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Lien entre les activités humaines et mouvements des éléphants (loxodonta cyclotis) autour du parc national de l'Ivindo, Gabon.


par Walter D. Mbamy
Université Omar Bongo - Master 2020
  

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CONCLUSION DE LA PARTIE

Il est important de retenir que l'on peut évaluer le nombre d'éléphants par la méthode de comptage des crottes. La valeur de la densité d'éléphants que nous avons approximativement trouvée donne lieu de réaliser que les populations n'exagèrent pas lorsqu'elles disent voir les éléphantstous les soirs. Cette densité de1,72 éléphant au Km2insinue qu'il y a cohabitation inévitable avec les communautésvillageoises. L'analyse des donnéesGPS montre aussi que Nzamba et Ameliapassent respectivement 40 et 75 % de leur temps non loin des villages. La saison favorite de rapprochement est la saison de pluie. Sachant bien que les populations ont pour principaleactivité l'agriculture. Malgré cela, les éléphantsdévastentfréquemment leurs champs. On arrive à la conclusion que ce sont les champs qui attirent les éléphants. C'est pourquoi progressivement l'intérêt de faire des grands champs a disparue chez les communautés villageoises. On observe une diminution du nombre de nouvelles plantations, certaines n'ont plus de plantations et préfèrent manger du riz. Pour celles qui s'efforcent de cultiver, elles mettent des mesures de dissuasion en vain. Le constat fait c'est qu'en dehors des plantations qui attirent ces pachydermes, il y aégalement les arbres fruitiers et certaines fruits sauvages telles que l'Odika et le Gambea qui les attirent.

Cette situation infernale qui s'éternise ne fait qu'augmenter la haine des populations sur les éléphants et les pouvoirs publics. Ils ne peuvent plus manger convenablementà cause des éléphants. Car la mémoire futée de l'éléphant fait qu'il programme ses visites des plantations exactement aux mois de mi-février à mi-mai et de mi-août à mi-décembre qui correspondent aux mois de récolte essentielle du manioc, d'un peu de canne à sucre, de banane et d'igname. Cette période concorde avec celle de la saison de pluie.

CONCLUSION GÉNÉRALE

La déprédation des cultures par les éléphants est et reste jusqu'à présent un problème majeur dans les villages du Gabon en général et dans la province de l'Ogooué-Ivindo en particulier. Les populations ont depuis moins d'une décennie vu le problème s'accentuer. Cette recrudescence des raids d'éléphants sur les cultures a fait naître une aversion des populations envers les décideurs politiques et environnementaux. Aujourd'hui sur l'axe Makokou-Libreville où nous avons mené notre enquête dans trois regroupements de villages et quatre villages, la chanson est la même « Les éléphants nous affament ». Cette étude s'est voulue de comprendre le lien qu'il y a entre les activités agricoles et les mouvements des éléphants par une analyse de la distance de rapprochement des éléphants aux villages, tout en faisant le lien de leur mouvement avec les cultures disponibles selon les saisons.

Il est important de retenir que l'on peut estimer la densité des éléphants par la méthode de comptage des crottes. Le comptage réalisé nous a révèle qu'autour des villages, il y a une densité de 1,72 éléphant au Km2 c'est la preuve qu'une population d'éléphants sillonne les villages de notre site d'étude. Rappelons-nous que chaque éléphant a un domaine vital bien distinct, or il y a de plus en plus d'éléphants dont le domaine rural fait partie de leur niche écologique. Avec une mémoire programmée, ces pachydermes iront tout simplement se servir en temps opportun dans les plantations conduisant ainsi des dommages. Leur mémoire développée leur permet de localiser les sources de restauration peu importe la distance, les facteurs édaphiques, climatiques et environnementaux. Ils peuvent donc avec exactitude revenir à la même période de l'année pour une ressource alimentaire. Nous avons constaté pour le cas des deux éléphants que nous avons suivi pendant 3 ans, par le canal du collier GPS, que l'on peut bien distinguer une saisonnalité de mouvement journalière et mensuelle. Surtout que la saisonnalité de mouvement est différente d'un éléphant à un autre bien que ces derniers partagent un même domaine vital. De ce fait, plusieurs facteurs pourraient influencer les mouvements d'éléphants, notamment le facteur sexe qui s'est révélé lors de l'analyse de nos données.

A une différence perceptible, la saisonnalité de mouvement n'est pas la même d'un individu à un autre. L'éléphant mâle Nzamba se rapproche le plus, dans les 100m, durant les mois de décembre où le pic est atteint et février pour ensuite revenir les mois d'avril et Juin ; or en juillet et août il est quasiment absent. Cette irrégularité pourra démontrer que cet éléphant a une alimentation sélective autour des villages car le mois de décembre correspond à la récolte de l'arachide, maïs et ignames sachant que les éléphants se nourrissent des feuilles d'arachide, de maïs et de tubercules d'ignames. Le mois de février et avril correspondent à la période de récolte de la banane plantain et juin est le mois où les populations récoltent l'igname et l'ananas. A une distance plus éloignée du village notamment 500 m et 1 km environ, il se dessine une saisonnalité bien distincte de rapprochement de cet éléphant. Les mois de rapprochement sont novembre, décembre et juin, ce qui correspond à la période de saison sèche et de récolte d'arachide et de maïs. Mais pour ce qui concerne la femelle Amelia, il existe par contre une saisonnalité en toutes distances (100 m, 500 m et 1 km), son mois favori de rapprochement majoritaire reste celui d'août suivi des mois de mars et avril dans les 500 m du village et à 1 km de rapprochement. Il se trouve que c'est en saison de pluie qu'elle se rapproche le plus, donc pendant les couples de mois de mars-avril et août-septembre. Les préférences de ces mois pour cet éléphant ne sont pas anodines, en effet, les mois de mars et avril correspondent à la période de récolte de manioc autrement dit c'est la période de maturité de la plante, ou les feuilles sont belles et en bonne état dû aux multiples précipitations qui les nourrissent en eau. C'est aussi généralement en cette période que les femmes du village vont couper les feuilles de manioc pour la consommation familiale et quelques fois pour les vendre à Makokou. Il n'est pas rare d'observer les traces de passage d'éléphants dans les champs en ces temps-là.

En combinant les données des deux éléphants pendant une année sur une distance de 100 m, on se rend compte que le pic de visite des plantations s'observe pendant le mois d'août. Or c'est en août que les villageois apprêtent leur plantation et mettent en terre les cultures qui vont recevoir les premières pluies de septembre bien qu'en cette période on récolte les derniers régimes de banane chétifs pour une consommation. Cela dit, le vecteur de rapprochement des éléphants à cette période de l'année est la disponibilité de la banane. La perception de la population sur le CHE et sur les activités menées dans le village est un facteur à tenir compte dans le combat pour la résolution du conflit.

La perception des populations sur le problème a permis d'explorer en profondeur la nature et la magnitude de l'impact social dû au CHE et discerner si le point de vue des populations locales sur l'impact social de la conservation des éléphants est juste ou équitable, car les initiatives de la conservation sont souvent critiquées par rapport à leur impact sociaux-économiques qui sont souvent qualifiés d'injustes. Cette injustice peut souvent avoir des résultats défavorables sur les populations locales et leurs subsistances.

Des interviews semi directifs ont été menées dans 7 localités dont 3 regroupements de villages et 4 villages qui donnent en totalité 10 villages. Nous avons de même fait des observations directes des plantations pour avoir une idée sur l'impact des dégâts et de la distance des plantations. De même, nous avons croisé des informations qualitatives. Le manioc et la banane sont les cultures les plus dévastées selon l'enquête sociale et cette assertion est confirmée par plusieurs études ( Fairet, 2012 ; Nse Nkoghe, 2019). Les plantations se rapprochent de plus en plus des villages, on est en moyenne à 449 m du village. Les intrusions des éléphants sont plus fréquentes en saison de pluie car c'est la période de développement des bananiers et de récolte de feuilles de manioc et de plusieurs autres plantes et légumes.

Nous pouvons affirmer que les mouvements des éléphants autour des villages sont liés à la disponibilité des sources alimentaires au cours de l'année. Ils suivent le cours des saisons de cultures et de récoltes des plantes. Paradoxalement la saison pluvieuse est le moment ou la destruction des cultures est la plus accentuée, cette période correspondant à la récolte des cultures villageoises prisées par les éléphants. On sait très bien que cette période pluvieuse est aussi la période de fructification d'abondantes espèces d'arbres consommés par les éléphants.

Il y a plusieurs études qui se penchent sur le CHE, malgré tout, le problème persiste. Plusieurs méthodes ont été expérimentées sans résultats conséquents. Il faut que l'on regarde de même ce problème en amont, autrement dit à sa racine, son origine et sa base qui sont consolidés par des défis économiques. L'exploitation forestière reste la plus grande activité anthropique qui influence le mouvement des éléphants. C'est pourquoi les cherches doivent se focaliser dessus. Il est important que de profondes études sur l'implication de l'exploitation forestière sur le mouvement des éléphants soient menées.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci