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Analyse comparative de la répartition des espaces verts urbains dans les métropoles européennes.

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par Yannick Schneeberger
Université de Lausanne - Master of science in urban studies 2011
  

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- DEUXIÈME PARTIE -

CONSIDÉRER LA PLACE DES ESPACES

VERTS URBAINS DANS LES MÉTROPOLES

EUROPÉENNES : METHODOLOGIE

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1 DÉFINITION DU CADRE ANALYTIQUE

«Comme tout problème de localisation, celui des services est d'abord largement dépendant de l'échelle d'analyse : internationale, nationale, régionale ou locale. Il est ensuite fortement corrélé à la distribution des villes et à leur configuration spatiale interne, car les liens entre villes et services ont toujours été étroits. L'étude de la localisation des services doit, dès lors, être menée à deux grands niveaux, dont l'interurbain, c'est-à-dire au sein même des agglomérations urbaines». Ainsi est la vision de Mérenne-Schoumaker (1999 : 37) quant à la manière de traiter la problématique qui nous intéresse : un service urbain qui a tendance à s'exporter à la périphérie de la ville.

Dans ce cadre, toutes les questions soulevées à la fin de la partie précédente, peuvent trouver un début de réponse dans la phrase suivante :

« Quels sont les liens entre la forme des espaces verts urbains et les types de métropoles sur lesquelles ils reposent ? »

En découle, plusieurs questions de recherche qui trouvent leur place dans un processus aboutissant à l'analyse cartographique des espaces verts urbains des métropoles européennes.

1. Quelle est la répartition spatiale des espaces verts urbains de grande taille dans les métropoles européennes ? En termes de localisation (approche systémique) et en termes d'accessibilité ?

2. Sur la base de l'offre et de la demande, et dans un champ durabiliste, quelles lacunes en surfaces d'espaces verts urbains de grande taille peut-on identifier dans les métropoles européennes ?

3. Quelles délimitations spatiales permettent les analyses les plus efficaces lorsque l'on s'intéresse aux métropoles européennes ?

4. Quelle est l'importance des politiques nationales dans la création d'espaces verts urbains, par rapport aux directives de la politique communautaire ? Un universalisme des formes des métropoles urbaines est-il en marche ?

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L'objectif principal de ce mémoire est d'apporter une contribution utile à la réflexion sur la place des espaces verts urbains dans les métropoles européennes.

Des approches quantitatives sont favorisées pour avoir des bases de réflexions solides, tel que le ferait un diagnostic territorial dans le champ d'un projet urbain. Aujourd'hui beaucoup de tentatives de chiffrer l'emprise au sol du végétal en ville ont été faites, les statistiques dans le domaine sont de mauvaise qualité, elles souffrent de multiples problèmes, dont le plus récurrent est l'absence de méthodes unifiées entre pays européens en charge de la collecte de données, mais également entre villes d'un même pays, à qui ce devoir est fréquemment transmis par les instances européennes. Ainsi, un objectif trouve sa place dans la présente étude, il s'agit d'établir un système d'indicateurs pour les espaces verts urbains des métropoles. Ces derniers peuvent par ailleurs pleinement être incorporés dans une typologie des métropoles européennes.

De par le recensement des espaces verts urbains qui est nécessaire aux calculs de localisation, nous sommes parfaitement à même de décrire l'offre en espaces verts urbains des métropoles européennes qui seront sélectionnés. Une analyse comparée doit en être faite, assortie des indicateurs classiques pour la géographie spatiale à ces échelles. Pragmatiquement, la comparaison entre offre et demande de végétal en ville ciblé sur des métropoles européennes aux formes diverses, nous permet d'étayer des constatations sur des éventuelles lacunes en surfaces vertes dans les métropoles.

Plus en amont dans le processus méthodologique aboutissant aux cartographies des espaces verts urbains, un travail de définition des contours des métropoles est inéluctable. L'objectif est ici d'arriver à trouver une unité territoriale pertinente dans pour l'analyse macroscopique des espaces verts urbains des métropoles.

Comme le reprenait Lajoie (2007 :130) des mots de Brunet13 «la pratique sociale façonne l'espace» et l'on peut «partir de l'espace pour se poser de bonnes questions, et même des questions sociales». Ainsi notre approche par les espaces verts de formes de métropoles d'Europe peut de par son originalité alimenter le débat entre ville dense et ville étalée, plus précisément celui sur la qualification de la densité.

13 Voir Brunet Roger (1986), La géographie dite sociale : fonctions et valeurs de la distinction, L'espace géographique, no. 2, pp.127-130.

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Les conditions de création d'espaces verts urbains font partie du processus d'urbanisation des villes, à l'instar d'autres espaces ou équipements. Les rythmes d'urbanisations ont de tout temps jugulé l'existence de nouveaux terrains verts en ville, en fonction des besoins alimentaires pour la subsistance de ses habitants, récréatifs pour d'autres ou, plus récemment, environnementaux pour ponctionner la pollution urbaine ou encore favoriser la biodiversité. La mise en réseau des connaissances pose la question du niveau de globalisation des systèmes d'espaces verts urbains, et la concurrence grandissante entre cités d'Europe soulève celle de l'existence d'une différenciation volontaire des manières d'aménager la nature en ville. Ces effets sont mesurables par des analyses dynamiques et à des échelles allant de l'aire métropolitaine à celle du quartier, notre méthodologie peut quant à elle présenter un état récent de la diversité des systèmes d'espaces verts urbains, et les mettre en relations avec des indicateurs géographiques classiques.

Les espaces verts urbains sont un cas particulier de service se situant en partie dans l'espace périphérique des villes. Dès lors que la limite de l'urbanisation est franchie, nous pénétrons dans l'espace extra-urbain. Celui peut se prolonger ad eternam et il est raisonnable de penser que ses parties les plus proches de la ville-centre sont celles qui sont en moyenne les plus fréquentées. Ceci suppose également que différencier les portions de l'espace extra-urbain n'apporte que peu à l'analyse de l'offre en espaces verts d'une métropole, puisqu'au-delà du champ bâti émerge un « tout », qui a la propriété d'être contigu. Ce n'est plus le cas des poches d'espaces verts englobées dans l'urbanisation. Identifier la limite du bâti à partir des centres des métropoles est capital pour l'analyse des formes de ville sur la base des espaces verts. Différents limites existent et différentes techniques de délimitation aussi. Pour ce mémoire, nous apprécions la définition de l'agglomération selon une continuité du bâti. Les concepts mixtes existants, sur la base de la pendularité ou de la dépendance économique par exemple sont trop complexes à mettre en oeuvre pour une analyse internationale. Le découpage NUTS n'est pas idéal puisqu'il souffre de sa dépendance par rapport aux unités administratives, l'aire urbaine de l'INSEE est trop vaste, de même que

l'étendue de la LUZ ou de celle du Kernel. Figure 3. Kernel et continuité du bâti, cas du

quartier de Biggin Hill, au Sud de Londres. Échelle 1 : 140'000. Fond de carte : Google Earth.

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En effet, la vue satellitale ci-contre, à l'échelle 1 : 100'000 au sud de Londres, présente le découpage Kernel, l'urbanisation est grisée, les espaces verts sont recolorés. Nous pouvons constater que le niveau Kernel ne correspond pas à une délimitation d'après la continuité du bâti. Il comprend sur presque la totalité de sa bordure interne, entre 1.5 et 8 kilomètres d'espaces verts. Nous apercevons que ces espaces, que nous définissons comme des espaces verts externes, sont de type agricole pour la plupart, avec des petites aires forestières. La figure comprend une poche de bâti situé dans les espaces verts externes à la ville compacte (soit au-delà de la continuité urbaine), ce quartier satellite ne fait donc pas partie de notre délimitation. Rappelons que les problématiques d'accessibilité des espaces verts ne concernant que peu les quartiers satellites pris dans des espaces verts urbains externes et que nos analyses ne souffrent que peu de leur non-prise en compte.

Quant au niveau core city, il se limite aux délimitations administratives des villes-centres et n'inclut pas d'autres villes adjacentes, quand bien même l'urbanisation est continue entre les deux communes.

La délimitation des agglomérations selon Moriconi-Ebrard effectué en 1994 est une source de grande qualité, elle a été effectuée avec un principe de continuité du bâti à 200m, ce qui est globalement accepté comme étant relativement fonctionnel. Néanmoins, dix-sept ans se sont écoulés depuis la définition de ces aires. Notre problématique étant les espaces verts urbains, les pressions qu'ils ont pu ressentir durant cette période sont trop fortes, au vu des vitesses d'urbanisation actuelles, pour se baser sur ce découpage. De plus, deux constats relevés plus en amont de ce rapport nous indiquent que la limite de 200m est moins pertinente que d'autres. En effet, et premièrement les besoins de nature éloignée pour les loisirs supposent que la distance choisie pour délimiter les zones urbaines soit plus grande, de sorte que la sortie volontaire et nécessaire de la ville soit mieux représentée, ainsi un principe de continuité à 400m est jugé opportun. A l'inverse, et deuxièmement, le fort penchant des Parisiens pour le square nous indique que la micro-échelle est plus apte à rendre compte des problématiques liées aux espaces verts urbains. Néanmoins à cette échelle, il est très difficile de considérer autant ceux de petites tailles que les grands espaces extra-urbains.

Ainsi, puisqu'aucun découpage recensé pour l'Europe n'est idéal dans l'appréciation des espaces verts d'une métropole, nous définissons nos propres délimitations territoriales, qui doivent porter un nom. La définition du champ urbain de Denise Pumain, nous convient particulièrement bien. Il s'agit «d'une évaluation de la forme prise par l'influence de la ville sur sa région environnante, une structuration de l'espace géographique par les villes» (Pumain et al., 2006 : 48) soit «une structure spatiale faite d'un ensemble de valeurs décroissantes allant du centre de la ville vers la périphérie»

(Pumain et al., 2006 : 48). Différentes considérations sont évoquées comme étant possible par pour créer un champ urbain, dont bien sûr le principe de délimitation du bâti.

Les données au 1 : 100'000 nous permettent d'identifier à l'oeil nu et sans zoom, ce qui serait très fastidieux, des limites du bâti à 400m près au maximum, ce qui est fonctionnellement raisonnable sans être idéal. Bien que la continuité à 200m soit une moyenne appréciable dans la considération de tous les espaces verts urbains, nous relevions que plus de la moitié des déplacements sont dus aux loisirs en direction de la périphérie. Dès lors, il nous semble également intéressant de travailler sur des délimitations à 400m. Par ailleurs, ceci est inédit, et les formes urbaines qui en découlent ont un potentiel analytique intéressant, particulièrement dans un esprit comparatif. Pratiquement, l'opérationnalisation de ce principe s'effectue en mesurant la distance entre deux zones bâties lorsque le doute est présent, comme le présente la série de captures d'écrans suivantes.

Sur la figure 9 en page suivante, avec une échelle de 1:10'000, au Nord de Rome, la distance reliant deux zones bâties à vocation commerciale ou industrielle est supérieure à 400m, la limite du champ urbain englobe par conséquent la partie au Sud uniquement. Sur l'image de droite, prise aussi au Nord de Rome, deux quartiers de maisons individuelles sont distants de 0,32 km, ainsi nous considérons que tous deux font partie du champ urbain romain.

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Figure 4 Limite ville-campagne, séparation du bâti > 400m, cas de Figure 5 Rattachement d'un quartier

Rome, Échelle 1:10'000. Fond de carte et outils : Google Earth. périphérique au champ urbain, cas de

Rome, Échelle 1:10'000. Fond de carte et outils : Google Earth.

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Dès lors, un nouvel objectif émerge. Notre propre définition des limites de l'agglomération urbaine nous permet de comparer l'emprise au sol des métropoles européennes sur la base du principe de la continuité du bâti. Les contrastes entre les superficies trouvées et celles des unités territoriales présentés en amont ont un intéressant potentiel.

Figure 6 Limite ville-campagne en zone agricole, cas de Rome, Échelle 1:6'000.

Quelques problèmes

interviennent avec le
principe de découpage à 400m près. En effet, les zones agricoles accolées aux marges urbaines

comportent des

constructions. Dans

certaines régions,

particulièrement dans la périphérie de Rome, la

taille moyenne des
parcelles agricoles est inférieure à 400m sur 400m, dès lors il est possible de relier « ferme à ferme » le bâti et d'aboutir à un vaste champ urbain non-fonctionnel, ce n'est pas notre objectif. Une solution simple est adoptée pour palier à ce défaut méthodologique. Premièrement, les problématiques urbaines liées aux espaces verts urbains concernent peu les habitants de la zone agricole, deuxièmement ces mêmes personnes participent peu des problématiques urbaines globales, puisque leur trajet domicile-emploi intervient bien moins dans la vie urbaine. Ainsi écarter leurs territoires du champ urbain semble même renforcer la pertinence de nos principes de découpage. Pratiquement, il est aisé de différencier un tissu fait de parcelles agricoles à un tissu résidentiel, comme le présente la figure suivante, au 1 : 6'000 prise au Sud de Rome. L'urbanisation dans la partie Sud de la photo aérienne est prolongée par des parties agricoles au Nord, avec des distances de moins de 400m entre les constructions, en raison de la faible taille des parcelles agricoles. Dans cette situation, qui prévaut presque uniquement pour la cité italienne, la limite du champ urbain est définie à la bordure de la zone non agricole.

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Deux autres cas problématiques viennent s'ajouter. En ce qui concerne Athènes, de telles structures agraires en parcelles allongées existent également, à la différence que la densité y est quatre ou cinq fois plus élevée qu'à Rome, définissant ainsi des quartiers d'habitation, par ailleurs peu périphériques. Dans ce cas, nous avons incorporé ces zones dans le champ urbain de la capitale Hellène, ils sont mis en évidence dans la cartographie plus en aval de ce mémoire. A Madrid, la forte présence de serres agricoles nécessite de trancher quant à leur caractère de bâti. Après renseignement, ces dernières sont presque toutes fixes, nous entendons par là que leur nombre ne varie pas selon les saisons, ce qui leur confère une qualité de bâti.

Finalement, répondant des mêmes principes de découpage et de recensement des espaces verts urbains, l'analyse géographique proposée contient ainsi des données harmonisées, pures et absolument comparables entre elles, ce qui est novateur pour les terrains que nous avons sélectionnés. Les quelques adaptations méthodologiques effectuées ne diminuent pas sa qualité, au contraire, elles la renforcent.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci