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La relation intersubjective selon Martin Buber


par Martin Kashila
Institut superieur de philosophie et de théologie de Kolwezi - Philosophie 2021
  

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CHAPITRE TROISIEME

APPRECIATION CRITIQUE

III.0. Introduction partielle

Ce dernier chapitre que nous allons développer est consacré à l'appréciation critique de la pensée de M. Buber.Sans prétendre à l'exhaustivité dans l'appréciation de la philosophie de la relation, nous allons nous contenter de relever, par-ci par-là, les points positifs et les points négatifs.

III.1. Les mérites de la philosophie bubérienne de la relation

Comme tout philosophe, nous saluons avec un profond respect la pensée de Martin Buber. Dans la vie humaine, la relation est une dimension indispensable. Buber a compris que la relation implique et suppose un échange entre les personnes : c'est une ouverture à l'autre, une communication sincère afin d'aboutir à une réalisation mutuelle et à une vraie compréhension. Voilà pourquoi il dit qu' « il n'y a pas de Je en soi ; il n y a que le Je du mot principe Je-Tu et le Je du mot-principe Je-Cela »25(*).

Nous lui reconnaissons, par ailleurs, le mérite de nous montrer que l'homme n'est homme que lorsqu'il est en rapport avec les autres. Il se définit et exprime son rôle de `l'être-au-monde-avec-autrui'. A ce sujet, G. Marcel a dit que « (...) quelque chose de puissant et de secret m'assure que si les autres ne sont pas, je ne suis pas non plus »26(*). Dans la même perspective, Ngimbi Nseka affirme que « l'homme ne peut trouver en lui-même ce qui comble son désir, il ne peut le trouver que dans l'autre. Ce désir humain est le désir de l'autre »27(*).

Nous partageons un même avis que M. Buber qui envisage que l'homme vit ou doit mener sa vie avec l'autre et qui, à travers son épiphanie, éprouve le besoin d'aller vers lui. De ce fait, l'absence de l'autre, la fermeture sur soi constitue une zone d'ombre dans les relations humaines.

Au fait, touchant ce point de vue de Buber, M. Bon le rejoint en ces termes : « la relation permet d'arriver à un accord sur les moyens d'action et a une synthèse constructive débouchant sur un engagement commun. La relation permet ainsi de construire une communauté temporelle de l'humanité (...). La relation caractérise d'une façon dynamique la nature humaine. Par elle l'humanité se construit et progresse, à travers les hommes et les sociétés28(*).

En effet, la vraie relation comme ouverture à autrui dans l'horizon de la philosophie de la relation tel que nous le remarquons avec Buber, ne peut pas être une relation avec soi-même, mais une intersubjectivité. A ce sujet nous pensons que, ordinairement c'est l'homme qui s'engage à entrer en contact avec les autres, car exister c'est vivre en face des autres. Et P. Mayivangwa nous dira que dans notre existence, nous sommes tous confrontés à autrui. Etre-avec et être-pour-l'autre, voilà ce qui constitue l'intersubjectivité et qui nous caractérise comme sujets humains29(*).

Pour être en relation vraiment, il faut que chaque membre révèle aux autres ses désirs profonds qu'il porte en lui. Ce sera le point crucial de la rencontre des différentes solitudes qui sont appelées à l'union, à la réconciliation, à la coopération en vue d'une certaine fin qui les transcendent les unes et les autres, mais à laquelle chacune a sa contribution.

Buber reconnait la grandeur d'une entraide mutuelle. Celle-ci s'avère indispensable, car l'homme ne vit pas seul, il a tout intérêt de participer à l'oeuvre collective. Voilà pourquoi Motima, reprenant la pensée de Buber, écrit :« l'homme n'est homme que parmi les hommes (...). L'être humain qui est ontologiquement un être de désir, être indigne, ne peut s'enfermer dans les limites du moi...car alors il se vouerait a un étouffement certain et se dirigerait vers une mort inéluctable »30(*).

Buber considère la relation comme cette vie avec les autres, distingués dans leurs façons d'être, tout en cherchant comment comprendre les modes de leurs pensées. Ainsi, dans toute relation, la notion de la liberté individuelle n'est pas à passer sous silence.

L'intersubjectivité dont l'auteur nous parle, mérite d'être appréciée en ce sens qu'elle nous permet de promouvoir la collaboration sociale. En fustigeant l'égoïsme ou la non-participation à autrui, Buber nous pousse à combattre l'égocentrisme qui rend l'homme fermé sur lui-même. D'où la tâche des existentialistes qui ont voulu favoriser la communication sociale et non pas la nature du rapport qui joint une existence a une autre31(*).

Le plus important de la coprésence dans la pensée de Buber c'est que tout être agisse de façon à s'ouvrir aux autres dans le but de s'entraider mutuellement. En fait, si l'homme a besoin des autres dans sa vie, c'est parce que ces autres sont différents de lui et peuvent, grâce à cette situation différentielle, lui apporter ce qu'il n'a pas. Ainsi, le développement humain ne peut être que le fruit d'une oeuvre collective.

Buber ne nous laisse pas dans le noir en ce qui concerne cette notion si riche pour notre société. Selon lui, la vraie relation humaine commence d'abord en famille, jusqu'à s'étendre dans la société toute entière. Si la société existe, c'est pour aider l'homme. Inversement, tout ce que l'homme possède, il le tient de la société. Son existence corporelle est une existence reçue ; le monde qu'il trouve autour de lui et dont il a besoin pour se réaliser n'est jamais une nature brute, mais un monde déjà travaillé par un système relationnel et humaniser par les autres. Ceci revient à dire que l'homme est naturellement un être social et toujours un être-déjà-avec-autrui.

En effet, bien que l'individu humain soit un être complet, jouissant de toutes les fonctions nécessaires à la vie, il ne peut se suffire à lui-même. Il ne saura accomplir convenablement toutes les taches à la fois.

C'est ainsi que L. Mpala parle du passage du Moi sauvage et du Moi servile au Moi-pour-et-avec-les autres. Le Moi-sauvage est celui qui écrase les autres dans le but de réaliser son aspiration de devenir meilleur. Il piétine les autres et se rend compte qu'il est devenu sauvage. Dans ce cas, le Moi est un enfer pour les autres »32(*). Pour Buber, écraser n'humanise pas, piétiner son semblable ne favorise en aucun cas la détermination et l'épanouissement de la dignité de la personne dans la société.

Après avoir relevé tout ce qui nous semble meilleur dans la philosophie bubérienne de la relation, voyons à présent en quoi sa pensée accuse des limites.

* 25 BUBER, Je et Tu, p.20

* 26 G. MARCEL, Le mystère de l'être II, réflexion et mystère, Ed. Aubier, 1951, p. 27

* 27H. NGIMBI,Ethique et intersubjectivité : essai sur les fondements philosophiques de la vie en société, Kinshasa, 2001, p. 3

* 28 M. BON, Dialogue et les dialogues, Ed. Centurion, Paris, 1973, p. 228

* 29 P. MAYIVANGWA, De la communication avec l'autrui à la réalisation de soi, Rome, 1985, p. 53

* 30 P. MOTIMA, Brèves réflexions sur l'intersubjectivité humaine, in Afrique et philosophie 5(mars 1981), p. 104-105

* 31 E. MOUNIER, Introduction aux existentialismes, Paris, 1962, p. 109

* 32L. MPALA, Education à la conscience et à la raison, Lubumbashi, 1995, p. 31

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams