces derniers, à partir de laquelle leur recensement débute. Cette taille a été choisie en fonction du support informatif, soit le mode plan de Google Maps.

    Les images de la page suivante présentent les informations données par ce service à différentes échelles, avec comme exemple la ville de Londres.

    En procédant par zoom successifs à des échelles de plus en petites, nous pouvons définir à partir de quelle échelle l'information supplémentaire cesse ou n'est plus digne d'intérêt pour supposer travailler à des échelles inférieures.

    Au 1 :250'000, les espaces verts urbains apparaissent déjà colorés par le mode plan de Google Maps.

    Figure 7 Extrait Google Maps, Sud de Londres, Échelle : 1:250'000.

    Au 1 : 100'000, le nom de certains espaces verts apparaît. Les contours sont nettement plus visibles, car les systèmes de transports éblouissent beaucoup moins la vue. Des espaces verts supplémentaires sont visibles, à l'instar de celui entouré en rouge sur l'image ci-contre.

    Figure 8 Extrait Google Maps, Sud de Londres, Échelle : 1:100'000.

    Au 1 : 50'000, le nom de tous les espaces verts apparaît, à l'exception de celui entouré en bleu. Aucun espace verts supplémentaire n'est distinguable à l'oeil par rapport à l'échelle au 1 : 100'000.

    Figure 9 Extrait Google Maps, Sud de Londres, Échelle : 1:50'000.

    Figure 10 Extrait Google Maps,

    Sud de Londres,
    Échelle : 1:25'000.

    48

    49

    L'échelle au 1 : 25'000 confirme les propos tenus pour celle au 1 : 50'000, à la différence que l'espace vert qui y était mis en valeur est ici nommé et assorti d'un symbole signifiant bois (wood). Google Maps recense donc les espaces verts jusqu'au 1 : 100'000. Puisque ces derniers mesurent au minimum un millimètre carré sur ces cartes, ce sont les espaces verts de plus de 100m x 100m qui sont définit comme tels. Cette échelle convient à notre travail, elle permet de ne pas inclure nombre de jardinets et d'espaces interstitiels urbains de faible taille (giratoires, talus, bosquets), et répond à un véritable fonctionnalisme. De plus, étant donné que les noms des espaces verts ne nous intéressent pas, l'échelle de référence qui a été choisie pour obtenir les données est celle de 1 : 100'000. Quant à la symbolique, elle est accompagnée d'une différenciation dans la couleur de l'espace vert, en effet, les forêts et bois sont colorés en vert plus pâle que les parcs, squares et jardins publics. Les espaces verts privés ne sont pas recensés, ce qui convient également pour notre méthodologie étant donné que la majeure partie des fonctions des espaces verts urbains suppose la publicité des lieux.

    L'échelle des fonds de cartes doit évidemment être équivalente pour supporter l'information. Il est possible de travailler avec des fonds de carte de Google Maps, néanmoins le mode plan apparaît comme peu présentable, nous y préférons les images satellitales, de plus la colorimétrie est une information qui sera utilisée. Le mode satellite de Google Maps équivaut aux images de Google Earth. Nous avons néanmoins choisi de travailler avec le second support pour une raison précise. Il est aisé de choisir quelles couches vectorielles nous souhaitons voir apparaître et parmi ces dernières, celle nommée Green area nous importe beaucoup. Google a déjà vectorisé les espaces verts intraurbains pour beaucoup de villes européennes. Force est de constater qu'entre 15 et 20% des données sont à nos yeux erronées. Ce chiffre n'est pas donné au hasard, il est issu d'un simple et bref constat sur place dans les villes de Rome et de Stockholm effectué en 2010 et 2011, à l'aide de plans de ville détaillés mais également de deux visites sur place. La précision laisse parfois à désirer (10% des cas) et des erreurs de type de couverture du sol représentent le reste des cas d'erreurs (15%). Dès lors, puisque 75% à 80% des espaces verts intraurbains sont correctement dessinés, nous utilisons cette fonction proposée par Google Earth, mais vérifions à chaque fois que le doute est possible à partir de zoom à des échelles inférieures au 1 : 100'000. Tous les cas sont solvables par ce

    50

    moyen. Les espaces verts de plus de 100m x 100m que nous sommes susceptibles de manquer en nous basant sur le service de Google Earth est de moins de 3%14.

    L'échelle 1 : 100'000 correspond à une altitude de 24 km au dessus-de la mer par photos satellitales sur Google Earth. Ainsi nous avons effectué des captures d'écran pour chaque métropole, 97 au total, puis les avons fusionnées dans Adobe Photoshop pour obtenir une seule photo aérienne de chaque métropole. L'étape suivante consiste à dessiner les contours des métropoles.

    2.1 ECHANTILLONNAGE DE MÉTROPOLES

    Deux sélections ont été effectuées. Premièrement il s'agit de retenir un échantillon de métropoles susceptibles d'apporter une contribution maximale à l'analyse comparative sur la base des espaces verts urbains. Deuxièmement, une batterie de statistiques est développée pour les besoins analytiques.

    2.1.1 SÉLECTION DES MÉTROPOLES

    Notre panel de ville a été défini suivant l'objectif de rendre compte de la diversité des systèmes d'espaces urbains présents dans les métropoles européennes. Plusieurs raisons ont conduit à la sélection.

    Premier paramètre, il s'agit de travailler sur des métropoles européennes, ce choix a été fait car plus la taille d'une ville est grande, plus les espaces verts urbains sont importants. En effet, rappelons que d'après Boutefeu (2007a : 1), «les Français manifestent clairement leur quête de verdure d'autant plus qu'ils vivent dans une grande ville». Puisque la nature hors milieu urbain est plus difficile à atteindre, les parcs et squares sont des supports de vie parfois incontournables, à l'inverse des petites entités urbaines où l'accessibilité aisée aux portes de la ville permet une nature au choix. Par ailleurs, les fonctions des espaces verts urbains sont plus utiles et de plus grande portée dans un large espace urbanisé. En effet, la tranquillité des lieux est un atout majeur d'attrait des lieux naturels comme nous l'avons vu précédemment. Quant aux fonctions propres, il en va de même, les îlots de chaleur urbains étant corrélés avec la taille de l'aire urbaine. La limitation au continent a été choisie car les rythmes d'urbanisation sont plus similaires ainsi qu'avec un échantillon de métropoles mondiales. De plus, les données d'Eurostat peuvent s'avérer utiles.

    14 Avec une analyse approfondie d'une portion d'espace des villes d'Athènes et de Zürich, nous aurions manqué trois parcs après en avoir recensé cent par le service de Google Earth. Dès lors le taux est de 3 sur 103, soit moins de 3%.

    51

    Deuxièmement, une simple analyse visuelle de la forme urbaine des métropoles, laisse comprendre que cette dernière influence grandement l'accessibilité des espaces verts urbains. Un exemple est parlant. Alors que la Rome post-antique s'est jusqu'à présent développée suivant un modèle multipolaire, Paris a longtemps présenté un développement fortement radioconcentrique et peu axiale. Dès lors, l'étendue de la capitale italienne est supérieure à celle de la ville-lumière, puisqu'elle incorpore de grandes poches d'espaces verts. Ces derniers peuvent être diversement qualifiables, résiduels dans un esprit de développement du bâti, ils sont également des réserves écologiques d'un point de vue environnemental. Le terme interstitiel convient à leur nouveau statut urbain par défaut, puisqu'englobés dans la ville. . L'accessibilité à ces derniers, est ainsi élevée pour les Romains, et faible pour les Parisiens, contraints de parcourir de longues distances pour approches la lisière d'espaces non urbanisés. Ce fait constitue la première variable rendant compte de la présence d'espaces verts urbains, à savoir, la forme urbaine.

    Le deuxième apport de nature en ville est anthropique, il s'agit d'espaces verts urbains créés à des fins de loisirs, esthétiques et environnementaux. De plus faible tailles que les forêts adjacentes à la ville ou les poches naturelles d'espaces verts interstitiels, ils présentent également une fonctionnalité très marquée, puisque ces parcs et squares sont aménagés à des fins d'utilité. Le système de ce deuxième type d'espaces verts urbains varie selon des paramètres fortement liés aux rythmes d'urbanisations des villes, d'ailleurs Pelletier (1994 :77) nous assure que l'on «reconnaît aisément dans les grandes villes les extensions urbaines successives par leurs types d'organisation». Dès lors, et cela constitue le troisième paramètre dans la constitution d'un échantillon, il convient de sélectionner des terrains où les développements ont été les plus différents, afin d'avoir une analyse plus riche.

    Des approches intéressantes sont basées sur des classements ou rankings internationaux, des villes selon leur importance. Une hiérarchie avec des classes s'en dégage. Nous associons ceux effectués pour l'Europe par Rozenblat et Cicille (2003 : 53) et le classement mondial du GAWC15 (Globalization and World Cities, groupe de recherche en géographie de l'université de Loughborough) pour son actualité (2008).

    Les villes d'Istanbul et Moscou sont actuellement les plus grandes agglomérations du continent européen en termes d'habitants. Elles ne sont pas prises en compte dans l'échantillon pour plusieurs raisons. Premièrement Eurostat ne fournit pas de données sur ces dernières. Deuxièmement, les

    15 http://www.lboro.ac.uk/gawc/world2008t.html

    52

    régimes d'urbanisations se détachent de ce qui a prévalu dans l'Europe de l'Ouest et centrale. Troisièmement, géographiquement elles apparaissent comme excentrées. Mais encore, ne faisant pas partie de l'Union Européenne ni de l'AELE, elles ne sont pas concernées par la politique communautaire. Finalement, un certain flou règne quand à la comptabilisation de leurs populations.

    Finalement, il convient de remarquer que nombre de villes partagent leur espaces fonctionnels entre elles. La figure 7 (page 33) qui présente les aires fonctionnelles de la LUZ présente des tâches urbaines très vastes et concomitantes, particulièrement en Allemagne et au centre de l'Angleterre. Notre méthodologie basée sur la continuité du bâti à 400m aurait comme effet d'obtenir des métropoles multipolaires dans certains cas. Dès lors, pour des raisons de simplification, les villes d'Amsterdam dans l'aire urbaine Randstadt, ainsi que la conurbation de la Ruhr avec les centralités de Essen et Düsseldorf, théoriquement une des plus grandes métropoles d'Europe en termes d'habitants, ne sont pas retenue dans le panel de dix villes. Par ailleurs, il a été évité de choisir deux cités appartenant au même pays. Milan est également un cas complexe avec la continuité du bâti à 400m, puisque son développement radial s'étend sur une presque 100 kilomètre englobant une partie du pointe sud de la Suisse (Mendrisiotto), la cité industrielle du Nord de l'Italie a donc été évitée.

    2.1.2 SÉLECTION D'INDICATEURS

    Afin de soutenir l'analyse comparée, les indicateurs de population de la LUZ et de la City sont utilisés et mis en ratio entre eux, il en va de même pour les densités.

    Le tableau en page suivante présente les dix villes de l'échantillon et les statistiques de base issues d'Eurostat (programme Urban Audit 2003-2007) qui leur sont associées. Ces données sont accompagnées de leur découpage territorial (core city ou LUZ). Les différentes agglomérations sont classées par taille de population selon la LUZ. Le choix de cette présentation, qui est adoptée pour l'ensemble de la partie analytique, a été décidé pour faciliter l'analyse visuelle des cartes présentées.

    53

    Id

     

    Ville

    Autre nom utilisé pour la zone urbaine élargie (si existant)

    Pays

    Habitants [ma]

    City

    LUZ

    Habitants

    [ma]

    Ratio City : LUZ

    Superficie [km2]

    City LUZ

    Superficie [km2]

    Ratio City : LUZ

    Forme

    LON

    Londres

    Royaume-

    7.4

    1 : 1.60

    1578

    1 : 5.68

    Compacte

     

    Le Grand Londres

    Uni

    11.9

     

    8970

     
     

    PAR

    Paris

    France

    2.2

    1 : 5.15

    1087

    1 : 11.3

    Radioconcentrique

     

    Le Grand Paris

     

    11.1

     

    12238

     
     

    MAD

    Madrid

    Espagne

    3.1

    1 : 1.87

    605

    1 : 13.2

    Polynucléaire

     

    Madrid metropolitan area

     

    5.8

     

    8011

     
     

    BER

    Berlin

    Allemagne

    3.4

    1 : 1.47

    895

    1 : 19.5

    Mixte à tendance

     

    -

     

    5.0

     

    17483

     

    polynucléaire

    ATH

    Athènes

    Grèce

    0.8

    1 : 5.04

    395

    1 : 9.6

    Très compacte

     

    Le Grand Athènes

     

    4.0

     

    3795

     
     

    ROM

    Rome

    Italie

    2.6

    1 : 1.35

    1308

    1 : 2.9

    Polynucléaire

     

    -

     

    3.5

     

    3751

     
     

    BUC

    Bucarest

    Roumanie

    1.9

    1 : 1.11

    228

    1 : 2.9

    Radioconcentrique

     

    -

     

    2.1

     

    650

     
     

    STO

    Stockholm

    Suède

    0.8

    1 : 2.44

    197

    1 : 33.8

    Compact

     

    Le Grand Stockholm

     

    1.9

     

    6666

     
     

    COP

    Copenhague

    Danemark

    0.5

    1 : 3.63

    88.8

    1 : 30.9

    Compact et Multi-

     

    Greater Kobenhaven Region

     

    1.8

     

    2748

     

    Radial

    ZUR

    Zürich

    Suisse

    0.4

    1 : 3.05

    96.3

    1 : 11.2

    Compact à

     

    Canton de Zürich

     

    1.1

     

    1076

     

    linéaire

    Tableau 2 Données comparatives I Y.Schneeberger, 2011 (c)

    54

    Id

    Densité

    City Core (2006) [hab/km2]

    Densité LUZ (2006) [hab/km2]

    Densité Ratio City : LUZ (2006) [hab/ha]

    Rang en Europe,

    d'après :

    Rozenblat et Cicille
    (2003)

    Rang mondial,

    d'après :

    GAWC (2008)16

    Année(s) des

    images satellitales

    PAR

    20'248

    907

    1 : 0.04

    1

    2

    2007

    LON

    4'689

    1'327

    1 : 0.28

    1

    1

    2010

    MAD

    5'127

    724

    1 : 0.14

    2

    3

    2007

    BER

    3'798

    286

    1 : 0.08

    3

    6

    2006

    ATH

    20'467

    1'054

    1 : 0.05

    4

    4

    2010

    ROM

    1'987

    933

    1 : 0.47

    3

    4

    2007, (2002)

    BUC

    8'333

    3'233

    1 : 0.08

    -

    5

    2009, 2010

    STO

    4'052

    285

    1 : 0.07

    3

    4

    2007

    COP

    5'630

    655

    1 : 0.12

    4

    6

    2005

    ZUR

    4'153

    1'022

    1 : 0.25

    4

    4

    2009

    Tableau 3 Données comparatives II Y.Schneeberger, 2011 (c)

    16 La numérotation des classes est adaptée pour permettre la comparaison, le classement original contient les classes [alpha++; alpha+; alpha; alpha-; beta+; beta ; beta-; gamma+ ; gamma; gamma-; high sufficiency ; sufficiency]. On remarquera que les différences concernent principalement la différence hiérarchique entre Paris et Londres, ainsi que les rang de Berlin et de Copenhague.

    55

    - TROISIÈME PARTIE -

    FORMES URBAINES ET RÉPARTITION DES

    ESPACES VERTS URBAINS

    1 FORMES URBAINES

    La première phase analytique porte sur la présentation des cartographies des formes des métropoles d'après la continuité du bâti à 400m. Des statistiques sont déployées pour rendre compte de l'emprise au sol (partie 6.2). L'analyse se poursuit par incorporation des espaces verts urbains des dix métropoles européennes, qui sont ajoutés aux cartographies, assortis de tableaux de valeurs (partie 6.2). Les trois catégories sont alors mises en regard au travers d'une partie (6.3) consacrée aux types. Les surfaces d'espaces verts sont ensuite calculées (partie 6.4) et mises en comparaison, ventilées dans les trois catégories que nous distinguons, et mis en rapport avec les indicateurs statistiques relevés précédemment. La partie 6.5 apporte une vision de la structure des espaces verts urbains, pour chaque métropole, et est expliquée à l'aide des descriptifs morphologiques des villes de l'échantillon, qui était l'objet du chapitre suivant.

    1.1.1 PARIS

    56

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 11 Champ urbain de Paris, France, 2007, échelle : 1:750'000

    Figure 12 Structure de Paris, France, d'après Eurostat

    1.1 L'EMPRISE AU SOL DES MÉTROPOLES EUROPÉENNES SELON LE PRINCIPE DE CONTINUITÉ DU BÂTI A 400M

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré de compacité

    Champ urbain 1168.9 822.5 0.31 (fort)

    Tableau 4 Données I pour Paris Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Le champ urbain de Paris est le plus vaste de notre panel de métropoles européennes, avec un diamètre maximal de 71.2 km. Cette agglomération selon la continuité du bâti à 400m présente une forme tout à fait intéressante. Nous pouvons décomposer la forme en deux effets. Premièrement une certaine compacité apparaît, à l'instar de la ville exemple en la matière qu'est Londres. Deuxièmement, le découpage est relativement complexe, indiquant que des espaces verts de grande taille sont en partie englobés dans le champ urbain, tout en restant reliés au système agricole extra-urbain. Le développement de Paris semble avoir été stimulé par la présence de son fleuve, la Seine, puisque le long de cette dernière qui arrive en Paris par le Sud et s'écoule en direction du Nord-Ouest, le champ urbain a tendance à être plus étendu.

    1.1.2 LONDRES

    Y.Schneeberger (c)

    57

    Figure 13 Champ urbain de Londres, UK, 2007, échelle

    1:750'000 Figure 14 Structure de Londres, UK, d'après

    Eurostat

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré de compacité

    Champ urbain 2463.8 576.6 0.52 (très fort)

    Tableau 5 Données I pour Londres Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Avec notre méthodologie basée sur la délimitation du bâti à 400m, le champ urbain de Londres se présente sous une forme très compacte, avec peu de développement linéaire dans sa périphérie. La

    58

    topographie relativement plate du territoire aide à cet étalement régulier dans toutes les directions, mais c'est bien les principes urbanistiques des années 1940 qui sont à l'oeuvre. En effet, ainsi, notre champ urbain est très proche du Kernel d'Eurostat, toutefois une partie de la surface de ce dernier est retraitée sur ses pourtours. Avec Athènes, Londres est la seule métropole pour laquelle il a été efficace de partir du Kernel pour dessiner avec efficience nos propres délimitations urbaines.

    1.1.3 MADRID

    Le niveau LUZ incorpore de larges portions de zones agricoles, de forêts et de zones bleues,

    reflet du fort
    polycentrisme qui

    caractérise la

     
     

    capitale Ibère.

    Figure 16 Structure de Madrid, Espagne, d'après Eurostat.

    Figure 15 Structure urbaine de la périphérie Nord de Madrid, 2007, Échelle : 1:1'400'000. Fond de carte : Google Earth.

     

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 17 Champ urbain de Madrid,
    Espagne, 2007, échelle 1:750'000

    Ces zones vertes sont recolorées en vert foncé sur la figure 17, qui représente la portion Nord de la LUZ de Madrid. Le niveau core city est réduit à la partie grisâtre visible en bas de la prise aérienne, il suit les contours de limite bâtie en partant du centre de la capitale, avec rigueur, en s'arrêtant à la commune de Madrid. Le mitage du territoire périphérique de la métropole espagnole implique que des centralités secondaires proches du centre, sont comprises dans une

    vaste LUZ. Ces dernières sont recolorées en vert clair. Une partie est satellitale par rapport à la commune de Madrid, alors que l'autre, selon la continuité du bâti à 400m est comprise dans le champ urbain madrilène.

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré de compacité

    Champ urbain 1063.6 438.2 0.34 (fort)

    Tableau 6 Données I pour Madrid Y.Schneeberger, 2011 (c)

    59

    Le résultat de ce dernier principe est présenté sur l'infographie ci-dessus. Une forme compacte est trouvée, cet adjectif qualifie la forme de la ville et non pas sa densité, quoique celle de Madrid soit comparativement moyenne avec les autres capitales d'Europe. Des axes d'urbanisations sont marqués dans au moins trois directions, cela est le reflet du polycentrisme non règlementé : tantôt accolé au bâti mieux centré, il tend à allonger les formes urbaines, tantôt déconnecté et définit comme hors de l'agglomération, il pose une rupture de l'urbanisation. Un long couloir de développement est visible au Nord-est, jusqu'à Torrelodones, ville située à plus de 23km du centre urbain et prise entre deux pans de montagne. A l'instar de Milan, l'urbanisation de Madrid tend à s'installer dans les fonds de vallée au Nord, dans les deux cas des axes de transports important conditionnent ces faits. Le Sud-ouest est fortement concerné par l'existence de poches bâties proches les unes des autres, dont la croissance a été stimulée par la présence d'un maillage autoroutier dense. Les serres sylvicoles participent de l'étalement urbain. Seule une vaste aire forestière jouxte la limite du champ urbain, au Nord, la topographie en est la cause. En effet, le reste de la périphérie madrilène est agricole. L'absence d'urbanisation au centre-ouest du centre est du à la présence d'un grand parc, le casa de campo.

    1.1.4 BERLIN

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 18 Champ urbain de Berlin, Allemagne, 2006, échelle : 1:750'000

    Figure 19 Structure de Berlin, Allemagne, d'après Eurostat

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré de compacité

    Champ urbain 1463.1 689.9 0.29 (moyen)

    Tableau 7 Données I pour Berlin Y.Schneeberger, 2011 (c)

    La ville de Berlin présente une faible compacité, en raison de la présence de larges espaces verts et de lacs qui ponctuent son urbanisation, vestiges du développement par quartiers précédemment évoqué. Dès lors, la densité du centre est basse (3798 hab/km2). Quant à celle de la périphérie elle est la plus faible de notre échantillon de villes, avec Stockholm, et s'explique par la forme des couronnes périphériques, qui adoptent des formes polycentriques, reflet de la politique de décentralisation à l'échelle communale menée aujourd'hui. Les nombreux lacs présents dans la périphérie n'attirent pas l'urbanisation. Reflet de cette lâcheté du territoire, la taille du champ urbain est la deuxième plus grande après celui de Londres. Quant au degré de compacité, il est seulement moyen étant donné la présence de couloirs de développement en direction de l'Est et du Nord-est, par ailleurs peu orientés d'après les systèmes de transports. La presque totalité de la limite ville-campagne de notre champ urbain donne sur des aires agricoles, des zones forestières subsistent à l'Est et plus au Nord.

    1.1.5 ATHÈNES

    Figure 20 Champ urbain d'Athènes, Grèce, 2010, échelle : 1:750'000

    Figure 21 Structure

    d'Athènes, Grèce, d'après Eurostat

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré de compacité

    Y.Schneeberger (c)

    60

    Champ urbain 775.8 437.4 0.20 (moyen)

    Tableau 8 Données I pour Athènes Y.Schneeberger, 2011 (c)

    La capitale est petite en comparaison de ses consoeurs européennes, elle occupe deux fois moins de place que Berlin, et ce malgré son étendue en direction de l'Est. Comme il a été précédemment rapporté, la cité grecque a la particularité d'être contenue par une topographie marquée et les monts Parnès, Lycabette, Hymmet et Aegialée ne permettent plus à la ville de s'étendre et engendrent des problèmes majeurs. Ces faits sont intéressent car ils sont liés à la présence d'espaces verts, de par leur fonction à diminuer la pollution ambiante, mais également en termes d'accessibilités puisque les monts précités sont des espaces verts externes, aux latitudes d'Athènes,

    les fonctions climatiques de la végétation sont fortement amoindries. Le développement urbain de la capitale grecque tend à se faire au bord de la côte, entre Salamine au Nord et Glyfada au Sud, ainsi que dans la Mésogée, à l'Est en deçà du mont Hymett où l'aéroport est bâti. Le degré de compacité théorique, calculé d'après la forme des pourtours devient ainsi moyen, la densité de la ville-centre (équivalente au core city) exprime mieux ce fait, avec plus de 20'000 habitants au kilomètre carré.

    1.1.6 ROME

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 22 Champ urbain de Rome, Italie, 2007 (2002), échelle : 1:750'000

    Figure 23 Structure de Rome, Italie, d'après Eurostat

    61

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré de compacité

    Champ urbain 1266.1 1021.4 0.15 (faible)

    Tableau 9 Données I pour Rome Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Le champ urbain de Rome défini selon la continuité du bâti à 400m prend une forme tentaculaire en direction de la mer Méditerranée, l'explication vient en partie de la présence de l'aéroport Fiumicino, qui engendre ce développement dans ses alentours. La côte attire également de par son aspect touristique. Elle est néanmoins peu développée au regard de la taille de la capitale romaine. Ainsi, et Rome présente un développement peu compact. Participant de ce phénomène, une pénétrante non-bâtie, dont l'explication réside dans l'existence de deux lignes de métro à son est et son ouest, et la présence d'un site archéologique majeur (catacombes de Rome). L'autre pénétrante non-bâtie de la cité, au centre-Est s'explique par la présence très périphérique de Lunghezza (29'000 habitants). A l'instar de ce quartier, les couronnes périphériques sont de type polycentrique, constituées de fragments de bâti n'excédant souvent pas le kilomètre carré. Cette périurbanisation tend à être de plus en diffuse à mesure que l'on s'éloigne du centre de l'agglomération. Une petite partie du Sud-est de la capitale est représenté par des prises satellitales de 2002, d'après la comparaison avec les images jouxtantes de 2007, on remarque les parcelles agricoles allongées regroupées le long d'un axe

    de transports tendent à être éclatées en de plus petits morceaux, et de l'habitat individuel construit, aux dépend des cultures. Ce développement a été extrapolé pour le moins de 5% du territoire de la ville qui utilise les anciennes images.

    1.1.7 BUCAREST

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 24 Champ urbain de Bucarest, Roumanie, 2009, (2010), échelle : 1:750'000

    Figure 25 Structure de Bucarest, Roumanie, selon Eurostat

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré d'compacité

    Champ urbain 608.8 455.4 0.32 (fort)

    62

    Tableau 10 Données I pour Bucarest . Y.Schneeberger, 2011 (c)

    La forme radioconcentrique de Bucarest est très marquée, le développement actuel se fait long des axes de transports majeurs. Toutefois, il est qualifiable de radial à l'ouest en direction des grandes villes plus continentales et le long du fleuve Dambovita, et de compact au centre-ville en raison de sa forte densité (8'300 habitants au kilomètre carré). De véritables villes-rues longent le périphérique routier, et en partent d'une manière multi-radiale, si bien que les contours du champ urbain sont largement dus à ce fait, le terme qui convient le mieux à la forme urbaine de Bucarest est donc celui de radioconcentrique. En périphérie, chaque parcelle est de forme allongée et contient une habitation et quelques terres cultivables de faibles tailles, à l'instar de quelques quartiers au Nord d'Athènes. A Bucarest, l'étalement urbain se fait en reproduisant ce modèle toujours plus loin du centre.

    1.1.8 STOCKHOLM

    Figure 26 Champ urbain de Stockholm, Suède, 2007,

    échelle : 1:750'000

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 27 Structure de Stockholm, Suède, d'après Eurostat.

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré de compacité

    Champ urbain 535.9 471.0 0.27 (moyen)

    63

    Tableau 11 Données I pour Stockholm Y.Schneeberger, 2011 (c)

    La définition du champ urbain a conduit à un contour d'agglomération proche du core city pour le Sud de la métropole suédoise, relativement compacte, et à l'inverse à une limite ville-campagne bien plus éloignée du centre pour la partie septentrionale de la ville. En effet, elle adopte des formes radiales dans au moins quatre directions. Ces couloirs de développement sont dus aux systèmes de transports, mais également à la topographie des lieux, il faut savoir que des bras de mers pénètrent à de multiple reprise le territoire Nord de Stockholm, les quartiers y sont fréquemment séparés, et définis, par des étendues d'eau. Métropole à la latitude maximale de notre échantillon, Stockholm est entourée par bien moins d'aires agricoles que des les autres métropoles de l'échantillon, au profit de larges zones forestières. De nombreux lacs ou portions de mer, sont incorporés dans le champ urbain, l'urbanisation a tendance à s'y développer d'une manière contiguë.

    1.1.9 COPENHAGUE

    Y.Schneeberger (c)

    64

    Figure 28 Champ urbain de

    Copenhague, Danemark, 2005, Figure 29 Structure de Copenhague, Danemark,

    échelle : 1:750'000 d'après Eurostat

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré d'compacité

    Champ urbain 529.0 282.5 0.21 (moyen)

    Tableau 12 Données I pour Copenhague Y.Schneeberger, 2011 (c)

    La métropole danoise est connue pour présenter un urbanisme multi-radial, c'est-à-dire portant sur plusieurs axes à partir du centre. Occupant une presqu'île côtière, la ville présente dès lors une forme dite en doigts de la main, aisément reconnaissable sur l'infographie ci-contre. Les axes de développement suivent bien sur les côtes pour des raisons d'attractivité, mais tendent également à progresser vers l'intérieur des terres du pays, ponctué de lacs et cours d'eaux. La complexité des pourtours du champ urbain, dont un aspect fractal peut être dénoté, est le fait de couloirs biologiques qui relient l'aire agricole à l'Ouest de l'agglomération à la mer du Nord. Leur étroitesse permet à des villes périphériques fortement dépendantes de la ville-centre d'être englobées dans le champ urbain, ce qui ne serait pas le cas avec une délimitation du bâti à 200m.

    Sceeberger (c)

    1.1.10 ZÜRICH

    30 Champ urbain de Zürich, Suisse, 2009, échelle : 1:750'000

    Figure 31 Structure de Zürich, Suisse, d'après Eurostat

    65

    Délimitation Superficie [km2] Pourtour [km] Degré de compacité

    Champ urbain 331.0 456.8 0.14 (faible)

    Tableau 13 Données I pour Zürich Y.Schneeberger, 2011 (c)

    La capitale économique de la Suisse présente une urbanisation fortement radiale au-delà de la compacité du centre-ville. La topographie est en cause, en effet la cité et ses vicissitudes au Sud se situent entre un lac et des collines élevées, légalement inconstructibles. Dès lors, porté par la périurbanisation précédemment évoquée et selon la continuité du bâti à 400m, des formes complexes apparaissent, et un urbanisme en partie axial se met en place, avec des densités faibles le long du lac de Zürich. Plus élevées en direction de l'Ouest, elles suivent un axe de transport majeur, sur le Plateau Suisse. Au Nord l'urbanisation est plus portée par des zones à vocation d'emploi, stimulée par la présence de l'aéroport. Alors qu'en raison de l'emplacement des rivières au Nord, Zürich s'y était développée d'une manière industrielle jusqu'à la belle époque, la construction de villas individuelles sur les bords du lac change radicalement la forme de la ville, qui s'étend sur plus de 20 kilomètres en direction du Sud, pour des raisons essentiellement paysagères.

    66

    1.2 TABLEAUX RÉCAPITULATIFS ET CALCULS D'ÉTENDUES

    Id

    Etendue maximale [km]

    Etendue minimale [km]

    Degré compacité

    de

    Surface [km2]

    PAR

    71.2

    28.1

    0.31 (fort)

     

    1168.9

    LON

    55.3

    28.5

    0.52 (très fort)

     

    2463.8

    MAD

    44.4

    15.2

    0.34 (fort)

     

    1063.6

    BER

    58.2

    17.0

    0.29 (moyen)

     

    1463.1

    ATH

    38.9

    8.0

    0.20 (moyen)

     

    775.8

    ROM

    55.0

    8.5

    0.15 (faible)

     

    1266.1

    BUC

    36.5

    11.6

    0.32 (fort)

     

    608.8

    STO

    30.9

    8.3

    0.27 (moyen)

     

    535.9

    COP

    50.2

    10.717

    0.21 (moyen)

     

    529.0

    ZUR

    31.6

    4.3

    0.14 (faible)

     

    331.0

    Tableau 14 Données comparatives III Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Une partie d'un objectif recensé peut être effectuée, celui de décrire l'offre en espaces verts urbains des métropoles européennes. En effet la forme du bâti continu permet la création d'un indicateur simple, mais qui doit être calculé pour chaque métropole. La longueur des pourtours de l'agglomération équivaut à la longueur du contact entre urbanisation et espaces verts externes, soit à l'offre en espaces verts extra-urbains. Plus la taille de la ville est élevée, plus ce pourtour est supposé être grand, néanmoins les formes multi-radiales de villes comptabilisent plus de limites villes-campagnes que des formes radioconcentriques. «Je simplifie, mais il faut toujours simplifier les choses pour mieux les comprendre», ce sont les mots Descartes. Si nous considérons une ville comme étant un simple cercle, avec une accessibilité moyenne aux espaces verts externes alpha, et que nous apportons une ondulation marquée à son pourtour, aboutissant à une forme en étoile aux angles internes proches du centre de la ville, l'accessibilité moyenne des espaces verts externes est indubitablement inférieure à alpha. Le degré de compacité de la forme du champ bâti nous indique que Zürich présente une accessibilité à la limite ville-campagne excellente, tout comme Rome. Athènes profite de la présence du mont Hymmet qui oblige sa forme à le contourner et Copenhague des ses pénétrantes vertes. Londres enregistre le moins bon résultat, sa haute compacité impose ses résidents à franchir des distances élevées pour sortir du champ urbain.

    17 Copenhague étant une ville côtière, ce chiffre ne présente qu'un rayon partant du centre au lieu d'un diamètre le traversant.

    67

    2 ESPACES VERTS INTRAURBAINS PAR MÉTROPOLE

    D'APRÈS LE CHAMP URBAIN

    Les espaces verts urbain sont ventilés dans les diverses catégories suivantes :

    - Les espaces verts ;

    - Les espaces agricoles intraurbains.

    La comparaison entre métropoles est faite sur un deux plans.

    Premièrement des infographies avec la répartition des espaces verts intraurbains, différenciés, sont présentées, pour chacune des dix métropoles européennes, assortis d'une ligne de tableau présentant l'information de manière chiffrée. Des statistiques sont émises pour rendre comparable les superficies d'agriculture intraurbaine et des espaces verts intraurbains. Ainsi nous utilisons :

    - La superficie du champ urbain afin de pondérer les valeurs trouvées.

    - La population pour obtenir la superficie d'espaces verts urbains par habitant.

    Cet indicateur est largement utilisé par la commission européenne pour émettre des objectifs minimaux.

    - Le nombre d'espaces verts et de zones agricoles intraurbaines pour rendre compte de leurs tailles moyennes.

    Alliés à la localisation des ces aires, ces chiffres rendent compte des tissus de villes différents à l'intérieur des champs urbains, et participent à étayer l'analyse sur l'étalement urbain grâce à la mise en évidence des poches non-urbanisées englobées dans le champ urbain. De plus, le type d'espaces verts urbains proposés à la population peut être appréhendé.

    - La forme des villes, afin d'alimenter le débat ville dense - ville étalée.

    Avec nos indicateurs novateurs, l'étalement apparaît sous un autre jour. Les différents types d'urbanisations, propres à chacune des dix métropoles analysées, présentent des profils bien différents. Finalement, un tableau quantitatif recensant toutes les valeurs est présenté, sur la base des classements, une analyse globale est effectuée.

    68

    2.1 ESPACES VERTS INTRAURBAINS PAR MÉTROPOLE

    2.1.1 PARIS

    10km

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 32 Espaces verts et agricoles intraurbains, Paris, France, 2007. Échelle : 1 : 455'000.

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    52.0

    129.1

    181.1

    en % de la surface du champ urbain

    4.4

    11.0

    15.5

    par habitant du core city [m2]

    23.6

    58.7

    82.3

    Tableau 15 Données II pour Paris Y.Schneeberger, 2011 (c)

    69

    Ville présentant une surface en espaces verts remarquable (129km2), soit 11% de son champ urbain. Alors que 10m2 par habitant est prôné comme objectif pour toutes les villes de France, la capitale peut s'enorgueillir, d'en offrir à ses résidents cinq fois plus. Bien évidemment le principe de continuité du bâti à 400m tire ces chiffres vers le haut, tout comme la population prise en compte, qui est plus restreinte à Paris que dans d'autres métropoles. Moins de 5% de ces espaces verts font partie du programme Natura 2000, projet lancé au niveau européen pour conserver et développer les espaces verts de manière à créer un réseau favorisant la biodiversité et valoriser les territoires. Paris doit sa spécificité à plusieurs phénomènes. La mise en oeuvre du programme des ingénieurs du milieu du XIXème Siècle sous Napoléon crée les deux espaces verts centraux que nous pouvons remarquer, soit les Bois de Vincennes (est), et de Boulogne (ouest), ensemble ils représentent 15% des espaces verts du champ urbain de la cité lumière. De nombreuses poches de forêts ont été englobées par l'urbanisation, particulièrement à l'ouest de la ville, ces dernières sont intégralement couvertes par la végétation et représente, à la lumière de la carte présentée, les véritables poumons verts de Paris, puisque leur surface est cinq fois supérieures à celles des deux grands parcs précités. De nombreux squares existent à Paris, ils apparaissent sous forme des petits points verts, au centre de l'agglomération, fréquemment intra-muros, d'après Boutefeu (2011 : 3), ils occuperaient 554 hectares répartis en 450 points, soit deux fois moins que les deux grands parcs précités, et 4 à 5% de l'ensemble des espaces verts du champ urbain. Le même auteur relève que les jardinets représentent 200 hectares intramuros, en extrapolant, cela laisse supposer que 10 à 15 km2 de jardinets existent dans le cadre urbain de Paris. Ces derniers compris ainsi que les squares, la surface réelle en espaces verts urbain peut atteindre 155km2, soit au maximum 20% de plus que ce que notre méthodologie nous permet de calculer. Puisque ceci est valable pour toutes nos villes-échantillon, cette marge d'erreur n'a pas de sens dans son absolu, mais dans la variation maximale qu'elle pourrait comporter entre deux entités urbaines. Dès lors, elle n'est pas prépondérante dans l'analyse des espaces verts à notre échelle.

    Les espaces agricoles devenus intraurbains sont présents pour la moitié tout au Nord du champ urbain, relativement groupés, mais ponctuent l'ensemble des couronnes les plus éloignées de l'agglomération. La Seine influence notablement la présence des espaces verts urbains, certains se localisent sur ses berges (à l'est de la ville), et le développement urbain tend à se faire en son long, incorporant de facto de nouveaux espaces verts et agricoles au sein du champ urbain. Ce fait est toutefois faible, la forme de Paris selon la délimitation du bâti à 400m présente une certaine compacité, due à l'absence de zones inconstructibles.

    2.1.2 LONDRES

    Y.Schneeberger (c)

    10km

    70

    Figure 33 Espaces verts et agricoles intraurbains, Londres, UK, 2010. Échelle : 1 : 351'000.

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    64.9

    50.7

    115.6

    en % de la surface du champ urbain

    2.6

    2.1

    4.7

    par habitant du core city [m2]

    8.8

    6.9

    15.6

    Tableau 16 Données II pour Londres Y.Schneeberger, 2011 (c)

    La répartition des espaces verts urbains de la métropole anglaise est très bonne, en effet à l'exception de l'Ouest qui est fort agricole, la végétation trouve une place dans toutes les portions de la ville. Un grand pacs situé à moins de 10 kilomètre du centre urbain représente presque 30% de la surface totale en espaces verts, il s'agit du Richmond Park et du parcours de golf de Wimbledon. Très centraux, St.James Park, accolé à Green Park et Buckingham palace Park bénéficient d'une position remarquable.

    Les aires agricoles se localisent dans presque toute l'agglomération londonienne, à l'exception classique du centre urbain (city). Leur forte représentation dans l'Est est due à un tissu bâti plus

    71

    lâche, les aires restent néanmoins petites, et leur maintien fait partie de la politique environnementale de la ville.

    2.1.3 MADRID

    Y.Schneeberger (c)

    10km

    Figure 34 Espaces verts et agricoles intraurbains, Madrid, Espagne, 2007. Échelle : 1 : 277'000

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    40.1

    29.4

    69.5

    en % de la surface du champ urbain

    3.8

    2.8

    6.5

    par habitant du core city [m2]

    12.9

    9.5

    22.4

    Tableau 17 Données II pour Madrid Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Environ 30% des espaces verts urbains, définis comme tel par Google Earth, sont arides. A partir du moment où aucune végétation n'est présente, nous estimons que le qualificatif espace vert urbain

    72

    n'est plus approprié en raison de la faible fonctionnalité des lieux. Dès lors, environ 10km2 d'espaces arides n'ont pas été sélectionné. Pratiquement, l'opération a été effectuée avec des zooms de précision pour chaque espace dont la couleur laissait supposer un sol nu. La dichotomie entre les espaces non-urbanisés au Nord et au Sud de la ville est marquante, en effet, alors que ceux Nord, accroché aux flancs sont de type espace vert urbain, le Sud de la ville, plus sec, en contient bien moins. Soumis au polycentrisme sans planification, le Sud du champ urbain englobe de vastes poches agricoles, traversées par un système routier très dense. Des espaces verts urbains de grande taille, relativement centraux existent, de même que des parcs et squares au coeur même de la ville.

    2.1.4 BERLIN

    Y.Schneeberger (c)

    10km

    Figure 35 Espaces verts et agricoles intraurbains, Berlin, Allemagne, 2006. Échelle : 1 : 360'000.

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    24.9

    39.5

    64.4

    en % de la surface du champ urbain

    1.7

    2.7

    4.4

    par habitant du core city [m2]

    7.3

    11.6

    19.0

    Tableau 18 Données II pour Berlin Y.Schneeberger, 2011 (c)

    73

    La croissance de la ville allemande ne présente que peu d'espaces verts ou agricoles englobés dans l'urbanisation, à l'exception d'une importante zone de champs au Nord de la ville (Quartiers de Buch).

    Un espace agricole relativement central de forme peu classique (ronde) existe, il s'agit de l'ancien aéroport Tempelhof, dont le sol est actuellement occupé par des champs. Berlin présente de grands parcs entourant son hyper-centre, tel le Tiergarten, le Treptower Park, ainsi que le Volskpark Friedriechshain. Nombre de ces parcs du peuple (trad.) aèrent littéralement la ville. Les images satellitales montrent bien d'autres espaces verts que nous ne pouvons référencer comme tel, il s'agit de parking à ciel ouvert, dont nombre sont végétalisés.

     

    Figure 36 Revégétalisation d'anciennes zones agricoles

    intraurbaines, Berlin (Friedrichhagen), 2006.
    Échelle : 1 : 200'000. Google Earth.

    Nombre d'anciens espaces interstitiels anciennement agricoles sont reboisés. Ceci est parfaitement visible sur les images satellitales, dont un extrait figure ci-contre.

    74

    2.1.5 ATHÈNES

    10km

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 37 Espaces verts et agricoles intraurbains, Athènes, Grèce, 2010. Échelle : 1 : 229'000.

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    8.2

    11.5

    19.7

    en % de la surface du champ urbain

    1.1

    1.5

    2.5

    par habitant du core city [m2]

    10.3

    14.4

    24.6

    Tableau 19 Données II pour Athènes Y.Schneeberger, 2011 (c)

    75

    L'agglomération d'Athènes est un cas spécifique que nous avons décidé de traiter à part. En effet, des quartiers entiers de la ville présentent une morphologie « semi-agricole ». Typiquement, des parcelles allongées sont collées les unes autres, dont un cinquième est occupé par une bâtisse et le reste par une culture agricole. La sylviculture (olives, vignes) semble être la majorité des cas. La distance au bâti n'excède dès lors par la dizaine de mètres, et l'incorporation de ces quartiers ne souffre d'aucune hésitation. Ceux-ci sont présentés en beige sur la carte précédente. A notre sens, la comptabilisation des aires agricoles nécessite également l'apport de ces surfaces qui excèdent largement la définition du potager. En moyenne, 20% des parcelles abritent une culture, dès lors nous avons enregistré 15% de la surface de ces quartiers comme étant de l'agriculture intraurbaine. Athènes est la seule ville qui se présente ainsi. Ce « supplément » représente 18% des aires agricoles du champ urbain de la capitale.

    Les espaces verts d'Athènes, ville du ciment au dire de ses habitants, occupent effectivement peu de place au sein du champ bâti, à peine 1,5%. L'agriculture intraurbaine est pour ainsi dire quasi-absente, avec 1,1% du sol consacré. Les problèmes de pollution se concentrent dans le core city d'Athènes, qui n'est pas grand, avec 395km2 et 800'000 résidents. Exprimé en mètres carrés par habitant, l'accessibilité aux espaces verts du champ urbain est faible. Il peut être nuancé par la présence des montagnes très proches, qui sont en partie des réserves naturelles, néanmoins celles-ci sont faiblement accessibles car pentues, non-équipées et partiellement dénudées de végétation. Cette dernière constatation opérée avec des images satellitales de précision, ne permet pas de retenir certains espaces verts nommés comme tels. Fonctionnellement, seuls les parcs urbains apparaissant dans la carte précédente répondent aux besoins en nature des Athéniens. Ainsi, la portion Ouest de la Ville et particulièrement le quartier très dense de Nikaia est totalement dépourvue d'espaces verts urbains. Etant donné l'étroitesse du core city (11km), sa densité et son climat X, seuls une végétalisation des toits et des gains d'espace sur la mer dévolus à la végétation sont envisageables pour amener de la nature en ville, quand bien même ces coûteuses infrastructures soient actuellement en porte-à-faux avec les finances de l'Etat et des particuliers.

    2.1.6 ROME

    10km

    Y.Schneeberger (c)

    76

    Figure 38 Espaces verts et agricoles intraurbains, Rome, Italie, 2007 (2002). Échelle : 1 : 295'000.

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    85.4

    19.3

    104.7

    en % de la surface du champ urbain

    6.7

    1.5

    8.3

    par habitant du core city [m2]

    32.8

    7.4

    40.3

    Tableau 20 Données II pour Rome Y.Schneeberger, 2011 (c)

    L'agriculture intraurbaine de Rome est très forte, les effets du polycentrisme diffus que nous avons préalablement établi s'expriment pleinement avec la place des espaces agricoles. Représentant plus

    77

    de 6% du territoire du champ urbain romain, leur taille est également très forte avec 84 hectares en moyenne. Les espaces verts sont quatre fois moins présents, nous en avons recensé 74. L'extrême dichotomie de la localisation entre espaces verts et agricoles intraurbains est remarquable. Ces derniers sont répartis d'une manière quasi-uniforme dans le champ urbain à l'exception du centre ville historique, que délimitait le mur d'Aurélien. Le contraire est valable pour les espaces verts : ils se localisent surtout au centre de Rome, sur ses sept collines. Leur existence est due à la présence de sites historiques, les deux grands espaces verts très centraux sont ceux du forum romain avec l'ancienne domus romea et les jardins du Celio sur la colline du Palatin. L'absence de parcs et squares dans les couronnes de l'agglomération est certes du au climat peu propice à leur existence naturelle, mais est aussi le résultat d'une politique absente en la matière. Tout au Sud du cadre urbain, l'on en recense quelques uns, ils se localisent autour du lac Albano et Castel Gandolfo, et définissent le début d'une topographie plus marquée.

    78

    2.1.7 BUCAREST

    10km

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 39 Espaces verts et agricoles intraurbains, Bucarest, Roumanie, 2009 (2010). Échelle : 1 : 226'000.

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    26.9

    12.6

    39.5

    en % de la surface du champ urbain

    2.1

    4.4

    6.5

    par habitant du core city [m2]

    6.6

    14.2

    20.8

    Tableau 21 Données II pour Bucarest Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Typiques de villes radioconcentriques, les espaces agricoles se localisent aux abords des limites villes-campagne. Leur existence massive aux portes de l'urbanisation est due à la continuité du bâti recensée le long du périphérique routier, qui englobe ainsi ces espaces interstitiels. Le

    79

    développement ne s'y fait que peu, préférant longer les axes routiers extra-urbains. Les espaces verts sont plus centraux, s'insérant dans une ville compacte. L'hyper-centre en est dépourvu. Ces derniers sont de grande taille, avec en moyenne 71 hectares par parc, ce qui est remarquable pour une ville ou la densité du core city atteint plus de 8'300 personnes par kilomètres carrés, celle-ci suit un gradient centre-périphérie linéaire, la localisation des espaces verts et agricoles intraurbains exprime ce phénomène.

    2.1.8 STOCKHOLM

    10km

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 40 Espaces verts et agricoles intraurbains, Stockholm, Suède, 2007.

    Échelle : 1 : 208'000.

    La présence massive d'espaces verts intraurbains à Stockholm s'impose à la lecture de la carte ci-contre. En effet, ces derniers couvrent presque 5% de l'espace du champ urbain. Il faut savoir que le tissu urbain est globalement fait de quartiers denses délimités par des aires de végétation, elle-

    80

    même concentrée ; ce sont de véritables bois et forêts de résineux qui ponctuent presque l'ensemble de la ville de Stockholm, accompagnés d'étendues d'eau, surtout dans la partie centrale de la ville. La colorimétrie de ces aires forestières dont beaucoup sont des réserves naturelles, a permis une sélection automatisée des espaces verts d'une taille supérieure à ce qui aurait été défini manuellement, comme c'est le cas pour les autres métropoles.

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    6.3

    26.1

    32.4

    en % de la surface du champ urbain

    1.2

    4.9

    6.0

    par habitant du core city [m2]

    3.3

    13.7

    17.1

    Tableau 22 Données II pour Stockholm Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Nous avons recensé 174 parcs, squares ou aires vertes arborisées dans la capitale de la Suède, officiellement la ville en contient plus de mille. De grands parcs relativement centraux existent, à l'instar du Hagaparken. Malgré ces apparences, le chiffre de 13.7m2 d'espace vert par habitant est médiocre. Trois raisons peuvent être évoquées : Premièrement, l'urbanisation compacte de la ville n'a pas permis d'englober des surfaces forestières dans ses périphéries, deuxièmement ces dernières sont équipées et vécues comme des parcs par la population mais représente l'extra-urbain et ne sont pas comptabilisées, finalement les nombreux petits parcs et squares de la capitale ne sont pas non plus comptabilisés. Le chiffre a donc une signification moindre pour le cas suédois et doit être apprécié à la hausse. Quant aux aires agricoles intraurbaines, elles sont rares, le climat continental froid ne rendant pas cette activité propice. Elles sont en majorité localisées au Nord de la ville et faiblement réparties. Au nombre de dix-sept, le 65% de leur superficie est couverte par une seule aire.

    2.1.9 COPENHAGUE

    10km

    Y.Schneeberger (c)

    Figure 41 Espaces verts et agricoles intraurbains, Copenhague, Danemark, 2005. Échelle : 1 : 292'000.

    La forte présente du végétal dans le champ urbain de

    Copenhague est
    remarquable. En effet, avec 112 mètres carrés d'espaces verts par habitant, plus de 10% du territoire est non-urbanisé, sans compter les quelques espaces bleus qui ponctuent les couronnes urbaines. Trois espaces verts de grande taille sont présents. Au Nord, deux réserves naturelles sont fortement marécageuses, tout en étant parfaitement accessible aux visiteurs, dès lors nous les avons

    comptabilisés comme
    espaces verts urbains. Tout au Sud, la presqu'île d'Amager est faite de landes sèches et de portions forestières où tout véhicule motorisé ou non est interdit.

    81

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    14.0

    56.1

    70.1

    en % de la surface du champ urbain

    2.6

    10.6

    13.3

    par habitant du core city [m2]

    28.0

    112.2

    140.2

    Tableau 23 Données II pour Copenhague Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Globalement les espaces verts urbains sont présents dans toutes les parties du champ urbain. Quatre parcs intramuros ponctuent aujourd'hui encore la ville (Botanique et universitaire, du musée d'art, Rosenborg palace Garten ainsi que le Orstedparken), ainsi 10% de l'hypercentre entourée des douves précédemment évoquées, est de couverture végétale ce qui est sans précédent dans l'histoire des villes d'Europe. Des friches urbaines existent à proximité immédiate du centre historique, fait rare également. La présence de ce dernier contigu au port marchand explique la présence des ces terrains. L'agriculture intraurbaine danoise est également présente à tous les niveaux de notre cadre analytique, et plus intensément au sud, à proximité de l'aéroport.

    2.1.10 ZÜRICH

    10km

    Figure 42 Espaces verts et agricoles intraurbains, Zürich, Suisse, 2009. Échelle : 1 : 263'000.

    Zürich présente des taux élevés d'espaces verts par habitants et de % de son sol en surface agricole. Avec 25,5 m2 de parcs, squares, forêts et bois dans le champ urbain, et une présence dans

    82

    toutes ses parties,
    l'accessibilité à la nature est

    bonne. Une forêt a été
    annexée par l'urbanisation de la cité suisse, il s'agit de la Hardwald (290 hectares), au Nord de l'agglomération. Les autres espaces verts urbains de grande taille sont les Waidberg au Nord du centre-ville et le Sihlfeld à l'Ouest.

    83

     

    Espaces agricoles

    Espaces verts

    Total

    absolu [km2]

    10.5

    10.2

    20.7

    en % de la surface du champ urbain

    3.2

    3.1

    6.3

    par habitant du core city [m2]

    26.3

    25.5

    51.8

    Tableau 24 Données II pour Zürich Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Le champ urbain très peu compacte signifie que l'extra-urbain est très accessible. En effet, la position la plus centrée dans l'agglomération se trouve à moins de cinq kilomètres de la limite ville-campagne, elle-même composée à 65% d'un contact ville-forêt, et 35% d'un contact ville-zone agricole. De petits parcs très centrés existent, permettant en partie de compenser l'absence de grands parcs.

    Quant aux 50 zones agricoles recensées, elles se répartissent d'une manière assez uniforme sur les couronnes de Zürich. Importante autour de la Hardwald, la présence de l'agriculture a été également été comptabilisée sur l'aéroport de Dübendorf, à l'instar du Tempelhof de Berlin. Bien qu'encore utilisé aujourd'hui, l'aéroport militaire zurichois est d'après les images satellitales fauché, et supposé devenir zone agricole dans un à trois ans. Cela correspond à 13% des aires agricoles intraurbaines du champ urbain de la capitale économique suisse.

    3 COMPARAISONS ENTRE LES MÉTROPOLES

    Notre analyse s'effectue en plusieurs parties. Les chiffres bruts pour les indicateurs créés sont recensés dans un tableau, utilisé pour une analyse pour chacun d'entre eux avec les formes urbaines des métropoles sélectionnées (3.1). Une conclusion intermédiaire clôt ce chapitre de même qu'une comparaison plus approfondie entre Paris et Londres, qui rend compte du besoin d'un tableau plus synthétique pour l'analyse comparative globale. Ainsi des notes sont données pour chaque indicateur et chaque ville, ce qui permet de mettre plus aisément en rapport les résultats pour chaque métropole. Cela représente la majeure partie de l'analyse (3.2). Les liens entre nos indicateurs et les densités urbaines sont évoqués (3.3), de même qu'avec la taille des métropoles (3.4). Suivent l'analyse de la surface moyenne des espaces verts (3.5) et finalement les liens avec les climats urbains (3.6).

    3.1 ANALYSE CHIFFRÉE A PARTIR DES INDICATEURS

    Ici sont recensés les indicateurs de pourcentage de surface d'après le type d'espace vert (espaces toujours verts, agriculture intraurbaine et total), pour la comparaison entre métropoles européennes. Nous y assortissons la forme des villes, puisqu'il avait été relevé dans la partie consacrée au choix du panel de ces dernières, que la forme urbaine pouvait être une variable explicative de la localisation des espaces verts urbains. L'homogénéité de la répartition intraurbaine des espaces verts apporte un complément aux notes données. Cette mesure a été faite visuellement sur la base des cartographies présentées an amont. Les données de compacité sont également un appui nécessaire à l'analyse.

    Id

     

    % de la surface en espaces verts + agricoles

     
     

    Rang

    % de la

    % de la

    Homogé-néité

    Forme de ville

    Compacité

     

    surface en espaces verts

    surface en agriculture intraurbaine

    de

    la réparti-tion des espaces verts

     

    de la forme

    84

    PAR ION MAD BER

    ATH ROM BUC STO COP

    ZUR

    15.4

    1

    8

    4

    9

    10

    3

    5

    7

    2

    6

    11.0

    4.4

    +

    Radioconcentrique

    0.31

    4.7

    2.1

    2.6

    ++

    Compacte

    0.52

    6.6

    2.8

    3.8

    --

    Polynucléaire

    0.34

    4.4

    2.7

    1.7

    ++

    Mixte à tendance

    polynucléaire

    0.29

    2.6

    1.5

    1.1

    -

    Très compacte

    0.20

    8.2

    1.5

    6.7

    --

    Polynucléaire

    0.15

    6.5

    4.4

    2.1

    -

    Radioconcentrique

    0.32

    6.1

    4.9

    1.2

    ++

    Compacte

    0.27

    13.2

    10.6

    2.6

    ++

    Compacte et multi-radiale

    0.21

    6.3

    3.1

    3.2

    +

    Multi-radiale

    0.14

    Tableau 25 Données comparatives IV Y.Schneeberger, 2011 (c)

    3.1.1 ESPACES VERTS TOTAUX ET FORMES URBAINES

    En ce qui concerne les espaces verts totaux, force est de constater que la variabilité est extrême entre métropoles européennes. Alors que Paris offre à chaque habitant 15.4% d'espaces verts, Athènes n'en propose que 2,6%, soit six fois moins. La capitale française vient donc en tête des métropoles européennes suivie de près par Copenhague (13.2%). Rome a une bonne offre d'espaces verts (8.2%), suivie par Madrid, Bucarest et Stockholm, avec toutes plus de 6% de l'espace qui y est consacré. Londres obtient des résultats plus modestes (4.7%), de même que Berlin (4.4%). La capitale grecque vient en queue de peloton avec ses chiffres très bas. Aucun lien avec la forme urbaine ne ressort dans ce classement, il est juste relevable qu'Athènes est une ville très compacte, ce qui

    85

    pourrait supposer peu d'espaces verts, néanmoins Stockholm, autre ville compacte propose plus 6% d'espaces verts. Notre mesure de la compacité (rapport entre la surface interne et les pourtours) n'alimente pas non plus l'analyse sur les espaces verts totaux.

    3.1.2 AGRICULTURE INTRAURBAINE ET FORMES URBAINES

    Paris et Copenhague présentent les plus forts taux de surfaces en espaces verts (11%), devançant nettement deux autres villes à des positions plus moyennes, soit Stockholm (4.9%) et Bucarest (4.4%). Tant Zürich, Madrid que Berlin proposent environ 3% d'espace dans ce mode comprenant majoritairement bois, parcs et squares. Londres obtient un chiffre de 2.1%, Rome et Athènes sont reléguées aux dernières places avec 1.5% d'espaces verts. Les deux cités radioconcentriques se retrouvent au 2ème et 4ème rang de ce classement, ce qui laisse supposer que cette forme de ville est propice à la constitution d'espaces verts urbains. En s'appuyant sur les phases d'urbanisation des villes européennes nous devons remarquer que la polycentricité est en oeuvre relativement passée et planifiée, or justement les parcs, squares et bois intraurbains, à l'exception des espaces interstitiels englobés, s'expliquent par des raisons de planifications historiques.

    3.1.3 ESPACES EN AGRICULTURE INTRAURBAINE ET FORMES URBAINES

    Rome est la métropole qui inclut le plus d'espaces agricoles dans ses contours urbains, avec 6.7% elle devance Paris (4.4%), Madrid (3.8%) et Zürich (3.2%). Les capitales italiennes et espagnoles, toutes deux de forme polynucléaires décrivent une forme qui semble être propice à l'existence de surfaces agricoles au sein de la métropole. Copenhague et Londres obtiennent des résultats plus modestes avec 2.6%. Berlin se retrouve en antépénultième position (1.7%), finalement Stockholm et Athènes ferment la marche avec un peu plu de 1%. Ces deux dernières villes ont les latitudes les plus excentriques de notre panel, ce qui à nouveau laisse penser que le climat joue un rôle important, qui plus est sur le type d'espaces verts.

    3.1.4 HOMOGÉNÉITÉ DES RÉPARTITIONS DES ESPACES VERTS

    Londres, Berlin, Stockholm et Copenhague présentent les plus fortes homogénéités de leur répartition des espaces verts urbains. Celles de Paris et de Zürich sont également élevées. Les villes du Sud (Madrid, Rome, Athènes) présentent les plus fortes hétérogénéités, ainsi que Bucarest. A la vue des cartographies, il semble que le climat joue un rôle important dans la localisation intraurbaine des espaces verts, ce point fait l'objet d'un chapitre plus en aval de ce mémoire. Nous ne constatons

    86

    pas de lien entre le type de forme de ville et l'homogénéité de la répartition des espaces verts. De même, le degré de compacité ne soulève pas de constatations analytiques.

    3.1.5 CONCLUSION INTERMÉDIAIRE

    Les analyses sur les formes urbaines ont permis de constater que la variabilité de l'offre en espaces verts est très grande, très pour les espaces verts agricoles que non-agricoles. Les cités qui avaient un développement radioconcentrique par le passé ont un avantage en matière de surface d'espace vert, celles qui ont adopté une forme polynucléaire récente intègrent plus d'espaces agricoles en leur sein, fréquemment aidées par un maillage des systèmes de transports en périphérie. Néanmoins, aucune forme urbaine actuelle n'empêche une bonne répartition des espaces verts, ainsi nous ne préférons à ce stade de l'analyse aucun modèle. Seule l'hyper compacité semble un frein important à l'existence d'espaces verts au sein des métropoles, toutefois cette constatation ne repose que sur un seul cas. Le climat est certainement une variable majeure, tant pour la surface des espaces verts que du type d'espace vert. Indéniablement, il faut relier le dialogue analytique entre les indicateurs, en effet les cartographies démontrent que les indicateurs qui viennent d'être analysés un par un sont fortement liés. Afin que l'analyse soit efficace et s'opère avec les meilleurs indicateurs, sans souffrir de l'inutilité de la présence de certains, nous allons analyser comparativement Londres et Paris, à l'aide du tableau chiffré et de toutes les données dont nous disposons. Ce travail est trop important à faire pour toutes les villes entre elles, d'où l'intérêt, justement, d'un futur tableau synthétique réduit.

    3.2 VERS UNE SYNTHÈSE, À PARTIR DES CAS DE LONDRES ET PARIS

    Nous avons remarqué que la capitale anglaise présente une forte homogénéité. Celle-ci peut réduire l'impact de ses faibles chiffres ou augmenter celui des bons chiffres. Il faut donc différencier l'homogénéité des espaces agricoles de celles des espaces non-agricoles. A l'aide des cartes nous remarquons que les deux types sont bien répartis. L'offre en espaces verts passe donc de mauvaise (2.1% contre une moyenne de 4.5% pour toutes les villes) à acceptable. Celle des espaces agricoles de moyenne (2.6% contre une moyenne de 2.9%) à bonne. Les avantages d'une bonne répartition des espaces verts sont plus faibles que celle des espaces verts non-agricoles, en effet, bien que l'aspect paysager joue un rôle dans sa localisation, la potentielle proximité consommateur-producteur trouve déjà son compte lorsqu'elle est urbaine (l'on parle encore de produit locaux à des échelles plus vastes), de plus les conséquences d'une mauvaise répartition des parcs, squares et bois intraurbains sont plus importantes que celles des espaces agricoles. Ainsi, nous sommes d'avis que l'indicateur surface en espaces verts dont agricoles soit retenu, de même que celui de l'homogénéité de la répartition des espaces verts non-agricoles.

    87

    Il a aussi été avancé que les espaces verts intraurbains ne suffisent plus par rapport à la demande de nature en ville, dès lors ce sont plutôt de grands espaces qui sont nécessaires à l'habitant d'aujourd'hui, afin d'éviter sa fuite régulière vers la campagne. C'est ainsi que Paris atteint des chiffres excellent en matière d'apport de nature en ville. En effet, le fait que les espaces interstitiels soient massivement présents, renforce la qualité de l'offre dans la cité francilienne. Ce n'est pas du tout le cas à Londres. Ainsi il nous faut développer un nouvel indicateur, traitant de la présence de grandes surfaces d'espaces verts interstitiels. Son intensité est évaluée à partir des cartographies.

    Les pourtours urbains jouent également un rôle, en effet la compacité de Londres (0.52) péjore l'accès à la campagne, alors que les habitants de Paris (0.31) sont en moyenne spatialement plus proche de la limite urbaine. Cela augmente la disponibilité des surfaces vertes, et minimise le besoin de déplacement. Bien évidemment, la petitesse d'une ville maximise l'accès à la périphérie verte. Il avait été relevé au moment de choisir les villes de l'échantillon, que les problématiques étaient d'autant plus importantes que les cités sont vastes. De plus, le type d'espace au-delà de la délimitation urbaine est fondamental : lorsque le franchissement donne sur un espace bleu ou agricoles, la fonctionnalité de ce dernier et bien moindre que lorsqu'il s'agit de forêts ou de bois. Londres ne présente que 10% de contours de type ville-agriculture contre environ 25% pour Paris. Nous désirons un indicateur pour rendre compte de ces phénomènes, et trois facteurs entrent donc en jeu dans sa constitution. Dès lors, la compacité qui déjà mesurée est utilisée comme base chiffrée, nous la pondérons en fonction de la taille des métropoles (augmentation d'une classe pour les plus petites villes, diminution d'une classe pour les plus grandes). Lorsque les pourtours urbains sont fortement verts (d'après les images satellitales), la note augmente d'un cran, lorsqu'ils sont majoritairement agricoles ou bleus nous la diminuons. Simple, cette pondération rend bien compte de l'accès à la nature extra-urbaine.

    Dès lors, ce sont les quatre indicateurs suivants, regroupant sept variables qui entrent en jeu dans notre analyse de la localisation des espaces verts urbains :

    ? Surface en espaces verts et agricole ;

    ? Homogénéité de la répartition des espaces verts non-agricoles ;

    ? Présence d'espaces interstitiels de type forêt dans le champ bâti ; ? Accès à la nature extra-urbaine.

    L'analyse globale entre deux villes, à l'instar de Londres et Paris est opérable à l'aide de chiffres brut, néanmoins pour une vision plus comparative, entre les dix métropoles de l'échantillon, il convient de dresser le nouveau tableau uniquement à l'aide de notes qualitatives.

    3.3 ANALYSE SYNTHÉTIQUE

    Nous recourons à la notation, avec des couleurs classiques, dont un passage en revue est toujours utile à la compréhension de tels tableaux. Soit le vert foncé Très bien, le vert clair Bien, le jaune Moyen, l'orange Mauvais, le rouge Très mauvais. Les résultats synthétiques sont donc les suivants :

    Id

     

    % de la surface en espaces verts et agricoles

     

    Homogénéité de la répartition des espaces verts

     

    Intensité de la présence de grandes surfaces d'espaces verts interstitiels

     

    Accès à la nature extra-urbaine

    PAR

    ION

    MAD

    BER

    ATH

    ROM

    BUC

    STO

    COP

    ZUR

    88

    Tableau 26 Données comparatives V Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Ce tableau résume l'ensemble des considérations que nous avons jusqu'à présent portées, à partir des cartes créées. Analyse chiffrée à l'appui effectuée quelques lignes en amont pour Paris et Londres, nous remarquons sans surprise que la capitale française obtient des notes bonnes, sa richesse en vastes espaces verts interstitiels est relevée, sa grande taille et sa compacité élevée lui confèrent une accessibilité à la nature médiocre. Sa rivale outre Manche obtient sans surprise une note négative pour la surface, mais présente de surcroît un accès à la nature extra-urbaine très mauvais, fruit de la taille de la ville, de sa compacité et du faible taux de surface boisées au-delà de sa délimitation. La répartition exemplaire des espaces verts urbains vient tempérer ces résultats.

    89

    Les meilleurs élèves sont clairement Copenhague, Zürich et Paris. La ville suisse présente la meilleure accessibilité à la nature extra-urbaine, elle se fait toutefois largement devancer par Paris et Copenhague quant aux surfaces d'espaces verts urbains. La ville danoise atteint des niveaux exceptionnels d'offre de nature en ville, sans que sa structure compacte ne l'y invite. En effet, ce sont bien des politiques urbaines novatrices qui ont façonné cette ville-verte depuis plusieurs décennies. En mètre carrés par habitants, l'on obtient un chiffre exceptionnel de 112 mètres carrés par habitants. Pour ces trois villes leader, l'homogénéité de la répartition des espaces verts non-agricoles est très bonne, d'ailleurs cette dernière l'est pour toutes les métropoles occidentales non-méditerranéennes. Les raisons sont historiques. Des différences existent dans les couronnes suburbaines et périurbaines, certaines villes ont englobés des aires forestières dans leurs contours, d'autres pas. Les trois seules métropoles où ce fait est remarquable sont justement Paris, Copenhague et Zürich, ce qui leur permet de se positionner en tête quant à l'offre en espaces verts urbains.

    A l'inverse des métropoles cumulent les notes négatives en la matière, à l'instar d'Athènes et Londres, chacune ont trois notes sur quatre négatives. Aucune ne présente d'espaces verts interstitiels, ni de bons taux de surface en espaces verts. Leur excellente répartition déjà relevée dans la métropole anglaise évite le rouge total, de même que l'accès à la nature aisé pour les Athéniens. En effet, petite ville, Athènes est faiblement bordée par la mer, mais bien plus par des parcs naturels montagneux parfois végétalisées.

    Les autres métropoles naviguent dans des eaux moins franches, tel Berlin, dont les 2,7 % d'espaces verts et 1,7% d'espaces agricoles sont bien faibles au regard de l'offre des autres métropoles d'Europe. L'excellente répartition de ces derniers compense cela sans toutefois que la présence de grands espaces non-urbanisés ne permettent de réduire l'attrait de l'extra-urbain, dont celui bordant directement la ville est moyennement fréquentable car très agricole. Malgré la tendance polynucléaire de la forme de Berlin, peu d'espaces interstitiels en forme d'espaces verts ou agricoles ont été incorporé par la croissance de la ville, à l'inverse de Rome et de Madrid.

    Cette dernière ville comporte également des notes négatives ou neutres, malgré le fait relevé plus en amont que Madrid ait pu incorporer de larges espaces agricoles dans la métropole. En effet, tout comme Rome, ces deux villes polynucléaires qui n'ont pas réussi à intégrer de grands espaces verts dans leurs couronnes, comme à Paris, Copenhague ou Zürich. Alors que la note moyenne sanctionne la ville espagnole, Rome s'en sort mieux grâce à des surfaces tant agricoles que non-agricole plus importantes. Il a été relevé que la forme polycentrique était en cause, à ce stade de l'analyse, il semble que le climat définisse largement quel type d'espaces (entres verts et agricoles) est présent,

    90

    et que la forme urbaine permette ou non leur développement. Ainsi des espaces agricoles composent tout le sud madrilène et les couronnes de Rome. Ceci ce traduit par des répartition des espaces verts très mauvais dans le deux cas. Par ailleurs leurs limites villes-campagnes ne permettent pas de compenser ce fait, puisque ces villes communiquent avec soit des espaces dénudés en raison du climat, ou des zones presque intégralement agricoles.

    Quant à Stockholm, elle présente de bonnes notes. Il lui manque des espaces verts interstitiels pour en faire une ville leader. Finalement Bucarest n'obtient pas une seule note positive, sans toutefois être très mauvaise dans un secteur. De forme polycentrique, nous remarquions dans l'analyse cartographique par métropole que 100% des espaces agricoles intraurbains se situent en couronne, au détriment des parcs et squares.

    3.4 SURFACES TOTALES ET DENSITÉS

    Nous relevions dans la partie consacrée à la définition des problématiques attenantes aux espaces verts urbains qu'ils jouent un rôle ambigu dans le débat entre ville dense et ville étalée. Il avait été constaté que la présence d'espaces verts intraurbains étale la ville, mais que sans leur présence, les problèmes engendrés par une fuite ponctuelle ou définitive vers la campagne des habitants augmentaient. Les densités des métropoles étudiées sont mises en rapport avec la surface en espaces verts dont agricoles dont elles disposent. Il faut préciser que les densités sont des

    Figure 43 Densités et espaces verts urbains Y.Schneeberger, 2011 (c)

    estimations d'après
    Eurostat qui ne coïncident pas parfaitement avec nos propres délimitations.

    Nous pouvons de prime abord remarquer qu'il n'y a pas de lien évident entre

    densité et surfaces
    végétales au sein des métropoles. Le coefficient de corrélation s'élève à -

    0.1, ce qui indique un lien négatif attendu, mais d'une intensité très faible. Tant pour les espaces verts non-agricoles que l'agriculture intraurbaine, les chiffres sont du même ordre de grandeur.

    91

    Paris et Copenhague, les deux métropoles avec plus de 13% d'espaces verts sont aisément visibles dans le graphique, leurs densités ne sont pour autant inférieures à la moyenne des autres. A l'inverse, Bucarest, ville dont la LUZ est la plus dense, arrive tout de même à composer avec 6.5% d'espaces verts. Les travaux menés par Vincent Fouchier sur les densités urbaines nous ont prouvé que des densités élevées pouvaient être atteintes avec du végétal en ville. Copenhague illustre pleinement ce fait : Des politiques publiques multiples de végétalisation de la ville ne découlent que peu d'étalement urbain.

    3.5 TAILLE DES MÉTROPOLES ET ACCÈS À LA NATURE

    La question du lien entre la talle des villes et leur offre en est intéressante à poser. En effet, puisque les maux urbains augmentent au fur à mesure que la ville croît, et que la limite ville-campagne s'éloigne à mesure que la cité grandit, il est possible que l'apport de nature en ville soit lié à la taille des métropoles. Le graphique suivant rend compte de ces phénomènes pour nos dix villes.

    Le lien entre superficie du champ bâti et pourcentage d'espaces verts est négatif, mais très faible

     

    (corrélation de -0.16), soit

    non-significatif. Un

    échantillon de taille
    largement supérieur est nécessaire pour dégager un éventuel lien plus marquant. Il est toutefois observable que ni les plus grandes métropoles, ni les plus petites ne sont les plus vertes. Dès lors, le rapport de taille ne semble pas

    rendre compte des
    hypothèses susmentionnées.

    Figure 44 Densités et espaces verts urbains Y.Schneeberger, 2011 (c)

    3.6 SURFACES MOYENNES DES ESPACES VERTS

    Notre méthodologie a permis de compter le nombre d'espaces verts urbains et d'aires agricoles intraurbaines définies. Mises en rapport avec leurs superficies totales, apparaissent les surfaces

    92

    moyennes des polygones crées. Le graphique suivant exprime ces faits pour les dix villes de

    l'échantillon.

    M2

    Figure 45 Surfaces moyennes des espaces verts urbains et agricoles, par métropole. Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Nous pouvons remarquer que Madrid se dégage des autres villes européennes quant à la taille des ses aires agricoles intraurbaines. A nouveau, et les chiffres élevés pour Rome le confirme, c'est le maillage autoroutier des couronnes des ces villes qui définissent de larges portions agricoles non-entrecoupées d'urbanisation. A l'inverse, les plus petites surfaces sont recensées à Zürich et Copenhague. En Suisse, où la densité est forte et les aires forestières strictement protégées, le sol devient rare et des découpages toujours plus fins se mettent en place. Dans la ville Danoise, l'agriculture se répartit sur tout le territoire du champ urbain, les zones agricoles contenues à proximité du centre sont petites et tirent la moyenne vers le bas. Londres présente une grande homogénéité dans la localisation de ces mêmes espaces, à la différence de Paris où l'agriculture est fortement excentrée et dispose de surfaces logiquement plus grandes.

    3.7 SURFACES TOTALES ET CLIMATS

    Finalement, notre dernière analyse comparée porte sur le rôle du climat, qui tient une place importante dans la répartition des espaces verts urbains des métropoles européennes. D'ailleurs, dans l'analyse morphologique de villes européennes, Guérois (2003 : 5) relève qu'aune hypothèse

    93

    courante, souvent reprise (Vieillard-Baron, 200118), est celle d'une différenciation entre villes de l'Europe du nord et villes de l'Europe du sud, mais elle est a encore été peu testée». Notre approche par les espaces verts urbains mérite donc d'être analysée sous cet angle. Le tableau suivant présente les villes dans un ordre créé selon leur latitude, avec une sélection des indicateurs les plus pertinents.

    Tableau 27 Données comparatives VI Y.Schneeberger, 2011 (c)

    Il est souhaitable de tester l'hypothèse que l'agriurbanisme est plus développé au Sud étant donné le climat propice à cette activité, et les espaces verts moins présents en raison d'un climat trop sec. Le coefficient de corrélation entre surface en agriculture urbaine et latitude est de -0.33, effectivement la relation est négative mais cela n'est pas significatif. Toutefois en excluant Athènes, littéralement coincée entre ses pans de montagnes arides, et répondant donc de contraintes majeures différentes, la corrélation apparaît à un niveau fort, (-0.68). Quant au lien entre surface en espaces verts par habitant et latitude, il est non-significatif, à hauteur de 0.39, mais indique une relation positive.

    18Voir Vieillard-Baron H., 2001, Les banlieues : des singularités françaises aux réalités mondiales, Paris :Hachette.

    94

    4 CONCLUSION

    L'influence de la forme urbaine sur la présence d'espaces verts urbains est forte, mais d'autres variables sont à l'oeuvre pour expliquer leur localisation. Le polycentrisme de Madrid et de Rome permet la présence massive de tels espaces, ce qui en fait des villes leader en matière d'intégration de surfaces naturelles dans l'urbanisation. Les formes radioconcentriques passées étaient propices à l'érection d'espaces verts, alors que la polycentricité offre actuellement les meilleures conditions, ce qui démontre la cohérence des principes directeurs pour le développement territorial durable en Europe. Néanmoins, il a été soulevé que toutes les formes urbaines permettent un développement de nature en ville, fait démontré par l'absence de lien significatif entre densité urbaine et présence d'espaces verts urbains. Entre ville dense et ville étalée, les espaces verts peuvent trouver une place équivalente dans le minéral urbain, sans redéfinir les formes des métropoles. Dès lors, cela suppose que la hauteur du bâti moyen et la surface de logement par habitant sont des indicateurs bien plus importants pour définir les densités urbaines.

    Parmi les villes, alors que seule Copenhague obtient un panel de notes strictement positives, et relève définitivement de l'exemplarité pour l'incorporation de nature en ville, les résultats des autres cités sont bien plus contrastés. Les villes à latitude moyenne semblent plus propices à la présence utile de nature en ville, un fait corrélé avec les conditions climatiques. Ces dernières définissent d'ailleurs bien l'existence des espaces verts à vocation agricole.

    Synthétiquement, la répartition des espaces verts urbains dont agricoles dépend de quatre facteurs majeurs, à savoir les formes urbaines, les politiques urbaines, le climat et la topographie. Cela permet à des profils de métropoles très différents d'exister, dont certains comme Athènes relèvent prioritairement du cadre topographique et d'autres à l'instar de Copenhague des politiques urbaines.

    Finalement, nous constatons avec les exemples de Paris et de Zürich, que les espaces verts interstitiels des couronnes métropolitaines représentent la plus grande part d'espaces verts urbains des métropoles. Rome et Madrid présentent de forts taux d'espaces agricoles intraurbains grâce à l'anarchie de leur croissance récente. Hasardeusement ou pas, la politique européenne se repose sur ces annexions par l'urbanisation galopante pour atteindre ses objectifs d'accès à la nature en ville.

    95

    Nous concluons par un constat exprimé par Yves Chalas qui rend bien compte de la problématisation des espaces verts avec un champ urbain tel que celui développé dans la présente étude : «la ville-nature, cela signifie en premier lieu que la nature ou la campagne est et fait ville aujourd'hui et, par conséquent, que la nature et la ville, ou que la campagne et la ville ne s'opposent plus» (2000 : 113).

    5 PERSPECTIVES

    Le calcul des populations réelles selon la définition que nous avons conféré au champ urbain permettrait sans doute de confirmer les propos quant à la non-prépondérance de la présence d'espaces verts urbains dans les chiffres de densités. Parallèlement, l'inverse pourrait être établi, à savoir que la surface au sol de logement par habitant joue un rôle principal dans l'étalement urbain. Une analyse dynamique de l'évolution des surfaces en espaces verts urbains, ventilés dans les catégories parcs et squares intraurbains, espaces verts interstitiels englobés et espaces verts extra-urbains eux-mêmes pondérés selon leur accessibilité serait très intéressante à mettre en place pour étayer nos analyses. Connaître les mécanismes d'évolution de l'accessibilité aux espaces verts urbains peut permettre d'augmenter la qualité de vie des résidents de métropoles, et de mettre en place un véritable monitoring des principes durabiliste de la Commission Européenne. La question de l'uniformisation de l'évolution des territoires des métropoles en Europe pourrait être tranchée. Néanmoins, notre analyse qui a été menée avec une approche basique d'apparence, car statique et plus descriptive qu'explicative, a soulevé des problèmes dû à l'obtention de découpages et d'indicateurs valables pour mesurer les structures macro-urbaines dans les diverses parties du continent. La simplification méthodologique semble difficilement contournable pour des analyses comparatives de niveau européen et des analyses dynamiques risquent d'échouer en raison de l'ampleur des études à effectuer pour rendre les données comparables entre elles.

    L'analyse systémique semble puissante pour expliquer les problématiques liées à la couverture du sol sur des territoires internationaux, elle serait nettement améliorée avec une interprétation des données par une équipe transdisciplinaire. En effet, la double casquette sociologue et géographe que nous n'avons pas, apparaît comme idéale pour travailler sur les espaces verts urbains, mais également pour traiter de la qualification de la densification urbaine. Les systèmes d'espaces verts et les régimes d'urbanisation pourraient être plus fortement interprétés à l'aide d'une connaissance minutieuse du développement local des métropoles d'aujourd'hui, ce que nous n'avons fait qu'aborder par des descriptions succinctes. En effet, en s'intéressant de plus près à chaque métropole, il devient possible d'argumenter des profils centre-périphérie de la superficie en espaces

    96

    verts, tout comme d'autres analyses plus mathématiques de la répartition de la place du végétal dans les métropoles européennes. Les travaux de Mandelbrot (1989) et Batty (1994) suggèrent que l'analyse des formes urbaines peut être appréhendée par des modèles fractals, tant pour le pourtour des champs urbains dans un cadre statique que pour l'évolution de l'accessibilité aux espaces verts urbains.

    Finalement, les mêmes constatations sont valables pour une analyse comparée entre climat et espaces verts urbains que nous avons introduite avec quelques variables simples, la température moyenne, la latitude et le type de climat. La pluviométrie joue également un rôle de premier ordre comme condition d'existence du végétal en ville, ainsi des calculs d'aridité couplés à la localisation des espaces verts intraurbains et interstitiels seraient à même d'alimenter les connaissances sur les fonctions climatiques de la végétation en ville, qui sont actuellement peu étudiées et d'une manière très locale. Les coupler avec des relevés locaux, encore rarement effectués, permettrait de réduire les incertitudes que des analyses simples imposent.

    97

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    100

    ANNEXES

    I : Eurostat (2007) : Exemple de fiche statistique d'une ville selon les données de l'Urban Audit, cas de

    Stockholm.






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