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Lien entre les activités humaines et mouvements des éléphants (loxodonta cyclotis) autour du parc national de l'Ivindo, Gabon.


par Walter D. Mbamy
Université Omar Bongo - Master 2020
  

Disponible en mode multipage

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Mémoire de Master Recherche en Géographie

« Dynamiques Spatiales, Activités et Sociétés (DSAS) »

Lien entre les activités humaines et mouvements des éléphants (Loxodonta cyclotis) autour du Parc National de l'Ivindo, Gabon.

Présenté par :

Walter Djeny MBAMY

Dr Noël OVONO EDZANG

Enseignant chercheur en Géographie Maître Assistant(CAMES)

Pr Jules DJEKI

Enseignant chercheur en Géographie Maître de conférences (CAMES)

Directeur : Co-directeur :

Année 2019-2020

DÉDICACES

Je dédie ce travail à celui qui a permis que je m'inscrive dans ce programme de Master et qui m'a donné la force de le parachever, il s'agit du Seul, Unique et Véritable ELOHIM (Dieu) YEHOSHOUA (Jésus).

Mes dédicaces vont également à l'endroit de mon tuteur et père M. NZONDO ATABI Paul qui a participé avec abnégation à ma scolarisation et mon éducation.

Mais aussi à ma compagne de tous les jours et de terrain, mon épouse MBAMY Carole Daniela, qui a bravé les aléas des enquêtes dans les villages du canton Ntang-Louli pour une collecte de données conséquentes.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail n'aurait pu se faire sans la contribution de divers acteurs fondamentaux par leurs soutiens, encouragements et orientations.

Nous présentons nos remerciements au Professeur Jules DJEKI qui a accepté de coordonner la direction de ce mémoire et surtout de nous faciliter l'accès à l'administration de l'Ogooué-Ivindo lorsqu'il était en service dans la province en tant que gouverneur. Nous ne saurions oublier le Dr Noël OVONO EDZANG qui a assuré la co-direction de ce travail.

Par son soutien tenace tout au long des années de Master, nous tenons à remercier chaleureusement le Dr Marjolaine OKANGA-GUAY. Les conseils et orientations du Dr Médard OBIANG EBANEGA ont joué un rôle fondamental dans le rendu scientifique de ce mémoire.

Par ailleurs, une belle équipe de chercheurs américains de l'Université de Duke des États-Unis a facilité la collecte de données sur le terrain par un apport logistique, scientifique et financier. Nos remerciements s'orientent principalement au Professeur John POULSEN pour une belle initiation à la recherche scientifique pratique durant l'été 2017 dans le Parc National de l'Ivindo et pour son invitation à un stage pratique à l'Université de Duke aux USA. Merci aussi au Dr Chris BEIRNE de nous avoir initié à la programmation avec R, au Dr Michelle LEE pour ses conseils, au doctorant Graden FROESE pour son soutien en statistique, aux étudiants : Seokmin KIM, Melissa BALDINO, Julia KNORR, Alina XIAO et Anna NORDSETH.

En outre, nous voulons remercier diverses personnes qui ont tout de même influencé positivement ce travail. Il s'agit tout simplement :

- Des enseignants du département de géographie, en l'occurrence le Dr Emmanuel ONDO ASSOUMOU pour ses précieux conseils.

- Les anciens étudiants du Master DSAS, Tanguy-Roskard NKOGHE MEFFET, Guichard DZENG OBIANG, Chamberlin NZAME ESSONO et Arlet Edword BOUNGOINDZI BABALA.

- Du doctorant de l'Université d'Oregon aux USA Hervé MEMIAGHE pour ses divers conseils dans le domaine du Conflit Homme-Éléphants.

Nos remerciements vont de tout coeur vers tous les chefs des villages Loaloa, Simintang, Ntsibelong, Minkwala, Ebessi et des chefs de regroupement de Ebyeng-Ezuamenene et Mbes 1 & 2. Sans eux, nous n'aurions pas eu la facilité d'accès aux différents foyers interviewés. Nous remercions aussi les populations de ces villages pour leur accueil chaleureux.

Enfin, nous ne pouvons pas oublier nos contemporains du master DSAS de la promotion 10.5 : Robert OBIANG ZOGO qui a toujours été un binôme dévoué, inspirant et passionné de la recherche ; Dorhiane ARONDO qui a toujours su militer pour les intérêts de la promotion ; Charles NGUEMA dont les critiques pour ce travail ont permis de le perfectionner, KOUMBA MANFOUMBI, Gloria BIVIGOU ILLAMA, Dominique BILOGHE, Nina MANOMBA, Christelle ADDO MOUSSOUNDA, Olivier NKOGHE.

SIGLES ET ACRONYMES

ANPN

Agence Nationale des Parcs Nationaux

BAP

Budget Annuel Prévisionel

CHE

Conflit Homme-Éléphant

CHF

Conflit Homme-Faune

DSAS

DynamiquesSpatiales,Activités et Sociétés

FAO

Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FDR

Forêts du Domaine Rural

GPS

Global Positioning System

INC

Institut National de Cartographie

MBG

Minimum Boundarie Geometry

MCP

Minimum Convexe Polygone

ONGs

Organisations Non Gouvernementales

PNI

Parc National de l'Ivindo

SIG

Système d'Information Géographique

UICN

Union Internationale de Conservation de la Nature

USA

United States of America

WCS

Wildlife Conservation Society

WWF

World Wide Fund for Nature / Fonds Mondial pour la Nature

SOMMAIRE

DÉDICACES i

REMERCIEMENTS ii

SIGLES ET ACRONYMES iv

SOMMAIRE v

INTRODUCTION GÉNÉRALE 8

I- JUSTIFICATION DU SUJET 9

II- APPROCHE PROBLÉMATIQUE 12

III- APPROCHE THÉORIQUE ET ANNONCE DU PLAN 13

PARTIE I :

PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE, ÉTAT DES LIEUX DES CONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE DE L'OGOOUÉ-IVINDO ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE. 16

CHAPITRE I : CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES ET HUMAINES DE LA ZONE D'ÉTUDE 18

CHAPITRE II : ORGANISATION HUMAINE DE LA ZONE D'ÉTUDE ET DESCONFLITSHOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE DE L'OGOOUÉ-IVINDO. 26

CHAPITRE III : APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE 40

PARTIE II :

LIENS ENTRE ACTIVITÉS HUMAINES ET MOUVEMENTS DES ÉLÉPHANTS ET PRÉSENTATION DESRÉSULTATS 49

CHAPITRE IV : DISTRIBUTION DES CROTTES ET MOUVEMENTS SPATIAUX DES ÉLÉPHANTS AUTOUR DES VILLAGES 51

CHAPITRE V : SAISONNALITÉ DU CONFLIT HOMME-ÉLÉPHANT AUTOUR DU PNI .................................................................................... 66

CHAPITRE VI : DISCUSSION ET PERSPECTIVES 85

CONCLUSION GÉNÉRALE 93

BIBLIOGRAPHIE 97

ANNEXES 104

TABLE DES ILLUSTRATIONS 118

TABLE DES MATIERES 120

INTRODUCTION GÉNÉRALE

I- JUSTIFICATION DU SUJET

1- Objet et champ d'étude

La forêt équatoriale du Bassin du Congo renferme la plus importante portion d'éléphants de forêt ( Blake, 2002). Le Gabon contient environ plus de 60% de la population d'éléphants de forêts restant en Afrique, avec environ 45 000 individus ( Blake et al., 2008 ; ANPN, 2016). La particularité du territoire gabonais est qu'il est couvert de 85% de forêt dense. Ce qui facilite la croissance de nombreux organismes vivants tels que les végétaux et les animaux favorisés par la disponibilité de la matière organique. Cette diversité biologique a permis aux communautés villageoises de puiser ces ressources pour divers usages. La forêt génère aux populations rurales d'innombrables avantages car elles exploitent la faune et la flore pour l'agricultures, la chasse etla pharmacopée ( Vansina, 1985 ; Bipikila, 2010 ; Matsuura, 2015). Dans cet écosystème, plusieurs autres activités telles que l'exploitation forestière, minière et le tourisme sont pratiquées. L'utilisation non durable des ressources forestières mettrait en péril plusieurs espèces de cette biodiversité à l'exemple des éléphants qui sont déterminants pour mesurer la santé des forêts ( Blake, 2007 ; Campos-Arceiz, 2011). Il est de ce fait primordial d'étudier les mouvements de ces pachydermes en considérant lesdifférentes activités agricoles qui se déroulent dans leur niche écologique. Donc de comprendre le lien qui pourrait exister entre les pratiques agricoles et le mouvement des éléphants. Ce problème comporte des enjeux multiples qui intègrent la préservation des écosystèmes, le maintien de l'équilibre social, la conservation et le Conflit Homme-Éléphant.

La Géographie est connue comme étant une science qui étudie les phénomènes de distribution et d'organisation spatiale des sociétés et de ce qui les composent. Et notre étude met en évidence les liens entre les activités humaines et le mouvement des éléphants, donc de comprendre comment les déplacements des éléphants influencent directement ou indirectement l'organisation spatiale des activités agricoles. Il ressort clairement que cette étude se situe dans le champ global de la Géographie de l'environnement, mais avec des appartenances conceptuelles et méthodologiques qui peuvent également la classer dans les champs disciplinaires de l'écologie et de la conservation.

2- Contexte

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Le Gabon disposait dans les années 1962 d'un réseau d'aires protégées qui avait pour principaux objectifs de protéger la biodiversité et d'exploiter la faune par le tourisme cynégétique (Wilks, 1990). Depuis le 30 août 2002, le Gabon détient un réseau de 13 Parcs Nationaux qui est aujourd'hui géré par l'Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN). Cette politique de conservation a été mise en application pour le maintien de certaines espèces qui sont en voie de disparition. Ainsi, dans le cadre de la gestion forestière, l'article 92 du Code Forestier gabonais protège intégralement une variété d'espèces. Une attention particulière est accordée aux grands mammifères tels que les éléphants qui sont intégralement protégés ( Article 174 du code forestier 2010). Or la forêt gabonaise contient 60% des éléphants de forêt d'Afrique ( Duru, 2016). La diminution des populations de pachydermes se produit dans un contexte où l'éléphant de forêt, malgré qu'il soit protégé est prélevé illégalement. C'est pourquoi un intérêt essentiel est accordé aux éléphants. L'importance accordé à ces pachydermes se démontre par la pluralité d'articles scientifiques qui leurs sont consacrés. Les études menées sur le Conflit Homme-Faune ont montré que l'éléphant est la cause de la plus grande perte des cultures parmi tous les animaux incriminés ( Fairet, 2012). Cette situation est favorisée par la diversité d'activités anthropiques qui se déroulent dans les forêts, aussi bien à l'intérieur qu'aux alentours des aires protégées.

Pour ce qui concerne le Parc National de l'Ivindo (PNI), il existe plusieurs activités humaines qui sont pratiquées aux alentours du parc et dans la zone tampon. Le PNI est bordé de villages dont les populations ont pour principale activité l'agriculture, comme dans la grande majorité des villages gabonais. En outre, il y a des compagnies forestières telles que TBNI, WCTS, KHLL et SUNRY qui exploitent intensivement le bois en zone forestière. Enfin, il existe aussi des activités touristiques et de chasse. Cette intrusion des hommes dans le terroir des animaux est à l'origine des Conflits Homme-Faune.

Cette situation qui accable à la fois la faune sauvage est les populations explique l'analyse faite dans de cette étude. Notre analyse prendra en compte les données de transects autour des villages. Elles ont été collectées entre 2015 et 2017 dans le cadre du projet Community Wildlife Project piloté par le Laboratoire Poulsen de l'Université de Duke aux Etats-Unis. Nous nous sommes également servi de celles des mouvements de deux éléphants à colliers GPS pendant les années 2017 et 2018. Et enfin, nous avons utilisé des données empiriques issues de l'enquête de terrain menée pendant les mois de juin et juillet de l'année 2019.

Le braconnage, la modification d'habitats et l'augmentation de la population humaine accroissent probablement la pression sur les éléphants de forêt et intensifient le Conflit-Homme-Faune ( Breuer, 2016). Les activités anthropiques ont une véritable influence sur la vie de ces gros mammifères. Les enjeux sont aujourd'hui multiples, c'est ainsi que plusieurs organismes nationaux et internationaux tels que l'Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), le WCS et le WWF s'y activent.

Avec pour mission d'assurer la protection des parcs nationaux et leurs ressources naturelles, l'Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) met tout en oeuvre pour rassurer les populations et protéger la biodiversité. D'autres acteurs internationaux de la conservation tels que le WCS et le WWF ne cessent de mettre l'accent sur « l'amélioration des politiques et de la législation concernant la faune sauvage ; la conservation de l'habitat de l'éléphant ; la réduction de l'abattage illégal des éléphants et du commerce illégal des produits dérivés ; la réduction du Conflit Homme-Éléphant ; l'amélioration du bien-être des populations vivant aux côtés des éléphants et l'augmentation des dons et du soutien du public en faveur de la conservation des éléphants. » ( Parker et al., 2007). L'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) n'est pas en reste dans ce vaste défit de préservation de cette espèce par la mise en place des outils qui contribuent à l'atténuation du Conflit Homme-Éléphant.

3- Localisation spatio-temporelle

8

Situé au centre-est du Gabon, une partie dans la province de l'Ogooué-Ivindo et une autre dans l'Ogooué-Lolo, le Parc National de l'Ivindo est une aire protégée qui abrite l'une des 5 clairières forestières les plus importantes d'Afrique « Langoué Baï ». Il est compté parmi les 13 Parcs Nationaux du Gabon, c'est le 4e en terme de superficie après celui de Moukalaba Doudou, Lopé et Minkébé, avec une superficie de 3000 km2, dont la localisation géographique est comprise entre les coordonnées 0° 15' S et 0° 30' N et entre 12° 20' et 12° 55' E (Figure 1). Avec une faune diversifiée en gros mammifères tels que les éléphants qui sont très abondants. On y trouve une grande concentration de gorilles. Plusieurs autres espèces de primates, insectes et oiseaux y ont été découverts.

Le Parc National de l'Ivindo est principalement drainé par le fleuve Ivindo et ses importants affluents que sont la Lolo, la Djidji et la Langoué. Les précipitations annuelles moyennes sont de l'ordre de 1700mm, comme dans la majeure partie des forêts d'Afrique centrale ( Vande Weghe, 2006)

Ce parc est bordé de plusieurs villages tels que Loaloa, Moyabi, Dilo, Simintang, Ntsibelong, etc. Plusieurs de ces villages font partie de notre zone d'échantillonnage pour caractériser le Conflit Homme-Éléphant autour du parc quand on sait bien que ces populations vivent essentiellement de ressources de la forêt. L'agriculture et la chasse en sont les activités fondamentales.

4- Intérêt du sujet

Il est impérieux de se pencher sur ce problème qui est aujourd'hui très pertinent et d'actualité, surtout qu'il revêt un intérêt environnemental, scientifique et socioéconomique. Notre étude se veut dans un premier temps d'apporter des pistes de solutions à la gestion du CHE. En outre, elle permettra de fournir aux conservateurs de la biodiversité un document d'aide à la gestion des parcs par le suivi saisonnier des mouvements des espèces menacées. Ce qui leur permettra de réduire le contact entre les éléphants et les hommes par la connaissance des lieux que fréquentent les éléphants autour des villages proches de l'aire protégée à des périodes précises de l'année. Enfin, les pouvoirs publics pourront renforcer leur politique de conservation par l'intégration des contextes sociaux dans les prises de décisions.

5- Objectif général

Dans cette étude, l'objectif sera de présenter la configuration spatio-temporelle du Conflit Homme-Faune autour du Parc National de l'Ivindo. C'est donc plus précisément une exploration transversale du mouvement des éléphants corrélés aux activités agricoles des villages situés au Nord du Parc. Il s'agit de mettre en évidence dans cette étude, les raisons qui attirent les éléphants autour des plantations pour mieux comprendre le Conflit Homme-Éléphant (CHE) en lien avec les types de cultures.

6- Objectifs spécifiques

De façon spécifique, nous allons montrer la période de l'année où les éléphants sont très proches des villages et des plantations, jusqu'à quelle distance peuvent-ils s'approcher des villages et quelle est la période du jour où ils se rapprochent le plus des villages.

9

Figure 1 : Carte de localisation de la zone d'étude

II- APPROCHE PROBLÉMATIQUE

1- Problématique

Le massif forestier du Bassin du Congo est riche par son abondance d'espèces végétales et animales. La présence d'éléphants de forêt dans cet écosystème est un indicateur non négligeable pour évaluer la richesse écologique de ce bassin forestier. Les éléphants ont cette particularité de modifier le paysage forestier et de favoriser la dissémination de plusieurs essences d'arbres ( Kouamé, 2010 ; Poulsen, J. et al., 2018).

Pour des besoins alimentaires et socioéconomiques l'homme fait usage du milieu naturel à diverses échelles. Or lorsque les populations humaines et celles des éléphants se chevauchent il y a une potentielle interaction entre les deux qui aboutissent à des problèmes d'utilisation d'espace ( Buchholtz etal., 2019). L'anticipation de l'homme dans l'habitat naturel est l'un des problèmes cruciaux auxquels fait face la conservation ( Foley, 2002). Cette incursion des éléphants dans l'espace humain conduit souvent à des pertes importantes soit chez les hommes (Destructions des cultures villageoises, des blessures d'hommes et la mort dans certains cas) et chez les éléphants par abattages illégaux d'éléphants. À ce moment on parle de Conflit Homme-Éléphant.

D'ailleurs, la FAO a publié plusieurs rapports dans lesquels elle souligne que ce type de conflit est en pleine augmentation à l'échelle mondiale. L'UnionInternationale pour la Conservation de la Nature (UICN) dit qu'« il y a conflit entre l'Homme et lafaune sauvage lorsque les besoins des espèces sauvages entrent en compétition avec ceux despopulations humaines générant des coûts pour les deux parties ». Cela veut tout simplement dire que lorsque les besoins de la faune sauvage sont mélangés à ceux des populations humaines, ceci apporte très souvent des conflits ( Kharel, 1997 ; Parker et al., 2007). Et le Conflit Homme-Éléphant est pertinent et récurrent autour des villages au Gabon ( Walker K. L., 2010 ; Ngama, 2016), il enrichit d'ailleurs les médias nationaux et internationaux par des parutions fréquentes. Les plaintes des populations villageoises sont multiples car les raids sont répandus dans toute l'étendue de territoire gabonais. C'est pourquoi, pour atténuer l'ampleur de ce problème, une meilleure compréhension du schéma spatio-temporel des activités des éléphants est important. Il est fondamental pour nous de comprendre la configuration des mouvements des éléphants autour des villages en lien avec les activités agricoles, mais aussi la chasse et la pêche en répondant à diverses questions.

2- Questions de recherche

La problématique que nous abordons pourrait avoir diverses orientations, c'est ainsi qu'il nous est important de se focaliser sur le mouvement spatial des éléphants autour de sept (7) villages du département de l'Ivindo. Nous voulons connaitre le schéma de mouvements des éléphants selon les saisons et de les mettre en lien avec les activités anthropiques notamment les pratiques agricoles des populations rurales situées en périphérie du Parc National de l'Ivindo. C'est pour cela que nous nous posons un éventail de questions.

2.1- Question principale

En observant la configuration spatio-temporelle du mouvement des éléphants et en se fondant sur l'avis des populations rurales, quels sont les facteurs qui influencent le Conflit Homme-Éléphant ?

2.2- Questions secondaires

- Quand et jusqu'où les éléphants se rapprochent-ils des villages ? Les mouvements des éléphants sont-ils conformes à une saisonnalité ?

- Quel sont les facteurs qui favorisent le contact entre l'homme et les éléphants ?

3- Hypothèses

· Les éléphants se rapprocheraient le plus des villages pendant la saison sèche et en particulier dans la nuit.

· La présence des éléphants autour des villages serait dictée principalement par le facteur de localisation des plantations, donc de ressources alimentaires. Ce qui engendrerait des conflits avec les humains.

III- APPROCHE THÉORIQUE ET ANNONCE DU PLAN

1- Cadre théorique

Les études menées sur la question des problèmes qui se posent entre les Hommes et la Faune sauvage sont légions. C'est en cela que nous dénombrons une pluralité de définitions sur la question de déprédation des cultures villageoises. La déprédation des cultures par les éléphants s'observe lorsque les besoins de la faune sauvage rentrent en compétition avec ceux des hommes, autrement dit c'est lorsqu'il y a un entrelacement d'espace vécu de l'homme et de la faune sauvage. C'est lorsque les éléphants pour leurs besoins alimentaires se servent dans les champs des populations.

Pour satisfaire ses envies variées, l'hommes a des besoins dans divers domaines de la vie. Ses besoins sont orientés vers ce qui apparait être essentiel voire vital. Il est nécessaire à l'homme de créer, transformer et inventer pour satisfaire ses besoins. En revanche, toutes les autres espèces éprouvent de même des besoins vitaux tels que se nourrir, se reposer, etc. De même que l'homme, la faune sauvage a des besoins qui restent une nécessité naturelle. Cependant, une compétition peut se produire entre deux espèces lorsqu'elles partagent les mêmes ressources dans un même espace géographique.

La compétition apparaît, dans un écosystème, lorsque deux individus ou deux populations exploitent une même ressource limitée. Elles peuvent avoir pour objet une même source de nourriture ou un même espace (Cabane, 2012). Il survient une compétition entre les sociétés humaines et la faune sauvage lorsque la satisfaction de leur leurs besoins nécessite l'exploitation de la même ressource sur un espace commun. Or il ressort que la ressource à problème ici est produite par l'activité agricole dans les villages. Pour réduire les dévastations causées par les éléphants, les populations sont obligées de limiter leur espace de culture dans une zone plus restreinte et de les rapprocher des villages.

Les cultures agricoles qui rentrent à la fois dans le régime alimentaire des éléphants et des populations se raréfient car tout est réduit à un espaceexiguë, contribuant à l'amoindrissement des ressources. Cet amaigrissement de la ressource alimentaire est causé par deux facteurs, d'un côté la pression des raides sur les cultures et de l'autre la réduction des terres fertiles. Cette situation crééun écosystème écologique qui limite la ressource alimentaire des populations rurales. Selon la loi du minimum de Liebig (Liebig J. ; 1841), l'éléphants est le facteur qui contribue à limiter la production agricole dans les villages. En revanche, la vie des éléphants et des populations rurales sont soumises à plusieurs conditions spéciales qui sont alimentées par la disponibilité de la ressource alimentaire, pour chaque espèce, s'il n'y a pas de nourriture disponible, la famine est présente et cela entrave le développement des de l'espèce. Il faut donc assez de ressources végétales en forêt pour les éléphants et un espace agricole avec de rendement efficient pour les populations.

Par ailleurs, il n'y a aucun doute que le milieu forestier est un espace partagé à la fois par les hommes et les éléphants. Il y a généralement chevauchement d'usage de ce milieu entre les hommes et la faune sauvage par le fait qu'ils partagent les mêmes essences floristiques. On parlera dans ce cas de conflit territorial quand on sait que la configuration territoriale typique est une combinaison de facteurs environnementaux divers en rapport à la disponibilité de la ressource pour les animaux et les hommes, les déplacements des animaux et les activités humaines pratiquées ( Marchand, 2013). On comprend mieux la définition du Conflit-Homme-Faune de l'UICN (2005) lorsqu'elle dit que « les Conflits Homme-Faune surviennent lorsque les besoins élémentaires de la faune contrarient ceux des humains, ce qui engendre des conséquences négatives à la fois pour les communautés et les animaux » cité par Eyebe ( 2012). De façon particulière le Conflit Homme-Éléphant, constitue aujourd'hui au Gabon un défi et un dilemme face au développement durable1(*). Ce que nous pouvons aujourd'hui qualifier de conflictuel entre l'homme et l'éléphant pose la double problématique Homme-Nature et Société-Environnement qui fondent notre étude2(*).

2- Annonce du plan

L'ossature de notre travail est composé d'un éventail de chapitres contenus dans deux parties distinctes. La première partie est composée de trois chapitres et la deuxième de quatre. La première partie présente les généralités sur la province de l'Ogooué-Ivindo, c'est-à-dire qu'elle met en évidence le milieu physique tout en s'intéressant au milieu anthropisé en relevant les activités socioéconomiques. Elle donne un aperçu du Conflit Homme-Faune (CHF) dans la province tout en s'appesantissant sur l'animal le plus incriminé qu'est l'éléphant. Enfin, elle consacre un chapitre à la méthodologie utilisée dans ce travail.

En revanche, la deuxième partie montre les liens qui existent entre activités agricoles et mouvements des éléphants sans omettre de présenter les résultats de l'étude. Plus précisément, elle montre la distribution des crottes autour des villages, mais également la saisonnalité des mouvements des éléphants pour enfin élucider la saisonnalité du Conflit Homme-Éléphant (CHE) en lien avec les types de cultures cultivées autour du parc de l'Ivindo avant de discuter sur les résultats et donner des perspectives.

PARTIE I :

PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE, ÉTAT DES LIEUX DES CONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE DE L'OGOOUÉ-IVINDO ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE.

Cette partie de la présente étude est constituée de trois chapitres. Le premier met en relief les éléments du milieu physique et humain de notre zone d'étude. Le deuxième, quant à lui,expose la structure sociale des villages en présentant les activités exercées dans les villages. Ce chapitre relate aussi de façon panoramique les plaintes de dévastations déposées par les populations auprès des autorités provinciales des Eaux et Forêts de la province de l'Ogooué-Ivindo durant l'année 2018 et 2019. Et dans le troisième, nous présentons la méthodologie suivie pour effectuer ce travail.

CHAPITRE I: CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES ET HUMAINES DE LA ZONE D'ÉTUDE

Etant la plus vaste en terme de superficie au Gabon, la province de l'Ogooué-Ivindo est paradoxalement celle qui a la densité humaine la plus faible. Ce chapitre traite effectivement la question des aspects physiques de la province, il renseigne précisément sur son climat de type équatoriale, son relief dont les élévations dans le PNI peuvent atteindre les 749 m. Ses 3 700 000 hectares de forêt renferme une diversité de faune, de flore et d'insectes de tout genre. Le fleuve Ivindo traverse principalement la province avec d'importants affluents. Un réseau de sept bassins versants couvre l'hydrographie de la province.

L'occupation humaine est émiettée dans la quasi-totalité de la province avec deux grands groupes ethnique (Kota et Fang) que l'on retrouve de façon inégale dans les quatre départements que compte la province. Il y a également des populations qui vivent aux alentours du PNI. Elles mènent leurs activités principales dans la forêt.

I.1. Facteurs physiques de la zone d'étude

I.1.1. Pluviométrie et Température

La province de l'Ogooué-Ivindo est soumise à un climat de type équatorial, c'est-à-dire chaud et humide, avec une pluviométrie annuelle approximative de 1700 mm. On enregistre dans cette province, comme dans le reste du pays, deux saisons sèches (décembre-février et juin-août) et deux saisons de pluies (septembre-novembre et mars-mai) dont la transition est de type australe. La température moyenne annuelle de la région est de 23,9°C (Obame, 2016 ; Koerner, et al., 2017 ; Beirne et al., 2019).

I.1.2. Géologie, sol, relief et végétation

· Géologie

La zone du PNI est constituée en majorité de roches métamorphiques du précambrien, les gneiss catazonaux représentant les éléments des parties plus profondes à l'Est. Dans la partie Ouest de la région se trouvent des roches indifférenciées du socle ancien. On y trouve la formation des sillons volcano-sédimentaires et ferrifères composée principalement du groupe de Belinga, la formation du craton mésoarchéen avec un complexe granitoïde et la formation orogène néoarchéen dont on retrouve un complexe gneisso-migmatitique (Figure 2). La structure géologique de la zone est composée des failles, des chevauchements et des décollements.

· Sol

Les sols sont essentiellement composés de ferralsols xanthiquesqui occupent les plateaux et les bas de pente. Ces sols sont très altérés, acides et constitués principalement de kaolinites et goethites. Les fonds de vallée sont couverts de gleysols, alors que des flvisols sont observés sur les bords de l'Ivindo (Van Kekem, 1984). Ces sols sont assez évolués et assez fragiles, d'assez bonne perméabilité, possédant une bonne capacité de rétention d'eau. La superficie du parc est comprise dans le vaste bassin sédimentaire du francevillien.

· Relief

Le relief du PNI présente des élévations de terrain qui ont probablement été causées par les mouvements tectoniques du Tertiaire. Les différentes aspérités de la surface mettent en évidence une pluralité de plateaux qui se succèdent depuis le plateau de la station de recherche d'Ipassa à l'entrée du Parc jusqu'à Mouyabi au Sud du Parc. En parcourant le relief du PNI, on arpente des différentes collines ; les talwegs sont en majorité drainés. Au centre du PNI, le relief que l'on observe est fortement composé des roches. C'est pourquoi l'altitude dans le Parc National de l'Ivindo varie entre 300 et 749 m depuis les plaines de l'Ivindo au mont Kinguié.

· Végétation

La Province de l'Ogooué-Ivindo s'étend sur une superficie de 4 607 500 hectares dont la forêt couvre 3 700 000 hectares. Les multiples plateaux du PNI sont dissimulés dans une épaisse forêt dense qui comprend deux grands types de formations végétales :

a) une forêt dense à tendance semi-caducifoliée, au centre du parc, à Pycnanthus angolensis de la famille des Myristicaceae, Pentaclethra eetveldeana qui appartient à la famille des Fabaceae, Terminalia superba de la famille des Combretaceae et Triplochiton scleroxylon de la famille des Malvaceae ;

b) une forêt dense humide sempervirente à Scyphocephalium ochocoa, Pycnanthus angolensis, Pentaclethra eetveldeana, Celtis spp., Gilletiodendron pierreanum et Gilbertiodendron dewevrei, groupes d'espèces qui peuvent également s'accompagner de Scorodophloeus zenkeri, Santiria sp, Panda oleosa, Fagara macrophylla, Petersianthus macrocarpus et Baillonnella toxisperma ( Caballé, 1986; Momont, 2007; Obame, 2016).

Figure 2: Carte géologique du Gabon

Source : Ministère des Mines / Direction Générale des Mines et de la Géologie, 2009

Celle que l'on pourra nommer ici comme étant le troisième type de formation végétale est fortement secondarisée par les activités anthropiques. Les arbres qui émergent appartiennent majoritairement aux Fabaceae, où les Caesalpinioideae, les Mimosoideae et les Musanga cecropioides communément appelés « parassoliers » y sont respectivement les plus présents.

I.1.3. Hydrographie et faune du PNI

· Hydrographie

Le PNI est de même fortement drainé comme la majorité des forêts du Gabon. Le principal fleuve de cette région est l'Ivindo qui traverse sur plus de 90 km la partie nord du PNI et les ¾ de la superficie de la province (Figure 3). L'Ivindo est le plus important des affluents de l'Ogooué, la superficie totale de son bassin est de 62 700 km2. L'Ivindo prend sa source au nord sous le nom de « Ayina » à Minvoul à la frontière avec le Cameroun. Il a plusieurs affluents, dans son chemin et son principal affluent est la « Bemvoula ». Ce n'est qu'à la confluence de la Djoua que le fleuve « Ayina » prend l'appellation de « Ivindo », qui revêt aussi la particularité d'être le point marquant la frontière entre le Gabon et le Congo au village Mvadi à 115 km en amont de Makokou. Lors de son écoulement, par la rive droite, il se voit rejoindre par d'autres affluents que sont, la « Nouna », la « Nsyé » et la « Oua » jusqu'à la commune de Makokou. Sur la rive gauche, un important affluent, la « Zadié » qui draine la région de Mékambo le rejoint, dans les environs de Makokou, la « Liboumba » et la « Mouniandjé ». Ce n'est qu'à son aval que l'Ivindo reçoit la « Mvoung », qui traverse la région d'Ovan, avant de se jeter dans l'Ogooué au niveau de la station de train d'Ivindo. En dehors de ce grand bassin versant, la province de l'Ogooué-Ivindo compte d'autres bassins versants dont celui de la Fieng dans la zone de Booué, celui de l'Offoué dans la rive droite de l'Ogooué tout au sud de la province, il y a aussi le petit bassin versant de la Ngolo qui englobe plusieurs villages du département de la Lopé. Deux autres bassins versants couvrent la partie centrale et sud du Parc National de l'Ivindo. Près de 50% de la superficie du PNI est drainé par la Djidji qui prend sa source dans la province de l'Ogooué-Lolo au mont Ngouadi. Et le Sud du parc est drainé principalement par le fleuve « Langoué » qui est un affluent du bassin de la « Lasio » qui se jette dans l'Ogooué à 2,5 km en aval de la station de Mouyabi dans l'Ogooué-Lolo (Figure 3).

OGOOUE-IVINDO

Ivindo

Figure 3 : Bassins versants de l'Ogooué-Ivindo

· Faune

La faune du bassin forestier de la zone de l'Ivindo compte d'innombrables espèces qu'elles soient de la classe des reptiles, fauves, grands singes, gros mammifères, etc. Les reptiles sont représentés en grand nombre, on estime à plus de 50 espèces dont 39 espèces de serpents ( Vande Weigne, 2006) qui vivent aussi bien dans les forêts secondaires, les marécages et même en forêts primaires.

Pour ce qui concerne les mammifères, il existe près de 120 espèces dont 80% sont nocturnes, 401 oiseaux, 47 amphibiens ( Vande Weighe, 2006 ; Boupoya, 2011). Ceux qui composent l'écosystème de la canopée sont variés et généralement diurnes. On rencontre plusieurs types de singes dont le plus commun de la forêt de l'Ogooué-Ivindo est le Moustac (Cercopithecus cephus) que l'on rencontre facilement en randonnée. D'autres espèces de singe sont très présents dans la zone d'Ipassa et tout au long du fleuve Ivindo lorsqu'on le longe pour se rendre à Kongwé. On rencontre généralement des Hocheurs (Cercopithecus nictitans), Mangabé à joues grise (Lophocebus albigena), le Colobe guéréza (Colobus guereza) qui est très rare certainement dû à son extermination. Car son pelage est utilisé pour fabriquer des porte-clés et des sacs, mais surtout parce que sa queue sert beaucoup lors des rituels de circoncision chez les Bakota. Une autre espèce de singe qui vit également dans la canopée est celle que l'on appelle communément « Ouistiti » qui n'est rien d'autre que le Miopithèque de l'Ogooué (Miopithecus ogoouensis). Les Mandrills (Mandrillus sphinx), sont aussi présents dans ce grand massif forestier. On croise très souvent des troupeaux autour de la station d'Ipassa, et aussi au bord de l'Ivindo non loin des chutes de Kongwé. Une importante population de grands singes, tels que les Chimpanzés (Pan troglodyte) et les Gorilles (Gorilla gorilla) sont tous deux de la famille des hominidés et sont présents dans et hors du PNI. On peut croiser facilement des gorilles dans le parc et les observer depuis le mirador du Bai de Langoué. Par contre les Chimpanzés sont très rares dans la forêt du parc.

Il existe aussi 17 espèces de rongeurs dont le Porc-épic (Atherurus africanus) qui est très répandu dans la forêt (Vande Weghe, 2006) et que l'on peut voir la nuit dans les trous de la dalle rocheuse du camp de Langoué. D'autres rongeurs tels que les écureuils sont présents partout sous différents types : l'Anomalure de Beecroft (Anomalurus beecrofti), l'Anomalure de Derby (Anomalurus derbianus), l'Anomalure pygmée (Anomalurus pusillus), l'Anomalure de Zenker (Anomalurus zenkeri) et l'Anomalure aptère (Zenkerella insignis). Un autre type de rat très connu est celui que l'on appelle couramment au Gabon le « Hérisson » dont le non pilote est l'Aulacode (Thryonomys swinderianus). Ce rat vit essentiellement dans les forêts secondaires et fait beaucoup de dégâts dans les plantations des villageois car il ronge les tubercules, dont le manioc est le plus prisé.

Les carnivores sont aussi légions dans la zone du PNI, dont il existe plusieurs espèces à l'exemple des félidés qui comptent des Chats dorés (Felis Aurata) et la Panthère (Panthera pardus). La Panthère est disséminée dans la forêt de l'Ogooué-Ivindo mais très difficile à croiser lors des randonnées. Il existe une solitaire qui a été plusieurs fois observée dans les environs de la station d'Ipassa. Nous avons observé une autre au camp de Langoué lors des études d'inventaire forestier en 2017 (Photo 3 de la planche 1). Il existe de même 5 espèces de viverridés nocturnes : La Civette africaine (Civettictis civetta) qui se rapproche très facilement des zones de fréquentation humaine, c'est ainsi que l'on peut les observer dans les poubelles autour des camps (Kongwé, Langoué et la station d'Ipassa) ; la genette servaline (Genetta servalina) qui vit sur les hauteurs des arbres et sa peau sert dans plusieurs rites traditionnels gabonais notamment dans la circoncision chez les Bakota ; la Genette tigrine (Genette tigrina) ; la Poiane africaine (Poiana richardsoni) et la Nandinie (Nandinia binotata) dont le nom commun est le « Chat huant », celui-ci se rapproche souvent des villages dans le but de chasser les poules (Photo « a » de la planche 3).

Il y a d'autres frugivores tels que les Céphalophes : bleu (Cephalophus monticola) qui est le plus rependu dans tout le bassin forestier (Photo « c » de la planche 3), à front noir (Cephalophus nigrifrons), à ventre blanc (Cephalophus leucogaster), d'Ogilby (Cephalophus ogilbyi), bai (Cephalophus dorsalis), de Peters (Cephalophus callipygus), à dos jaune (Cephalophus silvicultor). Il est important de noter que les deux espèces que sont le Chevrotin aquatique (Hyemoschus aquaticus) et le Bongo (Traguelaphus euryceros) sont de plus en plus rares dans le parc de l'Ivindo. Le Buffle de forêt (Syncerus caffer nanus), quant à lui existe bel et bien dans la forêt du PNI (Photo 1 de la planche 1). Sans oublier qu'il existe d'importants troupeaux de Potamochères (Potamocherus porcus) dans et hors parc, ils font d'ailleurs des dégâts dans les plantations des villageois. Il y a de même une grande population d'éléphants de forêt (Loxodonta ciclotis) dans la forêt de la région, ils peuvent être observés dans la majorité des villages de Makokou sur tous les axes (Libreville, Mékambo et Okondja). Toute cette faune connait une importante pression cynégétique par les groupements humains qui vivent à proximité de ces forêts. Makokou est la plus grande ville et la plus proche du PNI et de notre zone d'étude, c'est pour cela qu'il est important pour nous de connaitre tout ce qui concerne les traits humains dans cette zone.

Photo 1: Buffle dans la boue du Baï de Langoué

Photo 2: Aperçu de deux Gorilles dans le parc

Cliché : Walter Mbamy, 2017

Photo 3: Panthère du camp de Langoué

Cliché : Vande Weghe, 2006

Photo 4: Eléphantdans le Baï de Langoué

Cliché : Walter Mbamy, 2017

Cliché : Walter Mbamy, 2017

Planche photo 1 : Faune du Parc National de l'Ivindo

Une faune diversifiée peut être observée en toute quiétude au centre du PNI, précisément dans le Baï de Langoué. Nous avons pu photographier le buffle (Syncerus caffer nanus) et l'éléphant (Oxodonta cylcotis) depuis le mirador (Clichés 1 et 4). La panthère (Panthera pardus) ci-dessus a été photographiée la nuit dans le camp de Langoué (Cliché 3). Dans le cliché 2, nous avons l'exemple de deux gorilles à dos argenté (Gorilla gorilla), et il n'est pas rare d'en croiser lors des randonnées au centre du PNI.

Enfin, la province de l'Ogooué-Ivindo a des caractéristiques physiques qui ne s'éloignent pas trop des autres localités du Gabon, avec un climat de type équatoriale, un relief influencé par une chaine de plateaux que l'on observe sur la quasi-totalité du PNI. Avec 3 700 000 hectares de forêt qui renferme une biodiversité impressionnante. L'Ivindo en est le fleuve le plus important.

Une faible densité humaine est présente dans les 4 départements que compte la province. Certains vivent aux alentours du PNI. Et mènent leurs activités principales en zone forestière.

CHAPITRE II :ORGANISATION HUMAINE DE LA ZONE D'ÉTUDE ET DESCONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE DE L'OGOOUÉ-IVINDO.

Dans ce chapitre nous nous focalisons sur l'occupation humaine de notre zone d'étude. Il y a une population composée d'ethnie Fang et Kota qui environne le parc le PNI avec des villages proches du parc. Cette proximité du parc fait en sorte que plusieurs de leurs activités forestières (pêche, chasse et cueillette) se font à l'intérieur de celui-ci. L'agriculture est pratiquée dans tous les villages de la province et les populations font face aux dévastations par la faune sauvage. Plusieurs plaintes de dévastations venant de divers villages ont été déposées auprès des autorités provinciales des Eaux et Forêts durant les années 2018 et 2019. L'évaluation financière des pertes va de 40 800 à 114 937 200 F CFA au total. Le principal animal incriminé est l'éléphant parce qu'il dévaste tout sur son passage. La récurrence et la force de dévastation des plantations par ce pachyderme crée ainsi une antipathie des populations envers, non seulement les éléphants, mais surtout les autorités en charge de la conservation de la biodiversité.

II.1. Traits humains de la zone de Makokou

II.1.1. Contexte historique de la ville de Makokou

La province de l'Ogooué-Ivindo, vaste de 4 607 500hectares est la plus grande du Gabon par sa superficie. Elle compte 63 293 habitants, avec une densité de 1,4 hab/km2 qui fait d'elle l'une des provinces à faible densité humaine. Makokou a été fondée 1908 et est devenue le chef-lieu de cette province 50 ans plus tard, c'est-à-dire en 1958. L'étymologie du nom de cette ville donne en Kota « Makokou » qui signifie « Les cailloux ». La commune de Makokou a une superficie de 8 747 ha avec environ 31 quartiers subdivisés en 3 grands blocs : Quartier Central, Mbolo et Zoatab. La diversité culturelle est manifeste car les groupes ethniques qui y vivent ont leur propre rite. Le groupe Kota qui occupe la plus grande surface de la province a des subdivisions internes qui enrichissent sa diversité ethnique. Les Bakwélé et les Fang sont tout de même nombreux.

II.1.2. Peuplement et groupes ethniques

La population de la province de l'Ogooué-Ivindo est passée de 48862 habitants en 1993 à 63 293 habitants en 2013 (RGPH, 1993 ; RGPH, 2013). En revanche, l'ensemble de la population de la province est reparti de façon inégale dans les 4 départements que compte la province. En regardant la population par département de la province, il ressort que le département de l'Ivindo, dans lequel se trouve la ville de Makokou, reste le plus peuplé avec une densité correspondante à 1,6 Hab/Km2. Alors que celui de la Zadié qui vient en second a une densité de 1,5 Hab/Km2 pendant que le département de la Lopé et la Mvoung ont respectivement 1,0 Hab/Km2 et 0,9 Hab/Km2 (Tableau 1). La répartition géographique des groupes ethniques de la province est la conséquence des grands courants migratoires et des guerres ethniques. L'histoire du peuplement de l'Ogooué-Ivindo et de la ville de Makokou remonte depuis longtemps. Les différents groupes ethniques actuels ont suivi des migrations précises ; du Nord-Est viennent les Bougom (Akélé), les Shamaye, les Ndambomo et les Bakota; les Fang viennent du Nord du Gabon ainsi que les Bakwélé. Makokou rassemblerait aujourd'hui tous les groupes ethniques que l'on retrouve dans la province. À l'origine, cette province était subdivisée en 4 groupes ethniques que sont les Fang, les Bakota, les Tsogo et les pygmées. Les pygmées se sont graduellement mélangés aux groupes qui les ont côtoyés, tels que les Bougom à Mékambo. Or les Mitsogo se sont le plus installés au sud de la province plus précisément dans celle de l'Ogooué-Lolo au point où on ne compte plus, aujourd'hui, ce groupe ethnique parmi ceux de l'Ogooué-Ivindo. Ce qui fait en sorte qu'en réalité, l'Ogooué-Ivindo compte deux grands groupes ethniques : Les Bakota et les Fang. Ces deux groupes se partagent Onze (11) ethnies dont les Bakota sont majoritairement représentés (Tableau 2).

Source : RGPL-2013, Direction Générale des Statistiques, Octobre 2015

Tableau 1 : Population de la province de l'Ogooué-Ivindo selon les départements

DEPARTEMENTS

POPULATIONS

DENSITES (Hab/Km2)

Département de l'Ivindo

31 073

1,6

Département de la Zadié

15 816

1,5

Département de la Lopé

12 382

1,0

Département de la Mvoung

4 022

0,9

Réalisation : Mbamy Walter, 2020

Tableau 2 : Groupes ethniques de la province de l'Ogooué-Ivindo

Ethnies

Groupe

Localisation

Origine

Kota

Kota

Makokou, Mékambo, Boué, Ovan

Nord Congo, Est de la province

Kwélé

Kota

Makokou, Mékambo

Venu de l'amont de l'Ivindo, Nord

Fang

Fang

Makokou, Ovan

Nord du Gabon

Makina

Fang

Boué, Makokou, Ovan

Nord du Gabon

Nzaman

Fang

Makokou, Ovan

Nord du Gabon

Ntoumou

Fang

Makokou, Ovan

Nord du Gabon

Okandé

Kota

Boué

Congo, Nord-est

Shaké

Kota

Boué, Mékambo, Makokou

Est

Bougom

Kota

Mékambo

Est

Hongwé

Kota

Mékambo, Makokou

Okondja sur la Sébé

Shamaye

Kota

Makokou,

Okondja sur la Sébé

Ndambomo

Kota

Boué, Makokou

Okondja sur la Sébé

II.2. Population, type d'habitat et activitéssocio-économiques

II.2.1. Population

La zone nord du PNI est fortement marquée par une empreinte humaine observable par la présence d'activités anthropiques. Bien que la province soit faiblement peuplée on peut quand-même, lorsqu'on parcourt les forêts des zones rurales, voir des impacts humains par les activités diverses (agriculture, pêche, chasse et cueillette) et les infrastructures (Routes, pistes et maisons) depuis le village Simintang jusqu'à Minkwala en passant par Loaloa.

II.2.2. Type d'habitat

Les villages du nord du parc de l'Ivindo et celui de Loaloa sont constitués d'infrastructures d'habitations selon la configuration de la majorité des villages du Gabon. Les matériaux d'habitation sont principalement faits de terre et de bois et parfois en tôle. Les habitations sont souvent regroupées par familles, et la configuration spatiale est généralement composée d'un trio dans lequel on retrouve en général une case centrale qui contient plusieurs chambres à coucher, une cuisine très proche de la maison centrale, un corps de garde, puis des latrines traditionnelles souvent situées derrière la case centrale. Ces maisons sont situées de part et d'autres d'une route généralement non bitumée. Tous ces villages ont des maisons d'utilité publique telles que les dispensaires, écoles et églises.

Photo 1: Village Ebyeng-Edzuamene sur l'axe Makokou-Libreville Photo 2: Village Simintang sur l'axe Makokou-Libreville

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Photo 3: Village Djeng à l'amont de l'Ivindo

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Photo 4: Village Nze-Vatican sur l'axe Makokou-Mékambo

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Planche photo 2 : Types d'habitats des villages de l'Ogooué-Ivindo

La planche photographique ci-dessus nous présente les différents types d'habitats que l'on retrouve dans les villages des trois principaux groupes ethniques. Les deux photographies du haut (Clichés 1 et 2) présentent la configuration des habitats des villages Fang avec généralement des maisons en planche situées au bord de la voie en latérite qui rallie Makokou et Libreville. Au cliché 3, nous avons Djeng, un village Kwélé située au bord de l'Ivindo avec des maisonsen terre et une route sans latérite. Dans la photo 4, c'est la visualisation d'un village Kota avec une route en latérite et des habitats mixe en terre, en tôle et en planche.

II.2.3. Activités socio-économiques

Les groupes humains qui vivent autour du PNI n'échappent pas au mode de vie des autres populations rurales. Les habitants de ces villages ont pour principales activités la chasse, la pêche, la cueillette, les petits commerces et l'agriculture. L'artisanat quant à lui est pratiqué à échelle très réduite dans la mesure où la disponibilité des ressources végétales obéit à la contrainte des saisons.

· La chasse

Les populations pratiquent la chasse car c'est le moyen le plus sûr d'avoir de la subsistance pour la famille. La pratique de chasse remonte depuis les temps des ancêtres, elle s'est transmise de générations en générations, bien qu'elle se soit altérée au fil des ans. Avant l'arrivée des armes à feu, les villageois capturaient les animaux à l'aide des filets, des chiens de chasse, des lances et des pièges. Aujourd'hui, la chasse se fait avec les armes à feu et les pièges. Les chasseurs peuvent parcourir plus de 10 km pour installer leur campement de chasse en vue de capturer une diversité de gibier car plus on est loin du village mieux on a du gibier en abondance et diversifié. La capture d'animaux est faite majoritairement à l'aide d'armes à feu de type calibre 12 pour le petit gibier (antilope, gazelle, singe, etc.) et carabine pour les grands mammifères tels que les éléphants et hippopotames. La capture au piège est faite avec du câble métallique très solide qui pourrait capturer les animaux robustes tels que les sangliers, les panthères et même les éléphants dans de rares cas. Ces pièges sont souvent posés non loin des villages (environ 2 km) pour un accès rapide pour vérification fréquente. L'activité de chasse a pour but la consommation familiale et l'excédent est vendu pour l'achat d'autres denrées qui rentrent dans les besoins familiaux.

Planche photo 3 : Butin de chasse exposé aux abords de la route pour la vente

c

b

a

Exposition du gibier aux abords de la voie principale pour commercialisation. Nous avons uneNandinie (Nandinia binotata) dont le nom commun est le « Chat huant » (a), céphalophe bleu (Cephalophus monticola) (c), cephalophe à front noir (Cephalophus nigrifrons) (b), céphalophe à ventre blanc (Cephalophus leucogaster) (c) et une mangoust (Ichneumia albicauda)sur la photode centre (b).

Cliché: Walter Mbamy, 2019

· La pêche

La pêche est une activité pratiquée de façon périodique selon les saisons. Dans les villages qui détiennent des petites rivières, la saison sèche est la période idéale pour faire de la pêche à la nasse, ceci dans le but de capturer tout ce qui existe dans le cours d'eau peu importe la taille. Dans les villages qui ont des fleuves plus importants, la pêche se fait en toute saison. Elle se fait avec des outils artisanaux dans les fleuves proches des villages. Le groupe de pêche est souvent constitué des femmes, à des moments c'est une famille, lesquels vont camper au bord de la rivière pendant quelques jours pour capturer et fumer les poissons qui seront mis en vente afin que le revenu serve à la subsistance de la famille. C'est à Loaloa que les hommes pratiquent le plus la pêche car elle se fait sur tout le long de l'Ivindo jusqu'aux chutes de Kongwé, surtout entre les rapides de Loaloa, les chutes de Kongwé et de Migouli. C'est l'activité la plus lucrative à Loaloa car plusieurs familles vivent de la pêche.

· Le commerce

En dehors des activités champêtres, de chasse et de pêche, quelques rares personnes font aussi des petits commerces pour vendre des denrées de première nécessité et les boissons. Cette activité est faite à très petite échelle car elle n'est pas dans la culture des gabonais.

· L'agriculture

En générale, il y a de l'activité agricole dans tous les villages de la province, une agriculture de subsistance faite avec des techniques traditionnelles où se cultive généralement le manioc, la banane et quelques légumes. Elle se faisait environ jusqu'à 3 à 5 km du village, mais aujourd'hui cette distance a totalement diminué au point où elles se font derrière les maisons. C'est généralement en fin de grande saison sèche que les plantations sont débroussées et brûlées, c'est-à-dire en juillet et août. Cette agriculture itinérante sur brulis est la principale activité dans la région, si non l'unique si l'on excepte la technique en expérimentation à Simintang, dans la barrière électrique ou les champs ne sont pas brûlés. Mais les populations font aujourd'hui face à la dévastation des plantations par les éléphants.

II.3. Aperçu du Conflit Homme-Faune dans l'Ogooué-Ivindo

II.3.1. Répartition des plaintes et Evaluation de pertes par village

· Plaintes par village

La question d'intrusion des éléphants dans les plantations des villageois est un problème fondamental dans les villages de tout le département de l'Ivindo voire de toute la province. En effet, les éléphants visitent même les abords des maisons, ce qui a d'ailleurs fait l'objet du dépôt de multiples plaintes de la part des populations qui se trouvent impuissantes.

Le cadre législatif et règlementaire stipule, dans l'article 314 du code forestier que « Les dommages causés par les animaux sauvages sont, après enquête, pris en charge par l'État à l'exclusion de ceux occasionnés par la chasse illicite ». Quelques populations avisées signalent aux autorités compétentes les dégâts, qui à leur tour descendent sur les lieux de dévastation afin d'en évaluer l'ampleur. A ce titre, les victimes des dégâts causés par les éléphants ont déposé plusieurs plaintes auprès de la direction provinciale des Eaux et Forêts de Makokou. Depuis plus de 4 ans des plaintes sont déposées. Au deuxième et troisième trimestre 2018, 437 plaintes, en tout, ont été formulées et déposées dans la province. On a précisément enregistré 101 plaintes dans le Département de l'Ivindo au 2e trimestre de l'année 2018 et au 3e trimestre 336 plaintes du Département de la Lope.

· Pertes par village

Dans l'objectif de recevoir un quelconque dédommagement par les autorités en charge des Eaux et Forêt, les populations doivent déposer une plainte signée par la victime et le chef de village auprès du représentant local du Ministère. Celui-ci va dépêcher un agent muni d'une fiche de constat sur le terrain (Annexe 3). Cette fiche de constat dument rempli, signée par les autorités locales et compétentes sera jointe à la plainte pour mise dans le répertoire du Ministère. Apres dépôt de dossier, les populations dans un espoir permanent d'être dédommagées. Pour une évaluation financière standard, le Ministère en charge de l'Agriculture a pris le décret n°1016/PR/MEADPR fixant le barème d'indemnisation à verser en cas de « destructions volontaires ». En effet, selon le calcul numéraire fait, il ressort que le coût d'un bananier dévasté est de 6 000 F CFA et 3 000 F CFA pour les autres plantes telles que le manioc, taro, igname, ananas, canne à sucre, etc. Nous avons pu faire une évaluation financière des pertes enregistrées le 2e trimestre de l'année 2018 dans la province de l'Ogooué Ivindo. Au total il y a eu 11 villages qui ont déposé des plaintes durant ce trimestre de 2018, la totalité des bananiers dévastée est évaluée à 40 824 000 F CFA3(*). Le manioc qui est plus cultivé a été dévasté à hauteur de 184 059 000 F CFA (Annexe 1 a et b). Le total des pertes de ces villages est de 259 649 400 F CFA. Et les pertes par village sont énormes, elles vont de 40 800 à 114 937 200 F CFA (Tableau 3).

EF= Evaluation Financière ; NP= Nombre de Plante ; VP= Valeur de la Plante

Source : Données du Ministère des Eaux et Forêt / DGFAP, 2019. Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Tableau 3 : Evaluation financière des pertes par village au deuxième trimestre 2018

Villages

Cultures

 

 

Bananier

Manioc

Canne à sucre

Mais

Ananas

Taros

Evaluation financière (CFA)

KOMBANI

942

22300

11576

2670

682

896

114937200

ELATABAKOTA

621

8728

 

 

 

 

26556600

NKARITOM

80

5664

251

 

 

 

17793000

NGOREKI

41

1612

708

 

 

 

6984600

OVAN-VILLAGE

2462

 

 

 

 

 

1477200

KOUMAMEYONG

2112

6224

840

 

15

 

22504200

AYOL

195

4984

128

 

 

 

15453000

Carrefour SHM

7

 

 

 

6000

 

18004200

MINTOM

190

11376

 

 

40

 

34362000

MBOULA

86

465

 

 

30

 

1536600

BAKWAKA

68

 

 

 

 

 

40800

II.3.2. Animaux incriminés

Les animaux impliqués dans la destruction des plantations des villageois sont divers. Dans cette partie nous allons les présenter selon les deux catégories que nous avons formulées : les rongeurs et ceux qu'on qualifie de dévastateurs.

· Les rongeurs

Les dévastations des cultures des villageois sont variées selon le mode de destruction. Il y a généralement deux types de destructions : destruction au sol et celle que l'on pourrait qualifier de « destruction aérienne ». Le premier type concerne la destruction des tiges souterraines d'un organe végétal communément appelé « tubercule » par un animal. De ce fait, tous les animaux qui mangent les tubercules sont qualifiés de rongeurs. Dans notre inventaire d'animaux qui causent des problèmes aux populations, on site en tête de liste, par le fait qu'il ronge en permanence les plantations, le « hérisson » dont le nom pilote est l'Aulacode (Thryonomys swinderianus). Nous avons ensuite le sanglier autrement dit Potamochère (Potamocherus porcus), celui-ci est très dangereux par le fait que la visite d'un troupeau peut faire disparaitre des dizaines de mètres carrés de manioc en une seule visite.

· Les dévastateurs

La destruction de la partie aérienne des cultures est réservée aux animaux que nous qualifions, dans notre classification, de dévastateur. Ces dévastateurs peuvent aller jusqu'à déraciner la plante toute entière et perturber son fonctionnement et son développement. Plusieurs animaux jouent ce rôle de dévastateur, on note les chimpanzés, les mandrills et l'éléphant qui reste le plus incriminé. L'éléphant est le plus dangereux parce qu'il dévaste une plantation entière en une seule visite et cela devient de plus en plus fréquent dans tous les villages de la province de l'Ogooué-Ivindo. L'antagonisme créé par sa dévastation a fait naitre une antipathie de la part des populations sur les éléphants.

II.3.3. Description de l'éléphant

Il existe trois types d'éléphants caractérisés par région, l'éléphant d'Asie dont le nom scientifique est Elephas maximus, celui de savane qui est connu sur le nom de Loxodonta Africana et l'éléphant de forêt qui est Loxodonta cyclotis.Ces éléphants peuvent se différentier par leur morphologie, les deux espèces d'Afrique sont bien distinguables par leur taille car celui de savane est plus grand et à grandes oreilles contrairement à son cousin qui est plus petit avec des oreilles arrondis et des défenses plus droites. Mais leur cousin d'Asie est le plus petit de tous. Le mâle adulte d'éléphant d'Afrique peut mesurer jusqu'à 3,50 m et pèse 5 à 6 tonnes, la femelle pourrait avoir un poids allant jusqu'à 4 tonnes et 3 m de taille. À la naissance, un bébé pèse 120 kg. La durée de vie de ces pachydermes est en moyenne 60 ans. Les fonctions reproductrices des mâles se mettent en place à l'âge de 10-15 ans mais ce n'est qu'a 30 ans qu'ils commencent à se reproduire car à cet âge ils sont plus imposants et peuvent maintenant se battre dans le but de conquérir les femelles (Despard Estes, 1992 ; Kingdon, 2012). La période de gestation des éléphants est la plus longue des mammifères terrestres. Elle dure entre 20 à 22 mois et cette période peut aller jusqu'à l'âge de 50 ans. Elle peut mettre bas en moyenne 10 à 12 éléphanteaux et l'espacement des naissances varie entre 2 ans et demi à 5 ans. Les éléphants consacrent une grande partie de leur temps à chercher de la nourriture. Pour satisfaire leurs besoins alimentaires, ils passent environ 16 à 20 heures par jour et parcourent de longues distances. Un éléphant mange environ 5% de son poids par jour ( Kingdon, 2015), leur alimentation est composée d'une grande variété de végétaux : herbes, écorces, racines, feuilles, fruits, etc. Ils ont précisément besoin d'environs 150 à 180 kg de nourriture en saison sèche et entre 200 à 260 kg en saison de pluie et peut boire jusqu'à 140 L d'eau par jour (Parker, 2007).

Dans notre zone d'étude les signes de présence d'éléphants sont très visibles. Lorsqu'on fait des randonnées en forêt, à moins de 100 m, il est facile de voir des signes de présence d'éléphants ; soit des crottes, des traces, ou des arbres défaits de branches ou d'écorces. Et même des carcasses d'éléphants peuvent être vues (Voir photo 3 de la planche 4). Cette quasi omniprésence des éléphants autour des villages du nord du parc, jointe à leur action nuisible dans les plantations ont facilité la naissance d'une représentation négative de cet animal dans la conscience collective des habitants.

Photo 1: Crotte d'éléphants sur la route d'Ipassa

Photo 2: Traces d'éléphants dans un marécage

Cliché : Walter Mbamy, 2017

Photo 3: Carcasse d'éléphant autour d'Ipassa

Cliché : Walter Mbamy, 2017

Photo 4: Arbre écorché par les éléphants

Cliché : Walter Mbamy, 2017

Cliché : Walter Mbamy, 2017

Planche photo 4 : Signe de présence des éléphants

Les signes de présence d'éléphants sont nombreux, dans la planche photo ci-dessus nous avons pu répertorier quelques-uns. En cliché 1, nous avons des crottes d'éléphants sur la route qui mène à la station de recherche d'Ipassa. Et sur cette crotte pousse un légume fréquemment cultivé dans les champs, il s'agit de l'amarante. La photo 2 nous présente une piste marécageuse où on peut voir les empreintes des pas d'éléphants dans la boue. En photo 3, nous avons la carcasse d'un éléphant non loin de la station de recherche d'Ipassa. Et la photo 4 nous montre un arbre de l'Odika (Irvengia gabonnensis) écorché par les éléphants dans la forêt du PNI.

II.3.4. Antipathie villageoise sur l'éléphant

Les problèmes engendrés par la présence des pachydermes dans les plantations, autour des maisons des populations environnant le parc de l'Ivindo et de toute la province sont tellement récurrents. La proximité des éléphants aux villages menace fortement la sécurité alimentaire des villages car après le passage d'un éléphant dans un champ, la famille victime voit son moyen principal de subsistance se volatiliser. La famine occasionnée par l'éléphant a créé une aversion extrême chez les populations sur le pachyderme. La colère est frappante et réelle. Les personnes que nous avons interrogées ont attribué à l'éléphant des qualificatifs qui expriment leur désarroi. Bien que ceux-ci pourraient avoir une connotation anecdotique, mais sont des réels cris de coeurs impuissants face à ce problème. Dans plusieurs villages ; certains qualifient l'éléphant de « Celui qui a porté les gallons », « Le fils du Président », d'autres disent « celui qui a plus de valeur que l'homme ». Aux acteurs politiques, les populations disent « On ne votera pas, allez-y appeler les éléphants ils vont vous voter », les habitants d'un village de l'amont de l'Ivindo nous ont dit « On va aller rester en forêt et les éléphants vont venir rester au village », un autre nous a dit avec franchise que « le problème des éléphants va créer une guerre civile au Gabon ». Toutes ces réactions sont très criardes dans les zones rurales, c'est au point où il y a des populations qui ont déserté leur village à cause de la famine créée par la dévastation de leur plantation par les éléphants. Nous avons pu relever trois villages abandonnés et 3 autres qui le sont partiellement. Laissant tous les investissements dans les hautes herbes y compris les infrastructures publiques telles que les écoles, pompes et éclairages publics (Photo 2planche 5).

Planche photo 5 : Infrastructures et villages abandonnés à cause des éléphants

Photo 1 : Village Mabèlè a 11 Km de Makokou sur l'axe Mékambo

Photo 2 : Belle école de Mabèlè dans les hautes herbes

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Photo 3: Village Zoula sur l'amont de l'Ivindo

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Photo 4 : Village désert de Zoula

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Le désarroi des populations face à la dévastation des plantations par les éléphants est réel. La planche photographique ci-dessus nous montre les différents villages qui ont été abandonnés par les villageois. La photo 1 et 2 présente la situation du village Mabèlèou le beau bâtiment de l'école publique se trouve dans l'herbe et les table-bans à la traine, les maisons sont inhabitées. La situation dans le village Zoula sur l'amont de l'Ivindo est la même (Photo 3 et 4), le village est désert et envahit par les hautes herbes.

En définitive, la province de l'Ogooué-Ivindo a une occupation humain diversifiée en matière de groupe ethnique. Les principales ethnies qui environnent le parc PNI sont les Fang et les Bakota dont la structure des villages est composée des habitats majoritairement en planche pour les villages Fang et les villagesBakota ont un nombre important des habitations en terre, en tôle et quelques fois en planche. Ces populations ont pour activités principales l'agriculture, la pêche, la chasse et la cueillette. Les dévastations des plantations par les éléphants sont nombreuses et récurrentes dans les villages. Plusieurs plaintes contre l'éléphant ont été déposées auprès des autorités provinciales des Eaux et Forêts en 2018 et en 2019. Les pertes financières se situent entre 40 800 et 114 937 200 F CFA. L'insécurité alimentaire que cela créé dans la vie des populations suscite une animosité envers, non seulement les éléphants, mais surtout les autorités en charge de la conservation de la biodiversité. C'est tout à fait une raison de plus qui justifierai la réalisation d'études approfondis sur la question en convergeant plusieurs types de données pour mieux cerner les raisons qui rapprochent les éléphants autour des villages. Quelle approche méthodologique à adopter pour mieux appréhender le problème en vue de donner une piste de solution ?

CHAPITRE III : APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

Dans la démarche scientifique, la méthodologie occupe une place fondamentale et indispensable car elle détient l'ossature du processus détaillé qui nous permet de trouver des réponses cohérentes à notre questionnement de départ. C'est ainsi que AKTOUF ( 1987) définit la méthode comme « la procédure logique d'une science, c'est-à-dire l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en oeuvre pour que le cheminement de ses démonstrations, de ses théories soit clair, évident et irréfutable ». De ce fait, dans ce chapitre, nous allons présenter la méthodologie utilisée pour délimiter la zone d'étude et comment on s'est servi des données issues des transects autour des villages, de celles des points GPS de deux éléphants à collier et celles socio-économiques issues du questionnaire.

III.1 Délimitation de la zone d'étude et inventaire des données

La vaste étendue de la province de l'Ogooué-Ivindo et la présence globale du CHE ont été deux facteurs non négligeables qui ont complexifié le choix de la zone d'étude. De ce fait, pour déterminer notre zone d'étude, nous avons trouvé un moyen plus logique et soutenable en considérant les paramètres environnementaux et les mouvements des éléphants à colliers GPS. Dans un premier temps nous avons considéré les villages environnant le PNI comme facteur déterminant quand on sait bien que plusieurs forêts du domaine rural (FDR) se trouvent dans la zone tampon du parc. Deuxièmement, nous avons identifié les espaces ruraux visités par les éléphants à collier du PNI, c'est-à-dire les éléphants dont le domaine vital couvre les villages.

L'analyse spatiale s'est faite en observant le mouvement de deux éléphants à collier nommés Amélia et Nzamba. Elle s'est faite par une succession d'étapes :

1. Importation des points de géolocalisation des deux éléphants de 2017 à 2019 sur ArcMap version 10.3.

2. Création d'un modèle permettant de relier les points (Minimum Convexe Polygone) dans le but d'avoir un aperçu apparent du tracé des éléphants et du polygone de l'ensemble des points (Minimum Boundarie Geometry).

3. Sachant que le collier GPS émet le point de localisation de l'éléphant après une heure, nous avons réalisé une zone tampon d'une distance de 500m à partir du polygone obtenu. Cela a été fait dans l'objectif de couvrir au maximum la superficie totale parcourue par les éléphants.

4. Un autre modèle réalisé nous a permis, ensuite, d'extraire les villages contenue dans le polygone afin de les choisir comme villages de notre zone d'étude, aussi de faire des zones tampons (100 m, 500 m et 1 Km) des maisons de ces villages et de faire enfin l'extraction des points d'éléphants intersectés dans ces différentes zones tampons.

III.2. Les données utilisées

La compréhension du CHE dans la province de l'Ogooué-Ivindo ne pouvait se faire sans la combinaison des données diverses. Dans cette étude nous avons combiné trois types de données issues des facteurs environnementaux, des mouvements des éléphants et des interviews auprès des villageois.

III.2.1. Les données des crottes des éléphants 

Lors du projet (Community Wildlife Project)4(*) avec l'Université de Duke, nous avons pu récolter des crottes dans 10 villages situés autour de Makokou (Figure 5). Ces données ont été récoltées pour comprendre la « défaunation »5(*) autour des villages de Makokou de août 2015 à janvier 2017. Les transects étaient situés à 2 Km des villages, il y en avait 6 par village et pouvait s'étendre sur une distance 8 km. Le positionnement des Transects s'est fait de sorte qu'ils soient perpendiculaires au plan des rivières importantes (Figure 5). Pour la présente étude, ces données nous ont permis d'estimer la densité et le nombre d'éléphants autour des villages. A chaque observation de crotte, l'enregistrement se faisait en prenant certains paramètres, dont l'heure d'observation ; la distance et son état. La notation qui renseignait sur l'état de la crotte était simplifiée par les abréviations suivantes : (F) pour Fraîche, (R) pour Récente, (V) pour Vieille, (TV) pour Très vieille et (D) pour Dégradée (White & Edwards, 2000). Ce système permettait non seulement de répertorier toutes les crottes et surtout pour mieux archiver les données.

Dans la planche photo 6 nous présentons en image, comment se déroulait l'inventaire des crottes et leur état. En photo de gauche, nous sommes en pleine fouille de la crotte pour séparer les différents types de graines ingérées dans leur alimentation. Au milieu nous avons des crottes fraiches et à droite des crottes ayant fait plus de 24h (récente).

Planche photo 6 : Inventaire des crottes d'éléphants

Cliché : Walter Mbamy, 2018

Source : Geoeye-1 de l'application mobile Save The Elephants

a

b

Les deux images satellites ci-dessus présentent les mouvements des deux éléphants que nous avons suivi. A gauche, le mâle Nzamba dans la zone nord du PNI et à droite, Amelia qui se trouve près de la station de recherche d'Ipassa en bordure de route.

Image satellite 1 : Observation des mouvements des deux éléphants à collier de notre étude.

III.2.2. Les données spatiales

L'éléphant peut marcher pendant plusieurs heures, 8 à 9 km par heure et il peut de ce fait parcourir plus de 90 km par jour pour glaner ce qui lui sert de nourriture dans la forêt. Pour cette étude nous avons eu besoin de données de mouvements des éléphants dans l'objectif de connaître où les éléphants vont et quand. De ce fait, nous avons utilisé les données des colliers GPS de deux éléphants du PNI. L'ANPN a posé des colliers sur plusieurs éléphants dans différents parcs nationaux ( Mills, 2017), aujourd'hui 17 éléphants du PNI sont équipés. Le GPS du collier émet le signal de position de l'éléphant dans l'intervalle d'une heure. Ces données nous ont permis de connaître la saisonnalité et la distance de rapprochement des éléphants autour des villages et des plantations. Le choix de ces deux éléphants a été fait sur la base de la localisation de leur niche écologique qui englobe plusieurs villages du PNI et dont l'impact de leur passage est évident et très visible (Figure 7).

III.2.3. Les données d'enquêtes

· Echantillonnage

Pour une réalisation efficiente de notre étude, il était primordial de scruter la volumineuse littérature en lien à cette problématique. Ce pharamineux exercice nous a permis d'avoir une visibilité autour des éléphants de forêts, leur écologie comportementale et leurs habitudes alimentaires. Elle nous a également permis de connaitre l'ampleur du conflit dans plusieurs zones du monde. Mais aussi comprendre les différentes méthodes dissuasives fréquemment utilisées par les villageois pour les éléphants.

Après la revue des documents liés à l'étude sur les éléphants et cerné tous les contours rattachés à la question, nous avons procédé à une enquête de terrain par un questionnaire. Il a été important de faire un échantillonnage de la population total de notre zone d'étude. L'échantillonnage avait pour but de réduire le coût de la collecte de données sur l'ensemble de la population des villages en réunissant une information provenant d'un sous-ensemble au lieu de la population entière. Pour ce faire, nous avons opté pour l'utilisation des méthodes d'échantillonnage probabiliste, jugées essentielles pour assurer l'objectivité sur la perception des populations du CHE. De façon précise, nous avons procédé à un échantillonnage probabiliste de commodité, ou l'unité d'enquête est sélectionnée selon la convenance. Nous avons considéré un ménage comme unité d'enquête ( Parry & Campbell, 1992 ; Tchamba, 1995 ; Epanda, 2019).

· Enquête de terrain

Les données collectées à la fois qualitatives et quantitatives dans sept (7) villages du département de l'Ivindo nous ont permis d'avoir les humeurs des victimes des dévastations (Figure 4). Un questionnaire de cinquante-trois (53) questions bien élaboré nous a permis de faire ce laborieux travail de terrain. Le questionnaire a été réalisé avec le logiciel SphinxPlus.V5.TuiTe (Annexe 9 pour le model de questionnaire). Ce questionnaire a été administré à 101 ménages. Le protocole d'enquête a été fait selon une procédure aléatoire. Nous avons considéré les orientations des points cardinaux comme point de départ. Le village est divisé en deux parties séparées par la route dont l'une des parties est considérée soit comme le nord ou le sud. Le choix des maisons à débuter l'enquête entre les deux parties s'est faite par une orientation aléatoire en utilisant une pièce de monnaie (pile ou face pour Nord ou Sud). De même, pour commencer à l'Est ou l'Ouest de la partie choisie on utilise la pièce de monnaie dans le but de connaitre où commencer l'enquête. Après avoir atteint le 1/4 des personnes à enquêter dans un côté, on se déplaçait du côté opposé pour faire le sens contraire. Les données issues du questionnaire administré aux populations présentent les informations sur les plantations, la distance par rapport au village, le type de culture, la période de culture, le temps de récolte, la préférence des éléphants par rapport aux cultures selon l'ordre d'importance. Elles permettent aussi de nous renseigner sur le conflit avec les éléphants. C'est pourquoi, il était important pour nous de savoir s'ils ont eu des problèmes avec les éléphants et combien de fois dans l'année ( Dipanjan Naha, 2018) Aussi d'avoir la perception qu'ils ont du problème, les méthodes dissuasives utilisées, le niveau d'impact du problème, évaluation financière des pertes, la distance où le problème est le plus pertinent.

III.3. Traitement et méthode d'analyse

Les données collectées ont subi plusieurs traitements après avoir été stockées et épurées. Le mode de stockage des données de terrain a naturellement été la mémoire de l'ordinateur pour le moyen physique et le OneDrive pour une sauvegarde en ligne. En effet, les données d'enquête collectées via le logiciel SphinxPlus.V5.TuiTe ont été exportées et épurées avec Microsoft Excel 2016, ce logiciel nous a permis également de réaliser des tableaux et graphiques. Pour une meilleure analyse du contenu, nous avons choisi de réduire le nombre de catégories en « regroupant » certaines de celles qui sont similaires dans des catégories plus larges. Nous avons catégorisé et codifié les transcriptions des enquêtes. La liste des catégories est examinée et regroupée sous un ordre spécifique ( Burnard, 1991).

Figure 4 : Carte des zones d'enquête

Par exemple, nous avons décidé qu'en fonction des réponses des gens sur ce qui amène les éléphants autour des villages, toutes les réponses ont été regroupées dans une catégorie intitulée « Facteurs de proximité des éléphants ».

Par ailleurs, les données qualitatives et quantitatives collectées par les questionnaires ont également été transférées sur SIG en vue de les thématiser sur carte par le biais de l'outils ArcMap d'ArcGis 10.3. Nous avons de même réalisé toutes nos cartes (localisation, hydrographie, etc.) avec ArcGis. L'outil R-studio Version 1.2.1335 important pour nous, a permis de réaliser les graphiques et boites à moustache ainsi que des manipulations de statistiques descriptives.

Graphique 1 : Méthodologie suivie.

III.4. Considération éthique

Les enjeux de l'éthique de la recherche occupent de plus en plus une place importante dans la gestion de la recherche tant sur le plan international que national ( Levy et Bergeron, 2010). Notre recherche a été légiférée sur un cadre éthique basé à la fois sur la recommandation universitaire, par une lettre de recommandation (Voir annexe 2) délivrée par le département de Géographie par le canal du Master DSAS via le coordonnateur du Master. Mais aussi sur des principes d'autorégulation par la rédaction d'un Consentement Libre et Eclairé dont nous avons fait une présentation à l'orale à chaque personne interrogée avant de poser une quelconque question. La lettre de recommandation nous a été utile dans la mesure où elle nous autorisait à faire de la recherche dans notre zone d'étude. Dans le but de prévenir les populations de notre arrivée, nous avons d'abord fait une tournée pré-enquête pour informer les différents chefs de village de notre arrivée et de l'objet de nos questions. C'était soit des chefs de villages tels que dans les villages Loaloa, Ntsibelong, Simintang et Ebessi ou des chefs de regroupements de Ebyeng et Edzuamene, de Mbes composé de Mbes 1 et Mbes 2 et de Endoum et Minkwala.

Le Consentement Libre et Eclairé était présenté à l'oral avant chaque entretien. Cela permettait, à l'avance, à chaque personne interrogée d'accepter ou de refuser l'entretien. C'était une garantie que les informations recueillies resteraient confidentielles et anonymes, et que ce travail est fait dans le cadre purement universitaire.

III.5. Difficultés rencontrées

Cette étude empirique qui nous a plongé dans l'univers du monde rural du Gabon profond nous a amené à faire face à plusieurs situations inconfortables. S'adonner au périlleux exercice de collecte de données par enquête dans les villages relève du courage quand on sait que la mobilité est conditionnée par l'acquisition d'un moyen de locomotion sûr, en l'occurrence une voiture car le mauvais état de route était loin de rendre les choses faciles. Nous avions certes eu la grâce de se déplacer à plusieurs reprises avec le véhicule de l'Université de Duke, mais à des moments nous avions dû marcher entre certains villages.

En outre, pour une thématique qui est perçue d'un mauvais oeil par les populations du fait que les éléphants sont la raison fondamentale de leur souffrance et surtout que plusieurs fils des villages sont ou ont gouté à la prison à cause de l'éléphant. De même, les villages de notre zone d'étude sont parmi ceux qui subissent le plus la dévastation par les éléphants. Cette aversion contre l'éléphant a fait que dans certaines maisons nous avons été soit ignorés soit insultés parce qu'on venait parler des éléphants.

De plus, nous avons été confrontés à des limites de finances et du temps. C'est-à-dire que les finances que nous avions à disposition et le temps consacré à la collecte des données ne pouvaient permettre de faire des descentes approfondies dans les champs pour des mesures de superficies dévastées. Toutes ces difficultés ont fortement influencé la quantité des données collectées car nous pouvions avoir un échantillon plus important que celui que nous avons utilisé dans cette étude.

CONCLUSION DE LA PARTIE

En somme, la province de l'Ogooué-Ivindo a des atouts naturels qui favorisent le développement d'une diversité biologique impressionnante. Sa forêt renferme une quantité importante d'éléphants qui causent des dommages auprès des populations par le fait qu'ils dévastent leurs plantations. Tous les groupes ethniques qui y vivent sont impactés, que ce soit les Fang, les Bakota et les Bakwélé. Le nombre de plaintes déposées auprès des autorités provinciales des Eaux et Forêts en 2018 et 2019 en témoignent, soit plus de 874 plaintes. La valeur financière des pertes va jusqu'à 114 937 200f CFA. Face à cela les populations sont dans une aversion envers les éléphants et les pouvoirs publics. Cette étude qui se veut que comprendre les raisons qui rapprochent les éléphants autour des villages s'est basée sur une approche méthodologique qui combine trois types de données. Nous avons utilisé des données issues des colliers GPS posés sur les éléphants, des crottes d'éléphants et d'une enquête auprès des populations. Le choix du site d'échantillonnage a été fait sur la base du domaine vital des deux éléphants à collier GPS et de la proximité des villages au PNI.

PARTIE II :

LIENS ENTRE ACTIVITÉS HUMAINES ET MOUVEMENTS DES ÉLÉPHANTS ET PRÉSENTATION DESRÉSULTATS

Dans cette partie, il sera question d'élucider les différentes étapes que nous avons utilisées pour répondre à nos questions de recherche. Nous faisons savoir dans un premier temps comment la distribution des crottes peut nous renseigner sur la présence des éléphants autour des villages. Dans un deuxième temps, nous analysons la densité des points des éléphants pour ressortir les déplacements temporels des éléphants et aussi la distance de rapprochement des éléphants autour des villages. Troisièmement, nous montrons la saisonnalité des visites des éléphants dans les champs et aussi les préférences des éléphants.

CHAPITRE IV : DISTRIBUTION DES CROTTES ET MOUVEMENTS SPATIAUX DES ÉLÉPHANTS AUTOUR DES VILLAGES

Durant la période comprise entre août 2015 et janvier 2017, l'Université de Duke a mené une étude aux alentours de Makokou. Cette étude a permis de récolter les échantillons de crottes d'éléphants autour des villages. Ces données nous permettent, par l'évaluation de la densité des crottes de confirmer qu'il y a une activité importante d'éléphants autour des villages. Nous comprenons aussi, par les données des points GPS de la position des éléphants, qu'il est possible d'avoir une saisonnalité de mouvements des éléphants et de connaitre leur distance de rapprochement par rapport aux villages.

IV.1. Données historiques des crottes d'éléphants

IV.1.1. Transect de collecte

La mesure de la densité des éléphants dans une portion de forêt s'est toujours faite par des méthodes conventionnelles dont la plus usitée est celle du comptage des crottes ( Jachmann H., 1991 ; Barnes, 1996 ; Koerner et al 2017). Le projet sur la communauté de la vie sauve (Community Wildlife project) piloté par l'Université de Duke, a permis de faireun inventaire des crottes sur un total de 1941 transects linéaires par marche qui pourrait correspondre à 37737 km (Figure 5) pendant 17 mois. Des équipes de para-écologistes étaient installées dans chaque village pour faire l'inventaire sur les mêmes transects. Un même transect pouvait être parcouru plus de 20 fois pour relever au maximum la présence de nouvelles crottes. Le résultat de cet inventaire est utilisé dans cette étude pour justifier la présence d'éléphants autour des villages de notre zone d'étude. En effet, les crottes ont été comptées aussi bien du côté du parc de l'Ivindo que de l'autre, autrement dit des deux côtés des villages afin de ne minimiser aucune niche écologique des éléphants.Parmi les villages impliqués dans le projet, il y'en a 4 qui appartiennent à notre zone d'étude (Mbes, Ebessi, Ntsibelong et Minkwala). C'est sur ces derniers que nous avons exclusivement effectué les différentes analyses et traitements.

Figure 5 : Carte des transects autour des villages du département de l'Ivindo

Source de données des transects : Comunity Widlife Project, Duke University, 2015-2017

Villages

Nombre des crottes

Ntsiete

Ntsengkele

Ntsibelong

Minkwala

Mbes

Massaha

Latta

Indombo

Etakaniabe

Ebessi

Graphique 2 : Distribution des crottes par villages

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

La boite à moustache ci-dessus nous présente la différence de dispersion des crottes par village. Les villages Ebessi et Ntsibelong ont la plus grande concentration et une dispersion importante, suivi de Minkwala, Mbes et Massaha. Bien que ce soit à Massaha que l'on a enregistré le nombre de crotte le plus élevé sur un transect parcouru (voir sur le graphique le point le plus haut qui correspond à 37 crottes), mais Minkwala reste la zone où les crottes sont les plus densément reparties. Cela veut dire qu'à Minkwala on a comptéquasimentla même quantité des crottes à chaque transect marché, alors que dans certains villages, il y a eu des jours de marche oùaucune crotte n'a été vue. C'est pourquoi les points noirs, qui sont considérés comme les valeurs aberrantes de notre jeu de données, sont trèsrapprochés à Minkwala alors qu'àEtakanyabe, Ebessi, Ntsibelong et Massaha ils sont espacés (Exemplaire de table de données brutes en annexe 7 a et b).

IV.1.2. Gradient de distribution spatiale des crottes par village

Nc

Bien que la collecte des donnéesse soit effectuée dans plusieurs villages des trois grands axes principaux (Axe Makokou-Okondja, axe Makokou-Mékambo, axe Makokou-Libreville),mais nous présentons dans la carte ci-dessous uniquement les villages qui sont compris dans notre zone d'étude (Figure 6). La régularité et la présence des crottes sur chaque transect nous révèlent que les éléphants fréquentent les alentours de ces villages. Il est d'ailleurs important de signaler que les crottes ont pu être collectées les deux côtes de la route, que ce soit du côté Nc

D= ------

Dist

nord comme le sud (côté du PNI). Nous avons calculé la densité des crottes par la formule simple ci-dessous :

Dreprésente la densité, Nc correspond au Nombre de crottes et Dist est la longueur d'un transect.

Ce que nous avons constaté c'est qu'il y a une densité importante des crottes dans les villages proches de Makokou, à l'exemple d'Ebessi dont la densité 2,68 est la valeur la plus élevée au 2e transect sur les 6 transects qu'il compte au total. Cependant à Ntsibelong la densité la plus élevée est de 1,51 (Tableau 4). En plus, la carte de la représentation spatiale des crottes nous montre de façon claire la dispersion spatiale des crottes par transect (Figure 6).

Figure 6 : Carte de représentation spatiale des crottes par transects

Les crottes sont distribuées de façon inéquitable, les villages Ebessi et Minkwala présentent globalement les plus grandes valeurs des crottes collectées dans un transect. Ils ont respectivement 155 et 123 (Tableau 4). La position des villages par rapport aux transects dans lesquels nous avons collecté les crottes nous révèle bien qu'il y a fréquemment des éléphants autour de ces villages. C'est ici la certification que les éléphants sont bien présents autour des villages de Makokou et leur distribution est sporadiquement observée dans notre zone d'étude en particulier et dans la province de l'Ogooué Ivindo en général.

Tableau 4 : Nombre et densité des crottes par village de la zone d'étude

Villages

Transects

Nbr de sessions

Nombre des crottes

Longueur (Km)

Densité des crottes

Ebessi

1

29

86

58,925

1,459482393

Ebessi

2

29

155

57,675

2,687472909

Ebessi

3

28

76

56

1,357142857

Ebessi

4

27

96

51,293

1,871600413

Ebessi

5

27

24

53,457

0,448958976

Ebessi

6

29

37

56

0,660714286

Mbes

1

38

27

63,325

0,426371891

Mbes

2

35

57

62,815

0,90742657

Mbes

3

36

57

58,15

0,98022356

Mbes

4

27

57

43,318

1,315850224

Mbes

5

32

48

58,175

0,825096691

Mbes

6

32

48

60,7

0,7907743

Minkwala

1

34

49

68

0,720588235

Minkwala

2

33

86

66

1,303030303

Minkwala

3

33

84

66

1,272727273

Minkwala

4

34

123

68

1,808823529

Minkwala

5

35

55

70

0,785714286

Minkwala

6

31

33

61,015

0,540850611

Ntsibelong

1

30

90

60

1,5

Ntsibelong

2

30

71

58,925

1,20492151

Ntsibelong

3

24

43

48

0,895833333

Ntsibelong

4

24

58

48

1,208333333

Ntsibelong

5

29

88

58

1,517241379

Ntsibelong

6

27

57

51,25

1,112195122

Total

84

733

1605

1403,023

27,60137398

Source: Comunity Widlife Project, Duke University, 2015-2017 Réalisation: Mbamy Walter, 2020

IV.1.3. Estimation de la densité d'éléphants

Après avoir évalué la densité de crottes par village, on peut également procéder à une estimation du nombre d'éléphants par transect. En effet, les densités animales peuvent théoriquement être obtenues grâce à l'estimation des facteurs de conversion, c'est-à-dire du taux de production et de dégradation des crottes. La relation qui en résulte est la suivante :

D = Dc x Td/Tp

où D représente la Densité animale, Dc la Densité de crottes sur le transect, Td le Taux moyen dégradation des crottes, Tp le Taux moyen de production des crottes (White et Edwards, 2001 ; Mathot et Doucet, 2006).

Le taux de décomposition des crottes varie avec le milieu et dépend aussi de la température que de la précipitation. Pour avoir le taux moyen de dégradation des crottes, nous avons considéré le taux de dégradation de 6,193 jours obtenu par une étude menée dans la réserve du Dja au Cameroun en 2018 (Bruce T. et al 2018). Cette valeur est utilisée dans cette étude parce que laréserve du Dja partage plusieurs paramètres environnementaux avec notre zone d'étude et n'est pas géographiquement très éloignée du PNI. Pour ce qui concerne le taux moyen de production des crottes, nous avons pris le taux de défécation de Tchamba (1992) puisque c'est l'étude de défécation avec le plus grand échantillonnage. Les données de Tchamba donnent une moyenne de 19,77 défécations par jour et une variance de 0,911. Nous pouvons alors évaluer la densité d'éléphants par la connaissance de la densité des crottes par transectmarché. Subséquemment, on estime avoir en moyenne 1,72 éléphant au Km2 dans les transectsdu village Ebessi, 1,3 éléphant dans les transects du village Mbes, 1,4éléphant dans ceux de Minkwala et 1,01 dans les transects de Ntsibelong. Ces valeurs de densité d'éléphants au Km2 sont significatives et soutien une présence permanente d'éléphants autour des villages.

IV.2. Saisonnalité des mouvements des éléphants

A la recherche de nourriture les éléphants peuvent changer plusieurs habitats en un jour et ainsi parcourir près de 200 km en une seule journée pour une moyenne annuelle de 2 800 Km ( Mills et all, 2018). Les éléphants de forêt sont toujours en mouvement dans un environnement dont ils maitrisent les différents composants qui font partie de leur domaine vital. Le domaine vital représente les localisations d'un animal pour une période donnée selon une fréquence de répartition correspondante. Cette observation est relativement évaluée par la quantité proportionnelle de temps qu'un animal a passé dans cette zone ( Worton 1989, Seaman & Powell 1996, Momont 2007). Dans cette étude, pour évaluer le domaine vital de nos deux éléphants nous avons utilisé la méthode de polygone convexe minimum (MCP). Le mâle solitaire Nzamba dont la distance de déplacement journalière peut atteindre les 100 Km et la femelle Amelia qui se déplace avec deux juvéniles dont le plus grand pourrait être âgé de 7 ou 8 ans et le moins âgé doit avoir 3 ou 4 ans ( Beirne et al., 2019) se déplace plus lentement. La superficie du domaine vital des deux éléphants est de 76611 ha, elle est plus de 8 fois plus grande que celle de la commune de Makokou. A des moments ils se retrouvent proches des villages, à d'autres ils sont dans la forêt. Comme l'illustre la carte de la figure 7, l'éléphant Nzamba partage à lui seul plus de 7 villages en dehors du massif forestier. Il se retrouve souvent très proches des maisons et passe aussi du temps dans les concessions forestières. Cet éléphant partage à lui seul différents types d'occupation du sol, le PNI, le domaine rural et les concessions forestières (Figure 7).

La carte de la figure7 nous informe que toute la partie nord du parc y compris 14 villages du canton Ntang-louli et une partie de la commune de Makokou est inclus dans le domaine vital de ces deux éléphants. Le tracé en rouge est celui de Nzamba et celui en violet est de Amelia. On remarque des concentrations importantes des tracés à des points précis. Les réunifications de tracés de la partie Est de la carte correspond aux zones d'activités champêtre des habitants du village Loaloa et Edoung-Avion. Aussi, c'est une zone fréquentée majoritairement par Amelia, on observe d'ailleurs une concentration de son tracé autour de Ipassa où elle est fréquemment observée. On a une concentration des traces de Nzamba au nord, cette zone à proximité du village Ebyeng-Edzua a vu naître un projet communautaire de plantation d'un verger initié par le Ministère de l'Agriculture. Mais il n'a malheureusement pas connu une évolution normale car les arbres plantés ont été dévastés par les éléphants. Les autres zones de jonction des tracés sont généralement des zones de localisation d'arbres prisés par les éléphants donnant saisonnièrement du fruit. Certaines zones sont des clairières marécageuses très fréquentées par les éléphants.

Figure 7 : Tracé des deux éléphants de notre étude

IV.2.1. Rapprochement des éléphants autour des villages par jour

Les éléphants de notre base de données nous présentent un rapprochement journalier typiquement identique. Les éléphants se rapprochent le plus des maisons des villages lorsqu'il devient sombre ou très tôt le matin comme le montre le graphique 3 ci-dessous. Nous avons considéré la distance des 100 m du village parce qu'elle est le mieux représentative pour ce qui concerne l'impact qu'ils pourraient avoir sur les plantations quand on sait que les plantations sont très proches des maisons des villages. C'est autour de 16h que les éléphants commencent à migrer vers les villages et à 20h ils se retrouvent derrière les maisons pour passer toute la nuit. On comprend mieux pourquoi les dévastations des champs par les éléphants se font uniquement la nuit dans ces villages.

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Graphique 3 : Visitation à 100m des éléphants dans les 24h

Selon les résultats de projections des points GPS des éléphants à colliers, nous comprenons qu'ils vont jusqu'à se rapprocher à 100 m des villages (Figure 8). Et cela pourrait être encore plus proche car le signale du collier GPS est émis dans l'intervalle de 1 heure. Il se pourrait donc qu'ils se soient rapprochés à une cinquantaine de mètre pendant la période de latence du collier (Annexe 5 pour visualiser à grande échelle la densité des points GPS dans chaque village).

D'ailleurs, les populations villageoises qui vivent la réalité des rapprochements des éléphants nous font savoir lors des enquêtes de terrain que ces derniers se rapprochent même à 0 m de la maison. Il y en a qui affirment que les éléphants vont jusqu'à se servir en eau dans les gros récipients qui servent à recueillir les eaux de pluies derrière les maisons. La grande majorité, plus de 80%, affirme que la distance de rapprochement la plus importante est à moins de 50 m car ils disent apercevoir les éléphants tout le temps et qu'a cette distance de rapprochement ils ressentent le plus d'impact de passage d'éléphants car ces pachydermes ne peuvent se rapprocher des habitations sans dévaster ce qu'ils trouvent sur leur passage (Graphique 3). Ils occasionnent soit la destruction de leur champ ou font des dégâts matériels en détruisant des biens.

Entre 150 et 500 m

Entre 50 et 150 m

A moins de 50 m

Nombre de réponses

Distance de présence de éléphants

Plus de 1 Km

Entre 500 et 1 Km

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Graphique 4 : Distance d'approche des éléphants la plus importante

A partir du graphique 1 nous savons désormais que les éléphants sont proches des villages 12h/24 chaque jour. Avec la densité des points des éléphants nous avons pu évaluer le nombre de temps que passe un éléphant autour d'un village par le calcul de la densité Kernel. La connaissance du domaine vital permet aussi d'analyser comment les animaux utilisent les habitats et quelles sont leurs préférences. Un autre avantage de cette méthode est qu'elle arrive bien à interpréter les domaines vitaux d'animaux ayant plusieurs zones d'activité, et dont la répartition des localisations est normale ( Seaman & Powell 1996).

Figure 8 : Carte de la densité des points GPS des éléphants par village

Pour ce qui concerne les deux éléphants Amelia et Nzamba, la densité de leur point peut nous révéler le temps passé dans un milieu spécifique et il y a une différence considérable entre les deux.Nzamba, il passe 30% de son temps à environ 4 km du village. C'est énorme pour un éléphant dont le domaine vital englobe plus de 10 villages du canton Ntang-Louli.Ameliaquant à elle passe 75% de son temps autour des villages et de la station de recherche d'Ipassa. Ce résultat n'est pas étonnant car cet éléphant est vu chaque semaine dans les alentours d'Ipassa et parfois autour du village Loaloa. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les points sont plus denses autour d'Ipassa (90%) et en suite de Loaloa (60%). Et ce qu'il faut noter avec Amelia, contrairement à Nzamba, c'est qu'elle vient fréquemment très proche des maisons, donc environ à 5 m des maisons (Figure9).

Figure 9 : Densité Kernel des deux éléphants Amelia et Nzamba en %

IV.2.2. Rapprochement annuel des éléphants autour des villages

Le rapprochement annuel montre, selon les distances de 100, 500 et 1000m, que la densité des points des éléphants est plus importante pendant les mois de décembre, juillet et août. Ce qui sous-entend, selon ces données, que c'est en période de saison sèche que les éléphants approchent le plus des villages (Graphique 5).

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Graphique 5 : Graphiques des visites mensuelles des éléphants à 100m et 500m

Les éléphants mâles tels que Nzamba se déplacent très vites en passant par plus de 20 stations de ravitaillement en eau et en nourriture par jour. A 100m et 500m de distance du village, le mâle Nzamba est irrégulier. Mais à la distance de 500m on observe quand même un pique de rapprochement au mois de juillet suivi de décembre et janvier. Ce qui pourrait correspondre sensiblement à la période de saison sèche. Par contre pour la femelle Amelia, il est bien évident de distinguer quelle saison elle se rapproche le plus. D'ailleurs, lorsqu'on observe son rapprochement à 100 m, il ressort clairement que c'est au mois de septembre qu'elle se rapproche le plus, ce qui concorde avec à la saison de pluie. Et à la distance de 500 m, son pique de rapprochement est toujours au mois de septembre suivi du mois d'avril. On est toujours en saison de pluie (Annexe 8 pour visualiser la base de données brutes). La différence de saison entre les deux éléphants peut s'expliquer par la vitesse de déplacement entre des deux éléphants. Nzamba est plus rapide, par conséquent déplace le signal aussi vite favorisant la perte des informations spatio-temporelles utiles pour connaitre la saisonnalité de ses déplacements. Le déplacement lent de la femelle est favorisé par la présence des deux juvéniles qui l'accompagnent. Cet état lui permet de se sédentariser à certains endroits ou l'abondance de nourriture est évident. Se déplacer de façon objective dans différents habitats. C'est pourquoi l'étude de la saisonnalité de mouvement de Amelia nous amène à bien distinguer les saisons de l'année et savoir quelle période de l'année elle visite les plantations des villages. Cela est plus proche de la réalité car l'éléphant a une programmation saisonnière de déplacement selon la disponibilité de nourriture.

En observant la visitation annuelle des deux éléphants a 100m des villages on a au moins un pique durant le mois de septembre. Or en janvier, mars et mai on a un nombre des visites d'éléphants identique. Une fois de plus les mois qui ressortent sont ceux appartenant à la saison des pluies (Graphique 6).

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Graphique 6 : Visitation annuelle à 100 m des villages

1

En définitive, l'abondance des crottes peuvent nous renseigner sur la densité des éléphants autour des villages. D'ailleurs au Km2 nous avons une estimation de 1,72 éléphant.Cette densité d'éléphants à 2 km du village sous-entend que l'on peut croiser un éléphantà tout moment. Cela confirme l'assertion des populations selon laquelle les éléphants sont non loin des maisons et qu'ils en croisent même en allant puiser de l'eau à la rivière. Cela se justifie dans la mesure ou le tracé GPS de Nzamba et Amelia montre qu'il y a concentration des traces non loin des maisons. Aussi, leur densité des points montre qu'ils passent beaucoup de leur temps dans les zones fréquentées par les populations. Leur période favorite de rapprochement est la saison de pluie.

CHAPITRE V : SAISONNALITÉ DU CONFLIT HOMME-ÉLÉPHANT AUTOUR DU PNI

Après avoir exploré le rapprochement des éléphants selon les données des crottes et celles des colliers GPS, nous voulons maintenant les corréler avec ceux des enquêtes de terrain. Ainsi, ce chapitre nous permettra d'avoir la perception des populations sur le CHE, nous allons aussi avoir leur opinion sur les mois que les éléphants approchent le plus des villages.

V.1. Activité agricole et CHE

Différentes activités sont pratiquées dans les villages. Nous avons pu répertorier l'agriculture, la chasse, la pêche, la cueillette et les petites activités commerciales (Graphique 7). Mais l'agriculture reste la plus rependue et pratiquée, c'est la raison pour laquelle dans cette étude nous nous focalisons uniquement sur les activités agricoles.

V.1.1. Agriculture dans les villages

· La place de l'activité agricole dans l'économie du village

Le moyen de subsistance est la préoccupation première de toutes les sociétés. Le milieu rural n'échappe pas à cet objectif de la vie, c'est pourquoi pour des besoins alimentaires les villageois se servent de leur environnement immédiat pour puiser le nécessaire en menant diverses activités de pêche, de chasse, de cueillette et d'agriculture. Nous avons voulu savoir l'activité qui occupe les populations, c'est-à-dire l'activité qui prend la plus grande partie de leur temps au quotidien, c'est ici l'occupation principale au village. Selon les résultats de notre enquête de terrain, le pourcentage des agriculteurs parmi les personnes interrogées est de 89,1%. Cette valeur est expliquée par le fait qu'en dehors d'autres activités qu'un individu peut pratiquer, l'agriculture demeure la principale. En revanche, la pêche est fortement pratiquée dans le village Loaloa, cela a influencé le pourcentage d'observation à 3% du total des personnes interrogées. Enfin, pour les autres activités nous avons 5% de personnes dont la chasse demeure l'activité principale, 2% préfèrent mener une activité commerciale dans le village et seulement 1% a pour activité principale la cueillette (Graphique 7).

Activité

principales

Réponses

%

Agriculture

90

89

Chasse

5

5,0

Cueillette

1

1,0

Pêche

3

3,0

Petit commerce

2

2,0

Total

101

100

Graphique 7 : Activités principales des populations

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

· Evolution de l'activité agricole selon la distance des plantations

v Aperçu historique des activités agricoles

A l'origine il y avait des terres qui appartenaient spécifiquement aux clans, aux familles et même à des villages entiers. Aucun étranger ne pouvait y installer son village ou son champ sans en avoir obtenu l'autorisation. Pour être autorisé, il fallait payer comptant, ou s'acquitter de certaines redevances à temps marqué. Au fil des ans chacun pouvait installer son champ n'importe où, pourvu qu'il prenne la précaution de le marquer au début de la saison sèche. Pour cela, il suffisait d'entamer le débroussaillage à la machette de quelques mètres carrés de brousse.

Après récolte et épuisement total de la plantation, si des arbres poussent dans le champ après qu'il a été abandonné, les fruits de ces arbres appartiennent à tout le monde, gens de la famille ou étrangers. Au contraire, si ces arbres poussent sur l'emplacement d'un ancien village, leurs fruits reviennent aux anciens habitants de ce village, et à personne d'autre, suivant les endroits occupés par leurs cases respectives.

A cette époque les plantations étaient faites pour fournir aux familles de quoi vivre, ils se contentaient de cultiver le strict nécessaire. La monoculture était en vogue, les uns ne cultivaient que des bananiers; d'autres donnaient tous leurs soins aux arachides au détriment des cultures plus substantielles. Après quelques années, la polyculture a succédé à la monoculture. Dans chaque village on plantait désormais un peu de tout dans un même espace : bananiers, manioc, taros, ignames, patates, maïs, arachides, etc. Ce type de culture se trouvait être plus rémunératrice par la vente des denrées, grâce aux nombreux débouchés qu'ils trouvaient à l'époque coloniale, cela leur a amené à agrandir l'étendue de leurs champs. De plus, en dehors de leurs champs individuels, plusieurs regroupements de femmes de village sont astreints à cultiver des plantations communes, dont les produits étaient tout d'abord destinés à approvisionner les Postes de l'Administration coloniale, les Maisons de Commerce, des Colons ( Walker André, 1940).

v Evolution des activités agricoles

Le type d'agriculture pratiqué dans les villages contraignait les agriculteurs à s'éloigner des villages pour aller de plus en plus dans la forêt à la recherche de rendements plus efficients. L'agriculture itinérante sur brulis, a toujours été pratiquée dans les villages au Gabon, les cultivateurs se devaient de mettre en jachère des plantations dont ils avaient déjà épuisé la récolte. De nos jours, un renversement de situation est observé, les plantations sont localisées à quelques mètres des maisons. Autrefois ce genre de plantation était considéré comme des jardins, mais pour ces populations aujourd'hui, ce sont des plantations. Il y en a qui ne peuvent pas faire des plantations à plus de 50 m de la maison de peur de tout perdre. Dans plusieurs villages, les populations plantent sur la cour de la concession car au moins le suivi sera efficient et la récolte assurée (Annexe 4 planche 8). En outre, nombreux sont ceux-là qui préfèrent ne plus se lancer dans l'activité agricole ou encore préfèrent limiter le nombre de plantation, deux plantations au maximum, pour ne pas être dans un regret amère si on se retrouvait à perdre plusieurs hectares. En interrogeant les populations sur le nombre d'anciennes plantations qu'ils possèdent, on se rend bien compte que 47.5% des personnes interrogées possèdent plus d'anciennes plantations que de nouvelles. A priori on dirait que c'est normal d'avoir plus d'anciennes plantations que de nouvelles, mais ici on veut mettre en lumière le manque d'intérêt à l'agriculture aujourd'hui par rapport il y a 10 ans. Celles qui, pourtant valide, avaient la possibilité d'avoir plus de 2 plantations préfèrent soit faire des petits jardins derrières les maisons ou de se contenter à acheter du riz et du poulet à Makokou. De plus, leurs anciennes plantations sont situées à plus de 1 km du village par rapport aux nouvelles.

Nous avons considéré comme nouvelles plantations dans cette étude celles qui nourrissent les familles, donc celles d'un an, ou celles qui sont en plein aménagement pour être cultivées. Le découragement de faire les plantations a atteint une grande majorité, c'est au point où il y a 13% des répondants qui affirment ne pas avoir des nouvelles plantations et 51% détiennent une seule plantation tandis que celles qui ont 2 nouvelles plantations sont à 23%. Ces chiffres nous montrent le désintérêt de plusieurs villageois sur les activités champêtres. (Graphique 8 ci-dessous).

Graphique 8 : Evolution du nombre de plantation

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Plus de 6

· Plantes les plus cultivées

L'agriculture traditionnelle telle que pratiquée dans les villages du Gabon obéit à des techniques rudimentaires par l'utilisation des outils manuels. C'est souvent des plantations en polyculture dont le manioc occupe la plus grande surface. Le reste de l'espace de la plantation est partagé par quelques rejets de bananes qui serviront à varier l'alimentation en matière d'accompagnement lors des repas. Dans l'intention d'avoir des légumes dans les repas, un espace identifié comme étant fertile par la présence de cendre et de résidus de bois brulée, se voit être ensemencé des légumes tels que l'oseille, l'amarante, l'aubergine et quelque fois le gombo. D'autres peuvent diversifier leur plantations en y ajoutant quelques ananas, canne à sucre, igname, etc. Dans les plantations de notre étude, nous avons pu relever plusieurs plantes cultivées fréquemment et celles cultivées de façon épisodiques. Les plus cultivées sont le manioc, la banane, l'arachide et le maïs car elles sont cultivées en début de saison de pluie (Graphique 9). En général il est cultivé des pistaches africaines (communément appelé concombre), des ignames, des ananas, de la canne à sucre et une variété de légumes (amarante, oseille, aubergine, gombo).

Graphique 9 : Période de culture et de récolte des cultures

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Il existe une saisonnalité des cultures, la majorité des plantes bénéficient de la saison pluvieuse pour bien se développer. C'est pourquoi les agriculteurs dans les villages enquêtés nous ont exposé les mois qu'ils mettent en terre et la période de récolte. Ce graphique est le condensé de l'explication des agriculteurs sur leur activité. C'est une représentation graphique des réponses au questionnaire. De ce fait, les valeurs des planting et récolte correspondent au nombre de répondants et non à la quantité récoltée par plantation.

V.1.2. Déprédation par les pachydermes

Les éléphants de forêt se déplacent facilement dans les forêts environnants les villages. Cela est visible par la multitude des traces et crottes qui marquent leur présence. C'est la preuve qu'ils cohabitent désormais avec les populations villageoises. Car ils partagent les mêmes ressources telles que les cours d'eau, les pistes et certaines essences végétales dont le Kumu (gnetum africanum), l'Odika (Irvengia gabonensis) et le Gambea (Chrysophyllum lacourtianum). Lorsque les éléphants rencontrent des plantations lors de leur recherche de nourriture, ils ne manquent pas de se servir dans les plantations, causant ainsi un désastre et poussant à l'agonie une sécurité alimentaire qui peine à se mettre en place au Gabon. Bien que les plantations se font de plus en plus proches des maisons, cela n'empêche pas les éléphants de se rapprocher des villages. Ils mangent principalement les plantes qu'ils aiment et qui sont disponibles ( Kingdon, 2012). Nous avons constaté que les heures de rapprochement sont principalement la nuit ( Erin K. Buchholtz et al 2019) comme le démontre d'ailleurs les résultats du graphique 3. Ils s'approchent à des fréquences très régulières dans une année. Dans le mois, ils viennent plusieurs fois de suite. Nous avons voulu savoir combien de fois les éléphants visitent les plantations dans une année, on s'est rendu compte que plusieurs répondants disent que les éléphants ont visité leur champ plus de 4 fois (graphique 10).

Graphique 10 : Nombre de visite des éléphants dans une année par village

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

0 fois 1 fois 2 fois 3 fois 4 foisPlus de 4fois Nombre de visites

Nombre de réponses

Lorsque l'on se focalise sur le nombre de fois que les éléphants ont visité les champs entre 2016 et 2019, on remarque que de 2016 à 2018 les visites ont été plus de 4 fois, c'est-à-dire que les visites des plantations sont fréquentes. Par contre, en 2019 on remarque une baisse importante des dévastations des éléphants dans les champs. Il y a moins de visites d'éléphants dans les plantations (graphique 11). Cette tendance peut s'expliquer par le fait que nous avons considéré les données de la moitié de l'année et qu'à la période de l'enquête la saison sèche n'était pas encore achevée.

0 fois 1 fois 2 fois 3 fois 4 fois Plus de 4 fois

Nombre de visites

0 fois 1 fois 2 fois 3 fois 4 fois Plus de 4 fois

Nombre de visites

0 fois 1 fois 2 fois 3 fois 4 fois Plus de 4 fois

0 fois 1 fois 2 fois 3 fois 4 fois Plus de 4 fois

Nombre de réponses

Nombre de réponses

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Graphique 11 : Nombre de visite des éléphants entre 2016 et 2019

V.1.2. Techniques de protection mises en place

Les populations sont tellement exacerbées par des visites fréquentes d'éléphants dans leurs plantations que certaines utilisent des méthodes létales et non-létales pour les refouler. Les méthodes de protection sont choisies selon l'accessibilité et la facilité de mise en application, certains utilisent des méthodes dont ils ont eu connaissance ou celles vus chez le voisin. Tous sont à la recherche de méthodes dissuasives plus efficaces.

L'enquête de terrain nous a permis de prendre connaissance des méthodes traditionnelles, pour la plupart, édifiées pour atténuer le conflit à leur niveau (Graphique 12). Il y en a qui procèdent soit par surveillance (9%) des plantations ou font tout simplement du bruit (41%) pour les repousser. Quelques-uns font usage de tire de coup de feu, d'installation de pièges, de lampe torche, bénéficient de la barrière électrique et 26% allument des feux dans les champs.

Graphique 12 : Méthodes de dissuasion utilisées par les populations

Toutes ces méthodes se montrent inefficaces au fil des temps, cependant ils sont obligés de les utiliser quand même dans l'espoir de dissuader. Mais il y en a qui ont fait leurs preuves et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle elles sont pratiquées dans la totalité des villages où nous sommes passés :

- Faire du bruit : Il est question des outils a forte sonorité qui émettent des sons forts lorsqu'on frappe dessus. Ils sont placés derrière, à côté des maisons, où dans les champs. Les objets métalliques (futs, tôles, cuvettes métalliques) sont fréquemment utilisés, mais aussi des bidons vides. L'exemple est montré dans les images ci-après ou à gauche (a) un papa du village Minkwala frappe sur un bidon vide dans son champ et une maman de Mbes (b) fait du bruit derrière sa maison pour dissuader les éléphants. D'autres utilisent même des vuvuzelas ou leur propre voix en criant tout simplement.

a

b

- Allumer un feu : la fumée émise par la combustion du bois est un bon moyen pour distraire les éléphants lorsqu'ils s'approchent des champs (a et b). C'est pourquoi 26% des personnes interrogées allument des feux dans le but de chasser les éléphants. Toutes ces personnes affirment que cette méthode permet juste de faire savoir aux éléphants qu'il y a présence humaine et que cela les empêcherait de s'approcher. Mais il y a d'ailleurs des histoires ou des éléphants a plusieurs reprises ont uriné sur le feu pour l'éteindre, d'autres ont simplement éparpillé le bois et les braises dans le but d'éteindre le feu.

a

b

- Surveillance : Cette méthode a le compromis d'être à la fois efficace et complexe à réaliser pour les villageois car elle consiste à construire des cabanes, même des maisons, dans le lieu où est localisé la plantation. La difficulté c'est que les éléphants visitent les champs pendant la nuit, autrement dit lorsque le gardien dort, et il arrive qu'ils visitent aussi lorsque ceux qui sont chargés de faire la garde se déplacent. L'avantage est que les éléphants s'éloignent facilement par le bruit des humains et que ces surveillances se font en association. C'est le cas des villages Mbes (b) et Ebyeng-edzua (a) où une zone a été choisie par des familles pour installer leurs plantations en un seul bloc. Et les résultats sont satisfaisants.

a

b

- Coup de feu : Plusieurs agriculteurs sont généralement des chasseurs et ont par conséquent des fusils de chasse à la maison. L'un des moyens les plus sur de refouler un éléphant est de tirer un coup de feu en l'air. Il y en a qui tirent directement des coups de feu sur l'éléphant pour le blesser.

- Epouvantail : Fabriqués dans le but de créer une illusion chez les animaux, les épouvantails sont faits à partir de vieux vêtements disposés de sorte à avoir une forme humaine. En général, c'est un vêtement accroché sur des branches ou autour d'un bois solidement fixé au sol. Tel est le cas dans les villages Loaloa (b) et Minkwala (a), mais cela n'empêche pas la visite d'éléphants dans les champs.

b

a

- Torche électrique : On sait que l'éléphant déteste la lumière, cette méthode dissuasive a pour but de chasser l'éléphant lorsque celui-ci la rencontre. Car c'est une lampe torche électrique que l'on laisse allume dans le champ toute la nuit. Il faut bien des moyens financiers conséquents pour l'achat permanent des batteries

- Piège : La méthode consiste à ériger des pièges autour de la plantation. Généralement il est question d'un bois sur lequel on plante de gros clous afin que, lorsque l'éléphant viendrait à piétiner dessus se verrait être transpercé et fuirait. Mais il y a aussi certains plus ingénieux qui utilisent du fil métallique pour faire des pièges à éléphants.

- Barrièreélectrique : Il est question des barrières électriques expérimentales érigées par l'ANPN dans le cadre du projet « Fil faune » dans plusieurs villages y compris celui de Simintang (photo a et b ci-dessous). C'est une barrière composée d'un ouvrage fait de fil métallique et soutenu par des supports de bois dure solidement enfouis dans le sol, ces fils sont connectés à une centrale électrique qui est alimentées par un système d'électrification issu du photovoltaïque. Au contact des fils contenant des centaines de voltes, l'éléphant reçois un énorme choc amplifié par sa masse corporelle, ce qui le contraint à fuir.

a

b

- a

b

Lampe : Le principe consiste allumer des lampes à pétrole dans le champ pendant la nuit. Ces lampes peuvent être soit de type tempête (b) ou fait de façon artisanale avec une boite dans laquelle on met du pétrole et une mèche en coton qui sort en surface (a). Mais ces lampes exigent des coûts de maintenance et d'achat du pétrole.

- Radio : C'est une façon de faire du bruit pour chasser les éléphants. Il s'agit de laisser la radio en marche dans le champ pour faire croire aux éléphants qu'il y a une présence humaine.

V.1.3. Autres arbres que les éléphants mangent

Le constat fait c'est que les éléphants ne s'intéressent pas seulement aux cultures des populations lorsqu'ils viennent près des villages, plusieurs autres ressources forestières intéressent les pachydermes. Ils mangent aussi les feuilles d'avocatiers et 53% de nos répondants affirment cette assertion. L'avocatier est d'ailleurs l'un des arbres fruitiers les plus présents dans les villages. Ils mangent aussi les fruits des arbres tels que l'Odika (Irvengia gabonnesis) (Planche photo 7 b) qui pousse facilement derrière les maisons, le fruit du Gambea (Chrysophyllum lacourtianum) (Planche photo 7 a), le palmier à huile (Arecacee) dont le chou est apprécié par les éléphants (Planche photo 7 c). Il y a aussi les fruits du goyavier (Psidium guajava) qui les intéresse et à quelques fois les fruits d'oranger (Citrus X sinensis) et de corossolier (Annona muricata) (Graphique 13).

a

c

b

Planche photo 7: Fruits et palmier consommés par les éléphants

Ici sont représentés les quelques fruits consommés par les éléphants. Nous avons un fruit frais du Gambea (Chrysophyllum lacourtianum)posé au sol (a). En image (b), nous avons les fruits de l'Odika (Irvengia gabonnesis). Le palmier est aussi prisé par les éléphants pour son chou, nous avons dans cette image (c) un palmier renversé par les éléphants non loin du village Loaloa.

Graphique 13 : Pourcentage des arbres mangés par les éléphants autour des villages

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

V.2. Perception des populations sur le Conflit Homme-Éléphant

V.2.1. Facteurs des rapprochements

L' approche d'enquête par un questionnaire administré directement aux cultivateurs nous a permis d'avoir un point de vue direct entre groupes et individus dans chaque village enquêté sur leur perception pour avoir au finish des données qualitatives ( Treves et al. 2006; Fairet 2012). Les résultats issus de ce questionnaire sont le ressentit des populations, c'est l'expression de leur vécu, ce qui leur donnerait la légitimité de résultats à considérer. En effet, les perceptions peuvent apporter des pistes d'actions pour améliorer la conservation et la gouvernance de la gestion de l'environnement. C'est donc une forme de preuve qui mérite une place centrale dans la boîte à outils pour le suivi, l'évaluation et l'adaptation des programmes et politiques de conservation. Les études qualitatives et quantitatives fondées sur les perceptions sont plus efficaces, holistiques et mieux adaptées à certaines questions ( Bennett, 2016). En particulier, la connaissance des perceptions par des évaluations locales peut être utile pour comprendre des impacts sociaux des phénomènes environnementaux afin de prendre des mesures adéquates pour des résultats écologiques favorables à la conservation de la biodiversité.

Les facteurs qui rapprochent les éléphants autour des villages selon les populations sont évalués suivant la fréquence des réponses. Il ressort qu'en faisant un tri de réponse, il s'est dessiné des groupes bien distincts. Les populations ont unanimement pointé du doigt la présence de champs en majorité, en suite la déforestation et enfin ils ont accusé la politique de conservation qui semble-t-il favoriserait la multiplication des éléphants qui sont désormais en grand nombre pour dévaster en masse leur plantations (Graphique 14).La proximité des champs aux villages est une pratique nouvelle. Les éléphants s'intéressent aux plantations de plus en plus et 53,4% des populations des villages estiment que ce rapprochement est dû à la présence des champs. On sait très bien que les éléphants se déplacent selon des intérêts alimentaires de façon générale et venir derrière les villages dans le but de se nourrir est de ce fait un bon choix pour eux car ils peuvent richement s'alimenter. La déforestation est un phénomène orchestré par l'action anthropique a des buts essentiellement économiques. La province de l'Ogooué-Ivindo est aujourd'hui l'une des meilleures destinations pour les exploitants forestiers car le massif forestier est grand et contient diverses essences de bois divers. On enregistre d'ailleurs plus d'une quinzaine qui exerce dans la province, c'est pourquoi 38,6% des populations affirment que le déplacement des éléphants autour du village est dû à ces activités d'exploitation forestières qui utilisent des gros engins, modifiant ainsi certaines niches écologiques.

Déforestation

Politique de conservation

Présence de nourriture

Graphique 14 : Facteurs de rapprochement des éléphants

Nombre de réponses

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Il y a 11% du territoire gabonais classé espaces protégés, la province de l'Ogooué-Ivindo est constituée des parcs d'importantes superficies. Tous les villages de notre zone d'étude sont situés à proximité du PNI. Une petite poignée de la population des villages n'hésite pas à accuser la politique de conservation comme étant à l'origine du rapprochement des éléphants autour des maisons. En effet pour ces 8% de la population, le rapprochement des éléphants est dû au fait qu'ils soient intégralement protégés et que cela aurait favorisé l'augmentation de la population d'éléphants.

Cette perception est de même observable selon le critère sexe (Graphique 15). Selon les femmes, ce sont les plantations qui expliquent la présence des éléphants autour des villages. Cette sensibilité des femmes par rapport aux hommes est expliquée par le fait que ce sont elles qui passent le plus de temps dans les plantations et que ce sont elles qui font le constat de dévastation en premier dans le champ avant les hommes. Aussi, ce sont elles qui dépensent le plus d'énergies dans l'entretien et le suivie de l'évolution du champ. C'est en quelque sorte elles qui sont le plus émotionnellement affectées par la dévastation. En revanche, les hommes, par rapport aux femmes, stigmatisent la déforestation comme facteur majeur de rapprochement des éléphants. Cela est logique dans la mesure ou les activités des hommes se déroulent le plus souvent en forêt, ils y vont généralement pour la chasse. De ce fait, ils sont les premiers à constater les dégâts de l'exploitation forestière dans la forêt. Et ce sont eux aussi qui sont le plus souvent employés dans les compagnies forestières, ce qui leur donnent une certaine connaissance des activités pratiquées et des essences coupées en forêt qui rentrent dans le régime alimentaire des éléphants.

Nombre de réponses

Femme

Homme

Déforestation

Politique de conservation

Présence de nourriture

Sexe

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Graphique 15 : Facteurs de rapprochement des éléphants selon le sexe des répondants

Bien que peut sont ceux-là qui incriminent la politique de conservation, on note une égalité légère d'hommes et de femmes qui l'accuse.

Les villages de notre zone d'étude ont des critères qui leur sont propre et devront être pris en compte quand il est question d'évaluer la perception par rapport aux facteurs de rapprochement des éléphants. En prenant le facteur présence de nourriture autour des villages et lorsqu'on le compare entre les villages, il ressort que les perceptions diffèrent d'un village à un autre (Graphique 16). Le village Ntsibelong est celui qui le présente comme facteur majeur par rapport aux autres villages, suivi du village Minkwala. Les villages Mbes et Simingtang ont un même nombre de répondants qui présentent ce facteur. Enfin les villages Ebyeng-Edzua, Loaloa et Ebessi clôturent la liste. Pour ce qui est de la déforestation, les différents villages ont au moins unanimement fustigés ce facteur. Il faut noter au passage que la quasi-totalité des villages de notre zone d'étude a subi l'exploitation forestière dans les années antérieures et les stigmates sont encore perceptibles dans les forêts par la présence des routes, des parcs à bois et des chablis. C'est pourquoi de Simintang à Minkwala les populations ont énuméré l'exploitation forestière sur leur axe (axe Libreville-Makokou). Par contre le village Loaloa est celui qui a le moins présenté ce facteur, cela est certainement dû au fait que ce village est historiquement lié aux activités de conservation de la réserve d'Ipassa et du PNI aujourd'hui.

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Déforestation

Politique de conservation

Présence de nourriture

Réponses

Village

EbessiEbyeng

Loaloa

Mbes

Minkwala

Ntsibelong

Simitang

Graphique 16 : Facteurs de rapprochement des éléphants selon la perception des villages

Pour le facteur politique de conservation tant brandi par les populations, il ressort que sur les 7 villages de notre étude, seulement 4 l'ont présenté comme facteur de rapprochement. Mais le village Loaloa stigmatise le plus la présence du parc que les autres villages. Et cela s'explique par le fait que ce village se situe dans la zone tampon du parc et par conséquent subit directement les décisions liées à celui-ci. Donc cette aversion est plus due au mécontentement engendré par certaines interdictions qui les empêchent de mener plusieurs activités dans la forêt.

V.2.2. Saisonnalité des visites d'éléphants dans les champs

Les éléphants sont observés autour des villages à tout moment de l'année. Mais il était important pour nous d'avoir la saisonnalité de visite d'éléphants dans une année, donc de connaitre à quelle période de l'année il y a le plus de dévastation des cultures selon les populations. L'analyse des données issues de notre questionnaire nous révèle que la saison ou les éléphants dévastent le plus les plantations est la période de saison des pluies (graphique 17 ci-dessous) cette saison correspond principalement la récolte et la culture de certaines plantes telles que le manioc, la banane, le maïs et l'arachide (graphiques de l'annexe 6). Les éléphants visitent le plus les plantations pendant les mois de février, mars, avril, mai et août, septembre, octobre, novembre. En revanche, durant les mois de décembre, janvier, juin et juillet il y a moins de visite d'éléphants, par conséquent moins de dévastations.

Nombre de réponses

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Graphique 17 : Visite des éléphants selon les saisons

J F M AM J J A S O N D Mois

En somme, l'activités agricole est la principale dans les villages, elle a toujours contribué à l'alimentation en denrées vivrières dans les foyers. C'est généralement le manioc et la banane qui sont plantées constamment, les autres plantes telles que l'arachide et le maïs sont cultivées saisonnièrement. Mais progressivement l'intérêt de faire des grands champs a disparue chez plusieurs personnes à cause des dévastations répétées. Le nombre de nouvelles plantations par famille diminue au fil des années, on est passé de 3 nouvelles plantations par saison en 2016 à une seule en 2019, quelques fois même aucune. Malgré les mesure de dissuasion prises, il n'y a aucune amélioration. En effet, en dehors des plantations qui attirent les éléphants autour des villages, il y a aussi les arbres fruitiers et certaines essences d'arbres telles que l'Odika et le Gambea. Les populations accusent les pouvoirs publics et n'hésitent pas à dénoncer l'exploitation forestière. Pour eux, la principale cause de régularité des éléphants derrières leurs maisons est la présence des plantations. Nous retenons que c'est en saison de pluie que les visites d'éléphants dans les champs sont importantes. Notamment les mois de mi-février à mi-mai, correspondant aux mois de récolte essentielle du manioc, d'un peu de canne à sucre, de banane et d'igname. Or de mi-août à mi-décembre, c'est la période primordiale de récolte de banane et de planting du manioc, canne à sucre, ignames, maïs et arachides (voir graphiques de l'annexe 6).

CHAPITRE VI : DISCUSSION ET PERSPECTIVES

La corrélation entre l'activité agricoles et les mouvements des éléphants a été prouvée dans les deux précédents chapitres. Il a été aussi montré que les éléphants se rapprochent des habitations des villages et que la saisonnalité des mouvements des éléphants coïncide avec les saisons des récoltes de certaines cultures telles que la banane, le manioc, l'arachides, etc. En outre, dans ce chapitre, nous discutons et donnons des perspectives sur ces trouvailles. Nous observons que les éléphants se rapprochent des villages de façon fréquente et viennent même très proche des habitations. Cela conforte l'hypothèse selon laquelle ces pachydermes trouvent des alternatives alimentaires autour des villages. C'est pourquoi les populations n'hésitent pas à affirmer que les éléphants suivent les plantations situées autour des villages. Ces populations n'hésitent pas à proposer des solutions pour remédier à ce problème. Enfin nous émettons des perspectives qui permettrons d'améliorer les efforts de conservation des organismes étatiques et non étatiques.

VI.1. Discussion

Il a été démontré par une récente étude au Parc National de la Lopé que 81% des fruits de forêt a diminué dans la période de 1986 à 2018 ( Bush et al., 2020). Cette réduction de fruits est due aux diverses pressions humaines directes sur les communautés végétales et animales. Cela sous-entend que les éléphants ont de moins en moins de ressources disponibles dans le milieu naturel. De ce fait, d'autres sources de nourriture pourraient offrir un certain soulagement et les cultures des villageois comblent donc ce manque. L'étude sur le CHF réalisée par Fairet en 2012 a démontré que la fréquence graduelle de la déprédation s'accroit au fur et à mesure que l'on s'éloigne du centre du village. Or dans cette étude, il ressort que la déprédation est concentrée autour des villages.

VI.1.1. Distance de rapprochement des éléphants

Une étude récente réalisée dans le sud du Gabon montre que la distance moyenne des plantations par rapport au village est de 1,43 km ( Nse Nkoghe, 2019), or dans notre zone d'étude la distance moyenne des plantations par rapport à la voie principale est de 449 m. A cette distance de rapprochement les éléphants n'hésitent pas à venir dévaster les plantations. Ces dernières se situent derrière les maisons et sont des polycultures. Certaines personnes préfèrent planter sur la devanture à 30 m de la maison. Ce type de champ était autrefois appelé des jardins permettant d'avoir plus facilement et rapidement des tubercules de manioc, quelques légumes et les feuilles de manioc sans parcourir une grande distance. Mais la situation actuelle contraint totalement à changer les techniques agricoles dans plusieurs mesures :

- sur la superficie des champs, en effet, les surfaces cultivées s'amenuisent progressivement car les champs sont de plus en plus petites (moins de 500 m2),

- sur la modification de la technique traditionnelle de culture itinérante sur brulis avec rotation de site. Bien que le brulis soit toujours pratiqué dans la totalité des villages visités, mais la jachère n'est plus réalisée dans son entièreté. En dehors de brûler après débroussaillage, la mise en jachère après récolte ne se fait plus car les populations préfèrent ne plus s'éloigner des villages. C'est plutôt une sédentarisation des cultures dans un même milieu que l'on observe. Cela réduit à la fois la qualité de production et la productivité à cause de l'appauvrissement des sols.

On assiste ainsi à une sorte de cohabitation entre éléphants et populations qui pourrai durer plus longtemps dans la mesure ou les éléphants sont intégralement protégés au Gabon.

VI. 1.2. Facteurs de rapprochement des éléphants

On sait que les éléphants se déplacent dans l'objectif principal de se nourrir. Cette recherche de nourriture les amène à parcourir des centaines de kilomètres de distance. On comprend incontestablement que c'est la nourriture qui les rapproche des villages puisque ces derniers peuvent se rapprocher dans les 100 m, 50 m voire 0 m.

Ils arrivent déjà dans les villages où ils consomment les plantes cultivées par les populations. Ils consomment aussi les arbres fruitiers qui poussent derrière les maisons. Les éléphants mangent principalement le manioc et la banane lors de leurs visites et aussi les feuilles d'avocatiers, des mangues sauvages communément appelées Odika, des fruits du Gambea que l'on appelle en langue Fang Abam ou Ebambou en Kota. En dehors de ceux cités précédemment, ils consomment aussi d'autres cultures telles que les ananas, les ignames, les concombres, les feuilles d'arachides, le maïs, le chou de palmiers, etc.

C'est toute cette richesse nourricière qui est la principale cause de déplacement des éléphants vers les villages. C'est pourquoi les populations étant alertées par cela, ont instaurées des méthodes de refoulement d'éléphants de leurs plantations malgré leur inefficacité.

VI.1.3. Solutions proposées par les populations

Les solutions répertoriées dans cette partie sont issues du questionnaire administré aux populations dans le but d'avoir leur perception, donc de connaitre les solutions qu'ils proposent (Graphique 16). Tout d'abord, les perceptions se réfèrent aux observations individuelles, compréhensions, interprétations et les évaluations des objets de référence, actions, expérience, individualité, politique, ou nos attentes. En général, les populations ont relevé quelques propositions dont l'arrêt de l'exploitation forestière, la construction des barrières électriques, le dédommagement des victimes, développement de la filière élevage, l'aide des autorités et proposent que l'on abatte les éléphants. Les solutions proposées par les populations sont disproportionnées selon la sensibilité des répondants et selon leur antipathie due à une dévastation récente. Ces propositions peuvent être comprises de la façon suivante :

- L'arrêt de l'exploitation forestière : Peu de personnes ont esquissé cette proposition comme solution pour lutter contre la dévastation des cultures. Ces personnes exhibent le fait que c'est le fait que l'on coupe les arbres qui rentre dans le régime alimentaire des éléphants que ces derniers sont contraints de se rapprocher des endroits où ils pourraient compenser ce déficit et se retrouvent dans les champs des populations.

- La construction des barrières électriques : Malgré son caractère onéreux sur la construction et son entretient, plusieurs populations ont néanmoins proposé la construction de barrières électriques car ces populations ont eu vent des résultats positifs des barrières électriques dans les villages ou elles ont été posées.

- Le dédommagement les populations : Après le dédommagement de 2016, il n'y a plus eu de dédommagement, cependant il y a de plus en plus de plaintes des populations. Dans l'espoir de recevoir une compensation de leur perte, les populations ne cessent de crier à un dédommagement de leurs cultures.

- Le développement de l'élevage : Cette proposition a été présentée par une seule personne, du coup elle reste une solution faiblement envisagée par les populations, cette alternative pourrait être expliquée par deux faits : les populations n'ont pas une véritable culture d'élevage car ils élèvent uniquement quelques poules et d'autres des cabris pour des consommations familiales ou pour d'éventuelles cérémonies. Ils ignorent la rentabilité économique que cette activité pourrait engendrer.

- Une solution gouvernementale : Tous ont à l'unanimité appelé à la rescousse de l'Etat pour que des solutions soient trouvées. Peu importe ce qu'il mettra en place, mais ce qu'ils veulent c'est d'en finir avec cet épineux problème de dévastation des cultures.

- L'abattage des éléphants : la battue administrative est l'action administrative locale autorisée par l'administration des Eaux et Forêts, visant à abattre un animal présentant un danger pour les populations humaines ou leurs biens ou à réguler une population de la faune sauvage. Mais les populations qui se voient être dévastées accusent l'Etat dans sa politique de conservation des éléphants et selon eux ça contribue à la multiplication des éléphants. Et cela augmenterait de facto le nombre de dévastations. Ils sont prêts à faire leur propre justice en abattant les éléphants eux-mêmes, s'ils ont la possibilité.

Les solutions proposées peuvent être observées selon le sexe car les femmes ont des points de vue différents des hommes (Graphique 18). Il ressort que les femmes et les hommes de façon égale interpellent les pouvoirs publics sur ce problème majeur.

Nombre de réponses

Arrêt de la déforestation

Barrière électrique

Dédommagement

Développement de l'élevage

Solution gouvernementale

Abattage deséléphants

Graphique 18 : Solutions proposées par les populations

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Pour ce qui est de la proposition d'abattre des éléphants, les femmes l'emportent sur les hommes. Cela peut s'expliquer par le fait que ce soit les femmes qui dépensent plus d'énergie pour les champs et ce sont elles qui observent les dégâts de passage d'éléphants dans le champ, c'est donc elles qui vivent le plus ce sentiment de colère après le passage d'un éléphant, du coup leur seul désir est de tuer tous les éléphants afin qu'elles jouissent du fruit de leur dur labeur. La proposition de compenser ce problème en instaurant des unités d'élevage dans les villages a été proposé par un seul homme. Par contre, en ce qui concerne la solution de dédommagement, les hommes et les femmes de façon égalitaire demandent à être dédommagés. Les hommes proposent majoritairement la construction des barrières électriques pour solutionner ce problème. Il en est de même pour la proposition d'arrêter la déforestation. Si les hommes proposent le plus l'arrêt de la déforestation comme moyen pour lutter contre la déprédation des cultures par les éléphants c'est parce que ce sont les hommes qui font plus la chasse et donc qui sont en contact avec la forêt, qui peuvent voir les effets de la déforestation.

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Femme

Homme

Sexe

Arrêt de la déforestation

Barrière électrique

Dédommagement

Développement de l'élevage

Solution gouvernementale

Abattage deséléphants

Nombre de réponses

Graphique 19 : Solutions proposées par les populations selon le sexe

VI.2. Perspectives

VI.2.1. Sur le plan de la conservation

Les champs disciplinaires qui s'intéressent au domaine de la conservation sont légion. La conservation est aujourd'hui axée principalement dans la biodiversité faunique et floristique. Plusieurs Organisations Non Gouvernementales (ONGs) s'activent dans divers domaines de la conservation des espèces rares et en voie de disparition. L'éléphant qui est considéré comme méga-jardinier ( Turkalo and Fay, 2001; Blake, 2002; Poulsen et al., 2017; Cardoso et al., 2019, Ngama, 2019) se doit d'être conservé pour son apport dans la régénération des forêts. Une cohabitation avec les humains s'impose dans les zones où ils partagent les mêmes ressources telles que les sources d'eau, le bois de chauffage et fruits sauvages. Si dans certains pays d'Afrique australe (Namibie, Kenya, Zimbawe, Botwana, etc.), il existe une certaine cohabitation entre éléphants et les humains, au Gabon cela est moins envisageable, sinon impossible dans plusieurs régions. Il est de ce fait urgent de trouver des méthodes qui permettront de réduire au maximum les contacts entre éléphants et populations. Pour ce faire, il serait judicieux de faire un usage de méthodes non létales de refoulement des éléphants. Nous proposons d'améliorer les méthodes traditionnelles satisfaisantes telles que la production de bruit. On pourrait combiner le savoir issu de l'intelligence artificielle et des nouvelles technologies pour créer des objets sonores à forte autonomie électriques pour repousser les éléphants. Si la précédente proposition semble être onéreuse et non accessible pour le moment, on peut implémenter la méthode de surveillance. Sur la surveillance des plantations, nous proposons que les écogardes soient recrutés spécialement pour surveiller les plantations au même titre qu'ils font des patrouilles dans la forêt pour lutter contre le braconnage.

La méthode létale à utiliser dans certains cas est celle d'abattre l'éléphant qu'on aurait identifié comme étant à problème. Cela doit se faire promptement à chaque fois que les dévastations sont abondantes dans un village. La mise en place des projets de développement local dans les villages ciblés à l'avance comme ayant un taux inquiétant de dévastation est une autre solution. Ces projets communautaires pourraient être le développement de l'écotourisme communautaire qui consisterait à donner la gestion d'une réserve naturelle de conservation de la biodiversité aux communautés à proximité des villages. L'Etat à son tour doit fournir à ces conservateurs ruraux tous les outils nécessaires pour que les communautés villageoises trouvent de la valeur économique dans l'éléphants à chaque fois que des touristes viendront les observer. D'autres projets tels que l'élevage doivent être vulgarisés. Ceci dans le but de trouver une solution à la faim qui sévit dans les villages à cause du manque de plantations.

VI.2.2. Sur le plan de la recherche scientifique

Nous savons que plusieurs études ont été menées sur la question, mais il en faut davantage tant que le problème persiste. Il est vrai qu'une étude récente menée dans le PNI a démontré que les mouvements des éléphants de forêt sont déterminés par les ressources alimentaires et les facteurs climatiques ( Beirne et al., 2020). Mais il faut que des études surl'évaluation de l'abondance des fruits sauvages soient réalisées. L'étude consistera à faire des transects qui permettrons d'estimer la densité des fruits autour des villages et de faire le lien avec la présence d'éléphants. Aussi faire des études comparatives entre les forêts n'ayant pas d'activité d'exploitation forestière et celles ayant de l'exploitation forestière. Cela permettra d'avoir l'impact de l'exploitation forestière sur le mouvement des éléphants. Cette étude se voulait bien au départ d'évaluer l'impact de l'activité d'exploitation de bois sur le mouvement des éléphants mais pour diverses insuffisances nous n'avons pas suivi cette orientation.

CONCLUSION DE LA PARTIE

Il est important de retenir que l'on peut évaluer le nombre d'éléphants par la méthode de comptage des crottes. La valeur de la densité d'éléphants que nous avons approximativement trouvée donne lieu de réaliser que les populations n'exagèrent pas lorsqu'elles disent voir les éléphantstous les soirs. Cette densité de1,72 éléphant au Km2insinue qu'il y a cohabitation inévitable avec les communautésvillageoises. L'analyse des donnéesGPS montre aussi que Nzamba et Ameliapassent respectivement 40 et 75 % de leur temps non loin des villages. La saison favorite de rapprochement est la saison de pluie. Sachant bien que les populations ont pour principaleactivité l'agriculture. Malgré cela, les éléphantsdévastentfréquemment leurs champs. On arrive à la conclusion que ce sont les champs qui attirent les éléphants. C'est pourquoi progressivement l'intérêt de faire des grands champs a disparue chez les communautés villageoises. On observe une diminution du nombre de nouvelles plantations, certaines n'ont plus de plantations et préfèrent manger du riz. Pour celles qui s'efforcent de cultiver, elles mettent des mesures de dissuasion en vain. Le constat fait c'est qu'en dehors des plantations qui attirent ces pachydermes, il y aégalement les arbres fruitiers et certaines fruits sauvages telles que l'Odika et le Gambea qui les attirent.

Cette situation infernale qui s'éternise ne fait qu'augmenter la haine des populations sur les éléphants et les pouvoirs publics. Ils ne peuvent plus manger convenablementà cause des éléphants. Car la mémoire futée de l'éléphant fait qu'il programme ses visites des plantations exactement aux mois de mi-février à mi-mai et de mi-août à mi-décembre qui correspondent aux mois de récolte essentielle du manioc, d'un peu de canne à sucre, de banane et d'igname. Cette période concorde avec celle de la saison de pluie.

CONCLUSION GÉNÉRALE

La déprédation des cultures par les éléphants est et reste jusqu'à présent un problème majeur dans les villages du Gabon en général et dans la province de l'Ogooué-Ivindo en particulier. Les populations ont depuis moins d'une décennie vu le problème s'accentuer. Cette recrudescence des raids d'éléphants sur les cultures a fait naître une aversion des populations envers les décideurs politiques et environnementaux. Aujourd'hui sur l'axe Makokou-Libreville où nous avons mené notre enquête dans trois regroupements de villages et quatre villages, la chanson est la même « Les éléphants nous affament ». Cette étude s'est voulue de comprendre le lien qu'il y a entre les activités agricoles et les mouvements des éléphants par une analyse de la distance de rapprochement des éléphants aux villages, tout en faisant le lien de leur mouvement avec les cultures disponibles selon les saisons.

Il est important de retenir que l'on peut estimer la densité des éléphants par la méthode de comptage des crottes. Le comptage réalisé nous a révèle qu'autour des villages, il y a une densité de 1,72 éléphant au Km2 c'est la preuve qu'une population d'éléphants sillonne les villages de notre site d'étude. Rappelons-nous que chaque éléphant a un domaine vital bien distinct, or il y a de plus en plus d'éléphants dont le domaine rural fait partie de leur niche écologique. Avec une mémoire programmée, ces pachydermes iront tout simplement se servir en temps opportun dans les plantations conduisant ainsi des dommages. Leur mémoire développée leur permet de localiser les sources de restauration peu importe la distance, les facteurs édaphiques, climatiques et environnementaux. Ils peuvent donc avec exactitude revenir à la même période de l'année pour une ressource alimentaire. Nous avons constaté pour le cas des deux éléphants que nous avons suivi pendant 3 ans, par le canal du collier GPS, que l'on peut bien distinguer une saisonnalité de mouvement journalière et mensuelle. Surtout que la saisonnalité de mouvement est différente d'un éléphant à un autre bien que ces derniers partagent un même domaine vital. De ce fait, plusieurs facteurs pourraient influencer les mouvements d'éléphants, notamment le facteur sexe qui s'est révélé lors de l'analyse de nos données.

A une différence perceptible, la saisonnalité de mouvement n'est pas la même d'un individu à un autre. L'éléphant mâle Nzamba se rapproche le plus, dans les 100m, durant les mois de décembre où le pic est atteint et février pour ensuite revenir les mois d'avril et Juin ; or en juillet et août il est quasiment absent. Cette irrégularité pourra démontrer que cet éléphant a une alimentation sélective autour des villages car le mois de décembre correspond à la récolte de l'arachide, maïs et ignames sachant que les éléphants se nourrissent des feuilles d'arachide, de maïs et de tubercules d'ignames. Le mois de février et avril correspondent à la période de récolte de la banane plantain et juin est le mois où les populations récoltent l'igname et l'ananas. A une distance plus éloignée du village notamment 500 m et 1 km environ, il se dessine une saisonnalité bien distincte de rapprochement de cet éléphant. Les mois de rapprochement sont novembre, décembre et juin, ce qui correspond à la période de saison sèche et de récolte d'arachide et de maïs. Mais pour ce qui concerne la femelle Amelia, il existe par contre une saisonnalité en toutes distances (100 m, 500 m et 1 km), son mois favori de rapprochement majoritaire reste celui d'août suivi des mois de mars et avril dans les 500 m du village et à 1 km de rapprochement. Il se trouve que c'est en saison de pluie qu'elle se rapproche le plus, donc pendant les couples de mois de mars-avril et août-septembre. Les préférences de ces mois pour cet éléphant ne sont pas anodines, en effet, les mois de mars et avril correspondent à la période de récolte de manioc autrement dit c'est la période de maturité de la plante, ou les feuilles sont belles et en bonne état dû aux multiples précipitations qui les nourrissent en eau. C'est aussi généralement en cette période que les femmes du village vont couper les feuilles de manioc pour la consommation familiale et quelques fois pour les vendre à Makokou. Il n'est pas rare d'observer les traces de passage d'éléphants dans les champs en ces temps-là.

En combinant les données des deux éléphants pendant une année sur une distance de 100 m, on se rend compte que le pic de visite des plantations s'observe pendant le mois d'août. Or c'est en août que les villageois apprêtent leur plantation et mettent en terre les cultures qui vont recevoir les premières pluies de septembre bien qu'en cette période on récolte les derniers régimes de banane chétifs pour une consommation. Cela dit, le vecteur de rapprochement des éléphants à cette période de l'année est la disponibilité de la banane. La perception de la population sur le CHE et sur les activités menées dans le village est un facteur à tenir compte dans le combat pour la résolution du conflit.

La perception des populations sur le problème a permis d'explorer en profondeur la nature et la magnitude de l'impact social dû au CHE et discerner si le point de vue des populations locales sur l'impact social de la conservation des éléphants est juste ou équitable, car les initiatives de la conservation sont souvent critiquées par rapport à leur impact sociaux-économiques qui sont souvent qualifiés d'injustes. Cette injustice peut souvent avoir des résultats défavorables sur les populations locales et leurs subsistances.

Des interviews semi directifs ont été menées dans 7 localités dont 3 regroupements de villages et 4 villages qui donnent en totalité 10 villages. Nous avons de même fait des observations directes des plantations pour avoir une idée sur l'impact des dégâts et de la distance des plantations. De même, nous avons croisé des informations qualitatives. Le manioc et la banane sont les cultures les plus dévastées selon l'enquête sociale et cette assertion est confirmée par plusieurs études ( Fairet, 2012 ; Nse Nkoghe, 2019). Les plantations se rapprochent de plus en plus des villages, on est en moyenne à 449 m du village. Les intrusions des éléphants sont plus fréquentes en saison de pluie car c'est la période de développement des bananiers et de récolte de feuilles de manioc et de plusieurs autres plantes et légumes.

Nous pouvons affirmer que les mouvements des éléphants autour des villages sont liés à la disponibilité des sources alimentaires au cours de l'année. Ils suivent le cours des saisons de cultures et de récoltes des plantes. Paradoxalement la saison pluvieuse est le moment ou la destruction des cultures est la plus accentuée, cette période correspondant à la récolte des cultures villageoises prisées par les éléphants. On sait très bien que cette période pluvieuse est aussi la période de fructification d'abondantes espèces d'arbres consommés par les éléphants.

Il y a plusieurs études qui se penchent sur le CHE, malgré tout, le problème persiste. Plusieurs méthodes ont été expérimentées sans résultats conséquents. Il faut que l'on regarde de même ce problème en amont, autrement dit à sa racine, son origine et sa base qui sont consolidés par des défis économiques. L'exploitation forestière reste la plus grande activité anthropique qui influence le mouvement des éléphants. C'est pourquoi les cherches doivent se focaliser dessus. Il est important que de profondes études sur l'implication de l'exploitation forestière sur le mouvement des éléphants soient menées.

BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

1- Réalisation : Walter Mbamy, 2020

a. Evaluation financière des dédommagements par village

1- b. Quantité de cultures dévastées par village

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

2- Lettre de recommandation du Département de Géographie

3- Fiche de constat des dégâts causés par la faune sauvage

4- Planche photo 8: Plantations à proximité des maisons

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Photo 6: Manioc planté autour d'une maison inachevée à Ebessi

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Photo 5: Champ de manioc derrière la maison à Mbes

Photo 1: Bananerai derrière la maison à Simintang

Photo 2: Champ de maïs à côté des toilettes à Mbes

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Photo 3: Champ de manioc clôturé à Mbes

Cliché : Walter Mbamy, 2019

Photo 4: Champ de manioc en bordure de route à Ntsibelong

Cette planche photographique présente la proximité qu'ont désormais les plantations aux maisons. On y trouve de tout à l'intérieur (manioc, maïs, arachide, banane, etc.). On retrouve le manioc généralement partout, Ebessi, Mbes etNtsibelong, de la bananeà Simintang et du maïs à Mbes

5- Cartes de la visualisation spatiale de distance de rapprochement des éléphants

6- Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Graphiques montrant le lien entre la présence des éléphants et la disponibilité des cultures

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

7- a. Exemple de données brutesdes crottes

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

7-b.

8- Partie brute des données des colliers GPS

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

9- Réalisation : Walter Mbamy, 2020

Questionnaire

Réalisation : Walter Mbamy, 2020

DES ILLUSTRATIONS

TABLES DES ULLISTRATIONS

Figure 1 : Carte de localisation de la zone d'étude 11

Figure 2: Carte géologique du Gabon 20

Figure 3 : Bassins versants de l'Ivindo 22

Figure 4 : Carte des zones d'enquête 45

Figure 5 : Carte des transects autour des villages du département de l'Ivindo 52

Figure 6 : Carte de représentation spatiale des crottes par transects 54

Figure 7 : Tracé des deux éléphants de notre étude 58

Figure 8 : Carte de la densité des points par village 61

Figure 9 : Densité Kernel des deux éléphants Amelia et Nzamba en % 62

Graphique 1 : Méthodologie suivie. 46

Graphique 2 : Distribution des crottes par villages 53

Graphique 3 : Visitation à 100m des éléphants dans les 24h 59

Graphique 4 : Distance d'approche des éléphants la plus importante 60

Graphique 5 : Graphiques des visites mensuelles des éléphants à 100m et 500m 63

Graphique 6 : Visitation annuelle à 100 m des villages 64

Graphique 7 : Activités principales des populations 67

Graphique 8 : Evolution du nombre de plantation 69

Graphique 9 : Période de culture et de récolte des cultures 70

Graphique 10 : Nombre de visite des éléphants dans une année 71

Graphique 11 : Nombre de visite des éléphants entre 2016 et 2019 72

Graphique 12 : Méthodes de dissuasion utilisées par les populations 73

Graphique 13 : Pourcentage des arbres mangés par les éléphants autour des villages 78

Graphique 14 : Facteurs de rapprochement des éléphants 79

Graphique 15 : Facteurs de rapprochement des éléphants selon le sexe des répondants 81

Graphique 16 : Facteurs de rapprochement des éléphants selon la perception des villages 82

Graphique 17 : Visite des éléphants selon les saisons 83

Graphique 18 : Solutions proposées par les populations 88

Graphique 19 : Solutions proposées par les populations selon le sexe 89

Tableau 1 : Population de la province de l'Ogooué-Ivindo selon les départements 27

Tableau 2 : Groupes ethniques de la province de l'Ogooué-Ivindo 28

Tableau 3 : Evaluation financière des pertes par village au deuxième trimestre 2018 33

Tableau 4 : Nombre et densité des crottes par village de la zone d'étude 55

Planche photo 1 : Faune du Parc National de l'Ivindo 25

Planche photo 2 : Types d'habitats des villages de l'Ogooué Ivindo 29

Planche photo 3 : Butin de chasse exposé aux abords de la route pour la vente 31

Planche photo 4 : Signe présence des éléphants 36

Planche photo 5 : Infrastructures et villages abandonnés à cause des éléphants 38

Planche photo 6 : Inventaire des crottes d'éléphants 42

Planche photo 7: Fruits et palmier consommés par les éléphants 77

Planche photo 8: Plantations à proximité des maisons 107

Image satellite 1 : Observation des mouvements des deux éléphants à collier de notre étude. 42

TABLE DES MATIERES

DÉDICACES...... i

REMERCIEMENTS ii

SIGLES ET ACRONYMES iv

SOMMAIRE...... v

INTRODUCTION GÉNÉRALE 6

I- JUSTIFICATION DU SUJET 7

1-Objet et champ d'étude 7

2-Contexte........... 7

3-Localisation spatio-temporelle 8

4-Intérêt du sujet..... x

5-Objectif général.. x

6-Objectifs spécifiques x

II- APPROCHE PROBLÉMATIQUE 12

1-Problématique..... 12

2-Questions de recherche 13

2.1- Question principale 13

2.2- Questions secondaires 13

3-Hypothèses........ 13

III- APPROCHE THÉORIQUE ET ANNONCE DU PLAN 13

1-Cadre théorique.. 13

2-Annonce du plan. 15

PARTIE I :........ 16

PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE, ÉTAT DES LIEUX DES CONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE DE L'OGOOUÉ-IVINDO ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE. 16

CHAPITRE I : CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES ET HUMAINES DE LA ZONE D'ÉTUDE 18

I.1. Facteurs physiques de la zone d'étude 18

I.1.1. Pluviométrie et Température 18

I.1.2. Relief et végétation 18

I.1.3. Hydrographie et faune du PNI 21

I.2. Traits humains de la zone de Makokou 26

I.2.1. Contexte historique de la ville de Makokou 26

I.2.2. Peuplement et groupes ethniques 26

CHAPITRE II : ORGANISATION HUMAINE DE LA ZONE D'ÉTUDE ET DESCONFLITS HOMME-FAUNE DANS LA PROVINCE DE L'OGOOUE-IVINDO. 26

II.1. Population, type d'habitat et activités socio-économiques 28

II.1.1. Population 28

II.1.2. Type d'habitat 28

II.1.3. Activités socio-économiques 30

II.2. Aperçu du Conflit Homme-Faune dans l'Ogooué-Ivindo 32

II.2.1. Répartition des plaintes et Evaluation de pertes par village 32

II.2.3. Animaux incriminés 34

II.2.4. Description de l'éléphant 34

II.2.5. Antipathie villageoise sur l'éléphant 37

CHAPITRE III : APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE 40

III.1 Délimitation de la zone d'étude et inventaire des données 40

III.2. Les données utilisées 41

III.2.1. Les données des crottes des éléphants 41

III.2.2. Les données spatiales 43

III.2.3. Les données d'enquêtes 43

III.3. Traitement et méthode d'analyse 44

III.4. Considération éthique 46

III.5. Difficultés rencontrées 47

CONCLUSION DE LA PARTIE 48

PARTIE II : 49

LIENS ENTRE ACTIVITÉS HUMAINES ET MOUVEMENTS DES ÉLÉPHANTS ET PRÉSENTATION DESRÉSULTATS 49

CHAPITRE IV : DISTRIBUTION DES CROTTES ET MOUVEMENTS SPATIAUX DES ÉLÉPHANTS AUTOUR DES VILLAGES 51

IV.1. Données historiques des crottes d'éléphants 51

IV.1.1. Transect de collecte 51

IV.1.2. Gradient de distribution spatiale des crottes par village 53

IV.1.3. Estimation de la densité d'éléphants 56

IV.2. Saisonnalité des mouvements des éléphants 56

IV.2.1. Rapprochement des éléphants autour des villages par jour 59

IV.2.2. Rapprochement annuel des éléphants autour des villages 63

CHAPITRE V : LA SAISONNALITÉ DU CONFLIT HOMME-ÉLÉPHANT AUTOUR DU PNI 66

V.1. Activité agricole et CHE 66

V.1.1. Agriculture dans les villages 66

V.1.2. Déprédation par les pachydermes 70

V.1.3. Autres arbres que les éléphants mangent 77

V.2. Perception des populations sur le Conflit Homme-Éléphant 78

V.2.1. Facteurs des rapprochements 78

V.2.2. Saisonnalité des visites d'éléphants dans les champs 82

CHAPITRE VI : DISCUSSION ET PERSPECTIVES 85

VI.1. Discussion 85

VI.1.1. Distance de rapprochement des éléphants 85

VI. 1.2. Facteurs de rapprochement des éléphants 86

VI.1.3. Solutions proposées par les populations 86

VI.2. Perspectives 90

VI.2.1. Sur le plan de la conservation 90

VI.2.2. Sur le plan de la recherche scientifique 91

CONCLUSION DE LA PARTIE 92

CONCLUSION GÉNÉRALE 93

BIBLIOGRAPHIE..... 97

ANNEXES............. 104

TABLES DES ULLISTRATIONS 118

TABLE DES MATIERES 120

* 1Rapport du forum National sur les Conflits Homme-Faune au Gabon, Libreville, 6-7 Juillet 2015

* 2 RopiviaMarc Louis, 2007 « Manuel d'initiation à l'Épistémologie de la science Géographique : Ecocide et déterminisme anthropique », l'Harmatan, p.14

* 3 Ce calcule a été effectué sur la base des prix des pieds de plantes homologués par le Ministère de l'Agriculture.

* 4Etude menée par Nicholas School of the Environment, de l'Université de Duke. Et financéeparUS Fish and Wildlife, 2015-2017

* 5Disparition progressive des animaux. Dans cette étude il s'agissait de mesurer le gradient de diminution de la faune sauvage en partant des villages.






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