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L'effet de la structure familiale sur l'abandon scolaire au Cameroun


par Stéphane Messina Poute
Université de Yaoundé 1- Ngoa ekele  - Master 2 sciences de L’éducation  2020
  

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5.1.2. Interprétation économique

Sur le plan économique, nos résultats sont pour la plupart conforme aux travaux antérieurs seul à quelques exceptions prêtes. Plus précisément, les données du tableau montrent que l'effet du statut matrimonial est négatif et significatif au seuil de 1%, Ce qui valide notre première hypothèse en montrant que les élèves issus des familles monoparentales et recomposées (structurefamilaile instable), ont une probabilité de décrochage scolaire plus élevée que ceux des structures familiales stables (famille nucléaire).

Deslandes et Bertrand (2008), dans une revue sur l'état d'avancement des connaissances sur les relations « école-famille » confirment ce résultat. Ces auteurs soulignent que le degré de participation des parents aux activités scolaires de leurs enfants varie suivant la structure familiale dans laquelle vit l'enfant. Les auteurs soutiennent qu'à niveau socio-économique et culturel égal, les familles biparentales (familles traditionnelles) participent davantage au suivi scolaire à la maison et à l'école que les familles monoparentales.

En effet, Rmberger (2011) montre que la concentration de l'abandon scolaire dans certains types de familles a convaincu la majorité des chercheurs du fait que les parents exercent une influence déterminante sur la persévérence scolaire des enfants. Seulement, il est difficile de connaitre comment les parents soutiennent ou non la persévérance scolaire des enfants. Plusieurs études se sont focalisées à identifier « l'adresse sociale de la famille » Brofenbrenner (1996) sans pour autant s'intéresser aux precesus à l'intérieur de la structure familiale qui sont susceptibles de favoriser ou de défavoriser l'abandon scolaire. Brofenbrenner et Ceci (1994) précisent que les processus intra familiaux sont en quelque sorte « les moteurs qui propulsent, jour après jour, le développement social et intellectuel de l'enfant, de l'adolescent, incluant ses apprentissages ». Un enfant qui a grandi dans une structure familiale nucléaire ou biparentale à plus de chance d'etre exposé aux bons processus intra familiaux qu'un enfant vivant dans une famille monoparentale ; comme quoi, la composition (type) de la famille influence le type de processus à l'intérieur de la famille, dont l'incidence sur le décrochage ou la complétude scolaire des enfants a été confirmée.

En considérant un seuil de 1%, on peut dire que la probabilité d'abandon pour les enfants dont le père a un niveau d'éducation du primaire, est supérieur à celle des enfants dont le père a un niveau d'éducation secondaire. Par ailleurs, ceux dont le père a un niveau d'éducation du supérieur réduit la probabilité d'abandon. Autrement dit, plus le niveau d'éducation du père est élevé, plus les chances d'abandon scolaire diminuent. Ce qui valide notre quatrième hypothèse.

En fin de compte, on observe que l'éducation des parents est l'un des facteurs clés du succès scolaire de leurs enfants. Par conséquent, l'éducation du père importe beaucoup en ce qui concerne l'abandon scolaire. Plus le niveau d'éducation du père est élevé, plus il est prêt à faire de son mieux pour maintenir ses enfants à l'école. En d'autres termes, les pères éduqués pourraient être mieux informés sur les bienfaits de l'éducation, ce qui les encourage à envoyer et à maintenir leurs enfants à l'école. Ces résultent vont dans le même sens que ceux de Carron et Chau (1998).

Par ailleurs, les résultats montrent que la probabilité d'abandonner est moins élevée chez les garçons que chez les filles. Ce résultat se justifie par le fait qu'au Cameroun, le taux de scolarisation entre garçons et filles n'est pas le même. Les parents dans la plupart du temps ne misent pas dans l'éducation de la fille car celle-ci est appelée à aller en mariage et à fonder une famille le plus souvent avant le garçon.

Rumberg (2011) identifie trois différentes caractéristiques familiales susceptibles d'influencer directement ou indirectement l'abandon scolaire ou la complétude scolaire des enfants, à savoir : la structure familiale, les ressources familiales et les pratiques parentales. Les ressources familiales ici font référence au niveau d'éducation et aux revenus des parents. Il établi ici un lien entre le niveau d'éducation des parents et leurs revenus. Dans les familles ou le niveau d'étude des parents n'est pas élevé, les revenus sont généralement bas, ce qui explique le fait que dans ces memes familles, les enfants travaillent. Nos résultats montrent que Comparés aux enfants qui ne travaillent pas, les enfants qui travaillent abandonnent l'école plus que d'autres. Ainsi, la probabilité d'abandon est plus élevée pour les enfants qui travaillent dans la mesure où ceux-ci ne disposent pas assez de temps d'étude du fait de leurs diverses occupations. De ce fait, la probabilité de redoublement est élevée et donc d'abandon (Noumba, 2008). Ces résultats viennent valider notre troisième hypothèse qui stipulait que dans les structures familiales instables, les enfants sont souvent obligés de travailler, de ce fait, les enfants qui travaillent son plus enclein à abandonner l'école que ceux qui ne travaillent pas.

Pour ce qui est de la religion, la probabilité d'abandon chez les musulmans est plus élevée que celle des chrétiens. Ce résultat confirme les disparités observées au Cameroun. Le taux de scolarisation dans les régions musulmanes (Adamaoua, Nord et extrême-Nord) est très faible comparé à celui des régions chrétiennes. A titre illustratif, en 2014, le taux de scolarisation dans les régions du Nord et de l'extrême Nord a été respectivement à l'ordre de 1% et de 3% tandis que ce même taux au Centre et au Littoral s'élève à 30% et 17% respectivement durant le même temps.

Un autre résultat issu de nos régressions montre que la probabilité d'abandon est plus élevée pour les parents sans emploi. Ceci peut être le fait du manque de ressources pour envoyer l'enfant à l'école. Dans ce sens, Boris et Carpenter (1984), en abordant l'influence du niveau socio-économique des parents sont arrivés à la conclusion que les familles vivant sous le seuil de la pauvreté éprouvent souvent de grandes difficultés à offrir leur soutien pour les devoirs et les leçons, cette incapacité augmente ainsi les risques d'échec et de redoublement. D'autre part, dans les structures familiales instables, ou les parents n'ont pas d'emploi, ou alors ont un emploi précaire, les enfants se retrouvent souvent obligés d'aller travailler, ce qui d'ailleurs amenuise leurs résultats scolaires et les incite à l'abandon scolaire.

Fort de ce qui précède, nous pouvons dire qu'au regard des données statistiques et économétriques, nous distingons deux formes de structure familiales à savoir la structure familiale stable et la structure familiale instable. Les indicateurs des structures familiales peuvent etreappréhenés selon trois approches à savoir les indicateurs socioculturels de la structure familiale, les indicateurs sociodémographiques de la structure familiale, et les indicateurs socioéconomiques.

Parmi les indicateurs socioculturels de la structure familiale, on distingue la religion, la mobilité des parents ou de l'enfant ; parmi les indicateurs sociodémographiques, on distingue la taille du ménage, le type de famille ; parmi les indicateurs socioéconomiques de la structure familiale, nous avons le revenu des parents, le statut professionnel de l'enfant, le niveau d'étude des parents. Il ressort que les structures familiales instables se différencient des structures familiales stables à quatre niveaux principaux : la composition de la famille, la taille de la famille le statut professionnel de l'enfant, et le niveau d'étude des parents.

Les résultats montrent clairement que les familles monoparentales et recomposées ont moins de temps pour le suivi des enfants à la maison que les familles nucléaires, aussi en ce qui concerne la taille, les famille nucléaires sont moins nombreuses que certaines familles recomposées, ce qui explique le fait que les ressources pour envoyer les enfants à l'école sont moins suffisantes dans les structures familailes instables que dans les familles stables ; aussi la plupart des familles nucléaires disposent plus de revenus que les familles monoparentales ( Mather, 2010 ; Observatoire de la pauvreté et des inégalités du Québec, 2016) ou polygammes, car les familles monoparentales et polygames, pour la plupart dispose d'une seule source de revenu, tandis que dans les familles nucléaires, le ménage dispose souvent de deux revenus et de moins d'enfants, surtout lorsque les parents ont fait des études supérieures.

Dans les structures familiales instables, il y aplus d'enfants travailleurs que dans les structures familiales stables, et cela s'explique par le faible niveau de revenus dans les familles instables, qui sont pour la plupart pauvres. En général, il est plus facile par exemple, d'aider l'adolescent à faire ses devoirs lorsque les deux parents sont présents au domicile et lorsque ceux-ci détiennent un diplôme avancé (Dumont, & al., 2014)

Il ressort que la propension à l'abandon scolaire est plus élevée chez les élèves issus des structures familiales instables que chez ceux issus des structures familiales stables. Les recommandations et les implications professionnelles se feront en rapport avec les différents indicateurs mobilisés pour capter la structure familiale instable.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe