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Caracterisation genetique de glossina pallicera pallicera circulant dans le foyer de la maladie du sommeil de campo du sud forestier camerounais


par Emmanuel Boris Gomseu Djoumsie
Université de Dschang - Master 2016
  

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INTRODUCTION

Les Trypanosomoses Africaines sont des maladies parasitaires causées par des protozoaires flagellés appelés trypanosomes. Ces parasites entrainent chez l'homme la trypanosomiase humaine africaine (THA) encore appelée maladie du sommeil, et chez l'animal la trypanosomose animale africaine (TAA) encore connue sous le nom de "nagana". Ces maladies constituent une entrave pour le développement de plusieurs pays africains. Les trypanosomes sont transmis aux mammifères par des piqûres d'insectes hématophages appelés mouches tsétsé ou glossines. Ces glossines responsables de la transmission des trypanosomoses africaines appartiennent au genre Glossina. Il existe plusieurs espèces de glossines et leur distribution est fonction des facteurs éco climatiques. Chaque espèce de glossine ne transmet qu'un nombre limité d'espèces de trypanosomes et la distribution des espèces de trypanosomes peut être liée à celle des glossines. De manière générale, la distribution des trypanosomoses africaines suit celle de leur vecteur et couvre environ 10 millions de Km2, soit un tiers du continent africain (Brunhes et al., 1994).

La Nagana demeure un obstacle pour le développement de l'élevage et de l'agriculture en milieu rurale. On estime que 50 millions de bovins et 70 millions de petits ruminants sont exposés aux risques de la TAA (Trail et al., 1985). La productivité du bétail et l'utilisation des animaux pour l'agriculture (engrais, traction) sont également affectées. Alors que la population humaine augmente à raison de 3,2% par an, les productions de viande et de lait n'augmentent respectivement que de 1,4 et 2,3%. Ainsi, on estime qu'à partir du 21ème siècle, une importation de 2 à 5 millions de tonnes de viande et de 10 à 15 millions de tonnes de lait pour un coût annuel de 15 milliards de dollars US serait nécessaire pour couvrir les besoins des populations vivant dans les pays où sévit la TAA (Pangui, 2001). Pour lutter contre les trypanosomoses africaines, deux principales stratégies sont déployées notamment l'utilisation des médicaments et la lutte contre le vecteur. Jusqu'à nos jours, seulement trois trypanocides sont disponibles et des résistances ont été signalées contre ces médicaments dans plusieurs pays africains. Quant à la lutte anti-vectorielle, plusieurs méthodes de lutte ont été développées: l'utilisation des insectes stériles (TIS) et des écrans, le piégeage (Cuisance, 1989), l'utilisation des insecticides s'est souvent heurtée aux écologistes à cause de la rémanence des produits utilisés et leur action négative sur la biodiversité (Koeman et Pennings, 1970). L'utilisation de certaines de ces techniques de lutte n'a donné des résultats positifs que dans des îles (Salano et al., 2010). Cependant, des tentatives visant l'éradication des populations de glossines continentales se sont soldées par des échecs, à cause de la grande capacité de dispersion des glossines qui ré-envahissent rapidement les zones traitées (Cuisance, 1985). Pour faire face à ce problème, des études sur la structure génétique des populations de vecteurs ont été envisagées. Au cours des dernières décennies, des outils

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Caractérisation génétique de Glossina pallicera pallicera circulant dans le foyer de la maladie du sommeil de

Campo du Sud forestier Camerounais rédigé par GOMSEU DJOUMSIE Emmanuel Boris

moléculaires ont été développés pour caractériser les populations de glossines afin de mieux comprendre leur écologie et leur structure génétique. C'est dans ce contexte que des marqueurs microsatellites ont été identifiés pour affiner la caractérisation génétique des vecteurs. Les microsatellites sont des séquences d'ADN répétées en tandem se caractérisant par une hyper-variabilité et une abondance dans le génome (Schwenkebecker et al., 2004). Ils sont largement utilisés dans les études génétiques et phylogénétiques et ont déjà montré leur intérêt dans la caractérisation de plusieurs espèces de glossine (Schwenkebecker et al., 2004). Ces marqueurs ont notamment permis de confirmer l'isolement génétique des populations insulaires de glossines (Camara et al., 2006). Les méthodes de lutte déployées à partir des études sur la structure génétique des populations de glossines ont présenté un grand succès dans la région du Niayes au Sénégal (Solano et al., 2010).

En Afrique centrale et occidentale, des marqueurs microsatellites ont été utilisés pour analyser la structure génétique des populations de Glossina palpalis palpalis et Glossina palpalis gambiensis du Cameroun et du Burkina Faso respectivement. Ces travaux ont révélé une diversité génétique importante au sein des populations de ces glossines, et surtout un niveau de structuration lié à la distance géographique entre les populations étudiées (Melachio et al., 2011 ; Solano et al., 2000). La plupart d'études réalisées sur la structure génétique des populations de glossines se sont concentrées sur des glossines péri-domestiques responsables de la transmission des trypanosomes chez l'homme. Quant aux glossines trouvées essentiellement en zone forestière comme G. p. pallicera, très peu d'études génétiques ont été menées sur ces insectes malgré le fait que ces glossines soient responsables de la TAA. Il est évident qu'une étude sur la génétique des populations de G. p. pallicera améliorerait nos connaissances sur l'épidémiologie et la lutte contre des trypanosomoses animales.

L'objectif principal de ce travail est de faire une caractérisation génétique de G. p. pallicera afin de fournir des données sur la structure génétique des populations de ces vecteurs avec pour finalité d'obtenir des informations qui pourraient contribuer à la planification d'une lutte anti-vectorielle. De manière spécifique, nous avons:

? analysé le polymorphisme génétiquement au sein des populations de G. p. pallicera en utilisant des marqueurs microsatellites ;

? évalué le polymorphisme génétique de G. p. pallicera en comparaison à d'autres espèces de glossines.

? évalué la structuration génétique entre les populations de G. p. pallicera.

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I. REVUE DE LA

LITTERATURE

I.1. Les trypanosomoses animales africaines

La trypanosomose animale africaine, encore appelé «nagana» lorsqu'elle se développe chez les bovins ou des chevaux, ou "surra" lorsqu'elle se développe chez les porcs domestiques, est causée par plusieurs espèces de trypanosomes. Cette maladie réduit le taux de croissance, la productivité de lait et la force des animaux, conduisant généralement à la mort de ces derniers. La maladie débute par une phase d'hyperthermie qui correspond au premier pic de parasitémie. Deux à trois semaines après la piqûre infectante, le taux d'hémoglobine et 1'hématocrite chutent, reflétant l'anémie qui est le symptôme majeur des trypanosomoses bovines. Certaines espèces de bétail sont trypanotolérantes à cause de leurs capacités à survivre et se développer, même lorsqu'ils sont infectés par des trypanosomes (Murray et al., 1979). Ces espèces animales ont cependant des taux de productivité plus faibles lorsqu'ils sont infectés (Murray et al., 1979). Trypanosoma congolense et Trypanosoma vivax sont les deux espèces les plus importantes qui infectent les bovins en Afrique sub-saharienne. Trypanosoma simiae provoque une maladie virulente chez les porcs.

I.2. Historique de la trypanosomose animale africaine (nagana)

Au milieu du XVème siècle, les explorateurs portugais rapportèrent que les caravanes assurant le commerce de sel et d'or entre le désert du Sahara et l'Afrique occidentale devaient, au niveau du Mali, se débarrasser de leurs dromadaires qui étaient décimés lors de la traversée des zones à glossines (Cattand, 2001). Les conquêtes des Maures au XVIIème siècle furent bloquées au-delà du sud du Sahara à cause des chevaux qui périssaient suite aux attaques des glossines. Dès lors, toutes les expéditions s'effectuant à chevaux étaient freinées dès qu'elles devaient traverser les zones humides.

Les premières espèces de glossines ont été décrites en 1830 par Wiedemann (G. longipalpis) et Robineau-Desvoidy (G. p. palpalis) (Rageau et al., 1953 ). En 1850, le nom «tsétsé» fut introduit par Gordon Cumming dans son livre «Five years of a Hunter's Life in the Far Interior of Africa» ; cette onomatopée était utilisée par les indigènes au Botswana pour désigner les mouches, Glossina morsitans, qui décimaient les troupeaux de boeufs. C'est en 1857 que David Livingstone a évoqué le rôle des glossines dans la transmission de la maladie ; soupçonnant qu'elles injectaient un venin à leur hôte. En 1875, Louis Figuier écrivait «cette suceuse de sang sécrète, par une glande située à la base de sa trompe, un venin si actif que trois ou quatre mouches suffisent pour tuer un boeuf».

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Les premiers trypanosomes ont été découverts dans l'intestin de taons en 1680, dans le sang de truite en 1841, puis chez la grenouille, la taupe et le rat (Morlais, 1998). Leur intérêt médical ou vétérinaire n'a été démontré que plus tard. En 1880, Griffith Evans qui était un vétérinaire de l'armée Indienne, mit en évidence, chez des chevaux et chameaux malades, le parasite qui sera nommé plus tard Trypanosoma evansi ; montrant ainsi la pathogénicité de ce parasite. En 1894, Bruce trouva des trypanosomes dans le sang de bovins souffrant de nagana. Il réussit ensuite à infecter des chevaux avec des mouches tsétsé, démontrant alors le rôle vecteur des glossines (Cattand, 2001). T. b. brucei fut décrit en 1899 par Plimmer et Bradford.

I.3. La Trypanosomiase humaine africaine

La trypanosomiase humaine africaine (THA) commence après l'inoculation du trypanosome chez le mammifère par la glossine. Les trypanosomes se multiplient sur le site de l'infection menant à une réponse immunitaire: un gonflement ou chancre détectable sur la peau. Le développement de la maladie peut être séparé en deux étapes sur la base des symptômes cliniques observés : la phase hémolymphatique qui est caractérisée par la fièvre, des maux de tête, des problèmes articulaires et des démangeaisons ; la phase neurologique commence lorsque le parasite envahit le système nerveux central en passant à travers la barrière hémato-encéphalique. La période d'incubation de la THA varie de quelques jours à plusieurs semaines ou mois pour T. b. gambienses (forme aiguë), tandis que chez T. b. rhodienses, la maladie se révèle souvent fatale dans les 9 à 12 mois, si le malade n'est pas traité.

I.4. Historique de la THA

Le premier cas de la THA a été enregistré au 14ème siècle en Afrique et a été décrit par l'historien Ibn Khaldoun. Cet historien a parlé de la mort de l'empereur malien, sultan Mari Jata après une maladie caractérisée par une somnolence diurne prolongé (Williams, 1996). En 1734, l'anglais Akins publie le premier rapport médical sur la maladie du sommeil où il décrit plus précisément les stades avancés de la maladie, dénommée «sleeping distemper» (Cox, 2004). Livingstone (1852), missionnaire écossais soupçonne la relation entre une mouche et la maladie et rapporte l'existence de la maladie sur les rives du lac Tanganyika où il perdit tout le bétail après que celui-ci fût piqué par la mouche tueuse. En 1901, Forde découvre des trypanosomes (nommés Trypanosoma gambiense par Dutton en 1902) dans le sang d'un

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malade. Puis, Castellani en 1903 rapporte la présence du protozoaire dans le liquide céphalorachidien (LCR) de la majorité des malades. La même année, Bruce fournit la preuve que la maladie du sommeil est transmise par la mouche tsétsé. En 1910, Stephens et Fantham décrivent chez un patient de Rhodésie un nouveau trypanosome Trypanosoma rhodesiense. De morphologie différente, ce dernier s'avère plus virulent pour l'homme que T. gambiense et est transmis par la glossine (Mulligan, 1970). C'est en 1917 que la première équipe mobile de dépistage de la maladie du sommeil mis sur pied par le Docteur Eugene Jamot a vu le jour au Cameroun.

L'Afrique a connu trois grandes flambées de la maladie du sommeil (Laveissière et Penchenier, 2000). La première commence en 1885 au confluent des fleuves Oubangui et Zaïre et s'étend jusqu'au lac Victoria. Elle fait près de trois cent mille et cinq cent mille morts respectivement dans le bassin du Congo et les foyers Busoka. La deuxième commence en Afrique centrale et s'étend dès 1920 en Afrique de l'ouest. Devant l'ampleur de la situation, les autorités coloniales de l'époque prirent des mesures permettant la création d'équipes mobiles de dépistage et de traitement, l'instigateur fut le célèbre docteur Eugène Jamot. La pandémie fut alors maîtrisée. La réémergence des foyers historiques et l'émergence de nouveaux foyers marquent la troisième épidémie.

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