II. LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME
DE SANTE
Le système de santé décrit les moyens
organisationnels et stratégiques mis en place par pays, par zones
géographiques ou entités communautaires afin d'assurer une
continuité et une qualité des prestations de santé. Il
réunit toutes les organisations, institutions et ressources qui
interviennent en matière de santé et qui fournissent des
soins formels (médecins, cliniques, hôpitaux et pharmacies), des
soins informels (guérisseurs traditionnels, travailleurs
communautaires).
Le secteur de la santé au Cameroun est structuré
en trois niveaux formant une pyramide dont les relations fonctionnelles sont
précisées dans le tableau ci-dessous. Il comporte trois
sous-secteurs : un sous-secteur public, un sous-secteur privé et un
sous-secteur traditionnel.
Tableau 5: Les
différents niveaux du système national de santé publique
du Cameroun
Niveau
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Structures administratives
|
Compétences
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Structures de Soins
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Structures de dialogue
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Central
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Services centraux du ministère de la santé
publique
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-Elaboration des concepts, de la politique et des
stratégies
-Coordination
-Régulation
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Hôpitaux Généraux, Centre Hospitalier et
Universitaire, Hôpitaux Centraux
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Conseils d'administration ou Comités de gestion
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Intermédiaire
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Délégations Régionales
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Appui technique aux districts de santé
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Hôpitaux Régionaux et assimilés
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Fonds Spéciaux Régionaux pour la promotion de la
santé
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Périphérique
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Service de Santé de District
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Mise en oeuvre des programmes communautaires
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Hôpitaux de District, Centres Médicaux
d'Arrondissement, Centre de santé
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COSADI
COGEDI
COSA, COGE
|
Source : INS/PETS2, 2010(construit à partir du SSS
2006 - 2015)
Le niveau central élabore les politiques, les normes
et les stratégies nationales : il conçoit et propose au
gouvernement les textes réglementaires et il coordonne, contrôle
et ventile les ressources vers les niveaux opérationnels. Le niveau
central est représenté par le ministère de la santé
publique avec ses cinq directions, la direction de la santé
communautaire, la direction de la médecine hospitalière, la
direction de la pharmacie, la direction des ressources humaines, la direction
des ressources financières et ses deux divisions dont la division de
la coopération, la division des études et de la planification.
Les formations sanitaires à ce niveau sont les hôpitaux
généraux de Yaoundé et de Douala, l'hôpital central
de Yaoundé, l'hôpital hospitalo-universitaire de Yaoundé,
l'hôpital Laquintinie de Douala. Ces hôpitaux servent de
référence aux niveaux provinciaux.
Le niveau intermédiaire est représenté
par les 10 délégations provinciales de la santé publique
(DPSP). Chacune suit les délimitations et la dénomination de sa
province administrative. Elles ont pour rôle la traduction en programmes
de la politique élaborée au niveau central. Toutes les directions
du niveau central sont représentées par les services provinciaux
correspondants. La province est dotée d'un comité de gestion
provincial composé des cadres de la santé, des
représentants de la population et de l'administration et qui gère
le fond spécial de solidarité pour la santé de la
province. Ce fond est alimenté par des subdivisions et des aides, par
des participations des districts de santé ainsi que par les
bénéfices de la vente des médicaments essentiels par le
centre d'approvisionnement des formations sanitaires en médicaments
essentiels. Les membres du FSPS sont élus par les comités de
santé et du district (COSADI). Les comités de santé de
district sont composés de professionnels de santé du district,
des représentants de chaque aire de santé du district ainsi que
les élus locaux ; pour l'instant ils restent embryonnaires. Le
délégué régional de la santé, pour sa part,
se trouve sous l'autorité du Gouverneur de la région
administrative, province sanitaire et province administrative
coïncidant.
Le district de santé constitue le niveau
périphérique ou opérationnel. Le service de santé
du district est dirigé par une équipe multidisciplinaire
supervisée par un médecin de santé publique qui coordonne
et supervise toutes les activités de santé de district, y compris
celles des tradipraticiens et du secteur privé moderne. Le district de
santé est desservi par un hôpital de référence. Il
est chargé d'élaborer un plan d'action sanitaire, d'assurer son
suivi et de superviser les aires de santé. Le système de
santé de district dispose de deux niveaux d'établissement de
soins : l'hôpital de district, l'hôpital de première
référence, et les centres de santé. Un comité de
gestion veille notamment à l'utilisation des fonds dit
« recettes affectées » c'est-à-dire ceux
provenant de la vente des médicaments et de la facturation de toutes
les prestations sanitaires. Ces recettes sont réparties entre les
motivations du personnel, le fond de solidarité provinciale, la caisse
de supervision du district, et le trésor public.
Le district de santé est lui-même
subdivisé en aires de santé ; l'aire de santé est
constituée par un village ou un ensemble de villages avec une population
totale de 50000 à 10 000 habitants, avec un territoire bien
définit, et est desservie par un centre de santé qui a la
responsabilité des activités de santé. Chaque centre met
à la disposition des populations le paquet minimum d'activités
en stratégies fixes et avancées : la réforme propose
un renforcement de la capacité technique des centres de santé (
personnels qualifiés, matériels techniques et logistiques
adéquats) ; le personnel des centres de santé doit alors non
seulement proposer le paquet minimum d'activités au centre pour la
population centrale de l'aire de santé mais également se rendre
dans les villages éloignés du centre pour proposer certaines
activités, surtout préventives. Les malades dont les
problèmes n'ont pu trouver de solution au niveau du centre de
santé sont théoriquement référés à
l'hôpital de district. Ces formations sanitaires sont appelées
« centres de santé intégrés » (CSI),
la notion de poste de santé villageois étant abandonnée,
et sont censés dirigées par un infirmier diplômé
d'Etat. Chaque village désigne deux représentants au sein du
comité de santé de l'aire de santé ; ce comité
élit en son sein un comité de gestion qui participe à la
gestion du centre de santé au côté de l'équipe des
professionnels de santé. Chaque comité de santé de l'aire
désigne à son tour deux personnes qui représenteront
l'aire de santé au sein du comité de santé du district.
Au niveau périphérique, subsistent des
structures de soins qui ne peuvent être rangées ni dans la
catégorie des CSI, ni dans celle des hôpitaux de district. C'est
le cas notamment des centres médicaux d'arrondissement (CMA), nouvelle
appellation des hôpitaux des arrondissements administratifs, et qui sont
les premières formations sanitaires qui bénéficient des
services d'un médecin, avant l'hôpital de district. Avant la
réforme, chaque unité administrative pouvait être desservie
par un hôpital d'arrondissement et pendant la période de mise en
oeuvre des SSP selon les directives d'Alma Ata (1980-1988), plusieurs
structures de ce type ont été construites pour améliorer
l'accessibilité géographique aux structures de soins; la crise
économique a contraint le ministère de la santé
d'arrêter la construction de ces centres devenus CMA.
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