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La relation intersubjective selon Martin Buber


par Martin Kashila
Institut superieur de philosophie et de théologie de Kolwezi - Philosophie 2021
  

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II.2.1. Relation et réciprocité

Buber dans sa philosophie de la rencontre a mis en lumière le caractère concret de la relation et de la réciprocité. La relation est pour lui une chose primitive et capitale dans le monde, elle existe depuis le commencement. Elle fait surgir la clarté des choses et leur redonne sens. Grace à cette relation, les choses et les personnes sont liées entre elles. Pour Buber la relation est primitive et délicate dans le monde. Par elle les choses reçoivent leur sens et deviennent compréhensibles. Chez lui il n'y a des relations que là où il y a la présence de deux termes. C'est-à-dire le Je et le Tu. Il arrive à nous dire que toute relation est réciprocité où se passe la vraie réalisation15(*).

Buber nous fait voir que la réciprocité s'établit à tous les niveaux de relation16(*). Cette dernière se définit comme capacité de l'individu à interagir et à maintenir des échanges sociaux mutuels. Selon la vision de l'auteur, dans la conception de l'autre, l'enfant nait relationnel. Il manifeste des réflexes d'innéité : par la perception de l'objet en face de lui, les cris inarticulés, les émotions qui prouvent son souci de réaliser son existence. Là l'homme devient Je au contact du Tu.

La réciprocité rend possible la construction de relation et d'échanges sociaux continus. Son caractère peut s'observer par la démonstration d'habileté telle la démonstration d'un intérêt certain lors des échanges, l'attention conjointe, la capacité à s'ajuster, à interpréter et à répondre aux indices interpersonnels.

II.2.2 Le dialogue comme affirmation du Je-Tu

D'emblée, disons que chaque société a son expression depuis toujours et cette expression rend possible le dialogue entre les membres qui forment cette société. Le langage est un moyen par excellence, il est quelque chose d'important qui facilite l'actualisation du « nous sommes ». Lorsqu'il est exprimé ou silencieux, le langage constitue la voie privilégiée du dialogue entre les humains. Et tout celui qui s'y intéresse et s'y réfère participe à l'être du « nous sommes ».

Le langage dans la vie de l'homme occupe une place considérable. Il y apparait comme un caractère fondamental de la communication pour un meilleur entretien. Il facilite la collaboration entre les membres d'une société, d'une communauté. Chez Levinas, le langage a une fonction noble d'expression. Il instaure une relation irréductible à la relation sujet-objet : la révélation de l'autre17(*).

Toutefois le langage en tant que système des signes estime le lien qui existe entre les personnes. Ainsi pour parler d'un dialogue, il faut qu'il y ait la présence de ceux qui doivent dialoguer. Et le vrai dialogue se manifeste là où il y a un entretien franc et sincère. Ce dialogue doit pouvoir se distinguer par son caractère de création d'intimité entre les gens. Dans l'entretien, l'homme a le droit d'être d'accord ou de refuser les pensées qui lui viennent de son collaborateur selon qu'ils s'adressent dans la droiture ou non.

C'est dans ce sens qu'il est d'une grande importance de préciser les éléments essentiels du dialogue. Le dialogue découle de la rencontre entre les humains qui se parlent en toute honnêteté de manière à co-appartenir dans le vrai sens du mot. A ce propos, Buber écrira : « Dans l'entretien authentique, on se tourne vers son partenaire et on s'adresse à lui en toute vérité ; c'est donc un mouvement de l'être vers lui »18(*).

Dans le parler, celui qui parle ne perçoit pas seulement la personne qui lui est présenté, mais il l'accepte comme partenaire. C'est ce mouvement qui fait que le Je, s'adressant au Tu inclut cette acceptation, cette confirmation.

Autrement dit, lorsque nous parlons du dialogue et lorsqu'il doit se produire, chacun des partenaires qui y participent devra faire l'apport de lui-même. Cela veut dire qu'il devra être prêt à dire ce qu'il pense vraiment de l'objet traité. Cela signifie ensuite qu'il devra livrer chaque fois sa part d'esprit, sans l'écouter et sans la faire dévier vers un autre terrain.

Lorsque dans un dialogue, l'un des partenaires veut se faire écouter et n'arrive pas à écouter l'autre, il détruit la relation. L'expérience de la vie de chaque jour nous révèle plusieurs résultats ou conséquences qui découlent du dialogue non véritable ; les partenaires se disent des mensonges à la place de la vérité. A ce propos, Buber dira : « Là, par contre, où le dialogue s'accomplit en son essence, entre des partenaires qui sont véritablement tournés l'un vers l'autre, qui s'expriment sans réserve et sont libres de toute volonté de paraitre, il se produit dans leur communauté un mémorable état de fécondité, comme il ne s'en présente nulle part ailleurs. La parole nait substantiellement, à chaque fois, entre des hommes que saisit dans leur profondeur et ouvre le dynamisme d'une coprésence et mutualité élémentaires. L'interhumain offre un accès à ce qui autrement serait fermé à cette pénétration »19(*).

Cependant, nous soulignons que le silence joue un rôle important et est aussi une disposition nécessaire et même recommandée dans le dialogue afin de permettre aux partenaires de s'exprimer sincèrement20(*). Si nous parlons du dialogue vrai comme manifestation du Je-Tu, c'est dans le sens de vouloir a tout pris entre les partenaires l'entraide mutuelle. C'est ce qu'affirme Gusdorf quand il dit : « le dialogue authentique scelle ma rencontre des hommes de bonne volonté, dont chacun porte pour l'autre témoignage non de soi seulement mais des valeurs communes »21(*).

* 15 BOSOMI, Les thèmes majeurs de la philosophie contemporaine, p. 58

* 16 BOSOMI, Les thèmes majeurs de la philosophie contemporaine, p. 58

* 17E. LEVINAS, Totalité et infini : Essai sur l'extériorisation, Ed. La Haye, Paris, 1971, p. 33

* 18 BUBER, La vie en dialogue, p. 215

* 19 BUBER, La vie en dialogue, p. 216

* 20 BUBER, La vie en dialogue, p. 217

* 21G. GUSDORF, La parole, Ed. Vendôme PUF, Paris, 1952, p. 97

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry