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Discours des auditeurs dans les magazines radiophoniques interactifs


par Joseph LOKENDANDJALA Okonda
IFASIC-Kinshasa  - Licence en SIC 2012
  

Disponible en mode multipage

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INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET
DE LA COMMUNICATION

« IFASIC »

FACULTE DES SCIENCES DE L'INFORMATION
DEPARTEMENT DE JOURNALISME

B.P. 14.998 Kinshasa/Gombe

DISCOURS DES AUDITEURS DANS LES MAGAZINES

RADIOPHONIQUES INTERACTIFS

Par

Joseph LOKENDANDJALA Okonda

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en Sciences de l'Information et de la Communication

Directeur : Pr. Godefroid ELITE Ipondo Lecteur:C.T. Claude MUKEBA Kolesha

Août 2012

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INTRODUCTION GENERALE

1. Problématique

Cette étude porte sur le discours des auditeurs à la radio. Elle consiste à analyser le discours produit par les auditeurs intervenant, en direct, dans les programmes radiophoniques interactifs.

En effet, l'interactivité est une pratique de plus en plus courante dans les médias audiovisuels aujourd'hui. Elle consiste à créer un dispositif d'échange entre le média et son public. Ce dispositif donne au public la possibilité d'entrer en contact direct avec l'espace médiatique.

A la radio, média de la parole, l'interactivité acquiert une importance toute particulière. Brisant la barrière invisible qui séparait l'auditeur de l'espace médiatique, elle favorise la participation active et directe de ce dernier au programme radiophonique. Elle permet d'ouvrir l'antenne aux auditeurs auxquels elle donne la parole pour exprimer leurs opinions sur les différents problèmes de la société1.

Cette participation directe aux programmes radiophoniques a fort modifié la nature de relation entre la radio et son public. L'auditeur, ayant désormais la possibilité d'intervenir à l'antenne, acquiert, par ce fait, un nouveau statut. Du simple écoutant ou auditeur passif, il devient un auditeur actif capable de s'exprimer à la radio. C'est dire que l'interactivité fait passer l'auditeur du statut de récepteur à celui de l'émetteur.

Cette ouverture au public crée une certaine proximité, mieux une complicité entre la radio et ses auditeurs. Elle suscite dans le chef des auditeurs un intérêt aigu et croissant à suivre les programmes radiophoniques. Cette sortie de l'anonymat crée dans le chef de l'auditeur un sentiment de considération et de valorisation. Ce qui renforce sa proximité avec la radio. Cette proximité influe sur la densité de l'audience des radios qui utilisent ces genres des programmes.

1 DELEU, Christophe, Les anonymes à la radio. Usages, fonctions et portée de leur parole, p. 35.

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Si les magazines interactifs ont pu se développer aujourd'hui, c'est grâce à l'innovation technologique consacrée par le développement des outils modernes de communication, en l'occurrence, la téléphonie mobile et l'Internet. Ces deux technologies numériques constituent des outils précieux de l'interactivité radiophonique.

Deux logiques caractérisent ces genres de programmes, à savoir la logique de l'audience et la logique citoyenne. Qu'elles répondent à l'une ou l'autre logique, ces magazines relèvent de différents types de contrats médiatiques et poursuivent des objectifs variés2.

En République Démocratique du Congo, les programmes interactifs ont surtout fait irruption dans les médias avec la fin du monopole de l'Etat et la libéralisation du secteur de l'audiovisuel ainsi que la vulgarisation du téléphone portable et de l'internet. Aujourd'hui, ces types des programmes sont de plus en plus présents sur les ondes. Dans un paysage radiophonique pluriel et diversifié, où la conquête de l'audience est fort acharnée, les radios marquent une ouverture au public à travers l'organisation des programmes interactifs3.

Il s'ensuit que ces programmes révèlent de nouvelles orientations dans les usages du média radiophonique en RDC. Orientations qui s'inscrivent dans la dynamique de réciprocité discursive entre la radio et ses auditeurs. Les échanges entre journaliste et auditeurs se déroulent généralement avec l'intervention d'un ou des invités dont le rôle consiste à expliquer et à répondre aux différentes préoccupations du public.

Quelques chercheurs, avant nous, ont mené des études dignes d'intérêt sur l'analyse du discours radiophonique interactif, un domaine de recherche encore peu exploré. Dans sa thèse de doctorat en SIC présentée en 2010 à l'Université Michel de

2 BECQUERET, Nicolas, Un modèle d'analyse des discours des émissions interactives radiophoniques, dans Les recherches en communication, p. 208.

3 Beaucoup de stations de radio de Kinshasa organisent actuellement des émissions interactives, mais la plupart sont des émissions religieuses, de service et de divertissement. Il y a très peu d'émissions d'actualité socio-politique. Nous n'avons pas pu répertorier systématiquement les magazines interactifs diffusés à Kinshasa étant donné le manque de données y afférentes auprès des institutions publiques chargées du monitoring (CSAC).

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Montaigne, Bernadette Sonko Fatoumata, s'est intéressée aux usages paradoxaux de la radio à travers les émissions interactives au Sénégal4 .

La question principale qui a sous-tendu cette recherche est la suivante : Les émissions interactives permettent-elles l'approfondissement de l'expression démocratique ? L'auteure a émis l'hypothèse selon laquelle les populations utilisent quotidiennement des outils et des moyens aux conceptions et finalités exogènes. Une intégration intelligente de ces ressources technologiques à leurs activités permet aux auditeurs et surtout aux radios de développer de nouveaux cadres d'expression et de partage des connaissances.

Recourant à la méthode qualitative, cette étude s'est appuyée sur la théorie des usages « détournés » des outils de communication dans les pays du Sud. Au terme de l'analyse des émissions retenues, l'auteure est arrivée à la conclusion selon laquelle derrière l'apparence démocratique des espaces radiophoniques interactifs, se dévoilent des mécanismes d'exclusion (in)volontaire d'une bonne partie de la population. C'est dire qu'autant de limites altèrent la portée démocratique des émissions interactives.

Une autre étude a été entreprise par Blandine Schmidt dans le cadre d'un Master en SIC. Elle a porté sur Radiographie de l'interactivité radiophonique5. L'auteure fait une analyse comparative de trois émissions service diffusées sur trois radios françaises. Elle démontre, au travers de cette analyse, que les émissions service révèlent de nouvelles orientations dans l'usage de la radio en France. Il s'agit moins de donner l'information que d'assister les auditeurs, de les aider à résoudre leurs problèmes.

Il s'ensuit que cette assistance sociale empreinte parfois d'exhibitionnisme et de spectacularisation tend de plus en plus à détourner les personnes des institutions traditionnelles (pour résoudre leurs problèmes, les individus ont tendance à recourir à

4 SONKO Fatoumata, Bernadette, Les usages paradoxaux de la radio à travers les émissions interactives au Sénégal. Les exemples de Sud-FM, de RFM et de FM Awagna, Thèse de doctorat en SIC, Université Michel de Montaigne, Bordeaux-III, France, 2010.

5 SCHMIDT, Blandine, Radiographie de l'interactivité radiophonique, Mémoire de Master 2 en SIC, Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3, 2008.

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la radio qu'à faire appel à un professionnel). Ce faisant, la radio devient ainsi un véritable outil de médiation sociale, mêlant la logique de fidélisation à l'assistance effective apportée au public.

Une troisième étude a retenu notre attention. C'est l'ouvrage de Elisa Ravazzolo intitulé Analyse du discours interactif médiatique. Le rôle de l'animateur d'une émission radiophonique6. Cet ouvrage se focalise sur le rôle de l'animateur dans une émission radiophonique interactive. L'auteure s'appesantit particulièrement sur les modes d'interaction exploités par l'animateur de l'émission Radiocom, c'est vous dans la co-construction du discours.

Cette recherche du type analytique s'inscrit dans la théorie de l'analyse du discours en interaction. L'auteure analyse minutieusement le fonctionnement des échanges médiatiques. Elle relève les modalités discursives utilisées par l'animateur pour gérer et encadrer les échanges entre les partenaires dans la situation de communication.

Contrairement aux émissions service et celles de divertissement, sur lesquelles se sont penchées ces études, les émissions interactives d'actualités sociopolitiques constituent des programmes sensibles, hautement encadrés et contrôlés7. En RDC, elles sont objet de fréquentes mises en garde et des suspensions aussi bien de la part du pouvoir public que de l'autorité de régulation. L'exemple récent est celui des dernières élections législatives et présidentielles de 2011 en RDC. Pendant ces élections, le CSAC avait décidé de suspendre les émissions d'actualités à téléphone ouvert sur toute l'étendue de la RDC. Pourtant, les émissions service et celles de divertissement continuaient à se produire.

Certes, ce qui est redouté dans ces émissions d'actualité, ce n'est pas le discours des invités ou celui de l'animateur de l'émission. C'est plutôt les propos des auditeurs intervenant en direct par téléphone ou par Internet.

6 RAVAZZOLO, Elisa, Analyse du discours interactif médiatique. Le rôle de l'animateur d'une émission radiophonique, Rome, Aracne, 2007.

7 Ces programmes plus que d'autres sont hautement surveillés par l'autorité publique et l'autorité de régulation, ils font souvent objet de suspension et d'interpellation.

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Contrairement à ces études antérieures qui ont porté respectivement sur le rapport entre interactivité radiophonique et démocratie, la fonction sociale des émissions service ainsi que le rôle de l'animateur dans les programmes interactifs, ce travail se propose d'analyser les interventions des auditeurs dans les magazines interactifs d'actualité. Il s'agit de déterminer l'orientation illocutoire du discours des auditeurs dans un magazine radiophonique d'actualité. D'où notre question de recherche: Quelle est l'orientation illocutoire du discours des auditeurs dans un magazine radiophonique interactif d'actualité ?

2. Hypothèse

En guise de réponse, nous postulons que les anonymes, qui interviennent dans un programme radiophonique interactif, ont tendance à produire un discours de nature performative.

3. Cadre théorique

Cette étude s'inscrit dans le cadre du courant pragmatique, en particulier la pragmatique illocutoire. La théorie des actes de langage nous servira de référent pour analyser le discours des auditeurs.

En effet la théorie des actes de langage, initiée par Austin, systématisée par Searle et complété par Recanati stipule que tous les énoncés linguistiques n'ont pas uniquement pour rôle de décrire la réalité ou d'affirmer un état de faits (énoncé constatif). Il y a des énoncés qui ne répondent pas à la vériconditionnalité, mais plutôt expriment une action que l'énonciateur accomplit en parlant (énoncé performatif). Searle dresse une taxinomie de cinq actes de langage exprimant chacun une intention particulière. Recanati base sa classification sur le critère d'ajustement.

Donc, un discours de nature performative porte sur la volonté du locuteur de changer, de transformer le monde par son énonciation.

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5. Méthodes et techniques

Pour mener cette recherche, nous allons recourir aux méthodes descriptive, analytique et herméneutique. Quelques techniques seront mises à contribution pour la collecte des données. Il s'agit de l'observation, la technique documentaire et l'entretien. Quant aux techniques d'analyse et d'interprétation des données, nous utiliserons l'analyse de contenu.

6. Délimitation du sujet

Ce travail est délimité dans le temps et dans l'espace. Par rapport à l'espace, l'étude porte sur le magazine Dialogue entre congolais, un programme interactif diffusé à la Radio Okapi émettant. Quant à la limite temporelle, nous analysons les émissions diffusées pendant la période allant du 20 février au 07 mars 2012.

7. Division du travail

Cette recherche est articulée autour de trois chapitres. Le premier chapitre s'attelle à présenter le cadre conceptuel et théorique de l'étude. Le deuxième chapitre est consacré à la présentation du programme dans son contexte. Il s'agira de présenter la Radio Okapi ainsi que le magazine Dialogue entre congolais. Quant au troisième chapitre, il sera axé sur l'analyse de discours des auditeurs.

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CHAPITRE PREMIER:

APPROCHE CONCEPTUELLE ET THEORIQUE

Ce premier chapitre entend circonscrire le cadre conceptuel et théorique de notre étude. Il s'agira, dans la première section, d'élucider, à la lumière de la littérature scientifique disponible, les concepts de base de ce travail. La deuxième section sera essentiellement consacrée au cadre théorique, en l'occurrence, la pragmatique illocutoire. Examinons-en à présent le cheminement.

I.1. Approche conceptuelle

Cette section se concentre sur la définition de différents concepts contenus dans le titre de ce travail. Il s'agit de définir les concepts discours, auditeur, magazine interactif.

1.1.1. Discours

Dans ce point, nous allons définir le concept discours avant de présenter, à la suite de la littérature scientifique, ses caractéristiques, ses typologies et ses genres.

1.1.1.1. Définition

Le discours est un substantif dérivé du verbe discourir. Ce verbe a le sens de parler sur un sujet déterminé, en le développant de manière méthodique. Discours signifie alors le développement oratoire, d'un thème déterminé, de manière méthodique8. La particularité de cette définition repose sur le fait qu'elle met en exergue l'aspect oratoire (oral) et méthodique lié au discours.

La notion de discours reçoit différentes acceptions selon les domaines de savoir. En philosophie classique, par exemple, le concept discours est apparenté à la notion de logos grec9. Cette dernière est une expression de la raison. Ainsi, la connaissance discursive signifie une connaissance médiate, celle qui passe par un raisonnement logique. Elle s'oppose à la connaissance intuitive ou immédiate. Dans

8 Le Petit Larousse illustré. Dictionnaire encyclopédique, p. 230.

9 CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique, Dictionnaire d'analyse de discours, p. 185.

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cette logique, le discours constitue un raisonnement procédant par un enchaînement cohérent des propos.

En linguistique, le discours est défini par opposition à la phrase ou à la langue. Il est conçu comme une unité linguistique constituée d'une succession de phrases ou encore l'usage de la langue dans un contexte déterminé10. La première acception est relativisable dans la mesure où la taille n'est pas un élément déterminant du discours. En évoquant l'aspect contextuel, la deuxième définition confère au discours une valeur pragmatique particulière.

Dans son ouvrage Langage et acte de langage, aux sources de la pragmatique, Gardiner définit le discours comme étant L'utilisation, entre les hommes, des signes sonores articulés, pour communiquer leurs désirs et leurs opinions sur les choses11. Cette définition globalisante a une forte portée sémiologique. Elle met l'accent sur les signes linguistiques utilisés dans la communication humaine.

La mise en évidence du sujet parlant dans la définition du discours est aussi perceptible chez Benveniste pour qui le discours est La langue en tant qu'assumée par l'homme qui parle, et dans la condition d'intersubjectivité qui seule rend possible la communication linguistique12. Cette définition met l'accent sur la dimension subjective et interactionnelle du discours. Autrement dit, le discours suppose une source de repérage personnel et une situation d'interlocution.

Pour Michel de Foucault, le discours est Un ensemble d'énoncés en tant qu'ils relèvent de la même formation discursive13. En parlant d'énoncé, cette approche de Foucault suppose la prise en compte aussi bien du contexte de production que de la dimension systématique du discours.

Au-delà de son acception usuelle de développement oratoire, la notion de discours, dans les sciences de langage, est sujette à une diversité d'acceptions que

10 Ibidem, p. 186.

11 GARDINER, A., Langage et acte de langage. Aux sources de la pragmatique, cité par, CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique, Op.cit., p. 186.

12 BENVENISTE, Emile, Problèmes de linguistique générale, p. 266.

13 FOUCAULT, Michel, L'archéologie du savoir, p.153, cité par CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique, Op.cit., p. 186.

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l'on peut résumer de la manière suivante : le langage mis en action (c'est-à-dire assumé par le locuteur) ; l'énoncé de longueur supérieure à la phrase; l'énoncé envisagé dans sa dimension interactive ; conversation ; tout système de signe verbal ou non-verbal14.

Enfin, Sarfati définit le discours comme un ensemble des textes considérés en relation avec leurs conditions historiques (sociales, idéologiques) de production15. La définition de cet auteur prend en compte l'aspect contextuel et les conditions de production du discours.

Il s'ensuit que le discours est une notion pragmatique dans la mesure où on ne peut en parler qu'en rapport avec le contexte social, historique ou idéologique de production. Dans ce travail, nous considérons le discours comme un développement oratoire contextualisé en vue de communiquer ses sentiments, ses opinions sur l'état des choses. En rapport avec les émissions interactives, objet de notre étude, nous utiliserons indistinctement les concepts discours, interventions, propos.

Cette approche définitionnelle nous permet maintenant de passer à la seconde section consacrée aux caractéristiques du discours.

1.1.1.2. Caractéristiques du discours

Dans ce sous-point, nous présentons, à la suite de Dominique Maingueneau, les traits caractéristiques et distinctifs du discours16. Cet auteur caractérise le discours de la manière suivante :

-C'est une organisation transphrastique, c'est-à-dire, au-delà de la phrase. Autrement dit, le discours mobilise une structure d'un autre ordre que celle de la phrase.

-Il est orienté : l'orientation est d'abord consacrée par sa linéarité. Car le discours est un développement linéaire. Elle est, ensuite, traduite par sa vocation

14 SARFATI, Georges, Eléments d'analyse du discours, p.14.

15 Ibidem, p.16.

16 MAINGUENEAU, Dominique, Analyser les textes de communication, p.46-48.

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d'une production toujours finalisée. Toute production discursive a une visée énonciative.

-Il est une forme d'action dans le sens que le discours vise à modifier une situation existante. Il y a un rapport direct entre langage et action, dans la mesure où il y a des énonciations qui constituent des actes destinés à modifier une situation. C'est l'objet même de la théorie des actes de langage qui sera développé plus loin.

-Il est interactif dans la mesure où il suppose la présence de deux partenaires, un énonciateur et un co-énonciateur en inter-activité ou interaction dialogale. D'ailleurs la conversation ordinaire est la forme élémentaire de l'interactivité discursive.

-Il est contextualisé, car on ne peut parler de discours que dans un contexte d'énonciation déterminé. C'est le moi-ici-maintenant, je dis...En dehors du contexte, il n'y a pas de discours, mieux le discours n'a pas de sens.

-Il est inévitablement pris en charge par un sujet. Tout discours est pris en charge par un énonciateur, source et responsable du message. C'est la dimension subjective inhérente à toute production discursive.

-Il est toujours régi par des normes : cela veut dire que la production discursive est sujette aux règles, aux conventions sociales que les partenaires doivent impérativement respecter.

-Il est toujours pris dans un interdiscours. Cela veut dire que tout discours comprend des éléments de référence provenant d'autres discours. Ainsi pour expliquer un énoncé, il faut le mettre en rapport avec d'autres énoncés ou d'autres discours semblables.

Les caractéristiques du discours étant présentées, il convient maintenant d'aborder la section relative à la typologie et aux genres de discours.

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1.1.1.3. Types et genres de discours

La notion de type de discours, à en croire Patrick Charaudeau et Dominique Maingueneau, est sujette à diverses acceptions, surtout dans l'analyse des discours francophones. La typologie discursive se rapporte à un classement de discours établi sur base des critères aussi multiples que variés17.

Il existe une panoplie de typologie de discours établie selon les différents critères de classement. Ces critères dépendent d'un auteur à un autre. Jean Michel Adam, par exemple, distingue six types de discours. Bronckart, de son côté, en distingue quatre. Bouchard, en ce qui le concerne, présente neuf types de discours basés sur trois critères principaux. Georges Elia Sarfati répertorie six types de discours. En ce qui nous concerne, nous exploitons la typologie de ce dernier18.

En effet, cet auteur opère sa classification à travers les différents domaines de l'activité socio-historique et culturelle. Ce faisant, il distingue six types de discours : discours littéraire, politique, scientifique, religieux, juridique et journalistique. Chaque type de discours recouvre, en son sein, une diversité de genres identifiables. Nous présentons, ici, les types de discours et les genres correspondants19.

-Discours littéraire : est celui qui se rapporte à la littérature. Il comprend les genres tels que le poème, le roman, la pièce de théâtre, etc.

-Discours politique : concerne les activités politiques. Il comprend le slogan de campagne électorale, le discours sur l'Etat de nation...

-Discours scientifique : est basé sur des sujets scientifiques. Parmi les genres correspondant, il y a la conférence académique, la leçon inaugurale, l'article scientifique, etc.

-Discours religieux : porte sur la religion, les pratiques religieuses, le sacré. Au registre de ces discours, on compte la parabole, l'hagiographie, la prière, l'homélie, la catéchèse, etc.

17 CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique, Op.cit., p.592.

18 SARFATI, Georges Elia, Op.cit., p.79.

19 Idem.

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-Discours juridique : se rapporte au droit, à la loi, à la justice. Il comprend les genres suivants : l'article, la loi, le plaidoyer, le verdict judiciaire...

-Discours journalistique : celui produit par les médias, lié aux genres journalistiques, à la presse. Il renferme les genres ci-après : reportage, éditorial, brève, documentaire, magazine, etc. Ce dernier type de discours est d'une importance capitale pour nous, étant donné que nos recherches portent sur l'analyse des discours produits à travers des médias.

La première section relative à la définition du discours étant terminée, nous abordons la seconde section consacrée à l'élucidation du concept auditeur.

1.1.2. Auditeur

Auditeur est un substantif issu du latin auditor du verbe audire (écouter). Un auditeur est donc une personne qui écoute. Il peut s'agir d'écouter un discours, un récit, un enseignement, une conférence, une exécution musicale20.

En audiovisuel, un auditeur est une personne qui écoute les programmes diffusés à la radio, qu'il s'agisse des émissions d'actualités, des magazines en direct ou en différé. Dans ce sens, les auditeurs d'une radio ou d'une émission sont l'ensemble de public qui écoute cette radio ou cette émission.

Dans ce travail, nous entendons par auditeur, les gens qui écoutent les programmes de la radio, surtout les magazines interactifs, objet de notre étude. Tous ceux qui écoutent, mais surtout ceux qui interviennent en direct, par téléphone ou internet, pour poser une question ou exprimer une opinion.

Ces auditeurs intervenant à l'antenne sont aussi appelés des « anonymes », c'est-à-dire des hommes « ordinaires », qui parlent en leur nom propre et dont le statut est pour le moins négligé par les médias. Dans les magazines interactifs, ils sont généralement désignés par le prénom et le nom contrairement aux invités dont on décline l'identité et présente le statut complet21.

20 REY, Alain (dir), Dictionnaire historique de la langue française, p.256.

21 DELEU, Christophe, Op.cit., p.9.

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Dans la suite de ce travail, nous utiliserons indistinctement les concepts auditeur, intervenant, anonyme pour désigner ces personnes ordinaires qui

interviennent dans les magazines radiophoniques interactifs pour exprimer leur opinion personnelle.

1.1.3. Magazine interactif

1.1.3.1. Approche définitionnelle

Cette sous-section, va essentiellement consister à élucider les concepts

magazine et interactivité. Nous définirons d'abord le concept magazine, ensuite, celui d'interactivité.

? Magazine

Dans la presse écrite, on entend, par magazine, une publication périodique éditée sur papier couché, largement illustrée et qui traite, dans un but de vulgarisation, des thèmes variés. Les magazines sont des périodiques spécialisés, très souvent à périodicité mensuelle ou trimestrielle22. Cependant, il y a des magazines qui obéissent à la périodicité hebdomadaire. Cette catégorie appelée news magazines aborde des sujets aussi divers que variés.

De par son étymologie, le concept magazine vient de l'anglais magazine. Cette origine anglaise est, elle-même, issue du français magasin venant de l'arabe et signifiant l'endroit où l'on garde une diversité de produits23. La variété des rubriques contenue dans ce périodique (comparée à la variété des produits contenus dans un magasin) lui a valu par un procédé métaphorique le nom de magazine.

Contrairement aux journaux, les magazines n'embrassent pas tous les thèmes et ne s'adressent pas à tous les publics. Ils possèdent, chacun, une spécialité thématique et s'adressent à un public bien ciblé.

22 BALLE, Francis, Lexique d'information d'information communication, p.245.

23 LAMIZET, Bernard et SILEM Ahmed (Dir.), Dictionnaire encyclopédique des sciences de l'information et de la communication, p.352.

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En audiovisuel, un magazine est un programme de radio ou de télévision basé sur l'information, la vulgarisation ou le service et inscrit dans les domaines de l'enquête journalistique24.

Pour sa part, Paul Stéphane Manier, définit le magazine audiovisuel comme...un programme d'information destiné à développer un thème d'actualité, une situation ou un événement25. Ce programme, selon l'auteur, répond à une variété de traitement. Il peut être traité sous forme distincte de reportage, de débat ou d'interviews en studio ou même être un mélange de deux genres.

Toutefois, la définition de Manier semble assez réductionniste. Elle réduit le magazine à la seule dimension informative alors que ce genre journalistique peut répondre à une variété d'objectifs parmi lesquels : la sensibilisation, l'information, la démonstration, l'animation. Dans le cadre de cette étude, nous entendons par magazine, une émission radiophonique à téléphone ouvert. Les concepts magazine, émission, programme seront utilisés comme des synonymes.

? Interactivité

Le concept Interactivité tout comme l'adjectif interactif sont liés au développement de l'informatique. Interactif renvoie au support favorisant un échange entre deux systèmes à travers une interface. On appelle interface, un dispositif technique permettant l'échange des informations entre deux systèmes. Dans le cas d'espèce l'échange a lieu entre un système technique et son utilisateur, entre l'homme et la machine26.

Cette faculté conversationnelle entre l'homme et la machine s'appelle interactivité. Josée FOURNIER définit l'interactivité comme une action réciproque d'un émetteur à un récepteur ; l'utilisateur agit sur l'ordinateur et l'ordinateur répond à l'action engendrée par le geste de l'utilisateur27. Il y a une sorte de dialogue

24 Ibidem, p.246.

25 MANIER, Paul Stéphane, Le journalisme audiovisuel, Techniques et Pratiques rédactionnelles, p.129.

26 GUALINO, Jacques, Dictionnaire pratique. Informatique, Internet, nouvelles technologies de l'Information et de la Communication, p.261.

27 FOURNIER, Josée, Scénarisation et multimédia. Processus de scénarisation interactive, p.66.

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au cours duquel l'utilisateur demande à la machine d'exécuter une application ou une tâche et cette dernière répond à travers une interface.

L'interactivité a ceci d'avantageux, qu'elle offre à l'utilisateur la possibilité d'interagir sur le programme par des choix et des opérations qu'il aura lui-même décidés, devenant ainsi maître de sa propre démarche. Ainsi par exemple, lorsque l'utilisateur par inadvertance lance la commande `effacer' la machine demande de confirmer si oui ou non il veut réellement effacer le texte. Il peut alors confirmer ou annuler l'opération.

En effet, l'interactivité est un concept complexe et varié. Elle reforme une panoplie d'acceptions. Apparu dans le domaine de l'informatique pour désigner l'interaction entre l'utilisateur et la machine, ce concept est entré dans le langage courant avec le discours sur les télécommunications surtout en rapport avec la télématique et les réseaux câblés28.

Aujourd'hui, l'interactivité est passée dans le domaine des SIC en particulier dans le vocabulaire de mass média ( surtout en audiovisuel). On parle de plus en plus des programmes interactifs pour signifier les programmes dans lesquels il y a une interaction entre l'instance médiatique (animateur du programme) et le public, à travers un dispositif technique tel que le téléphone et l'internet. Les magazines interactifs sont parmi les plus importants programmes favorisant l'échange direct et instantané entre le média et le public29.

Induisant une réciprocité d'action, mieux une interaction entre l'émetteur et le récepteur, les magazines radiophoniques interactifs ont apporté une révolution importante dans la relation entre la radio et le public. En donnant un sauf-conduit aux auditeurs d'intervenir en direct sur l'antenne, ces types de programmes ont renversé les fondements de la relation entre la radio et ses auditeurs 30. Ainsi, le paradigme traditionnel de l'unidirectionalité lié à la communication médiatique cède le pas à

28 SCHMIDT, Blandine, Op.cit, p.13.

'9 BECQUERET, Nicolas, Les émissions interactives à la radio : la parole par téléphone, quelle parole ? , dans Les cahiers du CREDAM, p.88.

30 DELEU, Christophe, Op.cit., p.9.

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celui de la circularité qui, mettant les partenaires en position d'équivalence, relativise le statut d'émetteur et de récepteur31.

Les notions d'interactivité et d'interaction sont très proches et parfois utilisées l'une pour l'autre, mais en réalité, elles ne se confondent pas. Alors que l'interaction est un concept d'origine sociologique, l'interactivité est d'origine informatique. L'interaction est une action réciproque entre un émetteur et un récepteur, un échange communicationnel entre les partenaires physiquement proches l'un de l'autre. L'interactivité, par contre, est un échange communicationnel entre deux interactants, à travers un dispositif technique de connexion.32.

Dans ce travail, nous entendons par interactivité, la possibilité d'échange en direct entre la radio et les auditeurs. Les magazines radiophoniques interactifs sont ceux qui favorisent l'échange entre la radio et ses auditeurs.

1.1.3.2. Magazine dans la contractualisation audiovisuelle

La notion de contrat de communication est partie du fait que tout acte de communication, peu importe sa finalité, met ensemble deux ou plusieurs partenaires. Si les interactants communiquent sans conformité aux règles connues par eux tous, la communication peut se solder par un échec33. Raison pour laquelle, pour éviter l'échec ou le quiproquo, toute situation de communication doit être régie par un minimum de règles et de conventions. Et celles-ci doivent être clairement identifiées et respectées par les protagonistes.

C'est En vertu de ce principe, précisent en substance Guy Lochard et Henri Boyer, que l'on considère que l'activité médiatique repose sur un contrat de communication spécifique34.

31 EKAMBO Duasenge, Jean-Chrétien, Paradigmes de communication, p.69.

32 VIDAL, Geneviève, Contribution à l'étude de l'interactivité, les usages du multimédia de musée, cité par SCHMIDT, Blandine, Op.cit., p.15.

33 La panique créée en 1938 par l'émission pseudo-informative de Orson Welles annonçant le débarquement des martiens pour envahir les Etats-Unis, illustre bien l'échec de communication par le déficit d'identification et de respect des conventions. Orson présentait une émission de fiction, mais les auditeurs croyant à que c'était une émission d'actualité ont détalé.

34 LOCHARD, Guy et BOYER, Henri, La communication médiatique, p.11. C'est nous qui soulignons.

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Proposée initialement par Algirdas Julien Greimas, la notion de contrat a été développée et enrichie dans le domaine des sciences du langage par Patrick Charaudeau, puis systématisée finalement par Lochard et Soulages. Bien que basés sur la télévision, les travaux de ces deux auteurs peuvent être appliqués avec succès à la radio.

En effet, la communication étant soumise aux contraintes situationnelles, chaque situation de communication médiatique détermine une orientation discursive. Disons-le autrement, le type de discours produit est toujours fonction des contraintes situationnelles de production. Ces contraintes sont relatives au contrat de communication, au but poursuivi, à la visée discursive, au principe directeur, etc.

Certes, le discours tenu par les protagonistes à travers les médias (dans un magazine interactif par exemple) est intrinsèquement lié à ces éléments situés à quatre niveaux macro-discursifs : le niveau des contrats, le niveau des buts actionnels, le niveau des visées discursives, le niveau des principes constitutifs, le niveau des genres d'émissions35.

Toutefois, ces niveaux ne sont pas uniformes ; ils obéissent plutôt à une certaine hiérarchisation. Le contrat est placé au niveau hyper-macro-discursif, les buts et les visées y prennent place. Sous un même but, l'on peut retrouver un ensemble varié de visées. A l'intérieur d'une visée discursive, se retrouvent une diversité de principes. Sous un même principe, l'on peut identifier plus d'un genre36.

Au niveau contractuel, Guy Lochard et Jean Claude Soulages distinguent six contrats (ou plutôt sous-contrats) de communication. Il s'agit des contrats d'information, d'explication, de divertissement, d'assistance, pédagogique, commercial. Ces contrats permettent aux interlocuteurs d'identifier la situation communicationnelle dans laquelle ils se trouvent.

Par ailleurs, chaque contrat de communication comprend des genres répondant à son profil. Ainsi par exemple, le journal parlé ou le flash appartiennent au contrat

35 BECQUERET, Nicolas, Op.cit., p.208.

36 Ibidem, p.209.

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d'information, le magazine répond au contrat d'explication, les jeux répondent au contrat de divertissement, Reality show réponde au contrat d'assistance, les émissions pour enfants répondent au contrat pédagogique, la publicité répond au contrat commercial.

Au niveau des buts actionnels (intentions des institutions médiatiques), la communication poursuit quatre buts : faire savoir, faire comprendre, faire plaisir et faire faire. Ces buts correspondent aux grandes visées suivantes : informative, explicative, ludique, marchande.

Les visées sont, à leur tour, portées par des principes constitutifs dont le principe de sérieux, de réalité, de vérité, de recréation, de relation, de médiation, d'interpellation, etc. Disons, toutefois, que ces visées ne sont pas exclusives, elles sont plus ou moins dominantes, selon le cas.

Si le magazine répond, de manière spécifique, au contrat d'explication, il faut dire que de façon générale il peut se retrouver dans d'autres contrats de communication. C'est, du moins, ce qu'affirme Nicolas Becqueret lorsque, parlant des magazines radiophoniques interactifs, il écrit : Les discours dans les émissions interactives s'organisent, en grande majorité, autour de quatre contrats de communication correspondant à des grandes visées proposées par l'instance médiatique : un contrat d'information, un contrat d'explication, un contrat de divertissement relationnel et un contrat d'assistance37

A ces quatre contrats, peuvent se joindre le contrat commercial et le contrat pédagogique, respectivement pour les magazines à visée marchande (factitive) et ceux à visée éducative (explicative).

1.1.3.3. Typologie des magazines radiophoniques

Les magazines radiophoniques présentent une diversité de typologie. Nous nous limitons à présenter la typologie de Becqueret et celle de Christophe Deleu.

37 BECQUERET, Nicolas, Op.cit., p.214.

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? Typologie de Becqueret :

La typologie de Becqueret est basée sur les contrats médiatiques. En d'autres termes, l'auteur classe les genres d'émissions selon les contrats correspondant.

A partir de contrats médiatiques et des visées discursives susmentionnés, Nicolas Becqueret, distingue quelques grandes orientations génériques des magazines radiophoniques interactifs. Ces orientations, constituant du reste, la typologie de Becqueret, sont présentées dans le tableau ci-dessous38:

Tableau 1. Typologie des magazines

Types de contrats

Genres de séquences ou d'émissions

Information

Réaction sur l'actualité avec ou sans expert

Explication

Témoignage avec expert, Emissions communautaire,

Programmes de confession

Divertissement

Jeux, musique,

Assistance

Programmes de médiation, , Programmes de confession

Cette typologie a l'avantage d'être détaillée. Mais, elle laisse tomber d'autres contrats, en l'occurrence, les contrats commercial et pédagogique pourtant présents dans les magazines radiophoniques interactifs. Ensuite, les différents genres de magazines ne sont toujours pas bien définis.

? Typologie de Christophe Deleu:

Christophe Deleu distingue trois types de magazines dont deux du type interactif. Il s'agit de la parole forum, la parole divan et la parole documentaire39.

38 Ibidem. p.211. Quelques exemples de magazines selon les contrats : Information ( la première partie de l'émission appel sur actualité de la RFI, où les spécialistes répondent aux questions des auditeurs Cfr Becqueret), Explication (le magazine Dialogue entre congolais -Radio Okapi- avec sa dimension intersubjective), Divertissement ( Top musique sur Top Congo FM ), Assistance (priorité santé sur RFI, Okapi service sur Radio Okapi).

39 DELEU, Christophe, Op.cit. p.58.

40 Ibidem. p.60.

41 Ibidem, p.114.

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-La parole forum : c'est une émission radiophonique interactive consacrée à l'actualité. Dans les magazines de type forum, l'auditeur est appelé soit à poser des questions, en direct, à une ou à des personnalités invitées par la radio soit à donner son avis personnel sur le sujet de l'émission du jour.

Dans le premier cas, l'auditeur cherche un apport cognitif, un savoir qu'il ignore. L'émission les auditeurs pour comprendre l'actualité de la RFI est une illustration. Dans le deuxième cas, l'auditeur exprime son opinion et la fait valoir auprès des autres40. Il peut, au besoin, contredire l'invité ou le journaliste, dénoncer leurs propos, exprimer une préoccupation, proposer des solutions à un problème, etc. Bref, ici l'auditeur est plus actif. Ce type de programme répond aux contrats d'information et d'explication. Les émissions que nous analysons dans ce travail sont du type forum.

-La parole divan : Ce sont des magazines dans lesquels l'auditeur intervient pour parler de ses problèmes, de sa vie privée. Il n'exprime pas son opinion, mais confie, plutôt, son expérience intime. C'est le cas, généralement, des personnes qui interviennent à la radio pour poser un problème pour lequel ils aimeraient trouver une solution41. Les invités, en majorité des spécialistes (médecin, psychothérapeute, conseiller conjugal), aident les auditeurs à résoudre leurs problèmes.

Ces genres de programmes ont une grande utilité sociale dans la mesure où ils aident les gens à trouver solution à leurs problèmes à partir de la maison. Les magazines du type divan répondent aux contrats d'assistance et pédagogique. Car, ils éduquent les gens et, en même temps, les aident à résoudre leurs problèmes.

-La parole documentaire : dans ces types de magazines, le journaliste ou l'animateur donne la parole à une personne qui raconte son expérience. L'interview de l'anonyme est enregistrée, puis montée. Le but est de partager les expériences des interviewés à un public plus vaste. Dans le récit, il peut s'agir d'une situation d'injustice vécue ou d'une déception connue. Contrairement aux précédents, ce

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dernier type de magazine échappe à l'interactivité. Ce type répond aux contrats d'explication et d'assistance.

Parmi ces deux typologies présentées, nous optons pour la typologie de Deleu à cause de sa clarté. Les magazines que nous analysons dans ce travail relèvent du type forum, car ce sont des émissions d'actualité sociale, politique, économique dans lesquelles les auditeurs expriment leurs opinions.

Après avoir défini les principaux concepts théoriques de cette étude, nous abordons maintenant la deuxième section consacrée au cadre théorique, en l'occurrence la pragmatique illocutoire.

I.2. Pragmatique illocutoire

Cette seconde section est consacrée à la présentation de la théorie à l'intérieur de laquelle est circonscrit ce travail. C'est la pragmatique illocutoire ou illocutionnaire appelée aussi la théorie des actes de langage. La section s'articule autour de six points suivants : la notion de pragmatique, les précurseurs de la pragmatique, Austin et la naissance de la pragmatique illocutoire, approche de Searle, approche de François Recanati, instance énonciative et polyphonie.

1.2.1. Notion de pragmatique

Le concept pragmatique est apparu bien avant la formalisation de cette discipline. C'est dans un article publié en 1938, dans une encyclopédie scientifique, par le philosophe américain Charles Morris que l'on retrouve pour la première fois ce concept.

En effet, dans cet article, Charles Morris établit une distinction entre les trois types d'approches de signes ou de disciplines qui traitent du langage. Il s'agit de la syntaxe, de la sémantique et de la pragmatique. Si la syntaxe s'occupe des rapports des signes entre eux au sein de la phrase et que la sémantique étudie les relations

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entre les signes et leurs référents, la pragmatique, quant à elle, traite des relations entre les signes et leurs utilisateurs42.

De son côté, Catherine Kerbrat-Orecchioni définit la pragmatique comme l'étude du langage en acte43. L'auteure reconnaît le caractère polysémique de cette définition. Car, le langage en acte peut à la fois signifier le langage en situation mais aussi le langage agissant sur le contexte d'interlocution. Ces deux orientations ont donné lieu à deux formes de pragmatiques : la pragmatique énonciative et la pragmatique illocutoire44.

La pragmatique énonciative, appelée aussi linguistique de l'énonciation, s'intéresse au langage en situation, c'est-à-dire, le langage actualisé dans une énonciation. Elle prend en compte les aspects du contexte communicatif. Il s'agit de la situation d'énonciation (lieu, temps) et des énonciateurs (émetteur et récepteur, leurs identités, leurs statuts).

La pragmatique illocutoire, appelée aussi théorie des actes de langage, étudie le langage en tant que moyen d'agir sur le contexte et de modifier l'univers de discours. Elle envisage le langage comme un moyen permettant d'accomplir certains actes spécifiques. Ces actes réalisés au moyen du langage sont appelés les actes de langage. C'est à la pragmatique illocutoire ou la théorie des actes de langage que sera consacrée le développement de cette seconde section. Mais étant donné le rôle indispensable des énonciateurs dans la réalisation des actes de langage, la dernière sous-section reviendra sur l'instance énonciative.

Mentionnons, en passant, une troisième forme de pragmatique, c'est la pragmatique interactionniste. Celle-ci s'intéresse particulièrement à l'analyse des conversations et autres formes d'interactions verbales.

42 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Pragmatique, dans SFEZ, Lucien, Dictionnaire critique de la communication, p.257. Souligné par l'auteure.

43 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Les actes de langage dans le discours. Théorie et fonctionnement, p.1.

44 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Pragmatique, dans SFEZ, Lucien, Dictionnaire critique de la communication, p.258.

45 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Les actes de langage dans le discours. Théorie et fonctionnement, p.6-7.

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1.2.2. Précurseurs de la pragmatique illocutoire

Le rapport entre parole et action est au coeur de la pragmatique. En effet, cette discipline confesse le credo selon lequel la parole est une forme d'action. Si la pragmatique illocutoire est née à partir des travaux de John Langshaw Austin, l'idée selon laquelle la parole est une forme d'action n'est pas austinienne. Bien d'autres courants de pensée, avant Austin, avaient formulé cette idée dans des perspectives variées.

En effet, la rhétorique classique, depuis Aristote, vise la persuasion par le discours. Le but de la persuasion étant d'influencer le comportement de l'auditoire à partir de l'activité discursive, la rhétorique ambitionne l'accomplissement des actions par le moyen de la parole.

Cette prise de conscience de la dimension pragmatique de l'activité langagière est visiblement présente dans les recherches de Roman Jakobson sur les fonctions du langage. Parmi les six fonctions énumérées par Jakobson, la fonction conative comprend une charge pragmatique remarquable. En orientant le message vers le destinataire, cette fonction constitue une invitation à l'action.

Les travaux de Gardinier et de Malinowski ont constitué des avancées significatives dans l'émergence de la conscience pragmatique. Sous l'influence du modèle behavioriste de l'époque, ces deux auteurs ont mis en évidence le rapport entre langage et action. Pour eux, le langage n'est pas que miroir de la pensée. Il est aussi et surtout un moyen d'agir sur autrui, d'influencer sa conduite. Autrement dit, des énoncés ont un pouvoir d'accomplir par eux-mêmes des actions spécifiques45.

C'est dans le prolongement de ces recherches qu'interviennent les douze conférences d'Austin prononcées à partir de 1955 et publiées en 1962 dans un ouvrage posthume intitulé How to do Things with Words (Quand dire, c'est faire).

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1.2.3. Austin et la pragmatique illocutoire

La paternité de la pragmatique est reconnue au philosophe anglais John Langshaw Austin. Ce chercheur de l'Ecole d'Oxford n'avait au départ aucune intention de fonder la pragmatique. Ses recherches étaient, plutôt, orientées vers la remise en cause des fondements de la philosophie analytique anglo-saxonne.

En fait, la philosophie analytique, sous l'influence de Frege, Carnap et Wittgenstein, a assigné au langage une fonction exclusivement descriptive (exception faite des énoncés interrogatifs, exclamatifs et impératifs). Le but essentiel du langage étant de décrire la réalité, tout énoncé linguistique constitue une fonction de vérité. Dans cette perspective, l'énoncé est une entité dont la propriété consiste à endosser soit la valeur vraie soit la valeur fausse. Donc, l'énoncé est vrai si la situation décrite s'est effectivement produite ; il est faux dans le cas contraire.

1.2.3.1. Distinction constatif/performatif

Dans ses conférences regroupées dans l'ouvrage Quand dire, c'est faire, Austin s'insurge contre le privilège radical accordé par la philosophie analytique anglo-saxonne aux énoncés linguistiques descriptifs. En analysant avec minutie le langage naturel, le philosophe d'Oxford, constate d'emblée l'existence d'un grand nombre d'énoncés sensés, mais ne répondant pas au critère de valeur de vérité. Loin de décrire un état de fait, ces énoncés accomplissent plutôt un acte par leur simple énonciation.

De cette constatation, Austin infère que parmi les énoncés déclaratifs, certains ont un caractère descriptif et sont, par conséquent, soumis à la sanction du vrai ou du faux. D'autres sans rien décrire, exécutent une action par leur énonciation. Les premiers sont des énoncés constatifs (statements) et les seconds sont des performatifs46 (de to perform : exécuter, produire).

46 AUSTIN, John Langshaw., Quand dire, c'est faire, p. 20.

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Illustrons-en par un exemple. L'énoncé le ciel est bleu est constatif, car il est susceptible d'être évalué après vérification empirique. Par contre, l'énoncé je te promets de l'argent demain n'est ni vrai ni faux, ni empiriquement vérifiable ; il exprime plutôt un engagement du locuteur qui en disant je te promets, accomplit ipso facto l'acte de promettre. Il est par conséquent performatif, c'est-à-dire qu'il y a simultanéité entre dire et faire, en d'autres termes, dire, c'est faire. Les énoncés performatifs sont ainsi à la base de la théorie des actes de langage.

Pour Austin, la propriété distinctive des énoncés performatifs réside en ceci qu'ils ne sont pas évalués en terme de vérité ou de fausseté, mais plutôt de succès ou d'échec. Les énoncés performatifs ont une seconde propriété. Ils comportent une classe de verbes qui, conjugués à la première personne du singulier de l'indicatif présent, à la voix active, se caractérisent par la simultanéité entre l'énonciation d'une proposition et l'exécution d'une action. Ils sont donc dotés d'une valeur illocutoire.

Au registre des verbes dits performatifs, l'on peut citer : ordonner, promettre, permettre, accepter, déclarer, nommer, baptiser, asserter, remarquer, critiquer, approuver, bref, tous les verbes qui accomplissent l'acte qu'ils énoncent. Toutefois, la réussite de ces actes, dans la vie de tous les jours, est soumise non seulement au respect des règles précises et partagées, mais aussi à certaines conditions linguistiques, sociologiques, psychologiques47.

1.2.3.2. Tripartition de l'acte de langage

Poursuivant ses recherches, Austin constate que certains énoncés accomplissent des actions par leur énonciation sans pourtant comporter de verbe performatif. Les énoncés tels que La séance est levée ou Chien méchant en sont une illustration. Cette constatation conduit le chercheur à relativiser la distinction constatif/performatif.

47 PAVEAU, Marie-Anne et SARFATI, Georges-Elia, Les grandes théories de la linguistique. De la grammaire comparée à la pragmatique, p.210. S'agissant des verbes performatifs, Austin en énumère plus d'un millier en anglais. A titre indicatif : décrire, asserter, avertir, remarquer, commencer, commander, ordonner, demander, critiquer, présenter des excuses, blâmer, approuver, souhaiter, promettre, reprocher, exiger, alléguer, etc.

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Dans le même ordre d'idées, Austin fait observer que dans l'énoncé « la terre est ronde », il n'est pas seulement question de rapporter un fait, mais aussi d'affirmer la réalité de ce fait. Or, l'affirmation est une action qui engage la responsabilité du locuteur. Ainsi, dire que la terre est ronde, c'est vouloir dire j'affirme que la terre est ronde. Ce dernier énoncé s'inscrit au registre des performatifs.

Ce qui précède amène Austin à conclure que tout énoncé complet correspond à l'accomplissement d'au moins un acte de langage. Ce faisant, il abandonne la distinction constatif/performatif en vue d'une théorie générale de l'acte de langage. Ce revirement est introduit dans la huitième conférence où l'auteur affirme qu'un acte de langage est un processus complexe constitué de trois actes étroitement liés. Il s'agit de l'acte locutoire, l'acte illocutoire et de l'acte perlocutoire. Ce sont les trois niveaux de structuration d'un même acte48.

En effet, l'acte locutoire est celui de dire quelque chose. L'acte illocutoire tient à ce qui est fait en disant. Et l'acte perlocutoire est celui réalisé par le fait de dire ce qui est dit. Concrètement, l'acte locutoire concerne l'aspect linguistique de l'énoncé et s'exprime à travers une énonciation. L'acte perlocutoire est lié aux effets produits par l'énonciation sur le destinataire. Quant à l'acte illocutoire, il met en exergue la force ou la valeur par laquelle l'énoncé transforme la réalité.

48. AUSTIN, John Langshaw., Op.cit., p.25.

C'est l'acte que l'on accomplit en disant quelque chose. C'est ce dernier acte qui sert d'ancrage aux actes de langage et de critère pour établir leur classification49.

49 Au terme de ses investigations, Austin établit une typologie des actes de langage basée sur les types illocutoires en cinq rubriques suivantes : les verdictifs (actes judicaires tels que acquitter, décréter, condamner...) ; les promissifs (visant à obliger le locuteur à adopter un certain comportement. Exemple promettre, consentir) ; les expositifs( servent à exposer une idée, conduire une argumentation. Exemple : affirmer, conjecturer) ; les exercitifs (formulent un jugement favorable ou non sur une conduite. Exemple : exhorter, ordonner, pardonner) ; les comportatifs(expriment une attitude du locuteur envers la conduite de quelqu'un. Exemple : s'excuser, remercier, déplorer, critiquer, maudire). Cette classification sera reformulée par Searle. Cfr. KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Op.cit., p.213.

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1.2.4. Approche pragmatique de Searle

Disciple d'Austin, Searle est le meilleur continuateur de l'oeuvre de ce dernier. Searle se penche sur les aspects des actes de langage dont il propose une reformulation rigoureuse.

1.2.4.1 Apport de Searle

En effet, Searle à la suite d'Austin affirme que tout énoncé linguistique fonctionne comme un acte particulier visant à produire un certain effet et à modifier la situation interlocutive. Ce faisant, il place l'illocution au centre des préoccupations de ses recherches sur les actes de langage. Il retient, contre son maître, le grief d'avoir confondu le verbe illocutoire et l'acte illocutoire, deux notions pourtant différentes50.

D'entrée de jeu, Searle réaffirme le caractère binaire de l'acte de langage. Il comprend deux valeurs, en l'occurrence, le contenu propositionnel et la force illocutoire. Par contenu propositionnel, on entend les unités linguistiques indispensables à la bonne compréhension du sens de l'énoncé, mieux les éléments de connaissance du contexte nécessaires à l'élucidation de l'énoncé. La force illocutoire, c'est l'intention qu'a le locuteur d'accomplir tel ou tel acte à travers son énonciation. Une force d'ordre, par exemple, correspond à l'intention d'ordonner51. C'est donc la force illocutoire qui donne à l'énoncé la valeur d'acte. C'est cette valeur qui, combinée avec le contenu propositionnel, confère à l'énoncé le statut d'acte de langage. On le voit bien, la valeur illocutoire qui détermine la nature de l'acte et fait la différence entre une affirmation, un ordre ou une promesse.

Il appert que les énoncés peuvent avoir un contenu propositionnel plus ou moins semblable et s'opposer nettement au niveau de la valeur illocutoire, donnant lieu aux différents actes de langage52.

50 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Introduction aux théories de la communication, analyse sémio-pragmatique de la communication médiatique, p.102.

51 Ibidem, p.95. les deux auteurs indiquent que les pronoms personnels, les déictiques, les localisateurs constituent ces elements contextuels indispensables à la compréhension de l'énoncé.

52 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Les actes de langage dans le discours. Théorie et fonctionnement, p.16. L'illustration de Searle est éloquente. Ces quatre énoncés - Jean fume beaucoup(1), Jean fume-t-il

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1.2.4.2. Taxinomie de Searle

Searle examine la taxinomie des valeurs illocutoires en douze critères qu'il appelle les « dimensions de variation significative » des actes illocutoires. Trois de ces douze critères sont considérés comme principaux et déterminants. Il s'agit du but illocutoire; de la direction d'ajustement des mots avec le monde et du monde avec les mots ; de l'état psychologie exprimé53.

Sur base de ces trois critères, Searle propose une classification des actes illocutoires selon cinq grands types fondamentaux : les assertifs, les directifs, les promissifs, les expressifs, les déclaratifs54.

-Les assertifs : ils affirment un état de fait et se caractérisent par la correspondance de l'énoncé avec l'état du monde. Concernant la direction d'ajustement, les assertifs vont des mots au monde. L'état psychologique exprimé est la croyance que l'énoncé est vrai. Les assertifs nous disent comment sont les choses. Exemple (constater, affirmer, nier, répondre, décrire, etc.). Le ciel est bleu est un assertif.

-Les directifs : ils visent à faire faire quelque chose à l'interlocuteur, à faire accomplir une action par l'interlocuteur, par injonction, supplication, prière, etc. Ces types d'actes tendent à modifier le monde de l'interlocution. La direction, elle va du monde aux mots. L'état psychologique exprimé, c'est la volonté que l'interlocuteur accomplisse l'action énoncée par le locuteur. Exemple de directifs : inviter à, suggérer, ordonner, réclamer, conseiller, etc. Exemple : Je te conseille de partir.

-Les promissifs : ici, le locuteur s'engage à faire quelque chose, il assume l'obligation d'accomplir une action. Les promissifs obligent le locuteur (à des degrés variés) à adopter une certaine conduite future. Pour la direction, elle va du monde aux

beaucoup ?(2), Fume beaucoup, Jean!(3), Plût au ciel que Jean fumât beaucoup !(4). Ces énoncés ont un contenu proposition plus ou moins semblable composé de 'attribut du prédicat 'fumer beaucoup' appliqué au sujet `Jean'. Ils se diffèrent plutôt ai niveau de la force illocutoire constituée respectivement de l'assertion(1), de la question(2), de l'ordre(3), du souhait(4).

53 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit., p.102-103.

54 SEARLE, John, Sens et expression. Etudes de théorie des actes de langage, p.51-60. Cité par MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit., p.104. Voir note 4.

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mots. Concernant l'état psychologique, les promissifs expriment l'intention du locuteur d'effectuer l'acte décrit par le contenu propositionnel. Parmi les promissifs, il y a promettre, jurer, garantir, s'engager, etc. Je te promets de l'argent demain est un acte promissif.

-Les expressifs : sont des actes qui expriment l'état psychologique, l'état affectif du locuteur vis-à-vis d'un certain état des choses. Par les expressifs, le locuteur exprime les émotions, les sentiments ou les attitudes face à un état des faits. Ici, il n'y a pas de direction car la vérité est présupposée. Font partis des expressifs les verbes tels que remercier, féliciter, s'excuser, déplorer, compatir, applaudir, souhaiter, bénir, rendre hommage, etc. Je compatis à votre souffrance est un acte expressif.

-Les déclaratifs : sont des actes qui visent à faire advenir la réalité qu'ils énoncent. Ici, le locuteur provoque un changement, une transformation dans le monde par son énonciation. Ces actes mettent en correspondance le contenu propositionnel avec la réalité. La direction d'ajustement : elle va des mots au monde et du monde aux mots. Il n'ya pas d'état psychologique exprimé.

Certes, la réussite du déclaratif suppose que le locuteur possède un statut requis et est investi de l'autorité nécessaire et reconnue. Le fonctionnement de ces actes repose sur l'existence, dans le monde extralinguistique, des institutions (telles que l'église, la loi, la constitution) ainsi que le respect strict des règles rituelles. Exemple des déclaratifs : décréter, déclarer la séance ouverte, baptiser, excommunier, nommer, démettre, etc. Je déclare la séance ouverte.

Par ailleurs, dans la vie de tous les jours, les actes de langage ne sont pas toujours conditionnés par l'usage des verbes performatifs ou des marqueurs illocutoires classiques. Ils sont plutôt déterminés par le sens de l'énoncé pris dans son contexte. Disons qu'à propos des actes de langage, il n'y a de correspondance biunivoque entre le signifiant et le signifié. Un même acte de langage peut se réaliser de différentes manières tout comme une même structure linguistique peut exprimer différentes valeurs illocutoires. Donc, un acte de langage peut se réaliser, de manière

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directe, par un verbe performatif ou une structure classique, et de manière indirecte, par le truchement d'un autre acte de langage. Les réalisations indirectes peuvent être conventionnelles ou non conventionnelles55.

Cet exemple peut illustrer ce qui vient d'être dit. Pour ordonner quelqu'un à fermer la porte(acte d'ordre), on peut utiliser un verbe performatif : je t'ordonne de fermer la porte. Cet acte d'ordre peut aussi s'exprimer de manière indirecte par une gamme de formule : ferme la porte ; peux-tu fermer la porte ? ; J'aimerais que tu fermes la porte; la porte est ouverte ; il fait froid. Autant de manière d'utiliser la valeur illocutoire d'ordre. Ce qui est de l'ordre vaut pour les autres actes. Ainsi l'analyse pragmatique du discours des auditeurs sera basée aussi bien sur les actes directs qu'indirects.

1.2.4.3. Conditions de réussite d'un acte de langage

Le seul fait d'énoncer un acte de langage ne garantit pas sa réussite. Encore, faut-il que certaines conditions soient réunies. Les conditions de réussite sont donc celles qui doivent être réunies pour que la valeur illocutoire de l'énoncé ait des chances d'aboutir56. Ces conditions sont surtout en rapport avec la réalisation au niveau perlocutoire.

Certaines conditions sont générales, en l'occurrence les conditions normales de départ et d'arrivée. Ces sont des conditions qui rendent toute forme de communication linguistique possible. On suppose ici l'inexistence, entre locuteur et destinataire, des obstacles en rapport avec l'audition, la compréhension de la langue, le canal de communication. D'autres conditions sont en rapport avec l'état des choses, le locuteur et le destinataire.

- Etat des choses : l'action à accomplir ne doit pas être déjà accomplie avant ou au moment de l'énonciation. Le contexte doit être approprié à l'acte. Ex. Quand on dit à quelqu'un : « ferme la porte » ; on suppose que la porte en question existe et qu'elle est ouverte, sinon l'acte est défectueux. On ne peut pas demander à quelqu'un de fermer une porte déjà fermée.

55 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Op.cit., p.52.

56 SEARLES, John R., Les actes de langage. Essai de philosophie du langage, p.95.

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-Le locuteur : la réussite de l'acte du côté du locuteur dépend des conditions de sincérité et institutionnelle.

La condition de sincérité ou de prétention à la sincérité signifie que le locuteur doit adhérer à ce qu'il énonce, qu'il a l'intention de réaliser l'acte de son énonciation, étant donné que parler, c'est être sincère. Ainsi, il est non sens de dire « je te promets de venir demain, mais je n'ai pas l'intention de le faire ».

La condition institutionnelle signifie que le locuteur doit être investi d'un statut reconnu institutionnellement pour pouvoir accomplir l'acte de son énonciation. Ainsi, N'est pas autorisé qui veut à affirmer, ordonner, répondre ou pardonner : encore faut-il que «l'illocuteur » possède, au moment de la prise de parole, une crédibilité et une autorité suffisantes ; qu'il dispose du « droit de réponse », ou d'une « position haute » lui permettant la « condescendance » du pardon57. En vertu de son statut, un étudiant n'est pas autorisé de dire à un professeur : « sortez de la salle de classe ».

-Destinataire : l'accomplissement de l'action suppose que l'interlocuteur a la capacité et les dispositions psychologiques requises pour s'exécuter.

1.2.5. Approche de François Recanati

Les recherches de Recanati s'inscrivent dans le prolongement de Searle. Cet auteur propose une classification arborescente dont la cohérence se fonde sur le principe d'ajustement. Il catégorise les actes de langage selon la direction d'ajustement entre les mots et le monde, critère qui, selon lui, permet de classer aussi bien les états psychologiques que les buts illocutoires. La taxinomie de Recanati est basée sur une triple distinction58.

En effet, la première distinction est établie entre les actes essentiellement représentatifs et non essentiellement représentatifs. Les premiers possèdent un contenu proposition explicite (par exemple, je te baptise). Les deuxièmes n'ont pas de contenu propositionnel explicite, mais expriment simplement une convention et une

57 SEARLES, John R., Op.cit., p.29-30.

58 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit., p.104-105.

59 Ibidem, p.106. Nous avons complété ce schéma en ajoutant les éléments de la catégorie des actes non essentiellement représentatifs(expressifs) et des constatifs(assertifs).

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attitude sociale à l'égard du destinataire (par exemple, bonjour, merci). Cette deuxième catégorie correspond aux expressifs de Searle.

La deuxième distinction est basée sur les actes essentiellement représentatifs. Elle se rapporte à la dimension constative et performative des actes de langage. Les constatifs présentent l'état des choses comme donné indépendamment de l'énonciation, tandis que les performatifs présentent l'état de chose comme virtuellement réalisé par l'énonciation. La catégorie des constatifs de Recanati correspond aux assertifs de Searle.

La dernière distinction concerne spécifiquement la catégorie des performatifs. Leur caractéristique commune, c'est la volonté du locuteur de transformer le monde, la réalité par son énonciation. Il s'agit des directifs, des promissifs et des déclaratifs de Searle. Cette classification est présentée dans le schéma ci-dessous.

Schéma I59.( taxinomie de Recanati)

Actes illocutoires

Essentiellement Non essentiellement

représentatifs représentatifs

Performatifs actes constatifs

Déclaratifs Promissifs Prescriptifs ( Assertifs ) (Expressifs)

(Directifs)

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Comme on le voit, la classification de Recanati présente un degré de cohérence interne élevé entre les différentes catégories d'actes. Cette taxinomie rejoint la distinction austinienne entre les actes constatifs et performatifs. Elle met l'accent sur la direction d'ajustement et donc sur la volonté du locuteur de transformer le monde, la réalité par son énonciation.

L'intérêt de cette taxinomie de Recanati est de regrouper les actes selon le degré de leur force illocutoire. Les actes non essentiellement représentatifs (expressifs) ne réalisent ni une description ni une transformation quelconque du monde. Ils expriment simplement une convention ou une attitude à l'égard du destinataire. Les actes constatifs, eux, se limitent à décrire un état de fait, ils représentent un état de choses comme donné indépendamment de l'énonciation. Enfin, les actes performatifs sont portés par la volonté du locuteur de transformer le monde par l'énonciation. Ces derniers sont réalisés par le seul fait de leur énonciation.

Cette troisième catégorie nous aidera à montrer la nature du discours des auditeurs dans les émissions interactives. Ces locuteurs, par leur énonciation, expriment la volonté de transformer, de changer la situation de leur environnement.

1.2.6. Instance énonciative et polyphonie

La pragmatique, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment étudie le langage en acte. Il s'agit aussi bien du langage actualisé dans un acte énonciatif particulier que du langage comme moyen d'agir sur le contexte d'interlocution. Or, l'actualisation d'un énoncé suppose la présence des indices linguistiques qui inscrivent le discours dans le cadre énonciatif de sa production. Cette inscription se réalise par la présence des traces des énonciateurs dans le discours60.

En effet, les actes de langage sont contenus dans des énoncés linguistiques. Ces énoncés contiennent les traces des énonciateurs ou des protagonistes du discours61. Ces traces sont perceptibles par la présence, entre autres des marques de personnes, des indices spatio-temporels, etc. Pour le besoin de cette étude, nous

60 KERBRAT-ORECOEIONI, Catherine, La pragmatique, dans SFEZ, Lucien, Op.cit., p.258.

61 COURTES, Joseph, Analyse sémiotique du discours. De l'énoncé à l'énonciation, p.248.

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examinons simplement la position énonciative ainsi que les conditions de polyphonie dans un discours.

1.2.6.1. Position énonciative dans le discours

Comme l'écrivent Meunier et Peraya, Les marques de personnes sont certainement un des aspects les plus importants à considérer dans un discours. Mais, on ne saisira bien leur portée pragmatique que si, d'une part, on tient compte de leur degré de présence, et que d'autre part, on tient compte de ce qui les différencie62

En effet, l'énoncé est toujours produit par un locuteur désigné par les pronoms et les différentes marques de la première personne(je)63. « Je » désigne celui qui parle et qui prend en charge l'énoncé. Il représente la personne subjective transcendante. L'allocutaire, à qui s'adresse l'énoncé, est désigné par les pronoms et les marques de la deuxième personne(Tu). « Tu » est nécessairement désigné par « Je » ; il ne peut être pensé en dehors de la situation posée par ce dernier. « Tu » représente la personne non subjective à laquelle « Je » s'adresse64.

Contrairement à « Je » et « Tu » qui désignent les personnes dans leur unité spécifique, « Il » (ou elle), n'implique aucune personne spécifique. Il est par conséquent considéré comme la personne sur qui porte le discours, c'est-à-dire la non-personne. Il est situé en dehors de la relation par laquelle « Je » et « Tu » se spécifient65.

Au pluriel, la première personne, c'est le « Nous ». Elle est l'amplification de « Je » auquel elle joint une globalité d'autres personnes indistinctes. Le « Nous » se présente sous deux formes : inclusive et exclusive. Le « Nous » inclusif correspond à « Moi + Vous». Le Nous exclusif par contre équivaut à « Moi + Eux ». Ce n'est pas tout, « Nous » comprend aussi d'autres emplois amplifiés de « Je » tels que le « Nous » de majesté, le « Nous » d'auteur utilisé pour relativiser une affirmation trop catégorique.

62 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit., p.82.

63 Ibidem, p.81.

64 BENVENISTE, Emile, Problèmes de linguistique générale, p.228.

65 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit., p.86.

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Le pronom « Vous » se présente comme la manifestation d'un processus de généralisation ou d'extension de « Tu ». On distingue le « Vous » collectif et le « Vous » de politesse. Quant au pronom Ils, il désigne l'ensemble indéfini des êtres non personnels, c'est l'extension illimitée et indéfinie de la non-personne66.

Il reste le pronom « On ». Celui-ci présente une généralité indécise d'autant plus qu'il peut se substituer à tous les autres pronoms. Sa spécificité, par rapport aux autres pronoms, est de ne porter aucune marque de personne. Ainsi le pronom « On » vient gommer en quelque sorte les frontières entre les positions de première, deuxième et troisième personne. C'est un pronom syncrétiste67.

Cet éclairage théorique sur la position énonciative, à travers les indicateurs de personnes, met en évidence la manière dont les protagonistes du discours structurent leur relation et se positionnent par rapport aux autres.

1.2.6.2. Regard sur la polyphonie

La polyphonie peut désigner la marque ou la trace d'hétérogénéité des voix dans le discours. Il y a polyphonie lorsque les protagonistes du discours font résonner dans leur voix, les voix des autres personnes. Pour Bakhtine, initiateur de ce concept, le discours est le lieu de manifestation de plusieurs voix représentatives de discours différents. Abondant dans le même sens, Meunier et Peraya affirment que Tout texte doit donc être considéré comme le lieu d'interaction entre différents discours et analysé comme une instance énonciative plurielle68.

66 BENVENISTE, Emile, Op.cit., p.233-235.

De son côté, Oswald Ducrot présente une formulation théorique de la polyphonie comprenant deux pôles de l'interlocution et quatre rôles de l'énonciation. Les deux pôles de l'interlocution sont : le pôle de l'émission et le pôle de la

67 MAINGUENEAU, Dominique, Op.cit., p.111.

68 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit., p.88.

69 DUCROT, Oswald, Les mots du discours, p.233-236, cité par MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit.,p.88-90.

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réception. De ces deux pôles, l'on peut dégager quatre rôles ou figures de l'énonciation : le locuteur, l'allocutaire, l'énonciateur et le destinataire69.

-Le locuteur - ou l'auteur des paroles- désigne la personne qui produit l'acte illocutoire (qu'il en soit responsable ou non) ;

-Les allocataires sont des personnes à qui l'acte est adressé ( c'est-à-dire tous ceux qui entendent, écoutent le message, qu'ils y soient concernés ou non).;

-L'énonciateur est l'agent de l'acte illocutoire, il le prend en charge et en assume la responsabilité (c'est le responsable du message, qu'il le produise explicitement ou non);

-Les destinataires sont les patients des actes, ceux à qui les actes sont destinés ; ils en constituent en quelque sorte la cible (ceux à qui le message est nécessairement destiné).

Cette formulation théorique de Ducrot peut se résumer dans ce tableau proposé par Patrick Charaudeau et Dominique Maingueneau.

Sujet

Position de production

Position de réception

Externe
(au discours)

Emetteur

Locuteur

Auteur

Récepteur

Interlocuteur Allocutaire Auditeur Lecteur

Interne

(au discours)

Enonciateur

Narrateur Auteur modèle

Destinataire Allocutaire Co-énonciateur

Narrataire Lecteur modèle

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S'agissant de niveau, le sujet parlant peut se situer au niveau externe ou interne au discours70. Au niveau externe, le sujet parlant produit un discours dont il n'est pas le vrai responsable. L'instance productrice des messages peut alors être appelée un émetteur, un locuteur ou un auteur. Quant à l'instance réceptrice, elle est constituée par des gens qui écoutent des messages dont ils ne sont pas les vrais destinataires, la vraie cible. Cette instance réceptrice peut avoir le statut de récepteur, allocutaire, auditeur, lecteur, bref ceux qui entendent un discours qui ne leur est pas adressé.

Au niveau interne, l'instance productrice transmet un message construit par elle-même, un message dont il est l'agent. Celui qui produit un message dont il est responsable peut être appelé énonciateur, narrateur ou auteur modèle. Du côté de la réception, l'on trouve des personnes qui écoutent les messages qui leur sont destinés, les messages dont ils sont de vrais destinataires. Cette instance peut s'appeler destinataire, co-énonciateur, narrataire, lecteur modèle.

La polyphonie s'applique aussi bien au pôle de l'émission qu'à celui de la réception. Elle suppose nécessairement une différence nette entre locuteur et énonciateur d'une part et entre allocutaire et destinataire d'autre part. Ainsi, du côté de l'émission, il y a polyphonie lorsque le locuteur produit un discours venant d'une autre personne ou d'une autre instance énonciative. Du côté de la réception, il y a polyphonie lorsque le message destiné aux vrais destinataires (personnes nécessairement concernées par le message) est entendu par l'ensemble des allocutaires.

Ce chapitre a consisté non seulement à cerner les concepts théoriques contenus dans le titre de notre travail, mais aussi à présenter le cadre théorique de l'étude, à savoir la pragmatique illocutoire.

Les concepts discours, auditeur, magazine interactif ont été définis de manière détaillée et systématique. Le discours est un développement oratoire, écrit ou verbal, contextualisé. L'auditeur est considéré comme une personne qui écoute les programmes de la radio et peut intervenir en direct pour exprimer son opinion. Quant

70 CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique, Op.cit., p.557.

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aux magazines interactifs, ce sont programmes radiophoniques ouverts, constitués d'un dispositif d'échange, en direct, entre la radio et les auditeurs.

Concernant le cadre de référence, nous avons recouru à la pragmatique illocutoire. Cette théorie met exergue la valeur illocutoire des énoncés linguistiques. Elle montre la capacité qu'ont les énoncés linguistiques de transformer la réalité par leur énonciation.

Le premier chapitre étant brossé, nous abordons à présent le deuxième chapitre consacré à la présentation du champ de notre étude, à savoir la Radio Okapi.

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CHAPITRE DEUXIEME :

PRESENTATION DE LA RADIO OKAPI

ET DU MAGAZINE DIALOGUE ENTRE CONGOLAIS

Ce chapitre porte sur la présentation de l'objet de notre étude. Il sera question de présenter la Radio Okapi ainsi que le magazine Dialogue entre congolais, programme sur lequel porte spécifiquement cette recherche.

2.1. Présentation de la Radio Okapi

La présentation porte sur les éléments suivants : le statut juridique et l'historique de la radio Okapi, sa situation géographique, son objet social, sa structure et son fonctionnement, sa politique éditoriale, son organigramme.

2.1.1. Statut juridique et Historique

La Radio Okapi est un organe de presse sous la gestion de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation du Congo(MONUSCO) et de la Fondation Hirondelle. Cette radio vit le jour 25 février 2002 sous l'initiative de la Fondation Hirondelle71 et de la MONUC(Mission d'Observation des Nations Unies au Congo). Mais, cette naissance a une histoire.

En effet, le 17 mai 1997, les forces de l'Alliance sous la direction de Laurent Désiré Kabila ont pris le pouvoir d'Etat en RDC. Le pays a connu une accalmie avant de se replonger, le 02 Août 1998 dans une autre guerre menée d'abord par la rébellion du RCD(Rassemblement congolais pour la démocratie), puis par le MLC(Mouvement pour la libération du Congo) ainsi que d'autres petites rébellions ramifiées.

Ces rébellions ont mis en mal la souveraineté du pays, l'intégrité territoriale, la sécurité et la paix en RDC. C'est dans ce contexte que le Conseil de sécurité de

71 La Fondation Hirondelle est une organisation des journalistes suisses fondée depuis 1995. Elle dirige les médias en zone de conflit ou de crise dans le monde. Elle a été présente au Libéria, à Arusha/ Tanzanie(auprès du Tribunal Pénal International d'Arusha), au Kosovo, au Timor, au Népal, etc.

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l'ONU votera, le 30 novembre 1999, la résolution 1279 autorisant l'envoi d'une mission de maintien de la paix en RDC, dénommée « Mission d'Observation des Nations Unies au Congo »(MONUC).

Sitôt mise en marche, cette mission de sécurité a senti le besoin d'avoir un outil de communication dans le but de vulgariser l'information sur la paix, la sécurité, la situation humanitaire sur l'étendue du pays. C'est ainsi que le département de maintien de la paix des Nations Unies, à New York, intéressera la Fondation Hirondelle pour participer à la mise en place d'une radio en RDC.

Après la prise de connaissance de la réalité locale du pays, la Fondation Hirondelle proposera la structure d'une radio avec des antennes à l'intérieur du pays. La proposition présentée en 2001 reçue l'assentiment du Conseil de sécurité. Ainsi la Radio Okapi verra le jour le 25 février 2002, le jour de l'ouverture des travaux du dialogue intercongolais organisé, entre les différents belligérants ainsi que les forces sociales congolaises, à Sun City, en Afrique du Sud.

2.1.2. Situation géographique

Le siège social de la Radio Okapi est situé au quartier général de la Monusco, sur l'avenue des Aviateurs, à côté de l'ambassade des Etats-Unis, dans la commune de la Gombe. La Radio Okapi assure une couverture médiatique nationale à travers ses antennes provinciales.

2.1.3. Objet social

La résolution 1355 assigne à la Radio Okapi une diversité de missions toujours actuelles. Il s'agit de :

-proposer les informations, des magazines et de la musique pour accompagner le processus de paix sur le territoire national ;

-donner des informations sur l'actualité du pays, les activités de la Monusco et l'assistance humanitaire.

-accompagner la RDC dans la phase de reconstruction et de développement.

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2.1.4. Structure et fonctionnement

La radio Okapi comprend une structure coiffée par une administration bicéphale, en l'occurrence, la division de l'information publique de la Monusco d'un côté et la Fondation Hirondelle de l'autre.

La division de l'information publique a la tâche de concevoir les stratégies pour le bon fonctionnement de la radio conformément aux prescrits du Conseil de sécurité. Elle exécute ce travail par le biais de la direction de la Radio. La Fondation Hirondelle gère une partie du personnel, elle assure la tenue des programmes et veille sur leur contenu.

Comme on le voit, la Radio Okapi fonctionne avec deux administrations conjointes, deux types du personnel et deux types de contrat de travail. Il y a des travailleurs qui sont pris en charge par l'Administration des Nations Unies et d'autres par la Fondation Hirondelle.

La Radio Okapi fonctionne 24heures /24 pendant toute la semaine. Elle émet en modulation de fréquence (FM) et en onde courte ( sur 11.960 Mhz de 5h à 6h et 18h à 19h). Elle est captée sur toute l'étendue du territoire national, à travers les 14 antennes régionales, une vingtaine de stations relai ainsi que des radios communautaires partenaires. Les émissions de la Radio Okapi sont disponibles sur le site www.radiookapi.net .

2.1.5. Politique éditoriale

La Radio Okapi s'efforce d'apporter une contribution significative au processus de paix et de sécurité dans le pays. Elle revendique neutralité et impartialité dans la couverture et le traitement des informations et milite en faveur de l'expression libre des idées et des opinions.

A travers ses programmes d'information, la Radio Okapi respecte le pluralisme régional et politique au sein d'une identité nationale. Pour toute question, surtout controversée, elle cherche toujours un autre son de cloche avant de diffuser

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l'information. A ce principe d'équilibre, s'ajoute celui de l'exactitude qui consiste à distinguer nettement les faits des commentaires. La Radio Okapi s'attache, afin, au respect des individus et de la vie privée , elle tient compte de la sensibilité du public dans l'élaboration de ses programmes72.

72 Cfr Entretien avec Monsieur Julien NYAMWENY, Rédacteur adjoint chargé des régions et des informations en langues nationales.

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2.1.6. Organigramme

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2.2. Présentation du magazine dialogue entre congolais

2.2.1. Historique

L'historique du magazine Dialogue entre congolais est confondu avec celui de la Radio Okapi. Ce magazine a été diffusé pour la toute première fois le jour de l'inauguration des programmes de la Radio Okapi qui, d'ailleurs, coïncida avec l'ouverture du dialogue intercongolais à Sun City, en Afrique du Sud.

Cette émission a connu deux grandes périodes. Avec la situation de belligérance de 2002 à 2006, elle était orientée vers les thèmes en rapport avec la réunification du pays. Depuis 2006, sans abandonner la préoccupation de pacification, elle aborde des aspects pédagogiques, de reconstruction et de développement.

2.2.2. Objectif

Le Dialogue entre congolais est une émission d'actualité qui poursuit un certain nombre d'objectifs, entre autres73 :

-S'investir dans le processus de pacification du pays. Etant donné la guerre qui a sévi durant plusieurs années en RDC, il est nécessaire de vulgariser le discours et la logique de la paix.

-Aider la population à comprendre les enjeux de la paix. Autrement dit, amener la population à comprendre, à travers les analyses faites par les acteurs politiques et les forces vives, les avantages de la paix.

-Favoriser la solution de la crise par le dialogue ou les moyens pacifiques. -Faciliter la réconciliation nationale

73 Entretien avec Monsieur Alain IRUNG, Coordinateur du magazine.

74 Cfr. Entretien avec Monsieur Alain IRUNG MUSHINJ, Coordonnateur et présentateur principal du magazine politique « Dialogue entre congolais », le 18 juin 2012.

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2.2.3. Déroulement de l'émission

L'émission est structurée de la manière suivante. L'animateur présente le sujet de l'émission du jour suivi généralement de deux questions principales. Ensuite, l'on balance un élément sonore (reportage, papier...) servant à situer le contexte du sujet.

Le présentateur lit en principe une ou deux réactions écrites des auditeurs, puis pose la première question à l'un des invités, le débat est ainsi lancé. Après cette question introductive, on prend quelques réactions des auditeurs, et l'animateur pose une deuxième question aux invités, l'un après l'autre. Quelques 10 minutes avant la fin de l'émission, le présentateur prend les derniers messages des auditeurs et demande la réaction des invités.

2.2.4. Fonctionnement74

Le magazine est préparé et animé par une équipe de quatre personnes, dont le Coordonateur qui est aussi le présentateur principal, le reporter (aussi présentateur adjoint), le réalisateur et le responsable du desk. Le coordinateur supervise le magazine et assure la présentation du mardi à jeudi. Le reporter recherche les éléments sonores d'illustration à intégrer dans l'émission. Il présente l'émission du lundi. Le réalisateur garde contact avec les invités jusqu'à la réalisation de l'émission. Il s'occupe du conducteur et de la gestion du chrono pendant l'émission. Le chargé du desk s'occupe du standard, il reçoit et enregistre les appels des auditeurs et tous les messages écrits envoyé en guise de réaction au sujet de l'émission.

Le magazine a lieu du lundi à jeudi, de 19h15 à 20h00 heures de Kinshasa et la rediffusion se fait entre 4h15 et 5h00. Le vendredi est consacré à la tribune de la presse où l'on invite les journalistes pour débattre sur un sujet d'actualité, mais sans intervention des auditeurs.

Certes, le choix des sujets est dicté par l'actualité. Chaque jour de l'émission, l'équipe animatrice se réunit dans la matinée pour choisir le sujet du jour. Ce sujet est trié parmi les éléments d'information importants et actuels diffusés dans les journaux parlés de la Radio et qui méritent un approfondissement.

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Une fois le sujet trié, on l'annonce à l'antenne et sur le web, à partir de 12h55, pour permettre aux auditeurs d'envoyer déjà leurs réactions. En même temps, on sélectionne puis contacte les invités convenables en tenant compte de l'équilibre politique ou idéologique. A part les deux protagonistes, on invite aussi très souvent un analyste ou une personnalité neutre pour équilibrer le débat.

La plupart, si pas toutes les réactions des auditeurs sont pré-enregistrées sur le standard pour. Cela évite des dérapages et les défections des lignes téléphoniques en direct de l'émission. Au moment venu, le présentateur lance l'émission et les invités interviennent par téléphone ou à partir du studio. La moyenne de temps de parole par invité est de 12 minutes.

L'auditeur a une place importante dans ce magazine ; il est considéré dans ce comme le quatrième invité. Et pour preuve, l'émission commence souvent par les réactions des auditeurs avant même l'intervention des invités. Les réactions des auditeurs sont minutieusement filtrées à un double niveau75. D'abord au niveau du responsable de desk, puis celui du présentateur de l'émission. On privilégie les réactions pertinentes tout en respectant le principe d'équilibre. Autant dire que d'autres réactions ne sont pas prises en compte.

Ce deuxième chapitre était essentiellement consacré à notre champ d'étude. Il était question de présenter l'objet de notre e étude, dans son contexte. La première section a consisté à présenter le contexte dans lequel fonctionne ce magazine, à savoir la Radio Okapi, et la seconde section s'est appesanti sur le magazine proprement dit.

Nous avons passé en revue l'historique, l'objet, la structure, le fonctionnement. Il ressort que ce magazine s'inscrit dans la dynamique de la politique éditoriale de la Radio Okapi qui consiste à contribuer à la vulgarisation de l'information auprès de la population, mais aussi de favoriser l'expression libre des idées et opinions de tous. Ceci nous permet d'aborder le troisième chapitre portant sur l'analyse des discours des auditeurs.

75 Selon le Coordonnateur, beaucoup d'interventions des auditeurs sont enregistrées à l'avance et rediffusées au moment de l'émission. Le filtrage se fait en rapport avec l'intérêt de la réaction et la conformité à la ligne éditoriale qui bannit l'insulte, la xénophobie, le tribalisme, le racisme, etc.

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CHAPITRE TROISIEME:
ANALYSE DU DISCOURS DES AUDITEURS

Ce chapitre constitue la partie empirique de notre étude. Il analyse le discours des auditeurs intervenant dans les magazines radiophoniques interactifs. L'objectif est de dégager l'orientation illocutoire de ce discours. Ce chapitre s'articulera autour de trois points fondamentaux, à savoir le protocole méthodologique, l'analyse des données et l'interprétation des résultats.

3.1. Protocole méthodologique

Cette étape va nous permettre d'indiquer la démarche à entreprendre pour valider l'hypothèse de ce travail. Il est question de montrer le cheminement à suivre dans l'analyse des données.

En effet, cette étude est partie de la question spécifique suivante: Quelle est l'orientation illocutoire du discours des auditeurs dans un programme radiophonique interactif d'actualité? En rapport avec cette question, nous avons émis l'hypothèse selon laquelle les anonymes qui interviennent dans un programme radiophonique ouvert ont tendance à produire un discours de nature performative.

Au regard de notre hypothèse, nous opérationnalisons les concepts suivants : anonyme, programme radiophonique, discours performatif.

Construction des concepts

Concept

Dimension

Indicateur

Anonyme

absence d'identité

Absence de nom

Absence de statut

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Programme radiophonique interactif

Concept

Indicateur

Programme radiophonique interactif

Echange entre animateur et auditeurs

Discours performatif

Concept

Dimension

Indicateur

Discours performatif

Directif

-demande -conseil -recommandation -ordre

Déclaratif

-changement de statut

Promissif

-engagement -promesse

3.1.1. Présentation de l'analyse de contenu

En vue de vérifier la validité de notre hypothèse nous procédons à l'analyse du

corpus. Le procédé que nous utilisons est l'analyse de contenu.

En effet, l'analyse de contenu est une technique fréquemment usitée dans l'étude des documents (visuels, écrits ou sonores)*. La définition de Bernard Berelson est explicite : C'est une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative, du contenu manifeste des communications, ayant pour but de les interpréter76. Il existe divers types d'analyse77. Dans cette étude, nous

* L'analyse de contenu est un concept générique. Il désigne les procédés d'analyse des documents tels que des oeuvres littéraires, les articles des journaux, les documents officiels, les programmes audio -visuels, les déclarations politiques, les rapports des réunions, etc. Cfr. MULUMA, Albert, Guide du chercheur en Sciences sociale et humaine,, p.110-111.

76 BERELSON, Bernard, Content Analysis in communication research, p.220, cité par GRAWITZ, Madeleine, Méthodes des sciences sociales, p.606. La description est objective, car elle procède selon les règles et obéit à des consignes claires et précises ; elle est systématique parce que le contenu est ordonné et intégré dans les catégories choisies, en fonction du but poursuivi ; elle est dite quantitative car elle vise le

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utilisons l'analyse quantitative, celle basée sur la fréquence ou le dénombrement du phénomène à étudier.

L'analyse de contenu comporte quatre étapes principales : la préanalyse, le codage et le comptage, la catégorisation, l'interprétation78.

La préanalyse : c'est l'étape de l'opérationnalisation et de la systématisation de l'objectif de départ. Trois missions sont assignées à la préanalyse, à savoir le choix des documents, la formulation des hypothèses et l'élaboration des indicateurs sur lesquels devront s'appuyer l'interprétation. Notons que le choix du corpus est toujours effectué en rapport avec la question préalable de recherche.

Le codage79 et le comptage des unités : c'est l'étape du découpage du document en de petits segments significatifs. Ce sont des unités d'enregistrement, de numération et de contexte.

En effet, l'unité d'enregistrement est la plus petite unité de signification. Elle correspond à l'identification des éléments du document ayant un sens complet en eux-mêmes. L'unité d'enregistrement utilisé dans ce travail c'est l'énoncé dans l'intervention de l'auditeur. L'unité de numération c'est la manière de compter ou de mesurer les unités d'analyse. Dans cette étude, nous utilisons le nombre comme unité de numération. Il s'agit de déterminer la fréquence de chaque acte de langage dans le corpus. Reste maintenant l'unité de contexte. Elle est immédiatement plus grande que celle d'enregistrement dont elle permet d'interpréter avec précision la signification80. L'intervention de l'auditeur est utilisée ici comme unité de contexte.

En clair, la procédure de découpage des unités d'analyse se fera de façon suivante : dans chacune des émissions, nous isolerons les interventions des auditeurs

dénombrement et met en évidence la fréquence des éléments significatifs ; contenu manifeste, car l'analyse est basée sur le message explicitement exprimé et non sur des présomptions.

77 GRAWITZ, Madeleine, Op.cit., p.608-609. D'après l'auteure, il existe divers types d'analyse de contenu : analyse d'exploration ou de vérification, quantitative ou qualitative, directe ou indirecte, dirigée ou non dirigée communication représentative ou instrumentale.

78 MBIYE, Hilaire, Cours d'Analyse de contenu, L1 FCS, UCC, 2008-2009, inédit.

79 Le codage est le processus par lequel les données brutes sont transformées systématiquement et agrégées dans des unités qui permettent une description précise des caractéristiques pertinentes du contenu'. Cfr. Ole R. HOLSTI, Analyse de contenu, dans http://responsable.unige.ch/AnalyseEtuRispalAnnexe1.pdf le 10 mars 2012.

80 BONVILLE, Jean de, L'analyse de contenu des médias : De la problématique au traitement statistique, p.26.

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selon l'ordre chronologique de leur passage à l'antenne. Chaque intervention sera ensuite découpée en des unités linguistiques d'analyse ou énoncés. Le caractère oral du discours en analyse a rendu ardu le découpage des énoncés. Pour surmonter cet obstacle, nous avons décidé de recourir aussi bien au sens logique des énoncés qu'aux éléments paralinguistiques contenus dans le discours -l'intonation montante(/) ou descendante(\), la pause(-), etc.). Une fois découpés, ces énoncés seront soumis à l'analyse pragmatique en vue de dégager, pour chaque unité linguistique, la position énonciative et l'acte de langage sous-jacent.

La catégorisation : c'est l'opération de classification des éléments du document selon les critères préalablement définis. Une catégorie, à en croire Madeleine Grawitz, est une rubrique significative, en fonction de laquelle le contenu sera classé et au besoin quantifié81. Dans l'analyse de notre corpus, les énoncés seront classés selon la position énonciative et les actes de langage. La position énonciative indique la marque de la personne ; elle s'exprime à travers les pronoms personnels

L'interprétation des résultats : c'est la dernière et la plus intéressante étape de l'analyse. Elle permet d'évaluer la fécondité de la démarche ainsi que l'hypothèse énoncée. L'interprétation s'appuie sur les éléments mis à jour par la catégorisation pour fonder une lecture à la fois originale et objective du corpus. Cette étape consiste à confronter les résultats obtenus aux hypothèses (à l'hypothèse) du départ, afin de tirer les conclusions relatives à la validité ou à l'invalidité de l'hypothèse.

Cette phase méthodologique nous permet de passer à la présentation du corpus de notre étude.

3.1.2. Présentation du corpus

Dans un travail scientifique, le corpus est l'ensemble des données sur lesquelles s'effectue l'analyse et qui permettent de répondre aux interrogations de la problématique de départ. La taille du corpus, comme l'indique Suzanne de

81 GRAWITZ, Madeleine, Op.Cit. p.616.

82 CHEVEIGNE, Suzanne de, L'environnement dans les journaux télévisés : Médiateurs et Vision du monde, 2000.

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Chéveigné, dépend des moyens du chercheur ainsi que de l'importance de l'actualité en rapport avec le sujet82. Quant au choix, il doit être plus ou moins représentatif.

Notre corpus est composé de sept émissions du magazine Dialogue entre congolais, un programme radiophonique interactif diffusé à la Radio Okapi. Ces émissions ont été sélectionnées parmi les magazines diffusés dans la période allant du 20 février au 07 mars 2012. Nous pensons que cette durée est représentative pour une étude scientifique de ce genre. La sélection était basée sur la diversité des sujets traités dans les émissions (politique, social, environnement). Ces émissions ont été enregistrées à l'aide d'un dictaphone, puis retranscrites minutieusement pour l'analyse.

Concernant le choix de la période, il se justifie par le fait que c'était une période de grands enjeux socio-politiques tels que le refus de l'UDPS et alliés de faire valider le mandat de leurs députés à l'Assemblée nationale, la problématique de la réforme de l'armée, la fermeture des médias appartenant aux opposants, etc. Nous avons pensé voir la manière dont les auditeurs réagissent d'actualité socio-politique d'intérêt commun.

Le magazine Dialogue entre congolais est diffusé du lundi à jeudi de 19h15 à 19h45 (le vendredi est consacré à la tribune de la presse). La rediffusion a lieu de 4h15 à 5h00. Le choix de ce magazine est dicté par son ancienneté parmi les émissions interactives d'actualité diffusées à Kinshasa, la qualité et la variété des sujets traités, ainsi que le statut des invités. Les invités participant aux émissions sélectionnées sont des acteurs politiques, des analystes politiques, des spécialistes, des cadres d'entreprise, des membres du clergé, de hauts cadres de l'armée.

3.1.3. Procédure d'analyse des données

Nous allons procéder à l'analyse de sept émissions sélectionnées. Pour chaque émission, appelée ici texte, il sera mentionné les éléments suivants: la date de

53

diffusion, le thème, le nom de l'animateur, le nombre d'invités, nombre d'auditeurs intervenant ainsi que le tableau de repérage des énoncés.

En effet, le tableau de repérage comportera cinq colonnes. La première colonne indique l'ordre de succession des auditeurs pendant l'émission ainsi que le lieu à partir d'où ils interviennent. La deuxième indique l'ordre continu de repérage des énoncés pour chaque émission. La troisième colonne est réservée à l'identification des énoncés contenus dans chaque intervention de l'auditeur. La quatrième indique la position énonciative de chaque énoncé. Quant à la cinquième colonne, elle détermine l'acte de langage contenu dans l'énoncé.

Après la présentation de chaque tableau, nous ferons un commentaire explicatif pour définir les tendances observées, par rapport aux catégories définies (position énonciative et actes de langage). Nous regrouperons, ensuite, toutes les données dans deux tableaux : celui de synthèse de repérage et celui de fréquence. L'observation de la fréquence de chaque élément de la catégorie par rapport à l'ensemble orientera l'interprétation des données et permettra de tirer des conclusions qui s'imposent.

54

3.2. Analyse des données

3.2.1. Repérage des données

Texte n°1

Emission du 20 février 2012

Thème : Où en est-on avec la réforme de l'armée ?

Animateur : Kelly KUTE

Nombre d'invités : 3

Nombre d'auditeurs intervenant: 6

Intervenant (localisation)

Intervention

Position
énonciative

Acte de
langage

Intervenant

1

(Ituri)

1

2Les réclamations des militaires des FARDC sont très fondées,

(ils)

assertif

2

2Il revient aux autorités militaires d'en tenir compte

(ils)

directif

3

Euh nous félicitons le courage de ces

officiers,

nous

expressif

4

4ca, car c'est de cette façon de les traiter qui les poussent à tracasser la population.

(ils)

assertif

5

C'est une alerte pour tous.

(ils)

Directif

Intervenant

2

(Bukavu)

6

6Cette mutinerie est la résultante de l'impunité et de l'intolérance de nos dirigeants vis-à-vis des officiers supérieurs de notre armée

(Nous)

assertif

7

qui détournent l'argent destiné à la paie des policiers et militaires au vu et au su de tout le monde, sans qu'aucune action en justice ne soit initiée contre eux.

(ils)

Assertif

Intervenant

3

8

8Je me demande quand est-ce qu'on peut dolor dorloter un militaire si ce n'est lorsqu'il est au combat,

Je,

on(Vous),
ils

directif

9

9que les chefs militaires qui tiennent le

commandement sachent qu'un militaire sur le

ils

directif

55

(Uvira)

 

champ de bataille agit comme un loup blessé.

 
 
 

10

1Pour ce faire, ils doivent cesser de les

maltraiter pour éviter une guerre dans une
autre.

Ils

directif

Intervenant

4

(Kolwezi)

11

1C'est Ignace Ngala depuis Kolwezi au

Katanga,

Je

assertif

12

2La mutinerie n'est pas un fait à banaliser

comme il est de coutume dans notre
gouvernement,

(Nous)

directif

13

3euh il s'agit là de la manifestation d'un

malaise,

(il)

assertif

14

4c'est le résultat si pas de l'échec alors de

l'inadéquation du management dans la
démarche pour la réforme de l'armée,

(il)

assertif

15

5euh eh l'intérêt de bien d'autres avait été banalisé, curieusement, ils continuent ,

Ils

assertif

16

6on peut eh détourner la paie des

fonctionnaires, mais pas de l'armée,

On (ils)

directif

17

7il faudrait y penser et d'étendre le problème aux autres catégories sociales,

(ils)

directif

18

vous savez le moment est très très tragique.

vous

assertif

Intervenant

5

(Goma)

19

9La mauvaise gestion de notre armée finira par retomber le pays à la case du départ de triste mémoire.

(nous)

assertif

20

2Ces mutineries sont un signe avant coureur que

Il

assertif

21

2le comandant suprême doit remettre de l'ordre dans ces troupes.

Il

directif

Intervenant

6

(Bukavu)

22

2A mon avis, la mutinerie d'Ituri n'est pas un fait nouveau pour notre armée,

Je, (nous)

assertif

23

3car de façon générale, les conditions dans

lesquelles elle est placée ne sont pas
satisfaisantes.

Elle(il)

assertif

24

4 D'où le processus de réforme doit accélérer et

doit mettre l'accent sur la discipline et
l'amélioration du social de nos militaires...

(nous)

directif

 
 

24 énoncés

 
 

56

Six auditeurs ont participé à cette émission du 20 février. Concernant la position énonciative, nous avons relevé 27 pronoms personnels selon la fréquence suivante : 9 pronoms de la première personne (3 pronoms du singulier(je) et 6 pronoms du pluriel(Nous) ); 1 pronom de la deuxième personne du pluriel ( 1 Vous); 15 pronoms de la troisième personne (5 du singulier(Il) et 10 du pluriel (Ils)) ; 2 pronom syncrétistes 83 (On)

Dans les interventions des auditeurs, il ressort 24 énoncés donnant lieu à 24 actes de langage répartis comme suit : 13 assertifs, 10 directifs et 1 expressif. Les actes promissifs et déclaratifs sont absents dans les discours des auditeurs.

Texte n°2

Emission du 21 février 2012

Thème : Installation de 11 commissions parlementaires sans l'UDPS et alliés

Animateur : Kelly KUTE

Nombre d'invités : 3

Nombre d'auditeurs intervenant : 4

Intervenant
(localisation)

Intervention

Position
énonciative

Acte de
langage

Intervenant

1

(Beni/ Nord-
Kivu

1

1 je ne vois pas comment les députés de

l'UDPS participeraient aux débats de
l'assemblée nationale issue des élections que 90% des congolais réfutent à cause de la fraude

Je

directif

2

2si les députés de l'UDPS participent aux

sessions de l'assemblée nationale, cela
prouverait qu'en RDC on fait eh on ne fait de la politique que pour remplir ses poches.

On (ils)

assertif

 

3

2Jean Bernard MIBEKO de Mbandaka en Equateur,

(Je)

assertif

 

4l'analyse qu'on peut faire de la situation est que l'UDPS et alliés restent toujours dans la

On (nous)

assertif

83 Nous empruntons cette expression à Dominique Maingueneau. D'après cet auteur, le caractère syncrétiste de ce pronom réside en ceci qu'il produit ainsi une sorte d' effacement des frontières entre les positions de la première, deuxième et troisième personne. Autrement dit, On peut renvoyer à la première, à la deuxième ou à la

troisième personne, du singulier ou du pluriel. Cfr. MAINGUENEAU, Dominique, Op.Cit., p.111.

57

Intervenant

2

(Mbandaka)

4

logique du refus des résultats publiés par la Ceni,

 
 

5

5 l'atmosphère politique ne va pas s'éclaircir s'éclaircir d'ici là

(Il)

assertif

6

6il faut beaucoup d'ingéniosité de la part des politiciens pour détendre le climat politique en RDC.

(ils)

directif

Intervenant

3

(Mbuji-Mayi

7

7au nom du principe de la souveraineté

nationale, les députés de l'UDPS doivent
siéger et

(ils)

directif

8

8en plus, ils doivent choisir entre le mot

d'ordre de leur leader et le choix fait sur eux par la population

(Ils)

directif

9

9il faut aussi savoir que le boycott de 2006 n'avait rien changé et celui de 2012 ne changera rien parce la mouvance actuelle a une majorité à l'Assemblée.

(il)

directif

Intervenant

4
(Beni)

10

1 j'aimerais que Valentin Mubake nous dise pourquoi la direction politique de son parti ne veut pas à ce que ses élus participent aux plénières ?

Je, nous

Directif

11

1Sont-ils députés pour défendre l'intérêt du peuple congolais ou pour défendre l'intérêt de l'UDPS ?

Ils

Directif

12

2 Qui fera le contrepoids si l'opposition est absente ?

(il)

Directif

 
 

12 énoncés

 
 

Concernant la position énonciative, nous relevons 13 pronoms personnels selon la fréquence suivante : 4 pronoms de la première personne (3 du singulier(Je) et 1 du pluriel (Nous) ; 7 pronoms de la troisième personne (3 du singulier (il) et 4 du pluriel (Ils) ; 2 pronoms On. Nous constatons l'absence des pronoms de la deuxième personne (singulier et pluriel)

L'émission compte 12 énoncés comprenant les actes de langage répartis comme suit : 4 assertifs et 8 directifs. L'on remarque l'absence des expressifs, des promissifs et de déclaratifs.

58

Texte n°3

Emission du 27 février 2012

Thème : l'Observatoire des médias congolais exige la réouverture de RLTV et Canal Futur

Animateur : Kelly KUTE

Nombre d'invités : 3

Nombre d'auditeurs intervenant : 5

Intervenant
(localisation)

Intervention

Position énonciative

Acte de langage

Intervenant

1

(Mbandaka)

1

1nous militons tous pour l'instauration d'un véritable Etat des droit

nous

promissif

2

2mettons quand même en pratique les principes qui favorisent cet état de droit au lieu de nous verser dans l'arbitraire

nous

directif

Intervenant

2

(Kisangani)

3

3C'est Pepe Lisungi de Kisangani province oriental :

(je)

assertif

4

4je me demande si le CSAC a été créé pour fermer les chaines de l'opposition et donner des blâmes aux chaines du pouvoir,

je

directif

5

pourquoi toujours les chaines des opposants alors qu'on constate le dérapage partout ?

On(nous)

directif

Intervenant

3.

(Lubumbashi)

6

6C'est bien de fermer une chaîne dans le but de

remettre de l'ordre surtout en période
tragique,

il

expressif

7

7mais je pense qu'il faut essayer de mettre de l'eau dans le vin en équilibrant l'atmosphère médiatique

je

directif

 

8

8C'est Robert Bahome de Bukavu au Sud Kivu :

(je)

assertif

9

9les médias doivent normalement travailler en toute liberté pour informer la population ,

(ils)

directif

10

1mais ils ne doivent pas confondre la liberté que leur reconnaît la loi avec le libertinage

quelles que soit leur tendance politique

(Ils)

directif

59

Intervenant

4

(Bukavu)

 

respective,

 
 

11

1 je pense que sur cela que l'OMEC devrait s'appesantir pour bien orienter nos médias dans leurs actions quotidiennes.

Je, nous

directif

Intervenant

5

(Mbandaka)

12

C'est Matembe de Mbandaka à l'Equateur :

(je)

assertif

13

3à mon humble avis la mission principale de CSAC comme une institution d'appui à la démocratie consiste à veiller au respect de la déontologie en la matière et donner l'accès équitable à tous les partis politiques et aux citoyens euh les moyens euh donner euh le moyens euh [le CSAC devrait]

(Je)

directif

14

excusez-moi

(je)

expressif

15

5donner l'accès équitable à tous les partis

politiques et aux citoyens les moyens officiels d'information et de communication,

(ils)

directif

16

6cette structure doit toujours soutenir les

revendications de l'OMEC.

il

directif

17

7Dans un Etat démocratique les médias de l'opposition politique ont ces droits qui sont liés à leur existence et leur activité pour la conquête démocratique du pouvoir,

ils

assertif

 

18

8donc les revendications de l'OMEC tiennent débout.

il

assertif

 

18 énoncés

 
 

En ce qui concerne la position énonciative, l'analyse relève 19 pronoms. La répartition est la suivante : 11 pronoms relèvent de la première personne ( 8 du singulier (Je) et 3 du pluriel (Nous) ; 7 de la troisième personne ( 3 du singulier (Il) et 4 du pluriel (Ils) ; 1 pronom syncrétiste (On). Nous remarquons l'absence des pronoms de la deuxième personne (singulier et pluriel)

Ce discours comprend 18 énoncés contenant les actes de langage ci-après : 5 assertifs, 10 directifs et 2 expressifs et 1 promissif. Il n' ya pas de déclaratif.

60

Texte n°4

Emission du 28 février 2012

Thème : Etat des lieux des parcs nationaux de la RDC

Animateur : Kelly KUTE

Nombre d'invités : 3

Nombre d'auditeurs intervenant: 4

Intervenant
(localisation)

°

Intervention

Position
énonciative

Acte de
langage

Intervenant

1

(Kalemi)

1

1la protection de nos parcs est un devoir de tous d'en bénéficier et un droit de tous dans un Etat de droit.

Nous

directif

Intervenant

2

(Butembo)

2

Je suis Carlos Benga Nord-Kivu/Butembo,

(Je)

assertif

3

3la demande toujours croissante de terre, la

pauvreté des populations riveraines
contraintes de vivre de la chasse, cueillette et ramassage, la méconnaissance des bienfaits immédiats du parc, la persistance des groupes armés rendent incertain le travail de l'ICCN.

(il)

assertif

Intervenant

3

(Katanga)

4

4Au Katanga, on a suffisamment dénoncé le braconnage

on(ils)

assertif

5

5et l'ICCN a des rapports sur la présence des miniers dans les parcs, parce que en même temps qu'il y a braconnage, en même temps

qu'il y a destruction de l'habitat de ce
mammifères, notamment les éléphants.

ils

assertif

6

5Les miniers qui se retrouvent dans les parcs, comment vous allez protéger les animaux sans protéger leur habitat ?

Vous

directif

7

Donc, ça pose déjà un problème, donc nous allons faire des actions en justice,

Nous

promissif

 

8

nous déplorons quand même le comportement de l'autorité,

nous

expressif

61

Intervenant

4

(non-précisé)

 

9 La société civile dénonce le braconnage

(il)

expressif

10

1au-delà de cela, il faut qu'on aille dans des

résolutions concrètes, dans les mesures
pratiques au lieu des voeux politiques.

on (ils)

directif

11

Pour quoi ne pas sanctionner ?

ils

directif

12

la loi existe, mais on n'applique pas la loi,

on (ils)

assertif

13

mais aussi [pour quoi ne pas...] amener le

lobby au niveau international (sic)

(il)

directif

14

1parce que les questions des aires protégées sont des questions locales mais aussi globales,

ça concerne l'ensemble de l'Afrique ça
concerne l'ensemble du monde et surtout pour les aires protégées du Congo

il

assertif

15

1xxx l'autorité locale xxx actuellement elle s'est révélée comme adversaire de nos aires protégées du fait qu'elle s'est conduite pour user d'une démagogie lors des campagnes électorales en incitant à la destruction de nos ressources xxx

(nous)

assertif

 
 

15 énoncés

 
 

Les interventions des auditeurs dans cette émission du 28 février contiennent 15 pronoms personnels selon cette fréquence : 5 pronoms de la première personne ( 1 du singulier(Je) et 4 du pluriel (Nous)) ; 1 pronoms de la deuxième personne du pluriel(Vous) ; 6 pronoms de la troisième personne (4 du singulier (Il) et 2 du pluriel (Ils)) ; 3 pronoms (On).

Quant aux actes de langage, ils sont répartis de la manière suivante : 7 assertifs, 5 directifs, 2 expressifs et 1 promissif. Il n'y a aucun acte déclaratif dans ce discours.

62

Texte n°5

Emission du 29 février 2012

Thème : Etat des lieux des routes de desserte agricole en RDC

Animateur : Alain IRUNG

Nombre d'invités : 3

Nombre d'auditeurs intervenant: 7

Intervenant
(localisation)

Intervention

Position
énonciative

Acte de
langage

Intervenant

1
Beni

1

1Bonjour, monsieur le journaliste et bon

anniversaire chez vous à l'Okapi (merci)

Vous

expressif

2

2 je voulais seulement intervenir et demander d'abord la première question à notre invité de savoir, d'abord les engins que le gouvernement avait achetés pour la réhabilitation des nos routes, où sont ces engins et dans quel sites ces engins sont en train de travailler aujourd'hui ?

Je, (nous)

directif

3

3à présent moi je suis à Kolwezi, nous avons la route de desserte agricole qui quitte Kolwezi jusqu'à Kinda,

Je, nous

assertif

4

4cette route qui quitte Kolwezi -Kinda si vous voulez pratiquer cette route, il y a à peu près une affaire de 100 quelque chose de km, mais si vous prenez le véhicule, vous faites à peu près deux semaines pour arriver à une distance de (...)

vous

-assertif

Intervenant

2

Kolwezi

5

5 je me demande lorsqu'on met de la terre sur le

chemin à terre battue, est-ce cela une
réhabilitation ?

Je, on(ils)

directif

6

6c'est le cas de la route de la route xxx qui euh se détériore.

(il)

assertif

7

7 Ces routes sont indispensables pour la

promotion de l'agriculture,

(il)

-assertif

8

8et c'est une honte pour nous avec cette

potentialité en agriculture que nous avons,

nous

expressif

63

 

9

9il faut que le gouvernement en tienne compte sinon la RDC continuera à dépendre des importations

(il)

-directif

Intervenant

3

(sans lieu)

10

1 je constate que ce sont seulement les

populations locales qui tentent de maintenir ces routes avec des maigres moyens,

Je

assertif

11

1il faut que le gouvernement se ressaisisse à ce propos,

(il)

directif

12

1le gouvernement peut soutenir ses populations qui se sont déjà investies

(il)

directif

Intervenant

4

(Sans lieu)

13

c'est une question de volonté politique du chef de l'Etat et dans 10 ans tout peut changer, par rapport à ces routes de desserte agricoles

(il)

directif

Intervenant

5

Kiwanja

14

1nos routes ne sont pas aménagées et celles qui tiennent encore datent de l'époque du Zaïre, euh et

Nous

assertif

15

1 pourtant, nous payons chaque jour, chaque fois de l'argent ch chez Foner,

Nous

assertif

16

1 nous voulons savoir comment ces fonds sont gérés ?

Nous

directif

17

7Pourtant le président de la République est passé lui-même euh par cette route là plus de 3 fois avec sa sa Jeep,

il

assertif

18

1 je me demande s'il n'a pas eh constaté l'état de route.

Je, Il

directif

19

7On pensait d'ailleurs pendant ce temps là qu'il pouvait donner la pousse pour réhabiliter cette route !

On(nous), Il

expressif

20

0Dommage !

il

expressif

Intervenant

6

Sans lieu

21

2J'ai l'impression que le gouvernement

réaménage les routes pour son prestige, surtout [il] pense aux routes qui sont en ville et ne voit pas l'intérêt des routes de desserte agricole.

Je

assertif

 

22

2Avant d'accuser à tort et à travers, il est

important de préciser si ces routes doivent être entretenues par le gouvernement central ou

(Il)

directif

64

Intervenant

7

Butembo

 

provincial,

 
 

23

2Cette précision nous permettra de savoir vers qui nous pouvons présenter nos doléances,

nous

assertif

24

2Ici à Butembo, la route Mongoshiba est dans un état très critique et pourtant elle est d'une importance capitale.

(il)

assertif

 
 

24 énoncés

 
 

Dans le discours des auditeurs intervenant à l'émission du 29 février, il se dégage 28 pronoms personnels dont 13 relèvent de la première personne( 6 du singulier (Je) et 7 du pluriel (Nous)) ; 2 pronoms de la deuxième personne du pluriel (Vous) ; 12 pronoms de la troisième personne du singulier (Il) et 2 pronoms (On). Il n'y a pas de pronoms de la deuxième personne du singulier.

Concernant l'orientation illocutoire, l'analyse relève 24 acte de langage dont voici la fréquence de répartition : 11 assertifs, 9 directifs, 4 expressifs. Nous remarquons l'absence des actes promissifs et déclaratifs.

Texte n°6

Emission du 01 mars 2012

Thème : Signature d'un contrat de performance entre l'Etat congolais, la SNEL et la Regideso

Animateur : Kelly KUTE

Nombre d'invités : 3

Nombre d'auditeurs intervenant : 3

Intervenant
(localisation)

Intervention

Position
énonciative

Acte de
langage

 

1

1Pouvons-nous comprendre que c'est le

gouvernement qui était à la base des multiples problèmes de ces deux sociétés,

Nous

directif

2

2et qu'est-ce qui rassure que le gouvernement s'acquittera cette fois-ci de ces engagements

(il)

 

65

Intervenant

1

Bukavu

 

pris vis-à-vis de la Snel et de la Régidso ?

 

directif

3

3car notre gouvernement prend souvent des

fermes engagements qui sur papier sont
porteurs d'espoir mais pour l'exécution ça pose problème,

(Nous)

assertif

4

ne sera-t-il pas le cas pour cet engagement ?

(il)

directif

5

5Et le gouvernement, a-t-il des moyens pour s'en acquitter ?

il

directif

6

6Car, c'est devenu une habitude quand il veut

échapper à ses responsabilités il évoque
l'absence de moyens.

il

assertif

Intervenant

2

Baraka

7

7Nous souhaitons une suite heureuse à ce contrat de performance conclue entre l'Etat et ces deux sociétés combien important pour le peuple congolais

Nous

expressif

8

8 toutefois, tout en saluant l'éveil de conscience

du gouvernement congolais, le peuple
congolais se réjouira plus si les engagements

réciproques entre partis au contrat sont
exécutés,

(il)

expressif

9

9car les congolais sont riches en théorie et moins en pratique,

(ils)

assertif

Intervenant

3

Kalemi

10

1 je doute de cet engagement suite à la bonne santé de corruption dans notre pays xxx

Je, (nous)

expressif

 

10 énoncés

 
 

Dans les interventions des auditeurs ayant participé à l'émission du 1er mars, nous avons relevé 11 pronoms personnels dont : 5 pronoms de la première peronne ( 1 du singulier(Je) et 4 du pluriel(Nous)) ; 6 pronoms de la troisième personne (5 du singulier(Il) et 1 du pluriel(Ils)). Les pronoms de la deuxième personne sont absents.

En outre le discours comprend 10 énoncés répartis selon les actes de langage suivants : 3 assertifs, 4 directifs et 3 expressifs. Nous constatons l'absence de promissifs et de déclaratifs.

66

Texte n°7

Emission du 07 mars 2012

Thème : Les évêques s'entretiennent avec Kabila, Tshisekedi, Kamerhe et un délégué de Kengo

Animateur : Kelly KUTE

Nombre d'invités : 3

Nombre d'auditeurs intervenant: 4

Intervenant
(localisation)

Intervention

Position
énonciative

Acte de
langage

Intervenant

1

(sans lieu)

1

les évêques ne vont-ils pas se trahir ?

Ils

directif

2

Pourquoi cette démarche en arrière ?

(ils)

directif

3

3car hier, ils soutenaient l'opposition

aujourd'hui, ils cherchent à se racheter en contentant les acteurs politiques du pays, car leur démarche de soutien à l'opposition a échoué,

ils

assertif

4

demain, on ne sait pas ce qu'ils feront,

On(nous), ils

directif

5

5c'est un jeu de cache cache auquel ils se livrent, une distraction pure et simple car le peuple connaît déjà leur position, ce qu'ils font aujourd'hui devraient le faire depuis euh eh bien avant.

Ils

expressif

Intervenant

2

(Watsha)

Province-
Oriental

6

à6 mon avis, les évêques sont en train de chercher à embellir ou couvrir leur attitude affichée, après la proclamation des résultats par la Ceni.

(Je)

assertif

7

7 Ils avaient rejeté les résultats proclamés, ils avaient fait alliance avec l'opposition et tenté

d'organiser les marches avec l'opposition
pour réclamer la vérité des urnes ai lieu d'aller à la Ceni, ils ont refusé.

Ils

assertif

Intervenant

3

Sans lieu

8

8la seule porte de sortie à cette situation créée

par la Ceni est la formation d'un

gouvernement transitoire composé

uniquement d'experts sans ambitions
politiques et qui aura pour mission essentielle d'organiser dans un délai court les élections

transparentes et crédibles après le
recensement de la population, nous verrons à

Nous

directif

67

 
 

ce moment là qui euh à qui réellement le peuple aura donné le pouvoir

 
 

Intervenant

4

Lubumbashi

9

9nous voulons que ce dialogue puisse avoir lieu pour que l'opposition puisse se retrouver dans le gouvernement afin de mettre en place le processus démocratique en marche pour que les élections prochaines soient crédibles,

Nous

directif

10

1sinon, il y aura toujours le chaos pour l'avenir du pays.

(il)

expressif

 
 

10 énoncés

 
 

En rapport avec la position énonciative, nous avons relevé 11 pronoms personnels dont 3 pronoms de la première personne (1 du singulier(Je) et 2 du pluriel(Nous)) ; 7 pronoms de la troisième personne(A du singulier(Il) et 6 du pluriel(Ils)) ; A pronom (On). Le discours ne contient aucun pronom de a deuxième personne.

Quant à l'orientation illocutoire, le discours comprend 10 actes de langage : 3 assertifs, 5 directifs et 2 expressifs. Il n'y a pas de promissifs ni de déclaratif.

68

3.2.2. Tableaux synthétiques

Après analyse de l'ensemble des textes du corpus, nous procédons à la synthèse des données relevées. Les deux premiers tableaux reprennent, respectivement, l'ensemble des pronoms personnels ainsi que des actes de langage pour chaque texte (émission). Tandis que les deux derniers tableaux présentent la fréquence des données pour l'ensemble du corpus.

1° Tableau de synthèse de repérage

a) Position énonciative84

Marques de
personnes

T1

T2

T3

T4

T5

T6

T7

Total

1ère personne

9

4

11

5

13

5

3

50

2è personne

1

0

0

1

2

0

0

4

3è personne

15

7

7

6

12

6

7

60

On

2

2

1

3

2

0

1

11

Total

27

13

19

15

29

11

11

125

Ce tableau nous présente, de manière détaillée, le nombre de pronoms personnels par texte et pour l'ensemble du corpus. L'on constate que la marque de la troisième personne vient en tête avec 60 pronoms, suivie de la première personne (50 pronoms) et du pronom « On »(11). La deuxième personne est en bas de l'échelle avec 4 pronoms.

84 L'abréviation T= Texte. Ainsi T1=texte1 etc.

69

b) Actes de langage

Actes de
langage

T1

T2

T3

T4

T5

T6

T7

Total

Directifs

10

8

10

5

9

4

5

51

Assertifs

13

4

5

7

11

3

3

46

Expressifs

1

0

3

2

4

3

2

14

Promissifs

0

0

1

1

0

0

0

2

Déclaratifs

0

0

0

0

0

0

0

0

 
 
 
 
 
 
 
 

113

Au regard de ce tableau, l'on constate la prédominance des actes directifs et assertifs avec respectivement une moyenne de 51 et 46 sur 113 actes. Viennent les expressifs et les promissifs. Les déclaratifs sont absents.

Cette synthèse de repérage nous permet de présenter les tableaux de fréquence des pronoms personnels et des actes de langage contenus dans notre corpus.

2°) Tableau de fréquence de données a) Position énonciative

Pronoms
personnels

Nombre

%

1ère personne

50

40%

2ème personne

4

3,2

3ème personne

60

48

On

11

8,8

 

125

100 %

70

Concernant la position énonciative, l'analyse relève 125 marques de personnes dans le corpus. Dans l'ensemble, les pronoms de la troisième personne (Il/Ils ainsi que les expressions corrélatives) prédominent avec une fréquence de 60 sur 125, soit une moyenne de 48% de l'ensemble.

Les pronoms de la première personne (Je/Nous ainsi que les expressions corrélatives) avec une fréquence de 50 pronoms sur 125, soit la moyenne 40%. Ces pronoms de la première personne se présentent sous deux modalités, le singulier (33 pronoms) et le pluriel (27). Dans la modalité du pluriel, l'on trouve les deux formes de «Nous » : inclusif et exclusif. La forme inclusive(Moi+Vous) compte 18 pronoms et la forme exclusive(Moi+Eux) en compte 9. Le (Nous) de majesté ainsi que celui de la relativisation de l'affirmation catégorique sont absents.

La marque de la deuxième personne (Tu/Vous) est faible dans ce discours. Elle ne compte que 4 pronoms sur 125, soit une moyenne de 3,2%. Enfin, le pronom « On » revient 11 fois, avec un pourcentage de 8,8%. Ce pronom se substitue 1 fois à Vous, 4 fois à Nous et 6 fois à Ils.

Comme on le constate, le discours des anonymes contient une charge subjective élevée. Il regorge un taux important de marque d'énonciation de la première et de la troisième personne.

71

b) Actes de langage

Pour les sept émissions sélectionnées, il y a eu 33 interventions. De ces interventions, nous avons dégagé 113 énoncés correspondant à 113 actes de langage. Les données du tableau de repérage nous permettent de présenter ce tableau de fréquence.

Actes de langage

Nombre

%

Directifs

51

45,13

Assertifs

46

40,71

Expressifs

14

12,39

Promissifs

2

1,77

déclaratifs

0

0

 

113

100%

Ce tableau récapitule la fréquence des actes de langage contenus dans les interventions des auditeurs. Après examen de 113 actes de langage exploités par les auditeurs, nous sommes arrivé à ces résultats : les directifs dominent avec 51 sur 113 actes, soit une moyenne de 45,12%. Les assertifs comptent 46 actes, soit 40,71%. Les expressifs sont au nombre de 14, soit 12,39%. Les promissifs comptent 2 actes, soit 1,77%. Les déclaratifs sont absents dans le discours des auditeurs.

Nous constatons, dans ce discours, une forte prédominance des directifs, suivis des assertifs, des expressifs et des promissifs. Les actes déclaratifs n'y figurent pas. En effet, les directifs contenus dans le discours des auditeurs sont présentés sous forme des questions (Texte 2, n°10-13, Texte 3, n°5, Texte 4,n° 6,11, Texte6,1-2, 4-5, Texte 7, 1-2). -[Exemple : Texte 3 n°5 pourquoi toujours les chaînes des opposants -qui sont fermées-.alors qu'on constate le dérapage partout ?]. Les directifs sont aussi utilisés ici pour exprimer une nécessité, un devoir, une obligation, une recommandation -souvent

72

avec les verbes falloir et devoir (Texte1, n°10, 17, 21, Texte3, n°9-11). -[Exemple d'une nécessité (Texte 2, n°6 : il faut beaucoup d'ingéniosité de la part des politiciens pour détendre le climat politique en RDC) ; d'un devoir (Texte 2, n°8: en plus, ils -les députés de l'UDPS- doivent choisir entre le mot d'ordre de leur leader et le choix fait pour eux par la

population)].

Les assertifs relèvent de la description de la réalité locale ou nationale telle qu'elle est perçue par les anonymes, des déclarations pour critiquer, appuyer ou récuser les thèses défendues par les invités ou les revendications de certaines catégories sociales. Voir les références suivantes : (Texte1, n° 1, 4, 6-7 ; Texte2, 2 ; Texte3, n° 17 ; Texte4, n°3-5 ; Texte5,n°4). Les assertifs servent à faire le constat, le diagnostic de la situation et à dégager ce qui ne va pas. -[Exemple : Texte5, n°10 : je constate que ce sont seulement les populations locales qui tentent de maintenir ces routes avec de maigres moyens, n°14 : nos routes ne sont pas aménagées et celles qui tiennent encore datent de l'époque du Zaïre].

Les auditeurs recourent aux actes expressifs moins pour louer les faits constatés ou les actions réalisées que pour les dénoncer et exprimer une indignation, une déception comme nous le voyons dans les énoncés suivants : (Texte1,n°2, Texte4, n°8-9, Texte5, n°9, 19-20). -[Exemple Texte 4, n°8: nous déplorons quand même le comportement de l'autorité ; n°9 la société civile dénonce le braconnage ; Texte5,20 : Dommage!].

Quant aux deux promissifs répertoriés, ils relèvent moins des promesses que d'un engagement collectif pour la défense d'une cause populaire. -[voir Texte3, 1 : Nous militons tous pour l'instauration d'un véritable Etat de droit- ; Texte 4,7 -Donc, ça pose déjà un problème, donc, nous allons faire des actions en justice].

73

3.4. Interprétation des données

Cette dernière section de notre travail va essentiellement consister à interpréter les tendances générales qui se dégagent de l'analyse du corpus, avant de les confronter à l'hypothèse du départ. Trois étapes constituent l'essentielle de notre démarche : présenter les résultats de l'analyse, les justifier, les confronter à l'hypothèse.

Concernant la position énonciative affichée dans les interventions des anonymes, l'analyse révèle une large proportion de pronoms personnels de la première et de la troisième personne ainsi que le pronom « On ». Ces pronoms sont aussi bien explicites qu'implicites. Quant à la marque de la deuxième personne, elle est bien rare.

A propos de l'orientation illocutoire, il est remarquable que le discours des anonymes est majoritairement dominé par les actes assertifs et directifs ainsi que quelques expressifs. Les promissifs sont très rares et les déclaratifs carrément absents. Qu'est ce qui justifie alors ces résultats de l'analyse ?

Evoquons d'abord la position énonciative. Elle est dominée par les pronoms de la première et de la troisième personne. En effet, cette prédominance de la première personne est révélatrice. Elle montre que les anonymes assument véritablement leur discours, qu'ils parlent avec responsabilité. Raison pour laquelle ils inscrivent leur subjectivité personnelle dans le discours par l'usage abondant des pronoms de la première personne.

D'autre part, la fréquence des marques de la troisième personne traduit l'orientation discursive des propos des auditeurs. Leur discours sort du cadre personnel (Je/Tu) pour s'adresser essentiellement à la non-personne (Il/Ils). En d'autres termes, les interventions des auditeurs sont plus destinées aux instances absentes du cadre discursif de l'émission qu'aux personnes qui y prennent part. Cette tendance à vouloir s'adresser plus aux personnes absentes qu'aux protagonistes de l'énonciation justifie la rareté des pronoms de la deuxième personne (Tu/Vous).

74

On le voit bien, le discours des auditeurs accorde autant d'intérêt à l'instance absente du cadre énonciatif. Cette attitude s'explique par le fait que ces émissions traitent des questions de haute portée sociale dont les vrais acteurs, c'est-à-dire les instances de décision, sont absents. Ainsi par exemple dans l'émission sur la démarche des évêques après les élections, au lieu de s'adresser à l'Abbé qui était invité de l'émission, les intervenants s'adressaient plutôt aux évêques en général(Texte7, n°1-7). De même dans l'émission sur l'état des lieux des routes de desserte agricole, au lieu d'interpeller les invités, les auditeurs interpellaient le gouvernement de la République ou le Chef de l'Etat(Texte5, 11-13, 17,19).

De cette constatation, l'on peut inférer que, bien que s'adressant aux invités, le discours des auditeurs dans les magazines interactifs est plutôt destiné aux autres instances considérées comme des destinataires du message. Les invités ne sont que des allocutaires. Par conséquent, ce discours est polyphonique.

Evoquons ensuite les proportions des actes de langage contenus dans le corpus. Au regard de l'analyse, deux types d'actes prédominent: les assertifs et les directifs. Ils sont suivis de quelques expressifs. En effet, les sujets des magazines en étude traitent, pour la plupart, des questions socio-politiques. Ainsi, les auditeurs qui participent à la tribune publique où l'on débat de ces questions, ont tendance à commencer par poser le diagnostic, décrire les faits tels qu'ils se présentent. En cas du constat négatif, ils déplorent la situation, interpellent les responsables et formulent des recommandations.

L'on constate que très souvent, les anonymes recourent aux assertifs pour décrire les faits en rapport avec le sujet de l'émission du jour ; ils convoquent les expressifs pour évaluer les faits, pour exprimer un sentiment positif ou négatif par rapport à la réalité décrite ou au comportement des acteurs. Ils exploitent enfin les directifs pour formuler des recommandations ou des requêtes en vue du changement de la situation. Voilà qui justifie la prédominance de ces trois actes dans les interventions des auditeurs.

75

Cette interprétation nous permet de postuler la structure caractéristique du discours des anonymes. De manière générale, ce discours commence par une constatation ou un diagnostic de la situation, suivi d'une évaluation en termes de jugement de valeur ou prise de position morale pour finir par des recommandations. Cette structure peut être représentée dans le schéma ci-après :

Constatation/
diagnostic
de la situation

Evaluation/

prise de position/
Expression de sentiment

Recommandation/
conseil/ proposition/

Interpellation/ Ordre

Assertifs Expressifs Directifs

Nous pouvons illustrer cette structure du discours des anonymes dans le texte 5 où l'intervenant (2) de Kolwezi parle de l'état des lieux des routes de desserte agricole. Il articule son discours de manière suivante :

- [(n°6) c'est le cas de la route xxx qui se détériore. (Assertif)

(n°7) Ces routes sont indispensables pour la promotion de l'agriculture, (assertif)

(n°8) c'est une honte pour nous avec cette potentialité en agriculture que nous avons, (Expressif)

(n°9) il faut que le gouvernement en tienne compte sinon la RDC continuera à dépendre des importations étrangères.] (Directif)

Cette structure permet de comprendre l'apport des assertifs et des expressifs à la production des actes performatifs, en l'occurrence les directifs. Ces actes déblayent le terrain pour les directifs dans le sens que, avant de faire des recommandations, l'auditeur commence par poser le diagnostic, faire l'autopsie de la situation, ensuite il procède à l'évaluation en portant un jugement sur les faits décrits et, enfin, il fait des recommandations en vue de la transformation, du changement de la situation. C'est ce qui justifie le fait que malgré sa nature performative, ce discours contient une gamme d'assertifs et quelques expressifs qui servent, en fait, de passerelle aux directifs. Ce rôle des constatifs dans la réalisation des performatifs constitue un grand apport pour cette étude.

76

Concernant la faible fréquence des promissifs et l'absence des déclaratifs, elle s'explique par le fait du statut des locuteurs. Les anonymes, étant des personnes ordinaires, n'ont ni légitimité, ni pouvoir, ni emprise sur le cours des événements. Ainsi de par leur statut, les auditeurs n'ont pas de légitimité sociale ou juridique requise pour convoquer avec succès ces deux types d'actes susceptibles de modifier la réalité par leur énonciation.

A titre de rappel, notre hypothèse de recherche affirme que les anonymes qui interviennent dans un programme radiophonique interactif ont tendance à produire un discours de nature performative. En effet, au terme de notre analyse, nous avons relevé la prédominance des actes directifs, assertifs et expressifs dans le discours des auditeurs. Comme quoi ces résultats de l'analyse correspondent aux projections de l'hypothèse.

En somme, ce troisième chapitre, articulé autour de trois sections, a consisté à l'analyse et à l'interprétation des données. La première section a porté sur le protocole méthodologique. Il s'est agi d'indiquer le cheminement à suivre dans notre analyse. La deuxième section s'est appesantie sur la description du corpus. L'analyse proprement dite a constitué l'essentiel de la troisième section. Il était question de procéder au repérage des données dans un tableau à cinq colonnes avant de procéder à la synthèse des éléments analysés. Cette analyse a révélé l'orientation illocutoire des interventions des auditeurs à travers les magazines interactifs. Ces interventions sont dominées par les actes directifs et assertifs et expressifs.

77

CONCLUSION GENERALE

Nous voici au terme de notre étude sur le Discours des auditeurs dans les magazines radiophoniques interactifs. La préoccupation principale de cette recherche a été de connaître l'orientation illocutoire du discours des auditeurs à travers les magazines interactifs.

Par rapport à cette préoccupation, nous nous sommes posé la question de savoir quelle est l'orientation illocutoire du discours des anonymes dans un programme radiophonique interactif d'actualité ? Pour répondre à cette question, nous avons émis l'hypothèse selon laquelle les anonymes qui interviennent dans un programme radiophonique interactif ont tendance à produire un discours de nature performative.

Le cadre théorique utilisé dans ce travail est la pragmatique illocutoire. Cette théorie nous a permis d'analyser le discours des auditeurs et de dégager la prédominance des actes du langage employés. Il ressort que le discours des auditeurs est basé, pour une large majorité, sur les actes directifs suivis des assertifs, des expressifs et quelques promissifs.

Afin de bien vérifier notre hypothèse de recherche, nous avons recouru aux méthodes analytique, descriptive et herméneutique. Quant aux techniques de collecte, nous avons utilisé la technique d'observation, la technique documentaire et l'entretien. Comme technique d'analyse, nous avons recouru à l'analyse de contenu.

Pour ce faire, cette étude s'est articulée autour de trois chapitres. Le premier chapitre a été consacré au cadre conceptuel et théorique de l'étude. Il était question de définir et de présenter succinctement les concepts de discours, d'auditeur et de magazine interactif. Nous avons, ensuite, présenté le cadre théorique dans la tradition duquel s'inscrit cette étude.

Dans le deuxième chapitre, il était question de faire la présentation du champ de notre étude. Nous avons, tour à tour, présenté la Radio Okapi et le magazine Dialogue entre congolais sur lequel a porté l'étude. Enfin, le troisième chapitre était

78

consacré à l'analyse du discours des auditeurs. Il a consisté à la présentation du protocole méthodologique, à l'analyse du corpus et à l'interprétation des résultats. L'objectif assigné à ce chapitre était de vérifier l'hypothèse de départ à partir des résultats de l'analyse.

Selon ces résultats, 33 auditeurs ont participé aux sept émissions sélectionnées. De leur discours, nous avons relevé, pour le besoin de cette étude, 113 actes de langage répartis comme suit : 51 directifs (45,13%), 46 assertifs (40,71%), 14 expressifs (12,39%), 2 promissifs (1,77%), 0 déclaratif (0%). L'examen de la position énonciative a révélé une fréquence élevée des pronoms de la troisième personne (Il/Ils), 60 sur 125, soit 48% ; suivie de ceux de la première personne(Je/Nous), 50 sur 125(40%), du pronom indéfini « On », 11 sur 125(8,8%). Quasiment absents, les pronoms de la deuxième personne (Tu/Vous) ne comptent que 4 sur 125, soit 3,2% de l'ensemble de tous les pronoms utilisés.

La prédominance des directifs dans ce discours traduit la volonté des intervenants, à ce magazine, de vouloir transformer le monde par leur énonciation. Ceci montre la nature performative de ce discours. Ainsi donc, ces résultats confirment notre hypothèse du départ.

79

BIBLIOGRAPHIE

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80

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3) Travaux scientifiques

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SONKO Fatoumata, Bernadette, Les usages paradoxaux de la radio à travers les émissions interactives au Sénégal. Les exemples de Sud-FM, de RFM et de FM Awagna, Thèse de doctorat en SIC, Université Michel de Montaigne, Bordeaux-III, France, 2010.

4) Entretiens

Entretien avec Monsieur Julien NYAMWENY, Rédacteur en Chef adjoint chargé des régions et des informations en langues nationales, le 18 juin 2012.

Entretien avec Monsieur Alain IRUNG MUSHINJ, Coordonnateur et présentateur principal du magazine politique « Dialogue entre congolais », le 18 juin 2012.

5) Webographie

www.histoiredesmedias.com www.cairn.info/revue-mots www.patrick-charaudeau.com/discours-journalistique http://responsable.unige.ch/AnalyseEtuRispalAnnexe1.pdf (consultés entre janvier et mars 2012).

82

TABLE DES MATIERES

DEDICACE I

REMERCIEMENT ..II

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE PREMIER: 8

APPROCHE CONCEPTUELLE ET THEORIQUE 8

I.1. APPROCHE CONCEPTUELLE 8

1.1.1. Discours 8

1.1.1.1. Définition 8

1.1.1.2. Caractéristiques du discours 10

1.1.1.3. Types et genres de discours 12

1.1.2. Auditeur 13

1.1.3. Magazine interactif 14

1.1.3.1. Approche définitionnelle 14

1.1.3.2. Magazine dans la contractualisation audiovisuelle 17

1.1.3.3. Typologie des magazines radiophoniques 19

I.2. PRAGMATIQUE ILLOCUTOIRE 22

1.2.1. Notion de pragmatique 22

1.2.2. Précurseurs de la pragmatique illocutoire 24

1.2.3. Austin et la pragmatique illocutoire 25

1.2.3.1. Distinction constatif/performatif 25

1.2.3.2. Tripartition de l'acte de langage 26

1.2.4. Approche pragmatique de Searle 28

1.2.4.1 Apport de Searle 28

1.2.4.2. Taxinomie de Searle 29

1.2.4.3. Conditions de réussite d'un acte de langage 31

1.2.5. Approche de François Recanati 32

1.2.6. Instance énonciative et polyphonie 34

1.2.6.1. Position énonciative dans le discours 35

1.2.6.2. Regard sur la polyphonie 36

83

CHAPITRE DEUXIEME : 40

PRESENTATION DE LA RADIO OKAPI 40

ET DU MAGAZINE DIALOGUE ENTRE CONGOLAIS 40

2.1. PRESENTATION DE LA RADIO OKAPI 40

2.1.1. Statut juridique et Historique 40

2.1.2. Situation géographique 41

2.1.3. Objet social 41

2.1.4. Structure et fonctionnement 42

2.1.5. Politique éditoriale 42

2.1.6. Organigramme 44

2.2. PRESENTATION DU MAGAZINE DIALOGUE ENTRE CONGOLAIS 45

2.2.1. Historique 45

2.2.2. Objectif 45

2.2.3. Déroulement de l'émission 46

2.2.4. Fonctionnement 46

CHAPITRE TROISIEME: 48

ANALYSE DU DISCOURS DES AUDITEURS 48

3.1. PROTOCOLE METHODOLOGIQUE 48

3.1.1. Présentation de l'analyse de contenu 49

3.1.2. PRESENTATION DU CORPUS 51

3.1.3. PROCEDURE D'ANALYSE DES DONNEES 52

3.2. Analyse des données 54

3.3.2. Tableaux synthétiques 68

3.4. INTERPRETATION DES DONNEES 73

CONCLUSION GENERALE 77

BIBLIOGRAPHIE 79

TABLE DES MATIERES 82

ANNEXE I

84

ANNEXE I

Transcription de 7 émissions sélectionnées

Conventions de transcription

Les locuteurs sont désignés par des abréviations suivantes

AN. : Animateur du magazine

INV : Invités (selon l'ordre- INV1, INV2, etc.)

AUD : Auditeurs : (selon l'ordre - AUD1, AUD2, etc.)

Hm ou euh : émission vocale du type hm

! : exclamation ou question avec un ton descendant ? : question avec un ton montant

(...) : indique le saut d'une partie de discours

[...1/2/3...] : indique le saut des discours d'un invité, de deux ou de trois invités xxx : indique un passage de discours inaudible

La préoccupation de notre étude étant d'analyser le discours des auditeurs, nous allons souvent sauter certains discours des invités tout en veillant à la cohérence de l'ensemble des propos.

Les fautes contenues dans les propos des locuteurs sont transcrites telles quelles pour raison d'authenticité.

85

1. Emission du 20 février 2012

Thème : Où en est-on avec la réforme de l'armée ?

AN. :: Kelly KUTE

INV1: Général Jean Claude, Commandant de la 9è région militaire/ Province Oriental

INV2 : Honorable MOHAMED Bule, député national de l'opposition

INV3 : René Le Marchand, Professeur émérite de l'Université de Floride/USA

AUD1(Dieudonné Burunia Ubira/Ituri), AUD2 (Laurent Ilombe/Bukavu),

AUD3(Prosper Kalombe/Uvira), AUD4Ignace Ngala/ Kolwezi-Katanga),
AUD5 Patrice Kambale/Goma-Nord Kivu), AUD6(Raphaël Kasungu/Bukavu-Sud Kivu)

1.AN. Bonsoir et bon début de semaine à tous, la situation sécuritaire en Ituri, la

semaine dernière un troupe d'officiers policiers et militaires FARDC basés à Marabu à 46 km de Bunia se sont désolidarisés de l'armée nationale, ils dénoncent notamment le mauvais traitement des militaires, le détournement des fonds destinés à ces derniers, sur le terrain les opérations comment analyser cette situation ?

2.AUD1 Les réclamations des militaires des FARDC sont très fondées,/ il revient aux

autorités militaires d'en tenir compte. /Euh nous félicitons le courage de ces officiers, /ca car c'est de cette façon de les traiter qui les poussent à tracasser la population./ C'est une alerte pour tous.

3. AUD2 Cette mutinerie est la résultante de l'impunité et de l'intolérance de nos dirigeants

vis-à-vis des officiers supérieurs de notre armée qui détournent l'argent destiné à la paie des policiers et

militaires au vu et au su de tout le monde, sans qu'aucune action en justice ne soit initiée contre eux.

4.AN. Merci de nous suivre à Bunia, dans l la province oriental...Hon Bule, comment

analysez-vous cette situation au sein des FARDC basées à Marabu ?

5. INV1 Merci beaucoup euh, j'ai pris connaissance de certaines de certains journaux parus ce matin et en plus

de ce qui vient dit, d d'être dit je trouve c'est extrêmement grave car dit-on, il n'y a pas de mauvaises troupes, il n'y a que de mauvais chefs.

6.AN. Oui le Général Kifwa est en ligne, Général comment expliquez-vous cette situation ?

7. INV2 Bon, c'est un eh un comportement d'indiscipline, il y a euh un quiproquo, un

malentendu euh ...il ne s'agit pas des revendications qui cadrent avec le prescrits de règlement de discipline militaire, euh on recherche que les militaires soient au parlement, eh eh mais ça c'est impossible...

8. AN. A ce moment , on va prendre quelques réactions des auditeurs... Prosper Kalombwe d'Uvira dit ceci :

9. AUD3 Je me demande quand est-ce qu'on peut dolor dorloter un militaire si ce n'est

lorsqu'il est au combat, que les chefs militaires qui tiennent le commandement sachent qu'un militaire sur le champ de bataille agit comme un loup blessé. Pour se faire, ils doivent cesser de les maltraiter pour éviter une guerre dans une autre.

86

10. AN. :Il ya aussi Laurent Ilombe du Sud-Kivu qui dit :

11. AUD4 (AUD2) Cette mutinerie est la résultante de l'impunité et de l'intolérance de nos

dirigeants vis-à-vis des officiers supérieurs de notre armée qui détournent l'argent destiné à la paie des policiers et militaires au vu et au su de tout le monde, sans qu'aucune action en justice ne soit initiée contre eux.(reprise

des propos de AUD2)

12. AN. Professeur René, vous êtes en ligne, professeur peut-on parler ici de la mutinerie ou d'action d'indiscipline ? Allô professeur... Professeur ?

13.INV3 Bon je crois qu'il s'agit d'indiscipline et pas d'autres choses...

14.AN. Général, comment réagissez-vous aux analyses faites par le professeur René ? 15.INV2Madame, d'abord je voudrais rappeler à à à mes interlocuteurs que le thème, les

deux thèmes de ce dialogue d'aujourd'hui ne sont pas respectés, car là on risque de généraliser tout, moi je je n je ne suis pas là pour parler de toute l'armée, je parle seulement de ma juridiction eh.

16. AN. Général, vous restez en ligne, le temps pour nous de prendre une réaction qui nous du Katanga..

17. AUD4 C'est Ignace Ngala depuis Kolwezi au Katanga, La mutinerie n'est pas un
fait à banaliser comme il est de coutume dans notre gouvernement, euh il s'agit là de la manifestation d'un

malaise, c'est le résultat se pas de l'échec alors de l'inadéquation du management dans la démarche pour la réforme de l'armée, euh eh l'intérêt de bien d'autres avait été banalisé, curieusement, ils continuent , on peut eh détourner la paie des fonctionnaires, mais pas de l'armée, il faudrait y penser et d'étendre le problème aux autres catégories sociales, vous savez le moment est très très tragique..

18.AN. Général Kifwa, votre réaction...

19.INV2Oui, moi je pense qu'il ne faut pas non non eh non plus dramatiser la situation parce

que les moyens qu'ils ont mis à la disposition des unités d'Ituri ne sont pas gérés par le commandant région, ils arrivent directement à la zone opérationnel, maintenant où est-ce qu'on peut détourner ces moyens-là ?

20. AN. On va maintenant prendre Patrice Kambale de Goma..

21. AUD5 La mauvaise gestion de notre armée finira par retomber le pays à la case

du départ de triste mémoire. Ces mutineries sont un signe avant coureur que le comandant suprême doit remettre de l'ordre dans ces troupes.

22.AN. Réaction professeur René ?

23.INV3Oui madame, je crois que c'est une situation grandissime, qu'il faut prendre eh au sérieux..

24.AN. Alors, on va prendre la dernière réa.. réaction, pour vous Général Kifwa.. eh c'est une réaction qui nous de Bukavu au Sud-Kivu de Raphaël Kasungi..

25.AUD6 A mon avis, la mutinerie d'Ituri n'est pas un fait nouveau pour notre armée, car de

façon générale, les conditions dans lesquelles elle est placée ne sont pas satisfaisantes. D'où le processus de réforme doit accélérer et doit mettre l'accent sur la discipline et l'amélioration du social de nos militaires...

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26. AN. Selon l'auditeur, il faut mettre l'accent sur la discipline et l'amélioration du social des militaires, votre réaction Général ?

27.INV2Madame, mhm mais mais c'est le souci même du commandant suprême et président de la République !

28. AN. Merci, c'est la fin de cette émission, merci à toute l'équipe de dialogue entre congolais, Guy Mateso, la supervision de Martin Sebuejangwe, Jean Claude Kalo à la technique, au micro Kellin Kute, bonne suite de programme sur la fréquence de la paix (jingle).

2. Emission du 21 février 2012

Thème : Installation de 11 commissions parlementaires sans l'UDPS et alliés AN.: Kelly KUTE

INV1: Valentin MUBAKE, conseiller politique d'Etienne Tshisekedi INV2 : INV3 :

AUD1(Alphonse Waseka/ Nord-Kivu), AUD2 (Jean Bernard Mibeko/Mbandaka),

AUD3 (Pierre Kongo Kababa de Mbuji-Mayi/au Kasaï Oriental)

AUD4 (Robert de Béni au Nord Kivu)

1. AN. Bonsoir assemblée nationale, la mise en place de 11 commissions parlementaires

chargées de la validation des mandants des députés, cependant constate toujours l'absence remarquable d'une grande partie des députés de l'opposition notamment ceux de l'UDPS et alliés quelle analyse faire de la non participation de la grande partie des députés de l'opposition aux travaux de l'assemblée nationale c'est le thème de dialogue entre congolais de ce mardi 21 février 2012 pour en parler je reçoit dans cette émission pour le débat Valentin Mubake, il est cadre de l'UDPS et conseiller politique d'Etienne Tshisekedi, monsieur Mubake bonsoir, -bonsoir ; Germain Kambinga, député nationale de l'opposition il est secrétaire national du MLC chargé de la communication, monsieur Kambinga bonsoir-bonsoir, professeur André Lubata, vice-doyen chargé de la recherche à la faculté des sciences sociales administrative et politique de l'Unikin, professeur Lubanza bonsoir, vous êtes nombreux à nous envoyer vos réaction, c'est le cas de Alphonse Waseka au Nord-Kivu

2. AUD1 je ne vois pas comment les députés de l'UDPS participeraient au x débats de

l'assemblée nationale issue des élections que 90% des congolais réfutent à cause de la fraude. Si les députés de l'UDPS participent aux sessions de l'assemblée nationale, cela prouverait qu'en RDC on fait eh on ne de la politique que pour remplir ses poches.

3. AUD2 Jean Bernard MIBEKO de Mbandaka en Equateur, l'analyse qu'on peut

faire de la situation est que l'UDPS et alliés restent toujours dans la logique du refus des résultats publiés par la Ceni, l'atmosphère politique ne va pas s'éclaircir s'éclaircir d'ici là il faut beaucoup d'ingéniosité de la part des politiciens pour détendre le climat politique en RDC

4. AN. Merci de nous suivre à Masisi dans la province du Nord Kivu sur la 96.0 et pour vous

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qui êtes à l'étranger, merci de nous rejoindre sur www.radiookapi.net. Bienvenus à tous dans cette émission(jingle).

5. AN. Session extraordinaire de la nouvelle assemblée nationale en RDC les plénières

commencées depuis samedi dernier sont en ce moment suspendues et ont laissé place ces jours-ci aux travaux en commissions. Donat Madimba, vous couvrez cette actualité pour Radio Okapi depuis le début de cette session extraordinaire, confirmez-vous que les travaux de la session se déroulent maintenant comme en commission ?

7. REP. Tout à fait, je confirme.

8. AN. Mais c'est quoi alors ces commissions et surtout quelles sont leurs missions ?

9. REP. Ces commissions sont des commissions mises en place par la plénière de lundi dernier,

elles sont au nombre de 11 , un peu comme les 11 provinces du pays. Leurs missions : examiner les dossiers des élus et valider leur mandat au pouvoir, un travail souhaité pour cinq jours maximum par cette plénière de lundi dernier. Il s'agit de valider donc 482 députés déjà connus parce qu'officiellement publiés par la Ceni en attendant le 18 postes qui doivent être pourvus(...).

10. AN. Et les plénière proprement dites reprennent quand ?

11. REP. Probablement la semaine prochaine, je dit probablement parce que si les commissions

épuisent les cinq jours que l'Assemblée nationale leur a données sans boucler le travail, elle peut au besoin recourir à une rallonge (...)

12. AN. Donat Madimba, on apprend qu'au deuxième jour de la tenue de la plénière de la

session extraordinaire, les députés de l'opposition refusent toujours de siéger à l'Assemblée nationale.

13. REP. Alors cette affaire est une affaire qui apparaît comme une épine dans le pied de

l'Assemblée nationale, une centaine de députés de l'opposition qui depuis de la session extraordinaire, càd depuis deux plénières déjà n'ont pas encore été vue à l'hémicycle, il s'agit surtout des députés de l'UDPS et des partis qui ont soutenu la candidature d'Etienne Tshisekedi à la présidentielle, il ne s'agit donc pas de toute l'opposition, car le MLC de Jean Pierre Bemba et l'UNC de Kamerhe, eux, ils siègent et confirment qu'ils continueront à siéger même s'ils contestent toujours en même temps les élections de novembre dernier(...°)

14. AN. Valenttin Mubake vous être cadre de l'UDPS et conseiller politique d'Etienne

Tshisekedi l'UDPS a aligné des candidats qui ont été élus, mais aujourd'hui vous demandez à ces députés, eh à ces élus de l'UDPS de ne pas siéger, pourquoi !

6. INV1 je crois qu'il faut d'abord commencer par préciser le contexte politique actuel du

Congo pour comprendre l'intelligence de cette décision du parti, qui a été signé par le secrétaire général, Monsieur Kahungu, et rendu public par le secrétaire national à l'information. Quel est le contexte politique actuel du Congo ? En 2006, pour résumer, tout le monde avait condamné l'UDPS et monsieur Tshisekedi d'avoir refusé de participer aux élections générales d'alors, quand bien même l'UDPS avait démontré à la face du monde que les conditions de transparences n'étaient pas réunies. Aujourd'hui xxx certains compatriotes de certains parties politiques qui avaient accepté malgré tout de participer à ces élections, le

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RCD, MLC, RCD KML et j'en passe, aujourd'hui donc avec le recul du temps, tout le monde dit que c'est monsieur Jean Pierre Bemba qui avait gagné ces élections, je fais allusion aux déclarations du Cardinal Etsou, paix à son âme, bien les collègues qui avaient participé aux législatives, eh à la législature qui vient de prendre fin, pendant cinq ans, ils ont dit qu'il fallait combattre de l'intérieur, ils n'ont plus rien changé. La constitution a été tripatouillée en leur présence, la Loi électorale leur a été imposée, une inique et injuste et j'en passe. Ce n'est pas qu'ils étaient incapables, mais dans une Assemblée, c'est la loi du nombre qui compte. Mais si ce nombre là est celui que je mérite, je m'incline. Mais il ne fait que ce soit un nombre qu'on a imposé injustement(...).

AN. Merci Valentin Mubake, Germain Kambinga, député de l'opposition, vous êtes

secrétaire national du MLC chargé de la communication, les députés ont été nommés selon Valantin Mubake, votre réaction.

INV2. Ecoutez, peut être une petite correction, je suis porte parole du MLC, je ne suis pas

secrétaire national à communication, OK. Ecoutez, je crois que chaque parti politique eh, xxx je crois que l'UDPS reste dans sa logique , une logique dans sa démarche, eh le MLC a fait campagne xxx c'est vrai que les faiblesses structurelles, organisationnelles et opérationnelles de la CENI profiteraient évidemment à celui qui aurait les manettes du pouvoir. Tous unanimement avons considéré qu'il n'était pas possible de faire autrement que de jouer sur la mobilisation populaire pour contraindre la vérité des urnes, malheureusement tout ceci n'a pas pu se faire comme nous l'imaginions. Maintenant nous nous retrouvons tous un tout petit peu comme responsables et victimes de la situation. Quelle est l'alternative pour la MLC dit, dans le cas particulier des élections législatives, notre critique, nos revendications se ferons au cas par cas. Dans la mesure où il y a plus ou moins une certaine quantité plutôt importante de circonscriptions où les élections se sont déroulées plutôt pas mal, il en y a d'autres où effectivement tout devait être remis en question. Donc la position du MLC c'est une vérification au cas par cas(...). Annuler l'élection présidentielle et les élections législatives comme le réclame l'UDPS c'est bien, mais nous resterons avec quoi ? dans ce grand pays nous n'avons plus d'institutions, quelle est la démarche, moi je voudrais peut-être que l'UDPS nous renseigne quant à l'alternative qu'elle propose, qu'est-ce qui remplacerait l'institution Assemblée nationale, qu'est-ce qui remplacerait l'institution président de la république dans le laps de temps où ces deux échéances seraient annulées ?(...°)

AN. Merci Germain Kambinga,c'est e temps de passer la parole aux autres invités, c'est un

débat politique. Professeur André Lubanza, je rappelle que vous êtres analyste et vice doyen chargé de la recherche à la Faculté des sciences sociales administratives et politiques, quelle analyse faites-vous de la non participation de députés l'UDPS et alliés à la session extraordinaire ?

INV3 Bon merci pour la parole, pour ne pas remonter très très loin, je pense que ce refus de

participer aux sessions de l'AN constitue une contestation politique de la part de l'opposition, notamment de l'UDPS et alliés. Mais que vise cette contestation politique ? est-ce qu'elle cherche à délégitimer l'Assemblée nationale où l'objectif est encore plus grand, celui de rendre toutes les élections ? A voir la position que l'UDPS et alliés ont adoptée, on peut se demander sur l'efficacité de cette action là. E+En restant à l'extérieur, est-ce que le message est plus fort qu'en étant à l'extérieur, c'est à eux de donner de la lumière là-dessus. Mais quand j'entends ce que dit le représentant du MLC, je sens un peu beaucoup d'ambiguïté et même de la résignation, c'est comme si malgré tout ce qu'on a constaté, on est sans ignoré eh, dans une situation sans issue et donc on doit accepter, je trouve ça un peu anormal quoi(...) je

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pense qu'une lutte à l'intérieur serait une bonne chose, à condition que l'opposition arrive à s'organiser(...)

AN. Valentin Mubake, vous avez entendu toutes les questions soulevées ici, finalement que

vise la contestation de l'UDPS, reprendre toutes les élections ou seulement législative et que sera l'alternative.

INV1 L'UDPS demande la volonté des urnes, car c'est monsieur Tshisekedi qui a gagné les

élections. Nous sommes dans un contexte où il faut rompre avec ce passé là. Nous demandons, nous comme le président tshisekedi d'annuler les élections législative et l'élection présidentiel c'est lui qui l'a gagnée(...)

AN. Prenons cette réaction qui vient du Kasaï oriental.

AUD3 Kongo Kababa Pierre de Mbuji-Mayi au Kasaï Oriental, au nom du principe de la

souveraineté nationale, les députés de l'UDPS doivent siéger et en plus ils doivent choisir entre le mot d'ordre de leur leader et le choix fait sur eux par la population, il faut aussi savoir que le boycott de 2006 n'avait rien changé et celui de 2012 ne changera rien parce la mouvance actuelle a une majorité à l'Assemblée.

AN Il y a aussi cette réaction de Robert de Béni au Nord Kivu, qui aborde aussi dans le même

sens il dit ceci :

AUD4 j'aimerais que Valentin Mubake nous dise pourquoi la direction politique de son parti ne veut pas à ce que ses élus participent aux plénières ? Sont-ils députés pour défendre l'intérêt du peuple congolais ou pour défendre l'intérêt de l'UDPS ? Qui fera le contrepoids si l'opposition est absente ?

AN. Votre réaction monsieur Mubake.

INV1. Je dis précise ceci madame, les députés de l'UDPS ont été élus entre guillemets par la

Loi actuelle la proportionnelle sur base des listes de l'UDPS. Ils ne sont pas de candidats indépendants. Par conséquent ils doivent respecter la discipline du parti.

AN. Merci Valentin Mubake, c'est la fin de cette émission , merci à toute l'équipe du

Dialogue entre congolais, Guy Mate, Samuel sous la supervision de Martin Sebuijangwe, merci à , au micro Kelly Kute, vous pouvez réécoutez cette émission sur radiookapi.net rediffusion demain 4h15 heure de Kinshasa, bonne soirée chez vous et bonne suite de programme sur la fréquence de la paix.

AN. Merci beaucoup madame Chantal, on va prendre d'autres réactions des auditeurs qui viennent de nous parvenir jean Bosco de Lubumbashi au Katanga

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3. Emission du 27 février 2012/

Thème : L'Observatoire des medias congolais exige la réouverture de RLTV et Canal Futur AN. :

INV1: Chantal Kanyimbo, Raporteur du CSAC

INV2 : Polydor Muboyay, Président de l'OMC

INV3 : Rigobert Munkeni, Professeur au Département de l'Information de l'UPN, de l'UNILU et de l'IFASIC, et Chef de Bureau de l'Agence panafricaine de l'Information.

AUD1(Bernard Mibeko/Equateur), AUD2 (Pépé Lisungi/Kisangani),

AUD3(Jean Bosco/Lubumbashi), AUD4(Robert Bahome/Bukavu-Sud Kivu),

AUD5 (Matembe/Mbandaka),

AN. Bonsoir et bon début de semaine à tous, situation des médias en RDC, dans un communiqué publié la semaine dernière l'OMC exige la réouverture des chaînes de TV RLTV et Canal Futur , deux chaines proches

de l'opposition fermée comment analyser la recommandation de l'OMC c'est le thème du dialogue entre
congolais de ce lundi 27 fév. 2012, pour en parler je reçois dans cette émission pour le débat Chantal Kanyimbo elle est rapporteur du CSAC , la réalisation me signale qu'elle n'est pas encore en ligne, Polydore Muboyayi président de l'OMC, professeur Munkeni( bonsoir madame), il est professeur au département d'info à l'UPN, Unilu et Ifasic et chef de bureau de l'agence panafricaine de l'info, prof bonsoir, vous êtes nombreux à nous envoyer vos réactions c'est le cas de Bernard Mibeko de l'équateur

AUD1 : nous militons tous pour l'instauration d'un véritable état des droit mettons quand même en pratique les principes qui favorisent cet état de droit au lieu de nous verser dans l'arbitraire

AUD2 : C'est Pepe Lisungi de Kisangani province oriental : je me demande si le CSAC a été créé pour fermer les chaines de l'opposition et donner des blâmes aux chaines du pouvoir, pourquoi toujours les chaines des opposants alors qu'on constate le dérapage partout ?

AN. Merci de nous suivre à Kananga au Kasaï occidental 93.0 et pour vous qui êtes à l'étranger merci de nous rejoindre sur www.radiookapi.net bienvenu à tous dans cette émission. (jingle) l'OMC exige la réouverture de RLTV et canal Futur , OMC demande à mm tps CSAC de prendre ses responsabilité(...) le secrétaire exécutif de l'OMC , le prof Bernard Munsoko wa Bombe joint pat Vivinne mbenga(nous souhaitons que l'autorité puisse s'assumer, nous souhaitons que les deux soient réouvertes dans le meilleur délai)

AN. Chantal Kanyimbo vous êtes bonsoir INV1 bonsoir

AN. Comment vous analyser cette recommandation de l'OMC qui exige la réouverture des chaine de RLTV et c fut

INV1 bon, c'est de c'est de son doit, je pense que l'OMC avec l'UNPC, les deux organisations professionnel dans le cadre de l'autorégulation ont pour mission de défendre l'exercice de la liberté de la presse (...) nous soutenons leur démarche, mais pouvons discuter sur un certain nombre d'affirmation(...)

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AUD3 : C'est bien de fermer une chaîne dans le but de remettre de l'ordre surtout en période tragique , mais je pense qu'il faut essayer de mettre de l'eau dans le vin en équilibrant l'atmosphère médiatique

AUD4 : C'est Robert Bahome de Bukavu au Sud Kivu : les médias doivent normalement travailler en toute liberté pour informer la population , mais ils ne doivent pas confondre la liberté que leur reconnaît la loi avec le libertinage quelles que soit leur tendance politique respective, je pense que sur cela que l'OMC devrait s'appesantir pour bien orienter nos médias dans leurs actions quotidiennes.

AN. Professeur Munkeni comment

AUD5 : Matembe de Mbandaka à l'Equateur : à mon humble avis la mission principale de CSAC comme une institution d'appui à la démocratie consiste à veiller au respect de la déontologie en la matière et donner l'accès équitable à tous les partis politiques et aux citoyens euh les moyens euh donner euh le moyens euh excusez-moi donner l'accès équitable à tous les partis politiques et aux citoyens les moyens officiels d'information et de communication, cette structure doit toujours soutenir les revendications de l'OMC dans un Etat démocratique les médias de l'opposition politique ont ces droits qui sont liés à leur existence et leur activité pour la conquête démocratique du pouvoir , donc les revendications de l'OMC tiennent débout.

Madame Chantal Kanyimbo comment garantir la liberté d'expression en RDC ? INV.1 je pense que le législateur avait raison

4. Emission du 28 février 2012

Thème : Etats des lieux des parcs nationaux de la RDC

AN. Kelly KUTE

INV1. Cosmas Muyungula, ADG de l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN)

député national, expert en environnement,

AUD1(Kairi Matembera/ Kalemi- Katangai), AUD2 (Carlos Benga/Butembo -Nord Kivu),
AUD3 (Babet Mande/ Katanga)

AUD4( non identifié),

1. AN. Comment assurez une bonne protection des parcs nationaux en RDC, c'est le thème du

dialogue entre congolais de ce lundi 28 février 2011 et pour en parler, je reçois dans cette émission pour le débat Cosmas Muyungula, Administrateur Directeur Général de l' Institut congolais pour la conservation de la nature, il va nous rejoindre dans un tout petit moment. Dans ce studio avec moi François Nzekuye, député national, expert en environnement, monsieur Nzekuye bonsoir(bonsoir), Muhindo Nzangi, député national bonsoir(bonsoir madame). Vous êtes déjà très nombreux à nous envoyer vos réactions :

2. AUD1 Katanga Kalemi/ Kairi matembera) : la protection de nos parcs est un devoir de tous d'en bénéficier et un droit de tous dans un Etat de droit

3. AUD2 Carlos Benga N Kivu, Butembo, la demande toujours croissante de terre, la pauvreté

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des populations riveraines contrainte de vivre de la chasse, cueillette et ramassage, la méconnaissance de bienfait immédiat du parc, la persistance des groupes armés rendent incertain le travail de l'ICCN.

4. AN. Des cas de braconnage persiste dans les réservés naturelles de la RDC et selon

l'Institut congolais pour la conservation de la nature(ICCN en signle), ce braconnage est pratiqué par des hommes en uniforme incontrôlés, il menace la survie des espèces protégées, NUNU Ngoy nous en dit plus (....).

5. REP La RDC compte plusieurs parcs nationaux reconnus par l'UNESCO comme étant un

patrimoine mondial, mais malheureusement aujourd'hui, beaucoup d'entre eux sont en péril. Ces parcs et aires protégées frappés de plein fouet par le braconnage. Ce phénomène a pris des proportions inquiétantes depuis plus d'une dizaine d'années à cause de la présence des bandes armées dans la partie Est du pays. Les animaux qui sont abattus font partie de la liste des animaux protégés(...). Le parc de virunga n'est pas à l'abri de cette pratique. Les éléphants sont abattus à cause de leur pointe d'Ivoire. Selon l'ICCN, environ 500 têtes d'éléphants ont été abattus en 2011 par principalement des hommes en uniforme incontrôlés (...). Au parc national de la Garamba, ce sont les Rhinocéros blancs qui payent le frais. Au parc de Salonga, dans la province de l'Equateur et Bandundu ce sont les bonobos qui intéressent les braconniers. Ces braconniers sont lourdement armés. Ils opèrent, d'après les informations reçues, avec la complicité des hommes en uniforme incontrôlés qui leur fournissent armes et minutions.

6. AN. Merci Nunu Ngoy pour ces éléments, monsieur Cosmas Muyungula, vous êtes le

directeur de l'Institut congolais pour la conservation de la nature, je vous ai pas salué bonsoir (bonsoir merci). Alors bonsoir l'administrateur comment vous expliquez ce phénomène ? je parle de braconnage.

7. INV1. En fait, le braconnage en ce jour prend de l'ampleur telle que vous la vivez et

connaissez, telle que vous l'avez décrit, parce qu'il y a des raisons qui sont pratiquement des motivations commerciales qui se sont intégrées. Vous savez aujourd'hui, le prix d'Ivoire sur le marché au Japon ou en Taïwan est arrivé jusqu'à 850 euros le kilo, et quand vous regardez maintenant ce qui n'existait pas par le passé, le prix de la peau de l'Okapi pour des raisons d'ornement dans les milieux orientaux ont aussi pris un prix très très grand et ça pose de problème. Au niveau des oiseaux vous ajoutez le trafic des perroquets gris. Tout alimente le braconnage(...).

8. AN. Merci Cosmas Muyungula, François Nzekuye, vous êtes député national et expert en

environnement comment vous expliquez l'ampleur que prend ce phénomène en RDC depuis un certain temps ?

9. INV2 oui eh ce phénomène est inquiétant, eh parce que nous savons que le tourisme au-delà

des parcs, parce que ne faut pas considérer qu'on conserve pour conserver, car si nous mettons suffisamment des moyens pour que les parcs existent dans notre pays c'est parce que nous croyons d'abord à la préservation de la nature. Mais aussi parce que les parcs constituent des ressources. Un pays comme le Kenya tire plus de 20% de ses revenus du tourisme lié au bon entretien de leur parcs. La fait que le braconnage prenne de l'ampleur, c'est un danger pour notre économie d'abord, au-delà'un danger sur la disparition bien évidemment des espèces en danger. C'est une question que nous devons examiner avec sérieux pour doter

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l'ICCN des moyens de pouvoir préserver nos parcs nationaux. Mais au-delà de cette thématique, nous devons poser la question aussi de retombées des parcs nationaux vis-à-vis de la population locale. Parce que s'il y a une grande acuité de ce braconnage, c'est aussi parce que la population locale ne retrouve pas de dividende du fait de vivre à proximité du parce. Un des intervenants a fait relever le fait que la population environnante vit dans une extrême pauvreté, pendant que les animaux sont là. Parfois ils ont de carence alimentaire en viande. Et ils se disent pourquoi nous devons vivre à côté, à 10 m de la viande et non pas la consommer dès lors que ça ne nous coûte rien. Et donc toutes ces questions posent un réel problème de la distribution des revenus, des retombées venant des parcs nationaux aux populations locales. Et comment l'ICCN peut distribuer des revenus qu'il ne génère pas parce que vous savez effectivement que les zones eh constituées par les parcs particulièrement à l'Et sont effectivement des zones post-conflits et pour certains cas ce sont des bastions actuels des mouvements armés non invités. C'est le cas à Virunga où l'on retrouve des éléments non invités venant du Rwanda ; c'est le cas dans la réserve d'Okapi dans la Province Oriental où l'on retrouve la LRA, et donc cette présence militaire n'encourage pas le tourisme. Un touriste a besoin de voir les animaux ; il n'a pas besoin de perdre sa vie en faisant le tourisme. Donc le premier élément pour rentabiliser les parcs, c'est d'assurer la sécurité. Le deuxième élément c'est qu'il y ait des voies d'accès. Aujourd'hui quand vous quittez Goma pour aller à la Rundi, ce n'est plus une heure que vous passez comme à la belle époque. Il faut passer quatre heures sur la route parce que l'état de route n'est pas praticables. Et le dernier fait c'est les structures d'accueil. Quand eh il n'y a pas d'hôtels convenables dans le milieu, et que les services sont plus chers que dans les pays voisins, on remarque que les touristes préfèrent se loger pour ce qui concerne encore le parc de Virunga au Rwanda où ça coûte moins cher, c'est plus sécurisé et il ne font que des randonnées sur les parcs en donnant pratiquement des miettes à l'Etat congolais.

10 AN. Si je vous comprend bien François Nzekuye, vous voulez dire que ce braconnage est

justifié par les éléments que vous venez d'énumérer là?

11. INV2 Bon je ne dis pas que c'est justifié, on ne peut pas justifier un méfait. Disons qu'il y a des raisons qui poussent ce phénomène à prendre de l'ampleur(...)

12. AN. Merci François Nzekuye, eh Muhindo Nzangi, vous êtes député national, comment
vous expliquez ce phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur ?

13. INV3. Bon, moi d'abord je vais regretter, parce que l'ampleur que prend ce braconnage c'est

inquiétant pour l'avenir de notre pays. Parce que nous avons d'abord des espèces qui qui n'existent pas ailleurs, et nous avons intérêt de les garder. Moi je voudrais dire une chose que je suis surpris que ça prenne cette ampleur maintenant. Puisque par rapport à ailleurs, je croyais que les choses étaient en train d'être maîtrisées. Mais je me retrouve que maintenant les éléphants ils sont, eh, alors qu'hier on était en guerre, aujourd'hui on n'est officiellement plus en guerre, on ne devrait plus se retrouver dans des situations dramatiques comme-ci. Bon moi j'ai une autre façon d'expliquer la chose, c'est qu'effectivement il y a une question aussi de marchandage.

14. AN. Merci monsieur Cosmas, je vais aussi vous donner la parole vous êtes encore là. Cette

situation de braconnage qui persiste dans les réserves nationales de RDC est aussi dénoncée par la société civile du Katanga. Pour Maître Sabet Mande, activiste de la société civile xxx La présence de miniers constitue l'un des facteurs à la base de braconnage suite à la destruction des habitats de différents mammifères dont les éléphants, on écoute Maître Babet Mande au téléphone de Samuel Katsha

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15. AUD3 Au Katanga on a suffisamment dénoncé le braconnage et l'ICCN a des rapports sur la

présence des miniers dans les parcs, parce que en même temps qu'il y a braconnage, en même temps qu'il y a destruction de l'habitat de ce mammifères, notamment les éléphants. Les miniers qui se retrouvent dans les parcs comment vous allez protéger les animaux sans protéger leur habitat ? Donc ça pose déjà un problème, donc nous allons faire des actions en justice, nous déplorons quand même le comportement de l'autorité. La société civile dénonce le braconnage, au-delà de cela, il faut qu'on aille dans des résolutions concrètes, dans les mesures pratiques au lieu des voeux politiques, pour quoi ne pas sanctionner, la loi existe mais on n'applique pas la loi, mais aussi amener le lobby au niveau international parce que les questions des aires protégées sont des questions locales mais aussi globales, ça concerne l'ensemble de l'Afrique ça concerne l'ensemble du monde et surtout pour les aires protégées du Congo.

16. AN. François Nzekuye, l'exploitation minière aussi est un des facteurs qui favorise le
braconnage ?

17. INV2 Eh Non il ne l'a pas dit je ne crois pas que l'activité minière peut favoriser le braconnage, par contre contre elle peut éloigner les animaux de leur habitat naturel eh.

18. AN. et lorsque ces animaux s'éloignent et que quelqu'un qui passe par là tire sur cet
animal, est-ce que ce n'est pas le braconnage ?

19. INV2 Non je ne crois pas que cela en soi constitue euh le problème lié au braconnage, c'est

vrai...( Est-ce que ça ne préjudicie pas les parcs ?) suis d'accord que c'est un éléments qui met en danger la vie des animaux. Et en cette matière, le code minier a prévu des zones de restrictions où l'activité minière ne doit pas se dérouler. Et parmi ces zones de restrictions, il est cité nommément les parcs nationaux et les réserves naturelles. Et donc aucun permis ne peut ou ne doit être concédé à un détenteur d'un titre minier dans une zone de restriction. Et si par malheur cela arrive (...), à ce moment il y a des concertations qui doivent avoir lieu avec l'ICCN pour régler ce différend.

20. AN. Merci François Nzekuye, Honorable Nzangi , on a évoqué ici l'exploitation minière et

même pétrolière dans certains parcs de la RDC, si je me rappelle à une certaine époque vous étiez favorable à l'exploitation du pétrole dans le parc de le Virunga, pourquoi ?

21 INV3. Oui bon Je vais le dire, d'abord je vais eh je voudrais qu'effectivement aussi au niveau

de la loi, qu'on ne crée pas de possibilité de compromis. S'il est interdit de faire l'exploitation minière dans une zone, puisque la zone est protégée, il faut qu'il soit ferme qu'on ne peut pas faire l'exploitation dans cette zone puisque c'est la possibilité de compromis qui est en train de nous créer des problème(...) pour les ressources, moi je dis en tant qu'économiste, on ne peut pas puisque on a par la volonté à une certaine époque on a demandé qu'une zone soit déclarée parcs, et qu'on y retrouve une manne, on ne peut pas se dire, puisqu'on a avait dit que cette zone est déclarée parc qu'on va laisser cette manne sans l'exploiter. Moi je ne peux pas savoir expliquer à mon enfant que j'ai faim, il y a du pétrole ici et qu'en 1925 on avait dit que cette partie ici, il n'y aurait pas des activités, qu'on laisse ce pétrole là-bas alors que les gens ont faim autour de cette ressource, non. Au même moment que nous voulons protéger l'environnement, au même moment notre pays a besoin de revenu, au même moment notre

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gouvernement a besoin de ressources. Ce n'est pas pour rien que nous disons à tout le temps que ça fait quand même 80 années que ces parcs existent là-bas et que les gens continuent à marcher pied nu. Si le parc était une fin en soi, peut être qu'il seraient en train de se vêtir, ils ne seraient pas dans une grande pauvreté comme ils le sont aujourd'hui(...)

22. AUD4. xxx l'autorité locale xxx actuellement elle s'est révélée comme adversaire de nos aires

protégées du fait qu'elle s'est conduit pour user d'une démagogie lors des campagnes électorales en incitant à la destruction de nos ressources xxx

23. AN. Votre réaction honorable

24. INV2. Oui vous savez, on a toujours utilisé cette astuce là pour condamner les politiciens

notamment les députés que les députés marchandent les parcs. Moi personnellement on a déjà dit que l'honorable Nzangi marchande les parcs pour se faire élire. Cette fois-ci, je me suis fait élire dans une circonscription qui n'a même pas de parc. C'est pour dire que pour se faire élire on n'a pas besoin de parler du parc.

25. AN. Monsieur Cosmas, comment faire pour assurer une bonne protection de nos parcs
nationaux ?

26. INV1 Merci, je crois une chose qu'il faut bien préciser c'est de connaître ce que c'est

l'ICCN. C'est une institution d'application de la loi. Nous nous sommes une institution d'application de la loi, nous ne faisons pas de loi. Heureusement que j'ai deux députés à mes côtés. (mais est-ce que la loi est appliquée ?). Voilà, et c'est ça le problème, l'ICCN quand elle applique la loi ça signifie que les limites des parcs sont là, on me dit dans les parcs se sont les habitants des animaux et non les habitats des hommes. Dans un parc on ne peut pas faire ça et ça. Il n'y a pas de braconnage(...)

27. AN. Merci, c'est la fin de cette émission, merci à toute l'équipe du dialogue entre congolais

Guy Mate, Samuel Kasha sous la supervision de Martin Sebuejangwe, merci à Diakala qui était à la technique, au micro Kelly KUTE, retrouvez cette émission sur notre site internet www.radiookapi.net, bonne soirée chez vous et bonne suite de programme sur la fréquence de la paix. (jingle)

5. Emission du 29 février 2012

Etats des lieux des routes de desserte agricole en RDC

AN. Alain IRUNG

INV.1 : Fulgence Lobota, DG de Foner

INV2. Tshiatembo Mukanya chef de division des finances et du budget à la Direction des routes de

desserte agricole.

AUD1. (Ruffin/ Beni) AUD2.( Dieudonné/ Kilwezi- Katanga)

AUD3.(Thierry) AUD4(Alex Kabeya)

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AUD5(Guilain de Kiwanja) (...1...)

AN. Ruffin Beni oui effectivement, effectivement monsieur euh je suis à Beni, eh je regrette beaucoup parce que quand on parle des route, on ne parle pas de Foner ici à Beni quand vous voyez par exemple ce qui se passe, euh vous quittez Mombasa au Kenya pour arriver à Bondo à la frontière du Congo vous voyez que la route est parfaite et quand vous arriver maintenant ici chez nous à Kasindi et pour arriver à Beni, c'est vraiment catastrophique, nous demandons à xxx le gouvernement d'intervenir, mais il y a un responsable de FONER il doit chercher des partenaires pour financer ces routes au lieu d'attendre seulement vous avez vu l'état de route quand vous faites cette route là sur 94 km on dirait vous faites un mois sur la route vous voyez les gens de Foner qui sont là ils essaient d'arranger la route, mais ce sont des mendiants que vous faites par exemple la route Beni Butembo, Beni kinsangani, mais c'est vraiment malheureux bon on attend du gouvernement moi je m'adresse au patron de Foner, il n'a qu'à aller chercher des partenaires faire des routes asphaltées, mettre des goudrons comme partout ailleurs, nous avons la honte quand nous faisons des voyages chez nous on voit ceci, vous voulez qu'on amène la nourriture , par exemple je vous donne un exemple pour faire Beni-Kisangani aujourd'hui nous faisons cela avec le transport de bus qui viennent de Kampala, des bus qui viennent qu'on appelle , mais je te dis, avant c'était deux jours, mais aujourd'hui nous faisons 4 à 5 jours sur la route vous connaissez bien nos routes ici quand est-ce que l'Office de route et les gens de Foner parce que ça fait mal vous passez 4, 5 jours sur la route ...

AN. On vous a suivi Ruffin, voilà, Ruffin on vous a suivi , votre souci c'est qu'il ne faudrait pas que Foner vous avez d'ailleurs adressé personnellement cette demande aux responsables de Foner, vous dites qu'il na faudrait pas qu'ils attendent seulement le gouvernement, mais qu'ils cherchent d'autres partenaires ailleurs qui peuvent financer le Foner plutôt que d'attendre seulement au niveau du gouvernement congolais. Merci c'est votre point de vue. Quelle est la situation des routes de desserte agricole dans votre milieu ? vos réactions sont très attendues nous avons Dieudonné qui est à Kolwezi à au Katanga, Bonjour Dieudonné

AUD2. Bonjour monsieur le journaliste et bon anniversaire chez vous à l'Okapi (merci) je voulais seulement intervenir et demander d'abord la première question à notre invité de savoir, d'abord les engins que le gouvernement avait achetés pour la réhabilitation des nos routes, où sont ces engins et dans quel sites ces engins sont en train d travailler aujourd'hui ? à présent moi je suis à Kolwezi, nous avons la route de desserte agricole qui quitte Kolwezi jusqu'à Kinda , cette route qui quitte Kolwezi Kinda si vous voulez pratiquer cette route il y a à peu près une affaire de 100 quelque chose de km , mais si vous prenez le véhicule vous faites à peu près deux semaines pour arriver à une distance de ...

AN. Voilà désolé, on perdu Dieudonné qui donnait le témoignage par rapport à la route qui relie, à la route Kolwezi-Kinda. 100 km pour deux semaines parce qu'elle est en mauvais état. Nous allons quelques messages avant de revenir à notre invité. Monsieur vous êtes avec nous en ligne ?

INV1. Oui, oui, je suis en ligne

AN. Nous allons revenir à vous, lisons d'abord quelques messages. Eli Bariane dit ceci :

AUD3 : je me demande lorsqu'on met de la terre sur le chemin à terre battue, est cela une réhabilitation ? c'est le cas de la route de la route xxx qui euh se détériore. Ces routes sont indispensables pour la promotion de l'agriculture, et c'est une honte pour nous, avec cette potentialité en agriculture que nous avons. Il faut que le gouvernement en tienne compte sinon la RDC continuera à dépendre des importations.

AN. Thierry Atangi de Rutshuru Nord-Kivu dit ceci

AUD4 je constate que ce sont seulement les populations locales qui tentent de maintenir ces routes avec des maigres moyens, il faut que le gouvernement se ressaisisse à ce propos, le gouvernement peut soutenir ses population qui se sont déjà investies

AN. Alexe Kabeya dit :

6. Emission du 01 mars 2012

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AUD5 c'est une question de volonté politique du chef de l'Etat et dans 10 ans tout peut changer, par rapport à ces routes de desserte agricoles

AN. Guillain qui est à Kiwanja au Nord-Kivu dit ceci :

AUD6 nos routes ne sont pas aménagées et celles qui tiennent encore datent de l'époque du Zaïre, euh et et pourtant, nous payons chaque jour, chaque fois de l'argent ch chez Foner , nous voulons savoir comment ces fonds sont gérés ! Pourtant le président de la République est passé lui-même euh par cette route là plus de 3 fois avec sa sa Jeep, je ma demande s'il n'a pas eh constaté l'état de route ! on pensait d'ailleurs pendant ce temps là qu'il pouvait donner la pousse pour réhabiliter cette route. Dommage.

AN. Samuel Mulimirwa dit ceci :

AUD J'ai l'impression que le gouvernement réaménage les routes pour son prestige, surtout pense aux routes qui sont e ville et ne voit pas l'intérêt des routes de desserte agricole.

AN. Carine Kapitene de Butembo dit ceci: peut-être on va terminer par lui, qui dit ceci,

AUD8. avant d'accuser à tort et à travers , il est important de préciser que si ces routes doivent être entretenues par le gouvernement central ou provincial cette précision nous permettra de savoir vers qui nous devons présenter nos doléances, ici à Butembo, la route Mongoshiba est dans un état très critique et pourtant elle est d'une importance capitale.

AN. Nous allons revenir à vous monsieur Tshiatembo pour conclure cette émission, il y a cette question posée par un auditeur qui voudrait savoir si ces routes de desserte agricole sont sous la responsabilité directe du gouvernement central ou du gouvernement provincial.

INV1. Non le Foner est là simplement pour l'entretien des routes déjà réhabilitées. Alors c'est comme je vous ai dit là, les routes sont réhabilitées par nos partenaires, mais nous allons demander au gouvernement congolais de pouvoir prendre en charge toutes les routes de desserte agricole, même dans le cadre du budget des investissements. C'est tout ce que je peux dire pour le moment.

AN. Merci à vous qui avez suivi cette émission, c'est par là que nous terminons l'émission de ce jour. Retrouver cette émission sur notre site www.radiookapi.net.

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Signature d'un contrat de performance entre l'Etat congolais, la SNEL et la Regideso AN. Kelly KUTE

INV1. Kabengele, Professeur à l'Unikin(FSSPA)

INV2. Maître Pathy Lendo, député national de l'opposition

INV3. Ir Victor Kendi

AUD1. Matumaini Franklin/Bukavu AUD2(Jean Kasunge/ Baraka au Sud-Kivu

AUD3 (Kaheri Matembera/ Kalemi au Katanga

AN. Le gouvernement congolais promet d'apurer tous les arriérés de factures qu'il doit à Société nationale d'électricité (SNEL) et à la Régie de distribution d'eau (Regideso) et à faire respecter par ses administrations les délais de règlement des factures, problème de desserte en eau se pose avec acuité, que faire pour résoudre ce problème ? Réaction de Matumaini Franklin Bukavu,

AUD1 : pouvons nous comprendre que c'est le gouvernement qui était à la base des multiples problèmes de ces deux sociétés, et qu'est-ce qui rassure que le gouvernement s'acquittera cette fois-ci de cet s engagements pris vis-à-vis de la SNEL et de la Régideso car notre gouvernement prend souvent des fermes engagements qui sur papier sont porteurs d'espoir mais pour l'exécution ça pose problème ne sera-t-il pas le cas pour cet engagement ? Et le gouvernement a-t-il des moyens pour s'en acquitter car c'est devenu une habitude quand il veut échapper à ses responsabilités il évoque l'absence des moyens.

INV1. Xxx sous constatons que l'entreprise est incapable de recouvrer comme il le faut, il en est de même de la régideso qui demande à l'Etat de payer, ce qui est très bien, l'Etat accepte de payer ses dettes, mais le Regideso insiste sur le tarifs préférentiels qu'elle ne payera plus, mais n'insiste pas sur le tarif forfaitaire qu'elle doit complètement abandonner, parce qu'aujourd'hui la Regideso n'a pas de compteur, pour la regideso, il va falloir que l'on mettre fin à la tarification forfaitaire(...) Il faut disponibiliser les compteur et recouvrer les frais de consommation en fonction de ce qui est réellement consommé. En plus de cela la regideso doit résoudre le problème de la population. Il y a trop de réclamations, trop de plaintes, mais la société est incapable de résoudre le problème (...). Les problèmes de ces deux entreprises n'est pas de moyen, mais de gestion.

AN. Maître Pathy Joseph Lendo, acteur politique de l'opposition, vous quelle analyse vous faites des engagement entre l'Etat congolais d'un côté et de l'autre côte la Snel et la Regideso ?

INV2 Merci encore une fois, mais sincèrement quand j'observe certaines choses qui se passent sous le label gouvernement de mon pays j'ai des larmes aux yeux. Et voyez vous je pleure dans l plus fonction de mon être et de mon coeur au point de pouvoir me dire, est-ce que dans ce pays, nous savons d'où venons où nous sommes et nous voulons aller ? bien nous allons parler du contrat aujourd'hui, mais souvenez-vous autour de cette même table, nous avons évoqué le problème de la Snel, il n'ya pas encore une année avec un des anciens Adg de la Snel où il nous été dit clairement que le gouvernement avait disposé plus de 50 millions de dollars pour que la populataion congolaise ou celle de Kinshasa puisse sentir une rupture dans la manière de rendre l'eau et l'électricité auprès de cette même population. Mais aujourd'hui, le gouvernement a oublié cela. C'est quand même très grave pour une gourvernance d'un Etat qui se dit aussi sérieux comme les autres. Mais aujourd'hui on nous dit contrat, mais tant mieux (...) mais on ne nous a pas rendu compte de ce qui a été des millions mis à la disposition de Snel et de Regideso.

AN. Nous prenons quelques réactions des auditeurs, jean Kasunge de baraka au Sud Kivu

AUD2 : nous souhaitons une suite heureuse à ce contrat de performance conclue entre l'Etat et ces deux sociétés combien important pour le peuple congolais toutefois, tout en saluant l'éveil de conscience du gouvernement congolais, le peuple congolais se réjouira plus si les engagements réciproques entre partis au contrat sont exécutés, car les congolais sont riches en théorie et moins en pratique,

INV2. xxx Si vous voulez, je peux même répéter ce que les évêques disaient, ils disaient à celui qui aura rapporté les élections, on ne savait même pas qui, selon la vérité des urnes, on l'invitera à éviter le

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AN. Une autre réaction nous vient de Kaheri Matembera de Kalemi eu Katanga

AUD3 je doute de cet engagement suite à la bonne santé de corruption dans notre pays

INV3 Le problème des nos entreprise est réduit en ceci, les assainir et avoir une gestion axée sur le résultat, je crois qu'avec les deux, on l'avoir fait. Par contre si l'on reste dans les anciens mécanismes je crois qu'il n'y aura rien. La regideso est le premier client de la Snel. On ne doit seulement voir la ville de Kinshasa, cette façon de voir les choses est aberrante. Et aujourd'hui, on signe ce contrat, on va donner à la regideso et à la Snel des moyens, je crois que ces moyens ne seront plus que les autres moyens que l'on avait déjà mis à la disposition de ces entreprises. Qu'on exige d'eux des performances, c'est normal. Mais la première des choses il faut que l'Etat congolais à s'ingérer dans la gestion courante de ces entreprises. Il faut que ces entreprises, les gestionnaires soient sanctionnés en cas de dérapage. Il faudrait qu'on assainisse systématiquement ces entreprises. Et que la gestion soit axée sur le résultat.

7. Emission du 7 mars 2012

Thème : Les évêques s'entretiennent avec Kabila, Tshisekedi, Kamerhe et un délégué de Kengo

AN. :: Kelly KUTE

INV.1. Abbé Félicien Mwanama, 3è Secrétaire général de Cenco

INV.2. Raphaël LUHULU, conseiller principal du chef de l'Etat chargé du suivi des activités du parlement et des institutions d'appui à la démocratie

INV.3 Raymond Kahungu, secrétaire général adjoint de l'UDPS chargé des questions politiques et déplomatiques.

AUD1(Justice Kahindo), AUD2 ( Olivier Ngoba de Watsha à la province Oriental),

AUD3(Eric Crispin Dikiemfu), AUD4(Mupi Constat / Lubumbashi-Katanga),

AN. Les évêques catholiques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) ont rencontré lundi 05 mars dernier le président Joseph Kabila, le président de l'UDPS Etienne Tshisekedi, le président de l'UNC Vital Kamerhe et le délégué du président de l'UFC Léon Kengo, tous candida. Que pensez-vous de la démarche des évêques, c'est le thème du dialogue entre congolais de ce soir. (jingle) Réaction de deux auditeurs pour vous monsieur l'abbé, Justice Kahindo dit ceci :

AUD.1 les évêques ne vont-ils pas se trahir ? Pourquoi cette démarche en arrière, car hier ils soutenaient l'opposition aujourd'hui ils cherchent à se racheter en contentant les acteurs politiques du pays, car leur démarche de soutien à l'opposition a échoué, demain on ne sait pas ce qu'ils feront, c'est un jeu de cache cache au quel ils se livrent, une distraction pure et simple car le peuple connaît déjà leur position, ce qu'ils font aujourd'hui devraient le faire depuis euh eh bien avant.

AN. Un autre c'est, euh c'est Olivier Ngoba de Watsha dans la province Oriental

AUD2.: à mon avis les évêques sont en train de chercher à embellir ou couvrir leur attitude affichée, après la proclamation des résultats par la Ceni ils avaient rejeté les résultats proclamés ils avaient fait alliance avec l'opposition et tenté d'organiser les marches avec l'opposition pour réclamer la vérité des urnes au lieu d'aller à la Ceni, ils ont refusé.

AN. Monsieur l'abbé, une une réaction

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triomphalisme et je cite dans une démarche inclusive, privilégiant les vertus de dialogue au service du bien commun et de l'intérêt supérieur de toute la nation congolaise. Qu'il gouverne la RDC de manière à consolider la démocratie. Pour le dernier message, ils reviennent encore sur le dialogue. Donc ce n'est pas quelque chose que l'on a inventé aujourd'hui, c'est question d'être attentif à ce message des évêques , on comprendra qu'il y a une très grande cohérence qui s'inscrit dans ce souci du bien commun, dans ce souci d'un congo pacifié, d'un congo qui se développe et qui développe tout le congolais.

AN. Deux autres auditeurs encore pour vous monsieur l'Abbé : Justice Kahindo :

AUD.1 les évêques ne vont-ils pas se trahir ? Pourquoi cette démarche en arrière, car hier ils soutenaient l'opposition aujourd'hui ils cherchent à se racheter en contentant les acteurs politiques du pays, car leur démarche de soutien à l'opposition a échoué, demain on ne sait pas ce qu'ils feront, c'est un jeu de cache cache au quel ils se livrent, une distraction pure et simple car le peuple connaît déjà leur position, ce qu'ils font aujourd'hui devraient le faire depuis euh eh bien avant

Un autre c'est c'est Olivier Ngoba de Watsha dans la province Oriental

AUD2.: à mon avis les évêques sont en train de chercher à embellir ou couvrir leur attitude affichée, après la proclamation des résultats par la Ceni ils avaient rejeté les résultats proclamés ils avaient fait alliance avec l'opposition et tenté d'organiser les marches avec l'opposition pour réclamer la vérité des urnes pourtant ils devaient aller par la Ceni et qu'ils ont refusé.

INV1. Non ça c'est une lecture partiale et partisane du message des évêques. Evidemment chacun le lit d'après ses propres intérêts ou bien d'après son idéologie, mais celui qui revient à une lecture sereine, impartiale et objective il découvrira que les évêques se battent pour des valeurs. Qu'on les retrouvent dans la majorité ou dans l'opposition, ils sont d'accord que les défaillances se trouvent d'un côté ou de l'autre, ils ne sont pas contre un individu ou contre un camp. Ils sont contre le mal, ils sont contre le non vérité, donc qu'onaille pas identifier ou assimiler la position des évêques à celle de l'opposition ou bine à celle de la majorité. C'est pour le bien et je pense que tout le monde se retrouve dans ce message lorsqu'on sait ce qui s'est passé pendant les élections, ce que même la Ceni a reconnu, ce que même le Président de la République dans son message quand il dit on va améliorer, ça ne veut rien dire d'autre que reconnaître les défaillances qu'il y a eues.

AN. Merci monsieur l'Abbé Félicien Mwanama, le Conseiller principal du Chef de l'Etat chargé de suivi

des activités du parlement et des Institutions d'appui à la démocratie, Raphaël LUHULU, est dans ce studio bonsieur le Conseiller. (Bonsoir). Alors au niveau de la présidence de la République comment on a acceuilli la démarche de Cenco ?

INV2. Eh merci, la démarche de cenco est hm juste à féléciter, Hmmm, pour nous c'est hm pratiquement sur ce que le Président de la République Joseph Kabila a eu à le dire lors de son discours d'investiture que lui il reste ouvert à tout dialogue, avec les fils et les filles du congo qui aiment le congo et qui voudraient réfléchir sur le bien-être du peuple congolais. Dons ce que les évêques de la Cenco ont fait, cette démarche de contacter les acteurs politiques et surtout de rencontrer le Président Joseph Kabila, est une démarche que nous saluons (...) nonobstant le fait que les uns et les autres donnent les avis (...), mais ça revient aussi, cette démarche de la Cenco, corriger les avis tout à fait partisans de certains hommes d'église, de l'Eglise Catholique bien entendu de ceux qui commençaient à donner l'impression que leur avis personnel était l'avis de l'Egl ise Catholique ou l'avis de la Cenco. Parce que depuis la déclaration des évêques de Janvier jusqu'à la démarche entreprise par les évêques ce lundi 5 mars, nulle part les évêques n'ont abondé dans le même sens que les avis ou le discours distillés juste après la proclamation des résultats des novembre 2011.

AN. Nous prenons encore réactions des auditeurs :

AUD.3. Eric Crispin Dikiemfu : la seule porte de sortie à cette situation créée par la Ceni est la formation d'un gouvernement transitoire composé uniquement d'experts sans ambitions politiques et qui aura pour mission essentielle d'organiser dans un délai court les élections transparentes et crédibles après le recensement de la population, nous verrons à ce moment là qui euh à qui réellement le peuple aura donné le pouvoir

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AN. Mupi Constat de lubumbashi au Katanga dit ceci :

AUD4 : nous voulons que ce dialogue puisse avoir lieu pour que l'opposition puisse se retrouver dans le gouvernement afin de mettre en place le processus démocratique en marche pour que les élections prochaines soient crédibles sinon il y aura toujours le chaos pour l'avenir du pays.

AN. Vous pensez que ça peut faire partie de solution ?

AN. Raymond Kahungu, vous êtes Secrétaire Général adjoint de l'UDPS chargé de questions politiques et

diplomatiques. A l'UDPS comment est-ce qu'on reçu cette démarche de Cenco ?

INV3.eh l'UDPS se réjouit de cette démarche d'autant plus que c'est un parti de dialogue. Ca fait 30 ans que nous luttons dans la non-violence et le dialogue reste à l'UDPS comme une de ses principales armes. Le président Tshisekedi a salué l'honneur que lui a fait la Cenco à travers cette visite, donc pour le principe du dialogue, je pense que l'UDPS a salué la démarche, la question ne se pose pas à ce niveau-là. Mais au sortir de l'audience, après la visite des évêques, nous nous sommes mis à réfléchir sur une série de questions que nous nous sommes posées, c.à.d. le dialogue oui, mais pourquoi faire ? et avec qui ? nous savons c'est une spécialité congolaise. On crée des situations, on incite les acteurs à se retrouver autour d'une table pour essayer de sauver les meubles, si c'est pour partager le pouvoir ou légitimer les résultats actuels issus de la fraude électorale, nous attendons que les évêques définissent les termes de référence de ce dialogue pour que nous puissions nous prononcer en connaissance de cause. Le dialogue pour nous servirait justement à faire rappeler aux uns et aux autres les circonstances dans lesquelles les élections se sont déroulées. Parce que le peuple congolais a voté massivement, s'est déplacé et nous à l'UDPS nous avons beaucoup d'intérêt que toutes les formations politiques aient réclamer comme diraient les hommes d'Eglise la vérité des urnes, parce qu'il y a eu des pertes en vies humaines, il y a eu des victimes dans des hôpitaux jusqu'aujourd'hui, dans des prisons jusqu'aujourd'hui, pour justement que ces élections se passent dans la transparence. Cela n'a pas été le cas,(...)

(...1...2...3)

AN.






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld