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Perceptions de l'ethnicisation politique au Cameroun: cas dans l'arrondissement de Dschang


par Jonias KAMWA KAMDE
Université de Dschang Cameroun -  2019
  

Disponible en mode multipage

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SOMMAIRE

SOMMAIRE Erreur ! Signet non défini.

DEDICACE Erreur ! Signet non défini.

REMERCIEMENTS iii

LISTE DES TABLEAUX iv

LISTE DES SCHÉMAS iv

LISTE DES PHOTOS iv

LISTE DES GRAPHIQUES iv

LISTE DES ANNEXES iv

LISTE DES SIGLES v

RÉSUME vi

ABSTRACT vii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

PREMIÈRE PARTIE : LES MOTIVATIONS DE L'ETHNICISATION POLITIQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG 33

CHAPITRE 1 : ETHNICISATION POLITIQUE COMME VOLONTÉ MANIFESTE DE CONTRÔLE POLITIQUE 35

CHAPITRE 2 : POIDS DES CONSTRUCTIONS SOCIALES SUR L'ETHNICISATION POLITIQUE À DSCHANG 44

DEUXIÈME PARTIE : INFLUENCE DE L'ETHNICISATION POLITIQUE SUR LA PARTICIPATION POLITIQUE ET LE VIVRE ENSEMBLE 54

CHAPITRE 3 : PARTICIPATION POLITIQUE FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE 56

CHAPITRE 4 : LA QUESTION DU VIVRE ENSEMBLE FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE 67

CONCLUSION GÉNÉRALE 82

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 87

ANNEXES 92

TABLE DES MATIÈRES 107

À

MES PARENTS :

KAMDEM DAVID Dodel

et

MEKOGUEM Angeline

REMERCIEMENTS

La mise sur pied de ce document n'aurait pas été possible sans la contribution de plusieurs personnes. Ainsi, nos remerciements vont à l'endroit de tous ceux qui nous ont aidé à, élaborer et finaliser ce mémoire. Le soutien a été multidimensionnel, se déclinant sous l'aspect académique, matériel, moral et spirituel. Ainsi, nos remerciements vont à l'endroit de :

L'encadreur, le Dr Valentin NGOUYAMSA, qui n'a ménagé aucun effort pour améliorer la qualité scientifique de ce travail depuis la conception jusqu'à la réalisation, afin qu'il tende vers la perfection. Nous lui disons toute notre reconnaissance.

Les Professeurs Jean-Émet NODEM et Alain Roger BOULLA MEVA'A, les Docteurs Mathias ATSATITO, Vivien MELI MELI, ISMAÏLA DATIDJO, qui nous ont constamment apporté une assistance cognitive, afin que ce mémoire prenne forme. Leurs conseils permanents nous ont permis d'améliorer la qualité de cette recherche.

Les différentes personnes ressourcesqui par leurs participations ont contribué à réaliser la base empirique sur laquelle s'appuie cette étude. Nous leur disons toute notre reconnaissance.

Les doctorants, Trésor FOBASSO, Félix HABIT TANKEU, Karim NANA, pour leur accompagnement constant, leurs critiques et idées qui ont contribué à rendre ce travail plus intelligible.

Les camarades de promotion qui ont contribué par leurs remarques constructives à la qualité de ce mémoire.

Au personnel de la cellule informatique de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Dschang qui nous a permis d'améliorer la mise en forme de notre travail.

À la communauté ecclésiastique de l'Église Messianique et Évangélique du Cameroun, assemblée de Dschang et au pasteur Jean-Louis ESSOUMA pour leur soutien spirituel.

Enfin, aux amis Michaël ASSILKINGA, Christian TESSA, Elvis Justin TADJO, Pauline BEMO et maman Reine EVINA pour leurs encouragements et le soutien multiforme.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Construction du concept d'ethnicisation politique 4

Tableau 2: Construction du concept du vivre ensemble 24

Tableau 3 : Taille de l'échantillon 28

Tableau 4: Matrice synthétique du projet de recherche 30

Tableau 5: Analyse synthétique de quelques discours recueillis sur les motivations de l'ethnicisation politique à Dschang 37

Tableau 6: Croisement entre l'appartenance ethnique et l'appartenance politique de quelques enquêtés 47

Tableau 7: Synthèse des discours sur la participation politique face à l'ethnicisation politique 58

Tableau 8: Variation du taux d'abstentionnisme selon le sexe 63

Tableau 9: Synthèse des discours sur le vivre ensemble face à l'ethnicisation politique 69

Tableau 10: Discours synthétiques sur la distanciation entre les peuples 72

Tableau 11: Synthèse des discours sur l'inégalité dans le partage des ressources et le favoritisme 75

Tableau 12 : Synthèse des perceptions du vivre ensemble à Dschang par les populations 76

LISTE DES SCHÉMAS

Schéma 1: Schéma d'analyse 4

Schéma 2: Représentation récapitulative des motivations dans l'ethnicisation politique à Dschang 52

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: Présumé sardinard circulant sur internet 4

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1: Hiérarchisation des motivations dans l'ethnicisation politique 4

Graphique 2: Représentation des enquêtés par sexe 63

Graphique 3: Tendances concernant la participation politique face à l'ethnicisation politique 66

Graphique 4: Tendance concernant le vivre ensemble face à l'ethnicisation politique 78

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1: Guide d'entretien 4

Annexe 2: Liste des enquêtés 94

Annexe 3: Récapitulatif de la recherche 95

Annexe 4 : Synthèse des transcriptions 97

LISTE DES SIGLES

MINEPAT  : Ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire

MINJEC  : Ministère de la Jeunesse et de l'Éducation Civique

MRC  : Mouvement pour la Renaissance du Cameroun

RDPC  : Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais

ASA  : Action Sociale Africaine

FLSH  : Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

AFC  : Alliance Franco-Camerounaise

RÉSUME

L'Arrondissement de Dschang comme toutes les autres sociétés du Cameroun et même d'Afrique, est marqué par le phénomène ethnique qui influence son fonctionnement. Au Cameroun, en Afrique et dans le monde en général, les préoccupations ethniques ont toujours existé. Elles sont au centre des débats et deviennent au fil du temps un maillon importantdans la compréhension des logiques des sociétés. C'est ainsi que dans l'Arrondissement de Dschang, elles sont présentes et arrive même à structurer la vie dans cette partie du pays. La politique qui est l'instrument de gestion de la cité devient prise en captivité par les ethnies. Ainsi, le problème que soulève cette étude est celui de la problématique d'une cohésion sociale face à l'ethnicisation du champ politique. Ce travail a donc pour objectif de montrer en quoi est-ce que l'ethnicisation du champ politique contemporain contribue à la détermination des comportements et attitudes politiques dans l'Arrondissement de Dschang. Dans l'optique de cerner les contours de la question à travers une approche compréhensive, les théories du fonctionnalisme relativisé et de l'interdépendance nous ont servi de grille de lecture et permis d'analyser et de comprendre le phénomène étudié. Ainsi, de ce travail il ressort que l'ethnicisation du champ politique est motivée par une volonté manifeste de contrôle politique à travers la formation d'un fief, d'une base. Ensuite, il en découle une reconfiguration de la participation politique des populations à travers l'adoption des comportements comme l'abstentionnisme et le désintérêt pour la chose politique. Dès lors, le vivre ensemble, mieux la cohésion sociale, semble être plus un slogan qu'une réalité, son implémentation est problématique au milieu d'un champ politique ethnicisé.

Mots clés :ethnicisation,ethnicisation politique, participation politique, vivre ensemble

ABSTRACT

Like all other societies in Cameroon and even in Africa, the Dschang Subdivision is coloured by the ethnic phenomenon that influences its functioning. Ethnicity which once wasn't more considered, is at the center of debates and over time, it becomes an important link in the understanding of society's logics. Thus, it is present in Dschang Subdivision, and manages to structure life in that part of the country. Politics which is the instrument of city management becomes an instrument taken in captivity by ethnicity. Then, this work aims to show in which measure the ethnicization of contemporaneous political field contributes to determine political behaviors and attitudes in Dschang Subdivision. With a view to define the border lines of the question through a comprehensive approach, theories of relativized functionalism and interdependency served us as reading grid; they allow us to analyse and understand the phenomenon under study. Thus, this work shows that political ethnicization is motivated by a clear desire for political control through the formation of a fiefdom. Then, this means a reconfiguration of the political participation of the populations through the adoption of behaviors such as abstentionism, the lack of interest in politics. Therefore, living together is more a slogan than a reality, its implementation is problematic in the midst of ethnicized political field.

Key words:ethnicisation, political ethnicization, political participation, living together

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. Contexte et justification de recherche

Le Cameroun est l'un des pays où le vivre ensemble est prôné. Sa vision à l'horizon 25-30 ans est celle d'un pays « émergent, démocratique et uni dans sa diversité »1(*). Cette assertion manifeste l'importance de l'unité et de la démocratie pour le développement du Cameroun. Même si ces deux idéaux sont placés sur un même pied d'égalité avec l'émergence, il faut dire que d'un point de vue stratégique, cette dernière est davantage une conséquence des deux premières. En effet,

La vision systématise les aspirations et visions exprimées par les différents acteurs à travers : une nation unie, solidaire et jouissant d'un environnement de paix et de sécurité ; Une démocratie réelle, forte et juste ; une administration décentralisée et au service du développement ; une jeunesse camerounaise bien formée et assurant la relève ; un accès de tous aux services sociaux de base de qualité, Une allocation équitable des ressources entre villes et campagnes et entre les régions du pays 2(*).

Cette interpellation a suscité l'action de recherche en sciences sociales et humaines, car ces idéaux intéressent l'Homme et la société. D'une part, l'unité nationale, au-delà d'être une construction qui fait appel à la participation de tous, implique un processus de mise en commun des différentes composantes de la société : Régions, ethnies, cultures, générations, sexe, classes sociales, civiles et militaires, corporations, opinions, religions, entre autres. D'autrepart, la démocratie tire son essence de la liberté, de l'égalité et de la souveraineté du peuple camerounais. Ainsi, comme l'a reconnu la stratégie gouvernementale de développement, le premier des enjeux dans la ligne de mire de l'émergence est celui de la consolidation du processus démocratique et du renforcement de l'unité nationale.

Le défi majeur ici est la réduction de l'hétérogénéité, des forces centrifuges et des velléités de replis identitaires. Le relèvement de ce défi apparait logiquement comme le maillon fondamental dans la consolidation de l'intégration nationale, de la paix, de la justice, de la cohésion sociale, de la démocratie, bref, du vivre ensemble. Ce que nous essayons de montrer à travers ce contexte est la poursuite des études sur la cohésion sociale, sur l'unité ethnique et tribale des peuples et sur le vivre ensemble au Cameroun. Toute une structure a d'ailleurs été mise sur pied par le système en place dans l'optique d'implémenter ce vivre ensemble. Il s'agit notamment de la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme. Ladite commission oeuvre, nous l'avons dit, pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme au Cameroun dans l'optique de maintenir la paix, de consolider l'unité nationale du pays et de renforcer la volonté et la pratique quotidienne du vivre ensemble de ses populations.

De plus, la réorganisation gouvernementale du 09 décembre 2001 a vu la création du Ministère de la jeunesse et de l'éducation civique, dont la mission principale est l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique du gouvernement dans le domaine de la jeunesse, de l'éducation civique et de la promotion de l'intégration nationale. L'éducation civique, tout comme l'intégration nationale constituent les fondamentaux de tout développement durable. Une république exemplaire passe par l'assimilation, par tous les camerounais, des principes et valeurs que sont entre autres l'amour de la patrie, la paix, la solidarité, le travail, l'honnêteté, le respect, la tolérance, l'intégrité. L'unité dans la diversité fait allusion au respect des différences et des identités, au respect des valeurs, au vivre ensemble harmonieux, bref, à l'intégration nationale. Le vivre ensemble est la manifestation d'une vie d'ensembleconforme au devoir et à la conscience morale. Il est également compris comme la manifestation qui s'exprime dans les rapports interindividuels et les agissements des personnes. À l'issue du colloque international sur l'éducation civique et l'intégration nationale tenu à Yaoundé du 08 au 10 juillet 2013 sur le thème « Éducation civique et intégration nationale, enjeux, défis et perspectives pour la construction d'une république exemplaire »3(*), des recommandations ont été formulées parmi lesquelles l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes sectoriels d'éducation civique et une stratégie camerounaise d'intégration nationale.

En substance, l'intégration nationale vise à former des citoyens enracinés dans leur culture, respectueux de l'intérêt général, du bien commun, de l'éthique et des valeurs démocratiques, soucieux du vivre ensemble harmonieux et ouverts au monde4(*).

Cependant, l'observation faite dans le paysage politique actuel au Cameroun est qu'il y a une certaine partition de la vie politique en ethnies et une certaine adhésion à un parti politique suivant l'ethnie du parti créé. L'on note un affrontement réel entre les différents partis dans la conquête et la conservation du pouvoir politique, et ce à tous les prix.

H-L MENTHONG5(*) disait que « la concurrence entre partis politiques lors des compétitions électorales est perçue comme étant une concurrence entre les différentes communautés camerounaises dans la recherche de l'hégémonie ». Les partis, lors de chaque consultation électorale, cherchent à conserver leurs fiefs électoraux tout en essayant d'étendre leur influence dans les zones où celle-ci est faible. On peut donc parler d'une ethnicisation des partis politiques au Cameroun en ce sens que l'adhésion à un parti politique se voit influencée par l'ethnie d'appartenance. Autrement dit, l'adhésion à un parti dans une certaine mesure se fait sans tenir compte de l'idéologie et du programme politique du parti. Au contraire, le facteur ethnique et tribal devient pesant dans le choix d'un parti politique.

De plus en plus, la notion de fiefapparait avec insistance sur la scène politique camerounaise, renvoyant un parti politique à une ethnie et une Région du pays en particulier.D'ailleurs, H-LMENTHONG6(*)parlait déjà de fief électoral dans ses travaux sur le double scrutin municipal et législatif de 1996. Même si le contexte est bien différent de celui d'aujourd'hui, même si l'applicabilité de ses recherches au contexte actuel est questionnable, la logique actuelle ne s'écarte pas significativement des conclusions qu'elle émet. C'est ainsi qu'au Cameroun quand on parle du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais(RDPC), l'on voit directement son fief qu'est le Sud, pareil pour le Social Democratic Front(SDF) qui renvoie au Nord-Ouest, l'Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès(UNDP) qui renvoie au Nord, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun(MRC) qui renvoie à la région de l'Ouest, l'Union des Populations du Cameroun(UPC) qui renvoie au Littoral.

Cette configuration ethnique voire régionale des partis politiques au Cameroun nous donne à croire que tout avait été prévu à l'avance, à savoir que la plupart des ethnies que compte le Cameroun soient représentées sur la scène politique par un parti politique ; mais aussi et surtout, elle renseigne sur le caractère instable des comportements et attitudes politiques des acteurs. L'actualité témoigne en notre faveur en ce sens où le Cameroun sort fraîchement d'une période électorale pendant laquelle le fief électoral s'est avéré être une véritable réalité sur la scène politique Camerounaise.

Étant donné que les minorités ethniques sont une évidence au Cameroun, MPAGE7(*) affirme :

La gestion démocratique du pluralisme doit viser toujours à atteindre le plus large consensus possible, ce qui signifie que l'adhésion des minorités est partie de ce consensus. À cette condition, on peut être assuré que la place faite aux différences dans le fonctionnement des institutions sera aussi grande que le maintien de la cohésion sociale le rend possible. 

Dans une société multiculturelle, la problématique de la cohabitation et de l'intégration de différents segments sociologiques est un défi quotidien pour les gestionnaires de la cité. Il semble dès lors que la prise en compte des composantes ethniques, linguistiques, religieuses, politiques et économiques qui constituent la société dans son ensemble représenterait en atout. ALAWADIZelao8(*) disait que «sur le chemin de construction nationale, il n'y a plus de Bamiléké, de Béti, de Kirdi, d'Anglo-bami, de bassa.... Désormais il n'y a que des Camerounais tout court... Ainsi, les particularismes socioculturels sont appelés à disparaître pour faire place à la conscience nationale ».

2. Problème de recherche

Le vivre ensemble se trouve au jour le jour questionné au vue de l'actualité camerounaise. La situation actuelle révèle que dans certaines Régions du pays,il se vit des tensions d'ordre ethnique, tribal, linguistique (en l'occurrence la crise dite anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest) qui favorisent le repli identitaire des uns et des autres. Dans ces conditions, les individus, loin de rechercher l'entente avec leurs compatriotes, entrent plutôt dans une sorte de compétition, d'affrontement (physique, verbal) pour la satisfaction de leurs besoins et pour une meilleure visibilité.

Tout à côté de cette crise anglophone, nous notons la naissance sur le champ politique de deux notions à savoir : « Tontinards » et « Sardinards », notions nourries lors de la récente échéance électorale d'octobre 2018. Ces notions utilisées pour catégoriser les peuples ont et continuent de susciter beaucoup de polémiques sur les réseaux sociaux. Bien que la période électorale soit passée, ces notions ont laissé des stigmates et des séquelles dans la cohabitation mutuelle au Cameroun, notamment entre l'ethnie béti et celle bamiléké. C'est entre autre l'une des tensions qui créent une véritable barrière (psychique et ontologique) à l'unité sociale du pays car à y voir de près, ces notions de « Tontinards » et « Sardinards » n'ont pas systématiquement disparu du champ politique et de la conscience collective. Bien que se côtoyant et communiquant mutuellement, il y'a comme une cassure, une barrière psychique réelle dans le processus d'interaction des populations ; ces notions influent encore de manière subtile sur les uns et les autres. Cependant, le constat fait est celui selon lequel la vie politique est traversée par une réalité ethnique. L'ethnicisation des partis politiques au Cameroun est une réalité et elle a fait paraitre sur la scène politique la notion de Fief électoral. Ceci implique que chaque parti politique aurait un terroir acquis à sa cause.

Également, les notions de « Tontinards » et de « Sardinards » évoquées plus haut témoignentdes mécanismes non réglementaires d'acquisition des suffrageset de la séparation des partis politiques en ethnie.L'actualité montre que, sont qualifiés de « Tontinards » ceux qui appartiennent au parti MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun) et de « Sardinards » ceux qui militent pour le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais). Pour être plus clair et précis, « Tontinards » renvoie aux Bamilékés puisque ce peuple est reconnu pour la pratique de tontine; et « Sardinards » fait référence aux bétis, car le parti auquel est collée cette étiquette est dirigé par un fils béti. Cette nouvelle dichotomie de la scène politique camerounaise, dans un sens plus large, peut être un élément de compréhension des attitudes radicalistes des uns et des autres. Dans des jeux de mots, principalement sur la toile, chacun défend sa position ; il y a comme une sorte de repli identitaire qui anime les uns et les autres.

Cette partition des partis politiques en ethnie amène à se questionner sur le but escompté par les acteurs du champ politique camerounais. D'un point de vue réaliste, la remarque est qu'il y'a comme un paradoxe implicite ou explicite qui se crée au sein du champ politique contemporain. Il ne se perçoit pratiquement pas d'adéquation entre la situation escomptée qu'est la quête d'un vivre ensemble et les pratiques quotidiennes ; elles naviguent à contre-courant de cette fin. Cette configuration ethnique des partis politiques au Cameroun est comme une épine dans la chaussure etpourrait empêcher toute possibilité d'un vivre ensemble. Ce dernier est mis en péril au nom de l'acquisition des suffrages, et des querelles politiques comme cela a été le cas lors du récent scrutin électoral. Avant, pendant et au lendemain d'un tel spectacle électoral, les militants des partis en arrivent à créer des barrièresontologiques et psychiques avec l'autre. Les agitations des réseaux sociaux sont une preuve démontrant une incapacité de vivre avec l'autre quoiqu'appartenant à la même nation. L'on en arrive à penser que si ces agitations et ces échanges n'étaient pas que fictifs, virtuels mais aussi corporels et physiques, l'on assisterait à des dommages graves pouvant conduire à la limite aux effusions de sang, à un génocide entre acteurs. Les périodes électorales deviennent donc des périodes où l'on note un affrontement identitaire réel. La période électorale rime le plus souvent avec violences interethniques. Loin d'être un moment de confrontations politique et idéologique, elle est un temps de réactivation des conflits identitaires et de construction d'une identité nationale plurielle où les clivages communautaires resurgissent avec acuité dans l'espace public.

3. Problématique

Un certain nombre de questionnements sont suscités dans ce mémoire,questionnement qui d'avantage nourrit le désir et la curiosité d'investiguer sur cette thématique. Dans cette partie donc, il est question de présenter les différentes questions de recherche, hypothèses de recherche et objectifs de recherche qui orienteront notre travail.

3.1. Questions de recherche

Le contexte qui environne notre étude, le problème qu'il soulève suscite un certain nombre de questions qui peuvent être déclinées en une question principale et trois questions secondaires.

3.1.1.Question principale de recherche

La question principale retenue dans ce travail est la suivante :

En quoi l'ethnicisation politique contribue-t-elle à la détermination des attitudes et comportements politiquesdes populations de l'Arrondissement de Dschang ?

3.1.2 Questions secondaires de recherche

Elles se déclinent en trois à savoir :

- Quelles sont les motivations de l'ethnicisation politiquechez les populations dans l'Arrondissement de Dschang ?

- Comment l'ethnicisation politique influence-t-elle la participation politique des populations dans l'Arrondissement de Dschang ?

- Quelle est l'influence de l'ethnicisation politique sur le « vivre ensemble » à Dschang ?

3.2 Hypothèses de recherche

Les questions formulées ci-dessus nous ont permis de formuler une hypothèse principale et trois hypothèses secondaires.

3.2.1 Hypothèse principale de recherche

Dans l'Arrondissement de Dschang, l'ethnicisationpolitique contribue à accorder une certaine primauté à l'ethnie et au groupe identitaire dans les tractations et les transactions politiques et met en avant le facteur ethnique dans l'exercice du jeu politique local.

3.2.2 Hypothèses secondaires de recherche

De cette hypothèse principale, découlent les hypothèses spécifiques suivantes.

- Les motivations de l'ethnicisation politique dans l'Arrondissement de Dschang sont entre autres la volonté d'acquérir les faveurs de la population et ses suffrages à l'occasion des échéances électorales.

- L'ethnicisation politique influence la participation politique des populations à Dschang à travers les choix opérés par ces derniers lors des périodes électorales.

- L'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang est la création des clivages, des discriminations et repli identitaire.

3.3 Objectifs de recherche

Nous avons dans le cadre de ce travail un objectif principal et trois objectifs secondaires.

3.3.1 Objectif principal de recherche

Montrer en quoi l'ethnicisation politique contribue à la détermination des attitudes et comportements politiques des populations de l'arrondissement de Dschang.

3.3.2 Objectifs secondaires de recherche

- Identifierles motivations de l'ethnicisationpolitique dans la ville de Dschang.

- Cerner l'influence de l'ethnicisation politique sur la participation politique des populations à Dschang.

- Appréhender l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang.

4. Cadre théorique

Le cadre théorique de ce travail regroupe entre autre une revue de la littérature pour s'imprégner des écrits déjà effectués sur la question qui nous préoccupe et les théories mobilisées pour ce mémoire.

4.1. Revue de littérature

Le thème que nous abordons dans ce travail n'est pas nouveau. En effet, une fouille de la littérature a conduit vers certains auteurs qui ont parlé de la question d'ethnicisation, de l'ethnie, du tribalisme, des clivages ethniques, du vivre ensemble. Bref plusieurs auteurs se sont succédés sur la question qui nous occupe dans ce travail en abordant un aspect de celle-ci.

4.1.1 L'ethnicisation politique

Dansses recherches, N MAYER9(*)analyse les modèles explicatifs du vote. Elle entrevoyait déjà une certaine ethnicisation de la politique en ce sens où le groupe ethnique d'appartenance influe sur la décision politique des uns et des autres. Qui vote pour qui et pourquoi ? qu'est-ce qui explique le choix électoral des uns et des autres ? Telles sont les questions auxquelles, avec la collaboration d'autres experts, elle tente d'apporter des esquisses de réponses. En ce qui concerne les modèles explicatifs du vote elle nous fait remarquer l'existence du modèle psychologique ou déterministe du vote. Bref, il y'a un déterminisme social et culturel qui influence le comportement électoral ; la société, la famille, le parti politique déterminent le choix électoral des citoyens ; Le choix est moins réfléchi, raisonné que déterminé par ces facteurs.Malgré le fait que cet ouvrage soit centré sur les sociétés non africaines, il est révélateur et est source d'enrichissement pour notre thème. Nousnous inspirerons des travaux de ce livre pour creuser d'avantage notre sujet. Un exercice de réadaptation s'avère donc important dans ce cas.

H-LMENTHONG10(*)dans son travail de recherche ne s'éloigne pas tellement du travail de N MAYER, elle s'inscrit dans sa continuité car elle nous présente le milieu politique comme étant sous l'emprise du pouvoir ethnique au point d'en avoir une répercussion sur le choix des citoyens lors des périodes électorales. Elle dévoile le déterminant important du comportement politique qu'est le vote, fortement dominé par l'appartenance ethnique.

L'idée principale de H-LMENTHONGici est celle selon laquelle le vote au Cameroun, comportement politique et moyen par lequel les représentants du peuple sont choisis, est influencé par les groupes d'appartenances ethno-régionales et linguistiques. L'ethnie est instrumentalisée à des fins de calcul politique en vue de l'occupation des positions de pouvoir dans l'ordre dirigeant. Les élections constituent donc un excellent cadre d'analyse de l'interaction entre les partis politiques et les communautés ethno-régionales. Le choix des citoyens ne repose des lors pas forcement sur les programmes politiques des acteurs en compétition mais sur les avantages que la conquête d'une position de pouvoir ou l'exercice d'un rôle d'autorité par un membre de leur communauté d'appartenance peuvent leur apporter en termes de gains, d'avantages politiques, matériels et symboliques et la place que ladite communauté occupera.

Par rapport à ce qui a été soulevé, nous pouvons dire que H-L MENTHONGaborde un aspect de la question qui retient notre attention dans ce travail à savoir que la vie politique est ethnicisée et se transparait dans les choix électoraux opérés par les électeurs. Cependant, l'auteur semble réduire le comportement politique au vote uniquement or il existe bien d'autres déterminants du comportement politique tout aussi important qui nécessitent d'être relevés. Le vote n'est qu'une forme de comportement politique conventionnel. À côté du vote nous avons des formes non-conventionnelles du comportement politique comme : les manifestations de rue, le terrorisme, et la guerre. De plus, l'influence de groupe d'appartenance ne s'exerce pas uniquement sur le vote. Comme l'a ditP ABOUNA11(*), même dans l'occupation de l'espace ainsi que l'appartenance religieuse, l'ethnie joue un grand rôle qui n'est pas à négliger. S'inspirant donc du travail de cet auteur, nous nous proposons dans notre recherche d'analyser une autre forme d'influence de l'ethnicisation politique sur le comportement politique des camerounais.

P ABOUNA 12(*), dans le chapitre quatre de son ouvrage,nous montre à son tourà partir de l'exemple du Cameroun comment l'ethnie fonde, plus que toute autre chose, la conduite humaine dans l'appartenance politique et le choix des représentants du peuple en contexte multi partisan.Inspiré de H-L MENTHONG, il ditqu'il y'a une configuration ethnique des partis politiques en ce sens que pratiquement tout parti politique soit parti d'une ethnie ou d'une région. La conséquence donc de cette ethnicisation des partis politiques est l'ethnicisation des revendications politiques. De manière plus explicite, l'auteur tout au long de son travail démontre le pouvoir irréfutable de l'ethnie ; ce que l'ethnie est capable de faire et de faire faire aux hommes et aux institutions. Son idée est celle selon laquelle l'ethnie détient un pouvoir coercitif qui est jusqu'ici ignoré, c'est-à-dire, ce qui est en elle ordonne, impose ou dicte aux hommes de faire telle ou telle chose, de poser tel ou tel acte. La vie politique est ethnicisée nous ledit l'auteur de par la configuration ethnique des partis politiques.

L'auteur est innovateur dans son travail car il fait ressortir l'aspect coercitif de l'ethnie à divers niveaux de la vie politique ainsi que les formes d'ethnicisation au Cameroun.Aveclui nous sommes d'avis sur le fait que le milieu politique a été et est influencé par des logiques ethniques. Cependant, notre projet de recherche va au-delà de ça car en plus de vouloir montrer que l'ethnie détient un pouvoir coercitif qui touche la quasi-totalité de la vie en société, chose déjà approuvée et évidente, nous cherchons ses influences sur le comportement politique des camerounais.De manière plus claire nous recherchons l'influence que la récupération d'un parti politique par les membres d'une même ethnie peut avoir sur la cohésion sociale au Cameroun.De plus, le contexte de cette recherche est bien différent de celui pendant lequel l'auteurmenait ses travaux. Le climat actuel du pays est propice à notre étude car il révèle un champ politique fortement ethnicisé. De plus, le Cameroun sort fraîchement d'une élection présidentielle qui nous a fourni assez d'éléments nouveaux et pertinents pour étayer notre travail.

Un travail plus récent sur la question d'ethnicisation du champ politique est celui de V NGOUYAMSA et T FOBASSOGUEDJO 13(*). Se basant sur des faits plus proches et récents à savoir l'échéance électorale du 7 octobre 2018, ils essayent de comprendre l'élection au Cameroun. Est-ce un moment de liberté d'expression ou de revendications politiques ? Telle est la question qui sous-tend leur recherche. Sans s'écarter des auteurs précédemment évoqués, ils aboutissent à la conclusion que le champ politique est ethnicisé car malgré le contexte d'intégration nationale, l'ethnicité constitue encore un levier sur lequel les acteursdu champ politique s'appuient pour animer le champ de compétition électoral et construire une dynamique de mobilisation et d'affrontement.

4.1.2 Réalité de la différence entre les sociétés et les Hommes

MWEIVIORKA14(*), montre que l'expérience de la différence et celle de l'altérité se sont accompagnées, depuis longtemps des tensions et des violences. Les sociétés sont marquées par une différence de culture, de personnalité, de tradition, de pratique ; Ce qui entraîne ou alors peut entraîner ce que SHUNTINGTON appelle « le choc des civilisations »15(*). Chacun de nous venons de quelque part (campagnes, villages...etc.), nous appartenons à une société particulière (occidentale, Africaine...etc.), bref nous avons été forgés d'une certaine façon et une personnalité de base16(*) nous a été donnée. Si la différence culturelle est devenu préoccupante c'est pour la raison qu'elle est fondatrice de tensions, de conflits, de violences et d'antagonismes qui mobilisent toutessortes d'acteurs au coeur de nos sociétés et qui questionnent notre capacité à vivre ensemble17(*). La connaissance que nous propose ce travail nous renseigne sur les différences qui existent dans nos sociétés, chose qui nous sera utile dans l'élaboration de notre mémoire. De plus, à partir de cet ouvrage, nous allons à travers un effort d'appropriation adapter la notion de différence à notre thème.

Allant dans le même sens, R GMÜNDER et J-B KENMOGNE18(*), montreront à leur tour que la différence est présente c'est ainsi qu'on pourrait parler de différence tribale, ethnique. Ils traitent de la question du tribalisme et des moyens les plus efficaces pour bannir cette pratique, du moins, pour limiter ses actions néfastes.

D'entrée de jeu, les auteurs nous dresse une liste de conflits et d'affrontements d'ordre ethniques et tribales, pour ainsi montrer à quel point ces phénomènes sont présents à tous les niveaux de la vie (politique, religieuse, sociale) et constituent une réelle problématique. Ils montrent aussi que le tribalisme est en nous et se manifeste par les stéréotypes et préjugés, la généralisation, les boucs émissaires, et le sentiment de persécution. En ce qui concerne le contexte environnant, pour comprendre vraiment le tribalisme, il faut aussi se pencher sur les structures sociales. Le tribalisme selon cet ouvrage revêt plusieurs formes concrètes. C'est ainsi que dans la famille, à l'école, dans l'administration, dans la recherche d'un emploi, dans la culture, dans le sport, les migrations et l'accès à la terre, dans la constitution, dans les partis politiques, le tribalisme est présent. À l'épilogue de leur travail, R GMÜNDERetJ-BKENMOGNE proposent des pistes d'action dans l'optique de combattre et de vaincre le tribalisme. Deux principes sont à retenir dans cette lutte : toujours commencer la lutte par soi-même, commencer la lutte par sa propre tribu ; combattre le tribalisme partout et toujours c'est-à-dire non seulement lorsqu'on est perdant et que l'on est victime mais également lorsqu'on est gagnant, lorsqu'on profite d'une injustice. C'est ainsi que le tribalisme doit être combattu à l'école, dans les universités, dans l'administration, dans les médias, dans la loi, dans l'église, dans la société en général.

Nous retenons une chose en particulier dans cet article, que les partis politiques sonttribalistes et ethniques en ce sens que certains partis politiques sont calqués sur une tribu, mieux, sur une ethnie particulière. Notons tout de même que ce travail a été fait avec la collaboration d'un pasteur et par conséquent, il émet un jugement de valeur en se positionnant par rapport à la réalité étudiée. Il juge le tribalisme comme mauvais et néfaste pour la société ; leur recherche est à tendance éthique et moralisante. Nous en tant qu'étudiant en sociologie, nous nous donnons comme mission d'observer et de comprendre sans jugement, l'influence du tribalisme, de l'ethnicisation politique sur le comportement politique, sur la cohésion sociale au Cameroun. La prédiction ou encore la prise de position ne relève guère de la sociologie. Le contexte social actuel nous donne d'amples informations sur les questions de tribalisme, d'ethnicité. C'est donc notre projet, de se baser sur le faits actualisés et nouveaux pour comprendre et expliquer ces phénomènes. Dans ce sens, nous nous inscrivons dans une logique de dépassement de ce qui a été dit et fait.

J LONSDALE19(*) apporte sa contribution à la compréhension de la différence car les uns et les autres étant différents, il faut faire un dépassement dans la compréhension des langages de la société en Afrique. Il faut construire une analyse du politique par le bas20(*), c'est-à-dire de décoder les langages de la société civile en Afrique non plus seulement à travers ses expressions religieuses ou institutionnelles, mais aussi et surtout à partir des groupes ethniques ou autres qui en seraientson point faible. L'ethnie fait partir de la structure des sociétés africaines. L'appartenance ethnique est un fait social universel : tout être humain crée sa culture à l'intérieur d'une communauté qui se définit par opposition aux autres.

Imaginer une nouvelle « tribu » peut-être le meilleur moyen de s'ouvrir à l'extérieur, d'embrasser le progrès social. Si certains aspects de l'ethnicitéprésententeffectivement un pesant héritage de tradition,sa manifestation est chaque jour réinventée pour satisfaire à de nouveaux besoins. L'identité culturelle est ce que les gens « en font plutôt que le résultat d'une fatalité historique ». L'auteur entend par « ethnicité morale » l'aune controversée de vertu civique à laquelle chacun mesure l'estime qu'il a de lui-même21(*). Elle est bien différente de l'absence de principes qui président au « tribalisme politique » dont les groupes se servent dans la lutte pour les ressources politiques. Il n'existe pas nécessairement de connexion entre l'ethnicité morale et le tribalisme politique. Chaque groupe possède un éventail de traditions renouvelables qui codifient la manière de traiter honorablement avec un étranger.

Dans cet article, l'auteur montre le pesant ethnique dans le codage des langages de la société,chose que nous attestons. Dans notre projet de recherche nous allons nous appropriés de ce qu'a dit J LONSDALEpour appréhender le phénomène d'ethnicisation politique. En plus de montrer que l'ethnie est présente dans nos sociétés, nous voulons montrer que le milieu politique est ethnicisé et savoir si une cohésion sociale est possible dans ces conditions. C'est en cela que nous nous démarquons dans ce travail de ce qui a été dit par J LONSDALE au sujet de l'ethnie et de l'ethnicité.

C HALPERN et J-C RUANO-BORBALAN22(*) traiteront de la question identitaire humaine et donneront des réponses à un certain nombre de questions ; entre autres, ils tentent de comprendre comment se construit l'identité individuelle ; comment se fait l'intégration des individus au sein d'un groupe, d'une communauté ou d'une société ; comment analyser les conflits ethniques et religieux ; si la mondialisation mène à l'unification des cultures. Dans le cadre de notre sujet, nous allons adapter ces questionnements à la société camerounaise pour mesurer l'ampleur de la question identitaire.

D SIMO23(*) quant à luirévèle que l'identité, loin d'être une donnée, est une construction. L'auteur tente, non pas d'inaugurer, mais de soutenir un discours qui a du mal à prendre pied en Afrique. Il essaie de proposer une manière de parler de nos ethnies, une autre manière de les vivre. Il ne s'agit point de nous éloigner de nos cultures ancestrales, mais d'apprendre à mieux les voir, à mieux les étudier, à mieux les admirer, à mieux nous en inspirer. Bref,à nous en approcher non pas avec dévotion, mais avec lucidité, afin qu'elles ne soient pas des prétextes de notre aveuglement et de notre perte mais des éléments de notre salut et de notre survie. Cette démonstration de la construction de l'identité conduit à enrichir cette réflexion, maisne révèle pas l'étendue de la thématique.

4.1.3 Vivre ensemble face aux différences ethniques et identitaires

La réalitéde la différence a pousséATOURAINE 24(*) àse poser une question très pertinente: pourrons-nous vivre ensemble ?

Il est vrai que nous vivons un peu ensemble sur toute la planète, mais tout aussi vrai que partout se renforcent et se multiplient les groupements identitaires, les associations fondées sur une appartenance commune, les sectes, les cultes, les nationalismes ; les sociétés redeviennent des communautés en réunissant étroitement sur le même territoire société, culture et pouvoir sous une autorité religieuse, culturelle, ethnique et politique qu'on pourrait appeler charismatique, puisqu'elle trouve sa légitimité non dans la souveraineté populaire, l'efficacité économique ou même la conquête militaire, mais dans les dieux, les mythes ou les traditions d'un communauté. Lorsque nous sommes ensemble, nous n'avons presque rien en commun, et lorsque nous partageons des croyances et une histoire, nous rejetons ceux qui sont différents de nous. L'auteur dit que nous ne vivons ensemble qu'en perdant notre identité. Comment pourrons-nous vivre ensemble si notre monde est divisé au moins en deux continents, de plus en plus éloignés l'un de l'autre ? se demande A TOURAINE.

À partir des travaux de cet auteur, nous étudions le cas spécifique du Cameroun en réadaptant et en questionnant cette problématique du vivre ensemble par rapport aux populations camerounaises.

Dans le même ordre d'idée, F THUAL25(*) publie aux éditionsMARKETING un ouvrage intitulé « les conflits identitaires » où il montre que la différence crée des conflits identitaires qui ont et qui continuent de marquer l'histoire du monde. Ces conflits sont un véritable frein à une volonté quelconque de cohésion sociale. Un conflit identitaire est un conflit qui touche au fondement des sociétés. Un groupe ethnique ou religieux victime d'injustice, emploiera tous les moyens nécessaires pour rectifier la frontière qui les séparent des autres à travers soit des compromis ou des avantages réciproques. Les conflits identitaires sont des conflits pour la survie du groupe non seulement matérielle, mais avant tout culturelle et psychologique.

Transposé à la société camerounaise, nous pouvons dire qu'il y un réel conflit identitaire et ethnique qui la secoue mais là n'est pas notre préoccupation ici. L'auteur met l'accent sur des conflits dans lesquels l'Afrique et encore moins le Cameroun ne se retrouve impliqué. Cette étude est centrée sur les sociétés camerounaises. Cet ouvrage nous permet d'enrichir les connaissances sur la société camerounaise en matière de conflits identitaires.

P-GPOUGOU26(*) nous renseignera sur l'opérationnalisation de la démocratie tenant en compte l'ethnicité, les identités et la citoyenneté. Ces différences sont évidentes et font désormais partie du registre principal de la construction des sociétés démocratiques. L'Afrique centrale n'a pas été en marge du courant mondiale qui stipule que : le dégel des relations internationales et la démocratisation ont exacerbé les particularismes ethniques, identitaires ou nationalistes. Les poudrières ethno-régionales, le sentiment de marginalisation de certains groupes ethniques, les conflits économiques d'accès à la terre et aux ressources naturelles, y compris l'eau et la forêt, ont conduits à des ajustements politico-administratifs taillant la régulation politique sur des équilibres précaires.

La problématique de l'ethnicité et des identités dévore ainsi toutes les démocraties. Certaines constitutions des États d'Afrique centrale ont consacré, sous diverses forme le droit à la différence, soit par le biais de la reconnaissance de la diversité culturelle et ethnique, soit par les garanties spécifiques octroyées aux groupes minoritaires, sans en apporter les limites concrètes ni le processus d'identification des bénéficiaires. Bref, cet article analyse la problématique de construction des sociétés démocratiques plurielles. Les analyses de cet article sont significatives et représentatives des réalités locales, elles ne sont pas exhaustives ; Elles ne traitent pas de toutes les situations identitaires rencontrées en Afrique centrale. Tout de même, ce travail nous sera utile au fur et à mesure que nous avancerons dans notre projet de recherche.

Toujours dans l'optique de montrer qu'il y'a une réelle différence entre les Hommes et qu'elle a des implications considérables sur nos sociétés, sur le vivre ensemble,E NJOH MOUELLEet T MICHALON27(*)nous fait comprendre que les solidarités ethniques s'avérant, dans les pays d'Afrique plus puissantes que la solidarité nationale, la formule de l'État-nation est privée de son nécessaire substrat et ne peut donner que les piètres résultats aujourd'hui constatés .Les deux auteurs sont habités par une préoccupation très voisine : tandis que E NJOH MOUELLEse demande comment accélérer l'émergence de l'État-nation malgré la prédominance des solidarités ethniques, E MICHALON lui cherche la solution permettant de faire un meilleur usage de la réalité des ethnies afin de fonder des États capables d'assumer la mission essentielle d'un État moderne, à savoir, organiser la vie collective par des règles connues,stables et respectés sur l'ensemble du territoire. C'est l'idée principale développée et exposée par ces auteurs tout au long de leur travail dans ce livre. Les clivages ethniques sont une évidence dans les sociétés africaines et sont en même temps un frein à la construction de l'État nation, à l'harmonie des peuples, d'une solidarité nationale. Ces clivages ethniques se transparaissent même dans le milieu politique. E NJOH MOUELLE nous dit à ce sujet que : « .... Et comme le vote devient tribal dans la plupart des situations, il est clair que ce ne sont pas les programmes d'actions des candidats qui font la différence entre les compétiteurs, mais uniquement leur appartenance tribale.... »28(*) .

Ces travaux dans le présent travail de recherche permettent d'appréhender les clivages ethniques et leurs freins à la constitution de l'État-nation en Afrique. Ainsi, ipso facto, il nous éclair par rapport à notre thème de recherche. Dans ce travail, nous étudions le cas typique du Cameroun, basé sur des faits nouveaux et observables pour comprendre la situation du vivre ensemble, du lien social en relation avec l'ethnicisation politique. Bref, dans leur continuité, nous essayerons davantage dans le contexte politique actuel d'analyser l'influence de l'ethnicisation du champ politique sur la cohésion sociale.

Positionnement

Les travaux jusqu'ici recensés dans le cadre de ce travail révèlent un milieu politique ethnicisé ; une configuration des partis politique qui n'échappe guère à la logique ethnique ; un affrontement entre les ethnies lors des échéances électorales dans l'optique de la conquête et de la conservation du pouvoir politique ; des clivages qui naissent entre les hommes du fait de leur différence ethnique, sociale, tribale et même linguistique. Seulement, il existe un manque à savoir dans la problématique du vivre ensemble dans un contexte marqué par l'ethnicisation politique au Cameroun. Jusqu'ici la question du vivre ensemble par rapport à l'ethnicisation politique a été, il nous semble un peu délaissée et négligée. C'est ce déficit qu'il faut combler par la présente recherche. Car de toute évidence, même si les stratégies d'intégration nationale sontélaborées, même si l'aspiration à une réelle harmonie, une cohésion sociale accapare toutes les couches de la société, le constat général est que plusieurs réalités à savoir l'ethnicisation politique, le repli identitaire, les conflits identitaires,s'intensifient et constituent une véritable épine dans la chaussure du Cameroun sur le chemin vers l'intégration nationale.

4.2 Théories mobilisées

4.2.1 Le fonctionnalisme relativisé de Robert King Merton

R-KMERTON29(*) est un sociologue américain. Son oeuvre réputé est social theory and social structure. Il est généralement présenté comme le fondateur de la sociologie des sciences. Bien que se réclament du courant fonctionnaliste, il reproche à T. Parsons d'avoir surestimer la fonction sociale intégratrice des actions individuelles. Ainsi certaines pratiques religieuses peuvent être sources de conflit et non pas d'intégration. Il faut également nous dit MERTON, abandonner l'idée selon laquelle il est possible de construire une théorie générale en sociologie et réintroduire un dialogue entre la recherche empirique et la recherche théorique.Selon lui, il faut prendre en compte la fonction latente et la fonction manifeste dans la compréhension d'une situation. Il dit d'ailleurs que : « rechercher un changement social sans reconnaitre ouvertement les fonctions manifestes et latentes remplies par l'organisation à transformer, c'est procéder à des rites sociaux plutôt qu'à un social engineering »30(*).Les fonctions manifestes sont des conséquences objectives qui, contribuant à l'ajustement ou à l'adaptation du système, sont comprises et voulues par les participants du système. Les fonctions latentes sont, corrélativement, celles qui ne sont ni comprises, ni voulues.

Les concepts clés de la sociologie fonctionnaliste de MERTON sont ceux du rôle et du statut. Le rôle se rapporte aux différentes missions et taches qu'exerce l'individu ou la société tandis que le statut correspond à la position occupée par l'individu dans le système. Autrement dit, les rôles sont des comportements appris par l'individu sur la base de ses statuts actuels ou futurs. Ils correspondent à une attente sociale à laquelle l'individu se conforme pour valider sa présence dans le statut considéré. On peut avoir, par rapport à un statut plusieurs rôles c'est-à-dire les comportements sociaux plus ou moins attendu.

Ces travaux de MERTON nous permettront dans nos analyses de rechercher, comme nous le recommande l'auteur, les fonctions manifestes et latentes de l'ethnicisation politique dans le système social, mieux dans le champ politique camerounais contemporain.L'objectif visé à travers l'ethnicisation du champ politique peut être attient ; cependant, il n'en demeure pas moins que les effets pervers de cette pratique soient remarqués. Il ne va pas de soi que la pratique politique, sous le prisme de l'ethnicisation, n'ait que d'effets positifs et escomptés (fonctions manifestes). Cette pratique, scannée de plus près peut laisser et laisse des traces indésirables et indélébiles sur son chemin (fonctions latentes). Par la suite il devient difficile de se défaire de ces stigmates qui deviennent problématique. En outre, à traversles fonctions latentes et manifestes nous allons essayer de déceler les rôles des acteurs par rapport à leur statut social.

4.2.2 La notion d'interdépendance chez Norbert Elias

N ELIAS31(*) est surtout connu pour ses travaux de sociologie historique sur « le processus de civilisation » en Occident. La critique de l'opposition classique entre individus et société apparaît comme des fils conducteurs des travaux de cet auteur. Il recommande de ce fait aux chercheurs de sortir de l'opposition entre individu et société et propose alors d'utiliser les armes de l'histoire. Car, pour lui, la représentation d'un moi séparé extérieur à la société, telle que nous la connaissons aujourd'hui n'a pas existé à toutes les époques dans toutes les sociétés. Ainsi, l'individu n'est pas considéré comme une entité extérieure à la société, ni la société considérée comme une entité extérieure aux individus, et donc, la société n'est ni envisagée comme la simple agrégation des unités individuelles (individualisme méthodologique), ni comme un ensemble indépendant des actions individuelles (holisme). L'objet propre de la sociologie pour N ELIAS, ce sont les individus indépendants.

Plus loin, il nous parlera des formes d'interdépendance, marge de liberté et structure de la personnalité. La notion d'interdépendance est donc importante dans le dispositif théorique de N. Elias ou il la compare à un jeu d'échecs : « comme au jeu d'échecs, toute action accomplie dans une relative interdépendance représente un coût sur l'échiquier social, qui déclenche un faiblement en contre cout d'un autre individu... limitant la liberté d'action du premier joueur ». La société est donc envisagée comme le tissu mouvant et changeant des multiples interdépendances réciproques qui lient les individus les uns avec les autres. Mais le tissu social est traversé par de nombreuses formes d'interrelations qui s'entrecroisent.

L'application de cette théorie dans notre travail consistera à souligner l'interdépendance existante entre les deux concepts étudiés à savoir : l'ethnicisation politique et vivre ensemble. En effet ces concepts ne doivent pas être vu comme deux réalités séparées, opposées et indépendantes mais plutôt comme liées pour ainsi cerner les contours. En soi, l'un implique l'autre dans la structuration et le fonctionnement du système social. De même, les faits liés au phénomène d'ethnicisation du champ politique ; les implications y afférées doivent être prises et analysées comme un tout lié par des indépendances réciproques. De plus, Les acteurs du champ politique camerounais en général et à Dschang en particulier sont dans un jeu d'interdépendance (à l'exemple d'un jeu d'échecs où deux ou plusieurs joueurs rivalisent d'adresse) au cours duquel chacun joue ses cartes et les bonnes cartes dans l'optique de tirer son épingle du jeu, tout en limitant la possibilité de l'autre joueur d'avancer.

4.3 Définition des concepts

D'entrée de jeu, il serait intéressant de clarifier certains concepts qui paraissent déterminants pour la compréhension de la suite de notre travail car comme le disait E DURKHEIM32(*)

Les mots de la langue usuelle, comme les concepts qui les expriment, sont toujours ambigus et le savant qui les emploierait tels qu'il les reçoit de l'usage et sans leur faire subir d'autres élaborations s'exposerait aux plus graves confusions. Non seulement la compréhension en est si peu circonscrite qu'elle varie d'un cas à l'autre suivant les besoins du discours, mais encore, comme la classification dont ils sont le produit ne procède pas d'une analyse méthodique, mais ne fait que traduire les impressions confuses de la foule [...]

La définition des concepts est une étape essentielle dans la compréhension d'un thème d'étude en science sociale. Le chercheur doit définir ou expliquer les principaux concepts qu'il étudie, afin de lever toute équivoque dans la compréhension. Ainsi, il est donc important pour nous dans ce mémoire de définir les concepts d'ethnicisationpolitique et de vivre ensemble.

- Ethnicisation politique

L'ethnicisation est la tendance ou le fait d'ethniciser, c'est-à-dire de définir quelque chose d'un point de vue ethnique, à tort ou à raison. Il peut également être définit comme le fait d'attribuer un caractère ethnique à un phénomène. L'historien G NOIRIEL33(*), dans son livre intitulé immigration, antisémitisme et racisme en France, parle de l'ethnicisation en décrivant durant tous un chapitre intitulé l'ethnicisation du discours sur l'immigration, le cheminement historique qui a abouti à tenter d'expliquer les problèmes sociaux par l'origine des personnes. Ainsi, l'on distingue plusieurs formes d'ethnicisation parmi lesquelles on peut citer l'ethnicisassions religieuse, l'ethnicisation médiatique, l'ethnicisation des violences, l'ethnicisation des organes de presse et l'ethnicisation politique. C'est cette dernière qui nous intéresse et que nous sommes appelés à définir.

X ALBO 34(*) dans ses études sur les indiens Aymaras de Bolivie, nous dit que l'ethnicisation de la vie politique apparait lorsqu'un peuple (à l'exemple des Aymaras) commence à s'organiser et fonder des partis politiques afin de défendre leurs droits.C'est également Lorsqu'il se positionne comme peuple, comme ethnie et va alors se différencier de l'autre partie de la population, en créant leur propre groupe porté par des revendications d'ordre ethnique.

Dans la même perspective, J-P LAVAUD35(*) en étudiant la Bolivie nous révèle qu'il y'a ethnicisation de la politique quand on assiste ou alors quand on est confronté à la monté d'entités locales qui essayent de s'imposer par la force ; c'est lorsque différents groupes ethniques vont se former et s'organiser en entitélocale qui vont essayer de se faire entendre par le force. Les distinctions, les séparations, les divisions sociales au nom de l'ethnie étant ainsi instaurées et légitimées au nom de la justice, la paix qui se dessine dès lors n'est pas celle du savoir vivre ensemble avec les différences et les conflits nés de ces différences, mais celle de la cohabitation des groupes autoproclamés différents, par murs symbolique interposés.

Dans le cadre de notre travail, nous appréhendons le concept d'ethnicisation politique comme le fait d'instrumentaliser l'ethnie à des fins purement égoïstes et égocentriques dans la sphère politique ; de donner une coloration ethnique aux faits et actions politiques ; le procédé par lequel les acteurs politiques parviennent à obtenir des suffrages dans leur lutte, leur course pour l'acquisition et la conservation du pouvoir politique. Il est important de noter que l'ethnie sur la scène politique en soi ne fait pas problèmemais ce sont les usages qui en sont fait qui donnent lieu de se questionner.

Tableau 1: Construction du concept d'ethnicisation politique

Dimensions

Composantes

Indicateurs

Au niveau de l'ethnicisation des partis politiques

- Les leaders de ces partis

- Les noms des leadeurs de ces partis

- Le siège ou alors le fief de leur partis

- Les militants de ces partis

- L'origine ethnique de la majorité des personnes issues ces partis

- Leur choix lors des échéances électorales

- Naissance et émergence des notions de Tontinard et Sardinards

Source : enquête documentaire, 2019.

- Vivre ensemble

À l'heure de la mondialisation, à l'heure du multiculturel et des échanges entre les peuples, aborder la question du vivre ensemble est une manière de préserver les États-nations tout en les rendant ouverts.L'origine du concept vient d'une citation de Martin Luther King « nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon, nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ». De même, A TOURAINE 36(*) posait la question « pourrons-nous vivre ensemble, égaux et différents ? ».Nous sommes condamnés à vivre ensemble autant mieux le faire de manière harmonieuse.

Inspiré du dictionnaire Larousse, le Cahier du vivre ensemble de la communauté urbaine de Doualadéfinit ce concept comme étant : « cohabitation harmonieuse entre individus ou entre communauté »37(*). C'est un concept qui exprime les liens pacifiques, de bonnes ententes qu'entretiennent des personnes des peuples ou des ethnies avec d'autres dans leur espace de vie ou leur territoire. Les grands thèmes ou principes du vivre ensemble sont la diversité culturelle, l'inclusion sociale, l'économie sociale et solidaire, les alternatives, l'entrepreneuriat collectif, la valorisation des potentiels endogène. Sans s'écarter systématiquement de la définition du dictionnaire Larousse, le Grand dictionnaire terminologique, office québécoisde la langue française, définit le vivre ensemble comme : « forme de cohésion et de solidarité sociales, de tolérance et de civilité reposant sur des liens qui se déploient sur le plan du vécu et du quotidien entre les individus des différents groupes ou catégories de personnes (âge, sexe, ethnie, etc.) d'une société. » 

Pour A BOIVIN 38(*) c'est un « assentiment partagé à vivre le destin commun au sein de toutes les différences humaines ». Dans une perspective de prolongement, Inspiré d'une phrase de BARTHES R39(*)dans son cours « comment vivre ensemble », 1997, le vivre ensemble est le fait d'accepter et construire une sociabilité sans aliénation de l'autre. Le conseil de l'Europe40(*) quant à lui va plus loin dans l'explication qu'il donne de ce concept. Pour lui, le vivre ensemble présuppose :

- La liberté d'expression et le pluralisme d'opinions ;

- Le respect de la dignité humaine, de la diversité culturelle et des « droits des autres », afin de garantir la tolérance et la compréhension ;

- La participation de tous les citoyens aux affaires publiques, en leur donnant un accès à l'information et aux médias.

C ROUHIER41(*), psychologue à l'école de la paix de Grenoble disait que : « vivre ensemble ne va pas de soi et il faut répéter que cela s'apprend ».Selon elle, on pourrait décliner un certain nombre de définitions de ce vivre ensemble. C'est :

- Promouvoir des valeurs

- Développer la solidarité

- Réorganiser notre vie commune sur terre

- Former à la citoyenneté

- Respecter les cultures, les religions

- Prévenir les conflits

- Renforcer la volonté des individus à être des acteurs

- Apprendre à chacun à reconnaitre en l'autre la même liberté qu'en soi même.

De toutes ces définitions sus évoquées du vivre ensemble, il faut dire qu'elles ont certains points de similitude à savoir que le vivre ensemble implique : l'acceptation de l'autre tel qu'il est, une bonne gérance de la différence de culture et d'ethnie, la cohabitation pacifique de tous les segments (politiques, sociologiques) de la société. S'agissant de ce travail, la distanciation ne sera pas tellement grande entre des définitions précédemment données à ce concept. Nous entrevoyons par vivre ensemble une existence pacifique entre les Hommes malgré les multiples différences auxquelles ils font face (politiques, sociales, culturelles).

Tableau 2: Construction du concept du vivre ensemble

Dimensions

Composantes

Indicateurs

Politique

- En ce qui concerne les Processus démocratiques et de l'opérationnalisation de la justice

- Une justice indépendante et accessible à tous

- Une nation unie solidaire et jouissant d'un environnement de paix et de sécurité

- Une démocratie réelle, forte et juste

- Au niveau des politiques publiques

- Une administration décentralisée et au service du développement

- Une nation favorisant l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, autant que leur égalité professionnelle

Sociale

- Dans le secteur de l'éducation et de l'accès à l'emploi

- Un niveau de chômage et de sous-emploi résiduel

- Une famille stable et harmonieuse

- Un niveau de pauvreté, d'analphabétisme et d'exclusions résiduelles

- Une jeunesse bien forte et exaltant le mérite et l'expertise nationale

- Dans la gestion de la problématique genre

- Un accès à tous aux services sociaux de base de qualité

- Une femme au rôle social renforcé et économiquement autonome

Culturelle

- En ce qui concerne les pratiques culturelles propres à chaque groupe

- Une culture camerounaise affirmée dans son unité plurielle, attrayante et exploitable au plan international

- Une collaboration harmonieuse des différents groupes ethniques

- Un respect de la culture, tradition et coutume des autres

- Au niveau de la cohabitation mutuelle

- Accepter altérité, la différence, l'autre ; concevoir l'autre comme soi-même

Source : enquête documentaire, 2019.

4.4 Intérêt de l'étude

L'intérêt de l'étude sur le vivre ensemble face à une ethnicisation de la politique, se situe à l'échelle bidimensionnelle, à savoir scientifique et opérationnel.

4.4.1 Intérêt scientifique

Le nouveau paysage de la politique africaine multipartiste est fortement influencé par l'instrumentalisation du phénomène ethnique, nous dit P HUGON 42(*). Vue sous cette angle, l'ethnicisation politique est donc une logique sociale qui, traversant la société, doit en traverser l'explication. Sur le plan scientifique, cette étude pourra permettrede mettre en exergue les aspects relatifs à la crise du vivre ensemble de la société camerounaise face à une ethnicisation de la politique, mode de fonctionnement qui perpétue les clivages et la rupture du lien social.

Cette étude pourra potentiellement permettre d'éviter de naturaliser l'ethnicisation politique à Dschang mais de l'inscrire dans une historicité dont la dynamique est porteuse de constructions et de déconstructions, des stratégies et des calculs des acteurs, du poids des structures et des conjonctures ; le projet s'engage dès lors à rompre avec l'évidence qui consisterait à croire que puisque l'appareillagelégislatif visant à implémenter le vivre ensemble existe, l'harmonie existe.

4.4.2 Intérêt opérationnel

Sur le plan opérationnel, cette étude pourra éventuellement inciter les acteurs politiques à reconsidérer leurs actions dans le jeu politique, à abandonner la poursuite d'intérêts égoïstes et egocentriques qui nuisent véritablement à une possibilité de vivre ensemble. De plus, cette recherche pourra être une puce à l'oreille des personnes ou alors des ministères en charge de l'élaboration des politiques d'intégration nationale, afin d'attirer leur attention sur la nécessité d'ajuster les politiques jusqu'ici émises. L'étude interpelle le décideur à comprendre que l'avenir de la nation dépend en partie de la capacité à implémenter, de manière ferme les décisions qui sont prises.

5. méthodologie de recherche

5.1 Techniques de collecte des données et justification de leur choix

5.1.1 Observation directe

D'après R QUIVYet V CAMPENHOUDT43(*), « l'observation directe est celle où le chercheur procède lui-même au recueil des informations, sans s'adresser auxsujetsconcernés. Ellefait directement appel à son sens de l'observation ». C'est donc un moment de curiosité scientifique durant lequel nous allons nous intéresser aux pratiques sociales, aux indépendances qui se développent entre les acteurs sociaux.

Dans le cadre de notre étude, l'observation directe a été faite essentiellement dans les partis politiquesles plus représentés dans la ville de Dschang et dans les rues de ladite ville.En ce qui concerne les partis politiques nous avons observé la structure de ceux-ci, leur fonctionnement. L'observation a également été faite sur le phénomène de distribution des gadgets par les leaders des partis dans l'optique de fidéliser la population.Notons ici que l'observation a étédésengagée.

5.1.2 Les entretiens individuels

Nous avonsutilisé principalement dans cette logique l'entretien sémi-directif ou sémi-dirigé en ce sens « qu'il n'est pas entièrement ouvert, ni canalisé par un grand nombre de questions précises »44(*) et donc laisse plus de liberté à l'enquêté dans son récit. En d'autres termes, il s'agit d'un procédé d'investigation scientifique utilisant un processus de communication verbale pour recueillir des informations sur un sujet précis. Il se caractérise par des questions ouvertes libellées d'avance, suivant un ordre prévu. Les informations recueillies aident à mieux comprendre ou cerner les réponses obtenues. C'est ainsi que l'entretenir a été fait séparément avec les femmes, les hommes, les membres des partis politiques, les leaders politiques, la sociétécivile bref les Hommes politiques. Nous avons procédé à la collecte de données via des enregistrements téléphoniques, des notes écrites, qui ont été exploités plus tard dans l'analyse.

5.1.3 La recherche documentaire

La recherche documentaire, comme son nom l'indique est encore appelée étude des traces, elle consiste en la collecte des données à travers des documents. Pour toute étude scientifique et particulièrement en sciences sociales, la recherche documentaire est une étape primordiale et indispensable c'est d'ailleurs pourquoi R QUIVY et V CAMPENHOUDT45(*)affirment que :

Les lectures préparatoires servent d'abord à s'informer des recherches déjà menées sur le thème du travail et situer les nouvelles contributions envisagées par rapport à elles. Grâce à ces lectures, le chercheur pourra en outre mettre en évidence la perspective qui lui paraît la plus pertinente pour aborder son objetde recherche 

Cette étape exploratoire consiste en la consultation des documents disponibles et relatifs à notre sujet d'étude. Ainsi, nous avons fait nos investigations à labibliothèque de la facultédes lettres et de sciences humaines (FLSH) de l'université de Dschang, à l'Alliance Franco-Camerounaisede Dschang (AFC), à la bibliothèque Action Sociale Africaine (ASA) de Dschang. De plus, nous avons lu quelques ouvrages empruntés et photocopiés, des articles de journaux ou revues. Même internet a été très utile dans ce cadre. Plusieurs ouvrages traitent de façon générale ce thème. Il s'agit des ouvrages abordant des concepts comme l'ethnie, l'ethnicisation, l'ethnicisation politique, les partis politiques, les crises sociopolitiques en Afrique, les clivages ethniques et biens d'autres. Bien, que les études sur ces thèmes n'abordent et n'abondent pas pour le vivre ensemble face à l'ethnicisation politique à Dschang, nous avons pu néanmoins faire un rapprochement, tant ces phénomènes sont identiques pour le Cameroun et l'Afrique. Cette recherche documentaire a permis de nous familiariser avec les réalités, les notionsspécifiques et d'établir la revue de littérature. Elle a permis aussi de reformuler la problématique, les hypothèses et objectifs de la recherche, procédée au choix de l'échantillon, dresser la bibliographie et interpréter les résultats.

Dans le cadre de ce travail, nous avons également consulté les rapports concernant la vision et mission du MINJEC et du MINEPAT relative à l'intégration national et au vivre ensemble, les statistiques des dernières élections. Bref, nous avons consultéles ouvrages, rapports, articles susceptibles de nous procurer d'amples informations sur la question d'ethnicisationpolitique et de vivre ensemble, et dont le corpus documentaire rime avec notre thème.

5.2 Échantillonnage (critères retenus, type d'échantillonnage, taille de l'échantillon, etc.)

5.2.1 Zone d'étude

La zone d'étude retenue pour ce travail est la ville de Dschang car dans cette ville nous disposons de toutes les catégories sociales importantes pourl'étude. En effet la ville de Dschang regroupe des personnes provenant d'horizons diverses, de cultures, d'ethnies différentes ; il y'a donc un brassage de cultures. Cela peut se comprendre à travers le fait qu'elle soit une ville estudiantine.

5.2.2 Types et taille de l'échantillon

Afin de constituerun échantillon, nous avonsprocédé à l'échantillonnage à choix raisonné. Le choix de ce type d'échantillonnage se justifie par le fait qu'il n'existe pas de base de sondage qui puisse être utilisée dans la sélection des enquêtés. Il a été raisonné sur la base de certains critères comme les lieux de rencontre avec les enquêtés et l'âge. Nous avonségalement utilisé l'échantillonnage accidentel. Il s'est agi de sélectionner au hasard des individus dans la ville afin de leur soumettre à un entretien.

Notre échantillon est constitué de 30 personnes dont 20 individusissues de divers partis politiques de l'Arrondissement de Dschang et 10 personnes de la population de Dschang. La justification de l'échantillon réside dans l'incapacité et la difficulté de s'adresser à l'ensemble de la population. La raison du choix porté sur les partis politique réside dans le fait que ce soient eux qui animent la scène politique surtout par leurs confrontations durant les échéances électorales.Les mouvementssociaux, les débats et polémiques suscités par ceux-ci avant, pendant et après le récent scrutin présidentiel du 07 octobre 2018 attire d'avantage notre curiosité.

La précision importante à faire est que l'échantillon a été plus socialement représentatif que statistiquement représentatif car les composantes sociales intéressantes pourl'étude sont représentées dans notre échantillon. Autrement dit, nous avons misé sur l'adéquation de l'échantillon avec les buts et objectifs de la recherche.

Tableau 3 : Taille de l'échantillon

Hommespolitiques

Populations

TOTAL

20

10

30

Source :enquête de terrain, 2019.

5.3 Techniques d'analyse des données

Nous avons utilisé comme technique d'analyse des données la technique qualitative. Les méthodes qualitatives sont des techniques qui permettent d'étudier les phénomènes complexes qui sont difficiles à représenter sous forme d'indicateurs quantifiables. P N'DA46(*) affirme que : « l'approche qualitative vise à donner un sens au phénomène à travers, ou au-delà de l'observation, de la description, de l'interprétation et de l'appréciation du milieu et du phénomène tel qu'il se présente ». Pour étudier des faits particuliers, l'approche qualitative use des techniques appropriées, dont l'observation, l'étude de cas, et les entretiens.

Les données recueillies sur le terrain ont été traitées à l'aide de la technique d'analyse de contenu. Cette analyse est faite à partir des corpus, c'est-à-dire de l'ensemble des données issues des transcriptions des différentes interviews enregistrées et celles issues des prises de notes et de l'observation. Il s'est agi d'analyser les discours, les propos des acteurs à travers nos cadres théoriques.Le procédé a consisté à constituer des tableaux, précédés de quelques discours de terrain qui sont commentés par la suite à l'aide des théories mobilisées et de la revue de littérature. Aussi, nous avons fait ressortir des histogrammes et des figures dans le but de faciliter la compréhension de nos dires par rapport à un élément de notre travail. De manière claire, pour analyser nos informations collectées sur le terrain, nous avons présenté premièrement les données de terrain sur les différentes thématiques de ce mémoire ; deuxièmement, nous avons construit des tableaux de résultats en ressortant les items, verbatims et indices, lesquels indices ont constitué des sous-titrages à commenter ; troisièmement, nous avons interprété et discuté les résultats en nous appuyant sur les théories évoquées et sur la revue de la littérature.

5.4 Conduite du travail de collecte des données

Les informations nécessaires pour cette étude ont été recueillies auprès des populations de l'Arrondissement de Dschang (des deux sexes). La période de collecte des données allait du 16-04-2019 au 14-05-2019. Pendant cette période, nous sortions rencontrer les enquêtes, avec qui nous avions des échanges de 20 minutes minimum à 1 heure maximum.Plus précisément, il s'agissait pour nous dans un premier temps de descendre dans les rues de l'Arrondissement de Dschang pour rencontrer ces populations afin de les interroger. Dans un second temps, nous nous sommes rendus dans les sièges des partis politiques où ils font leurs réunions habituelles, ceux-là qui répondent au profil que nous recherchons.

6. plan d'exposition et difficultés rencontrées

6.1 Plan d'exposition

Ce travail est subdivisé en deux grandes parties, la première comporte deux chapitres, et la deuxième deux également. Soit quatre chapitres au total.

La première partie est titrée « les motivations de l'ethnicisation politique à Dschang » ; dans cette partie, nous dégagerons quelques motivations dans l'ethnicisation politique, qui aboutit à une reconfiguration du jeu politique. Les chapitres qui meublent cette partie sont les suivants :

- Chapitre 1 :ethnicisation politique comme volonté manifeste de contrôle politique

- Chapitre 2 : poids des constructions sociales sur l'ethnicisation politique à Dschang

La deuxième partie quant à elle est intitulée « influence de ethnicisationpolitique sur la participation politique et le vivre ensemble ». Dans cette partie, nous cherchons à comprendre comment l'ethnicisation politique reconfigure le comportement politique des populations d'une part et cerner la problématique du vivre ensemble dans un contexte d'ethnicisation politique d'autre part. L'argumentaire est structuré dans cette partie autour de deux chapitres à savoir :

- Chapitre 3 : participation politique face à l'ethnicisationdu champ politique

- Chapitre 4 : la question du « vivre ensemble » face à l'ethnicisation politique

Tableau 4: Matrice synthétique du projet de recherche

Question de départ: qu'est-ce que l'ethnicisation politique a comme influence sur le vivre ensemble des populations à Dschang ?

Question, hypothèse et objectif principaux

Question principale

Hypothèse principale

Objectif principal

Chapitres

En quoi l'ethnicisation politique contribue-t-elle à la détermination des attitudes et comportements politiques des populations dans l'Arrondissement de Dschang ?

Dans l'Arrondissement de Dschang, l'ethnicisation politique contribue à accorder une certaine primauté à l'ethnie et au groupe identitaire dans les tractations et les transactions politiques et met en avant le facteur ethnique dans l'exercice du jeu politique local.

Montrer en quoi l'ethnicisation politique contribue à la détermination des attitudes et comportements politique des populations dans l'Arrondissement de Dschang.

Chapitre I à IV

Questions, hypothèses et objectifs secondaires

Questions secondaires

Hypothèses secondaires

Objectifs secondaires

Chapitres

Quelles sont les motivations de l'ethnicisation politique chez les populations de l'Arrondissement de Dschang ?

Les motivations de l'ethnicisation politique dans la ville de Dschang sont entre autre la volonté d'acquérir les faveurs de la population et ses suffrages à l'occasion des échéances électorales.

Identifier les motivations de l'ethnicisation politique dans la ville de Dschang.

Chapitre I & II

Comment l'ethnicisation politique influence-t-elle la participation politique des populations dans l'Arrondissement de Dschang ?

L'ethnicisation politique influence la participation politique des populations à Dschang à travers les choix opérés par ces derniers lors des périodes électorales.

Cerner l'influence de l'ethnicisation politique sur la participation politique des populations à Dschang.

Chapitre III

Quelle est l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang ?

L'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang est la création des clivages, des discriminations et repli identitaire.

Appréhender l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang

Chapitres IV

Schéma 1: Schéma d'analyse


L'ethnicisation politique

Motivations effet sur la participation

politique et le vivre ensemble

Contrôle politique construction sociale effet sur la participation effet sur le

politique vivre ensemble

formation d'une base attachement à sa distanciation

communauté choix des

gouvernants rivalités

contrôle de son aire abstraction faite du

sociologique projet politique revendications redistribution

regroupements politiques déséquilibrée des ressources

Célébration des communautaires abstentionnisme

nominations en favoritisme

communauté

fragilisation de l'unité

Festivals et pratiques préjugés ethniques nationale

culturelles désintéressement

Source : enquête de terrain, 2019.

6.2 Difficultés rencontrées

Quelques difficultés peuvent surgir en situation de recherche, difficultés qui, dans les cas extrêmes peuvent empêcher et annuler la recherche. La réalisationde ce mémoire a été notre première expérience de chercheur en sciences sociales et en sociologie en particulier. Ainsi, depuis la phase théorique et conceptuelle jusqu'à l'analyse des données et l'interprétation des résultats, la tâche n'a pas été facile.

La première difficulté dans ce travail est située au niveau de l'accès aux documents. Les bibliothèques que nous avons visitées étaient pour la plupart pauvre en ouvrages et articles traitant de la question qui nous accapare dans ce travail. Pour pallier à cela, nous avons dû emprunter les documents chez des camarades et connaissances. Également, une autre difficulté à laquelle nous avons fait face dans la rédaction de ce mémoire est celle liée au sujet lui-même.Il faut dire que ce sujet est une question sensibledans la mesure où le phénomène est source de méfiance dans la sphère politique. Ainsi, certains membres des partis MRC et RDPC et même certaines personnes de la population n'ont pas souhaité répondre à nos questions en se soumettant à notre guide. Une méfiance et répulsion farouche nous ont été adressées, certains nous considérant comme espion.Malgré ces méfiances les informations ont été recueillies auprès de certaines de ces personnes réticentes grâce à la mise en confiance de l'enquêté et la garanti de garder l'anonymat. Néanmoins, nous avons bénéficié de l'accueil de l'accueil chaleureux de certains membres.

Ce qui peut être considéré comme troisième difficulté est liéeà la question genre et participation politique. Nous avons eu de la peine à trouver des personnes ressources du genre féminin. Celles abordées se montraient très réticentes et manifestaient un désintérêt. Quand bien même certaines acceptaient de se soumettre au guide, il suffisait juste de prononcer le mot « politique » pour que plusieurs désistent. Pour pallier à cela le procédé était le même que pour la difficulté précédente mais malgré cela, plusieurs d'entre elles refusaient toujours decoopérer.

PREMIÈRE PARTIE :LES MOTIVATIONS DE L'ETHNICISATION POLITIQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG

« Tout est politique, et tout s'encadre dans la politique. Le commerce est politique. Même le sport est politique. La politique touche à tout et tout touche à la politique. Dire que l'on ne fait pas de politique, c'est avouer que l'on n'a pas le désir de vivre », estime R UM NYOBÈ 47(*). Pour ainsi dire qu'aucun aspect de la vie sociale n'échappe au regard parfois imposant de la politique. Son omni présence lui donne un pouvoir partout où les hommes se trouvent impliqués. L'ethnicisation du champ politique contemporain fait de plus en plus son apparition dans les débats publics. La question de l'ethnie dans les affaire politique a un certain nombre d'implication et de questionnement qui, transposée sur le champ scientifique peut ou alors constitue un stimulant pour la recherche. Dans cette partie consacrée aux motivations de l'ethnicisation politique dans l'Arrondissement de Dschang, il est question d'avoir une idée sur ce qui constitue la base de ce phénomène, ce qui à partir duquel il prend corps et se développe. Aussi, cette partie à priori voudrait dire que le phénomène d'ethnicisation de la politique ne va pas de soi, on n'en est pas arrivé là de manière hasardeuse. Ceci est le fruit d'une quelconque aspiration ; motivé par certains éléments.Nous ferons l'étalage de quelques-unes des motivations de ce phénomène. En effet, plusieurs raisons motivant ce phénomène ont été avancées par les personnes enquêtées. Ces raisons ont été recueillies et ont pu être rangées en deux grandes principales à savoir : la volonté manifeste de contrôle politique et le poids des constructions sociales.

CHAPITRE 1 : ETHNICISATION POLITIQUE COMME VOLONTÉ MANIFESTE DE CONTRÔLE POLITIQUE

Le phénomène d'ethnicisation du champ politique dans la société contemporaine est une réalité présente qui, à la longue ne laisse personne indifférent. Que ce soit les acteurs ou leaders politiques, membres de la société civile, simple sympathisant ou militant d'un quelconque parti politique, chacun est concerné par ce dernier. Ce chapitre met en exergue l'une des motivations dans l'ethnicisation du champ politique contemporain dénichée sur le terrain au cours de la phase de collecte des données. Il s'agit en l'occurrence de la volonté manifeste de contrôle politique.

Pendant la collecte des données, plusieurs des enquêtés se sont succédés sur cette question liée aux motivations dans l'ethnicisation politique à Dschang, représentant la première partie de notre travail. À l'entame de l'analyse des différents aspects de la question, nous présenterons tout d'abord comme précédemment annoncé à la partie méthodologique, quelques discours de terrain sur la question puis des interprétations et analyses suivront.

QUELQUES DISCOURS SUR LES MOTIVATIONS DE L'ETHNICISATION POLITIQUE A DSCHANG

EN2 : Je pense que c'est juste parce que si un dirigeant d'un parti politique qui et d'une ethnie particulière à cause de ça les membres également de cette ethnie trouvent qu'oh il faut qu'on supporte notre frère. C'est une autre sorte de patriotisme politique il faut supporter ton frère. Ils trouvent également que parce que ton frère est en haut, ils vont également bénéficier de cela.

EN3 : L'ethnicisation politique vient généralement fragiliser l'opinion publique, ça vient détourner l'opinion publique. Déjà les bourreaux ils ont pris le pouvoir et ils utilisent la stratégie « diviser pour mieux régner ». Parce que les gens visent un poste ; ils créent des divisions partout, c'est pour fragiliser le culte de l'intérêt général, c'est pour abroutir le peuple, les maintenir dans le sous-développement afin qu'ils ne s'entendent jamais. Quand on lit le socle le livre de la démocratie, on se rend compte que les objectifs d'un parti politique sont de conquérir le pouvoir et le confisquer (qui déduit tout ce qu'on peut imaginer), lorsqu'on sent qu'un peuple est suffisamment éveillé, on utilise d'autres canaux afin qu'ils soient fragilisés, on les intimide, en les empêchant d'accéder à la lumière que le politicien a eu accès. Aucun parti politique n'a l'intérêt du peuple donc c'est un semblant de démocratie. C'est pour l'aliénation du peuple ; endormir le peuple afin de ne pas compromettre leur enjeu, même entre eux les partis ils sont en conflit, quand on sent que tu veux attirer l'attention du peuple on t'éteint. Ils sont conscients qu'ils gouvernent mal, mail ils veulent à tout prix nous empêcher de voir claire. En fait l'ethnicisation politique est un instrument utilisé par le pouvoir contre le peuple pour préserver ses enjeux. L'enjeu des partis est le même à la seule différence que certains font moins de mal que d'autre, pendant que l'un blesse sans anesthésié, l'autre anesthésie avant de blesser.

EN4 : c'est une arme pour les hommes politique, l'arme des faibles, parce qu'on ne veut pas travailler on compte sur les faveurs de ses frères du village c'est mon frère et je vote pour lui ( intérêt égoïste), les gens vont chez eu pour aller battre campagne, on estime que chacun ne sera mieux écouté que chez lui , c'est une façon de valoriser l'ethnie en matière politique, chacun va aller parler à ses frères, pour les motivation d l'ethnicisation ,on a pas besoin d'argument, ce que je dis n'a plus d'importance, vous n'avez même plus besoin d'un programme politique c'est votre frère quand il va monter il va penser à vous. Au Cameroun les postes sont considérés comme des postes de mangeoire, si c'était pour travailler c'est qu'on ne fête pas quand on vous nomme

EN12 : Parce que le tribalisme est mis en avant, ils savent que c'est leur frère qui est devant et en haut, eux ils vont en bénéficier. Par contre si on prend un qui n'est pas de leur tribu ça ne sera pas en leur faveur, c'est pour flatter la population, en donnant de gadgets à son ethnie et autres pour avoir son vote

EN18 : Ça date de depuis nous remarquons que dans les villes il y'a les associations des ressortissants de tel ou de tel village (association des Bamilékés alors qu'ils vivent à Yaoundé). L'égocentrisme qui anime la plupart des leadeurs politiques, ils pensent à leur intérêt personnel ; il y'a aussi la pauvreté des populations (matérielle et spirituelle) ; le manque de culture politique (la plupart arrive là par opportunisme) ; chacun sachant que son nombril est enterré quelque part a toujours tendance à revenir vers les siens ; on miroite un quelconque bien être du groupe. Surfer sur la fibre ethnique ne peut pas nous propulser au pouvoir parce qu'on a toujours besoin des voix des personnes d'autres groupes ethniques

EN21 : D'abord sur le plan sociologique, le camerounais se retrouve facilement dans sa communauté, il s'y sent à l'aise. Le Cameroun n'a pas encore bâti quelque chose qui est au-dessus de la communauté. Lorsqu'un camerounais va quitter arriver par exemple au Gabon, la première chose qu'il voudra faire c'est de chercher d'abord sa communauté, pour se retrouver dans sa communauté à travers les associations, ce qui fait que sur le plan politique, c'est à peu près la même configuration, les Camerounais ont tendance à se retrouver dans une communauté qui est la leur. Mais de là à parler d'ethnicisation je ne pense que c'est un peu trop fort le dire ainsi, ce serait par exemple dire que toutes les personnes qui ont voté pour le RDPC seraient Bétis parce que l'on sait très bien que sur le plan géographique c'est le grand Nord qui détient l'agenda politique au Cameroun. Mais on a eu pendant les élections des tendances qui se sont récupérés avec les anglo-Bamis. C'est-à-dire que l'essentiel des militants du SDF qui étaient des anglophones et des bami s'est disloqué au profit du MRC, son électorat s'est disloqué. Les bamis pour la plupart se sont retrouvés dans le MRC et là ça revient à ce que je disais que le camerounais aime se sentir dans sa communauté, ils se sont retrouvés dans la communauté, ils ont vu un leader qui pouvait porter leur désirs et là on peut revenir au plan historique car il a été toujours dit que les Bamis ne peuvent pas accéder à la fonction présidentielle, donc cette fois avec le MRC ils se sont dit ah enfin quelqu'un qui pourrait nous sortir de cette image-là, ils se sont donc trouvés adhérant ou militants aux idées du MRC. Il y'a l'intérêt aussi parce que je vote mon frère parce que plus tard il va se souvenir de la communauté, on se sert de la communauté pour accéder à des fonctions politiques. Le leader politique peut se servir de la communauté pour avoir se base pas pour espérer accéder au pouvoir parce que au Cameroun, un bamiléké ne peut pas gagner en ne faisant confiance et en s'appuyant seulement sur ses frères bami encore que tous les bami ne sont pas derrière ce parti bami là.

Ces discours d'enquêtés nous permettent de dresser le tableau suivant :

Tableau5: Analyse synthétique de quelques discours recueillis sur les motivations de l'ethnicisation politique à Dschang

ENQUÊTÉS

SEXE

Items

NOYAU RÉFÉRENT

EN2

M

« Il faut qu'on supporte notre frère. C'est une autre sorte de patriotisme politique il faut supporter ton frère. Parce que ton frère est en haut, ils vont également bénéficier de cela ».

-attachement à sa communauté

-intérêt recherché

EN3

M

« L'ethnicisation politique vient généralement fragiliser l'opinion publique, ça vient détourner l'opinion publique. Déjà les bourreaux ils ont pris le pouvoir et ils utilisent la stratégie diviser pour mieux régner ».

-stratégie de contrôler le peuple

EN4

M

« chacun va aller parler à ses frères, pour les motivations de l'ethnicisation, on n'a pas besoin d'argument, ce que je dis n'a plus d'importance, vous n'avez même plus besoin d'un programme politique c'est votre frère quand il va monter il va penser à vous »

-recherche du soutien des siens

-abstraction faite du programme politique

-intérêt recherché

EN12

F

« Ils savent que c'est leur frère qui est devant et en haut, eux ils vont en bénéficier. Par contre si on prend un qui n'est pas de leur tribu ça ne sera pas en leur faveur »

-intérêt recherché

-préjugés concernant les autres groupes

EN18

M

« Ça date de depuis nous remarquons que dans les villes il y'a les associations des ressortissants de tel ou de tel village (association des Bamilékés alors qu'ils vivent à Yaoundé). Chacun sachant que son nombril est enterré quelque part a toujours tendance à revenir vers les siens » 

-regroupement communautaires

-attachement à sa communauté

-Valoriser l'ethnie ou la communauté

EN21

M

« D'abord sur le plan sociologique, le camerounais se retrouve facilement dans sa communauté, il s'y sent à l'aise. Le Cameroun n'a pas encore bâti quelque chose qui est au-dessus de la communauté. Le leader politique peut se servir de la communauté pour avoir ne se base pas pour espérer accéder au pouvoir »

-Attachement à la communauté

-formation d'une base

Source : données du terrain, 2019

Ce tableau contient les discours synthétiques des enquêtés (classés par sexe) relatives à la thématique motivation de l'ethnicisation politique à Dschang. Nous nous servirons de la colonne intitulée « noyau référent » pour structurerl'analyse.

1. Stratégie politicienne

Une analyse du phénomène d'ethnicisation politique à Dschang, montre qu'il s'agit là d'une stratégie politicienne, bien penser et ficeler à l'avance. Pour dire ainsi que l'homme politique l'utilise comme une arme sur la scène politique pour diverses raisons et usages. Cette stratégie politicienne se perçoit à travers deux éléments à savoir : d'une part la formation d'une base et d'autres parts le contrôle de son aire sociologique.

1.1 Formation d'une base, d'un fief

S'appuyer sur sa communauté d'origine pour avoir le pouvoir semble être mission impossible car en réalité, on est forcé d'aller ailleurs grignoter dans d'autres groupes sociaux pour se hisser à la tête.Par contre, la communauté d'origine est importante dans une certaine mesure. Un parti politiquene nait pas ex nihilo, sans matière première et ressources humaines première. Tel est le discours qui était repris par nombre d'enquêtés. La logique constatée voudrait qu'il y ait des personnes constituant des prémices à la naissance d'un parti. Lesquelles personnes ne viennent nulle part que de la communauté du leader politique. La volonté de se faire une base, un fief, des personnes sur qui l'on pourrait compter si tout le reste vient ou alors venait à nous lâcher motive le phénomène ethnicisation.

C'est ainsi qu'étant Bamiléké et voulant mettre sur pied un parti politique, l'on a tendance à se retourner premièrement chez les siens avec qui on partage la même culture Bamiléké. Par contre, le même Bamiléké qui veut créer une formation politique et qui se retourne vers les personnes considérées commeétrangères à son ethnie d'appartenance connaitra pas mal de problème. Le peuple avec qui nous partageons les mêmes pratiques culturelles, les mêmes manières de faire, sentir, bref avec qui l'on peut avoir un quelconque contact culturel, constituerait un capital social de base assez important ; ce qui représente d'ores et déjà un électorat considérable. Tout porte à croire que nous sommes en plein dans une posture où : « je commence avec les gens de chez moi, On ne crée pas un parti dans le vide, ça part de quelque part, et c'est normal que tes frères adhèrent et te soutiennent »48(*). C'est la même idée que partage un autre des enquêtés qui renchérit en disant que : « Il est plus facile de convaincre ses frères, vu les liens en communs, ce qui constituerait déjà un électorat considérable surtout dans les élections législatives et municipales. Mais pour rester au pouvoir il faut viser tout le peuple pas juste l'ethnie »49(*)

L'on peut percevoir en cette stratégie de formation d'une base un certain nombre d'implications notamment deux principales à savoir : l'on est mieux compris et écouté chez soi ; les nôtres ou du moins la majorité nous soutiendra quoiqu'il arrive. Pour la première, il peut en ressortir que l'échange, la communication est plus facile et fluide avec les siens en raison des liens sociaux qui nous lient, de l'héritage historique que nous avons en commun. Chaque peuple est caractérisé par des pratiques qui lui sont propres et ne reconnait comme membre de ce peuple que celui qui développe ces caractéristiques. L'on sera mieux reçu chez soi qu'ailleurs car on estime que les nôtres ne peuvent pas nous trahir. Pour la deuxième implication, à savoir que l'on bénéficiera du soutien des siens, il faut noter que ce soutien est inconditionnel et à la limite aveugle en raison justement de l'appartenance à la même communauté.

Nous pouvons à partir de cette raison issue des données collectées sur le terrain par rapport aux motivations dans l'ethnicisation politique, faire un rapprochement avec les travauxH-LMENTHONG 50(*). Cette dernièrequi, dans ses études sur le double scrutin législatif et municipale de 1996, remarquant et faisant allusion à la notion de fief électoral laissait déjà transparaitrel'idée de base électorale. Pour ainsi dire que les formations politiques que compte le Cameroun, ont une base qui constitue leur fief électoral ; une population avec laquelle on débute dans l'optique de se faire connaitre plus tard par les autres. La géographie électorale, désigne couramment par « fief », le territoire d'ancrage local d'un personnage politique d'envergure régionale ou nationale. Le fief électoral est le territoire d'origine ou d'ancrage, dans lequel l'élu(e) en fait parfois son quartier de campagne, et celui éventuellement où il (ou elle) se replie en cas de défaite. Il s'agit souvent d'une municipalité ou d'une circonscription législative. Le fief est très souvent l'espace où l'on réalise les meilleurs scores, par effet d'amitié locale. En cela, les propos actualisés des populations de Dschang viennent corroborer ce que remarquait déjà cet auteur. Dans la continuité de leur raisonnement, les enquêtés laissent remarquer également que le leadeur ou alors l'Homme politiqueest animé par le désir d'avoir une certaine prépondérance sur son aire sociologique.

1.2 Contrôle de son aire sociologique

L'influence sociale ou la pression sociale, est l'influence exercée par l'individu ou un groupe sur chacun de ses membres dont le résultat est d'imposer des normes diminuantes en matière d'attitude et de comportement. Cette influence peut et entraîne généralement la modification des comportements, attitudes, croyances, opinions ou sentiments d'un individu ou d'un groupe à la suite d'un contact avec un autre individu ou groupe. Précisons que pour noter un tel effet d'influence, une quelconque relation doit exister entre ces entités. Dans cette partie, nous montrons la stratégie politicienne de contrôle de l'aire sociologique par le leader politique à travers une certaine influence, pression que ce dernier a ou exerce sur son groupe sociologique d'origine.

À l'exemple du berger qui souhaite avoir une totale influence sur son troupeau et un contrôle absolu sur ses moindres mouvements ; les maintenir dans l'enclos afin d'éviter tout dérapage et perte, les populations de Dschang pensent que le leader politique également, dans une volonté manifeste de contrôle politique voudrait avoir une main mise dans tout ce qui concerne les populations de son aire sociologique. Le contrôle ici renvoie à la vérification, surveillance exercée par un individu ou une autorité, dans les domaines les plus variés. Dans le cas présent, le contrôle ici suppose que le leader politique dans sa stratégie mise en place pour l'atteinte d'un objectif, désir avoir un regard et une maitrise absolue sur son peuple ou sa communauté. Se sentir maîtres de tout, avoir le contrôle sur tout plairait à tous. Le leader politique, puisqu'il s'agit de lui, trouverait cette posture très idéale car celui-ci a des aspirations qui ne peuvent être comblées sans l'approbation et la participation de la population. Avoir une certaine influence sur sa communauté d'origine serait bénéfique dans la mesure où le peuple se soumettra à nos désirs ; il pourra faire croire au peuple ce qu'il veut parce que ce dernier n'a que lui pour repère.

Pour le leader politique, le contrôle sur son aire politique est très important voire même capitale car il permet d'éviter toute surprise, dérive ; donner une ligne de conduite au peuple et pallierà tout comportement indésirable pour ce dernier. Bref, le leader politique souhaite par ce contrôle de sa zone sociologique prévoir la réaction et le comportement des populations. Avec un peuple qui échappe au contrôle, tout est susceptible d'arriver. On ne saurait anticiper des actions sur un peuple qu'on ne maîtrise pas. Écoutons à titre illustratif les propos de cet enquêté : « C'est pour l'aliénation du peuple ; endormir le peuple afin de ne pas compromettre leur enjeu, même entre eux les partis ils sont en conflit, quand on sent que tu veux attirer l'attention du peuple on t'éteint. Ils sont conscients qu'ils gouvernent mal, maisils veulent à tout prix nous empêcher de voir claire» Dans un champ politique ethnicisé, le contrôle sur sa communauté s'avère donc être un idéal pour les acteurs politiques car dans cette posture, ceux-ci réfléchissent et agissent en lieu et place du peuple, dans l'optique d'éviter autant que faire se peut toute trahison.

Tout ceci contribue à corroborer l'une des théories utilisées dans ce travail à savoir le fonctionnalisme relativisé.Nous comprenons à travers cette volonté de contrôle del'aire sociologique que le leader politique nourrit en lui certaines aspirations ignorées par la majorité de la population que la présente recherche dévoile. Nous dénichons là une motivation dans l'ethnicisation politique qui exprime la fonction latente de celle-ci. C'est précisément ici que la sociologie ou alors le sociologue intervient car dans sa mission première il doit contribuer à l'éclairage des consciences ; démystifier la réalité pour la rendre évidente pour le profane.

2. Valorisation de l'ethnie en politique

La compréhensionde la volonté manifeste de contrôle politique peut également être claire à travers la valorisation de l'ethnie en politique. Valoriser l'ethnie en politique revient à donner un certain poids aux différentes ethnies, montrer sa particularité ainsi que sa singularité qui prennent parfois l'allure d'une sorte de comparaison. L'on peut comprendre cette valorisation de l'ethnie en politique à travers certains indicateurs tels que : les célébrations des nominations en communauté et les festivals et pratiques culturelles.

2.1 Célébration des nominations en communauté

Un autreconstat fait dans les récits d'enquêtés au bout du recueil des données est celui selon lequel les populations de l'Arrondissement de Dschang pensent que les réjouissances liées à une nomination ne sont pas exemptées de la coloration ethnique.Il en ressort que comme toutes les sociétés camerounaises, les réjouissances prennent l'allure des fêtes communautaires. Le triomphe d'un individu appartenant à une ethnie en particulier fait jubiler son groupe social entier donnant ainsi l'impression que c'est tout le groupe qui a triomphé. Ceci dans la mesure où lorsqu'un ressortissant d'une ethnie est promu à un poste administratif, ministériel voire même présidentiel, il a tendance à rentrer dans sa communauté fêter cette ascension politique avec les siens ; une sorte de valorisation de son groupe d'appartenance, mieux, de son ethnie par rapport à l'autre. C'est du moins l'avis que partagent bon nombre de nos enquêtés.

Dans un premier temps, on serait tenté de croire que l'individu est nommé pour servir uniquement à sa Région ou alors à sa communauté d'appartenance et non à la société toute entière. C'est cette même préoccupation qui anime certains des enquêtés notamment l'enquêté numéro 4 qui affirme que : « Au Cameroun les postes sont considérés comme des postes de mangeoire, si c'était pour travailler c'est que on ne fête pas quand on vous nomme »51(*). Cette assertion donne une impression que l'objectif n'est pas le travail ; le désir de servir son pays, sa région ou encore sa localité ; la volonté d'accomplir une tâche citoyenne, mais celui de montrer à l'autre que nous sommes supérieur et qu'on a gagné et qu'il a perdu ; mieux, que nous sommes favorisés par rapport à lui.

De plus,tout ceci pourrait, dans un second temps laisser entrevoir et croire que les différentes ethnies sont dans une compétition au bout de laquelle il y'a eu un vainqueur et un vaincu. Les vainqueurs se retirent entre eux pour célébrer leur victoire et les perdants de leur côté digèrent leur défaite en attendant une échéance prochaine, espérant faire mieux. Là, l'on peut comprendreH-L MENTHONG 52(*) toujours dans ses travaux de 1996 sur le double scrutin législatif et municipal, quand elle estime que les compétitions électorales sont des moments non de confrontation entre les idées, pour savoir quel programme politique sied le mieux aux aspirations des populations mais plutôt celui d'une réelle confrontation entre les différentes communautés ethniques dans la recherche de l'hégémonie.

Toute chose qui montre que les acteurs politiques ou alors quelques-uns semblent ne pas être conscients des implications de certains postes d'une part et d'autre part, qu'ils le sont mais les outrepassent pour des raisons liées à la communauté.

2.2 Festivals et pratiques culturelles

Le Cameroun dans son ensemble comporte plusieurs groupes ethniques aux pratiques culturelles multiples différentes les unes des autres. La culture camerounaise est caractérisée par une très grande diversité, liée à sa diversité ethnique. Au Cameroun on rencontre une multitude d'évènements culturels qui mettent en lumière la diversité du patrimoine ethnique qu'offre le pays dit « Afrique en miniature »53(*). Ainsi, beaucoup trouvent que dans un souci d'avoir une certaine visibilité, une reconnaissance à l'échelle nationale, cela passerai par la valorisation de la culture ethnique en politique, chaque peuple a ses pratiques culturelles qui lui sont propres et qu'il voudrait vulgariser. Cette vulgarisation impliquerait que chacun de son côté érige des journées où, c'est la culture qui est célébrée. C'est ainsi qu'on peut apercevoir des journées consacrées aux festivals de chaque peuple ; tout ceci avec le soutien et la subvention de certaines élites ressortissantes de la même communauté. Au fil du temps, ces rencontres sont devenues de véritables rendez-vous, qui ont gagné en popularité au point où, à chacune des éditions, on dénombre une multitude de festivaliers d'origines diverses en quête de découverte. Une analyse profonde de ces festivals nous montre qu'il y'a comme une certaine volonté de différenciation sociale qui anime la plupart des ethnies. Ce qui découle de la stratégie politicienne de valorisation de l'ethnie en politique à travers les festivals et pratiques culturelles, est que chaque groupe social marque ou alors veut marquer sa différence par rapport à l'autre.

Ainsi, dans la même logique,M WEIVIORKA54(*) avait vu juste en affirmant que nous sommes tous différents. Les sociétés sont marquées par une différence de culture, de personnalité car chacun de nous avons été forgé d'une certaine manière, nous avons des pratiques culturelles différentes. La précision à faire est celle selon laquelle cette différence n'est pas que l'apanage des sociétés africaines mais de toutes les sociétés du monde.

La réalité constatétout au long de ce chapitre, et ce à travers les informations recueillies est que le phénomène d'ethnicisation du champ politique à Dschang est motivé par une volonté manifeste de contrôle politique par la plupart des leaders de partis politiques ou Hommes politiques tout simplement. Cette volonté de contrôle nous l'avons vu, se manifeste par des éléments comme : la formation d'un fief ; le contrôle de son aire sociologique ; la célébration communautaire des nominations ; les pratiques et festivals culturels. Tout ceci témoigne des fonctions cachées de l'ethnicisation du champ politique que certains ignorent mais qui structurent les agissements des personnes ; bien que beaucoup l'ignore, cela s'est avéré être une réalité lors de notre descente sur le terrain.

CHAPITRE 2 : POIDS DES CONSTRUCTIONS SOCIALES SUR L'ETHNICISATION POLITIQUE À DSCHANG

Ce chapitre tente de montrer d'autres motivations subtiles dans l'ethnicisation du champ politique qui sont en réalité le résultat des constructions que se font les populations ; des constructions qui naissent sous l'impulsion de l'ethnicisation du champ politique. Ces motivations sont le résultat d'un schéma monté par les populations dans l'optique de tirer un quelconque profit.

1. Primat de la rationalité communautaire

La rationalité telle qu'elle est perçue ici renvoie aux choix que les membres d'une communauté font, choix qui restent colorés par le facteur ethnique. Ce sous titrage montre que les choix de la population qui les amènent à être renfermés sur leur communauté sont une forme de rationalité selon eux. Longtemps perçu comme de l'égoïsme, de la cupidité, la réalité constatée et rendue évidente à l'issu de la descente sur le terrain est que loin de là, c'est une forme de rationalité communautaire en ce sens que le choix n'est pas hasardeux ; c'est la résultante d'une réflexion bien murit ; le coût des pertes et les gains ont été pesés afin d'opérer un choix. Militer pour son frère ou un membre de son ethnie en espérant bénéficier de quelques avantages venant de lui est non seulement une sorte de loyauté vis-à-vis de ce dernier mais bien plus encore, c'est une décision que peut arriver à dicter la raison communautaire. Ainsi, à travers un résumé de toutes les raisons avancées par les enquêtés, nous pouvons apercevoir cette rationalité communautaire à travers deux éléments à savoir : l'attachement à sa communauté et l'abstraction faite du projet politique.

1.1 Attachement à sa communauté

L'attachement à la communauté d'origine ne résulte pas de l'ignorance ou de l'incompétence de la population mais est le fruit d'un usage rationnel de la pensée. Il est un aspect à ne pas négliger lorsqu'il est question d'analyser le phénomène ethnique. La notion d'attachement implique l'idée d'un lien affectif, qui rapproche un individu d'un autre. La communauté occupe une place de choix au sein des sociétés camerounaises au point où chacun arrive à se définir par rapport à son groupe social d'appartenance. Il est mal conçu un individu n'ayant pas une communauté de référence à laquelle il s'identifie et pour laquelle il manifeste une loyauté. Le peuple a ses raisons de faire tel ou tel choix, raisons qui sont de son point de vu rationnelles.

Dans le même ordre d'idée, l'attachement à la communauté implique le fait de s`intéresser à tout ce qui concerne et touche à la communauté. Autrement dit, se sentir personnellement impliqué lorsque la communauté rencontre un problème, prêt à la défendre contre les autres, les intrus, l'extérieur avec qui on ne partage pas la même culture. L'on est plus informé des réalités de notre communauté d'appartenance ce qui pourraitamener à consommer localement.

Nous pouvons établir un lien entre l'attachement à la communauté et le tribalisme dont parlent R GMUNDER etJ-BKENMOGNE55(*). Pour eux, le tribalisme signifie, dans un sens large, un amour excessif, une fierté exagérée qui va au détriment du respect et de l'ouverture à l'autre. Autrement dit, le tribalisme recherche l'intérêt égoïste de sa propre tribu. Parce qu'on est attaché à notre communauté, on conçoit mal que cette communauté puisse nous vouloir du mal ; par conséquent, le mal vient presque toujours des autres d'où le concept de « boucs émissaires »dont ils font allusion dans leur ouvrage pour faire porter aux autre tribus et ethnies le chapeau de tout ce qui arrive. Le caractère problématique de ce phénomène du tribalisme les pousse, à l'épilogue de leur analyse à entrevoir des voies de sortie pour libérer la société de ce phénomène.

Les dires de ces auteurs sont soutenus par certains des enquêtés rencontrés sur le terrain. Lors de la collecte des informations, nous avons pu constater que l'individu à Dschang plus précisément est attaché à sa communauté d'origine, lié à son groupe social. Voici d'ailleurs les propos d'un informateur qui s'est prononcé sur la question « chacun sachant que son nombril est enterré quelque part a toujours tendance à revenir vers les siens »56(*)

1.2 Abstraction faite du projet politique

Considérant l'attachement des uns et des autres à leur communauté d'origine, il va de soi que l'attention n'est plus prêtée sur le projet politique des différents protagonistes pour le pouvoir ou une quelconque fonction. Selon les données recueillies sur le terrain, il ressort qu'on a besoin de rien d'autre que le lien social pour avoir l'approbation des siens. Écoutons à ce propos l'une des personnes ressources « chacun va aller parler à ses frères, pour les motivations de l'ethnicisation, on n'a pas besoin d'argument, ce que je dis n'a plus d'importance, vous n'avez même plus besoin d'un programme politique c'est votre frère quand il va monter il va penser à vous »57(*).

Une conséquence débouchant de l'abstraction faite du projet politique peut-être la montée et la perpétuation du vote ethnique. Le vote ethnique ou clanique existe partout dans le monde, aussi bien dans les pays démocratie avancée que sur le continent africain. Mais il semble être plus inquiétant en Afrique. Ce vote se caractérise par des intérêts ethniques et claniques.

En concordance avec le terrain nous avons pu faire la remarque que «  Je vote un tel parce qu'il est de chez moi, parce qu'il est de ma région, un point c'est tout »58(*). Les électeurs ne tiennent compte ni du programme, ni des capacités réelles du candidat à qui ils accordent leurs suffrages. Ils se fondent principalement sur l'appartenance soit religieuse, régionaliste, ethnique etc., avec l'espoir de mieux bénéficier des biens du pouvoir dès lors que c'est leur frère qui y est. Dans la logique, c'est un vote irrationnel, or la démocratie est le rationnel. On réfléchit, on raisonne en démocratie pour améliorer et envisager le développement. Nous convenons donc que nous sommes là en plein dans un modèle déterministe du comportement électoral qui peut se rapprocher de celui que décrit que décrit N MAYER59(*) etH-L MENTHONG60(*)quand elles étudient les modèles explicatifs du vote mais il y'a une équivoque à lever. Certes le vote ou alors le comportement politique est déterminé par les liens affectifs, le sang, la langue, la culture qui lient les populations, cependant il faudrait voir en cela non pas l'irrationnel mais une sorte rationalité dite communautaire car l'individu agit en fonction des convictions qui sont les siennes, convictions qui sont le résultat des idées murement réfléchies. Loin de voir en l'individu un « aliéné » qui prends des décisions hâtives, qui agit par instinct, voyons plutôt quelqu'un qui pose une action rationnelle en finalité.

Dans le même ordre d'idée, nous remarquons au bout de cette analyse plus approfondie des discours recueillis que l'attachement à la communauté, l'abstraction faite du programme politique peut avoir aussi des répercutions dans le choix des partis politique. Plus précisément, c'est l'identification des enquêtés qui suscite cette remarque. Voici d'ailleurs le tableau d'identification de quelques enquêtés selon leur origine ethnique et leur appartenance politique.

Tableau 6: Croisement entre l'appartenance ethnique et l'appartenance politique de quelques enquêtés

Numéro de l'enquêté

Région d'origine

Parti politique d'appartenance

Ou affectionné

EN2

Sud-Ouest

SDF

EN6

Centre

RDPC

EN7

Ouest

MRC

EN8

Ouest

SDF

EN10

Ouest

MRC

EN11

Ouest

MRC

EN15

Ouest

MRC

EN17

Sud-Ouest

RDPC

EN18

Centre

RDPC

EN21

Ouest

RDPC

EN22

Ouest

MRC

EN25

Ouest

MRC

EN26

Ouest

MRC

EN27

Ouest

MRC

EN29

Centre

RDPC

EN30

Ouest

MRC

Source : enquête de terrain, 2019.

Dans ce tableau représentant le croisement entre la Région d'appartenance et l'appartenance politique de quelques enquêtés, nous remarquons quele choix du parti politique ne s'éloigne pas significativement de la logique ethnique. Pour la majorité, l'attachement à la communauté d'origine influe sur la formation politique d'appartenance en ce sens que, selon le tableau, la plupart des personnes originaires de l'Ouest Cameroun appartiennent au parti MRC, parti dit Bamilékés. Le constat est également fait pour les personnes interrogées ressortissantes du centre qui, pour la plupart militent pour le parti RDPC, parti taxé de « parti Bétis ». Ceci montre que la logique actuelle tend à se rapprocher de ce que MENTHONG H-L61(*) pensait en affirmant à la page 42 de son travail sur le vote que les

« Les partis politiques reproduisent en grande partie les clivages ethniques au prix d'un travail de construction de l'identification et de la représentation, même si le nombre de partis politiques ne correspond pas à celui des ethnies »

2.Volonté de catégorisation des peuples

L'une des constructions sociales qui émerge et quirenseigne sur les motivations dans l'ethnicisation du champ politique contemporain est entre autre la catégorisation des peuples. Loin d'être une donnée, elle relève d'une construction que les peuples se font au cours de leur échange mutuel.

2.1 Regroupements communautaires

Quand on observe à première vu l'Arrondissement de Dschang, l'on peut avoir l'impression que les populations sont homogènes mais, suite à la descente sur le terrain, le constat qui est fait est celui selon lequel, de plus en plus les populations sont catégorisées et cela se comprend à travers les regroupements communautaires. Les populations sont rangées par catégorie en raison de la culture, de la langue. Au niveau des données rendues disponibles par cette étude, il semble que l'individu aime se sentir en communauté, il aime être avec les personnes qu'il considère comme les siens. C'est en fait de ce désir de se sentir en communauté que découle les regroupements communautaires. Dans la société camerounaise, la communauté occupe une place de choix ; Les consciences communautaires priment pratiquement sur tout parfois même sur l'État car le pays n'a pas encore bâti quelque chose qui est au-dessus de la communauté. C'est-à-dire que les populations sont plus animées par la conscience communautaire que nationale.

L'on peut d'avantage comprendre ce regroupement communautaire à travers les associations et réunions annexes créées dans des villes pour faire adhérer ceux-là qui se réclament de ce groupe. On peut dès lors parler par exemple de « l'association des bétis » qui regroupe tous les bétis où qu'ils se trouvent sur le territoire national, de « l'association des bamilékés » qui en son sein rassemble les ressortissants bamilékés. Même à l'échelle internationale, ces regroupements sont perceptibles et continuent de fonctionner. Une transposition sur le champ politique nous fait remarquer à peu près la même configuration car la plupart adhère à une formation politique toujours dans l'optique de sentir en communauté, proche des siens. Écoutons d'ailleurs les propos d'un informateur sur la question :

D'abord sur le plan sociologique, le camerounais se retrouve facilement dans sa communauté, il s'y sent à l'aise. Le Cameroun n'a pas encore bâti quelque chose qui est au-dessus de la communauté. Lorsqu'un camerounais va quitter arriver par exemple au Gabon, la première chose qu'il voudra faire c'est de chercher d'abord sa communauté, pour se retrouver dans sa communauté à travers les associations, ce qui fait que sur le plan politique, c'est à peu près la même configuration, les Camerounais ont tendance à se retrouver dans une communauté qui est la leur.62(*)

À propos du champ politique qui obéit presque à la même configuration, nous pouvons dire que les partis politiques en majorité sont des relais pour les regroupements communautaires car une formation politique qui naît a pour militants en majorité les ressortissants du groupe sociologique du leader (comme peut le démontrer le tableau 6). Ceci parce qu'ils pensent qu'il y'a qu'une personne du milieu qui puisse comprendre et solutionner les problèmes auxquelles on fait face. Les populations veulent se reconnaitre en le leader à travers des traits liés à l'ethnie, à la communauté. À ce sujet, écoutons une fois de plus un informateur

Mais on a eu pendant les élections des tendances qui se sont récupérés avec les anglo-Bamis. C'est-à-dire que l'essentiel des militants du SDF qui étaient des anglophones et des bami s'est disloqué au profit du MRC, son électorat s'est disloqué. Les bamis pour la plupart se sont retrouvés dans le MRC et là ça revient à ce que je disais que le camerounais aime se sentir dans sa communauté, ils se sont retrouvés dans la communauté, ils ont vu un leader qui pouvait porter leur désirs et là on peut revenir au plan historique car il a été toujours dit que les Bamis ne peuvent pas accéder à la fonction présidentielle, donc cette fois avec le MRC ils se sont dit ah enfin quelqu'un qui pourrait nous sortir de cette image-là, ils se sont donc trouvés adhérant ou militants aux idées du MRC.63(*)

Nous comprenons là que les formations politique sont d'une certaine manière des lieux de regroupement communautaire en ce sens que comme nous l'explique cet enquêté, l'on est capable de migrer d'une formation politique à une autre dans l'optique de satisfaire le besoin et le désir pressant de se sentir en communauté, avec les siens. Nous comprenons également que l'individu milite pour une formation politique qui tend à se rapprocher de sa communauté d'appartenance. Une alternative est toujours trouvée pour perpétuer ce regroupement communautaire entre les peuples.

2.2 Préjugés ethniques

De plus en plus, les uns et les autres arrivent à une catégorisation des populations à Dschang à travers des idées préconçues, des préjugés ethniques. Faux ou pas, là n'est pas le noeud du problème. Ce qui importe c'est que les uns et les autre à force d'être taxer de tous les maux ont fini par y croire et à vivre selon ce qui est dit d'eux. Toute chose qui affecte considérablement leur vie en société. Les réponses aux différentes questions du guide d'entretien employé dans ce travail font état de ce que les ethnies sont stéréotypés ; que plusieurs étiquettes sont collées à certains à tort ou à raison. Voici quelques étiquettes collées à certaines ethnies issues de la descente sur le terrain : « les bamilékés sont incapables de gouverner et de faire la politique, ils sont des tontinards ; les bétis sont des sardinards »64(*).  « Lorsqu'on dit par exemple que les bamilékés ne pourront jamais accéder au pouvoir ça fragilise la couche massive ce sont des mots dissuasifs pour vous décourager à participer aux mouvements politiques. En fait c'est créé pour ça, influencer la participation politique des populations »65(*) . Les notions de « tontinards » et de « sardinards » plus précisément, loin d'être des simples mots utilisés comme référence à deux peuples précis à savoir Bétis et Bamilékés sont porteurs de sens. Les récits remontent à la dernière échéance électorale pendant laquelle l'on a assisté à un réel spectacle opposant ces deux groupes.

Dans leur article intitulé « pour vaincre le tribalisme,R GMÜNDER et J-B KENMOGNE66(*) montrent que le tribalisme est en nous et se manifeste par bien de chose comme le phénomène de boucs émissaires, le sentiment de persécution, la généralisation. Bien plus encore, ils montrent que le tribalisme se manifeste par les stéréotypes et préjugés qui au fil du temps, servent à catégoriser et à caractériser certains groupes sociaux.

R-K MERTON67(*) exhortait et recommandait dans ses travaux un principe pour l'analyse des phénomènes sociaux. Il proposait d'identifier les fonctions manifestes et les fonctions latentes dans l'analyse. Au regard des données collectées et analysées, nous remarquons que certaines fonctions parfois inavouées et cachées ressortent en surface ; des effets indésirables par les populations. À la lumière donc de cette théorie, nous comprenons un certain nombre de chose par rapport à l'ethnicisation du champ politique dans l'arrondissement de Dschang.

Les différentes interventions sur la question concernant les motivations dans l'ethnicisation politique à Dschang nous amènent construire le graphique suivant :

Graphique 1: Hiérarchisation des motivations dans l'ethnicisation politique


Source : données de terrain, 2019.

Selon les différentes raisons avancées par les enquêtés concernant les motivations de l'ethnicisation du champ politique, nous avons pu dresser ce graphique dans l'optique d'hiérarchiser, classifier selon les tendances ces dernières. Nous y retrouvons quatre modalités à savoir : stratégie politicienne, valorisation de l'ethnie, rationalité communautaire et catégorisation des peuples, chacune étant représentée par une couleur. La tendance dominante est une stratégie politicienne, suivie par la valorisation de l'ethnie et la catégorisation des peuples qui sont égaux et la catégorisation des peuples. L'explication que nous pouvons donner à cela est que la politique étant fait par les politiciens, ceux-ci se serve de l'ethnie pour arriver à leurs fins. Elle leur sert de stratégie pour soit se frayer un chemin dans l'espace politique, soit pour dominer, ou encore pour contrôler les populations. Toujours est-il qu'ils s'en servent d'une manière comme d'une autre dans l'exercice du jeu politique.

Schéma 2: Représentation récapitulative des motivations dans l'ethnicisation politique à Dschang

Volonté manifeste de contrôle politique

Stratégie politicienne valorisation de l'ethnie en politique

Formation contrôle de l'aire

D'une base sociologique célébration communautaire festivals et pratiques

Des nominations culturelles

Poids des constructions sociales

Rationalité communautaire catégorisation des peuples

Attachement à abstraction du regroupements préjugés sa communauté projet politique communautaires ethniques

Ethnicisation politique

Source : enquête de terrain, 2019.

À l'épilogue de ce chapitre où il était question du poids des constructions sociales, il en ressort que ces constructions sont entre autre le primat de la rationalité communautaire qui s'aperçoit par l'attachement des individus à leur communauté et l'abstraction qui est faite du programme politique ; également, nous avons vu une autre construction sociale qui est la volonté de catégorisation des peuples qui peut s'apercevoir à travers les regroupements communautaires et les préjugés ethniques. Tout compte fait, l'individu dans sa société est rationnel même si ses choix et décisions donnent l'impression qu'il ne l'est pas. De plus, avec les données collectées, nous avons pu corroborer les théories qui nous ont servi de support d'analyse. L'individu est dans une interdépendance avec la société dans laquelle il vit comme nous le ditN ELIAS 68(*)dans ses recherches innovatrices ; il agit sur la société tout comme la société agit sur lui. Ainsi au vue de l'ethnicisation du champ politique contemporain, la participation politique et le vivre ensemble ne sont-ils pas inquiétés ?

DEUXIÈME PARTIE : INFLUENCE DE L'ETHNICISATION POLITIQUE SUR LA PARTICIPATION POLITIQUE ET LE VIVRE ENSEMBLE

L'indépendance des États africains a fait miroiter pour quelques temps une lueur d'une vraie autonomie, focalisée autour d'une nation forte et unie, devant entraîner un développement effectif. Les États africains après leurs indépendances ont connu au cours de leur processus politique, l'autoritarisme bourgeois, les coups d'État, le parti unique avec la personnalisation du pouvoir, le népotisme, la dictature, qui ont conduit à un processus de démocratisation dans les années 1990. Ce processus entaché de corruption, d'élection truquée, de gouvernance patrimoniale et clanique, de manipulations constitutionnelles, de manipulations ethniques demeure un échec sur le continent. En outre, ces difficultés rencontrées sont en partie expliquées aussi par le facteur ethnique. Ce dernier est considéré comme le vestige du passé, est vu comme un nouveau paradigme de la situation politique actuelle africaine. C'est du moins l'avis de R POURTIER 69(*). C'est une source de potentiels conflits qui minent l'Afrique si cela ne l'est déjà.Dans le cas qui nous intéresse dans cet exercice de recherche à savoir le cas du Cameroun et plus précisément celui de l'Arrondissement de Dschang, nous voulons dans cette partie analyser et comprendre quels peuvent être les effets de l'introduction de ce facteur ethnique en politique sur la participation politique et le vivre ensemble des populations de l'arrondissement de Dschang ; les modifications qu'il engendre sur le comportement et les attitudes politique des populations. Quand on parle d'ethnicisation du champ politique, il serait naïf de ne pas entrevoir le choc qu'elle peut provoquer sur la participation politique et le « vivre ensemble ». Ainsi l'analyse sera faite en rapport avec les populations de l'arrondissement de Dschang.

CHAPITRE 3 : PARTICIPATION POLITIQUE FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE

Chaque citoyen doit participer aux affaires concernant son pays, c'est un devoir citoyen. Cette participation est d'autant plus importante qu'elle est nécessaire pour voir les choses changer et s'améliorer. Ainsi, le citoyen doit participer à la politique pour une double raison : d'une part, il participe pour apporter sa contribution à la bonne marche de son pays par la manifestation de son devoir citoyen prévu par la constitution ; c'est par cette participation qu'il peut faire connaître et exprimer ses volontés. D'une autre part, il doit participer parce que c'est à travers elle qu'il peut impacter sur les décisions prises. Au vue des dynamiques politiques70(*) qu'ont connues les sociétés africaines et camerounaises en particulier, plusieurs modifications ont suivi dès lors. On se retrouvera confronté de plus en plus au débarquement du facteur ethnique dans les affaires politique. Ce débarquement a eu de lourdes conséquences sur la participation politique des populations de l'arrondissement de Dschang. C'est ses conséquences que nous nous proposons d'analyser dans ce chapitre à la lumière des informations collectées sur le terrain.

QUELQUES DISCOURS DU TERRAIN SUR LA PARTICIPATION POLITIQUE FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE

EN2 : Certainement je pense que ça va influencer et ça influence parce que une fois que s'est ethnicisé les membres d'une ethnie particulière vont trouver cela important de voter leur frère et ça se voit peut-être dans notre actualité dans notre société, nous voyons peut-être le MRC, beaucoup de gens plus précisément de l'Ouest ont décidé que noo c'est derrière MRC. Ils ne savent même pas quel est son programme politique (parce que j'ai pris la peine de demander aux gens que qu'est-ce que Maurice Kamto a proposé mais les gens n pouvaient pas dire, ils disaient seulementohohKamto sans connaitre ce que Kamto a promi. Beaucoup de gens ne sont même pas le militants d'un parti politique alors ça influence d'une manière occasionnelle parce que lorsqu'on voit des gens peut-être on dit Maurice Kamto est en train de venir à Dschang on voit une masse on voit une foule venir voir et supporter, lorsqu'il parle on crie on va penser que parmi les gens là, eux tous ont des cartes d'électeur, eux tous vont aller voter le MRC mais la triste vérité est qu'ils ne se sont même pas inscris aux élections. Et même ceux qui se sont inscris vont trouver que on ne part même pas voter parce qu'on connait déjà celui qui va gagner

EN3 : Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est justement pour freiner la participation massive des populations, vous détourner de votre intérêt. On sait que si vous êtes unis et que vous allez voter contre l'autre, vous pourrez à la longue réclamer votre vote et cela pousse les gens dans la rue. Lorsqu'on dit que « les bamilékés ne pourrons jamais accéder au pouvoir » ça fragilise la couche massive ce sont des mots dissuasifs pour vous décourager à participer aux mouvements politiques. En fait c'est créé pour ça, influencer la participation politique des populations

EN4 : ça influence en ce sens que les discours politique ne sont plus sondés, on ne demande pas le programme politique mais on demande qu'il est d'où.si je me mets là maintenant à parler à la place de fête un discours politique, tous ceux qui vont passer vont dire il est d'où ? Dès qu'on voit que ce n'est pas un Dschang on asse disant que moi je ne traite pas avec ces gens-là, mais si quelqu'un entend que c'est son frère, il va s'arrêter pour suivre analysés mais parce que c`est mon frère je milite derrière lui. On voit que tel a remporté à 100% dans telle région parce que c'est le chez lui

EN9 :Le vote n'est plus objectif, c'est par rapport à la tribu et à l'intérêt. Le choix des partis politique est ethnique, on regarde d'abord à l'ethnie avant le programme politique ; ce sont les non-dits qui gouverne le Cameroun. Les revendications sont ethniques à 80% parce que le leader lutte d'abord en faveur de notre base tribale et à 20% pour la cause nationale

EN12 : Ça influence certes mais dans certaines régions mais pas partout, on retrouve les gens de même ethnie que celui qui est en haut mais compte tenu de leur quoscient intellectuel refuse d'y adhérer parce que ils constatent que soit la personne qui est en haut n'applique pas les règles qui seront en leur faveur. Or dans un autre parti celui qui est en haut vise plutôt pour l'intérêt général. Selon qu'on soit bourgeois ou prolétaire on a un type de comportement, riches et pauvres n'ont pas le même problème donc ça dépend du niveau de vie de chacun. Le prolétaire cherche le parti qui donne la nourriture or le bourgeois va sur la logique il réfléchit avant d'agir. Le prolétaire décide d'adhérer à un parti d'où il tire un avantage personnel (par exemple lors des campagnes on distribue les pagnes, nourriture etc. Or le bourgeois n'a pas besoin de tout ça il en a déjà lui il adhère au parti qui va dans la logique et qui supporte l'intérêt général

EN14 : Je suis candidat à une élection, toi et moi nous sommes de la même contrée, tu ne cherches pas à savoir si le programme politique que moi je présente est un programme peut-être qui résout un certain nombre de problème. Toi ce qui t'importe c'est que si tu me vote moi qui suis ton frère du village, même si toi tu ne bénéficie pas directement des actions que je vais entreprendre, indirectement tu vas en bénéficier parce que une fois élu je reviendrais à la source faire un certain nombre de réalisation. Ça a une grosse influence parce que quand on observe la dernière élection présidentielle, c'est dans la région de l'ouest que le MRC a eu son plus gros résultat. Ça veut dire que le poids ethnique à peser, l'ethnicité à peser de tout son poids pour que cela soit ainsi. C'est vrai on va dire à Douala aussi il a gagné mais c'est une ville cosmopolite constitué en majorité des bamilékés donc à ce niveau encore l'ethnie a été mis en avant. Création d'un antagonisme du fait d'un attachement fort des populations à leur leader qui est de la même ethnie qu'elle-même au niveau des manifestations les meneurs sont ressortissants de la même ethnie que le leader. Le désintéressement total de la chose politique et l'abstentionnisme ont eu cours avant la période électorale de 2018 parce que avant cette période les bamilékés pour ainsi dire ne s'intéressaient pas trop à la chose politique parce qu'il y'avait pas un leader charismatique qui pouvait porter leur intérêt. Mais maintenant avec l'avènement du MRC en 2012, il va sans dire que les peuples de l'ouest ont commencé à s'investir politiquement ; mais cet investissement s'est le plus accru à l'occasion des élections du 7 octobre parce qu'au Cameroun on a enregistré une participation record aux élections donc ça peut être facteur d'abstentionnisme comme facteur de mobilisation sur la scène politique. On s'abstient quand on n'a pas un des nôtres derrière qui on peut s'allie pour faire bloc, mais dès lors qu'on se rend compte qu'on a un dès notre, massivement on se lance derrière lui

EN15 : Parce qu'on a utilisé cette manière de faire la politique et ça n'a pas marché, le gens sont découragés, l'abstentionnisme, on s'est battu à notre niveau et ça n'a rien donné ça peut me pousser à me révolter, exprimer son mécontentement

EN20 : On fonctionne avec le ventre et non plus avec la tête. Il y'a la foule mais vide de sens, pas compétente ; il y'a peu de personnes qui peuvent défendre le parti, critiquer le pourvoir en place avec des arguments solides

À partir de ces interventions, nous pouvons construire le tableau suivant :

Tableau 7: Synthèse des discours sur la participation politique face à l'ethnicisation politique

ENQUÊTÉS

SEXE

Items

Noyau référent

EN2

M

« Certainement je pense que ça va influencer et ça influence parce que une fois que s'est ethnicisé les membres d'une ethnie particulière vont trouver cela important de voter leur frère et ça se voit peut-être dans notre actualité dans notre société,

Beaucoup de gens ne sont même pas le militants d'un parti politique, ne se sont même pas inscris aux élections. Et même ceux qui se sont inscris vont trouver que on ne part même pas voter parce qu'on connait déjà celui qui va gagner »

-choix des gouvernants

-Désintérêt de la chose politique

- épuisement dû au combat improductif

EN3

M

« Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est justement pour freiner la participation massive des populations, vous détourner de votre intérêt.

» ça fragilise la couche massive ce sont des mots dissuasifs pour vous décourager à participer aux mouvements politiques. »

-abstentionnisme de la population

-découragement de certains

EN4

M

« Ça influence en ce sens que les discours politique ne sont plus sondés, on ne demande pas le programme politique mais on demande qu'il est d'où. »

-Subjectivité dans les choix politiques

EN9

M

« Le vote n'est plus objectif, c'est par rapport à la tribu et à l'intérêt. Le choix des partis politique est ethnique, on regarde d'abord à l'ethnie avant le programme politique ; ce sont les non-dits qui gouverne le Cameroun. Les revendications sont ethniques à 80% parce que le leader lutte d'abord en faveur de notre base tribale et à 20% pour la cause nationale »

-subjectivité identitaire

- ethnicisationdes revendications politiques

EN12

F

« Ça influence. Le prolétaire cherche le parti qui donne la nourriture. IL décide d'adhérer à un parti d'où il tire un avantage personnel (par exemple lors des campagnes on distribue les pagnes, nourriture etc. »

-manque d'objectivité

EN14

M

« Je suis candidat à une élection, toi et moi nous sommes de la même contrée, tu ne cherches pas à savoir si le programme politique que moi je présente est un programme peut-être qui résout un certain nombre de problème. »

-subjectivité

-recherche d'une satisfaction personnelle

EN15

M

« Parce qu'on a utilisé cette manière de faire la politique et ça n'a pas marché, le gens sont découragés, l'abstentionnisme, on s'est battu à notre niveau et ça n'a rien donné ça peut me pousser à me révolter, exprimer son mécontentement »

-découragement

Abstentionnisme

mécontentement

EN20

M

« On fonctionne avec le ventre et non plus avec la tête

Il y'a la foule mais vide de sens, pas compétente ; il y'a peu de personnes qui peuvent défendre le parti, critiquer le pourvoir en place avec des arguments solides »

-manque d'objectivité

-Hypocrisie de la population

Source : données du terrain, 2019.

Le présent tableau est celui des analyses synthétiques de quelques discours de terrain relatifs à la thématique participation politique face au phénomène d'ethnicisation du champ politique. Prenant en compte les données de la colonne « noyau référent », nous rendrons compte de ce qu'il en ressort.

1. Prépondérance de la subjectivité identitaire

La subjectivité voudrait dire que l'on n'est plus objectif dans les décisions et choix que l'on prend. Ça voudrait également dire que les raisons qui motivent un choix sont plus personnelles que générale. Quand on parle de subjectivité identitaire ici, cela revoie à un manque d'objectivité qui amène les populations à opérer des choix guidés par leur appartenance ethnique et non des choix prenant en compte toutes les couches ethniques et la société dans son entièreté. Le phénomène d'ethnicisation du champ politique contemporain a engendré au sein des populations une très grande subjectivité.C'est du moins ce qui ressort du terrain. Cette dernière peut se constater au niveau du choix des gouvernants et dans les revendications politiques.

1.1 Dans les choix des gouvernants

À l'entame de ce sous titrage, écoutons les propos de cet enquêté parlant de l'effet de l'ethnicisation politique sur la participation des populations : « Ça m'a influencé au point où la récente élection j'ai dit je ne peux pas voter un francophone, c'est un anglophone que je vais voter. »71(*)

Choisir un gouvernant, la personne devant présider aux destinées de la nation ou de la localité est très délicat et nécessite un certain niveau de réflexion. C'est un phénomène complexe, un acte personnel. Cependant, le triste constat qui a été fait dans l'arrondissement de Dschang est celui selon lequel il y'a une grande subjectivité qui amine les populations quand il s'agit d'opérer un choix, de déterminer les élus de la localité. On parle dès lors d'une subjectivité identitaire pour ainsi dire que bien que la subjectivité soit là, elle ne s'écarte pas pour autant de l'appartenance ethnique et identitaire. Le choix initialement conçu comme un acte personnel ne l'est plus car il s'inscrit dès lors dans des démarches collectives, des cultures et des traditions. Plus que les programmes, ce qui importe en compétition électorale, c'est l'identification des électeurs à un candidat considéré comme natif du terroir. À ce propos, les programmes électoraux importent peu en définitive puisque les choix se portent d'abord sur les candidats et non sur les idées. Conscients de l'influence qu'exerce l'ethnie sur les attitudes électorales, les gourous politiciens peuvent donc s'en servir intelligemment pour étancher leur soif de pouvoir politique. Le déterminant ethnique est très important dans le choix des leaders. Les acteurs politiques en ont bien conscience et joue sur cet aspect.

Voici quelques propos du terrain parlant de l'ethnicisation politique et le choix des gouvernants pour corroborer ce que nous affirmons.

« C'est une arme pour les hommes politique, l'arme des faibles, parce qu'on ne veut pas travailler on compte sur les faveurs de ses frères du village »72(*)

« Il est plus facile de convaincre ses frères, vu les liens en communs, ce qui constituerait déjà un électorat considérable surtout dans les élections législatives et municipales »73(*)

Au vue de ces dires, on conçoit mal une autorité de la localité de Dschang provenant d'une autre ethnie ; qu'un béti par exemple soit maire à Dschang cela n'est pas encore encré dans les mentalités des populations. Également, ces dires nous amènent à comprendre la subjectivité dans le choix des gouvernants qui se transparait plus dans le cadre des élections municipales et législatives.

Nous ne pouvons dès lors pas comprendre la subjectivité dans le choix des gouvernants si nous envisageons séparer l'individu de la société mieux de son groupe social, si nous les considérons comme deux entités distinctes. Les actions des populations de l'arrondissement de Dschang sont mieux cernées quand on envisage de considérer la société dans laquelle elles vivent. Par conséquent, considérer l'individu comme entité séparé de la société serait un biais considérable dans la compréhension de ses agissements. Bref, nous devons en ces deux entités (société et individu) voir une sorte d'interdépendance, une complémentarité puisque les faits qui en découlent sont issus de cette relation d'interdépendance.

1.2 Dans les revendications politiques

Une revendication est l'action de revendiquer, de réclamer ce que l'on considère comme étant un droit. Quand on parle de revendications politique, cela renvoie à la réclamation d'ordre politique d'une chose que l'on estime qu'elle est à nous ; chose pour laquelle on se bat et dont on nous a longtemps privé. La présente recherche a montré que du moment où la vie politique est ethnicisée, il va de soi que les revendications politiques soient elles aussi entachées du facteur ethnique. La montée des réclamations ethno-régionales, fondées sur des particularismes régionaux se retrouve amplifiée par le phénomène d'ethnicisation de la politique. Plus haut nous avons vu qu'il y'a une poursuite d'intérêts égoïstes et égocentriques des populations ; en faisant un croisement entre les réponses à ces deux variables à savoir les motivations de l'ethnicisation politique et la participation politique face à l'ethnicisation du champ politique, il en ressort que l'un entraîne, débouche sur l'autre et vice versa. Le fait que chacun soit en quête d'un bien être communautaire et identitaire conduit aux réclamations identitaires également. Chacun est à l'aise du moment où ce n'est pas lui ou son groupe ethnique qui est marginalisé. Quand on parle de subjectivité dans les revendications politique, cela voudrait dire que l'on commence à se plaindre du moment où c'est nous qui sommes atteint et victime d'une quelconque injustice.

Tant que c'est l'autre (ethnie différente à la nôtre) qui est touchée, nous ne nous voyons en aucune manière impliqués. Les revendications ne visent plus dès lors l'intérêt général mais celui partisan ; et nous sommes là en plein dans une posture où ce qui arrive à l'autre ne me concerne pas, par conséquent, ça l'engage lui seul.

Vue sous cet angle, nous pouvons mieux cerner PABOUNA 74(*)dans le chapitre 5 de son ouvrage intitulé « le pouvoir de l'ethnie : introduction à l'ethnocratie », et faire un rapprochement entre ses travaux et ce résultat de la présente recherche. Là, il nous fait comprendre avec l'exemple des partis politiques camerounais que les revendications politiques sont ethnicisées. Pour lui l'ethnicisation des revendications politiques est la conséquence directe et nécessaire de la configuration ethnique des partis politiques. L'un des exemples pris dans son ouvrage concerne les populations du grand Nord qui, le 31juillet 2002 produisent un document écrit qu'elles choisissent d'appeler : « Mémorandum sur les problèmes du Grand Nord ». Ce mémorandum exprime bien la dialectique du « eux » et du « nous » car les ressortissants de la partie septentrionale du Cameroun expriment des revendications en fonction de leur région ; ils revendiquent par exemple l'absence des personnes originaires du grand Nord dans la haute administration.

2. Reconfiguration du comportement politique

Dans cette partie, nous voulons montrer que l'influence de l'ethnicisation du champ politique à Dschang abouti à la reconfiguration de la participation et du comportement politique des uns et des autres. Dans participation politique, nous voyons la participation conventionnelle (le vote) comme celle non conventionnelle (manifestations de rue, boycott, grève). Le comportement politique ne se limite pas juste au vote même si celui-ci garde un caractère central. Ainsi, les comportements politiques désignent l'ensemble des pratiques sociales liées à la vie politique. Ils renvoient notamment aux comportements électoraux des individus, mais aussi de façon plus large à leur participation à des manifestations ou mouvements sociaux, implication dans un parti politique. Les individus par ces comportements, tentent d'influencer les gouvernants. Nous allons donc voir certaines reconfigurations du comportement politique dans la ville de Dschang qui sont entre autre l'abstentionnisme, le désintérêt de la chose politique et la formation d'un bloc solide de pression.

2.1 Abstentionnisme soutenu par l'épuisement

Lors d'une élection, d'un référendum ou plus généralement d'une délibération, le comportement d'abstention correspond au fait de ne pas prendre part à l'acte électorale de voter. Les personnes qui s'abstiennent sont taxées d'abstentionnistes. On peut voir en l'abstentionnisme une forme de revendication car en s'abstenant, on parle en silence dans l'optique de se faire comprendre et entendre par les autorités politiques. Les motivations des abstentionnistes sont de plusieurs ordres et aussi variées. Mais tout d'abord nous présentons quelques discours de terrain montrant l'abstentionnisme des populations.

« Les gens sont fatigués de voir une même personne au même endroit, et son entourage vient aussi de son ethnie. Le désir d'essayer avec une autre tribu »75(*)

« Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est justement pour freiner la participation massive des populations »76(*)

« L'ethnicisation entraîne l'épuisement quand on mène un combat depuis longtemps sans suite et on abandonne »77(*)

« Désintéressement de la chose politique »78(*)

Tous ces discours montrent que les populations de l'arrondissement de Dschang manifestent un abstentionnisme vis-à-vis de la chose politique et ceci est dû à l'improductivité des actions menées pour un changement. Du moment où les efforts consentis pour l'alternance au pouvoir, la visibilité sur la scène politique se sont avérés inefficaces, on prend du recul tout en gardant une mauvaise idée de la politique. Lors de cette recherche, nous avons également constaté sur le terrain que les femmes manifestent plus un abstentionnisme par rapport aux hommes.

Tableau 8: Variation du taux d'abstentionnisme selon le sexe

Hommes

Femmes

TOTAL

26

4

30

Source : enquête de terrain, 2019.

Ce tableau nous permet de dresser le l'histogramme suivant :

Graphique 2: Représentation des enquêtés par sexe

Source : données du terrain, 2019.

Ce graphique montre que le taux d'abstentionnisme est plus élevé chez les femmes, elles estiment que la politique n'est pas leur domaine de prédilection. Ce nombre insignifiant de femmes loin de vouloir dire que les femmes ne faisaient pas partie de notre échantillon, représente celles qui ont bien voulu répondre à nos questions en se soumettant à notre guide d'entretien. La plupart désistaient dès lors que le terme politique était mentionné d'où la question persistante de l'engagement et de la participation des femmes en politique.

2.2 Désintéressement de la chose politique

L'ethnicisation de la politique a également comme effet sur la participation politique des populations à Dschang le fait de se désintéresser de la chose politique. Ce désintérêt montre que les populations ont vu en la politique une chose improductive, incapable de solutionner leur problème existentiel. Il est difficile de s'accrocher à quelque chose dont après un certain temps, le bilan reste chimérique. Les populations jugent donc bon de vaquer à leur occupations quotidiennes (commerce, achat-revente, moto taxi, etc.) chose qui est plus rentable que de perdre de l'énergie pour un sort qui est déjà scellé. De plus en plus les discours du genre : « ça va me donner quoi ? Ça va m'apporter quoi ? La politique aux politiciens, ça ne me concerne pas » font leur apparition.

Cela a d'ailleurs été le cas lors de cette recherche. Tout ceci, montre le pessimisme des populations vis-à-vis de la chose politique. Ce que nous montrons dans ce sous-titre est que l'ethnicisation du champ politique, entraîne un désintérêt des populations de l'arrondissement de Dschang de la politique en ce sens où lors que l'ethnie est introduite dans les affaires politiques, on a tendance à croire que ce n'est plus une personne qui détient le pouvoir mais une ethnie. Du coup, les autres ethnies estiment avoir perdu et par conséquent manifeste un désintérêt des affaires politiques ; facilitant ainsi la pérennité au pouvoir de celui qui y est. La réponse de l'enquêté n°3 qui est une des réactions parmi tant d'autre, nous révèle ce désintérêt de la politique qui est engendré par l'ethnicisation. Écoutons-le à ce propos « Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est justement pour freiner la participation massive des populations, vous détourner de votre intérêt. On sait que si vous êtes unis et que vous allez voter contre l'autre, vous pourrez à la longue réclamer votre vote et cela pousse les gens dans la rue ».À un autre de renchérir en affirmant que

Beaucoup de personnes se font enregistrées à ELECAM mais n'entrent pas en possession de leur carte, ça fait que beaucoup de camerounais ne se sont pas exprimé. Plus de la moitié des camerounais ne s'inscrivent pas sur les listes électorales, si leurs suffrages ne sont pas pris en compte ils ne vont plus aller voter d'où le désintérêt de la chose politique, puisque si le résultat est connu d'avance ça ne sert à rien d'aller voter79(*)

Tout ceci montre un certain désintérêt des populations par rapport à la chose politique. Désintérêt qui est souvent une manière d'exprimer son ras-le-bol, son mécontentement.

2.3 Stéréotypes et formation de bloc solide de pression

L'ethnicisation de la politique à un certain moment fait croire que le champ politique est un milieu hostile, dangereux et rempli de prédateurs. On se croirait dans une espèce de jungle où le plus faible et dévoré par le plus robuste. Les gens conçoivent de plus en plus la politique comme une arène de combat où la victoire n'est donnée qu'à la suite d'un affrontement sérieux entre les différents protagonistes à un quelconque poste ou fonction. Vue sous cet angle, la politique n'est donc plus le terrain d'échange pacifique d'idées, où il fait bon vivre et où l'on pourrait se sentir protégé et en sécurité. On participe dès lors à la politique pour se défendre contre l'autre qui veut nous oppresser, qui nous taxe de tous les maux, qui a une vision (fausse ou vraie) de nous à travers des stéréotypes ; d'où la conception de la participation politique comme une riposte, comme une volonté de se mettre ensemble pour être plus fort contre un ennemi commun. On assistera donc à une reconfiguration de la participation politique des uns et des autres dans la mesure où beaucoup pensent que, participer à la politique c'est se former en bloc de pression afin de revendiquer un ayant droit, protester contre une position jugée indésirable et inconfortable. Un enquêté, s'exprimant à propos va dire que : « On sait que si vous êtes unis et que vous allez voter contre l'autre, vous pourrez à la longue réclamer votre vote et cela pousse les gens dans la rue. »80(*)

L'introduction de l'ethnie dans les affaires politiques engendrant la formation de clan de pression, implique que nous sommes plus fort unis ensemble que séparer ; ensemble nous pouvons faire face à l'autre qui veut s'en prendre à nous. Notons ici que quand nous parlons de l'unité, il s'agit d'une unité identitaire et clanique. C'est une unité pour marquer sa différence par rapport à l'autre. M WEIVIORKA81(*)disait que si la différence culturelle est devenue préoccupante c'est pour la raison qu'elle est fondatrice de tensions, de conflits, de violences et d'antagonismes qui mobilisent toutes sortes d'acteurs au coeur de nos sociétés et qui questionnent notre capacité à vivre ensemble. C'est ainsi que, selon les données du terrain, certains groupes ethniques s'insurgent contre d'autre dans l'optique de protester contre une certaine accaparation du pouvoir et des richesses du pays. Les uns trouvant qu'ils ne sont pas suffisamment pris en compte par les politiques publiques, qu'ils sont marginalisés, forme un groupe solide de pression. À partir de tout ce qui a été dit concernant la participation politique et l'ethnicisation politique, nous pouvons dresser le graphique suivant :

Graphique 3: Tendances concernant la participation politique face à l'ethnicisation politique

Source : données du terrain, 2019.

Ce graphique témoigne de la tendance très forte de l'influence de l'ethnicisation politique sur la participation politique des populations à Dschang. L'ethnie transposée sur la scène politique est à priori vulnérable ; cependant, elle s'avère être un maillon essentiel dans la compréhension de la trajectoire des attitudes et comportements politiques. La participation politique est grandement influencée par l'ethnicisation politique comme le montre ce secteur.

La participation politique face à l'ethnicisation du champ politique est, comme vutout au cours de ce chapitre, sérieusement modifiée. C'est ainsi qu'on assistera à une prépondérance de la subjectivité identitaire, se manifestant dans les choix des gouvernants et dans les revendications politiques ; tout à côté de cette subjectivité, l'on remarquera une reconfiguration du comportement politique qui se visualise à travers des comportements comme l'abstentionnisme et le désintérêt de la chose politique. C'est d'ailleurs ce que nous retenons de cette partie du travail. Cependant, cette nouvelle donne que l'ethnicisation politique inflige à la participation politique ne peut-elle pas aussi avoir d'impact sur le vivre ensemble ? En effet, le vivre ensemble fortement proclamé dans les sociétés camerounaises ne serait-il pas en péril ?

CHAPITRE 4 : LA QUESTION DU VIVRE ENSEMBLE FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE

Le discours qui s'empare des débats publics aujourd'hui au Cameroun est celui du vivre ensemble, de la cohésion sociale et de l'harmonie de tous les peuples. Ce discoursest amplifié, miroitant une certaine stabilité sociale, politique et économique. Le vivre ensemble est prôné à travers les stratégies d'intégration des différents ministères comme le MINJEC le MINEPAT. Bien plus encore, il est prôné à travers la vision générale des gouvernants qui est celle d'une intégration nationale, d'un Cameroun unie et indivisible dans sa diversité culturelle et ethnique. Quand on parle du Cameroun, on parle de l'Afrique en miniature c'est-à-dire toute l'Afrique dans un seul pays. Cependant, une réalité et pas des moindres, reste persistante dans la société camerounaise. Les appartenances ethniques, les diversités culturelles, considérées comme une richesse du territoire se sont transposées sur la scène politique en ce sens où le champ politique se retrouve coloré par le facteur ethnique. Le jeu politique se fait mais dans un climat largement influencé par les appartenances tribales, linguistiques et ethniques. On parle dès lors d'une ethnicisation du champ politique. À cette ère contemporaine, la question ethnique est devenue problématique sur la scène politique raison pour laquelle nous avons par la présente recherche voulu jeter un regard introspectif avec pour but d'analyser et de comprendre la question. Dans ce chapitre donc, nous voulons questionner le vivre ensemble face à l'ethnicisation de la politique. Autrement dit, nous envisageons entrevoir le sort du vivre ensemble dans un climat politique fortement dominé par des fractions identitaires. À la lumière des informations collectées sur le terrain auprès des populations de l'arrondissement de Dschang, nous rendrons compte sur les effets de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble.

QUELQUES DISCOURS DE TERRAIN SUR LE VIVRE ENSEMBLE FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE

EN1 :le vivre est presque impossible parce que chacun va dire que puisque c'est telle ethnie, de ma famille, de mon village, de ma région je préfère plutôt m'aligner derrière lui. À partir de là donc je suis en train de voir les distances qui se créent ; parce que tu vas dire que ça c'est un bassa et je suis bamiléké je ne peux pas aller voter pour lui. Je prends par exemple toi es mon frère, tu appartiens à un parti politique, je suis dans l'obligation d'appartenir à ce même parti politique. Voilà maintenant Y à coté qui n'est pas de notre ethnie de notre région, je vais dire je m'en fou ce lui il va m'apporter quoi ? Et cela entraine une dislocation sociale parce que chacun cherche là où ça va plus peser, on cherche d'abord à satisfaire son ethnie.

EN2 :ça influence parce que l'homme ne voudrait pas voir ce qui est bien mais voudrait seulement voir que c'est mon frère bamiléké, c'est mon frère anglophone qui est devant donc je veux voter pour lui et le vivre ensemble n'est pas ça. Quand on dit dans la constitution que le Cameroun est un et indivisible cela implique que, que tu sois béti, ewondo, que tu sois bamiléké ça n'empêche pas que quelqu'un d'une autre ethnie que la tienne peutte voter. Mais on constate que l'ethnicisation et le vivre ensemble ne peuvent pas marcher. Cela c'est juste une autre manière de faire les gens resté dans les conflits, conflit qui en principe ne devraient pas exister. La constitution a prévu que une fois voté en tant que peut-être sénateur, tu es sénateur pour toute la république du Cameroun ; tu n'es pas sénateur ou député pour seulement le parti politique qui t'a voté, t'a tribu et c'est ça le vivre ensemble dont on parlait.

Cela entraine des clivages et rivalités en ce sens que même si tu as quelque chose à proposer je ne veux même pas voir, tu es qui, tu parles le français et moi l'anglais alors je vote seulement celui qui parle ma langue. Ça m'a influencé au point où la récente élection j'ai dit je ne peux pas voter un francophone, c'est un anglophone que je vais voter.

EN3 : L'impact de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble est en voie d'être opérationnel. Ça va déboucher sur une guerre ethnique une guerre tribale, et il y'a pas pire qu'une guerre ethnique. On a voulu créer des guerres de clan mais ça a échoué. Maintenant comme on sait que les jeunes ont été suffisamment compressé, chaque jour ils crient oh souffrance, misère ; il faut alors venir avec un problème ethnique pour diviser le peuple pour qu'ils prennent les machettes les uns contre les autres ; pour que l'un dise « ah l'histoire des bamilékés là moi suis pas dedans hein », plus tard cela pourra créer une guerre ethnique

EN5 : le problème est au niveau du partage du gâteau national, il y'a une petite poignée qui mange le gâteau. C'est ça qui oppose les camerounais. Le camerounais ne déteste pas l'autre parce qu'il vit au Cameroun colle lui ou parce qu'il est de telle ou telle ethnie. On doit peut-être interdire le fait d'aller fêter sa nomination dans son village.lui même sais ce qu'il doit faire et ce que la population attend de lui mais il part dans son village manger et boire avec ses frères sans se demander s'il sera même en mesure de satisfaire toute la population

EN7 : création des clivages, des divisions

Le Cameroun est composé de plusieurs groupes qui veulent se différencier les uns des autres, les clivages, le culte de la différence, dû au fait que l'État n'a pas appris la notion de la nation, le patriotisme. Certains se sentent exclus de la gestion des affaires politiques. Usage du faux, du truquage, si ton nom ne te permet pas d'accéder à une fonction. Il y'a aussi la discrimination. Les lois doivent être impartiales pour éviter les replis identitaires et les frustrations. Le noeud du problème c'est la chose publique, elle doit être bien gérée

EN14 : L'ethnicisation politique fragilise l'unité nationale c'est la conséquence première de ce phénomène parce que avant les élections récentes, le mot d'ordre était unité nationale. Mais dès lors qu'on prône l'unité alors que sur le terrain il y'a des fractions au nom des obédiences politique qui naissent ça veut dire que l'unité nationale est fragilisée. Parce que si les obédiences politiques qui naissent sont à caractère national on n'en serait pas arrivé là. Mais maintenant le principal parti de l'opposition a un encrage plus ethnique ; on a eu un débat tontinard et sardinard sur les réseaux sociaux du coup l'alliage de ces deux peuples est presque impossible, les clivages tribaux vont naitre,

Tableau 9: Synthèse des discours sur le vivre ensemble face à l'ethnicisation politique

ENQUÊTÉS

SEXE

Items

Noyau référent

EN1

M

« Le vivre est presque impossible parce que chacun va dire que puisque c'est telle ethnie, de ma famille, de mon village, de ma région je préfère plutôt m'aligner derrière lui. À partir de là donc je suis en train de voir les distances qui se créent ; Cela entraine une dislocation sociale parce que chacun cherche là où ça va plus peser, on cherche d'abord à satisfaire son ethnie. »

-crise du vivre ensemble

-distanciations sociales

-dislocations

EN2

M

« Ça influence parce que l'homme ne voudrait pas voir ce qui est bien mais voudrait seulement voir que c'est mon frère bamiléké, c'est mon frère anglophone qui est devant donc je veux voter pour lui et le vivre ensemble n'est pas ça.

Cela entraine des clivages et rivalités en ce sens que même si tu as quelque chose à proposer je ne veux même pas voir »

-crise du vivre ensemble

-clivages

-rivalités

EN3

M

« On a voulu créer des guerres de clan mais ça a échoué. Maintenant comme on sait que les jeunes ont été suffisamment compressé, chaque jour ils crient oh souffrance, misère ; il faut alors venir avec un problème ethnique pour diviser le peuple pour qu'ils prennent les machettes les uns contre les autres ; pour que l'un dise « ah l'histoire des bamilékés là moi suis pas dedans hein », plus tard cela pourra créer une guerre ethnique »

-distanciation entre les peuples

-crise du vivre ensemble

EN5

M

« Le problème est au niveau du partage du gâteau national, il y'a une petite poignée qui mange le gâteau. C'est ça qui oppose les camerounais. Lui-même sais ce qu'il doit faire et ce que la population attend de lui mais il part dans son village manger et boire avec ses frères sans se demander s'il sera même en mesure de satisfaire toute la population »

-déséquilibre dans la répartition des richesses

-favoritisme

EN7

M

« Création des clivages, des divisions. Le Cameroun est composé de plusieurs groupes qui veulent se différencier les uns des autres, les clivages, le culte de la différence, dû au fait que l'État n'a pas appris la notion de la nation, le patriotisme. Certains se sentent exclus de la gestion des affaires politiques. Usage du faux, du truquage, si ton nom ne te permet pas d'accéder à une fonction. Il y'a aussi la discrimination. Les lois doivent être impartiales pour éviter les replis identitaires et les frustrations. Le noeud du problème c'est la chose publique, elle doit être bien gérée »

-divisions

-exclusion de certaines ethnies

- fragilisation de l'unité nationale

-favoritisme

EN14

M

« L'ethnicisation politique fragilise l'unité nationale c'est la conséquence première de ce phénomène. On a eu un débat tontinard et sardinard sur les réseaux sociaux du coup l'alliage de ces deux peuples est presque impossible, les clivages tribaux vont naitre »

-crise du vivre ensemble

-fragilisation de l'unité nationale

Source :données du terrain, 2019.

1. Fragilisation de la communion des peuples

L'idée qui ressort lorsque nous parlons de désenchantement de la communion entre les peuples est celle selon laquelle, le vivre ensemble, la communion entre les peuples est plus théorique que pratique. On le proclame au Cameroun et plus particulièrement à Dschang, terrain de l'étude, juste des lèvres mais la réalité nous révèle autre chose. Elle n'est plus palpable ; la diversité culturelle est en soi un élément de désunion que d'union. Longtemps vu comme une réalité, l'on s'aperçoit aujourd'hui que ce n'est qu'une chimère, une illusion qui n'existe presque pas. L'acquis qu'on pensait préserver n'est, au regard de la réalité qu'une utopie. Lors des entretiens réalisés avec les personnes ressources, nous avons pu dégager que le vivre ensemble est sur une mauvaise pente face à l'ethnicisation politique ceci dans la mesure où cette dernière est facteur de distanciation entre les peuples et des rivalités entre groupes.

1.1 Distanciation entre les peuples

V NGOUYAMSA et T FOBASSO 82(*) se demandaient en remarquant que les populations camerounaises font toujours l'objet de replis identitaires et d'exclusion si : « les mécanismes de redistribution des richesses et répartition des places selon les distinctions ethno-régionales sont celles qu'il fallait afin de faciliter l'intégration de tous et ainsi d'impulser le développement tant attendu. » plus loin, ils renchérissent en disant :

 Les particularismes, les différences, les divisions socioculturelles étant entretenus et légitimées au nom de la défense de son identité et de la quête des suffrages, le climat social qui se dessine au Cameroun, au lendemain des élections présidentielles, n'est pas nécessairement celui d'un vivre ensemble avec les différences et les conflits nés de ces différences, mais celui de la cohabitation de groupes autoproclamés différents, par murs symboliques interposés.83(*)

L'un des éléments permettant de constater le désenchantement de la communion entre les populations de l'arrondissement de Dschang est la distanciation, une démarcation symbolique84(*). Les groupes sont de plus en plus distant les uns des autres. Au nom des appartenances ethniques, de l'attachement des uns et des autres à leur groupe ethnique, les peuples arrivent à ériger des barrières entre eux brisant ainsi toute possibilité de communion et d'échange mutuel. Le vivre ensemble qui est proclamé se trouve ainsi fragilisé car son sort est hypothéqué au nom des fractions claniques. Notons que la distance qui se crée entre les groupes ethniques n'est pas forcement physique et palpable mais même de manière ontologique et psychique, le blocage est là. Au vue de la multi culturalité de la société camerounaise, nous sommes condamnés à nous voir, à cohabiter, à nous côtoyer dans nos activités quotidiennes. Cependant, un blocage psychique demeure : celui du « je » et du « tu » ; du « nous » et du « eux ». Ayant conscience que nous sommes différents culturellement des autres, nous émettons toujours des réserves dans la collaboration avec autrui. À la lumière de quelques discours de terrain, nous pouvons remarquer cette distanciation entre les peuples.

Tableau 10: Discours synthétiques sur la distanciation entre les peuples

ENQUETES

ITEMS

INDICES

EN1

« À partir de là donc je suis en train de voir les distances qui se créent ; parce que tu vas dire que ça c'est un bassa et je suis bamiléké je ne peux pas aller voter pour lui. Cela entraine une dislocation sociale parce que chacun cherche là où ça va plus peser, on cherche d'abord à satisfaire son ethnie »

-distanciation

-dislocation sociale

EN2

« Cela entraine des clivages et rivalités en ce sens que même si tu as quelque chose à proposer je ne veux même pas voir, tu es qui, tu parles le français et moi l'anglais alors je vote seulement celui qui parle ma langue »

-division sociale

-distanciation

Sociale

EN4

« Les manifestations des différentes cultures sont une façon de manifester sa différence par rapport à l'autre, le ngondo, le ngwen étaient interdits, même à santchou il y avait une manifestation qui a été interdite parce que c'est manière de montrer que vous êtes différents de l'autre"

-distanciation entre les peuples

-différence entre les peuples

EN21

« il y'a des fissures et frustrations parce que certaines personnes estiment que les bétis contrôlent tout ; tontinard et sardinard résultent d'un manque de culture politique et de l'intolérance parce qu'on ne respecte plus l'autre, on ne respecte plus les idées de l'autre, on veut à tout prix adhérer à nos propres idées personnelles »

-distanciation dû aux frustrations

EN22

« les ethnies se tirent dessus, elles s'affrontent, le Nord-Ouest est en conflit, les bétis qui insultent les bamilékés »

-distanciation sociale

Source : résultat des entretiens, 2019.

Ce tableau est une esquisse de ce que pensent les populations de l'Arrondissement sur le vivre ensemble face à l'ethnicisation politique, à savoir que c'est une source de distanciation, de dislocation et d'éloignement entre les peuples. Cette distance est psychique mais parfois, elle brise les barrières qui la gardent interne pour être physique, réelle et palpable.

La distance est d'avantage présente avec les stéréotypes de « tontinards » et de « sardinards. » Certes il ne faut pas prendre cela pour acquis mais ce qui captive est le fait selon lequel ces notions aient gagné en importance et arrive même à structurer la vie en société. Vue sous cette angle, ces notions contribuent à la formation des comportements radicalistes débouchant sur des replis identitaires qui sont des véritables freins au vivre ensemble. C'est d'ailleurs ce que pense l'une des personnes enquêtées quand elle affirme que : «  on a eu un débat tontinard et sardinard sur les réseaux sociaux du coup l'alliage de ces deux peuples est presque impossible, les clivages tribaux vont naitre »85(*).

1.2 Rivalités entre groupes

Depuis quelques temps, les rivalités entre ethnies sur presque toute l'étendue du territoire du Cameroun, laissent entrevoir et penser à des lendemains incertains qui pèsent de tous leurs poids sur le pays d'Afrique centrale. D'après les statistiques officielles, le Cameroun compte en 2006 quelques 16,5 millions d'habitants, soit près de 350 groupes ethniques. En effet, depuis le début des années 1990 qui coïncident avec la fin de l'ère du parti unique, on remarquait déjà les premières tensions86(*). Ainsi, depuis l'avènement du pluralisme politique et du multipartisme, symbole d'une ouverture à la démocratie, les rivalités ethniques ont gagné en vitalité et en intensité. Des facteurs de destruction de l'équilibre social, les luttes qui structurent l'interaction entre les diverses ethnies, entraînent des effets plus ou moins tragiques qu'il convient de prendre plus au sérieux et ce le plus tôt possible. La démocratie a ouvert des espaces de liberté aux populations qui se sentaient submergées, et du coup, plusieurs d'entre eux ont trouvé plus simple de s'exprimer à travers des regroupements reflétant leurs régions ou leurs ethnies.

Ce résultat de la présente recherche selon lequel il y'a rivalité entre groupe ne s'écarte pas significativement de la réalité qui est vécu au Cameroun tout entier. Dans la ville de Dschang, les populations pensent qu'il y'a une rivalité en raison des divergences ethniques et politiques. Selon les dires de ceux-ci, « les gens se battent pour un oui ou un non »87(*), tout ceci au nom des appartenances ethniques. Parce que je n'appartiens pas à ton groupe social, tout ce que je dis est analysé autrement, sondé dans l'optique d'y trouver quelque chose de condamnable.

Dans le même ordre d'idée,F THUAL88(*) dans ouvrage intitulé « les conflits identitaires », faisant référence aux identités, montrait que la différence crée des conflits identitaires qui ont et continuent de marquer l'histoire du monde. Ces conflits sont un véritable frein à une volonté quelconque de cohésion sociale. Un conflit identitaire est un conflit qui touche au fondement des sociétés. Un groupe ethnique ou religieux victime d'injustice, emploiera tous les moyens nécessaires pour rectifier cette frontière qui les séparent des autres à travers soit des compromis ou des avantages réciproques. Les conflits identitaires sont des conflits pour la survie du groupe non seulement matérielle, mais avant tout culturelle et psychologique.

2. Au niveau étatique

Plus loin au niveau étatique, les effets de l'ethnicisation du champ politique sont perceptibles, nous affirment les populations de Dschang, entraînant ainsi une crise du vivre ensemble des populations.

2.1 Déséquilibre dans la redistribution des richesses

Lutter contre les inégalités dans la répartition des ressources et richesses est l'un des facteurs structurels dont dépendent les conditions de vie quotidiennes, aux niveaux mondial, national et local. Que certains individus vivent dans l'abondance alors que d'autres se suffisent de peu ; que certains puissent mener une vie aisée pendant longtemps alors que d'autres ont droit à une vie réduite voire même cruelle et que ces différences soient perceptibles tant à l'échelle mondiale qu'à l'intérieur des pays, n'est en aucun cas un phénomène naturel. Il n'est pas non plus le fruit du hasard. L'inégalité dans les conditions de vie quotidienne est le fait de structures et de processus sociaux profonds. Le déséquilibre est systématique, c'est le résultat de normes, politiques et pratiques sociales qui tolèrent voire même favorisent les disparités d'accès au pouvoir, aux richesses et à d'autres ressources sociales indispensables.

L'ethnicisation politique donc entraîne de lourde conséquences sur le vivre ensemble de toutes les populations de l'arrondissement de Dschang en ce sens où elle embarque avec elle un certain nombre de chose telles que le favoritisme, la répartition disproportionnée des richesses du pays ; ce qui ne satisfait pas les populations. Ceux-ci se sentant marginalisés dans leur propre pays, sont continuellement sur la défensive, dans une posture de réclamation d'un ayant droit.

Les populations ne se voient pas suffisamment prises en compte par les détenteurs du pouvoir car pour elles, lorsqu'un dirigeant issu d'une ethnie particulière est positionné, il servira de pont pour faire monter ses frères du même groupe sociale que lui ; d'où la montée du favoritisme au détriment de la méritocratie. Le terrain nous a fourni assez d'éléments permettant de faire ce constat. Voici quelques discours permettant de mieux cerner nos propos.

Tableau 11: Synthèse des discours sur l'inégalité dans le partage des ressources et le favoritisme

Enquêtés

Items

Indices

EN5

« Le problème est au niveau du partage du gâteau national, il y'a une petite poignée qui mange le gâteau. C'est ça qui oppose les camerounais »

-mauvaise distribution des richesses, du gâteau national

EN9

« Le problème c'est la répartition des ressources et richesses »

-mauvaise répartition des ressources

EN18

« une infime partie profite des richesses pourtant tous aspirent au bien être ou a besoin d'une société où les valeurs sont respectées »

-répartition disproportionnée des richesses

EN21

« Il faut que l'État forme les gens et revoit sa redistribution des richesses parce que tant qu'un groupe aura l'impression que l'autre est au-dessus il y aura toujours des différents »

-mauvaise redistribution des richesses

Source :données issues des entretiens, 2019.

2.2 Fragilisation de l'unité nationale

L'unité nationale devient de plus en plus rare. C'est plus un slogan qu'une réalité. Alors que récemment le Cameroun a célébré sa 45ème fête nationale de l'unité, des questions sur l'effectivité de celle-ci reste posées. La célébration de la fête nationale est un moment important pour la vie d'une quelconque nation. C'est l'occasion pour l'ensemble des populations sans distinction d'origine, de tribu et de culture de communier, d'affirmer son sentiment patriotique et d'adhésion à une même vision pour la préservation du vivre ensemble harmonieux, gage de la construction d'une nation exemplaire, indivisible, forte et émergente. C'est également l'occasion pour le gouvernement de communier avec les populations locales en vue de promouvoir la paix, l'unité, la solidarité, la cohésion sociale et la dynamique de l'intégration nationale. Mais, il faut interroger la gouvernance du Cameroun pour parler de la dynamique d'intégration nationale. L'unité nationale et le vivre ensemble tels qu'ils sont magnifiés par le gouvernement aujourd'hui ne sont pas une copie conforme de la réalité ; et ce d'autant plus avec le champ politique contemporain ethnicisé.

La fragilisation de l'unité nationale selon l'avis des populations interrogées dans la zone d'étude est en grande partie imputée au phénomène d'ethnicisation de la politique. Cette unité dans la diversité tant chantée se retrouve heurtée à un obstacle plus grand et fort qu'elle. Les regroupements communautaires, les replis identitaires, pèsent de tout leur poids devant un vivre ensemble dépourvu de forces vitales pour survivre. Pour la plupart des personnes interrogées, le vivre ensemble n'est qu'une illusion, c'est en fait l'arbre qui cache la forêt. Il est devenu plus un slogan pour beaucoup qu'une effectivité. Son implémentation a toujours connu et été confronté aux obstacles dont celui de l'heure est l'ethnicisation politique. La définition qui est généralement collée à la politique est que c'est l'art de gérer la cité, la gestion des hommes. Cependant, le temps présent laisse entrevoir et donne de croire qu'elle gère plutôt les groupes sociaux.

Tableau 12 : Synthèse des perceptions du vivre ensemble à Dschang par les populations

ENQUÊTÉS

NIVEAU D'ÉTUDES

ITEMS

NOYAU

RÉFÉRENT

EN1

baccalauréat

«  le vivre est presque impossible parce que chacun va dire que puisque c'est telle ethnie, de ma famille, de mon village, de ma région je préfère plutôt m'aligner derrière lui »

-Pas de vivre ensemble

EN2

universitaire

« Mais on constate que l'ethnicisation et le vivre ensemble ne peuvent pas marcher. Cela c'est juste une autre manière de faire les gens resté dans les conflits, conflit qui en principe ne devraient pas exister »

-Crise du vivre ensemble

EN3

universitaire

« L'impact de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble est en voie d'être opérationnel. Ça va déboucher sur une guerre ethnique une guerre tribale, et il y'a pas pire qu'une guerre ethnique »

-Crise du vivre ensemble

EN4

universitaire

«  le repli identitaire a encore tout gâté, on veut montrer qu'on est chez soi et que toi tu n'es pas chez toi »

-Crise du vivre ensemble

EN8

universitaire

« la commission du vivre ensemble ce sont des histoires, il a fallu la crise pour qu'ils donnent l'impression de trop s'intéresser à la population »

-Vivre ensemble, pure slogan

-crise du vivre ensemble

EN14

universitaire

« L'ethnicisation politique fragilise l'unité nationale c'est la conséquence première de ce phénomène parce que avant les élections récentes, le mot d'ordre était unité nationale. Mais dès lors qu'on prône l'unité alors que sur le terrain il y'a des fractions au nom des obédiences politique qui naissent ça veut dire que l'unité nationale est fragilisée »

-crise du vivre ensemble

EN16

universitaire

« Le vivre ensemble qu'on brandi est plus un slogan qu'une réalité. C'est le politique qui fait problème, le vivre ensemble politique parce qu'on a constaté que le pouvoir est resté dans les mains d'une ethnie particulière »

-inexistence d'un vivre ensemble

EN22

universitaire

« les ethnies se tirent dessus, elles s'affrontent, le Nord-Ouest est en conflit, les bétis qui insultent les bamilékés »

-Crise du vivre ensemble

Source : résultat des entretiens, 2019.

Le présent tableau est un aperçu des perceptions des populations de l'arrondissement de Dschang par rapport au vivre ensemble. Pour elles, c'est un concept sans consistance qui est juste théorique. Il est vide de sens. Nous remarquons que ces différentes perceptions sont des positions prises par des personnes ayant un certain niveau intellectuel leur permettant d'avoir un jugement réfléchi et claire sur la question ; la majorité a un niveau universitaire qui lui permet d'avoir des positions libres de toutes influences extérieure. À travers donc ces assertions, on comprend mieux les préoccupations de T MICHALON E et NJOH MOUELLE89(*)quand ils s'interrogent sur la question de l'État et les clivages ethniques. La problématique qui soutenait leurs travaux était celle de l'effectivité d'un État-nation au milieu des divisions ethniques, des appartenances tribales. Un rapprochement fait avec les données collectées montre que les questions du vivre ensemble, de l'unité nationale ne se posent pas nouvellement car longtemps pensées avant. Ce qui est par contre nouveau, c'est l'intensité qu'elles prennent aujourd'hui, laquelle intensité soutenue par l'ethnicisation politique contemporaine.

Graphique 4: Tendance concernant le vivre ensemble face à l'ethnicisation politique

Source : résultat des entretiens, 2019.

La remarque que nous faisons après lecture de ce graphique est que le vivre ensemble est menacé. Dans un climat politique ethnicisé, le vivre ensemble se trouve submergé par les tendances identitaires. L'unité nationale prônée à l'échelle nationale n'est pas une réalité selon l'avis des populations la ville de Dschang car les uns et les autres en raisons de leurs appartenances ethniques et politiques cultivent le repli identitaire, regarde l'autre avec du recul et des idées préconçues.

2.2.1 L'irruption et dichotomie des notions de « Tontinards » et de « Sardinards»

Le champ politique contemporain camerounais a été secoué durant la récente élection présidentielle d'octobre 2018. Cette périodefait resurgir pas mal de souvenirs dans les consciences individuelles et même collectives.Le tumulte entaché de part et d'autre du facteur identitaire né de cette échéance électorale, est la conséquence de l'irruption dans le champ politique de deux qualificatifs identitaires à savoir « Tontinards » et « Sardinards ». Tout tournait autour de ces qualificatifs au point où, à la réaction d'un individu, on pouvait immédiatement le ranger en fonction de ces notions. Vue sous cet angle, la quête d'une certaine unité nationale demeure problématique car comme le pense cet enquêté, « on a eu un débat tontinard et sardinard sur les réseaux sociaux du coup l'alliage de ces deux peuples est presque impossible, les clivages tribaux vont naitre »90(*). Ainsi, les attitudes de replis identitaires se remarquent à répétition limitant les chances d'une vie commune. Cet enquêté fait à peu près le même constat en affirmant que : « On a remarqué lors de la dernière période électorale que les débats étaient plus ethniques du genre les bamilékés ont fait quoi, ils n'ont rien fait ils ne peuvent pas prendre le pouvoir. Les bamilékés eux aussi de leurs côtés disent que les gens du centre ont trop tué le pays »91(*). Quoique les élections soient passées, la présente recherche révèle que ces deux qualificatifs continuent de rythmer la vie en société en ce sens que les uns sont encore perçus comme étant des « Tontinards » donc Bamilékés et d'autres comme « Sardinards » renvoyant au peuple Béti. Dans cette logique, ces deux concepts favorisent, quoiqu'étant de simples mots, l'émiettement du lien social tant recherché au nom des fractions ethniques et identitaires.

Photo 1: Présumé sardinard circulant sur internet

Source : réseaux sociaux92(*)

Cette image reflète la catégorie de personne taxée de « Sardinard » car on aperçoit un présumé sympathisant du parti RDPC ayant dans ses mains croisées derrière, un pain et une sardine

La vie commune implique l'acceptation de l'autre, ses idées et sa manière de percevoir les choses. La présente recherche à sa phase de collecte des informations, révèle que dans l'arrondissement de Dschang, les populations ne sont pas encore libéréesde la dichotomie « Tontinard » et « Sardinard ». De manière subtile, elle influence encore les populations et par conséquent, fragilise l'unité nationale tant proclamée. Dans le processus de cohabitation, l'autre est moins perçu comme un citoyen plutôt qu'un adversaire.Un enquêté dira que : « tontinard et sardinard résultent d'un manque de culture politique et de l'intolérance parce qu'on ne respecte plus l'autre, on ne respecte plus les idées de l'autre, on veut à tout prix adhérer à nos propres idées personnelles, les sardinards estiment qu'il ne faut pas soutenir les tontinards »93(*). Dans leur communication de Mars 2019, V NGOUYAMSA et T FOBASSO GUEDJO94(*) entrevoyaient déjà l'effet pervers de ces qualificatifs de « Tontinards » et de « Sardinards » lorsqu'ils affirment que : «  Or, ils sont lourds de sens et se réfèrent précisément aux habitus socioculturels et politique de deux identifiés sociales camerounaises. C'est donc l'histoire d'un conflit entre deux Régions (Ouest et Sud du Cameroun) ou deux ethnies (Bamilékés et Bétis) qui sont ici subsumée en ces concepts. »95(*).

Le vivre ensemble est au coeur des débats locaux, nationaux et même internationaux.C'est une préoccupation de tout État soucieux d'une paix intérieure, d'une harmonie et d'une bonne vie entre ses populations. Cela est d'autant plus le souci de l'État du Cameroun taxé d'Afrique en miniature en raison non seulement des richesses de son sol, de son écosystème mais aussi et surtout de sa diversité culturelle. Au regard de la réalité touchée des doigts dans la ville de Dschang, nous constatons qu'il y'a une véritable crise du lien social. Le mariage social considéré comme atout à la formation d'une société où règne la paix, est pratiquement une illusion. Tout ceci à cause des fractions identitaires et ethniques, du repli de chacun et de tous sur sa culture et son groupe d'appartenance. Cette crise du vivre ensemble, nous l'avons vu, se manifeste par un désenchantement de la communion des peuples en ce sens que les populations sont distantes les unes des autres, qu'une rivalité naît entre groupe. Plus loin encore, cette déchéance du vivre ensemble est perçue à travers le déséquilibre dans la redistribution des richesses, la montée du favoritisme au détriment de la méritocratie et la fragilisation de l'unité nationale. Que ce soit la distanciation entre les peuples et la fragilisation de l'unité nationale en passant par les rivalités ethniques et le déséquilibre remarqué dans le partage des richesses, nous voyons en eux les effets pervers du phénomène d'ethnicisation politique. Ces effets sont loin d'être des effets escomptés par la population ainsi que les Hommes politiques. En concordance avec les analyses de R-K MERTON96(*) qui prescrit dans l'analyse d'un phénomène sociale, de dégager le latent et le manifeste de celui-ci, nous pouvons dire que l'ethnicisation du champ politique contemporain, quelles que soient ses motivations, entraîne avec elle un certain nombre d'effets latents et indésirables qui peuvent sembler jusqu'ici inconnus par beaucoup.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Au Cameroun, la question du vivre ensemble est en soi une réalité prônée. Que ce soit les Hommes politiques ou encore les membres de la population en passant par la société civile, chacun à son niveau le proclame ouvertement. Ceci est d'autant plus le cas qu'aujourd'hui, il existe tout un encadrement institutionnel visant à implémenter ce vivre ensemble de toutes les populations du Cameroun. Cet effort et engouement des gouvernants pour la cohésion des peuples ainsi que leurs intégrations, peut se comprendre à travers le constat selon lequel, le Cameroun est un pays multiculturel, ce qui lui a valu l'appellation de « Afrique en miniature ». Cependant, par opposition à cette volonté commune d'une cohésion nationale, survient une certaine ethnicisation dans le champ politique contemporain. La politique devient au fil du temps, colorée par le phénomène ethnique. Ce facteur ethnique à travers les fractions identitaires pourrait constituer une barrière face à l'opérationnalisation du vivre ensemble tant proclamé.

Aujourd'hui comme dans le passé, l'ethnie représente une valeur sociale à base de laquelle s'organisent la structure et la logique sociale. En tant que telle, elle favorise la classification sociale et la reproduction d'une certaine inégalité entre les groupes sociaux. Aujourd'hui plus rien n'échappe à son contrôle pour ainsi dire qu'elle a envahi l'espace public. Sur le champ politique également, le constat qui se dégage est que l'ethnie s'est frayé un chemin et semble-y dicter sa loi au point de vouloir imposer une ligne de conduite. Ce pouvoir presque écrasant, à voir de plus près, prend effet dans l'Arrondissement de Dschang. À Dschang, le facteur ethnique contrairement à ce que l'on se serait imaginé, est présent dans l'exercice du jeu politique et agit sur les comportements politiques des populations. Ce constat nous a amené à nous questionner sur la problématique du vivre ensemble face à l'ethnicisation du champ politique. Ainsi, nous avons formulé notre question de recherche de la manière suivante : En quoi est-ce que l'ethnicisation du champ politique contribue-t-elle à la détermination des attitudes et comportements politiques dans l'Arrondissement de Dschang ? À partir de cette question, nous avons formulé les hypothèses suivantes :

Comme hypothèse principale, nous avons énoncé que dans l'Arrondissement de Dschang, l'ethnicisation politique contribue à accorder une certaine primauté à l'ethnie et au groupe identitaire dans les tractations et les transactions politiques et met en avant le facteur ethnique dans l'exercice du jeu politique local.

De cette hypothèse principale a découlé les trois hypothèses spécifiques qui suivent :

La première proposition est que les motivations de l'ethnicisation politique chez les populations dans la ville de Dschang sont entre autre la volonté d'acquérir les faveurs de la population et ses suffrages à l'occasion des échéances électorales.

La seconde est que l'ethnicisation politique influence la participation politique des populations à Dschang à travers les choix opérés par ces derniers lors des périodes électorales.

La troisième quant à elle révèle que l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang est la création des clivages, des discriminations et replis identitaires.

Prenant en compte ces hypothèses, ce travail avait pour objectif principal demontrer en quoi l'ethnicisation politique contribue à la détermination des attitudes et comportements politiques des populations dans l'Arrondissement de Dschang. De manière plus précise et spécifique, il s'agissait

D'identifier les motivations de l'ethnicisation politique chez les populations dans la ville de Dschang.

De cerner l'influence de l'ethnicisation politique sur la participation politique des populations à Dschang.

Et d'appréhender l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang.

Dans l'optique de cerner les contours de ces multiples questionnements et vérifier nos hypothèses, nous avons opté pour les théories de l'interdépendance et du fonctionnalisme relativisé qui proposent une logique assez particulière dans l'analyse et la compréhension d'un phénomène social. Nous avons également après la collecte des données qualitatives usant le guide d'entretien, procédé à l'analyse de contenu des discours recueillis.

De cette étude, il transparait trois principaux résultats.

En ce qui concerne les motivations de l'ethnicisation politique chez les populations à Dschang, il s'est avéré que ce qui motive ce phénomène à Dschang est entre autre une stratégie politicienne de formation d'une base et du contrôle de l'aire sociologique, la valorisation de l'ethnie en politique, la rationalité communautaire et la catégorisation des peuples. Dans la politique il faut avoir une maîtrise des choses et se faire des alliés et ceux-ci proviennent généralement du même groupe sociologique que le leader politique. Les populations quant à elles en raison des liens solides qu'elles partagent avec la communauté ethnique d'appartenance privilégieront celle-ci au détriment d'autre. Notre enquête a révélé que la communauté exerce un poids sur l'individu et vice versa. De même que l'individu cherche à contrôler et à influencer la société, elle le contrôle aussi et par conséquent influence son comportement.

Ces résultats nous permettent de confirmer d'une certaine manière la première proposition que nous avons faite à savoir que c'est la volonté d'acquérir les faveurs et les suffrages de la population, motive l'ethnicisation politique à Dschang. Cependant une révélation a enrichi ce travail en ce qui concerne les motivations de ce phénomène d'ethnicisation politique. En plus des faveurs de la population, les Hommes politiques usent de ce phénomène comme stratégie de formation d'une base, d'un fief car selon les données rendues disponibles, une formation politique ne naît pas dans le vide ; elle commence quelque part avec une population bien précise.

Une attention portée sur la participation politique face au phénomène d'ethnicisation de la politique a permis de comprendre que la participation politique est sérieusement heurtée à l'ethnicisation politique en ce sens où l'on aboutit à une monté de la subjectivité dans les choix et une reconfiguration de la participation et du comportement politique. Résultat qui permet de confirmer l'hypothèse selon laquelle l'ethnicisation politique influence la participation politique des populations à Dschang à travers les choix opérés par ces derniers lors des périodes électorales. L'élément nouveau qui donne une coloration nouvelle à cette recherche est le résultat selon lequel la participation politique face l'ethnicisation politique se retrouve reconfigurée dans la mesure où l'on aboutit à une reconfiguration du comportement politique des populations à travers l'adoption des comportements comme l'abstentionnisme, le désintérêt de la chose politique dû à un combat improductif de vouloir changer l'ordre des choses. Au vu des efforts entrepris par les populations pour un certain changement, une alternance, qui se sont avérés vain, beaucoup en sont découragées et décident d'abandonner.

Concernant l'autre pan de notre travail relatif à la problématique du vivre ensemble face à l'ethnicisation politique, il en ressort que ce phénomène a des conséquences sur le vivre ensemble à Dschang. C'est plus un slogan qu'une réalité car nous remarquons des distances qui se créent en raison des appartenances politiques et ethniques, ce qui nuit à la collaboration entre les groupes sociologiques. Ceci amène également à confirmer l'hypothèse selon laquelleL'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang est la création des clivages, des discriminations et replis identitaires. Chacun vie renfermé sur son ethnie limitant ainsi toute possibilité de vivre ensemble.

Au bout du compte, les conclusions issues de l'analyse de l'ethnicisation dans champ politique à Dschang, nous permettent de constater que l'ethnie semble s'ériger en un élément à ne pas négliger comme l'a dit J LONSDALE97(*), il parait important de la prendre en compte dans la compréhension du langage et des logiques des sociétés car cette dernière détient un pouvoir98(*) qui est capable d'imposer une ligne de conduite aux hommes et aux institutions. De même, si cette recherche a concouru à montrer que l'ethnie a un certain pouvoir, elle a aussi permis de mettre en évidence le facteur instrumentaliste de celle-ci par les Hommes politiques. Ces derniers l'instrumentalisent à des fins de calculs politiques.

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ü MÉMOIRES ET THÈSES

LABITE, SODJINE, Agbodjan-Prince (2012)., « L'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex RPT et de l'UFC », Université de LOME.

MAZAMESSO, Wella (2011)., « Processus électoraux en Afrique noire francophone »,Université de LOME.

ü RAPPORTS ET COLLOQUES

Cahier du vivre ensemble de la communauté urbaine de Douala (juin 2017)., Collections Cahier de la CUD, n°011, P 5.

Conseil de l'Europe (2009) créé en 1949 au lendemain de la seconde guerre mondiale, vivre ensemble, avril, p 56.

Ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire (2009), « Formulation de la vision de développement à long terme », Document de travail, décembre.

MINJEC (2015), « Stratégie camerounaise d'intégration nationale », p7.

NGOUYAMSA Valentin & FOBASSO GUEDJO Trésor (Mars 2019).,« Élection présidentielle au Cameroun : entre liberté d'expression et revendications ethniques », colloque international pluridisciplinaire du LAASSE, Université Félix Houphouët-Boigny, 6ème Edition, PP 1-15.

UM NYOBE Ruben (1952)., « Discours à l'ONU ».

ü SOURCES ÉLECTRONIQUES

http://ipsnews.net/français/2006/10/30/politique-cameroun-la-montée-la-montée-des-conflits-interethniques-inquiète-de-plus-en-plus/ consulté le 15/06/2019 à 12h.

NDAM NJOYA Nzoméné : « Opinion- Cameroun: "Sardinards" Vs "Tontinards" Quand Cabral Libii se
trompe volontairement de définition(s) », 2018, in http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-
36251.html, consulté le 7/ 12/ 2018.

ü DICTIONNAIRES

DORTIER, Jean-François (2013)., Dictionnaire des sciences sociales, ed sciences humaines.

ANNEXES

Annexe 1: Guide d'entretien

Mesdames, Monsieurs !

Afin de parachever notre cursus de Master, parla rédaction de notre mémoire en vue de l'obtention d'un Master II en sociologie, nous, étudiants à l'université de Dschang, envisageons d'effectuer une recherche sur le thème :l'ethnicisation dans le champ politique Camerounais : cas dans l'arrondissement de Dschang. Face au problème d'étude orienté vers l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble, sur la cohésion sociale, nous aimerons nous entretenir avec vous, afin de recueillir des informations pertinentes sur, les motivations de l'ethnicisation politique, sur l'influence de l'ethnicisation politique sur la participation politique des populations à Dschang et sur l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble. Ainsi, nous comptons sur votre coopération et vous promettons de garder l'anonymat et d'utiliser vos informations à des fins purement scientifiques.

I. Identification de l'enquêté

Niveau d'étude

Ethnie

Parti politique d'appartenance

II. Motivations dans l'ethnicisation politique

- Acteurs politiques et simples militants

Acquisition des faveurs de la population (faible popularité)

Acquisition des voix lors des périodes électorales

Démembrer le clan adverse

Poursuite d'intérêts égoïstes

III. L'ethnicisation politique et participation politique des citoyens

- Reconfiguration de la participation politique

Marches de contestations

Mouvements de grève

Choix électoraux opérés

Abstentionnisme de la population

Manifestation d'un désintérêt pour la politique

IV. L'ethnicisation politique et vivre ensemble

Type d'influence

Création des clivages

Encouragement du repli identitaire

Monté de la discrimination

Mesures prises par les autorités compétentes

Annexe 2:Liste des enquêtés

Numéro de l'enquêté

Région d'origine

Parti politique d'appartenance

Niveau d'étude

Âge

sexe

Dates d'entretien

EN1

Ouest

Aucun

baccalauréat

40

M

16-4-2019

EN2

Sud-Ouest

SDF

M2

23

M

16-4-2019

EN3

Ouest

Aucun

Licence

35

M

16-4-2019

EN4

Ouest

Aucun

baccalauréat

56

M

17-4-2019

EN5

Ouest

Aucun

baccalauréat

57

M

17-4-2019

EN6

Centre

RDPC

CP

20

F

18-4-2019

EN7

Ouest

MRC

universitaire

46

M

18-4-2019

EN8

Ouest

SDF

M1

27

M

19-4-2019

EN9

Ouest

Aucun

probatoire

45

M

19-4-2019

EN10

Ouest

MRC

licence

67

M

19-4-2019

EN11

Ouest

MRC

BEPC

60

M

20-4-2019

EN12

Ouest

Aucun

M1

24

F

20-4-2019

EN13

Ouest

Aucun

L2

23

M

20-4-2019

EN14

Ouest

Aucun

D2

28

M

22-4-2019

EN15

Ouest

MRC

M2

40

M

22-4-2019

EN16

Ouest

Aucun

Licence

26

M

22-4-2019

EN17

Sud-Ouest

RDPC

Baccalauréat

43

M

22-4-2019

EN18

Centre

RDPC

Licence

39

M

22-4-2019

EN19

Nord-Ouest

Aucun

Baccalauréat

23

F

22-4-2019

EN20

Adamaoua

Aucun

Licence

30

M

30-4-2019

EN21

Ouest

RDPC

D1

24

M

30-4-2019

EN22

Ouest

MRC

M2

29

M

2-5-2019

EN23

Centre

Aucun

M1

24

M

2-5-2019

EN24

Nord

Aucun

M1

45

M

2-5-2019

EN25

Ouest

MRC

M2

24

M

6-5-2019

EN26

Ouest

MRC

Baccalauréat

62

M

6-5-2019

EN27

Ouest

MRC

L3

37

F

10-5-2019

EN28

Ouest

Aucun

baccalauréat

40

M

10-5-2019

EN29

Centre

RDPC

Licence

54

M

10-5-2019

EN30

Ouest

MRC

Probatoire

34

M

14-5-2019

Annexe 3: Récapitulatif de la recherche

Questions

Hypothèses

Objectifs

Informations recherchées

Méthode

Stratégie

Type de question

QP : en quoi l'ethnicisation politique contribue-t-elle à la détermination des comportements et attitudes politiques des populations dans l'arrondissement de Dschang ?

Dans l'arrondissement de Dschang, l'ethnicisation politique contribue à accorder une certaine primauté à l'ethnie et au groupe identitaire dans les tractations et les transactions politiques et met en avant le facteur ethnique dans l'exercice du jeu politique.

Montrer en quoi l'ethnicisation politique contribue à la détermination des attitudes et comportements politique des populations dans l'arrondissement de Dschang.

Informations liées à l'influence de l'ethnicisation de la politique sur détermination des attitudes et comportements politique des populations dans l'arrondissement de Dschang

qualitative

Guide d'entretien

Questions ouvertes

QS1 : quelles sont les motivations dans l'ethnicisation politique chez les populations dans l'arrondissement de Dschang?

Les motivations dans l'ethnicisation politique chez les populations dans la ville de Dschang sont entre autre la volonté d'acquérir les faveurs de la population et ses suffrages à l'occasion des échéances électorales.

Identifier les motivations dans l'ethnicisation politique dans l'arrondissement de Dschang.

Les informations concernant les motivations dans l'ethnicisation politique dans la ville de Dschang sont prioritaires ici

Qualitative

Guide d'entretien

Questions ouvertes

QS2 : comment l'ethnicisation politique influence-t-elle la participation politique des populations dans l'arrondissement de Dschang ?

L'ethnicisation politique influence la participation politique des populations à Dschang à travers les choix opérés par ces derniers lors des périodes électorales.

Cerner l'influence de l'ethnicisation politique sur la participation politique des populations à Dschang.

Les Informations liées à l'influence de l'ethnicisation politique sur la participation politique des populations de l'arrondissement de Dschang sont à rechercher ici

Qualitative

Guide d'entretien

Questions ouvertes

QS3 : quel est l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang?

L'influence de l'ehnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang est la création des clivages, des discriminations et repli identitaire

Appréhender l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang

Ici nous recherchons les informations liées à l'influence de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble à Dschang

qualitative

Guide d'entretien

Questions ouvertes

Annexe 4 : Synthèse des transcriptions

Thématique 1 : Motivations dans l'ethnicisation politique

Enquêtés

Items

1

 

2

Je pense que c'est juste parce que si un dirigeant d'un parti politique qui et d'une ethnie particulière à cause de ça les membres également de cette ethnie trouvent qu'oh il faut qu'on supporte notre frère. C'est une autre sorte de patriotisme politique il faut supporter ton frère. Ils trouvent également que parce que ton frère est en haut, ils vont également bénéficier de cela

3

L'ethnicisation politique vient généralement fragiliser l'opinion publique, ça vient détourner l'opinion publique. Déjà les bourreaux ils ont pris le pouvoir et ils utilisent la stratégie « diviser pour mieux régner ». Parce que les gens visent un poste ; ils créent des divisions partout, c'est pour fragiliser le culte de l'intérêt général, c'est pour abroutir le peuple, les maintenir dans le sous-développement afin qu'ils ne s'entendent jamais

4

, c'est une façon de valoriser l'ethnie en matière politique, chacun va aller parler à ses frères, pour les motivations d l'ethnicisation, on n'a pas besoin d'argument, ce que je dis n'a plus d'importance, vous n'avez même plus besoin d'un programme politique c'est votre frère quand il va monter il va penser à vous. Au Cameroun les postes sont considérés comme des postes de mangeoire, si c'était pour travailler c'est qu'on ne fête pas quand on vous nomme

5

C'est pour détourner les populations du vrai problème et apporter un faux problème qui ne va pas nous faire avancer, c'est la faiblesse du politique camerounais. C'est-à-dire tous les camerounais partent d'abord chez eux. C'est un phénomène universel parce que même dans d'autre pays comme les États-Unis quand un homme politique émerge on commence à dire qu'il est de telle religion, de telle secte, il est né et a grandi dans telle ville. On l'oriente déjà vers là où se trouve son fief

6

 

7

Instrumentaliser l'ethnie pour conserver le pouvoir, et c'est entretenu par le pouvoir en place

Écarter la population des véritables objectifs dû au fait qu'il n'Ya pas une forte culture politique

Amener les populations à manifester peu d'intérêt pour la chose, quand la majorité s'intéresse il y'a problème et l'on s'inquiète, il faut tout faire pour que la population ne s'intéresse pas à la politique

Certains partis réussissent dans leur fief parce qu'ils n'ont pas la capacité de vendre leur image à l'extérieur

8

Ça a toujours été comme ça il y'a toujours eu le tribalisme au Cameroun du genre si un leader est du Nord, la plupart de ses adeptes vont venir de là. S'il et du sud comme le président actuel c'est pareil or ça ne devrait pas être ça

Acquisition des faveurs de son peuple (RDPC au sud, MRC à l'Ouest)

Intérêt recherché c'est un jeu que le pouvoir a mis en place pour pouvoir détourner les camerounais des vrais problèmes ; c'est une stratégie du pouvoir

9

Intérêt égoïste, pour ne pas être marginalisé, pour recueillir les voix et avoir du soutien, pour mieux asseoir sa base

Les hommes politique ne cherchent pas le pourvoir mais leur part de gâteau

C'est une stratégie pour atteindre un but en masquant les choses, pour gagner, une ethnie veux dégager l'autre

10

On ne crée pas un parti dans le vide, ça part de quelque part, et c'est normal que tes frères adhèrent et te soutien

C'est l'élite qui mange qui a créé ça pour se maintenir dans la mangeoire, pour faire peur

C'est l'homme politique qui amène ça pour distraire s'est également un jeu d'intérêt et une stratégie d'intimidation (le chef de mon village a peur de voter contre le RDPC parce qu'il reçoit certains avantages de celui-ci), Célestine courtes qui refuse de recevoir KAMTO à bagangté, qu'il vienne chez elle pourtant ils sont tous Bamilékés

11

La raison c'est le sectarisme, chacun veut se mettre à part marquer sa différence par rapport à l'autre, l'intérêt égoïste des uns et des autres

12

Parce que le tribalisme est mis en avant, ils savent que c'est leur frère qui est devant et en haut, eux ils vont en bénéficier. Par contre si on prend un qui n'est pas de leur tribu ça ne sera pas en leur faveur, c'est pour flatter la population, en donnant de gadgets à son ethnie et autres pour avoir son vote

13

Ça date de longtemps mais ça n'a pas encore pris de l'ampleur. Avec l'institution de la politique d'équilibre régional, on catégorisait déjà les gens dès le départ, il y' avait un mal être qui obligeait les gens à se mettre en groupe pour être plus forts, par exemple les Bamilékés qui sont en majorité se mettent ensemble pour faire pression sur le pourvoir en place. C'est pour la conquête du pouvoir parce que je me mets un peu à la place des bamilékés si un gars du sud fait plus de 30 ans au pouvoir ça veut dire que nous sommes idiots et ils essayent de se défendre

14

au Cameroun on fait la politique des élections, et n'ayant pas une forte culture politique préétablie au départ, pendant les élections, on ne cherche pas à savoir qui des candidats en liste a un programme politique bancable, on se dit bon X est de chez moi Y est de chez moi automatiquement je vote pour lui parce que s'il est élu automatiquement il y'a un certain nombre de choses qui vont être faites au village ou alors dans la localité où il est ressortissant et à laquelle moi également j'appartiens.

15

L'égocentrisme politique, le tribalisme qui fait en sorte que chaque région ou chaque ethnie veut plutôt valoriser la personne ressortissante de cette ethnie. Nous sommes dans un pays où la pauvreté est élevée il y'a des gens qui ne font pas la politique pour faire mais en fonction de ce qui les avantage raison pour laquelle lors des manifestations politique, on voit un jeune qui défile avec plusieurs partis. Il est à la quête des moyens pouvant lui permettre de survivre

16

Les motivations sont de deux ordres, du point de vue historique et culturel. Du point de vue historique nous sommes arrivés à cette configuration, c'est un schéma mental. C'est pour avoir une côte de popularité, l'adhésion est plus facile lorsqu'on va vers les siens. Ça devient un fait génétique en ce sens que ça devient normal. On considère l'autre comme opposant juste parce qu'il n'appartient pas à notre ethnie (un ennemi politique)

17

C'est pour avoir plus de vote, pour avoir plus de représentant au parlement, parce qu'on se dit que si un de notre est en haut le développement va suivre

18

Ça date de depuis nous remarquons que dans les villes il y'a les associations des ressortissants de tel ou de tel village (association des Bamilékés alors qu'ils vivent à Yaoundé)

L'égocentrisme qui anime la plupart des leadeurs politiques, ils pensent à leur intérêt personnel ; il y'a aussi la pauvreté des populations (matérielle et spirituelle) ; le manque de culture politique (la plupart arrive là par opportunisme) ; chacun sachant que son nombril est enterré quelque part a toujours tendance à revenir vers les siens ; on miroite un quelconque bien être du groupe

19

C'est pour créer les différences entre les peuples

20

L'intérêt personnel en étant dans tel ou tel camp plutôt que dans l'autre

Le regroupement en ethnie n'est pas un problème mais c'est la vision que prône ce groupe, ils n'ont pas de programme politique solide

21

D'abord sur le plan sociologique, le camerounais se retrouve facilement dans sa communauté, il s'y sent à l'aise. Le Cameroun n'a pas encore bâti quelque chose qui est au-dessus de la communauté. Lorsqu'un camerounais va quitter arriver par exemple au Gabon, la première chose qu'il voudra faire c'est de chercher d'abord sa communauté, pour se retrouver dans sa communauté à travers les associations, ce qui fait que sur le plan politique, c'est à peu près la même configuration, les Camerounais ont tendance à se retrouver dans une communauté qui est la leur.

22

Il y'a certaines ethnies qui n'arrivent pas à s'assumer, il y en a qui ont un complexe d'infériorité, ils pensent que d'autres sont supérieurs à eux ils se sentent incapable (d'une façon ou d'une autre) de pouvoir gérer ou faire certaines choses. Je crois que c'est un moyen pour eux de sortir la tête de l'eau et de se faire voir puis que on dit que quand tu ne te fais pas assez voir, il faut trouver tous les moyens

23

La notoriété ethno-politique, l'accaparation du pouvoir par les ressortissants d certaines ethnies, la facilitation d'accès à certains services publics dirigés par les ressortissants de la même ethnie. C'est pour tisser des réseaux politiques et mieux dominer, il y'a aussi la recherche d'un intérêt.

Il est plus facile de convaincre ses frères, vu les liens en communs, ce qui constituerait déjà un électorat considérable surtout dans les élections législatives et municipales. Mais pour rester au pouvoir il faut viser tout le peuple pas juste l'ethnie

24

 

25

 

26

lorsque le frère ou la soeurde la même ethnie et au pouvoir, alors on peut bénéficier d'un traitement ou aavntage particulier

27

La bible dit que le coeur de l'homme est méchant, on ne supporte pas un bamiléké parce que le bamiléké là va nous apporter quelque chose de bien on le supporte parce qu'il est bamiléké, d'abord ce n'est pas objectif. Deuxièmement, on ne supporte pas un bamiléké parce qu'il est compétant pour cela mais on le supporte parce qu'il est bamiléké et je suis bamiléké

28

En fait l'ethnicisation politique est un instrument utilisé par le pouvoir contre le peuple pour préserver ses enjeux. L'enjeu des partis est le même à la seule différence que certains font moins de mal que d'autre, pendant que l'un blesse sans anesthésié, l'autre anesthésie avant de blesser

29

Manipuler la fibre tribale et mettre le uns contre les autres pour réussir (la réaction de l'autre qui dit dites-moi s'il y'a un concours pour devenir de telle ethnie et moi je ferais) on veut empêcher l'autre d'accéder aussi au pouvoir comme il est dit des bamilékés qu'ils ne sont pas faits pour gouverner

30

Chacun protège ses intérêts il y'a les Eton qui supportent le MRC plus que les Bamilékés ; pour déstabiliser l'autre parti on le taxe de parti tribal, la peur d'échouer lorsqu'on voit que ça peut donner avec l'autre, lorsqu'il perce et prend de l'ampleur. Ça a été le cas avec le SDF en 1992 mais les autres partis ne sont inquiétés parce qu'ils savent que ça ne peut rien donner

Thématique 2 : participation politique face à l'ethnicisation politique

enquêtés

Items

1

ça influence dans la mesure où je vais prendre par exemple deux candidats X et Y dans ce pays on constate que si les bétis sont plus nombreux c'est eux qui vont toujours gagner les élections

2

certainement je pense que ça va influencer et ça influence parce que une fois que s'est ethnicisé les membres d'une ethnie particulière vont trouver cela important de voter leur frère et ça se voit peut-être dans notre actualité dans notre société, nous voyons peut-être le MRC, beaucoup de gens plus précisément de l'Ouest ont décidé que noo c'est derrière MRC. Ils ne savent même pas quel est son programme politique (parce que j'ai pris la peine de demander aux gens que qu'est-ce que Maurice Kamto a proposé mais les gens ne pouvaient pas dire, ils disaient seulementohohKamto sans connaitre ce que Kamto a promi.

3

. Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est justement pour freiner la participation massive des populations, vous détourner de votre intérêt. On sait que si vous êtes unis et que vous allez voter contre l'autre, vous pourrez à la longue réclamer votre vote et cela pousse les gens dans la rue. Lorsqu'on dit que « les bamilékés ne pourrons jamais accéder au pouvoir » ça fragilise la couche massive ce sont des mots dissuasifs pour vous décourager à participer aux mouvements politiques. En fait c'est créé pour ça, influencer la participation politique des populations

4

ça influence en ce sens que les discours politique ne sont plus sondés, on ne demande pas le programme politique mais on demande qu'il est d'où.si je me mets là maintenant à parler à la place de fête un discours politique, tous ceux qui vont passer vont dire il est d'où ? dès qu'on voit que ce n'est pas un Dschang on passe disant que moi je ne traite pas avec ces gens-là, mais si quelqu'un entend que c'est son frère, il va s'arrêter pour suivre analysés mais parce que c`est mon frère je milite derrière lui. On voit que tel a remporté à 100% dans telle région parce que c'est le chez lui

5

beaucoup de personnes se font enregistrées à ELECAM mais n'entrent pas en possession de leur carte, ça fait que beaucoup de camerounais ne se sont pas exprimé. Plus de la moitié des camerounais ne s'inscrivent pas sur les listes électorales, si leurs suffrages ne sont pas pris en compte ils ne vont plus aller voter d'où le désintérêt de la chose politique, puisque si le résultat est connu d'avance ça ne sert à rien d'aller voter

6

Beaucoup soutiennent des partis sans connaitre leur projet dû au manque de culture politique (niveau intellectuel) ; quand bien même le niveau intellectuel est là, il y'a la peur parce qu'on n'est pas libre, le climat politique est violent

7

l'épuisement quand on mène un combat depuis longtemps sans suite et on abandonne

Depuis le multipartisme le vote n'est plus libre il est dominé par un certain nombre de facteurs tels que l'ethnie

Ça s'étend même dans le sport (le leadership de l'équipe nationale, le championnat local : telle club parce qu'il est de telle ethnie ne doit pas emporter

Dans les fonctions administratives, l'occupation des postes

Ce ne sont pas les programmes politiques qui flattent

8

ça influence parce des gens sont quittés du RDPC pour le MRC et il y'a plus trop de participation politique

Désintéressement de la chose politique

Le vote est ethnique au Cameroun il y'a des pères et mère du village qui ne connaissent rien du parti ni du programme de gouvernance du parti mais ils s'en vont voter parce qu'il et de mon village

Tribalisme dans les bureaux, l'accès aux fonctions

9

le vote n'est plus objectif, c'est par rapport à la tribu et à l'intérêt

Le choix des partis politique est ethnique, on regarde d'abord à l'ethnie avant le programme politique ; ce sont les non-dits qui gouverne le Cameroun

Les revendications sont ethniques à 80% parce que le leader lutte d'abord en faveur de notre base tribale et à 20% pour la cause nationale

10

Tu es fonctionnaire au Cameroun = voter pour le RDPC, tu échoue à un concours = c'est parce que tu n'appartiens pas au mouvement

11

on vote au Cameroun parce qu'on dit qu'il faut que BIYA passe et nous allons toujours rester en haut par rapport aux grands postes qu'ils occupent dans le pays (avoir les avantages et faveurs)

12

ça influence certes mais dans certaines régions mais pas partout, on retrouve les gens de même ethnie que celui qui est en haut mais compte tenu de leur quoscient intellectuel refuse d'y adhérer parce que ils constatent que soit la personne qui est en haut n'applique pas les règles qui seront en leur faveur.

13

ça influence parce que prenons par exemple Kamto beaucoup l'on voté parce que c'est leur frère (moi si ma carte sortait je ne devais pas voter Kamto parce que son programme ne me plaisait pas, il est inadmissible que dès le départ tes militants prônent l'ethnicisation et tu ne calme pas ça vite mais tu prends cela comme cheval de batail pour pouvoir conquérir le pourvoir)

14

je suis candidat à une élection, toi et moi nous sommes de la même contrée, tu ne cherches pas à savoir si le programme politique que moi je présente est un programme peut-être qui résout un certain nombre de problème. Toi ce qui t'importe c'est que si tu me vote moi qui suis ton frère du village, même si toi tu ne bénéficie pas directement des actions que je vais entreprendre, indirectement tu vas en bénéficier parce que une fois élu je reviendrais à la source faire un certain nombre de réalisation

15

parce qu'on a utilisé cette manière de faire la politique et ça n'a pas marché, le gens sont découragés, l'abstentionnisme, on s'est battu à notre niveau et ça n'a rien donné ça peut me pousser à me révolter, exprimer son mécontentement

16

prenons l'exemple de quelqu'un qui a grandi dans une localité, il a été formé d'une manière et ne peut que participer comme il a été amené à le faire.L'ethnicisation limite sa vue pour l'accès au pouvoir. Du point historique, on a été amené à croire que le pouvoir appartient à une certaines catégories d'individus, du coup quand on n'est pas dans cette catégorie-là, on voit le pouvoir nous échapper et quand on se retrouve dans une ethnie on croit qu'on peut avoir facilement accès au pouvoir

17

 

18

ça influence parce qu'on se retrouve avec des dirigeants originaires d'une seule tribu

19

les uns et les autres vont se haïr, se diviser ; si mes frères me voient voter pour une personne n'appartenant pas à notre ethnie, ils vont manifester un certain mécontentement ; donc on vote parce qu'il est notre frère

20

on fonctionne avec le ventre et non plus avec la tête

Il y'a la foule mais vide de sens, pas compétente ; il y'a peu de personnes qui peuvent défendre le parti, critiquer le pourvoir en place avec des arguments solides (manque de compétence, politique du ventre)

21

dans le vote, on ne vote plus raison mais on vote le coeur, non plus ce qu'on peut recevoir en terme idées mais

Ça crée des clivages entre les groupes et les sociétés, on élève sa communauté tout en détruisant celle d'en face

22

ça affecte la participation politique dans le sens où la méritocratie n'est plus vraiment prônée. En fait quand on est « xénophobe », on se dit supérieur à l'autre, forcement on prend un parti pas parce que on sait que ce parti est meilleur pour nous ou ce qui va nous faire évoluer mais beaucoup plus parce qu'on dit bon voilà c'est mon frère, on suit notre frère, on ne suit pas la personne qui va vraiment aider notre pays à se développer.

Les gens pensent que leur voix ne compte pas, comme ils sont inférieurs et n'ont pas le pouvoir de prendre certaines décisions, ils ne s'y mettent pas vraiment

23

: dans le recherche du pouvoir et de l'intérêt, on se dit que si on se rallie aux bamilékés, les élus bamilékés privilégieront leur zone pour le développement matériel et infrastructurel, l'ouverture des portes à certains services, et de la notoriété sur certaines ethnies

24

beaucoup de gens ne sont même pas le militants d'un parti politique alors ça influence d'une manière occasionnelle parce que lorsqu'on voit des gens peut-être on dit Maurice Kamto est en train de venir à Dschang on voit une masse on voit une foule venir voir et supporter, lorsqu'il parle on crie on va penser que parmi les gens là, eux tous ont des cartes d'électeur, eux tous vont aller voter le MRC mais la triste vérité est qu'ils ne se sont même pas inscris aux élections. Et même ceux qui se sont inscris vont trouver que on ne part même pas voter parce qu'on connait déjà celui qui va gagner. Alors ça joue d'une part et d'une autre part c'est seulement pour animer la sphère politique (le folklore, l'hypocrisie) parce que beaucoup de gens sont politiquement ignorants de beaucoup de choses ils n'ont pas voté, ils sont là ils ne s'inscrivent pas sur les listes. Très bientôt on aura les élections municipales mais si tu demandes a beaucoup de gens combien se sont inscris c'est grave et on le force chaque jour.

25

aucune ethnie ne peut faire la moitié de la population pour pouvoir assurer et garantir une certaine victoire à quelqu'un

26

À travers l'usage de la langue yemba lors des meetings et des campagnes électorale

27

Si en politique on doit être fort, on doit l'être d'abord avec la cohésion et l'adhésion des siens. Le soutien des siens devrait être un acquis dans la conquête du pouvoir aussi les revendications peuvent être ethniques car le groupe ethnique du leader politique devient un groupe d'intérêt politique. L'appartenance ethnique influence largement le vote.

28

Mêmele milieu universitaire est politisé, pour soutenir c'est politisé, on va chercher à savoir si vous appartenez à tel parti politique, pour avoir un doctorat, pour avoir une agrégation il faut appartenir à tel loge à tel parti politique, les étudiants envoyés sur le terrain sont parfois de pions pour sonder et permettre aux hommes politique de changer de stratégie, on leur attribue des thèmes pour sonder le peuple. Lorsqu'on parle d'ethnicisation politique c'est justement pour freiner la participation massive des populations, vous détourner de votre intérêt. On sait que si vous êtes unis et que vous allez voter contre l'autre, vous pourrez à la longue réclamer votre vote et cela pousse les gens dans la rue.

29

Ça a une grosse influence parce que quand on observe la dernière élection présidentielle, c'est dans la région de l'ouest que le MRC a eu son plus gros résultat. Ça veut dire que le poids ethnique à peser, l'ethnicité à peser de tout son poids pour que cela soit ainsi. C'est vrai on va dire à Douala aussi il a gagné mais c'est une ville cosmopolite constitué en majorité des bamilékés donc à ce niveau encore l'ethnie a été mis en avant. Création d'un antagonisme du fait d'un attachement fort des populations à leur leader qui est de la même ethnie qu'elle-même au niveau des manifestations les meneurs sont ressortissants de la même ethnie que le leader

30

Les revendications sont ethniques parce que certains chefs locaux se regroupe pour faire pression sur l'État parce que leurs enfants ne sont pas situés ou sont peu dans le gouvernement actuel, ils plaident pour que le gouvernement puisse aussi regarder de ce côté-là pour que leur enfant soient placés

Thématique 3 : la question du vivre ensemble face à l'ethnicisation politique

Enquêtés

Items

1

le vivre est presque impossible parce que chacun va dire que puisque c'est telle ethnie, de ma famille, de mon village, de ma région je préfère plutôt m'aligner derrière lui. À partir de là donc je suis en train de voir les distances qui se créent ; parce que tu vas dire que ça c'est un bassa et je suis bamiléké je ne peux pas aller voter pour lui

2

ça influence parce que l'homme ne voudrait pas voir ce qui est bien mais voudrait seulement voir que c'est mon frère bamiléké, c'est mon frère anglophone qui est devant donc je veux voter pour lui et le vivre ensemble n'est pas ça. Quand on dit dans la constitution que le Cameroun est un et indivisible cela implique que, que tu sois béti, ewondo, que tu sois bamiléké ça n'empêche pas que quelqu'un d'une autre ethnie que la tienne peutte voter. Mais on constate que l'ethnicisation et le vivre ensemble ne peuvent pas marcher.

3

un peuple éveillé peut faire tomber le système, si nous luttons tous ensemble sans trahison, si nous visons les mêmes objectifs. Plus l'énergie estcanalisée, plus ça devient une mitrailleuse.

L'impact de l'ethnicisation politique sur le vivre ensemble est en voie d'être opérationnel. Ça va déboucher sur une guerre ethnique une guerre tribale, et il y'a pas pire qu'une guerre ethnique. On a voulu créer des guerres de clan mais ça a échoué. Maintenant comme on sait que les jeunes ont été suffisamment compressé, chaque jour ils crient oh souffrance, misère ; il faut alors venir avec un problème ethnique pour diviser le peuple pour qu'ils prennent les machettes les uns contre les autres ; pour que l'un dise « ah l'histoire des bamilékés là moi suis pas dedans hein », plus tard cela pourra créer une guerre ethnique

4

le repli identitaire a encore tout gâté, on veut montrer qu'on est chez soi et que toi tu n'es pas chez toi les choses qu'on avait interdites on est revenu déçu, au temps d'AHIJO on avait interdit tous ces repli-là maintenant on a fait sortir tout ça encore. Les manifestations des différentes cultures sont une façon de manifester sa différence par rapport à l'autre, le ngondo, le ngwen étaient interdits, même à santchou il y avait une manifestation qui a été interdite parce que c'est manière de montrer que vous êtes différents de l'autre.il faut concevoir le pays tel que si je suis né et a grandi à Dschang, même si mon père est Bassa je suis Dschang

5

le problème est au niveau du partage du gâteau national, il y'a une petite poignée qui mange le gâteau. C'est ça qui oppose les camerounais. Le camerounais ne déteste pas l'autre parce qu'il vit au Cameroun colle lui ou parce qu'il est de telle ou telle ethnie. On doit peut-être interdire le fait d'aller fêter sa nomination dans son village.il même sais ce qu'il doit faire et ce que la population attend de lui mais il part dans son village manger et boire avec ses frères sans se demander s'il sera même en mesure de satisfaire toute la population, il faut rechercher l'intérêt de la population, il faut faire que la population s'intéresse à la chose politique on veut mettre en place un conseil régional mais combien savent les attributions et à quoi sert le conseil régional et même le profil de ceux qui y seront .

6

 

7

création des clivages, des divisions

Le Cameroun est composé de plusieurs groupes qui veulent se différencier les uns des autres, les clivages, le culte de la différence, dû au fait que l'État n'a pas appris la notion de la nation, le patriotisme

Certains se sentent exclus de la gestion des affaires politiques

8

la commission du vivre ensemble ce sont des histoires, il a fallu la crise pour qu'ils donnent l'impression de trop s'intéresser à la population. Avant la crise anglophone quand on composait, on donnait le sujet ou l'épreuve uniquement en français mais depuis que la crise anglophone a commencé ils font les épreuves en français et anglais pour les deux langues. Ça prouve qu'ils connaissaient ce qu'il fallait faire et ne faisaient rien avant. Le climat politique actuel ne favorise pas le vivre ensemble car chacun défend son idée. Dans les interventions des représentants des partis politique sur les plateaux de débat c'est grave, l'opposition est terrible au point où l'on se demande si on pourra et comment allons-nous vivre ensemble

9

on a toujours vécu ensemble, il y'a un problème d'intérêts ;

Le problème c'est la répartition des ressources et richesses.

Montée du tribalisme

10

le problème du Cameroun est par niveau (riches pauvres, mariage entre eux, ils ont les mêmes problèmes)

11

échec de la méritocratie, dans les concours d'intégration les méritant sont au quartier, le favoritisme

Le vivre ensemble c'est un masque pour voiler les yeux des gens ça n'existe plus car il voudrait qu'on ouvre la porte à tout le monde mais eux ils ouvrent la porte quand c'est l'un des leurs

12

ici au Cameroun celui qui a choisi son parti ne veux pas entendre parler de l'autre ce qui crée les tensions, les gens se font des ennemis, il y'a des rancunes qui naissent

Il faut que chacun accepte le choix de l'autre sans toutefois s'immiscer à l'intérieur (pourquoi est-ce que tu choisis, c'est parce que tu aimes la nourriture etc.

13

Les leaders des partis n'ont pas de problème de vivre ensemble ce sont les petits militants partis prennent ça au sérieux et ils oublient que c'est un jeu politique, ça devient une sorte de rancunes et de colère qui crée un certains différent

14

L'ethnicisation politique fragilise l'unité nationale c'est la conséquence première de ce phénomène parce que avant les élections récentes, le mot d'ordre était unité nationale. Mais dès lors qu'on prône l'unité alors que sur le terrain il y'a des fractions au nom des obédiences politique qui naissent ça veut dire que l'unité nationale est fragilisée. Parce que si les obédiences politiques qui naissent sont à caractère national on n'en serait pas arrivé là. Mais maintenant le principal parti de l'opposition a un encrage plus ethnique ; on a eu un débat tontinard et sardinard sur les réseaux sociaux du coup l'alliage de ces deux peuples est presque impossible, les clivages tribaux vont naitre,

15

le Cameroun regorge plusieurs groupes ethniques et si chaque ethnie veut se faire voir sur la scène politique il y aura toujours problème, on fait semblant de vivre ensemble au Cameroun, quand chacun vise l'intérêt. Chacun doit accepter ce que l'autre est capable de faire, qu'ils mettent en avant la politique de l'intérêt général de la communauté

16

le vivre ensemble qu'on brandi est plus un slogan qu'une réalité. C'est le politique qui fait problème, le vivre ensemble politique parce qu'on a constaté que le pouvoir est resté dans les mains d'une ethnie particulière (qui l'a pris en otage et l'a brandi au détriment de la bonne gouvernance) ; c'est la question du partage du gâteau national qui revient et c'est un aspect qui doit être plus analysé (les soulèvements de la partie anglophone ne sont pas un problème social mais un problème politique de gestion du pouvoir. La répartition du gâteau est entre les politiciens.

17

 

18

le vivre ensemble est possible à condition qu'on s'accepte malgré nos différences ; une infime partie profite des richesses pourtant tous aspirent au bien être ou a besoin d'une société où les valeurs sont respectées, où l'intérêt général est au-dessus des intérêts partisans (la crise anglophone les gens l'on créer pour leur intérêt, envoyant leur enfant fréquenter à l'étranger, ils ont instrumentalisé)

Implémenter la politique de l'équilibre régional au détriment du mérite car les plus forts peuvent venir d'une seule région

19

le vivre ensemble est menacé (les populations du nord-ouest qui se déplacent à cause de la crise dans leur région ;

Il faut donc s'accepter mutuellement

20

: création des divisions, les gens se battent pour un oui ou un non ; ils ne se battent plus parce que celui qui est là respecte ou pas l'intérêt général mais parce que c'est mon frère et ça crée des divisions. Parce qu'on ne recrute non pas sur la compétence, les uns et les autres sont frustrés

Il faut mettre de côté ces regroupements ethniques et prôner l'intérêt général ; il faut de nouveaux leaders avec des visions basées sur le camerounais et non sur une ethnie en particulier, laisser celui qui peut mieux faire, faire

21

il y'a des fissures et frustrations parce que certaines personnes estiment que les bétis contrôlent tout ; tontinard et sardinard résultent d'un manque de culture politique et de l'intolérance parce qu'on ne respecte plus l'autre, on ne respecte plus les idées de l'autre, on veut à tout prix adhérer à nos propres idées personnelles, les sardinards estiment qu'il ne faut pas soutenir les tontinards.

22

Les ethnies se tirent dessus, elles s'affrontent, le Nord-Ouest est en conflit, les bétis qui insultent les bamilékés. Le climat actuel ne favorise pas le vivre ensemble. Les uns cherchent à dominer et à appuyer les autres

23

au Cameroun, les bétis, bulus, les nordistes sont plus avantagés que les autres parce qu'ils ont la majorité de leaders politiques, et ils sont suffisamment implantés dans l'administration pour positionner d'abord leurs frères avant de penser au reste, histoire de monopoliser le pouvoir entre eux

24

Le vivre ensemble est menace car il y'a une tendance à l'appartenance ethnique dû au dernier résultat de l'élection présidentielle

25

Certains groupes sont plus avantagés que d'autre qui sont minoritaire d'où la cohésion sociale qui est difficile entre les peuples. Encore avec les crises dans le nord-ouest et le sud-ouest le vivre ensemble n'est pas favorisé

26

Le climat politique actuel n'a rien à voir avec le vivre ensemble à Dschang parce que les actions ou systèmes politique sont perfectibles. La représentation ethnique au sein du pourvoir politique peut être améliorée

27

Comme on dit l'ignorance tue, c'est ce qu'on ne connait pas qui va nous tuer et c'est ce que nous vivons et c'est ce qui tue la société. La société est ignorante de beaucoup de choses alors ils ne savent même pas ce qui est là et ce qui est nécessaire même alors j'ai également pris mon temps pour demander aux gens que quels sont les candidats qui sont en train de compétir pour être président, c'était fort de constater que les gens ne pouvaient pas citer 4 à 5 ils connaissaient seulement Paul BIYA, Maurice KAMTO et même pour le SDF beaucoup pensaient que c'était NFRU NDJI alors que c'était JOSUA

28

La commission mussonguèdepuis qu'ils sont là tu les as vus ici à Dschang ? ils sont là seulement pour manger c'est une mangeoire. Ce sont les autorités qui prônent les replis identitaires

29

Le président AHDJO ressortissant du nord a cédé le pouvoir à BIYA ressortissant du sud et lui qui estime être en train de ne le perdre pas en le cédant à un individu mais à un peuple. Le pays est en perte de repère et la politique a une grande influence sur la vie sociale, la politique touche à tout et tout touche à la politique.

30

Je prends le cas du MRC et du RDPC vous voyez ce qui se passe les bamilékés sont en train de dire ohohKamto et les Bétis Paul Biya. Or c'est quelque chose qu'on devait dire le Cameroun est indivisible, on doit vivre ensemble, le béti regarde le bamiléké comme un béti et le bamiléké regarde le béti comme un bamiléké

TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE i

DEDICACE Erreur ! Signet non défini.

REMERCIEMENTS iii

LISTE DES TABLEAUX iv

LISTE DES SCHÉMAS iv

LISTE DES PHOTOS iv

LISTE DES GRAPHIQUES iv

LISTE DES ANNEXES iv

LISTE DES SIGLES v

RÉSUME vi

ABSTRACT vii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

1. Contexte et justification de recherche 2

2. Problème de recherche 5

3. Problématique 7

3.1. Questions de recherche 7

3.1.1. Question principale de recherche 7

3.1.2 Questions secondaires de recherche 7

3.2 Hypothèses de recherche 7

3.2.1 Hypothèse principale de recherche 7

3.2.2 Hypothèses secondaires de recherche 8

3.3 Objectifs de recherche 8

3.3.1 Objectif principal de recherche 8

3.3.2 Objectifs secondaires de recherche 8

4. Cadre théorique 8

4.1. Revue de littérature 8

4.1.1 L'ethnicisation politique 9

4.1.2 Réalité de la différence entre les sociétés et les Hommes 11

4.1.3 Vivre ensemble face aux différences ethniques et identitaires 14

4.2 Théories mobilisées 17

4.2.1 Le fonctionnalisme relativisé de Robert King Merton 17

4.2.2 La notion d'interdépendance chez Norbert Elias 18

4.3 Définition des concepts 20

4.4 Intérêt de l'étude 24

4.4.1 Intérêt scientifique 25

4.4.2 Intérêt opérationnel 25

5. méthodologie de recherche 25

5.1 Techniques de collecte des données et justification de leur choix 25

5.1 .1 Observation directe 25

5.1.2 Les entretiens individuels 26

5.1.3 La recherche documentaire 26

5.2 Échantillonnage (critères retenus, type d'échantillonnage, taille de l'échantillon, etc.) 27

5.2.1 Zone d'étude 27

5.2.2 Types et taille de l'échantillon 27

5.3 Techniques d'analyse des données 28

5.4 Conduite du travail de collecte des données 29

6. plan d'exposition et difficultés rencontrées 29

6.1 Plan d'exposition 29

6.2 Difficultés rencontrées 32

PREMIÈRE PARTIE : LES MOTIVATIONS DE L'ETHNICISATION POLITIQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG 33

CHAPITRE 1 : ETHNICISATION POLITIQUE COMME VOLONTÉ MANIFESTE DE CONTRÔLE POLITIQUE 35

1. Stratégie politicienne 38

1.1 Formation d'une base, d'un fief 38

1.2 Contrôle de son aire sociologique 40

2. Valorisation de l'ethnie en politique 41

2.1 Célébration des nominations en communauté 41

2.2 Festivals et pratiques culturelles 42

CHAPITRE 2 : POIDS DES CONSTRUCTIONS SOCIALES SUR L'ETHNICISATION POLITIQUE À DSCHANG 44

1. Primat de la rationalité communautaire 44

1.1 Attachement à sa communauté 44

1.2 Abstraction faite du projet politique 45

2. Volonté de catégorisation des peuples 48

2.1 Regroupements communautaires 48

2.2 Préjugés ethniques 49

DEUXIÈME PARTIE : INFLUENCE DE L'ETHNICISATION POLITIQUE SUR LA PARTICIPATION POLITIQUE ET LE VIVRE ENSEMBLE 54

CHAPITRE 3 : PARTICIPATION POLITIQUE FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE 56

1. Prépondérance de la subjectivité identitaire 59

1.1 Dans les choix des gouvernants 59

1.2 Dans les revendications politiques 60

2. Reconfiguration du comportement politique 62

2.1 Abstentionnisme soutenu par l'épuisement 62

2.2 Désintéressement de la chose politique 64

2.3 Stéréotypes et formation de bloc solide de pression 65

CHAPITRE 4 : LA QUESTION DU VIVRE ENSEMBLE FACE À L'ETHNICISATION POLITIQUE 67

1. Fragilisation de la communion des peuples 70

1.1 Distanciation entre les peuples 70

1.2 Rivalités entre groupes 73

2. Au niveau étatique 74

2.1 Déséquilibre dans la redistribution des richesses 74

2.2 Fragilisation de l'unité nationale 75

2.2.1 L'irruption et dichotomie des notions de « Tontinards » et de « Sardinards » 78

CONCLUSION GÉNÉRALE 82

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 87

ANNEXES 92

TABLE DES MATIÈRES 107

* 1Ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, « formulation de la vision de développement à long terme », Document de travail, décembre 2009, P.5.

* 2Ibid.

* 3 MINJEC, « Stratégie camerounaise d'intégration nationale », 2015, p7.

* 4 Idem

* 5 MENTHONG Hélène-Laure : « vote et communautarisme au Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998. pp.51

* 6MENTHONG Hélène-Laure : « vote et communautarisme au Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998, pp.43

* 7PAGE Michel : « Intégration, identité ethnique et cohésion social », OUELLET, F & PAGE, M., pluriethnicité, éducation et société. Construire un espace commun, Québec, 1991, P.147.

* 8 ALAWADI Zelao : « Élections de « seconde génération » et démocratisation passive au Cameroun : sens et (Im-) puissance de la dynamique électorale en temps d'ajustement libéral », revue de la faculté des sciences politique et juridique de l'université de Dschang, Tome 19, 2017, P 39.

* 9MAYER Nonna : « qui vote pour qui et pourquoi ? Les modèles explicatifs du choix électoral », pouvoirs, vol1, n°120, 2007, PP 10-16.

* 10 MENTHONG, Hélène-Laure : « vote et communautarisme au Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998 PP.20-50.

* 11 ABOUNA Paul., pouvoir de l'ethnie : introduction à l'ethnocratie, Yaoundé, Harmattan, 2011, PP 21-33.

* 12Idem. PP.21-124

* 13 NGOUYAMSA Valentin et FOBASSO GUEDJO Trésor : « Élection présidentielle au Cameroun : entre liberté d'expression et revendications ethniques », colloque international pluridisciplinaire du LAASSE, Université Félix Houphouët-Boigny, 6ème Edition, Mars 2019. PP.1-15.

* 14WEIVIORKA Michel., la différence, France, Balland, 2001, PP.11-20.

* 15 HUNTINGTON Samuel., the clash of civilization and the remaking of world order, New York,1996

* 16 RALPH, Linton., l'individu dans la société, Paris, Gallimard, 1969.

* 17 TOURAINE, Alain., pourrons-nous vivre ensemble ? France, Fayard, 1997, PP. 197-240

* 18GMÜNDER, Retro & KENMOGNE, Jean-Blaise : « pour vaincre le tribalisme : principes, réflexions et perspective», CIPRE, 2002, pp.5-90.

* 19LONSDALE Jean., ethnicité morale et tribalisme politique, Paris, Karthala, 1996, PP.98-120.

* 20 CHABAL Patrick «power in Africa: An Essay», in political interpretation, Londres, 1992 & 1994, PP. 93-94

* 21 LONSDALE Jean., ethnicité morale et tribalisme politique, Paris, Karthala, 1996, PP.99

* 22HALPERN, Cathérine& RUANO-BORBALAN, Jean-Claude : « identité(s) », France, sciences humaines, 2004, PP. 1-9 et 355-359.

* 23SIMO David., Constructions identitaires en Afrique, Yaoundé, CLE, 2006, PP.25-42.

* 24TOURAINE Alain., pourrons-nous vivre ensemble ? France, Fayard, 1997, PP.15-28.

* 25THUAL François., Les conflits identitaires, Paris, Marketing, 1995, PP.161-189

* 26POUGOUE Paul-Gérard : « ethnicité, identités et citoyenneté en Afrique centrale », Yaoundé, UCAC, n°6-7, 2002, PP.12-72.

* 27 NJOH MOUELLE, Ebénézer& MICHALON, Thierry., l'État et les clivages ethniques en Afrique, Yaoundé, ifrikiya et CERAP, 2011, PP.5-123.

* 28 Le phénomène électoral est l'arbre qui cache la forêt en cette question de démocratie ! Des élections pour la désignation des représentants du peule sont ouvertes à tout le monde : suffrage universel oblige ! On voit des analphabètes se faire guider et parfois se faire souffler le nom du candidat ou de la liste en faveur de qui il faut voter. Et comme le vote devient tribal dans la plupart des situations, il est clair que ce ne sont pas les programmes d'actions des candidats qui font la différence entre les compétiteurs, mais uniquement leur appartenance tribale. De nombreux échecs sont encore enregistrés et le chemin reste long à parcourir. NJOH MOUELLE, Ebénézer& MICHALON, Thierry., l'État et les clivages ethniques en Afrique, Yaoundé, ifrikiya et CERAP, 2011, PP.12

* 29 MERTON Robert-King., Éléments de théories et de méthode sociologique, paris, Plon, 1953, 2è Edition, 1965.

* 30MERTON Robert-King., Éléments de théories et de méthode sociologique, paris, Plon, 1953, 2è Edition, 1965, P137.

* 31ELIAS Norbert., la société en cours (achevé en 1933 mais publié seulement en 1969), avec un avant-propos « sociologie et histoire »de 1969, trad. Franç., préface de CHANTIER. R, Paris, Flammarion, coll. « champs »,1985.

* 32 DURKHEIM Émile., de la division du travail social, Paris, PUF, 1893.

* 33NORIEL, Gérard., immigration, antisémitisme et racisme en France, Fayard, 2007, PP. 589-667.

* 34 ALBO, Xavier., racine de américa, elmundoaymara, Madrid, Alianza Edition-UNESCO, 1988, P 607.

* 35LAVAUD, Jean-Pierre., « la Bolivie : vers l'anarchie segmentaire ? L'ethnicisation de la vie politique », paris, Hérodote, n°123, 2006, PP.62-81.

* 36TOURAINE Alain., pourrons-nous vivre ensemble ? France, Fayard, 1997.

* 37 Cahier du vivre ensemble de la communauté urbaine de Douala., Collections Cahier de la CUD, n°011, juin 2017, pp. 5

* 38BOIVIN Albert-Pierre : « Elan, humaniste citoyen », éd Amalthée, vol1, 2009, P184.

* 39 BARTHES Roland : « comment vivre ensemble », cours et séminaires au collège de France 1977-1978, Paris, seuil, 2002.

* 40 Conseil de l'Europe créé en 1949 au lendemain de la seconde guerre mondiale, vivre ensemble, avril 2009, p 56

* 41 ROUHIER Catherine : « apprenons à vivre ensemble », Paris, la Cigale, vol1, 2005, P83.

* 42 HUGON, P., l'économie de l'Afrique, paris, la découverte, 1993.

* 43QUIVY, R & CAMPENHOUDT, V., manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1995, p. 164.

* 44QUIVY, R & CAMPENHOUDT, V, op.cit., p. 195

* 45QUIVY, R & CAMPENHOUDT, V, op.cit., P.81

* 46N'DA Paul., méthodologie de la recherche de la problématique à la discussion des résultats, université de cocodji Abidjan, éd universitaire de côte d'ivoire, 2006.

* 47UM NYOBE Ruben., discours à l'ONU, 1952.

* 48 Enquêté n° 10, 19 -4- 2019.

* 49 Enquêté n°23, 2 -5- 2019.

* 50 MENTHONG, Hélène-Laure : « vote et communautarisme au Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998 PP.20-50.

* 51 Enquêté n°4, 17 -4- 2019.

* 52 MENTHONG, Hélène-Laure : « vote et communautarisme au Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998, PP.51

* 53GOUFAN A. Itong : « implication politique et transformation de la république sociale chez les pygmées Bagyeli de Bipindi-Lolodorf », in KPWANG K. Robert : la chefferie traditionnelle » dans les sociétés de la grande zone forestière du Sud-Cameroun (1950-2010). Paris, l'Harmattan, 2011, P. 433

* 54WEIVIORKA Michel., la différence, France, Balland, 2001, PP.11-20.

* 55GMÜNDER Retro & KENMOGNE, Jean-Blaise : « pour vaincre le tribalisme : principes, réflexions et perspective», CIPRE, 2002, pp.5-90.

* 56 Propos de l'enquêté n°18, 22 -4- 2019.

* 57 Propos de l'enquêté n°4, 17 -4- 2019.

* 58Récapitulatif des interventions sur la question visant à savoir si le vote est ethnique

* 59MAYER Nonna : « qui vote pour qui et pourquoi ? Les modèles explicatifs du choix électoral », pouvoirs, vol1, n°120, 2007, PP 10-16.

* 60 MENTHONG, Hélène-Laure : « vote et communautarisme au Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998 PP.20-50.

* 61 MENTHONG, Hélène-Laure : « vote et communautarisme au Cameroun : un vote de coeur de sang et de raison », in des élections comme les autres, politique Africaine, n°69, 1998, PP.42.

* 62 Propos de l'enquêté n°21, 30 -4- 2019.

* 63Propos de l'enquêté n°21, 30 -4- 2019.

* 64 Données du terrain

* 65 Propos de l'enquêté n°3, 16 -4- 2019.

* 66GMÜNDER Retro & KENMOGNE, Jean-Blaise : « pour vaincre le tribalisme : principes, réflexions et perspective», CIPRE, 2002, pp.5-90.

* 67MERTON Robert-King., Éléments de théories et de méthode sociologique, paris, Plon, 1953, 2è Edition, 1965.

* 68ELIAS Norbert., la société en cours (achevé en 1933 mais publié seulement en 1969), avec un avant-propos « sociologie et histoire »de 1969, trad. Franç., préface de CHANTIER. R, Paris, Flammarion, coll. « champs »,1985.

* 69POURTIER R., Afrique noire, Paris, Hachette, carré géographique, 2ème Edition, 2010, p141-159

* 70 Le passage du parti unique au multipartisme, de la dictature à la démocratie, des élections sans alternatives aux élections dites concurrentielles.

* 71Propos de l'enquêté n°2, 16 - 4 - 2019.

* 72 Propos de l'enquêté n°4, 17-4- 2019.

* 73 Propos de l'enquêté n°23, 2 -5- 2019.

* 74 ABOUNA Paul., pouvoir de l'ethnie : introduction à l'ethnocratie, Yaoundé, Harmattan, 2011, PP 77-92.

* 75 Propos de l'enquêté n°15, 22 -4- 2019.

* 76 Propos de l'enquêté n°3, 16 -4- 2019.

* 77 Propos de l'enquêté n°7, 18 -4- 2019.

* 78 Propos de l'enquêté n°8, 18 -4- 2019.

* 79 Propos de l'enquêté n°5, 17 -4- 2019.

* 80Propos de l'enquêté n°3, 16 -4- 2019.

* 81WEIVIORKA Michel., la différence, France, Balland, 2001, PP.11-20.

* 82 NGOUYAMSA Valentin & FOBASSO GUEDJO Trésor., « Élection présidentielle au Cameroun : entre liberté d'expression et revendications ethniques », colloque international pluridisciplinaire du LAASSE, Université Félix Houphouët-Boigny, 6ème Edition, Février 2019. P.7.

* 83 NGOUYAMSA Valentin & FOBASSO GUEDJO Trésor., « Élection présidentielle au Cameroun : entre liberté d'expression et revendications ethniques », colloque international pluridisciplinaire du LAASSE, Université Félix Houphouët-Boigny, 6ème Edition, Février 2019, P. 12.

* 84 Idem.

* 85 Propos de l'enquêté n°14, 20 -4- 2019.

* 86 http://ipsnews.net/français/2006/10/30/politique-cameroun-la-montée-la-montée-des-conflits-interethniques-inquiète-de-plus-en-plus/ consulté le 15/06/2019 à 12h.

* 87 Propos de l'enquêté n°22, 2 -5- 2019.

* 88 THUAL, François., Les conflits identitaires, Paris, Marketing, 1995. PP.161-189

* 89 NJOH MOUELLE, Ebénézer& MICHALON, Thierry., l'État et les clivages ethniques en Afrique, Yaoundé, ifrikiya et CERAP, 2011, PP.12

* 90Propos de l'enquêté n°14, 22-4-2019.

* 91 Propos de l'enquêté n°13, 20-4-2019.

* 92NDAM NJOYA Nzoméné : « Opinion- Cameroun: "Sardinards" Vs "Tontinards" Quand Cabral Libii se
trompe volontairement de définition(s) », 2018, in http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-
36251.html, consulté le 19/ 06/ 2019.

* 93 Propos de l'enquêté n°21, 30-4-2019.

* 94 NGOUYAMSA Valentin et FOBASSO GUEDJO Trésor : « Élection présidentielle au Cameroun : entre liberté d'expression et revendications ethniques », colloque international pluridisciplinaire du LAASSE, Université Félix Houphouët-Boigny, 6ème Edition, Mars 2019. PP.10-12.

* 95 Op.cit. P.11.

* 96 MERTON Robert-King., Éléments de théories et de méthode sociologique, paris, Plon, 1953, 2è Edition, 1965.

* 97 LONSDALE Jean., ethnicité morale et tribalisme politique, Paris, Karthala,1996, PP.99.

* 98 ABOUNA, Paul., pouvoir de l'ethnie : introduction à l'ethnocratie, Yaoundé, Harmattan,2011.






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