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L'effet de la structure familiale sur l'abandon scolaire au Cameroun


par Stéphane Messina Poute
Université de Yaoundé 1- Ngoa ekele  - Master 2 sciences de L’éducation  2020
  

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le droit à l'éducation pour tous reste un droit fondamental, incontournable et sans substitut. Il y'a de cela plusieurs décennies, parler de l'abandon scolaire dans certains pays était vu comme une question marginale, mais aujourd'hui, cette question marginale est devenue une question préoccupantepour tous.Aujourd'hui, on compte à 250 millions, le nombre d'enfant ayant été à l'école, etsorti du système scolaire précossement et cela sans savoir lire (Banque mondiale, 2016). Depuis toujours, l'éducation joue un rolecrutial dans le développement économique. Platon affirmait d'ailleurs qu'un homme qui néglige l'éducation traverse la vie d'un pas chancelant. Les travaux de (Schultz& Becker, 1964) ont montré à suffisance qu'il y'aune contiguité entre l'investissement dansl'éducation et la croissance économique. Selon cette approche, l'éducation constitue un investissement pour les individus et la société ; cet investissement accroit la productivité de ceux qui la recoivent et crée, par là, une augmentation de leurs rémunérations. Ilest indéniable qu'on ne saurait dissocier le développement économique, social et culturel d'un Etat, de la maîtrise de son système éducatif. Aucundeveloppement durable ne peut se faire sans un système éducatif durable pour tous.

Plusieurs systèmes éducatifs dans le monde souffrent aujourd'hui de maux chroniques, qui pour la plus parts, ne sont pas toujours traités à leurs racines, mais au feuillage. Parmi ces maux, nous avons celui de l'abandon scolaire.

Au Cameroun par exemple, il est inquiétant de noter que selon les statistiques présentées par l'UNICEF dans son rapport sur le secteur de l'éducation au Cameroun paru en Avril 2018, 17% des élèves de la première année primaire, 20% des élèves de la 5ème année primaire, 18,7% des élèves de la fin du secondaire 1, et 14,9% desélèves du secondaire 2 sont des décrocheurs (UNICEF,2018). Ce qui fait de l'abandon scolaire depuis 2002 jusqu'à ce jour, la plus grande cause de gaspillage des ressources affectées au dit secteur.

L'abandon scolaire induit donc une perte d'efficacité interne du système éducatif de l'ordre de 15% des ressources investies(UNICEF, 2018). La question qui pourrait tarauder nos esprits est celle de l'efficacité des différentes politiques, programmes, et projets mis en place pour enrayer le phénomène d'abandon scolaire. Le document de stratégie du secteur de l'éducation et de la formation au Cameroun (2013-2020), élaboré en 2010,plaçait déjà les jalons de la politique éducative pour la décennie afin de rendre le système éducatif plus efficace. Le principal objectif était celui de parvenir à un enseignement primaire universel de qualité. Cet objectif s'inscrivait dans la lignée de la stratégie nationale de croissance et d'emploi visant à fournir au système productif un capital humain capable de satisfaire les besoins en termes de croissance économique.

De nombreux progrès ont été réalisésces dernières années sur certainsindicateurs, à l'instar de l'augmentation du ratio manuel-apprenant, le recrutement et le déploiement de nouveaux enseignants, ainsi quel'évaluation des résultats d'apprentissage. Cependant, le secteur éducatif reste encore confronté à de nombreux défis dus notamment aux nombreuses crises auxquelles le pays fait face depuis ces dernières années. Le plan sectoriel de l'éducation actuel est axé sur l'amélioration de l'accès et l'équité, la qualité et la pertinence, ainsi que sur la gouvernance et la gestion du secteur. Améliorer l'accès et l'équité à tous les niveaux de l'éducation revient à augmenter le taux d'inscription préscolaire de 40% dans tout le pays ; augmenter l'accès en réduisant les disparités de toute nature dans l'enseignement primaire et secondaire ; promouvoir l'alphabétisation tant chez les enfants que chez les adultes. Tout ceci dans le but ultime de rendrele système éducatif plus efficace. S'agissant de la gouvernance et de la gestion scolaire, il s'agit ici d'élaborer des stratégies pratiques permettant de retenir les enfants le plus longtemps possible à l'école, et de leur éviter ainsi un abandon précoce des études.

Depuis Adam Smith, la plupart des économistes reconnaissent qu'au-delà des dotations factorielles dont peut jouir un Etat, les compétences de la main d'oeuvre d'un pays représentent un de ses atouts concurentiels les plus importants. De ce fait, la formation du capital humain devient une priorité pour les économies. Les travaux de Romer, de Robert Lucas et de Barro(1990), témoignent du fait que la qualité de la formation d'un individu augmente sa probabilité de trouver un emploi mieux rémunéré. Si cela est vérifié dans le contexte Camerounais, il va d'un raisonnement logique que ceux qui ne fréquentent pas, ou sortent prématurément du système scolaire sans formation, sont susceptibles d'être sans emploi ; comme quoi, les décrocheurs d'aujourd'hui sont les chomeurs de demain.

Ramener sur la table du débat scientifique la question de l'abandon scolaire, est loin d'etre une problèmatique creuse et vide de sens. Plusieurs auteurs ont théorisé sur les causalités éparses et nombreuses, relatives au phénomène d'abandon scolaire. On distingue généralement trois grandes approches théoriques relatives au phénomène d'abandon scolaire à savoir : l'approche sociologique de l'abandon scolaire, l'approche économique et l'approche psychologique. S'agissant de l'approche sociologique de l'abandon scolaire, Bourdieu et Passeron (1964, 1970)s'insurgeant contre la pensée fonctionnaliste des années cinquante, qui pronait le fait que le système scolaire soit basé sur la méritocratie et l'égalité des chances. Pour ces deux auteurs de la sociologie de l'éducation, l'école n'est que la reproduction des classes sociales existentes. A l'aide de statistiques Francaises, ils montrent que chaque individu acquiert de ses parents un capital culturel par le biais du style et du type de langage utilisé par ses parents ; or, disent-ils, le langage utilisé à l'école, n'est pas celui des classes défavorisées, mais celui des classes privilégiées, ce qui maintient les inégalités entre les pauvres et les riches à l'école, car les élèves issus des classes favorisées ont un capital culturel composé de savoirs faire, savoirs être, et savoirs dire.De ce fait, ils comprendraient mieux le langage et la volonté des enseignants (qui est celui de leurs parents), que les élèves issus des classes défavorisées. Ainsi, selon cette approche, les élèves qui abandonnent l'école, sont ceux issus des classes défavorisées, comme quoi l'école favorise les riches et défavorise les pauvres.

A la suite de la théorie sociologique de l'abanon scolaire, les théoriciens précurseurs de l'économie de l'éducation à l'instar de Becker, Shultz, Mincer dans les années soixante, pensent que le contexte économique dans lequel vit un individu explique ses choix en matière d'éducation et d'acquisition du capital humain. Pour les psychologues de l'éducation, les recherchent montrent que les jeunes qui abandonnent l'école manifestent plus de comportements de délinquance et sont des rebels (Bachman, 1972), ils ont pour la plupart un manque d'estime de soi (Wehlage et Rutter, 1986) et des niveaux plus élevés de dépression (Fine et Rosenberg, 1983).

A ces différentes approches théoriques explicatives du phénomène d'abandon scolaire, se sont ajoutés plusieurs travaux empiriques. Les travaux de Charest (1980), regroupent les facteurs qui déterminent l'abandon scolaire sous quatre catégories : les caractéristiques individuelles, le milieu socioéconomique, la carière scolaire et le vécu scolaire. Cette approche de Charest est d'ailleurs en accord avecle modèle de Brofenbrenner (1979) ou modèle de l'influence intégrée, dit écologique parce qu'il considère le développement humain comme étant fonction de l'interaction progressive et réciproque entre la personne et son milieu (environnement). Selon ce modèle, l'abandon scolaire serait la résultante de l'influence de plusieurs environnements à l'instar de la famille. Les travaux de (Delisle, 1988), etceux de (Henripin et Proux, 1989) sont révélateurs à ce sujet, car ils montrent que des difficultés de communication avec la famille, des modèles familiaux défavorables, les tensions entre les membres de la famille, sont susceptibles d'influencer la complétude scolaire d'un enfant.

Face au constat préalable que nous avons fait, letaux d'abandon scolaire au Camerounreste élevé depuis plusieurs années, ce qui induit une perte de l'efficacité globale du système éducatif de l'ordre de 15 points. Nous avonsrelevé de façon théorique, l'incidence du capital humain sur la croissance économique, et par analogie, de l'abandon scolaire sur le chomage et l'employabilité ; il nous semble intéressant de questionner une fois de plus les déterminants de l'abandon scolaire au Cameroun. Plusieurs études ont été faites dans ce sens à l'instar de (Noumba, 2008), de(Ntouda, 2011),notre étude quant à elle, vient questionner de façon spécifique l'existence d'un lien entre la structure familiale et l'abandon scolaire au Cameroun. Notre objectif principal dans le cadre de cette étude, est d'identifier les différents facteurs qui inter agissent dans le processus d'abandon scolaire, et de manière spécifique : montrer l'existence d'un lien entre la structure familiale et l'abandon scolaire ; aussi, il sera question demontrer que la propension à l'abandon scolaire est beaucoup plus élevée chez les élèves issus des structures familiales instables, que celle des élèves issus des structures familiales stables.

Notre hypothèse générale est que plusieurs facteurs inter agissent dans le processus d'abandon scolaire ; ce qui nous conduit à formuler deux hypothèses secondaires : la première, il existe un lien entre la structure familiale et l'abandon scolaire ; la deuxième, les élèves issus des familles instables abandonnent plus l'école que ceux des familles stables.

Ce mémoire est organisé autour de deux parties : la première partie analyse théoriquement la relation entre instabilité familiale et abandon scolaire tandis que la seconde partie présente la méthodologie et discute des résultats des analyses empiriques. Nous aurons de ce fait cinq chapitres. Le chapitre 1 qui énoncera la problématique de l'étude, le chapitre 2 qui présentera l'approche théorique de l'étude, le chapitre 3 présentera la méthodologie, le chapitre 4 qui présentera et analysera les résultats, enfin le chapitre 5 interprétera les résultats et montrera les implications professionnelles.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius