5.2 DE LA RENAISSANCE AU XXÈME SIÈCLE :
CROISSANCE ET EMBELLISSEMENT
Dès la renaissance (1453-1610), l'esthétique
prend une place importante en urbanisme. «La ville s'ouvre sur
l'extérieur et l'arbre d'alignement prend une place très
importante» (Stefulesco, 1993 : 11). Ce constat est valable pour
certaines villes au développement continu et lors de longues
périodes sans menace militaire. Bien que les remparts restent de mise,
et la densité que cela impose soit également une constante,
à la fin de la Renaissance, les jardins commence à être
entretenu pour des raisons esthétiques, ils sont alors
fréquentés à des fins de loisirs par les classent
dominantes, au
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point de «s'affirmer comme des lieux de vie
sociale» (Merlin, 2009 : 357). Bâtis accolés aux
murailles ou contigus aux villas des classes au pouvoir, les labyrinthes sont
des exemples qui expriment cette dualité.
Au XVIIème siècle, dans la création de
jardins à la française, l'alignement d'arbres taillés
d'une manière spécifique avait comme fonction de
«délimiter les chambres et cabinets de verdure»
(Stefulesco, 1993 : 46). Essaimant ses principes à la ville
entière, la structuration de l'espace était née. Une
allée d'honneur de peupliers a, par exemple, une influence
considérable sur le champ visuel. La hauteur d'une telle forme d'espace
vert implique un effet loin à la ronde, dès lors il est
convainquant de soulever qu'alors que les alignements dans le vide
séparent l'espace, ceux de forte taille peuvent diviser le bâti.
Le paradigme d'embellissement prend pleinement effet au XVIIIème
siècle, il applique les allées et autres concepts du jardin
classique au système de voirie, les effets de la
pénétration du soleil sur le territoire sont pensés de
concert avec le choix du type d'espace vert et même des essences.
Les premiers espaces verts que nous connaissons aujourd'hui -
nous entendons par cet adjectif, ouverts au public et support d'une
fréquentation à des fins récréatives - apparaissent
sous forme de ceintures vertes suite à l'obsolescence de murailles ;
certaines villes profitant de cet environnement pacifique s'étalent
extra-muros. De plus, selon Stefulesco (1993 : 13) le vocabulaire s'enrichit de
termes décrivant la forme des espaces verts urbains : Boulevards,
promenades, alignements, squares de proximité, jardin de loisirs, etc.
Conséquence de la consommation importante de bois durant les
périodes de croissance urbaine, plusieurs programmes de replantation
d'arbres ont essaimé l'histoire de nombre de pays. Des forêts ont
non seulement été élevées à proximité
des villes, mais encore la population urbaine était
récompensée lorsqu'elle participait à la
végétalisation de ses terres, y compris à
l'intérieur des murs de la ville.
Le XIXème siècle correspond au début
d'une croissance continue pour l'ensemble des villes occidentales, avec
notamment la révolution industrielle qui aimante les populations des
campagnes vers les villes. D'après (Pelletier, 1994 : 79), «ce
grossissement c'est traduit par une extension mal contrôlée en
l'absence de plans de développement cohérents, en tache d'huile
plus ou moins digités sur les voies de communications ferroviaires»
et «il en résulte une structure générale en
couronnes plus ou moins concentriques à partir du centre»
(1994 : 79). Après la révolution industrielle, Les
activités industrielles, vectrices d'une pollution urbaine intense, sont
considérées comme nuisibles et déplacées, il en
résulte des espaces en friche, qui seront massivement dévolu
à la création de grands parcs, sous l'impulsion d'une bourgeoisie
urbaine en quête d'une qualité de vie croissante. La
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disposition de la majeure partie des espaces verts
intraurbains est dessinée, et explique en bonne partie leurs
localisations actuelles dans les centres des métropoles
européennes.
Le XIXème siècle correspond également
à un style plus pittoresque avec une mise en scène
paysagère est à son apogée, les champs visuels sont
travaillés et on recherche plus la diversité que les alignements
parfaits. La longévité des arbres étant limitée et
les infrastructures urbaines transformées, on ne retrouve guère
plus de ces compositions de nos jours, mais bien des surfaces restent
occupés par des parcs et squares.
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