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Effets de débordement des politiques budgétaires en union monétaire hétérogène: cas de l'union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA)


par Ismaila SANGHARE
Université Cheikh Anta Diop Dakar (UCAD) - Doctorat  2021
  

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II.3- Nature des externalités budgétaires

Il est vraisemblable que la nature des effets de débordement des politiques budgétaires nationales sera différente dans une union monétaire et entre pays liés par des taux de changes flexibles. Dans le modèle à deux pays de Mundell- Fleming, avec la mobilité parfaite du capital et taux de change flexible, une augmentation des dépenses publiques financée par l'emprunt, par exemple, a des effets de transmission positifs sur la production à l'étranger ; car la devisenationale s'apprécie en raison de la hausse des taux d'intérêt internes ; ce qui induit un surplus d'exportations pour les pays étrangers. Au contraire, avec des taux de change fixes et en l'absence d'autres changements structurels, les effets de transmission seront vraisemblablement négatifs, car cette augmentation des dépenses publiques élève les taux d'intérêt dans le monde et freine l'investissement dans le pays comme à l'étranger ; les autres pays bénéficiant beaucoup moins d'une hausse de leurs exportations.

Des recherches plus poussées à partir du modèle de Mundell-Flemming donnent des résultats moins nets, car les canaux de transmission deviennent plus complexes (Frenkel et Razin, 1987). Ainsi, Masson et Taylor (1994) montrent que la hausse des dépenses publiques génère un effet de débordement positif et négatif sur l'activité économique d'un pays et celle de ses partenaires commerciaux. L'effet de débordement positif s'observe à travers le canal du commerce extérieur. Par contre, l'effet de débordement négatif se traduit par la hausse éventuelle des taux longs. Cette hausse est partagée par l'ensemble des pays de l'union (zone euro). Elle dégrade la compétitivité du pays en déficit et celle de ses partenaires de l'union.

Levine et Brociner (1994) attestent que l'augmentation de la fiscalité engendre aussi bien un effet de débordement positif que négatif dans l'économie du pays et dans celle des pays voisins. L'externalité positive se manifeste à travers le canal de l'offre de biens et services et/ou de l'offre de travail au niveau des entreprises nationales, grâce à une politique fiscale souple. Pour Benassy et Schalck (2007), elle favorise la production et stimule la demande nationale et étrangère. L'augmentation de la fiscalité peut également favoriser les activités et les comportements qui procurent les effets de débordement positifs. D'après Cottarelli (2011), elle permet de financer les biens publics qui ne seraient pas spontanément produits par le marché. Elle assure le fonctionnement des services publics et d'autres missions d'intérêt général.Quant à l'effet de débordement négatif, il s'effectue par le canal de la concurrence fiscale où une politique fiscale agressive en faveur des entreprises nationales, diminue leur compétitivité et handicape la croissance économique du pays domestique, mais également celle des pays voisins (Laffer, 1998 ; Sorenson,

2000). L'effet de débordement négatif se traduit aussi par la baisse des taux d'imposition dans les pays voisins et des baisses des revenus fiscaux dans le pays domestique. C'est ainsi que les pays membres peuvent être affectés par les politiques fiscales de leurs voisins ; par le biais des canaux de transmission (Zodrov et Mieszkowski, 1986). Ces effets de débordement sont généralement négatifs et provoquent une réduction du bien-être du pays qui subit ce débordement. D'après Benassy et Schalck (2007), l'effet de débordement négatif s'apprécie aussi par un déficit budgétaire détériorant les finances publiques dans le pays qui est l'initiateur de la politique budgétaire. La nature des externalités budgétaires reste mitigée selon les zones d'études, les périodes choisies, la méthode utilisée et les mécanismes de transmission des effets. Or, l'intégration économique et monétaire devrait renforcer les interdépendances entre les pays.

Sarr (2006) a mis en évidence les externalités budgétaires dans l'UEMOA par le canal du commerce intrazone. Sur la base d'un modèle VAR structurel, il conclut que la transmission des externalités budgétaires dans la zone reste faible en raison du faible taux d'échange des flux commerciaux soit environ 12%. Dans la même zone, Ndiaye et Konté (2012) à l'aide d'un modèle VAR en panel, démontrent que le taux d'importation influence le solde budgétaire de base des pays de l'union par le canal d'éventuelles flambées des prix extérieurs qui induisent par voie de conséquence l'accroissement des prix intérieurs. Pour Kane (2013), la crédibilité de la politique budgétaire apparait ainsi fortement liée au degré de convergence des économies des pays membres de l'UEMOA. Récemment, les recherches menées par Sene (2014) sur la solvabilité de la dette publique à partir d'un VAR en panel à effets fixes, montrent qu'une détérioration de la situation budgétaire d'un pays envoi un mauvais signal aux investisseurs qui modifient leur comportent de risque à l'égard des titres publics. Mais, cettesituation particulière est observée lorsque le gouvernement est en face d'une dette insoutenable. Ensuite Diop et Diaw (2015) analysant la stabilité de la politique budgétaires dans l'UEMOA par la technique du SVAR, montrent bien que les chocs sur les dépenses en capital public ne conduisent pas à des tensions inflationnistes et influencent positivement les investissements du secteur privé au Benin, Mali et au Sénégal. La maîtrise de l'évolution des dépenses de consommation publique apparait importante puisque ces dépenses sont très sensibles à l'inflation dans les Etats comme la Cote d'Ivoire et le Sénégal. Ils trouvent également que les chocs sur le taux de pression fiscale ne comportent que des effets négatifs sur l'activité économique des Etats de l'union et aussi sur la consommation privée des ménages, d'où un contrôle strict de son évolution afin de ne pas créer des distorsions dans les économies de la zone.

En résumé, la présence des externalités budgétaires dans les unions monétaires résulte en dehors des comportements hétérogènes des économies, du jeu non coopératif auquel les politiques économiques sont soumises. Résultats, les dérives budgétaires en termes de déficits sont excessives ; ce qui à long terme, nuit aux conditions d'optimalité de l'union. D'où un intérêt particulier pour les Etats membres de l'UEMOA d'aller vers une convergence des politiques budgétaires.

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