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Usages locaux des ressources forestieres autour de trois concessions camerounaises (1050, 1046 et 1059) : complementarité ou compétition ?


par Duplex NOUMBISSI
Université de Dschang - Diplôme d’Ingénieur Agronome 2012
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE DSCHANG

THE UNIVERSITY OF DSCHANG

FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES

FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES

Département de Vulgarisation Agricole et de Sociologie Rurale

Department of Agricultural Extension and Rural Sociology

USAGES LOCAUX DES RESSOURCES FORESTIERES AUTOUR DE TROIS CONCESSIONS CAMEROUNAISES (1050, 1046 et 1059) : COMPLEMENTARITE OU COMPETITION ?

Mémoire présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Ingénieur Agronome

Option : Economie et Sociologie Rurales

Par :

NOUMBISSI Duplex

Matricule : CM04-07ASA0072

Décembre2012

UNIVERSITE DE DSCHANG

THE UNIVERSITY OF DSCHANG

FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES

FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES

Département de Vulgarisation Agricole et de Sociologie Rurale

Department of Agricultural Extension and Rural Sociology

USAGES LOCAUX DES RESSOURCES FORESTIERES AUTOUR DE TROIS CONCESSIONS CAMEROUNAISES (1050, 1046 et 1059) : COMPLEMENTARITE OU COMPETITION ?

Mémoire présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Ingénieur Agronome

Option : Economie et Sociologie Rurales

Par :

NOUMBISSI Duplex

Matricule : CM04-07ASA0072

Superviseur :

TCHOUAMO Isaac Roger, PhD.

Maître de Conférences

Université de Dschang

Encadreur :

Dr. Patrice LEVANG

Agro-économiste

IRD, UMR GRED CIFOR, Forests and Livelihoods Program

Décembre2012

FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL

Je soussigné, NOUMBISSI Duplex, atteste que le présent mémoire est le fruit de mes propres travaux effectués au Centre International de Recherche en Foresterie (CIFOR) sous la supervision duPr.TCHOUAMO Isaac Roger, enseignantà la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles de l'Université de Dschang et de l'encadrement du Dr.Patrice LEVANG, chercheur à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et au Centre International de Recherche Forestière (CIFOR).

Ce mémoire est authentique et n'a pas été antérieurement présenté pour l'acquisition de quelques grades universitaires que ce soit.

Signature et nom de l'auteur

NOUMBISSI Duplex

Date :....../....../......

Visa du superviseur

Pr. TCHOUAMO Isaac Roger

Date :....../....../......

Visa du Chef de Département de Vulgarisation Agricole et de Sociologie Rurale

Date :....../....../......

FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES SOUTENANCE

Le présent mémoire a été revu et corrigé conformément aux observations du jury.

Visa du Président du Jury :

Date ..............................

Visa du Superviseur :

Visa du Chef de département :

Date ..............................

Date ..............................

DEDICACE

A

Mes parents GATCHUIESSI Jean Claude et MAGNE Emilienne, Epouse GATCHUIESSI qui n'ont ménagé aucun effort pour ma réussite à cette formation ;

Tous mes frères et soeurs qui m'ont soutenu tant financièrement que moralement durant les années de formation à la FASA. Qu'ils trouvent en ce document toute ma reconnaissance.

REMERCIEMENTS

Tout en remerciant Dieu Tout Puissant pour l'aboutissement de ce travail, je voudrais exprimer ma profonde gratitude aux personnes morales et physiques qui ont apporté une contributionsignificative à ma formation et à la réalisation de ce mémoire :

· Pr. TCHOUAMO Isaac, superviseur de cette étude. Sa disponibilité et son engagement ont été d'une grande importance pour la réalisation de ce travail. Il a chaque fois accordé le temps nécessaire pour lire mes textes et me donner des conseils très utiles.

· Dr. Patrice LEVANG, encadreur de cette étude, pour sa disponibilité et ses multiples conseils qui m'ont aidé dans la réalisation de ce travail. Il a aussi accordé le temps nécessaire pour lire mes textes.

· Dr. TCHATAT Mathurin pour ses multiples conseils qui m'ont aidé dans la réalisation de ce travail.

· CIFOR pour avoir accepté de m'accueillir dans son institution et avoir fourni les ressources nécessaires à la réalisation de ce travail.

· Dr Manu Ibrahim, Chef de Département de Vulgarisation Agricole et de Sociologie Rurale, pour ses conseils et soutien moral durant notre formation et stage.

· Pr. Manjeli Yacouba, Doyen de la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l'Université de Dschang et à tous les enseignants de cette faculté pour la qualité des enseignements reçus.

· Tous ceux qui m'ont hébergé, reçu durant les enquêtes et entretiens.

· Mes camarades de la 15ème promotion pour l'assistance mutuelle durant notre séjour à Dschang : Mesdemoiselles TCHOULAHUI Y. Lydie, NGANDOM F. Sabine, NGUM A. Faith, WEKOP liliane, NGAH Séraphine, TAÏTI M. Brigitte ; Messieurs TCHOUNJI D. Ghislain, TENE Thierry M., ELOUNDOU Christian, FIFEN M. Aziz, TAKAMGANG Martial, DEUDJUI T. Alexis, ZEYHBA Nathanaël.

· Mon binôme de stage, Camille DEHU pour les moments chaleureux passés ensemble et les connaissances échangées.

AVANT PROPOS

Le présent mémoire résulte du stage d'insertion professionnelle d'une durée de six (06) mois, qui donne droit au Diplôme d'Ingénieur Agronome à la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles de l'Université de Dschang. Il est le fruit d'un travail de recherche mené au Centre International de Recherche en Foresterie (CIFOR), dans le cadre des premières activités d'un projet intitulé «Au-delà du bois : Réconcilier les besoins de l'industrie forestière avec ceux des populations dépendantes de la forêt».

Ce projet est mené par Bioversity International, en collaboration avec le CIFOR, l'Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) auCameroun, l'Institut de Recherche en Ecologie Tropicale (IRET) au Gabonet l'Université de Kisangani (UNIKIS) en République Démocratique du Congo, et a pour objectif de générer des approches novatrices de gestion de la forêt dans le Bassin du Congo en augmentant sa multifonctionnalité (par le biais de l'intégration dans l'utilisation des produits ligneux et non-ligneux) pour maintenir l'intégrité de l'écosystème tout en améliorant de façon durable le niveau de vie des populations riveraines.

Les communautés locales ainsi que les concessionnaires devront donc ensemble être impliqués dans le développement et la validation des modèles d'aménagement multi-usages. Au Cameroun, deux concessionnaires la Fabrique Camerounaise de Parquet (FIPCAM)dans la Région du Sud et la Société Camerounaise de Transformation du Bois (SCTB) dans la Région de l'Est ont accepté de prendre part au projet et de partager les informations.

Pour atteindre l'objectif du projet, une attention particulière devra être portée sur les espèces forestières qui constituent une importante source de nourriture, de plantes médicinales, de revenus pour les communautés locales, de manière à minimiser l'impact de l'exploitation sur cette importante ressource. C'est dans ce contexte que nous avons mené cette étude sous le thème «Usages locaux des ressources forestières autour de trois concessions camerounaises (1050, 1046 et 1059) : complémentarité ou compétition ? ».

SOMMAIRE

FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL iii

FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES SOUTENANCE iv

DEDICACE...... v

REMERCIEMENTS vi

AVANT PROPOS vii

SOMMAIRE.... viii

LISTE DES TABLEAUX x

LISTE DES FIGURES xi

LISTE DES PHOTOS xii

LISTE DES ANNEXES xii

LISTE DES ABREVIATIONS xiii

RESUME......... xiv

ABSTRACT..... xv

CHAPITRE 1: INTRODUCTION 1

1.1. Généralités 1

1.2. Problématique 2

1.3. Objectifs de l'étude 4

1.4. Hypothèses 4

1.5. Importance de l'étude 5

1.6. Organisation du mémoire 5

CHAPITRE 2: DEFINITION DES CONCEPTS ET REVUE DE LA LITTERATURE 6

2.1. Définition des concepts 6

2.1.1. Unité Forestière d'Aménagement (UFA) 6

2.1.2. Concession forestière 6

2.1.3. Plan d'aménagement 6

2.1.4. Assiette Annuelle de Coupe (AAC) 6

2.1.5. Sciage artisanal 7

2.1.6. Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) 7

2.1.7. Arbres à usage multiple 7

2.1.8. Ressource naturelle 8

2.2. Cadre réglementaire : la Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant Régime des forêts, de la faune et de la pêche 8

2.3. Revue de la littérature 9

2.3.1. Importance des PFNL 9

2.3.2. Les facteurs susceptibles d'influencer l'exploitation des PFNL 12

2.3.3. Le sciage artisanal 15

2.3.4. Impact de l'exploitation forestière sur les PFNL 16

CHAPITRE 3: METHODOLOGIE 18

3.1. Présentation de la zone d'étude 18

3.1.1. Localisation géographique 18

3.1.2. Le milieu physique 18

3.1.3. Le milieu humain 19

3.1.4. Les principales activités économiques de la zone 21

3.2. Types des sources des données et instruments de collecte 24

3.2.1. Sources secondaires 24

3.2.2. Sources primaires 24

3.3. Population et échantillonnage 25

3.3.1. Population de l'étude 25

3.3.2. Technique d'échantillonnage et taille de l'échantillon 26

3.4. Traitement et analyse des données 28

CHAPITRE 4: RESULTATS : PRESENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION 29

4.1. Identification et caractérisation des acteurs impliqués dans l'utilisation des ressources forestières 29

4.1.1. Présentation des concessionnaires 29

4.1.2. Caractéristiques sociodémographiques des enquêtés 30

4.2. Typologie des activités des populations riveraines 35

4.3. Caractérisation des principales activités liées aux ressources naturelles 37

4.3.1. L'agriculture 37

4.3.2. La cueillette 44

4.3.3. La chasse 59

4.3.4. Le sciage artisanal 67

4.3.5. Perception des populations vis-à-vis des activités 72

4.4. Perceptions croisées des populations riveraines et des concessionnaires vis-à-vis de l'exploitation forestière 73

4.4.1. Identification des espèces exploitées par les concessionnaires qui sont à usage multiple..... 73

4.4.2. Perception de l'impact de l'exploitation par les populations locales 74

4.4.3. Perception de l'impact de l'exploitation par les personnes ressources de la compagnie 77

4.5. Discussion 78

4.5.1. Hypothèse 1 78

4.5.2. Hypothèse 2 81

4.5.3. Hypothèse 3 82

CHAPITRE 5: CONCLUSION, RECOMMANDATIONS ET LIMITES DE L'ETUDE 84

5.1. Conclusion 84

5.2. Recommandations 85

5.3. Limites de l'étude 86

BIBLIOGRAPHIE 87

ANNEXES...... 93

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Liste des espèces végétales utilisées par les populations au Sud 3

Tableau 2. Liste des espèces végétales utilisées par les populations à l'Est 22

Tableau 3. Répartition des enquêtés par concessions 27

Tableau 4. Répartition des enquêtés selon l'ethnie 30

Tableau 5. Répartition des ménages par genre du chef de ménage 33

Tableau 6. Informations statistiques sur la taille des ménages 33

Tableau 7. Perceptions des principales cultures vivrières au Sud et à l'Est 37

Tableau 8. Cultures commerciales 38

Tableau 9. PFNL les plus collectés durant le semestre (mars-septembre) au Sud 45

Tableau 10. PFNL les plus collectés durant le semestre (mars-septembre) à l'Est 46

Tableau 11. Principales essences fournissant les chenilles au Sud et à l'Est 51

Tableau 12. Revenu semestriel (mars-septembre) de la cueillette 55

Tableau 13. Différentes espèces chassées dans les Régions du Sud et de l'Est 60

Tableau 14. Les 10 espèces les plus chassées entre mars et septembre 2012 63

Tableau 15. Revenu semestriel (mars-septembre) de la chasse 65

Tableau 16. Principales essences d'arbres exploitées au Sud et à l'Est 69

Tableau 17. Revenus moyens du sciage par catégories d'acteurs locaux 71

Tableau 18. Espèces exploitées par la SCTB et la FIPCAM ayant un usage de PFNL 73

Tableau 19. Perceptions des populations locales vis-à-vis de l'impact de l'exploitation forestière 74

Tableau 20. Revenu moyen des activités liées aux ressources forestières et proportion des ménages impliqués 79

LISTE DES FIGURES

Figure 1. Les zones forestières du Cameroun 3

Figure 2. Localisation des zones d'étude 20

Figure 3. Répartition des enquêtés suivant les classes d'âge au Sud et l'Est 31

Figure 4. Proportion des enquêtés selon leur niveau de scolarisation 32

Figure 5. Répartition des enquêtés suivant la religion 32

Figure 6. Revêtement du sol, matériaux du toit et du mur des logements 34

Figure 7. Perception des principales activités des ménages 35

Figure 8. Contribution des différentes activités dans les revenus totaux de mars à septembre 2012........... 36

Figure 9. Distribution du revenu semestriel agricole entre les ménages 39

Figure 10. Poids des principales cultures commercialisés dans le revenu agricole total au Sud à l'Est entre mars et septembre 40

Figure 11. Répartition des cultures commercialisées par genre au Sud et à l'Est 42

Figure 12. Principales contraintes liées à la production agricole ..... 43

Figure 13. Répartition des PFNL similaires par ménages les ayant collectés (en %) 46

Figure 14. Types et fréquentation des espaces de cueillette entre mars et septembre 54

Figure 15. Répartition des principaux PFNL par lieu de collecte au Sud et l'Est 54

Figure 16. Distribution des revenus de la cueillette entre les ménages 56

Figure 17. Importance relative des divers PFNL au revenu total. total de la cueillette au Sud............... 57

Figure 18. Importance relative des divers PFNL au revenu total de la cueillette à l'Est 57

Figure 19. Principales contraintes liées à la cueillette selon les cueilleurs (n=11) 58

Figure 20. Différents types de chasseurs par Régions en mars et septembre 61

Figure 21. Différents types de chasse par Régions en mars et septembre 2012. 61

Figure 22. Nombre moyen de prises par ménage des espèces similaires les plus chassées 63

Figure 23. Types et fréquentation des espaces de chasse entre mars et septembre 2012 64

Figure 24. Répartition des espèces les plus chassées en fonction des écosystèmes 64

Figure 25. Différents types d'acheteurs de gibier dans les deux Régions 65

Figure 26. Distribution des revenus de chasse 66

Figure 27. Principales contraintes liées à la chasse d'après les chasseurs (n=14) 66

Figure 28. Distribution des revenus du sciage artisanal 70

Figure 29. Revenu filet des ménages (en % des ménages enquêtés) 72

Figure 30. Répartition des revenus moyens par classes (quintiles) 80

Figure 31. Courbe de Lorenz du Sud et de l'Est 81

LISTE DES PHOTOS

Photo 1. Fruit et amande de Irvingia gabonensis 3

Photo 2. Arbre et fruit de Baillonella toxisperma 48

Photo 3. Fruit (a), amandes (b) et graines (c) de Ricinodendron heudelotii 49

Photo 4. Gousses et graine d'ébaye (Pentaclethra macrophylla) 49

Photo 5. Tricoscypha abut 50

Photo 6. Champignons (Termitomyces spp.), 50

Photo 7. Escargot (Achatinidae spp.) et chenilles (Imbrasia spp.) 51

Photo 8. Rotin (Laccosperma secundiflorum) 52

Photo 9. Nattes (a) et claie (b) à base de Raphia hookeri 52

Photo 10. Extraction du vin de palme 53

Photo 11. Ecorce de Enantia chlorantha 53

Photo 12. Sciage artisanal d'un pied de bubinga (Guibourtia spp.) 70

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1. Protocoles d'enquête 3

Annexe 2. Questionnaire recensement 100

Annexe 3. Fiche trimestrielle de suivi des ménages 104

Annexe 4. Tableau des espèces de PFNL au Sud du Cameroun 108

Annexe 5. Tableau des espèces de PFNL à l'Est du Cameroun 110

LISTE DES ABREVIATIONS

AAC

Assiette Annuelle de Coupe

ADD

Alternatives Durables pour le Développement

CIFOR

Centre International de Recherche en Foresterie

COCAM

Société Nouvelle de Contreplaqués du Cameroun

ECAM-PLACAGE

Entreprise Camerounaise de Placages

EFC

Entreprise Forestière Camerounaise et La Forestière de Campo

FAO

Food and Agriculture Organisation of the United Nations

FASA

Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles

FCFA

Franc des Communautés Financières d'Afrique

FIPCAM

Fabrique Camerounaise de Parquet

GFW

Global Forest Watch

GTZ

Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

Ha

Hectare

ICRAF

International Centre for Research in Agroforestry

IITA

International Institute for Tropical Agriculture

IRAD

Institut de Recherche Agricole pour le Développement

IRET

Institut de Recherche en Ecologie Tropicale au Gabon

MINAT

Ministère de l'Administration Territoriale

MINEFI

Ministère de l'Economie et des Finances

MINEP

Ministère de l'Environnement et la Protection de la Nature

MINFOF

Ministère des Forêts et de la Faune au Cameroun

MINSANTE

Ministère de la Santé Publique

ONEPCAM

Organisation Nationale des Exploitants des PFNL du Cameroun

ONG

Organisation Non Gouvernementale

PFNL

Produits Forestiers Non Ligneux

RC

République du Cameroun

RDC

République Démocratique du Congo

RFA

Redevance Forestière Annuelle

SCTB

Société Camerounaise de Transformation du Bois

SEBC

Société d'Exploitation forestière des Bois du Cameroun

SFID

Société Forestière et Industrielle de la Doumé

SPSS

Statistical Package for Social Science

UFA

Unité Forestière d'Aménagement

UNIKIS

Université de Kisangani

WRI

World Ressource Institute

CHAPITRE 1: RESUME

De mars à septembre 2012, une étude socioéconomique sur les usages locaux des ressources forestières a été menée dans 12 villages riverains de trois concessions forestières camerounaises (1050, 1046 et 1059), avec pour objectif global d'analyser les relations qui existent entre les concessionnaires et les populations locales.

Les données ont été collectées auprès de 153 chefs de ménages, 14 chasseurs, 13 scieurs, 5 responsables d'ONG, 3 agents des Eaux et Forêt et 2 chefs d'exploitation des concessions. Elles ont été analysées grâce aux logiciels Microsoft Access, Excel et SPSS.

Les résultats révèlent que les concessionnaires sont des opérateurs privés dontl'objectifest de maximiser les profits à travers l'exploitation de certaines essences ligneuses dans leurs UFA. Les populations locales utilisent les ressources forestières pour satisfaire leurs besoins de subsistance et de revenus monétaires. Les principales activités qu'elles mènent pour atteindre ces objectifs sont l'agriculture, la cueillette, la chasse et le sciage artisanal.L'agriculture est la principale source de revenus monétaires et de subsistance des populations locales. La cueillette et la chasse sont des activités secondaires. Le sciage artisanal est également important en termes de revenus monétaires, mais il n'est bénéfique qu'à peu de personnes.

Les populations locales et les concessionnaires se heurtent à des contraintes occasionnées par les activités de l'un ou de l'autre. Il y a d'une part, des impacts positifs qui mettent l'accent sur les aspects jugés bénéfiques de l'exploitation forestière et d'autre part une lecture critiquequi révèle les limites de l'exploitation forestière et ses incidences néfastes sur la vie des riverains et de l'écosystème, à l'instar de la disparition de certains PFNL qui proviennent d'arbres exploités par les compagnies. De leur côté, les exploitants forestiers reprochent aux populations locales d'être peu entreprenantes et irrespectueuses de la loi.

Tout ceci nous a amené à dire que, le contrôle et l'accès aux ressources forestières est à l'origine de conflits plus potentiels que réels entre les concessionnaires et les populations locales.

De ce qui précède, l'étude recommande :

· aux populations locales de maitriser la loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant Régime des forêts, de la faune et de la pêche ;

· aux concessionnairesde mettre en place une plateforme de dialogue permettant aux populations locales d'apporter des solutions aux problèmes de contrôle des ressources forestières, de faire l'inventaire des espèces multi-usages et allouer certains arbres aux populations ;

· à l'administrationderéunir les populations, et les compagnies lors de l'élaboration des clauses des plans d'aménagement, des cahiers des charges pour qu'ils définissent clairement la place des PFNL dans la gestion des concessions et les limites des zones agricoles et dedéfinir des mesures de compensation des compagnies pour ne pas exploiter tous les arbres ayant une valeur de PFNL ;

· Mots clés : Ressources naturelles ; Produits Forestiers Non Ligneux ; Arbre à usage multiple ; Concession forestière ; Populations locales.

auxONG de sensibiliser et éduquer des populations locales sur leurs droits et ceux des autres parties prenantes, de mener des actions de lobbying et de plaidoyer auprès des autorités en vue d'une meilleure implication des populations locales dans gestion des ressources forestières.

CHAPITRE 2: ABSTRACT

A socio-economic survey was conducted between the months of March and September 2012 in twelve villages around three Cameroonian forest concessions (1050, 1046 and 1059), with the aim of analysing the relationship existing between the concessionaires and local communities.

Data were collected from a total of 153 households, 14 hunters, 11 gatherers, 13 sawyers, 5 NGOs, 3 forest agents and 2 heads of logging concessions. It was then analyzed using Microsoft Access, Excel and SPSS softwares.

The results show that concessionaires are private operators who aim at maximising their profits through the exploitation of certain timber species in their UFA. Local population on their part use forest resources to meet their subsistence needs and cash income. The main activities they undertake to achieve these objectives include agriculture, gathering, hunting and artisanal logging. Agriculture is the main source of cash income and livelihoods for local population. Gathering and hunting are secondary activities in terms of subsistence. Artisanal logging is also important in terms of monetary income, but it is only beneficial to some people.

Local populations and logging companies are each faced with the impact of the activities carried out by the former and the latter. There are positive impacts that focus on aspects deemed beneficial from logging and others more critical, which reveal the limits of logging and of its negative impacts on the lives of local populations and the ecosystem; such as the disappearance of some NTFPs from trees exploited by companies. On their part, loggers blame the local population of being indolent and disrespectful of the law.

All this leads us to conclude that the control and access to forest resources is a potential source of conflicts between concessionaires and local populations.

Of the foregoing, the study makes the following recommendations to stakeholders:

· To the Local population; master the law n° 94/01 of 20th January 1994 on Forestry, Wildlife and Fisheries.

· To logging companies; establish a dialogue platform with local people to find solutions to the problems of control and access to forest resources as well as make an inventory of multi-uses trees and allocate some to local populations.

· To the administration; associate local communities and companies in the elaboration of management plans and investment agreements («cahier des charges»), so as to clearly define the role of NTFPs in concession's management and the boundaries of agriculture zones. It should also define measures of compensating the logging companies not to exploit all the trees with a value of NTFPs.

· Key words: Natural resources; Non Timber Forest Product; Multi-use Tree; Forest concession; Local populations.

To NGOs; raise awareness and educate local populations about their rights and those of other stakeholders, conduct lobbying and advocacy to the authorities for greater involvement of local communities in forest management.

CHAPITRE 3: INTRODUCTION

Ce chapitre décrit les généralités, présente la problématique, les objectifs, l'importance de l'étude ainsi que les principales articulations du mémoire.

3.1. Généralités

L'Afrique Centrale est une sous-région fortement boisée. Environ 57% de son étendue est couverte par des forêts naturelles. Elle représente la plus vaste superficie continue de forêts tropicales humides d'Afrique et est la deuxième plus grande du monde après l'Amazonie. Ce couvert forestier englobe plusieurs pays : le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République du Congo, la zone humide du Cameroun et la République Démocratique du Congo (RDC) ainsi qu'une petite partie de la République Centrafricaine (FAO, 2002 : 121). Avec 47,5 millions d'hectares de forêts, plus de 20 millions d'hectares de forêts tropicales humides et 22,5 millions d'hectares de forêts de production dont 14 millions sont exploitables, le secteur forestier Camerounais contribue à l'économie nationale, en fournissant des revenus, des emplois, de la nourriture, des médicaments, de l'énergie, et des services environnementaux importants (ADD, 2012 ; WRI, 2005 :1). Depuis 1980, il constitue la deuxième source de recettes d'exportation du pays après le pétrole, avec 29 % et 26 % des recettes d'exportation hors pétrole en 2001 et 2004 respectivement. Il offre près de 13 000 emplois formels et peut-être 150 000 emplois informels et représente 4,8 % du produit intérieur brut hors pétrole en 2004, dépassant de loin toutes les autres matières premières agricoles (Topa et al., 2010 : 17).

En dehors du bois d'oeuvre qui suscite plus l'attention des pouvoirs publics, les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) sont aussi d'une grande importance car ils contribuent à la réduction de la pauvreté (Mbolo et al., 2006). Par exemple, « La valeur totale des produits forestiers pour lesquels des statistiques commerciales ou des estimations existent à savoir le bois, le charbon, le Gnetum africanum, la gomme arabique et l'écorce de Prunus africana, avoisine les 304 milliards de FCFA, avec 63 milliards de FCFA tirés des Produits Forestiers Non Ligneux et 68 milliards de FCFA pour l'énergie domestique » (Topa et al., 2010 : 2).

Sur le plan juridique au Cameroun, plusieurs avancées ont été faites dans le domaine de la gestion durable des forêts. En 1994, le Cameroun a adopté la Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et des pêches suivie d'un décret d'application n° 95/531/PM du 23 août 1995. Cette loi et les textes pris pour son application fixent le régime des forêts, de la faune et de la pêche en vue d'atteindre les objectifs généraux de la politique forestière, de la faune et de la pêche, dans le cadre d'une gestion intégrée assurant de façon soutenue et durable, la conservation et l'utilisation desdites ressources et des différents écosystèmes tel que stipulé dans son article 1.

Théoriquement celle-ci met l'accent sur l'implication des populations locales dans la gestion des ressources forestières à travers une gestion décentralisée. Elle concrétise une ouverture, sur une base égalitaire, de tous les acteurs impliqués dans la gestion des forêts. Elle reconnait par exemple aux populations riveraines le droit d'usage ou coutumier d'exploiter tous les produits forestiers, fauniques et halieutiques à l'exception des espèces protégées en vue d'une utilisation personnelle et non commerciale (article 8 (1)).

Cette loi n'a pas été vraiment effective jusqu'à 1998, à cause des textes d'application règlementaires absents, d'un manque de volonté politique et d'une faible capacité institutionnelle. Le Gouvernement Camerounais a entrepris une réforme de cette loi en 1998, cette dernière met l'accent sur « la reconnaissance des droits des communautés locales et des populations autochtones d'utiliser les terres forestières, à profiter de leurs ressources et à participer aux décisions afférentes » (Topa et al., 2010 : 77).

Malgré les différentes réformes de la loi, on observe qu'en pratique l'intérêt des populations locales qui vivent depuis longtemps autour et à l'intérieur de ce massif forestier n'est pas toujours pris en compte. Les modalités pratiques d'une telle participation ne sont pas précises à nos jours. Les textes réglementaires officiels en vigueur prévoient certes une grande implication despopulations locales dans la gestion des forêts, sans pour autant expliquer comment cela doit se faire concrètement.

3.2. Problématique

Le massif forestier camerounais regorge de nombreuses ressources qui sont convoitées par plusieurs opérateurs, notamment les populations locales, les concessionnaires forestiers engagés dans une gestion durable, à une transformation du bois en valeur ajoutée et des opérateurs irrespectueux quant au bien-être des populations locales, des ressources forestières et des lois et règlements du pays (WRIet al., 2005 :1). A cet effet, 43 % des 14 millions d'ha qui font l'objet du plan d'affectation des terres forestières au Cameroun, sont attribués aux concessions forestières. Ces dernières sont principalement exploitées par les concessionnaires dans un but de maximisation du profit à travers la production de bois d'oeuvre. Elles sont aussi utilisées par les populations locales pour satisfaire leurs besoins de subsistance et pour améliorer leurs revenus à travers l'exploitation des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) qui s'y trouvent comme les plantes médicinales, les plantes comestibles, les chenilles ou le gibier(FAO, 2008 : 1).

La loi forestière camerounaise n°94/01 du 20 janvier 1994 dans article 44 stipule que pour exploiter les concessions forestières, les opérateurs privés doivent obtenir un titre d'exploitation assorti d'un plan d'aménagement et des cahiers des charges qui prennent en compte les besoins et les opinions des populations riveraines.

Cependant, les aspects socio-économiques des plans d'aménagement sont le plus souvent abordés comme une formalité. Les contraintes légales étant peu précises, on retrouve finalement assez peu d'implications concrètes issues des résultats des enquêtes socio-économiques (GTZ, 2006 :44).Celles-ci ne se limitent généralement qu'à une simple description socio-économique de la zone affectée par le projet sans évaluer les impacts des activités forestières sur les populations, ne proposent pas de mesures d'atténuation ou de renforcement de ces impacts (Lescuyer et al., 2011). Dans le même sens, la FAO (2008 : 1) affirme que les concessionnaires forestiers n'accordent pas encore assez d'intérêt à l'importance et au rôle que jouent les PFNL dans le développement économique, social et culturel des populations forestières à travers le monde. Il existe également des ressources forestières à usages multiples qui sont aussi bien convoitées par les populations locales comme PFNL que par les concessionnaires pour le bois d'oeuvre. A ce titre, « dans les forêts humides du Cameroun, 61% des 23 principales espèces ligneuses exploitées par les compagnies forestières ont une forte valeur pour les communautés locales et pour la subsistance, les revenus et la santé des ménages » (Tieguhong. et Ndoye, 2007 :7). Ceci pourrait notamment créer des conflits d'usage entre les populations locales et les concessionnaires.

Dans un tel contexte où les parties prenantes ont parfois des objectifs différents ou similaires, nous nous posons la question de savoir : dans quelle mesure la vie des populations locales vivant autour et à l'intérieur des concessions forestières dépend desressources forestières eten quoi l'activité des compagnies peut-elle impacter la satisfaction de leurs besoins ?De cette préoccupation centrale résultent les questions suivantes :

· quelles sont les espèces de plantes et d'animaux utilisées par les communautés locales pour lasubsistance et les revenus ?

· quelles sont les zones de collecte de ces espèces, les changements qui ont affecté la productivité et l'accès aux ressources clés avant et après l'exploitation forestière dans les sites sélectionnés ?

· quelle est la production actuelle et les techniques d'extraction des compagnies forestières ainsi que les espèces pouvant être source de conflits ?

· quels sont les impacts potentiels de l'activité forestière sur les populations locales et les relations qui en découlent?

· dans quelle mesure est-il possible de mettre sur pied des approches novatrices et multi-usages de gestion des produits forestiers ?

3.3. Objectifs de l'étude

L'objectif global de l'étude est d'analyser les relations qui existent entre les concessionnaires et les populations locales par une caractérisation des usages liés aux ressources forestières au Cameroun.

Plus spécifiquement, l'étude consistera à :

· identifier et caractériser les principaux acteurs impliqués dans l'exploitation des ressources forestières ;

· identifier et caractériser les principales activités menées par les populations riveraines pour leur subsistance et leurs revenus ;

· déterminer les impacts potentiels de l'activité forestière sur la vie des populations locales. 

3.4. Hypothèses

Hypothèse 1 : Les ressources forestières non ligneuses autour et dans les concessions forestières constituent une source de revenus et de subsistance importante pour les populations des villages riverains.

Hypothèse 2 : Il existe des ressources forestières multi-usage, qui sont aussi bien convoitées par les populations locales que par les exploitants forestiers.

Hypothèse 3 : le contrôle des ressources forestières est à l'origine de conflits entre les populations locales et les compagnies forestières.

3.5. Importance de l'étude

L'importance de cette étude est vue sous deux angles : théorique et pratique.

Théoriquement, cette étude contribuera à générer des informations scientifiques susceptibles d'enrichir la littérature déjà disponible sur les ressources naturelles autour des concessions forestières. A travers les hypothèses d'étude, ce travail permettra de confirmer ou d'infirmer certains résultats de travaux de recherche précédemment menés. En outre, cette étude pourrait constituer un instrument de motivation pour les étudiants et les chercheurs intéressés par la recherche sur la gestion des ressources forestières. Pour les chercheurs, les résultats de cette étude contribueront au développement des méthodes de gestion des ressources naturelles.

Pratiquement elle contribuerait à la réflexion autour d'un modèle de gestion multi-usages des ressources forestières autour et dans les concessions forestières à travers diversesrecommandations. Elle sera utile àplusieurs catégories d'acteurs : les décideurs politiques, les projets de développement, les Organisations Non Gouvernementales (ONG) nationales et internationales, les chercheurs (IRAD, CIFOR, IITA, ICRAF), les communes et les communautés intéressées par l'étude.

Les résultats de cette étude contribueront à sensibiliser les décideurs politiques, les projets de développement et les ONG sur l'importancedes ressources naturelles pour les populations. Cela leur permettra de mieux envisager les solutions et les stratégies appropriées à la prévention et à la gestion des conflits liés aux ressources naturelles autour des concessions forestières.

Cette étude va permettre la sensibilisation des populations locales et des concessionnaires pour qu'ils trouvent des stratégies participatives afin de résoudre leurs problèmes et se diriger vers un développement durable de la zone.

3.6. Organisation du mémoire

Ce mémoire comprend cinq chapitres :

· Le premier chapitre, qui présente le contexte de l'étude, la problématique, les objectifs et l'importance de l'étude ;

· Le deuxième chapitre, qui présente la clarification des principaux concepts qui explicitent le thème de l'étude et passe en revue la littérature ;

· Le troisième, qui présente la méthodologie de collecte, et d'analyse des données ;

· Le quatrième chapitre, qui présente, analyseet discute les résultats ;

· Le cinquième chapitre, qui conclut et fait des recommandations aux parties prenantes.

CHAPITRE 4: DEFINITION DES CONCEPTS ET REVUE DE LA LITTERATURE

4.1. Définition des concepts

L'étude s'articule autour des concepts suivants : Unité Forestière d'Aménagement (UFA), concession forestière, plan d'aménagement, Assiette Annuelle de Coupe (AAC), sciage artisanal, Produit Forestiers Non Ligneux (PFNL), arbres à usage multiple et ressources naturelles.

4.1.1. Unité Forestière d'Aménagement (UFA)

Une UFA correspond à une fraction ou à la totalité d'une forêt domaniale définie par un plan de zonage et attribuée à un exploitant suivant la capacité de production de ce dernier et devant relever d'une exploitation durable sur la base de rotations de 30 ans (Topa et al., 2010).

4.1.2. Concession forestière

Une concession forestière estun territoire sur lequel s'exerce la convention d'exploitation forestière. Elle peut être constituée d'une ou de plusieurs UFA et est attribuée après avis d'une commission compétente suivant les modalités fixées par décret (R.C., 1994).

Les concessions forestières sont des forêts de production composées d'une ou de plusieurs UFA de superficie inférieure ou égale à 200 000 ha, et gérées par un seul exploitant (WRI et MINEFOF, 2012 : 20).

4.1.3. Plan d'aménagement

Le plan d'aménagement d'une forêt de production est un document réglementaire et le plus souvent normatif. Il définit le programme d'actions à mener à long terme au niveau forestier, socio-économique et écologique afin d'assurer une gestion et une exploitation durable de la ressource forestière, en particulier pour la production de matière ligneuse ainsi que les conditions d'exercice des droits d'usage par les populations locales(Marechal, 2006).

4.1.4. Assiette Annuelle de Coupe (AAC)

Une concession, dont le plan d'aménagement est approuvé par le MINFOF, est subdivisée en 30 parcelles d'exploitation, nommée AAC, le tout basé sur une rotation de 30 ans. Les limites de ces AAC sont définies durant le processus d'élaboration du plan d'aménagement, et pour être exploité doit ensuite faire l'objet d'un permis annuel de coupe délivré par le MINFOF (WRI et al., 2005)

4.1.5. Sciage artisanal 

Le sciage artisanal est le sciage des produits en forêt sans utiliser des engins de débardage et sans transporterles grumes vers des centres de transformation. Il s'agit donc de tous les bois débités moyennant l'utilisation des tronçonneuses ou scies mobiles sur le site d'abattage (Plouvier et al., 2002).

4.1.6. Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL)

Selon la FAO (1999), les PFNL sont des biens d'origine biologique autres que le bois, provenant des forêts, d'autres terrains boisés ou provenant d'arbres hors forêts. Selon cette définition, les PFNL peuvent être récoltés dans la nature, ou produits par des arbres hors forêt comme les plantations, les périmètres agroforestiersou encore des arbres isolés.

Certains auteurs comme Tchatat et al. (1999 :4) préfèrent le terme Produits Forestiers Autres que le Bois (PFAB) pour désigner les PFNL. Selon eux, ce terme est plus complet et plus proche de son équivalent anglais Non-Timber Forest Product (NTFP) pour deux raisons : « timber »signifie bois d'oeuvre en Anglais et de nombreux produits forestiers ligneux sont improprement classés dans les PFNL à l'instar des écorces et des rotins.

Le concept de PFNL a connu plusieurs évolutions dans le temps, passant de produits spéciaux, secondaires et mineurs pour arriver à ces appellations les plus connues aujourd'hui de Produits Forestiers Non Ligneux ou de produits forestiers autres que le bois (Noubissie et al., 2008 : 2).

Bikoue et Essomba (2006) distinguent deux catégories de PNFL :

· la catégorie des biens, qui comprend les PFNL d'origine végétale (champignons, écorces, feuilles, fruits, tiges, racines, résines, sève, etc.) et les PFNL d'origine animale (peaux, plumes, cornes, sang, organes, gibier etc.) ;

· la catégorie des services, qui comprend les PFNL dits non palpables : séquestration du carbone, l'air, la stabilisation des sols contre les dégradations et la recréation.

Dans cette étude, les PFNL vont faire références aux PFNL d'origine végétale et animales provenant des forêts et d'autres terrains boisés.

4.1.7. Arbres à usage multiple

Les essences à usage multiple sont des arbres qui ont la particularité d'intéresser à la fois le secteur du bois d'oeuvre et celui de la production des PFNL. Le plus souvent, le plus grand intérêt est porté sur le bois plutôt que sur les PFNL. Ainsi, l'exploitation du bois (abattage de l'arbre) élimine totalement le potentiel de récolte des PFNL, quoique plus bénéfique aux populations locales à long terme aussi bien pour la consommation que pour la génération des revenus (Bioversity International, 2011).

4.1.8. Ressource naturelle

Selon Bikoue et Essomba (2006 :22), une ressource naturelle est une matière première considérée comme de qualité dans son état relativement non modifié (naturel). Sont considérées comme ressources naturelles, l'air, l'eau, la terre, le vent, les minerais et les arbres.

4.2. Cadre réglementaire : la Loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant Régime des forêts, de la faune et de la pêche

La loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 divise le domaine forestier national en domaine forestier permanentet domaine forestier non permanent.Le domaine forestier permanent est constitué de terres définitivement affectées à la forêt et/ou à l'habitat de la faune et abrite les aires protégées et les forêts de production sous forme de concessions.Il est interdit aux populations locales de défricher ou d'étendre leurs plantations dans ledomaine forestier permanent. Le domaine forestier non permanentest constitué de terres forestières susceptibles d'être converties en terres agricoles, et abrite des activités forestières non durables, en dehors des forêts communautaires comme le montre la figure 1.

Domaine Forestier National

Domaine Forestier Permanent

Domaine ForestierNon Permanent

Forêt Domaniales

Forêt Communales

Forêt du Domaine National

Forêt Communautaire

Forêt des Particuliers

Réserves forestières

· Réserves écologiques intégrées

· Forêts de production

· Forêts de récréation

· Forêts d'Enseignement et de recherche

· Sanctuaires de flore

· Jardins botaniques

· Plantations forestières

Aires protégées de faune

· Parcs nationaux

· Réserves de faune

· Aires de chasse

· Fermes à gibier appartenant à l'État

· Sanctuaires de faune

· Zones tampon

· Jardins zoologiques appartenant à l'État

Figure 1. Les zones forestières du Cameroun

Source : WRI et al., 2007

L'exploitation des forêts domanialesde productionse fait, soit par vente de coupe, soit par convention d'exploitation. Une vente de coupe est une autorisation d'exploiter, pendant une période limitée, un volume précis de bois vendu sur pied et ne pouvant dépasser la possibilité annuelle de coupe. La convention d'exploitation confère aux sociétés bénéficiaires le droit d'obtenir un volume de bois donné provenant d'une concession forestière, pour approvisionner à long terme leurs industries de transformation du bois. Les concessions sont ainsi attribuées à des sociétés privées à la suite d'une procédure transparente d'appel d'offre, suivi de l'élaboration et de la mise en oeuvre des plans d'aménagement forestier sous la supervision de l'administration chargée des Forêts. Ces plans d'aménagement tiennent compte des droits d'usage des populations locales.

Le droit d'usage confère aux populations riveraines le droit d'exploiter les PFNL dans les forêts de production, à l'exception des espèces protégées en vue d'une utilisation personnelle. Le droit d'usage permet donc aux populations de continuer à prélever dans la forêt les ressources dont elles ont besoin pour leur survie à l'instar des PFNL. La loi n°94/01 du 20 janvier 1994 fixe toutefois des restrictions dans l'exercice des droits d'usagedans les aires protégées et, dans certains cas, dans les UFA si l'accès et l'utilisation des populations dans les forêts du domaine permanent, vont à l'encontre des objectifs de production des gestionnaires. Les populations locales peuventexploiter les produits de la forêt à des fins commerciales uniquement après obtention d'une autorisation du ministère en charge des forêts et de la faune. Ceci limite les possibilités de développement économique des produits prélevés par les populations.

La loi n°94/01 du 20 janvier 1994 et ses différents textes d'application prévoient aussi une répartition des taxes forestières versées par les concessionnaires appelées redevance forestière annuelle (RFA), entre l'Etat, les communes et les communautés. Organisées par un arrêté conjoint des ministres en charge des finances et de l'administration territoriale en 1998, l'Etat perçoit 50% du total, les communes 40% et les communautés 10%.Les modalités de paiement et de gestion des montants destinés à la commune et aux communautés prévoient une décentralisation effective, autour du maire et sous le contrôle du Sous-préfet.

4.3. Revue de la littérature

4.3.1. Importance des PFNL

Plusieurs études ont montré l'importance des PFNL, (Nasi et al., 2008 ; Ndoye, 1995; Falconer, 1992 ). Les PFNL sont importants aussi bien pour les populations en milieu rural qu'en milieu urbain. Ils procurent plusieurs ressources à ces populations à savoir : les aliments, les médicaments, les matériaux de construction, les ressources aux significations spirituelles et culturelles (Hoare, 2007 : 6). Les PFNL qui entrent dans l'alimentation, l'artisanat, la construction, la médecine traditionnelle et la pharmacopée ont joué un rôle déterminant dans la gestion de la crise économique au Cameroun (Iqbal, 1995).

Ngala (1997) affirme que les revenus que les populations urbaines et rurales obtiennent des PFNL représentent un filet de sécurité permettant de réduire les tensions sociales provoquées par la crise économique. Grâce aux PFNL, on réussit à avoir une alimentation variée et équilibrée à moindre coût.Ayuk et al. (1999) estiment que plus de 300 millions de personnes dans le monde tirent toutes ou une partie de leur subsistance et de leurs revenus des PFNL.Au Cameroun, ilexiste des filières organisées pour plusieurs produits phares comme le njansang (Ricinodendron heudelotii), lamangue sauvage (Irvingia gabonensis), le gnetum (Gnetum spp.)dont les chiffres d'affaires dépassent les 325 millions de FCFA par an pour certaines d'entreelles (Ndoye et Tieguhong, 2004 ; Awono et al.,2009).

Les PFNL donnent aux ménages en milieu rural des opportunités de diversification des revenus. Les cultures vivrières, de rente ne constituent plus la seule source de revenus des ménages. Au Cameroun, ils sont autoconsommés autantque commercialisés, par les hommes et les femmes qui participent à leur récolte (Sven, 2001). Dans certaines zones frontalières des Régions du Sud et de l'Est du Cameroun, les PFNL sont les produits les plus consommés tenant lieu d'aliments (Ndoye et Ruiz-Perez, 1997). Ils constituent des alternatives valables, en termes de création de revenu, d'appoint alimentaire et de pharmacopée (Tabuna, 1999). En plus, l'aménagement des PFNL est souvent considéré comme une solution alternative permettant une gestion durable des forêts et la préservation du patrimoine forestier (Ndoye, 1994).

2.1.1.1 PFNL comme source de revenus

Ndoye et al. (1998) rapportent quede nombreuses personnes dans la région tropicale, spécialement les femmes dépendent des revenus issus des PFNL. McLeod (1987) estime qu'un tiers de la population de la région montagnarde d'Oku au Cameroun augmente leur revenu par la vente des PFNL. Demenou (1996 : 17) estime que l'exploitation de plusieurs PFNL est une alternative pour générer les revenus et remplacer les produits de rente tels que le cacao et le café donc les prix ont connu une chute drastique depuis 1987. Il est reconnu que l'exploitation commerciale des PFNL contribue efficacement au revenu des populations rurales (Ndoye, 1995 ; Falconer, 1992).

Les produits qui été reconnus importants en terme de revenus pour les ménages en milieu rural dans le Bassin du Congo sont le vin de palme, les champignons (Termitomyces spp.), le rotin(Laccosperma secundiflorum), les chenilles (Imbrasia spp.), Irvingia gabonensis, Gnetum spp., Cola acuminata, Garcinia lucida, Garcinia kola, Strophantus grantus, Coula edulis, et Dacryodesmacrophylla (Clark et Sunderland, 2004; Dijk, 1999; Ndoye et al., 1998).

Le Eru (Gnetum spp.), la mangue sauvage (Irvingia gabonensis) et le njansang (Ricinodendron heudelotii) font partie des PFNL générateurs des revenus dans le Parc National de Korup et contribuent à environ 30 % des revenus des ménages (Vabi et Tchamou, 1999).

Selon Nasi et al. (2008 :13) la chasse est une activité qui ne nécessite pas de capital, de terre ou d'animaux et offrirait un meilleur retour sur la main d'oeuvre utilisée comparativement à l'agriculture et l'élevage. Dijk (1999) a mené une recherche dans le sud du Cameroun et a trouvé que la chasse représentait 75% des revenus des PFNL de 11 familles Bagyeli et 19 familles Bantu. Pour ces familles, les PFNL représentent 40% du revenu total des ménages, le reste provient de l'agriculture.

2.1.1.2 PFNL comme appoint alimentaire

Les PFNL d'origine végétauxprocurent les fruits, les feuilles, les écorces, les exsudats, les tiges et les racines (Ndoye et al., 1997). Ces organes végétaux des arbres sont des sources importantes de vitamines, de sels minéraux et d'hydrates de carbone pour les populations locales.

La place des PFNL dans l'alimentation des populations n'est certes pas équivalente à celle des produits agricoles, mais les ressources forestières constituent un appoint alimentaire non négligeable (Dkamela, 2001). Certains sont simplement des fruits consommés immédiatement.D'autres passent par la cuisine pour être comestibles. Baillonella toxispermaetIrvingia gabonensisfont non seulement partie du précédent groupe en raison de leurs fruits comestibles, mais leur importance est beaucoup plus marquée dans la confection des sauces. D'autres condiments comme Ricinodendron heudelotiiservent essentiellement à assaisonner les sauces (Mapongmetsen, 1994). Irvingia gabonensis,Dacryodes edulis et Ricinodendron heudelotiisont riches en matières nutritives surtout grasses. La teneur en lipides des graines de Ricinodendron heudelotiiest forte et atteint des valeurs de l'ordre de 52,3 g/100 kg (Tsware et Usman 1998).

Le gibier est un PFNL d'origine animale.Il représente une importante source de protéines dans les tropiques. Dans au moins 62 pays du monde, le gibier et les poissons constituent auminimum 20% des apports en protéines des repas en milieu rural (Nasi et al., 2008 :14). Dans la sous-région d'Afrique Centrale, il existe plusieurs types de PFNL d'origine animale qui sont consommés. Les principaux sont les gibiers (mammifères terrestres et aquatiques), les insectes (chenilles, larves de hanneton, les criquets et les termites) et les produits apicoles (miel), les escargots géants, les poissons, les oiseaux et les reptiles. Le gibier est le produit animal le plus important de cette région, suivi par les produits apicoles, les animaux vivants et les insectes comestibles (Bikoue et Essomba, 2006 : 31).

2.1.1.3 PFNL en pharmacopée traditionnelle

Les PFNL fournissent aux populations en milieu forestier l'essentiel de leurs médicaments. Ndoye et Ruiz-Perez (1997) estiment que 80% de la population mondiale ont recours à la médecine traditionnelle pour leurs besoins de santé primaire. L'écorce de nombreuses espèces est utilisée comme médicament en milieu urbain et rural et chaque maladie a au moins un médicament provenant de la forêt. Ainsi, dans certaines zones du Cameroun, le paludisme est soigné par Alstonia boonei, Picralima nitida ou Rauvolfia macrophylla. Face à l'anémie, une décoction de l'écorce de Barteria nigritiana est proposée comme palliatif. Une diarrhée est arrêtée avec une décoction de l'écorce d'Irvingia gabonensis,alors que les soins d'une blessure se font à l'aide de la sève de Panda oleosa. La lombalgie est soignée par un grand remède : leBaillonella toxisperma. L'infusion de son écorce est bue ou purgée pour apaiser les douleurs lombaires et le mal de reins (Dkamela, 2001).

Dans la Lékié, le Haut-Nyong et la Mvila, l'écorce de lrvingia gabonensisest utilisée comme médicamentcontre leshernies, la diarrhée, le poison, la fièvre jaune, la dysenterie et comme cicatrisant (Ayuk et al., 1997). Les Ewondo utilisent les écorces de Dacryodes eduliscontre les abcès, et pour le bain de la femme qui vient d'accoucher (Mapongmetsen, 1994). Les écorces de lrvingia gabonensis aussi bien que celles de Ricinodendron heudelotii sont souvent utilisées comme cicatrisant de plaies. L'écorce de Ricinodendron heudelotiiest aussi utilisée contre les maladies de nerfs et cardiovasculaires (Tsware et Usman, 1998).

4.3.2. Les facteurs susceptibles d'influencer l'exploitation des PFNL

Vasquez et Gentry (1989) ont identifié 3 facteurs susceptibles d'influencer l'exploitation des PFNL. Les facteurs propres à l'exploitant, les facteurs socioéconomiques et les facteurs intrinsèques.

Les caractéristiques de l'exploitant concernent l'âge, le genreet les sources de revenus.

Les facteurs socioéconomiques se rapportent à la main d'oeuvre, les objectifs d'exploitation (commercialisation, autoconsommation ou médecine), le droit d'accès non limité aux ressources à exploiter, la maîtrise des techniques de transformation et l'accès au marché.

Les facteurs intrinsèques concernent la profitabilité, le risque, la pénibilité du travail, la complexité (la haute taille des arbres, la saisonnalité et la fructification tardive).

2.1.1.4 Les caractéristiques de 1'exploitant

L'exploitation des PFNL est une activité menée par différents membres du ménage. Les femmes sont responsables de la collecte de plusieurs produits. Cette situation change quand les produits obtiennent une valeur plus importante comme Irvingia gabonensis, carles hommes s'associent aux femmes pour collecter ces produits (Djik, 1999 : 26). Le commerce des produits tels que les noix de cola génératrices d'importants revenus en zone forestière humide du Cameroun a été monopolisé par les hommes. On retrouve principalement les femmes dans la récolte et la vente des feuilles de Gnetum africanum et celles de Megaphrynium ntacrostachyum (Marantaceae) (Ekechi, 1995). Les femmes sont aussi responsables des cultures agricoles et sur leurs chemins quotidiens, elles collectent les PFNL dans les champs et les jachères, rarement en pleine forêt, qui est considéré comme dangereux. Cependant, les hommes se déplacent en pleine forêt, particulièrement pour la chasse et sur leurs chemins, ils collectent certains PFNL comme l'écorce de Garcinia lucida(Djik, 1999 : 26).

Ayuk et al. (1999) ont également montré que la commercialisation des produits forestiers non ligneux étaitcontrôlée à 80% par les femmes. Les hommes s'oriententvers des activités plus lucratives qui sont pour eux une source de revenu plus importante telle que la chasse. Plusieurs gibiers et produits animaux nécessaires à l'alimentation humaine peuvent être obtenus par la chasse, la pêche et la collecte des escargots, des insectes et du miel. La chasse est une activité exclusivement réservée aux hommes chez les bantous, mais sa commercialisation est faite par la femme et l'homme. Les femmes préparent les gibiers pour les vendre en petits morceaux cuisinés (Djik, 1999 : 28).

2.1.1.5 Facteurs socioéconomiques

Snyder (1995) estimeque la main d'oeuvre est l'intrant le plus important pour exploiter les PFNL en zone de forêt. Il spécifie que dans le Centre, leSud et 1'Est du Cameroun, la main d'oeuvre est le facteur le plus limitant. Kabuye (2000) rapporte que dans la zone du Centre, du Sud et de l'Est, les objectifs de production sont la subsistance et la vente, mais il y existe encore le problème de libre accès à la ressource, car certaines personnes sont confrontées à des problèmes de propriété à la fois pour l'arbre et pour la terre.Franzel et al. (1996) révèlent la nécessité d'avoir les infrastructures commerciales (marchés) et routières pour que le paysan développe les techniques améliorées de transformation des PFNL.

L'exploitation des PFNL reste une pratique complexe, dès lors que l'arbre présente une compétition avec les cultures vivrières pour la terre. En plus, la taille souvent haute, la saisonnalité, la fructification tardive ne permet pas toujours une exploitation facile de ces fruitiers sauvages (Ayuk et a1., 1999).

Selon Nasi et al. (2008 : 31) la chasse est plus profitable que l'agriculture à court terme dans les zones isolées des forêts. Comme le gibier est abondant, la population ne développe pas une tradition pour l'agriculture commerciale. Les cultures commerciales prennent plusieurs années pour produire et les coûts de transport sont plus élevésdans les zones isolées que dans les zones proches des marchés ou de la route.

Arnold et Townson (1998) estiment que de nombreuxménages continuent à générer une partie de leurs revenus des activités liées aux produits forestiers, parce qu'ils sont incapables d'avoir assez de revenus de l'agriculture ou des salaires. Pour ces familles, ces activités constituent un « filet de sécurité » et sont facilement remplacées quand des opportunités plus rémunératrices et moins difficiles s'offrent à eux.

2.1.1.6 La réalité de l'exploitation des PFNL

Etant donné la faible densité des espèces d'arbres tropicaux, leur dépendance vis-à-vis des animaux pour leur pollinisation et la difficulté d'installation de leur semis, il est clair que la récolte d'une partie de la plante, aura des répercussions sur l'espèce (Peters, 1990). L'équilibre écologique fragile de la plante caractéristique des forêts tropicales est très vulnérable aux effets des activités humaines et même les extractions qui, à première vue, paraissent avoir un impact minime, peuvent plus tard affecter la structure et la dynamique des populations d'arbres forestiers. Cet impact qui n'est pas détectable par un oeil peu averti, est cependant bien réel (De Beer et McDermott, 1989).

Peters (1990) a montré que l'impact écologique de l'exploitation des PFNL dépendait généralement du type de récolte et de son intensité, ainsi que du type de ressource ou de l'espèce exploitée. La cueillette occasionnelle de quelques fruits ou la récolte périodique des feuilles peut n'avoir qu'un faible impact sur la stabilité à long terme d'une population d'arbres. La récolte annuelle intensive d'un fruit ou d'un type de graine oléagineuse prisée sur le marché peut entraîner l'extinction progressive d'une espèce de la forêt. De même, l'exploitation d'arbres adultes de grande taille peut avoir un effet semblable beaucoup plus rapidement. Pour Cunningham et Mbenkum (1990), même lorsqu'on n'utilise pas des méthodes de récolte destructrices, la cueillette commerciale de grandes quantités de fruits et de graines peut toujours avoir un impact significatif sur l'environnement. Les exploitants des PFNL sont souvent en compétition avec des animaux frugivores et leurs activités réduisent le stock de ressources disponibles. Tous ces facteurs interagissent sousla forme de synergies et inhibent le processus de recrutement de nouveaux individus dans une population donnée (Peters, 1990).

4.3.3. Le sciage artisanal

Le secteur domestique du bois d'oeuvre repose largement sur des pratiques informelles, allant de l'abattage de l'arbre à la vente des sciages aux consommateurs finaux (Cerutti et Lescuyer, 2010). Plouvieretal. (2002) estiment que la production et la transformation artisanales du bois permettent aux populations locales en milieu rural d'exercer des droits de propriété sur les ressources forestières et de les gérer à leur bénéfice, que ce soit dans le cas des forêts communautaires ou alors des arbres des exploitations agricoles. Une demande locale pour la construction de maisons et de meubles, une demande plus récente des marchés urbains proches ou basés dans les pays limitrophes ainsi que la présence de scieurs formés explique l'existence de cette activité en zones rurales (Cerutti et Lescuyer, 2010 : 11).

Les uns pensent que cette exploitation ades impacts négatifs, alors que d'autres trouvent plutôt le contraire. C'est ainsi que Mekok (2004) par le calcul du nombre de pieds coupés par mois a révélé l'impact écologique négatif de l'exploitation artisanale, ceci par rapport aux ouvertures qu'elle pourrait laisser sur la canopée. Plouvier et al. (2002) avaient même déjà relevé que ces pratiques anarchiques ne respectaient en rien les normes de l'aménagement des forêts qui sont censées garantir sa gestion durable. Ils continuent en précisant que c'est une activité faite par des individus ne recherchant qu'un profit à court terme et prêts à tout pour court-circuiter les services de l'État. Ils notent enfin que le résultat est une dégradation rapide des ressources forestières qui ne profite qu'à une poignée d'individus peu scrupuleux. D'autres analystes développent au contraire une vision plus optimiste des impacts du sciage artisanal, tout en restant soucieux de sa nature informelle : meilleure valorisation de la matière ligneuse (Fomete, 1997), impacts écologiques moindres sur le site d'abattage et de transformation, plus large implication des populations locales, ou réduction de la pression sur les forêts de production (Cerutti et Lescuyer, 2010). Toujours selon les mêmes auteurs, les populations locales, vendant leurs arbres selon les règles coutumières ou travaillant dans ce secteur, tirent des revenus importants de cette activité.Il apparaît donc que le secteur informel du sciage artisanal génère un niveau important de revenus, notamment pour les populations rurales, et de profits en zone rurale comme en ville.

4.3.4. Impact de l'exploitation forestière sur les PFNL

La présence des compagnies forestières a des avantages pour les populations locales. Officiellement les compagnies payent les taxes aux Gouvernements qui sont redistribuées aux populations. Elles peuvent aussi aider les populations dans la réalisation de certaines infrastructures sociales comme les dispensaires, les routes, les salles de classe, les terrains de football. Certaines personnes sont engagées dans les compagnies et l'arrivée d'employés étrangers permet d'accroitre le potentiel du marché de l'agriculture et des produits non agricoles (Djik, 1999 : 61). Selon le même auteur, la plupart des plaintes venant des populations concernent les dommages indirects et directs causés par l'exploitation :

· les dégâts causés à la forêt en général lors de la construction des routes et du débardage ;

· l'impact négatif sur certains PFNL, à savoir la chute des arbres produisant les PFNL ;

· la perturbation de certains cours d'eaux et sources d'eau potablepar les machines utilisées ;

· la fuite de certains animaux sauvages qui ne reviennent plus, même quand l'exploitation cesse ;

· l'utilisation abusive des ressources comme les gibiers, les fruits et les noix par les employés de la compagnie.

Rist et al. (2012) distinguent quatre principales catégories d'impacts de l'activité d'exploitation du bois d'oeuvre sur les PFNL: les conflits d'usage, la compétition, la facilitation et les impacts indirects. Les trois premières sont caractérisées par des impacts négatifs alors que la dernière peut être négative ou positive.

· Les conflits d'usage

D'après ces auteurs, la majorité des impacts sur les PFNL en Afrique Centrale sont dus à des conflits d'usage liés à certaines espèces fournissant à la fois le bois d'oeuvre et des PFNL (chenilles, médicaments, etc.). Ces conflits d'usage menant bien souvent à des tensions entre les compagnies d'exploitation forestière et les communautés locales sont bien connus dans le bassin du Congo.Plus de la moitié (61%) de la vingtaine d'espèces exploitées comme bois oeuvre ont également une importance dans les modes de subsistance des communautés locales. Le moabi(Baillonella toxisperma)et le sapelli (Entandrophragma cylindricum) sont les espèces les plus fréquemment citées pour ce type de conflit dans la région. Leur extraction affecte en effet la récolte des chenilles (Imbrasia spp.) dont ils sont les hôtes et qui constituent une source de protéines et un mets fort apprécié des populations locales (Tieguhong et Ndoye, 2007).

· Compétition

Elle a lieu lorsqu'un PFNL obtient une grande valeur, du coup les compagnies forestières commencent à l'exploiter au détriment des populations locales. C'est le cas de l'Okoumé (Aucoumea klaineana) au Gabon depuis qu'il a été reconnu que sa résine avait des propriétés anti-inflammatoires (Rist et al.,2012).

· Facilitation

L'exploitation forestière peut faciliter l'exploitation non durable de certains PFNL. Le commerce de la viande de brousse est l'exemple classique. Les chasseurs utilisent les routes et les véhicules des compagnies pour transporter la viande des zones enclavées qui étaient autrefois inaccessibles (Rist et al., 2012). Tieguhong et Ndoye (2007) ont noté une diminution du nombre de lièvres (Cephalophus spp), de varans (Varanus spp.), de singes (Cercopithecus spp)et d'antilopes (Neotragus spp.) et une diminution de la quantité de Gnetum spp.et de raphia en forêtsuite à un accès plus facile à la forêt et à une augmentation de la population locale.

· Impact indirect

L'exploitation forestière contribue à une modification de la structure, de la fonction et de la composition de la forêt. Cette modification peut être négative ou positive pour certains PFNL. A cet effet, Tieguhong et Ndoye(2007)ont révélé une augmentation de la quantité de tondo (Afromamum spp.), njansang (Ricinodendron heudelotii), rotin(Laccosperma secundiflorum) et de certaines espèces d'ignames due à l'ouverture de la canopée et au changement de microclimat en sous-bois, une augmentation du nombre d'herbivores (aulocode ou athérure) due à l'ouverture de la canopée et au développement de la strate herbacée, une diminution de la récolte de certains champignons (Termitomyces spp.) due à des difficultés d'accès à certaines parties de la forêt causée par l'ouverture de la canopée et à la densification de la végétation du sous-bois,la destruction de certains pieds de manguiers sauvages et d'arbres qui fournissent du miel aux populations locales lors de l'exploitation.

Ce chapitre a définiles concepts autour desquels s'articule l'étude, présenté le cadre réglementaire et quelques résultats de recherches menées sur les PFNL et le sciage artisanal.Au chapitre 4, nous compareronsles résultats de l'étudeavec ceux qui ontprésentés dans ce chapitre.

CHAPITRE 5: METHODOLOGIE

5.1. Présentation de la zone d'étude

Cette section décrit la zone d'étude, le milieu physique, le milieu humain et les principales activités économiques.

5.1.1. Localisation géographique

L'étude s'est déroulée autour de trois concessions forestières :la 1050 dans la Région du Sud, la 1046 et la 1059 dans la Région de l'Est du Cameroun.

La concession forestière 1050 est située dans la Région du Sud, Département de la Mvila, Arrondissements de Mvangan, d'Ebolowa II et de Biwong Bulu entre 2°45-3°2 de Latitude Nord et 9°55-10°34 de Longitude Est. Elle est constituée des UFA 09017 et 09018 et couvre une superficie de 73 597 ha (Enviro consulting, 2009).

Quant aux concessions forestières 1046 et 1059, elles sont situées dans la Région de l'Est, départements de la Kadey et du Haut-Nyong, Arrondissements de Doumé, Batouri, Mbang et Abong-Mbang, entre 3°45'- 4°20' de Latitude Nord et 13°-14°02' de Longitude Est. La concession dans son ensemble est constituée de trois UFA 10046, 10059 et 10060 d'une superficie totale de 163 533 ha (Medinof, 2004).

5.1.2. Le milieu physique

Les différentes concessions sont situées dans la zone agro-écologique forestière bimodale.

5.1.2.1. Le climat, les sols et la végétation

Le climat de ces zones est de type équatorial avec deux saisons des pluies distinctes et des précipitations de l'ordre de 1500 à 2000 mm/an. La température moyenne annuelle est de 25°C avec une amplitude de 2,5°C.Ce climat permet le développement d'une gamme variée de cultures (cacao, manioc, maïs, palmier à huile et ananas) en raison de l'humidité prévalant toute l'année.

Les sols sont en majorité ferralitiques, acides, argileux et à faible capacité de rétention des éléments nutritifs (MINEP et MINSANTE, 2010 : 23).

Les formations végétales sont celles de la forêt tropicale humide, avec notamment des forêts denses sempervirentes, des forêts marécageuses inondées temporaires, des forêts marécageuses à raphias, des forêts secondaires et d'autres formations végétales comme les plantations cacaoyères et caféières, les champs et les jachères (Medinof, 2004 ; Enviro consulting, 2009).

On y retrouve de nombreuses essences appartenant à plusieurs familles. Les espèces commerciales telles que l'ayous (Triplochiton scleroxylon), l'iroko (Milicia excelsa), le sapelli (Entandrophragma cylindricum)etl'azobé (Lophira alata)y sont bien représentées.

5.1.2.2. La faune

La faune de ces deux zones est riche et diversifiée.On y retrouve encore de nombreuses espèces telles que : la civette d'Afrique (Civettictis civetta) le potamochère (Potamochoerus porcus), le céphalophe bleu (Cephalophus monticola), le céphalophe de Peters (Cephalophus callipygus), les pangolins(Manis triscupis et Manis gigantea), plusieurs espèces de singes, diverses espèces de reptiles dont la vipère (Atheris spp.)et le varan, également des oiseaux comme le perroquet gris à queue rouge (Psittacus Erithacus), le touraco(Corythacola cristata)et plusieurs genres de poissons. On note aussi certaines espèces rares comme le gorille (Gorilla gorilla), le chimpanzé (Pan troglodytes), le bongo (Tragelaphus euryceros), l'éléphant de forêt (Loxodonta africana cyclotis) (Medinof, 2004 ; Enviro consulting, 2009).

5.1.3. Le milieu humain

Le massif forestier des concessions 1046 et 1059 est habité par environ 25 783 personnes réparties dans 41 villages et hameaux. Ces personnes appartiennent à plusieurs groupes ethniques, notamment les Maka, les Bakoum, les Pol, les Kako, les Mezimé et les Baka (Medinof, 2004).

La population riveraine de la concession 1050 est estimée à 79 353 habitants, répartis dans 29 villages et hameaux (Enviro consulting, 2009). Selon le même auteur, les principales ethnies installées dans les villages sont les Bulu (99%) et les pygmées.

La figure 2 localise les zones d'étude.

Concessions forestières 1046 et 1059

 
 

Concession forestière1050

 
 

Figure 2. Localisation des zones d'étude

5.1.4. Les principales activités économiques de la zone

Elles sont constituées de l'agriculture, de l'élevage, de la cueillette, de la chasse, du sciage artisanal, de la pêche et du commerce.

5.1.4.1. L'agriculture

Au Sud comme à l'Est, l'agriculture est la principale activité des populations riveraines.Elles y consacrent beaucoup de temps comparativement aux autres activités. Les principales cultures vivrières cultivées de ces Régions sont le manioc (Manihot esculenta), le macabo (Xanthosoma sagittifolium), la banane plantain (Musa spp.), les ignames (Discorea spp.), l'arachide (Arachis hypogaea), le concombre (Cucumis mani), la canne à sucre(Saccharum officinarum), le maïs (Zea mays), la tomate(Lycopersicon esculentum). On y retrouve deux types de champs : les champs mixtes à base d'arachide en association avec toutes les autres cultures vivrières établies sur les vieilles jachères, et les champs mixtes à base de concombre ou de bananiers plantains en association avec le macabo établis sur des essarts gagnés sur la forêt primaire ou des jachères âgées (Medinof, 2004 ; Enviro consulting, 2009).

Ces cultures sont principalement destinées à l'autoconsommation, le surplus est commercialisé.

On trouve aussi des cultures de rente comme le palmier à huile (Elaeis guineensis) et le cacao (Theobroma cacao).AuSud, le cacao reste la principale culture de rente (Enviro consulting, 2009). A l'Est, on retrouve aussi du cacao et du café (Coffea spp.),Le cacao connait un regain d'intérêt à cause de la hausse des prix alors que le café connait un recul dans cette Région (Medinof, 2004).

5.1.4.2. L'élevage

L'élevage est une activité peuimportante dans la zone. Il est de type traditionnel et les animaux sont en divagation permanente. Les principales espèces sont : les volailles, les caprins, lesovins, et les porcins. Le produit de l'élevage est destiné à l'auto-consommation (pendant les périodes de fêtes), à la commercialisation et aux cérémonies traditionnelles (Enviro, 2009 ; Medinof, 2004). Les pygmées s'intéressent peu à l'élevage.Ils sont surtout orientés vers la chasse et la cueillette (Medinof, 2004).

5.1.4.3. La cueillette

La cueillette est une activité inhérente à toute population forestière.Elle se fait autour des habitations et parfois en pleine forêt. Les écorces, les racines, les feuilles et les fruits de plusieurs essences sont récoltées pour satisfaire les besoins des populations à savoir l'alimentation, l'artisanat, la construction et la pharmacopée (Medinof, 2004 ; Enviro consulting, 2009).

Les tableaux 1 et 2présententquelques espèces végétales utilisées par les populations au Sud et à l'Est respectivement.

Tableau 1. Liste des espèces végétales utilisées par les populations au Sud

Nom commun

Nom scientifique

Nom local

Usage

Mangue sauvage

Irvingia gabonensis

Ndok

Aliment et médicament

Njansang

Ricinodendron heudelotii

Ezezang

Epice et médicament

Noisette

Coula edulis

Komen

Aliment et médicament

Cola

Cola spp.

Abeu

Aliment et médicament

Cola amer

Garcinia cola

Onyiè

Aliment et médicament

Atom

Dacryodes macrophylla

Atom

Cerises

Chenilles

Imbrisia spp.

Minkön

Aliment

Champignons

Termitomyces spp.

Viè

Aliment et médicament

Rotins

Laccosperma secundiflorum

Minlong

Vannerie

Vers blanc

 

Fos

Aliment

Okok

Gnetum africanum

Okok

Aliment et médicament

Feuilles

Maranthocloa spp.

Akai

Emballage

Termites

 

Sitik

Aliment

Source : Adapté d'Enviro consulting, 2009

Tableau 2. Liste des espèces végétales utilisées par les populations à l'Est

Nom commun

Nom scientifique

Nom local

Partie utilisée

Amvout

Trichoscypha arborea

Ngoyo, Bouto'o

Fruit

Mangue sauvage

Irvingia gabonensis

Andok, Pèkè

Pulpe et amande

Bilinga

Nauclea diderrichii

 

Fruit

Njansang

Ricinodendron heudeloni

Essessang

Amandes

 

Reilschmeidia obscura

Kanda

Fruits

Colatier

Cola accuminata

 

Amandes

Moabi

Baillonnella toxisperma

Adjap

Fruit et amande

Biter cola

Garcinia cola

Anié

Ecorce et racine

 

Antrocaryon micraster

Onzabili

Fruits

Source : Adapté de Medinof 2004

5.1.4.4. La chasse

La chasse est une activité secondaire pour les populations. Elle se pratique surtout en saison pluvieuse. Le gibier attrapé est destiné principalement à l'autoconsommation.L'excédent est vendu. Malgré le fait qu'elle soit illégale, cette activité constitue une source de revenusmonétaires importante pour les ménages. Les techniques de chasse utilisées sont multiples : les pièges aux câbles en acier, les fusils et la chasse avec les chiens.

5.1.4.5. Le sciage artisanal

Les populations riveraines coupent les arbres en forêt pour diverses raisons : la création de nouveaux champs et/ou l'extension des espaces agricoles existants, la construction des maisons et la fabrication des objets divers, la création des éclaircies dans les plantations de cacaoyers, de café ou de palmiers à huile. Pour le faire, ils utilisent plusieurs outils : la machette, la hache et la tronçonneuse.

Le sciage artisanal est une activité réelle, intense dans ces Régions. Mais les populations locales savent bien que l'exploitation du bois à but lucratif sans autorisation de l'administration des forêts est interdite. Et cela se passe même à l'intérieur des concessions forestières. Les principales essences concernées sont l'ayous(Triplochiton scleroxylon), l'iroko (Milicia excelsa), le sapelli(Entandrophragma cylindricum), le moabi(Baillonella toxisperma), le movingui (Distemonanthus benthamianus), le wengué (Millettia laurentii), l'ébène (Diopyros crassiflora) et le bubinga (Guibourtia spp.)(Medinof, 2004 ; Enviro consulting, 2009).

5.1.4.6. La pêche

La présence de nombreux cours d'eau dans les deux Régions donne lieu à une activité de pêche intense en saison sèche. Elle reste une activité saisonnière dans ces Régions, surtout lorsque la chasse n'est pas fructueuse. Les moyens et les techniques utilisés sont les hameçons, les barrages, les filets et lesnasses. Les produits de la pêche sont destinés à l'autoconsommation etde temps en temps à la vente (Enviro, 2009 ; Medinof, 2004).

5.1.4.7. Le commerce

En dehors des activités déjà citées, quelques villageois dans ces Régions font un petit commerce de savon, de sel, de pétrole, des cigarettes, du sucre, du vin de palme, de l'alcool traditionnel (odonol), de beignets et autre nourriture pour augmenter les revenus monétaires du ménage.

5.2. Types des sources des données et instruments de collecte

Deux sources de données ont été utilisées dans cette étude : les sources secondairesetles sources primaires.

5.2.1. Sources secondaires

Les sources secondaires ont permis d'obtenir des données déjà existantes mobilisées à partir de l'analyse documentaire (mémoires, ouvrages scientifiques, les plans d'aménagements, comptes rendus, les bases de données) disponible à la bibliothèque centrale de l'Université de Dschang et au Centre International de Recherche Forestière (CIFOR), sur Internet et auprès des intervenants dans la zone.

5.2.2. Sources primaires

Les sources primaires sont celles qui ont permis de générer des données nouvelles au cours de l'étude. La collecte de ces données a mobilisé plusieurs moyens à savoir les entretiens, les questionnaires l'observation, le transect social et les groupes de discussion.

· Les entretiens

Nous avons conduit des entretiens semi structurés avec des personnes ressources (ONG, concessionnaires, agents des eaux et forêts et chefs de villages). Ces entretiens avaient pour objectif de s'informer sur les usages des ressources forestières et les rapports qui existent entre les populations locales et les exploitants forestiers. Des entretiens individuels ont aussi été conduits avec des personnes spécialisées dans les activités de chasse, de cueillette et de sciage artisanal, afin d'avoir des informations relatives au fonctionnement de ces activités.

· Les questionnaires

Deux types de questionnaires ont été administrés aux chefs de ménages :le questionnaire recensement et le questionnaire de suivitrimestriel.

Le questionnaire recensementa permis d'avoir des données quantitatives sur les caractéristiques socioéconomiques, les types de PFNL, les types de produits agricoles pour chaque ménage des communautés étudiées.Ce type d'enquête est le plus courant en matière de PFNL (Wollenberg et Nawir, 1998).Il consiste à récapituler sur une base annuelle les pratiques et les produits collectés, sans observation directe. Il présente l'avantage d'être facile à conduire sur un grand nombre de villages. Les données résultent d'une estimation faite par le ménage, qui est souvent biaisée. Ambrose-Oji (2003) montre que les ménages ont tendance à surestimer les revenus annuels tirés des PFNL, en se focalisant sur les sommes importantes d'argent qui rentrent en une fois plutôt que sur la série de petits revenus qui sont étalés sur l'année.

Le questionnaire de suivitrimestriel a permis d'avoir des données qualitatives et quantitatives sur les tendances économiques des différents ménages sélectionnés sur 2 trimestres s'étendant de mars à septembre 2012.Cette approche utilise deux supports d'enquête, l'un portant sur les prélèvements effectués en forêt par tous les membres du ménage et l'autre sur les revenus et les dépenses occasionnés par trimestre dans le ménage. Elle présente l'avantage d'être détaillé et plus de fiable, malgré sa lourdeur.

· L'observation participative

Les observations ont permis de confirmer certaines informations et de relever certaines informations qui n'avaient pas été mentionnées, par refus de répondre des populations ou par oubli.

· Le transect social

Il a permis d'identifier l'ensemble des ménages ainsi que leur répartition spatiale à l'intérieur du village, d'établir une pré-typologie des ménages à partir de la taille et de l'état des maisons, d'identifier les principales infrastructures collectives et d'estimer leur état de fonctionnement.

· Les groupes de discussion

Cette méthode de recherche participative était définie sur plusieurs thèmes différents :

1. Un groupe de discussion sur les données socio-ethnographiques du village, pour comprendre l'historique du village, sa composition et son organisation sociale.

2. Un groupe de discussion sur l'agriculture a permis d'identifier les principales espèces cultivées et leurs modes de culture ainsi que le degré de contribution de ces activités à l'autosuffisance alimentaire et aux revenus.

3. Un groupe de discussion appelé « Commerce, développement, exploitation forestière »avait pour objectif d'examiner les possibilités du développement de la communauté.

4. Un groupe de discussion a permis d'élaborer une cartographie et une liste des usages et des pratiques relatives à l'extraction de ressources forestières.

5.3. Population et échantillonnage

Cette section consiste à présenter la population d'étude et à décrire la technique qui a permis d'obtenir la taille de l'échantillon de l'étude.

5.3.1. Population de l'étude

Dans le cadre de cette étude, la population est constituée de l'ensemble des personnes impliquées dans l'utilisation des ressources forestières autour et à l'intérieur des concessions 1050dans la Région du Sud,1046 et 1060 dans la Région de l'Est. Nous avons eu des discussions de groupe ou « focus group » avec les membres de certains villages riverains. Nous avons adressé des questionnaires aux chefs de ménage et passé des entretiens individuels avec personnes spécialisées dans les activités de chasse, cueillette et sciage artisanal. Avec les concessionnaires nous avons eu des entretiens semi-structurés.Quant aux personnes ressources enquêtées, nous nous sommes intéressés aux responsables des ONG et aux agents des eaux et forêts.

5.3.2. Technique d'échantillonnage et taille de l'échantillon

Afin de choisir les villages à enquêter, nous avons utilisé une méthode raisonnée. Plusieurs critères ont guidé notre choix :

· la distance par rapport à la route : nous avons choisi des villages proches de la route principale et d'autres pluséloignés ; 

· l'ethnie : nous avons choisi les villages de telle sorte que toutes les ethnies de la zone soient représentées ;

· la taille du village : notre choix s'est fait de manière à avoir des villages de petite et de grande taille.

· la distance par rapport aux différentes AAC : le choix s'est également fait de façon à avoir desvillages proches des AAC déjà exploitées, en cours d'exploitation et non exploitées.

Surla base de ces critères, 5 villages riverains de la concession 1050 et 7 villages riverains des concessions1046 et 1060 ont été choisi.

Quant aux choix des ménages à enquêter dans les villages, il s'est fait de manière aléatoire. A l'aide des numéros de ménage mentionnés sur le transect social, nous avons sélectionné les ménages à enquêter. Le nombre de ménages à enquêter était fixé à au moins 20% du nombre total de ménages, avec un minimum de 5 ménages par village.

Nous avons au total enquêté 153 chefs de ménages soit 66 autour de la concession 1050 et 87 autour desconcessions 1059 et 1060. Le tableau 3 présente la répartition des enquêtés par concessions.

Tableau 3. Répartition des enquêtés par concessions

Concession

Village

 

Nombre d'enquêtés

Ethnie

Total

Nombre de ménage

Cueilleurs

Chasseurs

Scieurs

Responsable des concessions

Agents des Eaux et Forêts

ONG

 
 

1050

Metylkpwale

66

1

3

9

1

1

2

Bulu

87

Ngon

Ondondo

Bissam

Meyos

1046 et 1060

Bonando

87

10

11

4

1

2

3

Maka, Pol, Baka, Kako et

Mezimé

14

Petit-Pol

Nkolbikon

Ndembo

Melambo

Kagnol 11

Kouédjina

Total

12

153

11

14

13

2

3

5

 

213

1.1. 5.4. Traitement et analyse des données

Les informations collectées ont été dépouillées manuellement et codifiées avant d'être analysées grâce aux logiciels Microsoft Access,Excel, et Statistical Package for Social Science (SPSS). Les techniques de statistique descriptive telles que les tableaux, le calcul de fréquence, des moyennes ont été utilisées. Les graphiques ont été également utilisés pour montrer la tendance des phénomènes observés. La triangulation a permis de recueillir les points de vue des enquêtés et de les regrouper en points de vue similaires. Les résultats obtenus ont permis de vérifier ou d'infirmer nos hypothèses de recherche.

Ce chapitre a présenté la zone d'étude, les types de données et les instruments de collecte. Les résultats obtenus seront présentés, analysés et discutés dans le chapitre 4.

CHAPITRE 6: RESULTATS : PRESENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION

6.1. Identification et caractérisation des acteurs impliqués dans l'utilisation des ressources forestières

Dans cette étude nous nous sommes intéressés à deux catégories d'acteurs impliquées dans l'utilisation des ressources forestières à savoir :les concessionnaireset les populations riveraines.

6.1.1. Présentation des concessionnaires

La Fabrique Camerounaise de Parquet (FIPCAM), créée en juin 2000 et concessionnaire des UFA 09017 et 09018 situées dans la Région du Sud est une société italienne agréée à la profession forestière par l'arrêté n° 015/CAB/PM du 17 avril 2000. Elle est spécialisée dans l'exploitation forestière et la transformation du bois d'oeuvre etaujourd'hui, elle est engagée dans un processus de certification. Les principales essences qu'elle exploite sont l'ayous (Triplochiton scleroxylon), le sapelli (Entandrophragma cylindricum), l'acajou(Khaya spp.), l'aniégré (Aningeria spp.), le bété (Mansonia altissima), le bibolo(Lovoa spp.), le moabi (Baillonella toxisperma), le movingui(Distemonanthus benthamianus), le fraké (Terminalia seperba), le bubinga (Guibourtia spp.). Cette concession à déjà été exploitée depuis 1998 par plusieurs sociétés (Enviro consulting, 2009).

· Entre 1998 et 1999, la société ECAM-PLACAGE a reçu un titre pour exploiterces massifs sur une superficie de 69 359 ha.

· La COCAM a également eu une licence pour exploiterentre 1998 et 1999 sur 119 800 ha

· Entre 2001 et 2002 la Wijmaet la COCAM ont obtenu des ventes de coupes pour exploiter 4 345 m3 et 4 884 m3 respectivement.

Contrairement à la FIPCAM, la Société Camerounaise de Transformation du Bois (SCTB) est une société camerounaise spécialisée dans l'exploitation forestière et la transformation du bois. Elle est attributaire des concessions 1046 et 1059situées dans la Région de l'Est,respectivement depuis juin 2000 et juillet 2001.Avant la SCTB, ces massifs forestiers avaient fait l'objet de plusieurs licences d'exploitation depuis 1969 (Medinof, 2004).

· Entre 1969 et 1989 une compagnie connue sous le nom d'EFC a recu une licence d'exploitation pour exploiter 82 280 ha.

· Entre 1971 et 1975 la SFID areçu deux licences pour exploiter47 685 ha.

· Entre 1969 et 1998 la SEBC areçu trois licences d'exploitations pour exploiter 104 200 ha.

Les principales essences exploitées parla SCTB entre 2001 et 2004 sont l'ayous (Triplochiton scleroxylon), le fromager (Ceiba pentandra),le fraké (Terminalia superba), le tali (Erythrophleum ivorense)et le sapelli (Entandrophragma cylindricum)(Medinof ; 2004 : 26).

Pour atteindre leurs objectifs, plusieurs activités sont menées par les compagnies dans leurs concessions:la matérialisation des AAC, le traçage des layons,l'inventaire systématique des AAC, l'abattage, le tronçonnage et le débardage des grumes,la création des parcs à grumes,le transport des grumes, l'installation des bases-vie à l'intérieur ou à proximité des villages,l'ouverture et l'entretien des routes, des pistes et des ponts, l'assistance des populations dans la réalisation de certaines oeuvres sociales, le paiement des taxes afférentes à l'exploitation forestière.

6.1.2. Caractéristiques sociodémographiques des enquêtés

Cette partie porte sur l'analyse des résultats relatifsaux caractéristiques sociodémographiques des enquêtés telles que l'ethnie, la structure par âge, le niveau d'éducation, la religion et le sexe. Il est également présenté quelques statistiques sur les ménages notamment la taille et les caractéristiques des logements.

L'objectif de cette partie est de présenter un profil des enquêtés et un aperçu de l'environnement socio-économique dans lequel ils vivent.

6.1.2.1. Répartition des enquêtés selon l'ethnie

Tableau 4. Répartition des enquêtés selon l'ethnie

Région

Ethnie

Fréquence

Pourcentage (%)

Sud

Bulu

65

99

Fang

1

1

Total

66

100,0

Est

Baka

15

17,2

Banvele

3

3,4

Bassa

1

1,1

Kako

23

26,4

Maka

18

20,7

Mézimé

6

7

Pol

21

24,1

Total

87

100,0

Du tableau4, il ressort que la disparité ethnique n'est pas importante dans la Région du Sud. 99 % des enquêtés dans la Région sont des Bulu et 1% des Fang. Par contre dans la Région de l'Est on observe une diversité ethnique importante avec des Kako,des Pol, des Maka, des Baka, des Mézimé, des Banvele et des Bassa.

6.1.2.2. Répartition des enquêtés selon l'âge

La figure 3présente la répartition des enquêtés selon l'âgedans les différentes zones d'étude.

Figure 3. Répartition des enquêtés suivant les classes d'âge au Sud et l'Est

Il ressort de la figure3,que la plupart des chefs de ménages au Sud ont un âge comprisentre 41 et 60ans (38%). L'âge moyen dans la Région est de 50 ans, en plus, les chefs de ménages âgés de plus de 60 ans représentent près d'un tiers (32%,)de l'échantillon, traduisant une population vieillissante. Cela peut s'expliquerpar l'exode des jeunes du village vers les villes en quête d'opportunités d'emplois ou pour la poursuite des études.

Dans la Région de l'Est, les enquêtéssontrelativement plus jeunes avecun âge moyen de 42 ans. Les chefs de ménages dont l'âge est compris entre 21 et 40 ans sont majoritaires (46 %). Contrairement au Sud, les chefs de ménages âgés de plus de 60 ans ne représentent que 14 %. Ceci pourrait s'expliquer par une espérance de vie réduite dans cette localité.

6.1.2.3. Répartition des enquêtés selon leur niveaude scolarisation

La connaissance du niveau d'éducation des chefs de ménage est un élément importantqui peut contribuer à mieux expliquer le degré de dépendance des populations vis-à-vis des ressources forestières.

Figure 4. Répartition des enquêtés selon leur niveau de scolarisation

Il ressort de la figure 4, quele niveau de scolarisation des enquêtés au Sud est plus élevé qu'à l'Est. Cette différence peut s'expliquer par le fait que dans la Région de l'Est, les gens n'ont pas la « culture de l'école ». Ils préfèrent aller aux champs, à la cueillette ou à la chasse. A cet effet, nous avons eu une discussion avec un enseignant dans l'un des villages.Il nous a dit que parfois ils supplient les enfants pour qu'ils viennent à l'école. En plus, il n'y pas assez d'infrastructures scolaires et d'enseignants dans cette Région. On y trouve souvent un ou deux enseignants pour un cycle complet du primaire.L'enclavement de la Régionfait que les enseignants qui y sont affectés viennent rarement ou ne viennent pas du tout.

6.1.2.4. Répartition des enquêtés selon la religion

Figure 5. Répartition des enquêtés suivant lareligion

Il ressort de la figure 5, que les protestants sontdominants dans la Région du Sud.Plus de 87 % des enquêtés pratiquant cette religion. Alors que 9% sont des catholiques et 3% n'appartiennent à aucune religion importée. Cette domination est vérifiable à travers les infrastructures religieuses protestantes présentes dans la zone le long des routes.

A l'Est, la tendance religieuse des enquêtés est beaucoup plus équilibrée avec 49% de catholiques, 44% de protestants et 7% d'aucune religion importée.

6.1.2.5. Genredu chef de ménage

Tableau 5. Répartition des ménages par genredu chef de ménage

Région

Genre

Effectifs

Sud

Féminin

10

Masculin

56

Total

66

Est

Féminin

7

Masculin

80

Total

87

Les résultats du tableau5 révèlent que dans la Région du Sud, surles ménages enquêtés, la plupart sontdirigés par les hommes. En effet, dans 85% des cas, les ménages ont à leur tête, un homme. Néanmoins 15% de ménages ont une femme comme chef dans la même Région.

Dans la Région de l'Est, le nombre de chefs de ménages homme est toujoursplus élevé. Quatre-vingt-douzepour cent des ménages ont pour chef de ménage un homme contre 8% de ménages ayant à leurtête une femme.

Comparés aux résultats des Enquêtes Démographiques de la Santé au niveau national de 2004 qui estiment que 24 % ménages camerounais sont dirigés par lesfemmes, ces résultats sont bas. Ceci s'expliquerait pas le fait que dans ces Régions les femmes ne sont pas assez autonomes.

6.1.2.6. Taille des ménages

La taille des ménages est une caractéristique importante qui permet de déterminer leurs besoins et par conséquent le niveau d'utilisation et de compétition pour les ressources naturelles dont dépendent les activités économiques de la zone.

Tableau 6. Informations statistiques sur la taille des ménages

Région

Statistiques

Nombre de membres du ménage

Sud

Moyenne

6,8

Ecart-type

3,1

Minimum

1

Maximum

16

Est

Moyenne

6,7

Ecart-type

3,8

Minimum

1

Maximum

24

L'on constate à partir du tableau 6que la taille moyenne des ménages dans les deux Régions avoisine 7 personnes. Comparés auxrésultats des Enquêtes Démographiques de la Santé au niveau national de 2004 (5,7), ces résultatssontplus élevés.

6.1.2.7. Caractéristiques des logements

Au cours de l'enquête, le niveau de confort du logement a été déterminé. Les conditions de vie à travers lanature des matériaux de construction des maisons ont été évaluées. La figure 6 présente les résultats.

 
 

Figure 6. Revêtement du sol, matériaux du toit et du mur des logements

De la figure 6, on observe que dans la Région du Sudil y a plus de ménages dont les sols sont en ciment.Dans l'ensemble, la majorité des ménages dans les deux Régions ont des sols en terre battue.Pour les matériaux de mur,les ménages de la Région du Sud ont plus de murs en matériaux définitifs. De même il y a plus de ménages dont les murs sont en planche dans la Région Sud comparative à l'Est. Concernant les toits, la totalité des maisons dans la Région du Sud ont des toits en tôles, contre 38% dans la Région de l'Est.

Sur la base des caractéristiques du logement on constate que le niveau de vie socioéconomique dans la Région du Sud est plus élevé que dans la Région de l'Est.

6.2. Typologie des activités des populations riveraines

Pour obtenir les résultats sur les types d'activités, il a été demandé aux enquêtées de citer 5 principales activités génératrices de revenus, du plus important au moins important. Ensuite, nous avons attribué des scores variant de 5 à 1 pour celles ayant obtenu les rangs de 1er à 5e respectivement.

Figure 7. Perception des principales activités des ménages

De la figure7, il ressort une grande similarité entre les perceptions des principales sources de revenus monétaires des ménages au Sud et à l'Est.Les populations des deux Régions estiment que l'agriculture, la cueillette et la chasse sont leurs trois principales sources de revenus monétaires. L'agriculture est perçue comme étantla première source de revenu monétaire pour les ménages dans les deux Régions. La chasse est perçue comme la seconde activité génératrice de revenus monétaires dans la Région de l'Est. Par contre la cueillette est perçue comme la seconde source de revenus monétaires au Sud. D'après ces perceptions les activités directement liées aux ressources naturelles (agriculture, chasse, cueillette, pêche et bois) rapportent près de 84% des revenus monétaires à l'Est et 73% au Sud.Celles liées aux ressources forestières non ligneuses (chasse, cueillette et pêche)représentent 39% dans la Région de l'Est et 31% dans la Région du Sud.

Les résultats des enquêtes trimestrielles ont permis de classer ces principales sources de revenus, sur la base des données récoltées auprès des ménages afin de comparer les perceptions et la réalité. Lafigure 8 présente la contribution desdifférentesactivitésaux revenus monétaires totauxdes deuxRégions entre mars et septembre 2012.

 

Nombre de ménages suivis à l'Est : 77

Nombre de ménages suivis au Sud :56

Figure 8. Contribution des activités aux revenus monétaires totaux de mars à septembre 2012

Il ressort de la figure 8,que durant le semestre de l'enquête, l'agriculture est la principale activité génératrice de revenu monétaire à l'Est et au Sud avec respectivement 50et 32 % des revenus.La chasse est ladeuxièmesource de revenusà l'Est et la septième au Sud. Le sciage artisanal, qui dans les perceptions ne figurait pas parmi les cinq principales sources de revenu au Sud est la deuxième source de revenu de la Région. De même on constate que dans la Région de l'Est, elle est la troisième source de revenus après l'agricultureetla chasse, alors que les perceptions l'on classé au cinquième rang. La cueillette qui était classée en troisième position à l'Est et deuxième au Sud se retrouve en quatrième et cinquième position respectivement. La cueillette a été globalement sur-évaluée dans les perceptions, vu que les enquêtes ont partiellement couvert la grosse saison de production.

Les perceptions corroborent plus ou moins avec la réalité. Ceci seraitdû au caractère saisonnier de la plupart des activités, mais dans l'ensemble les activités liées directement aux ressources naturelles sont toujours lesplus importantes. Ellesont rapporté près de 84%du revenu monétaire total à l'Est et 63% au Sud entre mars et septembre 2012. Les ressources non ligneuses représentent 24% et 13% du revenu monétaire à l'Est et au Sud respectivement.

Dans les sections suivantes il sera question de caractériser les principales activités liées aux ressources naturelles à savoir : l'agriculture, la cueillette, la chasse et le sciage artisanal dans les deux Régions, afin de ressortir leurs particularités.

6.3. Caractérisation des principales activités liées aux ressources naturelles

6.3.1. L'agriculture

L'agriculture est la principale activité dans ces Régions. Il s'agit d'une agriculture de subsistance, dontl'excédent est destiné à la commercialisation. Cette activité est généralement pratiquée par l'ensemble du ménage.

6.3.1.1. Les principales productions agricoles

Pour obtenir les résultats, il a été demandé aux participants desfocus groupsdans chaque village d'identifier leurs principales cultures vivrières et commerciales, de les classer par ordre d'importance etde déterminer la part de la consommation et celle de la vente.

Tableau 7. Perceptions des principales cultures vivrières au Sud et à l'Est par les enquêtés

Région

Rang

Culture

Nom scientifique

Consommation moyenne (%)

Vente moyenne (%)

Sud

1

Plantain

Musa spp.

36

64

2

Manioc

Manihot esculenta

64

36

3

Arachide

Arachis hypogaea

76

24

4

Macabo

Xanthosoma sagittifolium

23

77

5

Maïs

Zea mays

87

13

6

Concombre

Cucumis mani

20

80

7

Patate douce

Ipomoea batatas

100

 

Est

1

Plantain

Musa spp.

37

63

2

Manioc

Manihot esculenta

51

49

3

Maïs

Zea mays

48

52

4

Macabo

Xanthosoma sagittifolium

34

66

5

Arachide

Arachis hypogaea

49

51

6

Concombre

Cucumis mani

27

73

7

Patate douce

Ipomoea batatas

84

16

Il ressort du tableau 7 que, les populations du Sud perçoivent que, le plantain, le manioc, l'arachide, le macabo, le maïs, le concombre et la patate douce, classées de la plus importante à la moins importante sont les principales cultures vivrièresde la Région. 

Les cultures vivrières les plus commercialisées de la même Région sont : le concombre, le macabo et le plantain.Les plus consommées sont la patate douce, le maïs,l'arachide et le manioc.

Tout comme au Sud les principales cultures vivrières dans la Région de l'Est classées de la plus importante à la moins importante sont : le plantain, le manioc, le maïs, le macabo, l'arachide, le concombre et la patate.

Les cultures vivrières les plus commercialisées à l'Est sont : le concombre, le macabo, le plantain. Le maïs, l'arachide, le manioc et la patate sont relativement moins consommées à l'Est qu'au Sud.

Tableau 8. Cultures commerciales

Région

Rang

Cultures commerciale

Nom scientifique

Consommation (%)

Vente (%)

Sud

1

Cacao

Theobroma cacao

0

100

2

Palmier

Elaeis guineensis

53

47

Est

1

Café

Coffea spp.

0

100

2

Cacao

Theobroma cacao

0

100

Les principales cultures commerciales de la Région du Sud sont le cacao vendu à 100% et le palmier à huile dont les produits sont consommés(53%) et vendus(47%).

A l'Estle café et le cacao sontles principales cultures commerciales. Elles sont totalement vendues. Ony retrouve d'anciennes plantations de café qui sont encore exploitées par desproducteurs. Avec l'augmentation des prix sur le marché international, les populations s'investissent de plus en plus dans la cacaoculture à travers la création de nouvelles plantations.

6.3.1.2. Les systèmes de culture

Les populations locales pratiquent l'agriculture itinérante sur brûlis. Après le défrichement de la végétation, l'abattage des arbres grâce à une machette, une hache ou une tronçonneuse,suit le brûlis. Les deux saisons de pluies qui existent dans ces Régions sont propices pour la création de nouveaux champs.Sur une année, les populations ont généralement deux champs de cultures vivrières, un pendant la première saison des pluies (mars-juin) et un pendant la seconde saison des pluies (août-novembre). L'unde ces champs est établi sur les jachères et l'autre sur la forêt primaire. A cet effet, on y retrouve des associations des cultures vivrières à base de manioc, d'arachide, de maïset les autres cultures établies sur les jachères, et les champs mixtes à base de concombre ou de bananiers plantains en association avec le macabo, sur des espaces gagnés en forêt primaire ou sur desjachères âgées.

Les cultures commercialessontgénéralement pratiquées en monoculture sur des espaces de forêts primaires ou sur des vieilles jachères. Au lieu de détruire complètement les arbres lors de l'implantation des plantations de cacao, les populations laissent certaines espèces d'arbre pour maintenir l'ombrage,pour y collecter les PFNL et pour le sciage artisanal futur.

Une fois que les sols perdent leur fertilité, elles sont mises en jachère, ceci pour reconstituer leur fertilité. La durée de jachère dans ces deux Régions varie entre 1 et 10 ans avec une durée moyenne de

6.3.1.3. Les revenus de l'activité agricole

Les résultats des suivis trimestriels agricoles ont permis de noter que la totalité des ménages enquêtés dans leszones d'étude ont mené une activité agricole durant le semestre (mars à septembre).Quatre-vingt-onze et 97%des ménages au Sud et à l'Est respectivement ont perçu un revenu monétaire de cette activité. La figure 9 présente la distribution des revenus monétaires entre les ménages dans les deuxRégions d'étude.

 

Figure 9. Distribution du revenu monétaireagricole entre les ménages

On constate que les revenus monétaires agricoles ne sont pas normalement distribués.Près de 80% des ménages dans ces Régions ont un revenu agricole inférieur à 300 000 FCFA. Les revenus moyens par ménage pour le semestre sont de202 228 #177; 236 359 FCFA au Sud et de 244 746 #177; 355 7989 FCFA à l'Est.Soit 33 705 FCFA et 40 791 FCFA par mois au Sud et à l'Est respectivement. Comparé au salaire Minimal Interprofessionnel Garanti (SMIG) qui de 28 216 FCFApar mois au Cameroun (RC, 2008), nous constatons que ces revenus sont élevés. Ceci pourraitencourager les jeunes à s'investir dans l'agriculture et pousser ceux qui pensent que la ville c'est le paradis à rester au village.

6.3.1.4. Les principales cultures commercialisées

Les principaux acheteurs des produits vivriers sont les « bayam sellam » qui viennent dans les villages avec une camionnette pour l'achat des produits. En plus des « bayam sellam », desvoyageurs de passage s'arrêtent pour acheter les produits agricolesdans les villages traversés par la route bituméeAbongMbang-Bonis. D'où l'adage « Là où la route passe, le développement suit ».

Dans la Région de l'Est les « bayam sellam »achètent les produits agricoles pour ravitailler les villes de Bertoua et de Doumé. AuSud, ils ravitaillent la ville d'Ebolowa et le marché frontalier d'Abang-Miko'o.

Parmi les cultures commercialisées, certaines sont particulièrement vendues par les populations ou prisées par les « bayam sellam ».

 

Total Sud = 10 479 040FCFA

Total Est = 18 314 845 FCFA

Figure 10. Poids des principales cultures commercialisés dans le revenu agricole total au Sud à l'Est entre mars et septembre 2012

La figure10révèle, que des principales cultures commercialisées pendant le semestre, le plantain est celle qui a rapporté le plus de revenu agricole au Sud, suivi du macabo, du cacao, du manioc et des arachides. Ceci témoigne de l'importance que les populations locales accordent à ces cultures et justifie le fait que chaque année, elles convertissent davantage de forêt pour la création de nouveaux champs de plantain, de macabo et de cacao :« c'est en pleine forêt que la terre est fertile ». Le cacao est classé au troisième rang malgré le fait que lors des enquêtes, les récoltes avaient à peine commencé. Ces proportions risquent d'être modifiées par les suivis ultérieurs, qui se dérouleront quand les récoltes du cacao seront achevées. Ceci confirme le fait que le cacao reste la principale culture pourvoyeuse de revenu dans la Région sur toute l'année. Le concombre est une culture qui se cultive une fois tous les deux ans dans la Région et cette année, elle n'a pas été beaucoup cultivée.Ceci expliquerait pourquoi elle ne contribue qu'à 1% au revenu agricole du semestre.

Il se dégage aussique, dans la Région l'Est, le plantain est de loin la principale culture génératrice de revenus monétaires. Le maïs occupe aussi une place importante dans les cultures commercialisées à l'Est.Il est la deuxième culture génératrice de revenu monétaire de laRégion,alors qu'au Sud elle n'apparait même pas dans les cultures commercialisées durant le semestre. On constate une faible contribution du cacao au revenu total de la Région de l'Est (2 %), comparativement à celui de la Région du Sud (9%). Ceci s'expliquerait par une faible implication des populations de la Région de l'Est à la cacaoculture.

Tout comme au Sud, les populations de la Région de l'Est cherchent à étendre les surfaces cultivables en convertissant la forêt en espace agricole pour la culture du plantain,du macabo, et duconcombre.Elles procurent d'énormes revenus monétaires.

Bien que l'extension des plantations dans les forêts de production soit interdite par la législation, les populations riveraines continuent à le faire sans aucune inquiétude, car disent-elles « c'est notre forêt ».

6.3.1.5. Les acteurs impliqués dans laproduction agricole

Entre mars et septembre2012, 69% des cultures au Sudont étéproduites par les femmes,10% par les hommes et 21% par toute la famille. Dans la Région de l'Est, 56% des culturesont été produites par les femmes, 23% par les hommes et 20% par toute la famille. Sur la base de ces informations, nous constatons que durant ce semestre, les femmes ont été les principales personnes impliquées dans la productionagricole dans les deux Régions. Ceci corrobore les travaux de Djik (1999 : 26).

Quant aux produits commercialisés, les femmes sont toujours les plus impliquées avec 69% des produits vendus au Sud et 61% à l'Est comme le montre la figure 11.

EST

SUD

Figure 11. Répartition des cultures commercialisées par genre au Sud et à l'Est

La figure 11, révèle que certaines cultures suscitent plus l'attentiondes femmes. C'est le cas du zom (Solanum scabrum), du riz(Oryza sativa),du gombo (Abelmoschus esculentus), du macabo(Xanthosoma sagittifolium),du manioc(Manihot esculenta), de latomate(Lycopersicon esculentum), de l'arachide(Arachis hypogaea), du folon (Amaranthus spp.), du maïs(Zea mays), du plantain(Musa spp.), de l'igname(Discorea spp).Certaines cultures sont pratiquées par les hommes :le cacao, le piment, le café, le plantain et le maïs. Excepté le cacao, ces cultures sont d'une grande importance pour les hommes dans la Région de l'Est, contrairement à la Région du Sud. Ceci peut être dû au fait que dans cette Région, les cultures commerciales ne sont pas trèsdéveloppées. De manière générale, les hommes sont plus impliqués dans l'agriculture vivrière à l'Est qu'au Sud.

6.3.1.6. Les contraintes liées à la réalisation de l'activité agricole

Les populations dans ces Régions ont cité un certain nombre de contraintes liées à la réalisation de l'activité agricole comme l'indique la figure 12. 

Figure 12. Principales contraintes liées à la production agricole dans les Régions du Sud et de l'Est

En effet, le mauvais état de la route entraine un coût élevé du transport, par ricochet un nombre réduit d'acheteurs et le monopole du marché par ceux-ci.Les populations n'ayant pas accès aux Systèmes d'Information des Marchés (SIM), étant dans le besoin d'argent et possédant des produits agricoles généralement périssables sont obligésd'accepter les prix qui leur sont offerts. De même, l'inaccessibilité des populations aux sources de créditet l'absence d'assistance financière entrainent un faible capital à investir dans l'activité et l'incapacité des populations de s'acheter des tronçonneuses, des semences de bonne qualitéetd'accroitre la main d'oeuvre. L'absence d'assistance technique ne permet pas aux populations de bénéficier des nouvelles techniques mises sur pied par la recherche pour lutter contre les pestes et pour faire face aux contraintes du marché. La proximité de la concession a été mentionnée dans quatre villages (Bonando, Methylkpwale, Bissam et Meyos) comme étant une contrainte empêchant les populations d'étendre librement leurs plantations. Les limites des UFA sont proches de leurs villages et certaines cacaoyères se trouvent même à l'intérieur des concessions.

Le mauvais état de santé des populations dû au fait qu'elles n'ont pas accès aux soins de santéles empêche de consacrer assez de temps et de force à l'agriculture. En plus de ces contraintes, s'ajoute l'alcoolisme, qui s'empare non seulement du peu de moyens financiers que ces derniers peuvent investir dans l'agriculture, mais contribue également à la détérioration de leur santé.

De manière générale, la politique agricole, n'est pas favorable pour les populations rurales, dans la mesure où les intrants agricoles coûtent plus chères en milieu rurale qu'en milieu urbain.

Malgré les contraintes, l'agriculture reste une activité importante. L'élimination de ces contraintes favoriseraitson développement.

6.3.2. La cueillette

La cueillette est une activité dont l'importance est significative dans la vie économique, sociale et culturelle des populations locales, aussi bien dans la Région de l'Est que dans la Région du Sud. Durant l'année, ces populations cueillent ou ramassent plusieurs PFNL dans leurs environnements pour consommer et/ou pourcommercialiser. Ces PFNL sont à usages alimentaires, médicinaux etartisanaux.

6.3.2.1. L'organisation de la cueillette

La cueillette est une activité inhérente à toute société forestière. Que ce soit dans la Région du Sud ou de l'Est, elle est régie par des règles coutumières particulières qui sont celles du système foncier traditionnel. Le droit coutumier prévoit des modalités d'appropriation et de gestion différentes de celles contenues dans la loin° 94/01 du 20 janvier 1994.En effet, tout comme on n'a besoin d'aucune permission coutumière pour ouvrir un nouveau champ en forêt, aucune permission n'est nécessaire pour mener cette activité. La propriété des espaces emporte généralement les ressources, dans le cas des forêts appropriées de manière coutumière. Les PFNL situés dans un champ appartiennent à son propriétaire. Ils ne sont pas en accès libre. Si quelqu'un désire collecter dans le champ d'autrui, il a besoin de la permission de ce dernier. Dans le cas contraire, il est en situation de vol. Cela finit généralement par des avertissements ou des plaintes chez le chef du village s'il est attrapé. Ceci s'applique le plus souvent pour les PFNL comme la mangue sauvage (Irvingia gabonensis), le moabi (Baillonella toxisperma)et le njansang (Ricinodendron heudelotii)qui ont plus de valeur pour les populations locales en général, auxquelles on peut ajouter le ndimba (Afrosturax lepidophyllus), les champignons et l'igname sauvage (Dioscorea spp.) chez les Baka. Chaque ménage possède ses pieds de moabi, de mangue sauvage et de njansang hérité des parents et/ou grands-parents.

Les PFNL situés en pleine forêt n'appartiennent à personne en particulier. Ils sont en accès libre pour les riverains, mais un individu peut s'approprier un arbre en venant constamment nettoyer les alentours de ce dernier. Les PFNL à usage médicinal sont aussi généralement en accès libre.

L'accès au « njansang » n'est pas aussi strict que pour le moabi et la mangue sauvage,car il est très difficile à exploiter et abondant, du coup peu de personnes sont impliquées dans sa collecte.

Dans la Région du Sud, les gens se limitent le plus souvent au niveau de leurs plantations pour la collecte des PFNL. Les distances de collecte les plus longues varient entre 4-10 km. Dans la Région de l'Est, les gens vont plus au-delà des plantations, ils utilisent des campements pourréaliser cette activité. Ils peuvent parcourir des distances allant de 4-25 km pour collecter les PFNL et faire plusieurs semaines, voire des mois en forêt.

6.3.2.2. Le degré de dépendance des ménages vis-à-vis de la cueillette.

Durant le semestre de notre étude, 98%des ménages enquêtés dans la Région du Sud et90% dans la Région de l'Est ont collecté au moins un PFNL. Dans ces deuxRégions, la quasi-totalité des ménages pratiquent la cueillette. Dans la Région du Sud,42 PFNL différents ont été collectés contre 44 dans la Région de l'Est. Les tableaux9 et 10 présentent les principaux PFNL collectés durant le semestre dans les deux Régions.

Tableau 9. PFNL les plus collectés durant le semestre (mars-septembre) au Sud

Nom scientifique

Nom local

% des ménages ayant collecté

Rang

Alimentation

Irvingia gabonensis

Mangue sauvage

93

1

Imbrasia spp.

Chenilles

64

2

Achatinidae spp.

Escargot

51

3

Tricoscypha abut

Amvout

31

4

Cola spp.

Cola

31

5

Termitomyces spp.

Champignons

24

6

Coula edulis

Noisette

16

7

Pentaclethra macrophylla

Ebaye

15

8

Baillonella toxisperma

Moabi

13

9

Ricinodendron heudelotii

Njansang

9

10

Médicinal

Alstonia boonei

Ekouk

20

1

Picralima nitida

Ebame

13

2

Enantia chlorantha

Moambé jaune

9

3

Artisanat

Laccosperma secundiflorum

Rotin

11

1

Alimentation et artisanat

Elaeis guineensis

Palmier*

20

1

Raphia hookeri

Raphia**

11

2

*Palmier = noix de palme + vin de palme + feuilles

**Raphia = bambous + vin + feuilles

Tableau 10. PFNL les plus collectés durant le semestre (mars-septembre) à l'Est

Nom scientifique

Nom local

% des ménages ayant collecté

Rang

Alimentation

Irvingia gabonensis

Mangue sauvage

84

1

Achatinidae spp

Escargot

67

2

Baillonella toxisperma

Moabi

51

3

Termitomyces spp.

Champignons

46

4

Tricoscypha abut

Amvout

41

5

Afrosturax lepidophyllus

Ndimba

29

6

Imbrasia spp.

Chenilles

28

7

Ricinodendron heudelotii

Njangsang

26

8

Pentaclethra macrophylla

Ebaye

23

9

Apis mellifera

Miel

14

10

Médicinal

Alstonia boonei

Lombo

14

1

Enantia chlorantha

Moambe jaune

13

2

Garcinia kola

Biter cola

6

3

Artisanat

Laccosperma secundiflorum

Rotin

14

1

Alimentation et artisanat

Raphia hookeri

Raphia*

29

1

Elaeis guineensis

Palmier*

17

2

*Palmier = noix de palme + vin de palme + feuilles

**Raphia = bambous + vin + feuilles

Les tableaux 9 et 10 révèlent une grande similitudeentre les principaux PFNL collectés entre mars et septembre dans nos deux zones d'étude. Il s'agit notamment de la mange sauvage, du moabi, du njansang, de l'ébaye, des chenilles, des escargots, des champignons, de l'amvout, du raphia, du palmier, du rotin, de l'ekouk/lombo et du moambé jaune.

La figure 13 présente la proportion des ménages impliqués dans la collecte de ses PFNL similaires.

.

Figure 13. Répartition des PFNL similaires par ménages les ayant collectés (en %)

Il ressort de la figure 13,que dans la Région du Sud, il y a plus de ménages impliqués dans la collecte de la mangue sauvage, des chenilles, de l'ekouket du palmier qu'à l'Est. Tandis qu'il y a plus de ménages impliqués dans la collecte des autres PFNL à l'Est qu'au Sud.

6.3.2.3. La description des quelques PFNL importants

Dans cette partie, nous allons décrire quelques PFNL: la mangue sauvage (Irvingia gabonensis), le moabi (Baillonella toxisperma), njansang (Ricinodendron heudelotii), l'ébaye (Pentaclethra macrophylla), l'amvout (Tricoscypha abut), les champignons (Termitomyces spp.), les escargots (Achatinidae spp.) et les chenilles (Imbrasia spp), le rotin(Laccosperma secundiflorum), le palmier (Elaeis guineensis) et le raphia (Raphia hookeri), l'ekouk/lombo/emien (Alstonia boonei) et le moambé jaune (Enantia chlorantha).

· La mangue sauvage (Irvingia gabonensis)

Photo 1. Fruit et amande de Irvingia gabonensis

Irvingia gabonensisest un arbre dont les fruits se consomment directement, mais il est surtout prisé pour son amande. Durant sa période de production (juinàseptembre), ses fruitssont ramassés au pied des arbres.Une fois collectés, ils peuvent être immédiatement consommés ou fendus grâce à une machette tranchante et les amandes sontextraites. Cette dernière opération peut s'effectuer sur le lieu de collecte ou à la maison. Puis les amandes sont épluchées après avoir ététrempées dans de l'eau et séchées pendant 2 à 4 semaines, le plus souvent sur une claie au soleil ou au-dessus du feu de cuisine. Lorsqu'on veut en consommer,on les frit dans de l'huile et on les écrase à la pierre pour en faire une sauce.Après les avoir frit dans de l'huile, elles peuvent aussi être pilées dans un mortier pour en faire une pâte.Cette pâte est moulée dans un récipient et séchée au soleil pendant longtemps. Ensuite on obtient une boule compacte que l'on utilise pour la sauce en râpant juste la quantité nécessaire.

Les amandes de Irvingia gabonensis se vendent fraiches ou séchées.Le prix varie entre 1 000FCFA et 1 500FCA le litre.

Afin d'en avoir pendant une longue durée, les amandes sont conservées soit sous forme de graines séchées, ou de pâte séchée. Les deux formes sont attaquées par lesmoisissures lorsqu'elles ne sont pas régulièrementexposées à la chaleur. Dans ce cas, la qualité est affectée. En plus des moisissures, les amandes séchées et stockées dans les sacs peuvent être charançonnées.

En dehors de son importance alimentaire, les populations locales utilisent ses écorces dans la pharmacopée traditionnelle pour soigner le mal de dents, de ventre et la typhoïde.

· Le moabi (Baillonella toxisperma)

Photo 2. Arbre et fruit de Baillonella toxisperma

Baillonella toxispermaest un arbre dont les fruits sont ramassés entre juillet et septembre,et peuvent être consommésdirectement. Mais le véritable trésor qui réside en lui c'est sa graine, qui procure de l'huile communémentappelée huile de moabi.Pour obtenir cette huile, les populations ramassent les fruits et les stockent en forêt pour qu'ils pourrissent afin de faciliter l'extraction des graines. Une fois les graines extraites, elles sont transportées au village et séchées surune claie au soleil pendant environ un mois. Ensuite, elles sont décortiquées à l'aide d'un couteau puis séchées de nouveau sur une claie pendant deux à trois jours. Après ce deuxième séchage,elles sont pilées au mortier.Lapâte obtenue est mise dans une certaine quantité d'eau bouillie et remuée jusqu'àl'obtention d'une pâte huileuse. Pour finir, cette pâte est pressée à deux mains pour y extraire del'huile. Celle-ci est autoconsommée ou placée dans des récipients et vendue à 1 000FCFA la bouteille de bière (0,75 litre) et 1 500FCFA le litre.Pour les populations, cet arbre a aussi des vertus thérapeutiques. Ses écorces soignentle mal de ventre, de dos et de dents.

· Njansang(Ricinodendron heudelotii)

a

.

c

b

 
 

Photo 3. Fruit (a), amandes (b) et graines (c) deRicinodendron heudelotii

Le njansang est une graine issue des fruits de l'arbre Ricinodendron heudelotii.Il est utilisé comme condiment dans l'alimentation. Les fruits sont ramassés pendant la période de septembre à décembre. Après le ramassage, les fruits sont stockés dans un coin en forêt etlaissés pourrir pour se débarrasser de leurs parties tendres et libérer la graine par la même occasion. Ces graines dures comme des petits cailloux sont ensuite apportées au village et bouillies dans une marmite pendant 2 à 3 jours jusqu'à ce que les graines commencent à s'ouvrir. Les graines sont ensuite cassées à l'aide d'un caillou et les amandes obtenues sont lavées et séchées au soleil. Pour finir, elles sont consommées ou vendues généralement entre 1 000 FCFA et 2 000 FCFA le litre.

· L'Ebaye (Pentaclethra macrophylla)

Photo 4. Gousses et graine d'ébaye (Pentaclethra macrophylla) (Source : www.prota.org)

L'ébaye est un PFNL convoité principalement pour ses graines, qui sont contenues dans de grandes et longues gousses (cf.photo 4). Ces graines sont destinées à la commercialisation.Les populations locales ne savent pas comment les utiliser. Seuls les Baka l'utilisent pour la fabrication d'une huile.Son écorce est utilisée dans la médecine traditionnelle pour soigner le mal de ventre.

Les recherches menées par l'ICRAF (2012) sur ce PFNL indiquentque des graines de l'ébaye est extraite une huile comestible. Ces graines peuvent être consommées bouillies ou grillées, fermentées elles constituent un condiment ayant un goût de viande.

· L'amvout (Tricoscypha abut)

Photo 5. Tricoscypha abut

C'est un fruit rouge consommé par les populations etconnu sousplusieurs noms : Boutor (Kako), Ngoyo (Baka), Amvout (Bulu).Ilest collecté généralement entre le mois de mai et de juillet. Certains de ces fruits sont acides et d'autres sucrés. Ce sont les fruits sucrés qui sont généralement appréciés par les populations.

· Les champignons(Termitomyces spp.),

Photo 6. Champignons(Termitomyces spp.),

Ces PFNL alimentairessonttrès appréciés par les populations locales. Ilsse ramassent pendant les saisons pluvieuses etsont destinés à l'autoconsommation. Depuis un certain temps, les « bayam sellam » achètent des mottes de terre qui sortent de la forêt et sur lesquelles poussent les champignons.

· Les escargots(Achatinidae spp.) et les chenilles(Imbrasia spp.),

Photo 7. Escargot(Achatinidae spp.) et chenilles (Imbrasia spp.)

Ce sont des sources de protéines animales de la cueillette qui sont importantes pour les populations.

Les escargots se ramassent généralement pendant la saison des pluies, ils abondent en forêt après une pluie. Ils sont destinés à l'autoconsommation. Parfois ils sont vendus au village. Leprix varie entre 25 FCFA et 50 FCFA l'unité.

En ce qui concerne les chenilles, elles sont principalement destinées à l'autoconsommation et quelques fois vendues.Elles sont le plus souvent collectées pendant la saison des pluies, lorsqu'elles se nourrissent des jeunes feuilles des plantes. Lacollecte est généralementpratiquée par les femmes et les enfants.Elles se développent sur des essences d'arbres particulières.Nous avons pu recenser 6 essences d'arbres au Sud et 8 à l'Est qui fournissent les chenilles comestibles aux populations locales. Parmi ces arbres, 4 sont similaires dans les deux Régions.Il s'agit de l'abing, l'ayous, le sapelli et le raphia comme le présente le tableau 11.

Tableau 11. Principalesessences fournissant les chenilles au Sud et à l'Est

Nom scientifique

Nom local

Nom de la chenille

Sud

Est

Piptadeniastrum africanum

Dabema

Dabema

Oui

Non

?

Essop

Chenillle

Oui

Non

Raphia hookeri

Raphia

Vers blancs/Kanga

Oui

Oui

Peterslanthus macrocarpus

Abing/abale

Chenillle

Oui

Oui

Triplochiton scleroxylon

Ayous

Chenillle

Oui

Oui

Entandrophragma cylindricum

Sapelli/Assé

Assé

Oui

Oui

?

Kako

Kako

Non

Oui

?

Minzi

Mbinzi

Non

Oui

?

So'o

So'o

Non

Oui

Erythropleum spp.

Tali/Takou

Korfo'o

Non

Oui

· Le rotin (Laccosperma secundiflorum)

Photo 8. Rotin (Laccosperma secundiflorum)

Le rotin est utilisé dans l'artisanat pour la fabrication des paniers et des chaises aussi bien en milieu urbain que rural. Il se collecte durant toute l'année. D'après les populations pour obtenir ce PFNL il faut allertrès loin dans la forêt.

· Le palmier(Elaeis guineensis)et le raphia(Raphia hookeri)

Ces deux PFNL sont particuliers et très importants pour les populations forestières car, ils ont plusieurs usages. Ils sont utilisés dans l'alimentation et dans l'artisanat.

Le raphia fournitdes chenilles et du vin qui sont consommées par les populations. Sa tige, improprement appelée bambou, est utilisée dans la fabrication des lits, des tabourets, des claies, descharpentes, et est utilisée comme tuteur. Ses feuilles entrent aussi dans la fabrication de nattes qui servent de couvertures. A cet effet, 62% des toits des logements dans la Région de l'Est sont faitsde matières végétales.

b

a

Photo 9. Nattes (a) et claie (b) à base de Raphia hookeri

Le palmier est également utilisé pour la production devin qui est très consommé par les populations locales. Ce vin est très riche en vitamines.Ses noix sont utilisées dans la production d'huile de palme et de palmiste. Ses feuilles sontaussiutilisées dans la construction des toitures et la fabrication debalais.

Photo 10. Extraction du vin de palme

· L'ekouk/lombo/emien (Alstonia boonei)

Alstonia booneiest un arbre appelé « ekouk » au Sud et « lombo » à l'Est. Son écorce est utilisée dans la pharmacopée traditionnelle pour soigner le paludisme, les maux de ventre et de tête. Il est également utilisé commecontre poison. Les populations l'introduisent généralement dans les vins de palme et de raphia avant qu'ils ne soient consommés. Dans la Région del'Est et du Sud il a été le principal PFNL médicinal collecté par les populations durant la période d'étude.

· Le moambé jaune (Enantia chlorantha)

Encore appelée « mfo'o » ou « po'o », ce PFNL est une essence d'arbre médicinale dont l'écorce est utilisée pour soigner plusieurs maladies : la jaunisse,le mal de ventre,les plaies, la gale et le paludisme.

Photo 11. Ecorce de Enantia chlorantha

6.3.2.4. Les zones de cueillette

La cueillette est une activité qui se déroule dans plusieurs écosystèmes à savoir les jachères, les plantations et la forêt. Durant nos enquêtes nous avons regroupé ces écosystèmes en deux grandes zones à savoir les espaces agricoles (jachères et plantations) et la forêt.

En effet, entre mars et septembre, la plupart des PFNL ont été collectés dans la forêt aussi bien dans la Région du Sud que dans celle de l'Est. Mais la collecte des PFNL en forêt est plus importante à l'Estqu'au Sud (Figure 14). Cela confirme bien ce qui a été relevé plus haut, comme quoi, au Sud les populations se limitent plus aux espaces agricoles comparativement à l'Est.

Figure 14. Types et fréquentation des espaces de cueillette de mars à septembre 2012

En poussant notre analyse plus loin on constate que parmi les principaux PFNL collectés durant le semestre, certains ont été collectés uniquement en forêt ou dans les espaces agricoles, d'autres ont été collectés aussi bien dans les espaces agricoles que dans la forêt (Figure 15).

 

Figure 15. Répartition des principaux PFNL par lieu de collecte au Sud et l'Est

Il ressort de la figure 15, que parmi les PFNL les plus importants collectés durant le semestre, le raphia est le seul qui a été totalement récolté dans la zone agricole au Sud, contrairement àl'Est, où aucun PFNL n'a été totalement collecté dans l'espace agricole.

Dans les deux Régions, le moabi a été uniquement collecté en forêt. Ceci témoigne le fait que ce PFNL ne se trouve plus à proximité des villages. Quant à la mangue sauvage, elle a été collectée aussi bienen forêt que dans la zone agricole, mais la majorité des collectes s'est faite en forêt.Cinquante pour cent des collectes de njansang dans la Région du Sud se sont déroulées dans l'espace agricole, contre 26 % dans la Région de l'Est.

De manière générale, la majorité des collectes de PFNL dans les deux Régions durant le semestre de l'enquête s'est effectuée dans la forêt.

6.3.2.5. Les revenus de la commercialisation des PFNL

La cueillette est une activité qui rapporte des revenus aux populations des zones forestières. Le tableau 12 présente la proportion des ménages qui ont perçu un revenu monétaire de cette activité ainsi que les revenus moyens dans chaque Région.

Tableau 12. Revenu semestriel (mars-septembre) de la cueillette

Région

Ménages interrogés

% des ménages ayant collecté les PFNL

% des ménages collecteurs ayant vendu les PFNL

Médiane (FCFA)

Revenu moyen par ménage (FCFA)

Ecart type

Sud

56

98

72

40 500

63 771

101 480

Est

77

90

80

37 000

53 267

49 645

Il ressort du tableau 12, que72et 80% des ménages ayant collecté les PFNLdans lesRégions du Sud et de l'Est respectivementontperçu un revenu de la cueillette. Il y a donc moins de ménages qui ont perçu un revenu de cette activité au Sud comparativement à l'Est.Lerevenu moyen est de 63 771 FCFA par ménage au Sud et 53 267FCFA à l'Est. La figure 16 présente la distribution des revenus de la cueillette par ménage.

 

Figure 16. Distribution des revenus de la cueillette entre les ménages

La figure 16 révèle que la distribution des revenus de la cueillette est typiquement log-normale dans les deux Régions, mais cette hétérogénéité est plus élevée dans la Région du Sud où 2 % de la population gagne près 13 fois le revenu de la majorité des ménages (50 000 FCFA). Ceci se traduit par un écart-type plus élevé dans la Région du Sud qu'à l'Est.

Tous les PFNL ne contribuent pas à la même hauteur aux revenus de cette activité. Dela figure 17, il ressort que les PFNL qui ont le plus généré des revenus durant le semestre au Sud sont la mangue sauvage, le palmier, le cola, le rotin, le raphia, le njansang, l'ébaye et les champignons.

Dans la Région de l'Est,il s'agit de : la mangue sauvage, du raphia,du rotin, du palmier, de l'ébaye, du moabi, du njansang, du ndimba et d'autres (figure 17).

Donc dans les deux Régions, la mangue sauvage est le PFNL le plus important du point de vue économique.On constate que le moabi n'a pas du tout été vendu dans la Région du Sud durant le semestre alors que dans la Région de l'Est, il a contribué à hauteur de 5% aurevenu total desPFNL. Ceci pourrait s'expliquerpar le nombre réduit de ménages (7) qui l'ont collecté et témoigner de la rareté de cette espèce dans la Région du Sud comparativement à celle de l'Est.

Figure 17. Importance relative des divers PFNL au revenu monétaire total de la cueillette au Sud

Figure 18. Importance relative des divers PFNL au revenu monétaire total de la cueillette à l'Est

Des figures 17 et 18, il se dégage aussi que dans la Région de l'Est il y a plus de PFNL qui sont commercialisés comparativement au Sud. Ceci peut s'expliquer par une forte dépendance des habitants de l'Est vis-à-vis de la forêt.

6.3.2.6. Les acteurs de la commercialisation desPFNL durant le semestre

Tout comme l'activitéde collecte,de manière généralela commercialisation des produits de la cueillette est principalement menée par les femmes. En effet,entre mars et septembre, 62% des ventes dans la Région du Sud ont été réalisées par les femmes, 27 % par les hommes, 6% par les enfants et 5% par toute la famille. Dans la Région de l'Est 54 % des ventes ont été réalisées par les femmes, 26% par les hommes et 20% par toute la famille. Ceci confirme les résultats trouvés par Djik(1999 : 26), Ayuk et al. (1999)qui ont également montré que la commercialisation des produits forestiers non ligneux était contrôlée par les femmes.

Les « bayam sellam » sont les principaux acheteurs des PFNL dans les deux Régions.78% et 70 % des PFNL vendus dans la Région du Sud et de l'Est respectivement ont étéachetés par ceux-ci. L'achat par les populations riveraines a représenté 22 % au Sud et 30 % à l'Est.

Parmi les PFNL exploités par les communautés locales, certains sont convoités par différentes catégories d'acheteurs.Les PFNL les plus achetés par les « bayam sellam »au Sud sont principalement la mangue sauvage (77%), l'ébaye (14%), la cola (7%) et le njansang (3%). Dans laRégion de l'Est, ce sont la mangue sauvage (41%), l'ébaye (12%), le moabi (11%), le ndimba (8%), le njansang (7%), et de nombreux autresPFNL (21%).

Les PFNL qui se vendent le plus localement au Sud sont le palmier (50%), le rotin (40%). A l'Est ce sont le raphia (24%), les escargots (17%), le miel (15%), le rotin (10%).

6.3.2.7. Les contraintes liés à la cueillette

Lors des entretiens avec les cueilleurs, ils nous ont énuméré quelques difficultésauxquellesils font face dans la réalisation de cette activité (figure 18)

Figure 19. Principales contraintes liées à la cueillette selon les cueilleurs (n=11)

Selon 90% des collecteurs, la première contrainte liée à l'activité est la distance.Lespopulations estiment que la plupart des PNFL ont diminué aujourd'hui par rapport au passé. D'après elles, ceci serait surtoutdû à l'exploitation forestière de certaines essences qui fournissent les PFNL et l'accroissement démographique qui augmente le nombre de collecteurs. Pour collecter les PFNL les populations doivent parcourir de longues distances, surtout pour le moabi. « Avant on trouvait le moabi à proximité maintenant il faut aller loin pour la collecte ».Ceci est dû au fait que certaines essences qui étaient à proximité des villages ont été coupées par les exploitants forestiers.

Quarante-cinq pourcent des collecteurs rapportent que l'absence de marché local de PFNL est une contrainte de la cueillette. Les populations n'ont pas de marché où elles peuvent avoir un bon prix pour leurs produits, par conséquent elles sont obligées d'accepter le prix de l'acheteur qui vient au village.

Quarante-cinq pourcent des collecteurs rapportentaussi que l'irrégularité de la production de certains PFNL empêche les populations d'en faire une activité génératrice de revenus à long terme.

Les risques d'accidents pendant la collecte et la transformationsont mentionnés par 36% des collecteurs.La collecte se fait en pleine forêt où on trouve des animaux sauvages comme le gorille, les scorpions et serpentsqui peuvent attaquer les collecteurs ; des fruits peuvent également tomber sur leur têteet les blesser. L'obtention des amandes de la mangue sauvage se faire grâce à un objet tranchant ce qui provoque souvent des blessures.

Neuf pourcent des collecteurs ont fait mention des tracasseries des autorités.Les populations au Sud se plaignent du fait que les agents des eaux et forêts saisissent les PFNL.« On arrête les villageois avec leurs mangues sauvages alors que ça pourrit en brousse ». A l'Est par contre, les populations disent n'avoiraucun problème avec les agents des eaux et forêts.

Selon les populations,pour que la cueillette constitue une activité génératrice de revenus il faut que ces contraintes soient levées.

6.3.3. La chasse

Les PFNL renvoient généralement aux produits de la cueillette, alors que les produits de la chasse constituent une source d'approvisionnement en protéines et de revenus pour les populations. Cette activité est pratiquée par plusieurs ménages. Elle concerne tous les types d'animaux allant des oiseaux aux grands mammifères comme les éléphants et les grands singes. Le tableau13 dresse la liste des animaux chassés par les populations riveraines des concessions forestières de la Région du Sud et de l'Estdu Cameroun.

Tableau 13. Différentes espèces chassées dans les Régions du Sud et de l'Est

Nom scientifique

Nom commun

Mammifères

Neotragus spp.

Antilope

Hyemoschus spp

Biche

Felis aurata

Chat-tigre

Pan troglodytes

Chimpanzé

Viverra civetta

Civette

Procavia spp.

Daman

Eutamias spp.

Ecureuil

Loxodonta africana africana

Eléphant

Gazella spp.

Gazelle

Gorilla gorilla

Gorille

Thyronomys shinderianus

Hérisson

Cephalophus spp.

Lièvre

Atilax paludinosus

Mangouste

Manis tricuspis

Pangolin

Manis gigantea

Pangolin géant

Phacochoeries aethiopicus

Phacochère

Atherurus africanus

Porc-épic

Cricetomys spp.

Rat palmiste

Sus scrofa

Sanglier

Cercopithecus spp.

Singe

Mus spp.

Souris

Spalax spp.

Taupe

Oiseaux

Aquila chrysætos

Aigle

Bucarvus abyssinians

Calao

Perdrix perdrix

Perdrix

Agelastes meleagrides

Pintade

Ramphastos spp.

Toucan

Reptiles

Python sebae

Boa

Osteolaemus tetrapis

Crocodile

Dendroaspis polylepis

Serpent noir

Trionyx spp.

Tortue

Varanus spp.

Varan

Atheris spp.

Vipère

Sur les 33 espèces identifiées, 67%sont des mammifères, 15%des oiseauxet 18% des reptiles.

6.3.3.1. L'organisation de l'activité

La chasse est une activité plus pratiquée par les hommes, il ressort de la figure20 que les hommes ont collecté 91% des prises au Sud et 98% à l'Est entre mars et septembre 2012.

Figure 20. Différents types de chasseurs par Région en mars et septembre

Les produits de la chasse sont destinés à l'autoconsommation et à la vente. La chassese pratique principalement au piège et au fusil. Les pièges sont fabriqués avec des piquets ou des câbles en acier. Ils sont le plus souvent installés dans les champs situés à proximité du village, afin de pouvoir les visiter régulièrement. Quant aux fusils, ils sont fabriqués localement et sont de plus en plus utilisés. Les chasseurs qui les utilisent pratiquent généralement la chasse de nuit, car disent-ils, « c'est la nuit qu'on trouve beaucoup de gibier ». Les chasseurs utilisent beaucoup plus les fusils dans la Région de l'Est comparativement à la Région du Sud (Figure 21).Alors que selon l'article 80 de la loi n°94 /01 du 20 janvier 1994 de la forêt et de la faune, sauf autorisation spéciale, la chasse de nuit et la chasse au fusil sont interdites.Ces populations se retrouvent donc en situation illégale lors de la réalisation de ces types de chasse.

Figure 21. Différents types de chasse par Région de mars à septembre 2012.

Cette activité se pratique toute l'année.Cependant, c'est en saison de pluies qu'elle est favorable, car les traces des animaux se voient facilement, et le sol tendre facilite l'installation des pièges, les feuilles sont fraîches et ne font pas de bruit lorsqu'on les écrase. Tout comme la cueillette, pour pratiquer cette activité on n'a besoin d'aucune autorisation coutumière.La chasse dans les champs est réservée aux propriétaires de ceux-ci, mais en pleine forêt tout le monde peut chasser. Les chasseurs utilisent aussi des campements. Les distances parcourues pour chasser varient entre 15 et 100 km des villages. Dans la Région de l'Est, les chasseurs vont nettement au-delà des champs, comparativement à ceux de la Région du Sud qui se limitentle plus souvent aux environs des cacaoyères.

En fonction des motivations du chasseur on distingue la chasse personnelle et la chasse pour autrui.

La chasse personnelle,se pratiquelorsqu'un individu décide tout seul d'aller attraper du gibier et dispose alors de son butin comme bon lui semble (vente ou consommation).

La chasse pour autrui, intervientlorsqu'un acheteur (un « bayam sellam ») vient voir un chasseur pour que ce dernierlui rapporte du gibier. Certains avancent de l'argent aux chasseurs afin que ceux-ci chassent pour eux. A défaut de l'argent, ils peuvent offrir des cartouches aux chasseursen contrepartiedu gibier. En général, sur 25 cartouches, 10 prisesreviennent au chasseur, 15 au fournisseur. Le fournisseur peut venir avec ses porteurs pour participer à la chasse. Avec ce système si le chasseur manque sa cible alors c'est le fournisseur qui perd. D'autres fournisseurs ne participent pas à la chasse,ils donnent juste les munitions et attendent 15 gibiers.Si le chasseur manque sa cible, il retire une cartouche sur son lot pour compléter celles du fournisseur.

6.3.3.2. Le degré de dépendance des ménages de la chasse

Entre mars et septembre, 74 % des ménages enquêtés à l'Est ont chassé au moins une espèce animale, contre 79% des ménages enquêtés au Sud. Ces pourcentages sont inférieurs à ceux de la cueillette (90% à l'Est et98% au Sud) aussi bien dans la Région de l'Est que celle du Sud. Ceci montre que la chasse n'occupe pas autant deménages que la cueillette. Durant la même période, en moyenne 34prisespar ménages ont été recensées au Sud contre76à l'Est. Ces différentes prises sont constituées de 22 et 29 espèces animales au Sud et à l'Est respectivement. Le tableau 14 présente les espèces les plus collectées dans les différentes Régions.

Tableau 14. Les 10 espèces les plus chassées entre mars et septembre 2012 au Sud et à l'Est

Région

Nom scientifique

Nom commun

Nombre de prises

Nombre de ménages concernés

Rang

Sud

Cricetomys spp.

Rat

552

40

1

Atherurus africanus

Porc épic

389

36

2

Cephalophus spp

Lièvre

140

24

3

Manis spp.

Pangolin

132

27

4

Cercopithecus spp

Singe

52

7

5

Varanus spp.

Varan

37

13

6

Atheris spp.

Vipère

29

16

7

Leopardus wiedii

Chat-tigre

26

10

8

Dendroaspis polylepis

Tortue

23

10

9

Hyemoschus spp

Biche

21

9

10

Est

Cricetomys spp.

Rat

913

47

1

Atherurus africanus

Porc épic

769

48

2

Cephalophus spp.

Lièvre

558

48

3

Cercopithecus spp

Singe

384

28

4

Manis spp.

Pangolin

226

36

5

Hyemoschus spp

Biche

180

34

6

Atheris spp.

Vipère

156

30

7

Perdrix perdrix

Perdrix

153

17

8

Varanus spp.

Varan

141

14

9

Ramphastos spp.

Toucan

132

17

10

Figure 22. Nombre moyen de prises par ménage des espèces similaires les plus chassées

La figure 22 montre une similitude entre les espèces les plus chasséesdurant le semestre dans les deux Régions. En effet, 80% des espèces les plus chassées sont similaires dans les deux Régions. Cependant, le nombre moyen de prises par ménage est plus important dans la Région de l'Est comparativement à la celle du Sud.Cela peut s'expliquer par le fait qu'il y a plus de gibiersà l'Est qu'au Sud.

6.3.3.3. Les zones de chasse

Durant le semestre de l'enquête, les gibiers ont été attrapés aussi bien dans l'espace agricole que dans la forêt. De manière générale, il y aeu moins de prises dans l'espace agricole qu'en forêt. Le nombre de prises dans l'espace agricole a été plus élevé dans la Région du Sud comparativement à celle de l'Est (Figure 23).

Figure 23. Types et fréquentation des espaces de chasse de mars à septembre 2012

Les figures 24 présentes les espèces les plus chassés en fonction des écosystèmes dans les différentes Régions.

Figure 24. Répartition des espèces les plus chassées en fonction des écosystèmes au Sud et à l'Est

De la figure 24, il se dégage que les espèces qui ont été attrapées dans la zone agricole au Sud et à l'Est sont les rats, les porcs-épics, le pangolin et la vipère. Mais la vipère est la seule espèce qui a été majoritairement attrapée en zone agricole dans la Région du Sud (67%). Par contre dans la Région de l'Est toutes les espèces ont été majoritairement attrapées en forêt. Ceci montre bien que les populations desRégions de l'Est vont chasser bien au-delà des espaces agricoles. Et ça peut s'expliquer par le fait que le niveau de vie est plus élevé dans la Région du Sud qu'à l'Est.

6.3.3.4. Les revenus et acteurs de la commercialisation du gibier

La figure 25 présente les différents types d'acheteurs de gibier dans les zones d'étude.

Figure 25. Différents types d'acheteurs de gibier dans les deux Régions

Les « bayam sellam » ne sont pas les seuls acheteurs de gibier, il y a aussi les villageois et les passants (figure 24).Mais, entre mars et septembre 2012, les « bayam sellam »ont été les principaux acheteurs des gibiers à l'Est contrairement au Sud où les ventes se sont faites beaucoup plus entre les villageois. Cette différence pourrait s'expliquer par le fait que le petit commerce local,notamment la restauration est plus développée au Sud qu'à l'Est.

D'après le tableau 16, 59et 84% des ménages ayant attrapé au moins un gibier entre mars et septembre dans lesRégions du Sud et de l'Est respectivement ont perçu un revenu de la chasse. Il y a plus de ménages qui vendent du gibier dans la Région de l'Est que dans la Région du Sud. Le revenu moyen dela chasse par ménage durant cette période est de 64 981 #177; 106 094 FCFA au Sud et107 796 #177; 140 849 FCFA à l'Est.

Tableau 15. Revenu semestriel (mars-septembre) de la chasse

Région

% des ménages ayant chassé

% des ménages de chasseur ayant vendu du gibier

Médiane (FCFA)

Revenu monétaire moyen par ménage (FCFA)

Ecart type

Sud

79

59

22 000

64 981

106 094

Est

74

84

75 500

110089

142584

La figure 26 présente la distribution des revenus de la chasse au Sud et à l'Est.

 

Figure 26. Distribution des revenus de chasse

Il ressort de la figure 26 que la distribution des revenus dans ces Régions n'est pas normale. Ils y a quelques chasseurs professionnels qui vendent du gibier constamment et gagnent beaucoup d'argent comparativement aux autres chasseurs qui gagnent de l'argent de manière sporadique, d'où ces grands écart-types.

6.3.3.5. Les contraintes liées à l'activité

Les chasseurs ont énuméré un certain nombre de contraintes liées à l'activité (figure 27)

Figure 27. Principales contraintes liées à la chasse d'après les chasseurs (n=14)

Les populations ont leur propre perception du terme braconnier. C'est une personne qui vient chasser dans leur forêt alors qu'il n'habite pas dans un village riverain de cette forêt. A cet effet, 86% des chasseurs interrogés estiment que, le nombre accru de braconniers qui utilisent les pistes forestières pour se rendre dans les forêtsconduit à une diminution du gibier. Dans le même sens, 71% des chasseurs estiment que le bruit des engins d'exploitation forestière est à l'origine de la fuite des animaux.Soixante-quatre pourcentpensent que l'activité en soi est pénible. Selon eux, cette activité est sujette à des risques d'accidentssurtout en ce qui concerne la chasse de nuit.Ils peuvent s'égarer en forêt ou être attaqués par un serpent, un gorille.Un chasseur peut confondre une personne à un gibier et lui tirer dessus. Il y a aussi des jours où ils vont à la chasse et ne ramènent rien. En plus des contraintes mentionnées ci-dessus, 36% chasseurs disent que les agents des eaux et forêts saisissent leurs gibiers, lorsque les prises sont nombreuses.

Les populations estiment que cette activité n'est pas durable ; car selon eux, « les animaux vont finir et ce n'est qu'une activité complémentaire à l'agriculture ».

6.3.4. Le sciage artisanal

En dehors de l'agriculture, la cueillette et la chasse, le sciage artisanal occupe aussi une place de choix dans les différentes sources de revenus en zones forestières.Les populations locales tirent des revenus importants de cette activité (Cerutti et Lescuyer, 2010).

Entre mars et septembre 2012, 27%des ménages au Sud et 49% des ménages à l'Est ont tiré un revenu decette activité.

6.3.4.1. La description de l'activité

Le sciage artisanal emploie plusieurs catégories d'acteursau niveau local : les prospecteurs, les vendeurs d'arbres, les scieurs, les débardeurs, les chargeurs et les superviseurs ou responsables.

· Les superviseurs ou responsables sont les personnes qui sont en charge de la gestion de l'activité localement appelée« chantier ». Ceux-ci sont des habitants du village et fonctionnent le plus souvent en partenariat avec un entrepreneur urbain qui finance généralement l'activité, vu qu'elle nécessite beaucoup d'argent.

· Les prospecteurs sont les individus qui identifientla position des essences en forêt ou dans les parcelles agricoles et viennent informer les superviseurs. Ceux-ci sont payés en fonction du type d'essence, de son état, de sa distance par rapport à la route et de leur pouvoir de négociation.

· Le vendeur d'arbres est la personne qui vend les essences qu'il possède sur sa parcelle. Le montant qu'il reçoit dépend aussi de son pouvoir de négociation. Ce dernier peut s'autofinancer ou recevoir un financement externe et employer un scieur.

· Le scieur est celui qui abat les arbres et les débite. Il est payé en fonction du nombre d'arbres abattus et du nombre de pièces débitées.

· Les débardeurs sont les personnes qui transportent les pièces débitées de la forêt à la route. Leurs rémunérations dépendentdu nombre de pièces transportéeset de la distance par rapport à la route.

· Les chargeurs sont ceux qui chargent les pièces dans les camions. Ils sont payés en fonction du nombre de pièces chargées.

En général, la rémunération des acteurs de la chaine au niveau local est proportionnelle à la valeur de l'essence.

Lorsqu'un entrepreneur urbain vient au village, il contacte une personne (superviseur) avec qui il s'accorde sur le type d'essence, le nombre de piècesdont il a besoin et le montant à débourser.Le superviseur peut demander une avance à son partenaire. Ensuite, il cherche un prospecteur qui identifie les arbres soit en forêt ou dans les parcelles agricoles. Aussitôt les essences identifiées, le superviseur vient négocier avec le propriétaire. Quand c'est en pleine forêt, il paye juste la prospection.Dès qu'il y a accord entre les différentes parties, le superviseur engage un ou plusieurs scieurs et leur fournit le matériel nécessaire (carburant, huile, éventuellement une tronçonneuse) et une avance de paiement.Une fois l'arbre scié et débité, le superviseur engage les débardeurs, puis des chargeurs qui vont mettre les pièces dans un véhicule pour qu'elles puissent être transportées en ville. Certainssuperviseurs ne s'occupent pas du transport jusqu'à la ville.Leur travail se limite au débardage, ceci afin d'éviter les tracasseriesroutières, c'est le « parc-brousse ».Dans ce cas, c'est l'entrepreneur qui se charge des tracasseries routières.

Les scieurs ont révélé que les essences qu'ils scient proviennent aussi bien de la zone tampon (agricole) que de la concession.Durant la période de l'enquête, le bubinga est l'essence qui a été la plus exploitée de manière artisanale au Sud, alors que dans la Région de l'Est, l'ayous suivi de l'ébène sont les essences les plus exploitées comme l'indique le tableau 16.

Tableau 16. Principales essences d'arbres exploitées au Sud et à l'Est entre mars et septembre

Nom scientifique

Nom commun

Nombre de ménages concernés

Sud

Guibourtia spp.

Bubinga

8

Diospyros crassiflora

Ebène

1

Sarcocephalus spp.

Bilinga

1

Afzelia spp.

Doussié

1

Milicia excelsa

Iroko

1

Millettia spp.

Wengue

1

Est

Triplochiton scleroxylon

Ayous

22

Diospyros crassiflora

Ebène

7

Entandrophragma cylindricum

Sapelli

3

Erythrophleum gabunense

Adoum

2

Afzelia spp.

Doussié

2

Erythropleum spp.

Tali

2

Terminalia superba

Fraké

1

Milicia excelsa

Iroko

1

Baillonella toxisperma

Moabi

1

Sterculia rhinopetala

Nkana

1

Pterocarpus spp.

Padouk

1

6.3.4.2. Le revenu de l'activité

Durant le semestre de notre enquête, cette activité a généré un revenu moyen par ménage concerné de 408 929 #177; 914 670 FCFAdans la Région Sud et de 118 471#177; 245 242 FCFA dans la Région de l'Est. Le revenu moyen du sciage est plus élevé dans la Région du Sud que dans celle de l'Est, malgré la faible proportion de ménages qui ont été impliqués dans l'activité au Sud (27%)comparativement à l'Est (49%). Ceci peut s'expliquer par le fait que le bubinga (Guibourtia spp.) est une essence qui a une grande valeur économique sur le marché camerounais.Selon l' arrêté n° 2401/MINFOF/ CAB du 9 novembre 2012 du ministre des Forêts, l'exploitation du bubinga est suspendue sur l'étendue du domaine national, vu qu'ellefaisait l'objet de nombreux trafics etqu'elle est menacée d'extinction.

Photo 12. Sciage artisanal d'un pied de bubinga (Guibourtia spp.)

La figure 28 présente la distribution des revenus entre les ménages dans les différentes Régions.

 

Figure 28. Distribution des revenus du sciage artisanal

Il se dégage de la figure 28 que la plupart des ménages impliqués dans cette activité ont un revenu inférieur à 500 000 FCFA ; et il y a quelques individus qui se taillent une grande partie des revenus, surtout dans la région de Sud. Ceci explique ces grands écart-types observés dans ces deux Régions.Le tableau18 présente les revenus moyens par types d'acteurs dans les Régions d'étude.

Tableau 17. Revenus moyensdu sciage par catégories d'acteurs locauxde mars à septembre 2012

Région

Catégorie d'acteur

Nombre de ménages concernés

Revenu moyen

Ecart-type

SUD

Superviseur

5

1 018 000

1 404 536

Débardeur

3

76 667

89 489

Prospecteur

2

121 000

111 723

Chargeur

2

21 500

19 092

Vendeur

3

120 000

10 000

EST

Superviseur

9

371 722

422 684

Débardeur

8

31 521

35 303

Prospecteur

1

20 000

-

Chargeur

8

51 888

52 355

Vendeur

12

23 333

18 396

Il ressort du tableau 17 que les superviseurs sont les plus grands bénéficiaires de cette activité au niveau local au Sud et à l'Est.Ils ont le revenu moyen le plus élevé de cette activité.Excepté les chargeurs, les autres catégories d'acteurs ont un revenu plus élevé dans la Région du Sud comparativement à la Région de l'Est.Ceci montre également que cette activité est plus importante en termes de revenu moyen dans le Sud qu'à l'Est.

6.3.4.3. Contraintes du sciage artisanal

Les scieurs estiment que cette activité est très risquée, l'abattage et le débitage des arbres requièrent beaucoup de dextérité. L'arbre peut changer de direction et venir tomber sur le scieur. Les débardeurs et les chargeurs estimentque cette activité est sujette à des risques de maladies comme les hernies.

Les superviseurs déclarent que cette activité est risquée car elle est illégale et ne pourrait être durable que si l'on pouvait la légaliser et leur permettre d'aller au port vendre leur bois à un bon prix.Ils trouvent en elle une source de capital qui pourrait leur permettre de se lancer dans d'autres activités comme l'agriculture et le commerce.

Les vendeurs estiment que les exploitants n'achètent pas bien leur bois. Ils disent qu'ils n'ont pas le choix, car ils ont besoin d'argent pour faire vivre leurs familles.Un riverain a déclaré « et si je meurs aujourd'hui, je dois faire comment ? Je dois attendre que mon fils en bénéficie et souffrir ?Non !». Ceci montre que les riverains veulent satisfaire les besoins immédiats sans tenir compte des générations futures.

6.3.5. Perception des populations vis-à-vis des activités

D'une manière générale, les populations locales estiment que les activités liées aux ressources forestières ne sont pas durables, comparativement à l'agriculture. Ce sont des activités complémentaires à l'agriculture. A cet effet, 96% et 95% des ménages interrogés au Sud et à l'Est respectivement estiment que l'agriculture est la source de revenus qui peut augmenter au cours des prochaines années. Selon elles, les quantités produites aujourd'hui sont supérieures à celles produites dans le passé. Elles pensent augmenter les surfaces cultivables et les quantités produites dans les années à venir. Malgré l'importance de l'agriculture, les populations locales reconnaissent que les produits forestiers jouent aussi un rôle non négligeable en termes de subsistance dans leurs vies. Ils constituent un important filet de sécurité.

Figure 29. Revenu filet des ménages (en % des ménages enquêtés)

La figure 29, montre que 55% des ménages dans la Région de l'Est et 38% dans la Région du Sud estiment qu'en cas de coup dur, ce sont les activités liées aux produits forestiers (chasse, cueillette et sciage) qui peuvent leur apporter un minimum vital. On constate également que dans la Région de l'Est, il y a plus de ménages qui ont cité les activités liées aux produits forestiers comme revenu filet. Les populations de l'Est sont plus dépendantes des produits forestiers que celles du Sud. Ceci pourrait s'expliquer par un niveau de scolarisation et de vie moins élevé dans cette Région comparativement à celle du Sud.

Ces résultats confirme les travaux d'Arnold et Townson (1998) qui rapportent que plusieurs ménages continuent à générer une partie de leurs revenus des activités liées aux produits forestiers, parce qu'ils sont incapables d'avoir assez de revenus de l'agriculture ou des salaires. Pour ces familles, ces activités liées aux produits forestiersconstituent un « filet de sécurité » et sont facilement remplacés quand des opportunités plus rémunératrices et moins difficiles s'offrent à eux.

6.4. Perceptions croiséesdes populations riveraines et des concessionnairesvis-à-vis de l'exploitation forestière

6.4.1. Identification des espèces exploitées par les concessionnaires qui sont à usage multiple

Parmi les essences exploitées par les compagnies forestières certaines sont utilisées par les populations locales comme PFNL et pourraient de ce fait être à l'origine de conflits d'usage entre les deux parties. Le tableau 18présenteles principales essences identifiées, qui sont exploitées par les compagnies forestières ayant également un usage de PFNL.

Tableau 18. Espèces exploitées par la SCTB et la FIPCAM ayant un usage de PFNL

Nom scientifique

Nom commercial

Produit/usage

*Baillonella toxisperma

Moabi

Alimentation et médicament

Afzelia bipindensis harms

Doussié

Médicament

Canarium schweinfurthii

Aiélé (encens)

Médicament

Ceiba pentandra

Fromager

Médicament

Cylicodiscus gabonensis

Adoum/Okan

Médicament

Distemonanthus benthamianus

Movingui

Médicament

Entandrophragma spp.

Tiama

Médicament

Guarea spp.

Bossé

Médicament

Guibourtia spp.

Bubinga/oveng

Médicament

Homalium spp.

Amvim

Médicament

Milicia excelsa

Iroko

Médicament

*Picralima nitida

Emien/Ekouk/gouga/lombo

Médicament

Pterrocarpus soyauxii

Padouk

Médicament

Terminalia superba

Akom/limba/fraké

Médicament

*Entandrophragma cylindricum

Sapelli

Médicament et chenilles

*Erythrophleum ivorense

Elone/tali

Médicament et chenilles

*Peterslanthus macrocarpus

Abing/abale

Médicament et chenilles

*Piptadeniastrum africanum

Dabema/tom

Médicament et chenilles

*Triplochiton scleroxylon

Ayous

Médicament et chenilles

* Essences multi-usages ayant fournis des PFNL entre mars et septembre 2012

Dix-neuf essences exploitées pour leur bois par les compagnies et comme PFNL par les populations locales ont été identifiées. Ces essences sont surtout utilisées dans la pharmacopée traditionnelle, et comme source de chenillesalimentaires.Parmi ces 19 essences seulement 7 ont fourni des PFNL aux populations locales entre mars et septembre 2012. Il s'agit de Baillonella toxisperma, Picralima nitida, Entandrophragma cylindricum, Erythrophleum ivorense, Peterslanthus macrocarpus, Piptadeniastrum africanum et de Triplochiton scleroxylon. L'étude ayant couvert la grande période de cueillette,cela montre que les autres PFNL sont utilisés de manière occasionnelle.

Dans certains villages, les populations riveraines abattent ou vendent eux-mêmes les arbres générant les PFNL dans la zone agricole et même dans les UFA pour approvisionner le marché des bois illégaux. Dans ces cas, l'abattage est orienté principalement vers des essences à forte valeur sur le marché du bois (bubinga, moabi, ayous et sapelli.) de façon à récupérer un maximum de profit à court terme.

6.4.2. Perception de l'impact de l'exploitation par les populations locales

L'exploitation forestière nécessite plusieurs ressources techniques, financières et humaines. Elle engendre de ce fait au sein des communautés locales de nouveaux types de rapports sociaux entre les individus au sein d'un même groupe et entre les différents groupes sociaux. Elle modifie les modes de vie des sociétés humaines concernées au point où les populations locales en perçoivent elles-mêmes les impacts. Il a été demandé aux différents villages durant 12focus groupde citer les avantages et les inconvénients de l'exploitation forestière dans leurs localités.Le tableau 19 présente les perceptions des populations locales vis-à-vis de l'impact de l'exploitation forestière sur leur vie.

Tableau 19. Perceptions des populations locales vis-à-vis de l'impact de l'exploitation forestière

Impacts positifs

Fréquence

Pourcentage

Ouverture et entretien des routes

8

67

Développement du petit commerce

5

42

Emploi et formation des jeunes

2

17

Utilisation des pistes et routes forestières

2

17

Satisfaction des doléances

2

17

Augmentation de certains PFNL

2

17

Impactsnégatifs

Fréquence

 

Diminution de certains PFNL

8

67

Diminution des gibiers

7

58

Problème d'emploi et formation des jeunes

6

50

Non satisfaction des doléances

5

42

Non rétrocession de la RFA

4

33

Modification du climat

2

17

Absence de reboisement

2

17

Dégâts dans la forêt

1

8

Infidélité/abandon des foyers

1

8

Apparition du VIH/SIDA

1

8

Il ressort du tableau 19 que l'exploitation forestière est perçue comme ayant simultanément des impacts positifs et négatifs sur la vie des populations locales.

L'exploitation forestière a des impacts négatifs sur la collecte des PFNL. Certains arbrespourvoyeurs de PFNL diminuent car, ils sont exploités par les compagnies et les scieurs artisanaux. Ce qui oblige les populations à fournir davantage d'efforts pour collecter ces PFNL.Nous avons identifié 19 essences qui sont convoitées par les compagnies et les populations locales (cf. tableau 18). Parmi, ces essences, celle la plus mentionnée est le moabi.Les riverains pensent aussi qu'enexploitant le bois, les différents opérateurscréent des dégâts dans la forêt, modifiant ainsi le climat de la Région.Ils détruisent les arbres qui fournissent les PFNL comme la mangue sauvage et le njansang lors des opérations d'abattage, de débardage et de construction des pistes et des routes forestières.En plus de cela, ils disent que les compagniesne reboisent pas les arbres qu'elles coupent, ce qui va conduire à une disparition des essencesqui sont exploitées aujourd'hui.

Les populationsse plaignent du fait que l'exploitation forestièrea conduit à la raréfaction dugibier. Autrefois elles chassaient derrière les cases, mais aujourd'hui il faut parcourir plusieurs kilomètres en forêt, voire des jours pour pouvoir attraper un gibier. Selon elles, ceci serait dû à plusieurs causes:

· Les bruits des engins qui font fuir les animaux ;

· La facilitation du braconnage. Les braconniers utilisent les routes et pistes forestières pour se rendre dans leur forêt.Certains chauffeurs des compagnies aident les braconniers en les transportant et en leur fournissant des munitions ;

· La multiplicité des chasseurs, due à un accroissement de la population locale et au développement du marché de la viande de brousse.

Les populations se plaignentdu fait qu'il n'y a pas assez de jeunes qui sont formés et employés dans les compagnies forestières. Ces dernièresne satisfont pas leurs doléances. Les villages proches des bases d'exploitation sont plus satisfaits que ceux quien sont éloignés car leurs jeunes sont employés.

L'exploitation forestière entraine la dépravation des moeurs ; abandons de foyer,multiplication et accroissement des cas d'infidélité conjugale. Les cas d'infections sexuellement transmissibles ou de VIH/SIDA se multiplient et fragilisent l'état de santé des populations riveraines.

La non-rétrocession des RFA aux populations est unimpact négatif indirect de l'exploitation forestière. Les populations riveraines se plaignent du fait qu'elles ne perçoivent pas les RFA régulièrement, alors qu'elles savent que les compagnies s'acquittent du paiement de la RFA. Elles disent que cette RFA est bloquée au niveau des communes. Dans le cas où unmaire veut donner cette RFA, il ne réalise pas les projets qui sont prioritaires pour les populations. Le plus souvent ils offrent des machettes, des houes et des limes, à ces derniers, alors qu'ils ont besoin d'eau potable ou d'électricité.A cet effet, les ONG souhaiteraient que la RFA soitrétrocédée aux populations sous forme d'oeuvres sociales suite à l'élaboration d'un plan de développement local par les populations,dans lequel sonpriorisés leurs besoins. Comme très peu de villages ont un plan de développement local, les maires ne savent pas comment prioriser les 10% de RFA qui leur reviennent et réalisent les projets qu'ils jugent importants.

Comme impacts positifs, les populations locales reconnaissent qu'avec l'exploitation forestière, les compagnies ouvrent et entretiennent les routes. Il y a une augmentation du nombre de personnes dans les villages, ce qui crée une grande dynamique dans les villages proches de la compagnie. Il y a un volume important d'argent qui circule, par ricochet l'économie locale se développe.Il y a aussi plus de possibilités de vendre les produits agricoles et les PFNL. Les populations utilisent les pistes et les routes forestières pour accéder aux plantations et évacuer leurs produits.Contrairement aux autres, les populations des villages de Kagnol 11 et Kouédjina à l'Est proches l'ancienne scierie de la SEBC et loin de la base de la SCTB, nous ont révélé que depuis que la SEBC est partie, leurs routes sont devenues mauvaises par manque d'entretien. Les motivations pour l'agriculture ont diminué car ils y a très peu d'occasions pour vendre les produits. Le commerce local est progressivement amenuisé. De même, les populations de Bissam et de Meyos nous ont rapporté que lorsque la FIPCAM exploitait les AAC proches de leur village elle entretenait la route et il y avait beaucoup d'acheteurs qui venaient dans les villages.

Le long des routes et des pistes forestières, il y a une augmentation des PFNL comme le njansang et l'igname sauvage.Ces résultats confirment les travaux de Djik(1999 : 61), Tieguhong et Ndoye (2007) et Rist et al. (2012)

6.4.3. Perception de l'impact de l'exploitation par les personnes ressources de la compagnie

Après avoir discuté avec les populations locales, nous avons rencontré les personnes ressources des compagnies, pour avoir leur point de vue. Il s'en est dégagé qu'il existe quelques points de discorde entre elles et les populations riveraines.

La croissance rapide des activités agricoles des populations locales dans les concessions, alors que les compagnies veulent préserver la forêt pour faire plusieurs rotations. Tout ce que les compagnies font, c'est de sensibiliser les populations et de renouveler leurs limites afin de dissuader les populations d'étendre leurs plantations.

Le sciage illégal se déroule souvent dans la concession, mais les concessionnairesn'ont pas le droit de saisir le bois. Ils ne peuventqu'informer l'administration forestière, mais celle-ci est lente à réagir, ce qui laisse le temps aux scieurs de s'enfuir. Les agents des eaux et forêtsestiment qu'ils n'ont pas assez d'effectifs et de moyens pour intervenir rapidement.

Avec l'engagement des compagnies dans le processus de certification notamment la FIPCAM, les compagniesérigentdes barrières à l'entrée des concessions, pour contrôler les entrées et sorties, ce qui n'arrange pas les populations locales.

Ils essaient de satisfaire les doléances des populations. Cependant l'ignorance de la loi fait que ces dernières demandent toujours ce qui n'est pas ressort des concessionnaires. La SCTB a affirmé être en train de trouver un compromis avec les populations pour satisfaire les doléancesrelatives à unedemande de 5 000 tôles.

Les compagnies ne peuvent pas employer tous les jeunes des villages. Car non seulement il n'y a généralement pas de main d'oeuvre qualifiéedans les villages et leur capacitéd'emploi est limitée comparativement à la demande. Dans certains cas elles forment les jeunes et ceux-ci ne veulent pas travailler pour cause de paresse. En effet, la FIPCAM emploie environ 50 personnesdont 20 à 30 sont des riverains. Elle compte 29 villages riverainspour un total de 79 353 habitants. Quant à la SCTB elle emploie environ 60 personnes dont 30 personnes sont des riverains,et compte 41 villages et hameaux riverains peuplés d'environ25 783 habitants. Pour faire face ce problème d'emploi, les compagnies essaient d'employer les jeunes dans les villages qui sont proches des AAC.

Les concessionnaires sont conscients des dégâts causés par l'exploitation. Ils évitent autant qu'ils peuvent de détruire les arbres fournisseurs de PFNL régulièrement fréquentés par les populations lors des différentes opérations d'exploitation. Ils causent le moins de dégâts possibles.

6.5. Discussion

La présente étude c'est proposée de vérifier trois(03) hypothèses à savoir :

H1 :« Les ressources forestières non ligneuses autour et dans les concessions forestières constituent une source de revenus et de subsistance importante pour les populations des villages riverains ».

H:« Il existe des ressources forestières multi-usage, qui sont aussi bien convoitées par les populations locales que par les exploitants forestiers ».

H: « Le contrôle des ressources forestières est à l'origine de conflits entre les populations locales et les compagnies forestières ».

6.5.1. Hypothèse 1

« Les ressources forestières non ligneuses autour et dans les concessions forestières constituent une source de revenus et de subsistance importante pour les populations des villages riverains ».

D'après les résultats de l'étude, les activités liées aux ressources forestières non ligneuses (chasse, cueillette) sont perçues comme étant les secondes sources de revenus des populations après l'agriculture. La cueillette est la seconde source de revenus au Sud et la troisième à l'Est. Elles sont également les activités qui ont mobilisé le plus de ménages dans les Régions du Sud et de l'Est après l'agriculture de mars à septembre 2012. Durant cette période, la cueillette a été pratiquée par 98 % des ménages au Sud et 90 % à l'Est. Quant à la chasse elle est perçue comme la seconde source de revenu à l'Est et la troisième au Sud. Elle est pratiquée par 79% des ménages au Sud et 74% à l'Est. Durant l'étude en moyenne34 prisespar ménages ont été recensées au Sud contre76 à l'Est.

Lorsqu'on prend en compte les revenus moyens des différentes activités, le sciage artisanal a été une source de revenus monétaire, plus importante que l'agriculture, la chasse et la cueilletteau Sud entre mars et septembre. Mais il faut noter que durant cette période, les récoltes de cacao qui est la principale culture commerciale de la Région avaient à peine commencé. Les résultats changeraient si on incluait les revenus des autres récoltes. De même, en considérant le nombre de ménages impliqués dans cette activité, nous constatons que très peu en ont bénéficié (27%) entre mars et septembre comparativement à l'agriculture (91%), la cueillette (72%) et la chasse (59%). Par contre, dans la Région de l'Est le sciage artisanal est une source de revenu moins importante que l'agriculture, la chasse et la cueillette. Tout comme dans la Région Sud, très peu de ménages bénéficient de cette activité comparativement à l'agriculture, la chasse et la cueillette (tableau 20).

Tableau 20. Revenu moyen des activités liées aux ressources forestières et proportion des ménages impliqués

Région

Activités

% des ménages impliqués

% des ménages ayant perçus un revenu

Revenu moyen en FCFA

% des revenus

SUD

Agriculture

100

91

202 228

19

Cueillette

98

72

63 771

6

Chasse

79

59

64 981

6

Sciage artisanal

27

27

408 929

39

Autres

64

64

303 764

29

Revenu total

 
 
 

1 076 882

100

 EST

Agriculture

100

97

244 746

37

Cueillette

90

82

53 267

8

Chasse

74

84

107 796

16

Sciage artisanal

49

49

118 471

18

Autres

56

56

139 022

21

Revenu total

 
 
 

650 234

100

Le sciage artisanal est une activité qui non seulement nécessite beaucoup de capital. Elle a besoin de personnes influentes pour faciliter l'écoulement et la vente de ses produits. Elle n'est très bénéfique qu'aux personnesriches de ces Régions comme l'indique la figure 30.

Ceci corrobore les travaux de Plouvier et al. (2002) qui avaient relevé, que le sciage artisanal est une activité pratiquée par des individus ne recherchant qu'un profit à court terme et prêts à tout pour court-circuiter les services de l'Etat. Les résultats de cette activité ne profitent qu'à une poignée d'individus peu scrupuleux.

 

Figure 30. Répartition des revenus moyens par classes (quintiles)

La figure 30 montreque, l'agriculture est la principale source de revenus des ménages comme mentionnée plus haut. Ce qui explique le fait que chaque année, les populations convertissent les forêts pour la création de nouvelles plantations. Ces dernières sont aussi créées dans les UFA, malgré le fait qu'elle soit proscritepar la loi n°94/01 du 20 janvier 1994.

Dans les deuxRégions, les riches bénéficient plus du sciage artisanal, contrairement aux pauvres et ils ont aussi plusieurs autres sources de revenus. Mais au Sud, la part du sciage artisanal et des autres activités est plus élevée dans le revenu des riches, contrairement à l'Est où la richesse provient en majorité de l'agriculture.

La cueillette et la chasse sont des activités secondaires qui sont plus importantes en termes de subsistance et ne sont que des sources de revenus complémentaires à l'agriculture dans ces Régions. La cueillette est une activité saisonnière dont l'objectif principal est l'autoconsommation. La chasse est le meilleur revenu filet, car elle se pratique durant toute l'année et elle ne nécessite pas un grand investissement financier pour être pratiquée. Elle est une source revenus monétaire plus importante à l'Est qu'au Sud.

De manière générale les riches sont impliqués dans toutes les catégories d'activités et y gagnent plus que les autres. Ce qui est à l'origine des grandes inégalités dans la répartition des revenus dans ces Régions. En effet les rapports inter-quintiles sont de 19,59 au Sudet de 13,22 à l'Est, montrant que les riches ont près de 20 fois le revenu des pauvres au Sud et 13 fois le revenu des pauvres à l'Est. De la figure 31, on constate que les inégalités sont plus élevées dans la Région du Sud comparativement à l'Est où les coefficients de Gini sont respectivement de 0,52 et 0,48. Ceci serait dû à la grande part du sciage artisanal et des autres activités dans le revenu des riches au Sud.

*Plus la courbe de Lorenz s'éloigne de la diagonale, plus la distribution des revenusest inégale.

**Le Coefficient de Gini estune mesure d'inégalités relatives.Il est obtenu en calculant le ratio de l'aire entre la diagonale et la courbe de Lorenz, divisée par la surface du triangle.

Figure 31. Courbe de Lorenz du Sud et de l'Est

Au vu de ce qui précède, nous pouvons tout de même accepter l'hypothèse d'importance des ressources forestières non ligneuses en termes de revenus et de subsistance pour les populations riveraines, mais en notant que l'agriculture est la principale source de revenu et de subsistance des populations de ces Régions.

6.5.2. Hypothèse 2

« Il existe des ressources forestières multi-usage, qui sont aussi bien convoitées par les populations locales que par les exploitants forestiers. »

Les résultats de nos enquêtes nous ont permis d'identifier 19 essences exploitées par les compagnies forestières ayant une valeur de PFNL. Parmi ces essences uniquement 7 ont été utilisées par les populations durant le semestre de l'enquête. Ces PFNL sont utilisés dans l'alimentation et la pharmacopée traditionnelle. Cependant, dans certains cas, ce sont les populations riveraines qui vendent ou abattent ces essences. Ainsi, elles acceptent elles-mêmes de privilégier l'aspect financier plutôt que de préserver la récolte de leur propre PFNLet d'en tirer un profit à court terme.Ceci nous amène tout de même à accepter l'hypothèse 2.

6.5.3. Hypothèse 3

Enfin, la troisième hypothèse s'articule comme suit : « le contrôle des ressources forestières est à l'origine de conflits entre les populations locales et les compagnies forestières ».

Les résultats des enquêtes sur le terrain montrent qu'il existe des impacts positifs liés à l'exploitation forestière tels que : le développement des activités économiques des villages, la prolifération de certains PFNL le long des routes, la facilitation des activités agricoles, de cueillette et de chasse à travers l'utilisation des pistes et des routes forestières. Mais ces avantages ne sont pas durables. Car une fois que la compagnie part ou change d'AAC, les populations perdent les avantages qu'elles avaient.

Il existe également des points de discorde entre les populations locales et les compagnies forestières.Il s'agit de différents dus au fait que certaines essences comme le moabi, le sapelli ou l'ayousqui sont à la fois utilisées par les populations locales pour leur subsistance, leur revenu,etpar les compagnies forestières pour le bois d'oeuvre disparaissent. Cette disparition est surtout l'oeuvre des scieurs illégaux qui avec la complicité des populations locales vendent les arbres pourvoyeurs de PFNL pour en tirer un bénéfice à court terme. En plus, malgré le fait que la plupart des prélèvements des PFNL aient lieu en forêt, les AAC des compagnies sont situées à près de 25 km du village le plus proche. Réduisant l'exploitation des arbres utiliséscomme source PFNL par les concessionnaires. La compétition existe plus entre le sciage illégal et l'exploitation des compagnies.

De même, les populations se plaignent du faitque les compagnies détruisent certains PFNL utiles, comme la mangue sauvage, le njansang lors des abattages et de l'ouverture des pistes. Les routes et les pistes forestières facilitent également le braconnage. Les bruits des engins font fuir les animaux. Avec l'exploitation on assiste à des cas d'infidélité conjugale et à une recrudescence du VIH/SIDA. Ces impacts sont inhérents à l'exploitation forestière. Dans la réalisation de leur activité, les compagnies essayent de réduire les dégâts mais ne peuvent pas les annuler.

Les populationsestiment que la compagnie n'emploie pas assez de jeunes dans les villages et ne satisfait pas leurs doléances.Outre ces aspects négatifs,les populations se plaignent de lanon-rétrocession des RFA. Certains villages disent ne pas recevoir les RFA.D'autres prétendent que les maires ne leur donnent par cette RFA sous la forme qu'ils désirent.

Selon l'article 61 de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994, l'exploitation d'une concession forestière est assortie d'un cahier des charges. Ce dernier comporte des clauses relatives aux aspects techniques et des clauses relatives aux aspects financiers et socioéconomiques. Selon les clauses financières les compagnies doivent participer à la réalisation des infrastructures sociales à travers le payement de la RFA. Les populations sont conscientes que les compagnies la payent, donc le problème se trouve au niveau des communes. Toutes les autres doléances émisespar les populations doivent être négociées entre les populations, la compagnie et l'administration et inscrites dans le cahier des charges durant une réunion de concertation ou d'information.

Pour consolider les relations avec les populations et être bien vu au niveau national ou international, en plus de la RFA et des doléances, les compagnies peuvent assister les populations locales dans la réalisation de certains projets sociaux qui ne sont pas inscrits dans le cahier des charges. Ils peuventformer et employer les jeunes au niveau local. A compétence égale, les riverains sont choisis comparativement aux étrangers. Les compagnies ont généralement plusieurs villages riverains et elles ne peuvent pas employer tous les jeunes. Elles essayent donc d'employer les jeunes des villages proches des AAC en cours d'exploitation.

Quant aux concessionnaires, ils sont mécontents du fait que les populations étendent les surfaces cultivablesau détriment des UFA, car ils veulent les conserver pour faire plusieurs rotations. Ils sont aussi mécontents du fait que certains riverains pratiquent le sciage artisanal dans les UFA et ils n'ont pas le droit de les arrêter. Lorsque le contrôle de l'administration forestière arrive dans la concession et que les compagnies ne peuvent pas justifier les arbres coupés illégalement, elles endossent la responsabilité et payent des amendes. Elles n'apprécient pas aussile fait que les populations locales leur posent des doléances qui ne relèvent pas de leur ressort et qu'elles ne peuvent satisfaire, à l'instar de l'emploi des jeunes.

Nous constatons qu'il existe des germes de conflit entre ces différentes parties. Des conflits plus potentiels que réels liés au contrôle des ressources forestières existentbien entre les concessionnaires et les populations.La troisième hypothèse estdonc acceptée.

CHAPITRE 7: CONCLUSION,RECOMMANDATIONS ET LIMITES DE L'ETUDE

CHAPITRE 8: Conclusion

A travers cette étude, nous avons voulu analyser les relations qui existent entre les concessionnaires et les populations locales par une caractérisation des usages liés aux ressources forestières autour de trois concessions camerounaises situées dans les Régions du Sud et de l'Est. Comme objectifs spécifiques, il s'agissait d'identifier et de caractériser les principaux acteurs impliqués dans l'exploitation des ressources forestières ; d'identifier et de caractériser les principales activités menées par les populations riveraines pour leur subsistance et leurs revenus ; de déterminer les impacts potentiels de l'activité forestière sur les populations locales.

Au terme de l'étude, il ressort que : 

Les concessionnaires sont des opérateurs privés qui ont pour objectifs de maximiser leurs profits à travers l'exploitation de certaines essences ligneuses dans leurs UFA.Ceci à la suite de l'obtention d'un titre d'exploitation délivré par le Gouvernement.

Les populations localesutilisent les ressources forestières pour satisfaire leurs besoinsde subsistance et de revenus monétaires. Les principales activités qu'elles mènent pour atteindre ces objectifs sont l'agriculture, la cueillette, la chasse et le sciage artisanal.

L'agriculture est la principale source de revenus monétaireset de subsistance des populations locales. La cueillette et la chasse sont des activités secondaires plus importantes en termes de subsistance. Néanmoins la chasse est un revenu filet important. Le sciage artisanal est important en termes de revenus mais il ne bénéficie qu'à peu de personnes. Ce sont principalement les riches qui en tirent profit, vu qu'il nécessite beaucoup de capital et des connections.

Les populations locales et les concessionnairesse heurtent à des contraintes occasionnéespar les activités de l'un ou de l'autre.Les perceptions locales des impacts de l'exploitation forestière sont diversifiées. Il y a d'une part, des impacts positifs qui mettent l'accent sur les aspects jugés bénéfiques de l'exploitation forestière et de l'autre une lecture critique de l'exploitation forestière qui révèle les limites de l'exploitation forestière et ses incidences néfastes sur la vie des riverains et de l'écosystème, à l'instar de la disparition de certains PFNL qui proviennent d'arbres exploités par les compagnies. De leur côté, les exploitants forestiers reprochent aux populations locales d'être peu entreprenantes etirrespectueuses de la loi. Tout ceci nous a amené à dire quele contrôle et l'accès aux ressources forestières est à l'origine de conflits potentiels entres les concessionnaires et les populations locales. Ces conflits sont encore latents et si rien n'est fait pour que les intérêts de chaque partie soient pris en compte, ils pourront se transformer en conflit ouvert.

8.1. Recommandations

Suite aux résultats relevés si haut, l'étude fait des recommandations aux parties prenantes.

Lespopulations locales devraient :

· maitriser la loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant Régime des forêts, de la faune et de la pêche ;

· privilégier le dialogue et la négociation à l'amiable pour un règlement pacifique, moins coûteux et durable des conflits, à travers une communication ouverte entre les parties opposées, facilitée par des groupes neutres et indépendants ;

· impliquer les femmes dans les prises de décision, vu qu'elles sont les principales personnes impliquées dans l'utilisation des ressources naturelles.

Lesconcessionnaires devraient :

· mettre en place une plateforme de dialogue permettant aux populations locales d'apporter des solutions aux problèmes de contrôle des ressources forestières ;

· faire l'inventaire systématique des espèces multi-usages et allouer certains arbres aux populations.

L'administration devrait :

· réunir les populations et les compagnies lors de l'élaboration des clauses des plans d'aménagement, des cahiers des charges qui définissent clairement la place des PFNL dans la gestion des concessions et les zones agricoles de commun accord avec les populations ;

· définir des mesures de compensation des compagnies pour ne pas exploiter tous les arbres ayant une valeur de PFNL ;

· contrôler effectivement les activités des compagnies afin de s'assurer que les responsabilités sociales et d'exploitation sont respectées.

· Accroitre le personnel de l'administration forestière et leur fournir les moyens afin qu'ils soient plus efficaces.

Les ONG devraient :

· sensibiliser et éduquer des populations locales sur leurs droits et ceux des autres parties prenantes ;

· mener des actions de lobbying et plaidoyer auprès des autorités en vue d'une meilleure implication des populations locales dans gestion des ressources forestières.

Les nouveaux axes de recherche :

· En quoi les activités riverainessont-elles contraires à la loi ?

· Dans quelles mesures les ressources multi-usages peuvent-elles satisfaire les populations et les concessionnaires sans créer de conflit ?

· Quelles sont les mesures qui peuvent assurer la durabilitédes impacts positifs de l'exploitation forestière ?

8.2. Limites de l'étude

La principale limite de l'étude est que la plupart des données obtenues font appel à la mémoire des enquêtés. Elle se base sur les déclarations des enquêtés,etces derniers ne tiennent pas decomptabilité stricte. Cecipourrait expliquer en partiela variabilité observée dans les réponses, car les informations obtenues peuvent avoir été surestimées ou sous-estimées.

Une autre limite de l'étude est que les données économiques sur les principales activités ne s'étendent que sur un semestre (mars à septembre 2012), ceci pourrait expliquer une sous-estimation de la contribution de certaines activités dans le revenu des ménages vu que celles-ci sont le plus souvent saisonnières.

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www.prota.org[Consulté le 25/11/2012].

CHAPITRE 9: ANNEXES

Annexe 1. Protocoles d'enquête

A. Discussions préliminaires

Présentation de l'équipe

L'objectif de la mission : vers des relations apaisées et productives entre exploitant et populations locales. On fait le même travail dans plusieurs villages du canton.

Présenter rapidement ce qu'est le processus d'aménagement forestier au Cameroun, et la place que doivent tenir les populations locales. L'objectif d'exploiter le bois de manière durable, mais également les autres ressources de la forêt.

Expliquer le lien avec les Eaux & Forêts et avec le concessionnaire.

Le travail va consister en une série de discussions, soit tous ensemble (pour démarrer), puis après en petits groupes. Après ces discussions, l'équipe travaillera avec des ménages volontaires pour un suivi d'une année de leurs prélèvements en forêt. Au total, l'équipe va passer une journée dans votre village. Et elle reviendra 3 fois en 2012.

On cherche à connaître les pratiques réelles de terrain ; on se fiche de ce qui est légal ou pas. Les informations personnelles restent confidentielles.

Toutes les informations collectées feront l'objet d'un rapport, qui vous sera remis et présenté dans votre village en 2013.

Des questions ou des éclaircissements ?

B. Transect social

- Participant : le chef de village/regroupement ou un notable du village ou un jeune dynamique connaissant bien le village

- Matériel : une feuille A4

- Objectif : identifier l'ensemble des ménages et des « familles » ainsi que leur répartition spatiale (et éventuellement sociale) à l'intérieur du village ; établir une pré-typologie des ménages à partir de la taille et de l'état des maisons ; identifier les principales infrastructures collectives et estimer leur état de fonctionnement

- Comment procéder :

o Se positionner avec le chef à l'une des extrémités du village et commencer à le traverser à pied ;

o Sur la feuille, reporter la route et indiquer sur la feuille chaque maison que vous croisez en chemin (à droite ou à gauche de la route, distance par rapport à la route) ;

o Pour chaque ménage, indiquer à quelle grande famille il appartient. On peut également relever le nombre approximatif des membres du ménage ;

o Sur la feuille, indiquez également l'emplacement des infrastructures collectives (case du chef, école, dispensaire, hangar, boutiques, pompes,...)

o Pour chacune de ces infrastructures, aller voir ou se renseigner sur son effectivité (présence de l'infirmier et de médicaments, présence des instituteurs, bon état de la pompe,...)

o Faire cet exercice jusqu'à l'autre extrémité du village. C'est aussi l'occasion d'avoir une discussion libre avec votre accompagnateur sur l'histoire du village, ses problèmes actuels, les élites,...

C. Groupe de discussion sur les « données socio-ethnographiques »

- Participants : tous les participants, comprenant au moins le chef de village/groupement ou les autres notables du village (avec des âges variés si possible)

- Matériel : une grande feuille blanche pour relever les informations et les présenter aux yeux de tous.

- Objectif : faire un historique succinct du village, déterminer la composition sociale et ethnographique du village, obtenir des éléments indicatifs de son organisation sociale, identifier les groupes ou organisations constitués

- Comment procéder :

o Demander aux participants de retracer l'histoire de leur village (avec les évènements marquants) ;

o Faire la liste des ethnies présentes au village puis classer les ethnies ou les grandes familles par ordre décroissant ; estimer le nombre total d'habitants ;

o Quelle est l'évolution de la taille du village depuis 10 ans ? Qu'est-ce qui explique l'afflux de nouveaux habitants ou l'exode rural ?

o Identifier les organisations (formelles ou informelles) actives en matière de : (1) agriculture, (2) commerce, (3) crédit, (4) exploitation forestière, (5) religieuse

o Quand a commencé l'exploitation forestière dans la zone (par rapport à la date de création du village) ? Puis lister les principales étapes de l'exploitation forestière dans leur zone villageoise

o Qu'est-ce que ça apporté au village :

§ inconvénients passés/présents, puis inconvénients futurs en plus de ceux présents

§ avantages passés/présents, puis avantages espérés au futur en plus de ceux présents.

D. Protocole : Focus group « agriculture »

- Participants : constituer deux groupes de personnes (max 8 par groupe) comprenant, d'une part, des agriculteurs et, d'autre part, des agricultrices de toutes les ethnies/familles et d'âge varié.

- Objectif : Identifier les principales productions agricoles et voir dans quelle mesure elles contribuent à l'autosuffisance alimentaire et aux revenus monétaire des ménages

- Matériel : grandes feuilles blanches + marqueurs, allumettes ou graviers

- Comment procéder :

o Lister les 5 principales cultures vivrières et commerciales ; les classer en deux groupes : principales et secondaires

o Pour chacune des cultures, déterminer la part de la consommation et la part de la commercialisation

o Pour ces cultures, faire un tableau historique retraçant l'évolution de la production au passé, au présent et au futur (en répartissant à chaque période 20 bouts d'allumette)

o Identifier les types de jachères existants

o Discussion ouverte sur les obstacles à une plus grande production et commercialisation : lister les obstacles en vrac, puis les classer par ordre décroissant

o Discuter de l'impact des animaux sauvages sur les cultures : faire un tableau avec en ligne les espèces prédatrices, en colonnes les produits ravagés, puis croiser animaux et espèces (1 croix pour un impact faible, 2 croix pour un impact moyen, 3 croix pour un impact fort)

o Lister les animaux d'élevage au village, puis les classer par ordre d'importance décroissant

E. Focus group sur « commerce, développement, exploitation forestière »

- Participants : conserver les deux groupes précédents

- Objectif : avoir une idée générale sur les possibilités de développement collectif pour le village

- Materiel : grandes feuilles blanches + marqueurs

- Comment procéder :

o Lister les principales sources de revenus du village et puis les classer en fonction de leur poids dans l'économie des villageois

o Lister les voies de commercialisation des produits du village puis les classer par ordre décroissant

o Lister les sources d'information de l'extérieur (journal, radio, télévision, personnes en visite, téléphone,...) puis les classer par ordre décroissant

o Lister et dénombrer les gros équipements de production possédés individuellement au village (tronçonneuses, motos, moulins, groupes électrogènes, débrousailleuse, moteur hors-bord...)

o Que faire concrètement pour que le village se développe dans les 10 prochaines années ? Lister ces actions puis les classer par ordre décroissant

o Pour ces différentes actions, lister les formes de crédits existantes ou potentielles.

o Pour les deux premières actions de développement : identifier les acteurs internes (personnes particulières, groupes, familles, élites,...) et externes (administration, projet, ONG, élite externe, banques...) au village qui peuvent y contribuer

F. Focus group sur l'usage des ressources forestières et Cartographie participative

- Participants : conserver les 2 groupes précédemment constitués

- Objectif : identifier les principales zones d'usage des ressources et les pratiques qui y sont associées

- Matériel : carte au 1 : 50 000, carte au 1 : 200 000, grandes feuilles blanches, marqueurs, allumettes

- Comment procéder :

o Lister les principaux usages que les populations font des ressources forestières (ex chasse, cueillette, sciage, charbon,...)

o Pour chacun de ces usages, lister les 10 principales espèces animales ou végétales extraites de la forêt.

o Pour chaque PFNL, indiquer la partie exploitée et à quoi elle sert (s'assurer de couvrir l'alimentation, les remèdes et l'artisanat). Indiquer aussi à quelle saison on la prélève le plus.

o Pour chaque usage, classer les 10 espèces retenues par ordre croissant. Pondérer entre autoconsommation et commercialisation avec 10 allumettes pour chaque espèce.

o Faire un tableau mettant en ligne chacune de ces espèces. Rajouter 3 colonnes avec le passé, présent, futur. Demander aux participants de répartir 10 allumettes par espèce entre les 3 colonnes. Rajouter une dernière colonne qui indique la raison essentielle de cette évolution

o Cartographie participative, en utilisant le fond de carte :

§ Jusqu'où vont-ils faire leurs plantations ? Des campements (si oui combien) ?

§ Jusqu'où vont-ils faire la chasse ? Combien de campements les habitants du village possèdent-ils ? Quel type de chasse (piège, fusil,...) ? Quels moyens de transport (pied, voiture, pirogue) ? Combien de fusils ? Combien de chasseurs réguliers au village ?

§ Jusqu'où vont-ils faire la cueillette ? Des campements (et combien) ? Si possible, identifier où certaines espèces spécifiques sont particulièrement abondantes et utilisées

§ Y a-t-il des sites d'orpaillage ou d'extraction de pierres, de sable ?

§ Jusqu'où vont-ils faire le sciage artisanal ? Combien de scieurs réguliers au village ?

§ Ont-ils des sites sacrés ?

o Doivent-ils demander l'autorisation (et à qui) pour aller faire ces différents usages là-bas ? Quelles zones de chasse/cueillette/sciage/... appartient à leur village ou sont-elles communes avec les autres villages voisins (et lesquels) ou appartiennent-elles à d'autres villages (et lesquels) ?

o Est-ce que les Eaux & Forêts facilitent ou dérangent dans la mise en oeuvre de ces usages ?

o Est-ce que l'exploitant forestier facilite ou dérange dans la mise en oeuvre de ces usages ?

Pour chaque usage forestier, identifier des personnes ressources à qui on pourra éventuellement administrer un entretien individuel.

G. Entretien individuel sur la Chasse

Se présenter et expliquer succinctement ce que vous faites ici

Nom, âge, famille de l'interviewé, durée de résidence au village

Depuis combien de temps pratique-t-il la chasse dans ce village ?

Quel type de chasse : fusil, piège, chien,...

Quelles sont les principales espèces qu'il chasse ? En quelle saison ?

En fonction des espèces chassées, est-ce surtout pour la vente ou pour la consommation personnelle ?

Y a-t-il des espèces qui ne sont jamais chassées et pourquoi ?

Quelles sont les zones où il va principalement chasser ?

Tout seul ou avec d'autres chasseurs ?

Doit-il demander l'autorisation et à qui ?

Est-ce une zone de chasse réservée à sa famille ou son village ou y croise-t-on aussi d'autres chasseurs ?

Utilise-t-il des campements de chasse ? A qui appartient-il ? Qui d'autre l'utilise ?

Y a-t-il souvent des conflits/disputes à propos de la chasse soit avec les villages voisins et les allogènes, soit entre les membres du village ou de la famille ?

Comment sont-ils résolus ?

Pense-t-il que le gibier est en train de finir ou que la chasse peut constituer une activité génératrice de revenus de manière durable pour les villageois ?

Quels ont été les changements survenus ces dernières années : (1) pour les espèces chassées, (2) pour les quantités de gibier rapportées au village ?

L'entretien est terminé. Est-ce qu'il a des questions ou des commentaires à formuler par rapport à ce travail ?Entretien individuel sur la Cueillette

Se présenter et expliquer succinctement ce que vous faites ici

Nom, âge, famille de l'interviewé, durée de résidence au village

Depuis combien de temps pratique-t-il la cueillette dans ce village ?

Quelles sont les principales espèces qu'il cueille ? A quelle saison ? Est-il spécialisé dans la cueillette de certaines espèces ?

En fonction des espèces, est-ce surtout pour la vente ou pour la consommation personnelle ?

Comment écoule-t-il ses PFNL ? Comment pourrait-il en vendre plus ou à un meilleur prix ?

Y a-t-il une transformation du produit cueilli ? Qui se charge de cette transformation ? Valeur ajoutée ?

Quelles sont les zones où il va principalement faire la collecte des PFNL ?

Tout seul ou avec d'autres cueilleurs ?Doit-il demander l'autorisation et à qui ?

Est-ce une zone de cueillette réservée à sa famille ou son village ou y croise-t-on aussi d'autres cueilleurs ? Dans le 1er cas, est-ce qu'il y a des marques en forêt qui montrent que ces ressources appartiennent à sa famille ?

Utilise-t-il des campements ? A qui appartient-il ? Qui d'autre l'utilise ?

Est-ce que ses zones de collecte sont situées dans la concession forestière ? Est-ce que ça pose un problème ou est-ce que ça représente une facilité ? Dans le premier cas, comment est-ce que ces conflits ont été résolus ou pourraient être résolus ? Donner des illustrations concrètes

Y a-t-il souvent des conflits/disputes à propos de la cueillette soit avec les villages voisins et les allogènes, soit entre les membres du village ou de la famille ?Comment sont-ils résolus ?

Connaît-il la réglementation sur l'exploitation des PFNL ? Si oui, est-ce une réglementation adaptée ?

Y a-t-il eu des initiatives visant à développer cette activité dans le village ? Si oui, quel en est le résultat aujourd'hui ?

Pense-t-il que ces espèces de PFNL est en train de finir ou que la cueillette peut constituer une activité génératrice de revenus de manière durable pour les villageois ?

L'entretien est terminé. Est-ce qu'il a des questions ou des commentaires à formuler par rapport à ce travail ?

H. Entretien individuel sur le sciage

Se présenter et expliquer succinctement ce que vous faites ici

Nom, âge, famille de l'interviewé, date d'installation au village

Quelles sont les principales sources de revenu du ménage ?

Depuis combien de temps pratique-t-il le sciage artisanal ?

Qu'est-ce qu'il a incité à se lancer dans cette activité ?

Quelles sont les principales espèces qu'il abat ? A quelle saison ? Est-ce surtout pour la vente ou pour la consommation locale ?

Est-ce que la tronçonneuse lui appartient ? Depuis combien de temps ?

Sinon, à qui est-elle et combien la loue-t-il ?

Quelles sont les zones où il va principalement scier ? Doit-il demander l'autorisation et à qui ?

Est-ce une zone réservée à sa famille ou son village ou y croise-t-on aussi d'autres scieurs ?

Utilise-t-il des campements ? A qui appartient-il ? Qui d'autre l'utilise ?

Y a-t-il souvent des conflits/disputes à propos du sciage soit avec les villages voisins ou les allogènes, soit entre les membres du village ou de la famille ? Comment sont-ils résolus ?

Quels sont les autres problèmes qu'il rencontre pour conduire son activité ? Comment améliorer le fonctionnement général de cette activité ?

Pense-t-il que le sciage peut constituer une activité génératrice de revenus de manière durable pour les villageois ?

L'entretien est terminé. Est-ce qu'il a des questions ou des commentaires à formuler par rapport à ce travail ?

Rappeler que les données personnelles collectées lors de cette enquête sont confidentielles et ne seront jamais diffusées.

Annexe 2. Questionnaire recensement

RECENSEMENT DU VILLAGE DE Date du recensement :

Nom du chef de ménage :

Nom du lignage/famille :

Numéro du ménage (cf. transect social):

Personnes du ménage (Nom, Prénom)

sexe

année de naissance

ethnie

Lien de parenté

(avec chef ménage)

Niveau d'éducation

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Date de mariage des couples du ménage :

Nom du mari

Année

 
 
 
 

Durée de résidence dans ce village :

Religion(s) du ménage :

Appartenance à des associations, groupements, coopératives,...

Personne membre

Nom du groupement et vocation du groupement

Depuis quand ?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Y-a-t-il des personnes du ménage qui ont résidé hors du village ? (plus de trois mois)

Nom

lieu de résidence

période

pourquoi

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Parmi les personnes du ménage, lesquelles se considèrent comme :

agriculteur

 
 
 
 

chasseur

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Quelles sont les personnes du ménage qui rapportent du gibier ?

Nom

Quel type de chasse 

(personnel, commercial, pour autrui) ?

 
 
 
 
 
 
 
 

Quelles sont les personnes du ménage qui rapportent des produits de cueillette (dont les enfants) ?

Nom du cueilleur

principaux

produits ramassés

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Quelles sont les activités qui rapportent le plus de l'argent à votre ménage sur une année?

Quelles sont les principales dépenses sur une année ? A classer en ordre croissant

 

Activités générant des revenus

 
 

Principaux postes de dépenses

1

 
 

1

 

2

 
 

2

 

3

 
 

3

 

4

 
 

4

 

5

 
 

5

 

Quels sont vos revenus qui peuvent augmenter dans les prochaines années ?

En cas ce coup dur (dévaluation, crise économique, maladie,...), quelles sont les activités qui peuvent vous garantir un niveau minimal de revenu ?

Quelles sont vos cultures de rente ?

Produit cultivé

depuis quand ?

périodes d'arrêt

quantité produite en 2011

revenu tiré en 2011

Acheteur

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Liste des cinq principales cultures vivrières :

Produit cultivé

depuis quand ?

production en 2011

quantité vendue en 2011

revenu tiré

Type d'acheteur

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Y-a-t-il des produits vivriers que vous ne cultivez pas et que vous achetez ?

produit acheté

lieu d'achat*

vendeur

* lieux d'achat :

 
 
 

a - plutôt au

village

 
 
 

b - plutôt dans un

autre village

 
 
 

c - plutôt sur un

marché

Nombre d'animaux d'élevage détenus par chacun des membres du ménage :

Nom

Animal

 
 
 
 
 
 

poulet

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Etat de la maison et des équipements personnels

· A qui appartient votre maison ? (1) Propriétaire ; (2) Location ; (3) Fourni par l'employeur ; (4) Prêt ; (5) Autre :

· En quoi est fait le toit ? (1) Tuile ; (2) tôles ; (3) matière végétale ; (4) Autre :

· En quoi sont faits les murs ? (1) Matière végétale ; (2) Planches ; (3) brique ou parpaings ; (4) terre (poto poto) ; (5) Autre :

· En quoi est fait le sol ? (1) terre battue ; (2) ciment ; (3) Autre :

· Comment vous approvisionnez-vous en eau ? (1) rivière ; (2) robinet dans la maison ; (3) robinet extérieur chez quelqu'un d'autre ; (4) forage public ; (5) fontaine publique ; (6) Autre :

· Comment vous éclairez-vous dans votre maison ? (1) électricité publique ; (2) groupe électrogène ; (3) lampe à pétrole ; (4) bougie ; (5) Autre :

· Avec quoi cuisez-vous les aliments ? (1) Bois de chauffe ; (2) charbon ; (3) pétrole ; (4) gaz ; (5) électricité ; (6) Autre :

· Equipements : radio ; télévision ; vélo ; moto

Commentaires divers :

Annexe 3. Fiche trimestrielle de suivi des ménages

NOM VILLAGE : NOM DE L'ENQUÊTEUR :

N° MÉNAGE (CF. TRANSECT SOCIAL): DATE :

NOM DU CHEF DE MÉNAGE :

LISTE DES MEMBRES DU MÉNAGE (ADULTES ET JEUNES ADULTES) QUI PARTICIPENT A L'ENQUETE :

Rappeler que les données personnelles collectées lors de cette enquête sont confidentielles et ne seront jamais diffusées.

Principales activités sur les 3 derniers mois

Pour chacun des adultes et jeunes adultes du ménage présents, quelles ont été les 3 activités auxquelles il/elle a consacré le plus de temps depuis 3 mois (citer un événement ou une date marquante pour repère temporel) ?

Personne interrogée

Activité 1

Activité 2

Activité 3

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Principaux revenus sur les 3 derniers mois

Pour chacun des membres du ménage présents, quels ont été les principaux revenus depuis 3 mois ? Indiquer le montant de chaque type de revenu estimé pour le trimestre [toutes les cases n'ont pas nécessairement à être remplies]

Personne interrogée

Revenu 1

Revenu 2

Revenu 3

Revenu 4

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Principales dépenses sur les 3 derniers mois

Pour chacun des membres du ménage présents, quelles ont été les principales dépenses depuis 3 mois ? Indiquer le montant de chaque type de dépense estimé pour le trimestre [toutes les cas n'ont pas nécessairement à être remplies]

Personne interrogée

Dépense 1

Dépense 2

Dépense 3

Dépense 4

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Prélèvements de ressources naturelles sur les 3 derniers mois

· Chasse

Pour chacun des membres du ménage présents, quels ont été les principaux gibiers chassés au cours des 3 derniers mois ?

Nom du chasseur

Nom du gibier

Quantité collectée

Type de chasse

Type écologique de la zone de chasse

% pour auto-consom

% pour vente

Revenu tiré

Type d'acheteur et où ?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

· Cueillette

Pour chacun des membres du ménage présents, quels ont été les principaux PFNL collectées au cours des 3 derniers mois ?

Nom du cueilleur

Nom du PFNL

Quantité collectée

Type écologique de la zone de cueillette

%autoconsommé

% pour vente

Revenu tiré

Type d'acheteur et où ?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Peut-on dire que certaines espèces de PFNL ont beaucoup produit ces 3 derniers mois ?

· Sciage artisanal

Pour chacun des membres du ménage présents, quels ont été les arbres abattus pour le sciage artisanal au cours des 3 derniers mois ?

Nom du scieur

Nom de l'espèce d'arbre

Quantité collectée

Type écologique de la zone de sciage

% pour auto-consom

% pour vente

Revenu tiré

Type d'acheteur et où ?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

· Autre type de ressource naturelle prélevée en forêt (pierres précieuses ou pas, charbon,...)

Pour chacun des membres du ménage présents, quelles ont été les autres ressources naturelles prélevées en forêt au cours des 3 derniers mois ?

Nom du préleveur

Nom de l'espèce prélevée

Quantité collectée

Type écologique de la zone d'extraction

% pour auto-consom

% pour vente

Revenu tiré

Type d'acheteur et où ?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Productions agricoles sur les 3 derniers mois

Quelle est la quantité et la valeur des cultures que le ménage a récoltées durant les 3 mois passés ?

Nom du producteur principal

Espèce cultivée

Quantité récoltée

% pour consommation

% pour vente

Revenu tiré

Type d'acheteur et où ?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Commentaires divers :

Annexe 4. Tableau des espèces de PFNL au Suddu Cameroun

Nom scientifique

Nom commun

Partie utilisée

Différents usages

Autoconsommation/vente

Tetrapleura tetraptera

akpwae

Fruit

alim

C&V

 

Azala

 

alim

C

Tricoscypha abut

baies rouges/amvout/raisin

fruit

alim

C

Dacryodes macrophylla

Atom /cérise

fruit

alim

C&V

 

bassa

fruit

alim

C

Duguetia spp

ntom

Fruit+ecorce

Alim et med

C

Termitomyces spp.

champignon

plante entière

alim

C

Imbrasia spp.

chenille

animal antier

alim

C&V

Cola spp.

cola

fruit

alim

C&V

 

corossol sauvage

fruit

alim

C

Pentaclethra macrophylla Benth

ébaye

amande + écorce

alim et med

C&V

Colalepidoptera

emvoe/bivoe

fruit

alim

C

Achatinidae spp.

escargot

animal antier

alim

C

Parkia bicolor

ezeng (fruit sucre)

fruit

alim

C

Irvingia gabonensis

mangue sauvage

fruit+amande

alim

C&V

Maranthocloa spp.

marantacées

feuilles

alim

C&V

Apis mellifera

miel

miel

alim

C

Amphima ferrugineus

ndji

fruit

alim

C

Klainedoxa spp

ngong

fruit

alim

C

 

ngovo

fruit

alim

C

Ricinodendron heudelotti

njansang

amande+graine

alim

C&V

Coula edulis/Telracarpidium conophorum

noisette/ngon/ngong/egom

fruit

alim

C&V

Piptadeniastrum africanum

Dabema/tom

écorce

med

C

Pseudospondias microcarpa

ofos (fruit rouge)/atom koe

fruit

alim

C

Gnetum africanum

okok (gnetum)

feuilles

alim

C

Elaeis guineensis

palmier

noix+jus + feuilles

Alim et art

C&V

Piper guineensis

poivre noir

fruit

alim

C

Dacryodes edulis

safou/prune

fruit

alim

C&V

Raphia hookeri

raphia

bambou+feuille+fruits+jus

alim et art

C&V

Terminalia superba

Akom/limba/fraké

écorce

med

C

Garcinia kola

biter cola

fruit+écorce

alim et med

C&V

Vernonia amygdalina

ndole

feuilles

alim et med

C

Baillonella toxisperma

moabi

fruit+amande+écorce

alim et med

C&V

Laccosperma secundiflorum

rotin

tige

art

C&V

Peterslanthus macrocarpus

abing/abale

écorce

med

C

 

abotozok

écorce

med

C

Homalium spp

Amvim/emvi

écorce

med

C

 

anyoe

fruit+écorce

med

C

 

ata'a/otu

?

med

C

 

atchek

feuilles+écorce

med

C

Cylicodiscus gabonensis

Awoum/Adoum/okan

écorce

med

C

Guibourtia demeusei

bubinga/oveng

écorce

med

C

Afzelia bipindensis harms

doussié

eau+écorce

med

C

Picralima nitida

ebam

fruit+ecorce

med

C

 

ekonozok

?

med

C

Alstonia boonei

ekouk

fruit+ecorce

med

C

Erythrophleum ivorense

Elone/tali

écorce

med

C

Garcinia lucida

essok

écorce

med

C&V

 

essussuk

écorce

med

C

Enanthia chloranta

moambe jaune

écorce

med

C

Distemonanthus benthamlanus

mouvingui

écorce

med

C

Voacanga africana

obatone/ebatom

écorce+fruit

med

C

 

ondonle

feuille

med

C

 

onfo

 

med

C

 

otoundem

liane

med

C

Pterrocarpus soyauxii

padouk

écorce

med

C

Musanga cecroploides

parassolier

écorce

med

C

Erythrophleum ivorense

tali

écorce

med

C

Entandrophragma spp

Tiama

écorce

med

C

 

yololo

?

med

C

 

Etedamba

 

alim

C

Alim = alimentation, Med = médicinal, Art = artisanat, C&V = consommation et vente, C = consommation

Annexe 5. Tableau des espèces de PFNL à l'Est du Cameroun

Nom scientifique

Nom commun

partie utilisée

Usage

consommation/vente

Baillonella toxisperma

moabi

Fruit + amande + écorce

Alim et med

C&V

Tricoscypha abut

boutor/ngoyo/mbambi

fruit + écorce

Alim et med

C

Irvingia gabonensis

mangue sauvage (péké, andok,)

fruit+amande + écorce

Alim et med

C&V

Rocinodendron heudelotti

Njansang

amande+ écorce

Alim et med

C&V

Garcinia kola

biter cola

fruit et écorce

Alim et med

C&V

Dacriodes buttneri/Aframomun sp

atanga

fruit

alim

C

Strefonema pseudocola

bali(baka)

Fruit/huile

alim

C

 

bambo

fruit

alim

C

Spondias cytherea

cassamango

fruit

alim

C&V

Dacryodes macrophylla

cérise

fruit

alim

C

Termitomyces spp.

champignon/Toulou/koutou

plante entière + racine

alim

C&V

Imbrasia spp.

chenille

animal entier

alim

C&V

 

chicha

?

alim

C

Cola spp.

cola

fruit

alim

C&V

Annonidium mannii

corossol sauvage

fruit

alim

C

Pentaclethra macrophylla Benth

ébaye

amande et écorce

Alim et med

C* et v

 

Egouomolle (mézimé)

fruit

alim

C

Achatinidae spp.

escargot

animal entier

alim

C&V

 

fayo/payo (baka)

fruit

alim

C

 

foor (arachide sauvage)

fruit

alim

C

 

ga'ta

fruit

alim

C

 

iboude cf, focus bonando

?

alim

C

Dioscorea spp.

igname sauvage

tubercule

alim

C&V

Pogo oleosa

Kana (arachide sauvage)

amande

alim

C

 

lomecf, focus bonando

?

alim

C

Mangifera indica

mangue

fruit

alim

C&V

Maranthocloa spp.

marantacées

feuilles

alim

C&V

 

mbia

?

alim

C

 

mguakogor (condiment)

fruit

alim

C

Apis mallifera

miel

miel

alim

C

Afrostyrax lipidophyllus

ndimba/timbor/Guimba/Sedzoku/rondelle

fruit+écorce

alim

C&V

Elaeis guineensis

Palmier

noix+jus+feuilles

Alim et art

C&V

Piper guineensis

poivre sauvage /ndonkol

fruit

alim

C&V

Dacryodes edulis

safou/prune

fruit

alim

C&V

 

termite

animal entier

alim

C

Tetrapleura tetraptera

Djaka(kako), djakaka (baka)/ talala(mézimé)

fruit

alim

C&V

Raphia hookeri

raphia

bambou+feuille+fruits+jus

Alim et art

C&V

Laccosperma secundiflorum

rotin

liane

art

C&V

Canarium schweinfurthii

aiélé (encens)

sève

med

C

Ceiba pentandra

doum/fromager

écorce

med

C

Picralima nitida

amien/akouk/gouga/lombo

écorce

med

C

Triplochiton scleroxylon

ayous

écorce

med

C

 

bare

?

med

C

 

bodjinga

liane

med

C

 

boloma/bologa (baka)

écorce

med

C

Guarea -

bossé

écorce

med

C

strophantus

boulie

écorce

Alim + med

C

 

bualgue bualgue

?

med

C

Afzelia bipindensis harms

doussié

écorce + eau

med

C

Diospyros crassiflora

ébène

écorce

med

C

 

ebouma

écorce

med

C

 

kanda (la glue)/glu

feuille

med

C

Terminalia superba

frake

écorce

med

C

 

fuale

écorce

med

C

 

gogologo

écorce

med

C

Milicia excelsa

Iroko

écorce

med

C

Picralima nitida

kinkeliba

fruit + écorce + feuille

med

C

 

koug gou

écorce

med

C

 

kuge

sève

med

C

 

langango

écorce

med

C

 

loumou

écorce

med

C

 

louob

écorce

med

C

Landolfia ochracea

makpa (fruit de liane)

fruit

med

C

 

mbuangue

 

med

C

 

mendi (baka)

écorce

med

C

Enanthia chloranta

moambe jaune/po'o

écorce

med

C

 

mudumba

écorce

med

C

 

nkouamb

écorce

med

C

Cylicodiscus gabonensis

okan

écorce

med

C

Pterocarpus soyauxii

padouk

écorce

med

C

Panda oleosa

panda

écorce

med

C

 

pin

écorce

med

C

Entandrophragma cylindricum

sapelli

écorce

med

C

 

size

écorce

med

C

 

sorlia (baka)

écorce

med

C

Erythrophleum ivorense

tali

écorce

med

C

 

tioku (mézimé)

tige

med

C

 

tokoloko

écorce

med

C

 

tomo

écorce

med

C

 

wuka (baka)

écorce

med

C

Alim = alimentation, Med = médicinal, Art = artisanat, C&V = consommation et vente, C = consommation






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault