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Effets de débordement des politiques budgétaires en union monétaire hétérogène: cas de l'union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA)


par Ismaila SANGHARE
Université Cheikh Anta Diop Dakar (UCAD) - Doctorat  2021
  

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I.1.2- L'analyse en termes d'inflation

Pour l'analyse de l'inflation dans la zone, nous allons faire abstraction de la Guinée Bissau pour ses données aberrantes. Ainsi, sur trente-cinq années, l'UEMOA affiche un taux d'inflation égale à 4,10%, ce qui est largement au- dessus des normes fixées (=3%) par les États. Pendant les quatre grandes périodes, ce taux a beaucoup évolué à la baisse ; en passant respectivement de

5,41% entre 1980 et 1994 à 5,10% de 1995 à 1999 et à 3,17% entre 2000 et

2009 avant de se maintenir à un niveau assez stable entre 2009 et 2014 soit

2,72%. Cette diminution progressive du taux à partir de 1995 est imputable à une forte baisse des prix des produits alimentaires consécutive à l`amélioration de la production vivrière constatée dans la plupart des pays. En plus cette période est marquée par une tendance plus régulière des taux d'inflation et le resserrement de leurs écarts, manifestant ainsi la convergence des niveaux d'inflation autour de la référence (3%). La figure n°3 montre cette évolution.

Figure 3 : Taux d'inflation moyen dans l'UEMOA de 1980 à 2014

5,41

5,10

3,17

2,72

1980-1994 1995-1999 2000-2008 2009-2014

Source : Auteur, à partir des données de la BCEAO

Cette tendance cache cependant une réalité puisque la dévaluation en 1994 avait provoqué une poussée inflationniste dans tous les pays. Mais à partir de 1995, le taux d'inflation moyen de l'union a connu une baisse dans l'ensemble des pays.Toutefois cette tendance à la baisse a été rendu possible par un groupe de pays qui ont connu des taux assez bas comme la Cote d'ivoire avec (5,33%) contre (6,93%), le Niger (3,65%) contre (5,15%), le Sénégal (3,37%) contre (6,31%) et le Togo (5,84%) contre (6,47%). À l'opposé, le Bénin, le Burkina Faso et le Mali ont continué d'enregistrer encore des taux élevés ; respectivement de (5,78%) contre (2,62%), (4,21%) contre (3,89%) et (7,55%) contre (6,5%). De 2000 à 2014, les taux d'inflation des pays pour l'ensemble de la zone semblent converger autour de la norme fixée. Cela traduit la volonté des gouvernements à aller vers une maîtrise de l'inflation à 3%. On peut dire que globalement les taux ont fluctué entre un minima de (0,54%) noté au Sénégal de 2009 et 2014 et un maxima de (7,55%) au Mali entre 1995 et 1999.

Pour la Guinée Bissau aussi, on note une baisse drastique du taux sur toute la période passant respectivement de (51,08%) entre 1980 et 1994 à (27,69%) entre

1995 et 1999 pour tomber à (11,49%) entre 2000 et 2008 et enfin à (2, 98%) entre

2009 et 2014. De tels résultats traduisent une volonté pour ce pays de rattraper ces voisins dans le cadre du pacte de stabilité. La figure n°4 illustre cela ci-après.

Figure 4 : Évolution du taux d'inflation par pays de 1980 à 2014

60

51,08699724

50

40

27,69656946

30

20

11,49366315

10

2,986536636

0

1980-1994 1995-1999 2000-2008 2009-2014

BENIN BURKINA FASO CI GB MA NI SEN TOGO

Source : Auteur, à partir des données de la BCEAOI.1.3- L'analyse des flux commerciaux

Une des raisons explicatives des comportements hétérogènes des pays est aussi leurs parts relatives aux flux d'échanges commerciaux. Les échanges commerciaux dans l'UEMOA se sont déroulés dans un environnement économique caractérisé par la mise en oeuvre de réformes et de politiques de soutien de l'activité économique instaurées par les pouvoirs publics et les banques centrales. Au cours de la dernière décennie, le commerce intracommunautaire est estimé à 12% alors que celui dans la zone euro est de

64% et pour les pays de l'Amérique du Nord 40% (Rapport UEMOA, 2016). Les échanges communautaires ont représenté 11,5% des importations et 15% des exportations en 2010 (OMC, 2013). Cependant, il convient de noter que de 1980 à 2014, les échanges intra-UEMOA ont fortement progressé. Ainsi, les importations en valeur sont passées de 15685,783 milliards de francs entre 1980 et 1994 à 187740,198 milliards de francs entre 2009 et 2014 soit une augmentation de plus de 172054,415 milliards en valeur absolue. Cette performance pour la zone s'explique par un renforcement du cadre de l'intégration économique, la promotion des exportations et les effets positifs issus des nombreuses réformes institutionnelles mises en oeuvre depuis la dévaluation du franc CFA en 1994.

Figure n°5 : Évolution des échanges intra-communautaires dans l'UEMOA de 1980

à 2014

200000

180000

160000

140000

120000

100000

80000

60000

40000

20000

0

1980-1994 1995-1999 2000-2008 2009-2014

Source : Auteur, à partir des données de la BCEAO

En comparaison aux autres unions de la zone franc comme la CEMAC et les Comores, le poids du commerce intra régional dans l'UEMOA est encore supérieur. Malgré l'existence d'une monnaie commune et surtout de la liberté de circulation des biens et des facteurs au sein de l'UEMOA, les flux d'échanges restent faibles. Selon le FMI (2014) cela est dû à l'instabilité socio-politique, à un secteur financier peu développé, aux capacités institutionnelles peu solides, au déficit d'infrastructures et aux chocs asymétriques fréquents. Les principaux biens échangés dans le cadre du commerce intra-UEMOA sont présentés dans le tableau n°1 ci-après :

Tableau 1 : Principaux produits exportés dans le cadre du commerce intra- UEMOA

Produits

Part %

Exportateurs

Importateurs

Produits pétroliers

24,5

Cote d'Ivoire

BF, TG, BEN

Engrais

18,0

SEN, CI

BF, BEN, CI

Ciments et sel

8,2

CI, SEN, TG

BF, CI, NI

Préparations alimentaires diverses : café et potages, bouillons, préparations pour assaisonnement

5,5

CI, SEN

SEN, BF, BEN

Matières plastiques et ouvrages en plastiques

4,8

CI (96,6% ), SEN

BF ; BEN

Graisses et huiles animales ou végétales :

huiles de palm, margarine, etc.

4,6

CI, TG, BEN

NI, BF, BE

Produits divers des industries chimiques : insecticides, antirongeurs, fongicides, herbicides, désinfectants, acides gras monocarboxyliques indistriels, huiles acides de raffinage, alcools gras industriels

3,6

 

BF, BE, ML

Animaux vivants

3,0

BF NI ML

CI

Produits de beauté autres que pharmecitiques ;

produits de parfumeries ou de toilette

2,7

CI (99,2% ), SEN

SEN BEN TG

Coton et produits à base de coton

2,7

ML CI BF

CI BEN

Source : Rapport sur le commerce intrazone, Commission UEMOA (2013)

Les échanges de biens sont dominés essentiellement par les produits pétroliers qui occupent (24,5%) et sont fournis entièrement par la Côte d'Ivoire, ensuite les engrais pour (18%) produit par le Sénégal et la Côte d'ivoire suivi du ciment et du sel qui représentent (8,2%) et fournis par la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Togo.

I.1.4- L'analyse du déficit primaire

De 1980 et 2014, le solde budgétaire a connu des fluctuations assez importantes pour passer de -99,8 milliards à -1707,17 milliards de francs. Durant la période d'avant d'évaluation de 1980 à 1993, le déficit primaire de la zone était excessif, atteignant une moyenne de 11% du PIB soit -6332,5 milliards de francs. Par la suite, à la faveur de la dévaluation et de la mise en oeuvre des politiques d'ajustement structurel dans les pays, le solde primaire de l'union a amorcé une tendance baissière jusqu'au milieu des années 2000, en se situant respectivement à -1916,2 milliards de francs soit 6,9% sur la période de 1994 à

1999 et de -2771,6 milliards de francs, soit 5,3% de 2000 à 2005. Cette baisse est due à l'introduction du pacte de convergence en 1999 dans l'union. En effet, le pacte avait imposé des règles en termes de solde budgétaire et de déficit commercial que les États devaient respecter durant la phase de convergence en

2005. À partir de 2008, la situation de déficit s'accentue davantage par rapport à la première phase en de -531,35 milliards de francs à plus de -1707,17 milliards de francs entre 2008 et 2014, soit un accroissement annuel de -195,

97 milliards. La figure n°5 permet d'illustrer l'évolution du solde de base primaire

Figure 5: Évolution du solde de base des pays de l'UEMOA

BENIN BURKINA FASO CI GB MA NI SEN TOGO UEMOA

2000

1500

1000

500

0

-500

-1000

-1500

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35

-2000

-2500

Source : Auteur, à partir des données de la BCEAO

Le déficit budgétaire dépend naturellement de l'évolution des recettes et dépenses. Il est donc intimement lié aux chocs exogènes, aux aléas qu'ont subis les pays de l'UEMOA et aux orientations de politique économique des gouvernements. Les États affichent une réelle volonté d'harmonisation des politiques économiques au-delà même des réformes institutionnelles. Ils mettent en oeuvre les mesures prises dans le cadre de la surveillance multilatérale. Cependant, Ouédraogo (2003) développe une analyse stimulante de la CEDEAO comme zone monétaire potentiellement optimale ; en se fondant sur les analyses du « second-Mundell », prend du recul par rapport à son article de 1961, en optant pour une appréciation « relative » de la notion d'optimalité, Mundell (1973 ;

2001).

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein