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Industrie 4.0, une revolution industrielle et sociale ?


par Vincent Kergueme
ESLI - Master 2 2020
  

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B. L'industrie du future vue par les industriels

« L'industrie du futur est un sujet trop important pour le laisser entre les seules mains de l'État ». C'est par ces mots que Philippe Darmayan, président de l'Alliance Industrie du futur, du Groupement des fédérations industrielles et d'Arcelor- Mittal France, a ouvert la séquence du 20 avril 2017 consacrée à la conception et l'organisation de l'usine du futur dans les entreprises industrielles.

Du point de vue des industriels, le sujet de l'industrie du futur reste trop souvent associé dans le débat public au thème de la robotisation et à la question sociale qui en résulte. Cela relève d'une mauvaise compréhension de ses enjeux. À la différence des précédentes révolutions industrielles et technologiques, l'industrie 4.0 ne concerne pas prioritairement la productivité du travail.

Selon Philippe Darmayan, les enjeux de l'industrie du futur vus par les industriels sont de quatre ordres :


· la différenciation de l'offre par une adaptation plus fine à la demande (personnalisation) ;


· la compétitivité (baisse des coûts, amélioration continue, robotisation, traitement des données) ;


· la réduction des capitaux engagés (rapidité de traitement, chaînage entre conception et usine, réduction des besoins en fonds de roulement, maintenance prédictive) ;


· la transformation des business models.

Les industriels doivent s'impliquer dans les grandes questions transversales, telles que la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et la standardisation. Les entreprises européennes laissent trop souvent à d'autres le soin de définir les standards et les normes. Sur ce point, le leadership américain est incontestable. Des questions telles que les infrastructures européennes du cloud, le marché intérieur numériqueet son cadre juridique européen, revêtent une importance capitale, sous peine pour l'Europe de devenir un « Tiers-monde numérique », selon le terme de Laurent Alexandre auditionné au Sénat le 19 janvier 2017 sur l'intelligence artificielle.

Dans la pratique, le concept d'industrie du futur présente une certaine plasticité : il varie selon les priorités des entreprises et les secteurs d'activités. Passage en revue de quelques cas d'application.

1. Industrie du futur et compétitivité

- Le cas Vallourec

Pour Philippe Crouzet, président du directoire de Vallourec, l'usine du futur ouvre trois champs d'opportunités :


· une meilleure maîtrise des procédés de production (y compris dans des industries très anciennes comme celle de l'acier), qui permet des gains de productivité par la baisse de la non-qualité (grâce notamment aux capteurs et aux nouvelles capacités d'analyse de données) ;


· une meilleure utilisation des actifs (diminution du besoin en fonds de roulement, nouvelle jeunesse pour les équipements anciens, disparition des stocks intermédiaires) ;


· une amélioration significative de l'offre aux clients (services et produits).

Les tubes que Vallourec fabrique pour l'industrie pétrolière et gazière, par exemple, disposent désormais d'une fiche d'identité technique très détaillée grâce à l'utilisation des data de la production, qui permet aux clients de gérer différemment leurs stocks et de mettre en oeuvre les tubes en fonction de leurs propres besoins. Ceci a ouvert pour Vallourec un nouveau champ de réflexion, afin d'aider les clients à optimiser l'ordre dans lequel ils positionneront les tubes dans le sol. Les nouvelles technologies permettent ainsi de générer une nouvelle valeur ajoutée pour les clients - sans qu'il soit question de robots ou de baisse d'effectifs. Remplacer les hommes par des robots n'est pas du tout l'objectif de l'industrie 4.0.

- Le cas Valeo

Valeo est un fournisseur de premier rang de l'industrie automobile. Jean-Luc di Paola- Galloni, directeur du développement de Valeo, indique la triple évolution que va connaître l'automobile :


· l'électrification des produits (véhicules hybrides et électriques) ;


· la connectivité et la progressive automatisation des véhicules (véhicules autonomes) ;


· les services de mobilité liés au digital.

En parallèle, une révolution a lieu dans les usines, du côté des processus. Valeo est présent dans plus de 30 pays dans le monde, y compris la France et l'Allemagne. Mais l'usine de Valeo la plus avancée en matière de robotisation se situe en Tchéquie.

Plus que des robots, elle utilise des cobots : des robots collaboratifs. Non seulement cette utilisation ne supprime pas nécessairement des emplois, mais en plus elle améliore la qualité du travail des opérateurs. Chez un équipementier automobile, la valeur ajoutée innovante provient essentiellement du niveau de maîtrise des opérations. Les opérateurs deviennent donc des quasi-techniciens, voire des quasi-ingénieurs.

L'évolution vers l'industrie du futur permet d'accompagner les changements sur les sites industriels en termes de produits, en améliorant leur valeur ajoutée. À Nogent-le- Rotrou, par exemple, Valeo exerçait des métiers de plus faible valeur ajoutée. Grâce à la modernisation, la production a pu être rattachée à un autre business group.

En outre, là où il existe des enjeux de qualité extrême (moins de cinq défauts par million de pièces produites, par exemple), l'industrie 4.0 aide à l'amélioration de la transmission des données depuis l'approvisionnement jusqu'à la sortie des produits finaux. Elle retire notamment un certain nombre de charges dans des métiers très stratégiques, comme la logistique des usines : l'introduction des véhicules automatisés à l'intérieur des usines apporte un vrai plus, mais également davantage de sécurité. Enfin, elle apporte une amélioration très nette des outils de gestion, des interconnexions de données et des échanges entre les différents métiers, qui sont sources d'innovation. La numérisation et la digitalisation au sein des entreprises sont donc capitales pour prendre de l'avance en matière de produits innovants.

Certes, tout cela représente un coût. Sur ce point, l'Allemagne a été un pays extrêmement précurseur dans les dispositifs de financement collaboratif public-privé, mais la France y vient également.

En tant que co-gestionnaire de la plateforme de recherche automobile auprès de la Commission européenne, Jean-Luc di Paola- Galloni constate que les programmes en place fonctionnent, mais qu'il convient d'aller plus loin, car les entreprises ont besoin à la fois de programmes digitaux et numériques spécifiques à leur secteur, et de programmes plus transverses. Les systèmes cyber-physiques (embarqués), par exemple, affectent plusieurs industries. Mettre en commun tous les programmes de financement pluri-industriels à l'échelle européenne est donc capital. Dans cette optique, sans doute faut-il davantage harmoniser les schémas nationaux et les schémas européens.

Enfin, les coopérations sur ces sujets doivent aussi aller au-delà du cadre européen. Valeo a ainsi décidé d'aider le gouvernement tunisien, de la même façon que PSAet Renault aideront le gouvernement marocain qui s'apprête à disposer d'une base industrielle automobile inédite.

Jouer la carte franco-allemande, européenne et euro-méditerranéenne est un atout pour l'avenir.

- Le cas Cuisines Schmidt

Schmidt Groupe est allé loin dans la numérisation et la robotisation avec son projet lancé il y a dix ans : une cuisine fabriquée en un jour livrée au bout de dix jours avec une qualité de 100 %. Le vendeur crée virtuellement une cuisine avec les clients ; la commande est traitée par échange de données informatiques ; la fabrication est robotisée. Une commande standard peut ainsi être réalisée presque sans intervention humaine. Mais les collaborateurs n'ont pas perdu leurs emplois comme ils pouvaient le craindre : ils se sont transformés en opérateurs et en pilotes d'installations complexes. Cela a nécessité du temps beaucoup de formation et de la confiance facilitée par la dimension familiale de l'entreprise. L'entreprise croît désormais jusqu'en Chine et réalise un CA de 1,5 milliard d'euros.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984