Les basses fréquences dans les musiques populaires modernes

2.2. L'écoute quotidienne du foetus

Un certain nombre d'études portant sur l'audition du foetus ont également été effectuées pour mettre en évidence ce qu'il perçoit pendant la gestation. Il est à noter que le système auditif est pleinement fonctionnel vers le troisième trimestre de gestation, et vraiment à maturation vers le huitième mois comme nous l'avons vu précédemment.

25 GRANIER-DEFERRE Carolyn, BUSNEL Marie-Claire, L'audition prénatale, quoi de neuf?, Spirale L'aube des sens 2, De la recherche à la clinique, numéro 59, ERES, 2011/3, p.22

26 Observatoire de la santé visuelle et auditive, Le développement de l'audition in utero et autour de la naissance, 2017, disponible sur: http://www.observatoire-groupeoptic2000.fr/reperes/focus-ac-tualite-sante-visuelle-auditive/le-developpement-de-laudition-in-utero-et-autour-de-la-naissance/

LES BASSES FRÉQUENCES DANS LES MUSIQUES POPULAIRES MODERNES | ORSON SIMONNEAU | JUIN 2018 29

2.2.1. Les bruits intra-utérins

Les études d'Abrams et Gerhardt ont montré l'importance de la voix de la mère et les sons produits par ses organes internes. «D'après les études de Querleu et al., le bruit placentaire est prédominant dans le bruit de fond interne [...]. Le niveau moyen du bruit de fond intra-utérin [...] est de 28 dB. Il a sa plus forte énergie à des niveaux de fréquence très bas en dessous de 40 Hz.» ⁽²⁷⁾

Ainsi, ces études mettent en évidence le fait que le foetus est en présence permanente de sons dans le registre des basses fréquences, des sons produits par le placenta.

2.2.2. Les sons de l'extérieur

Mais Abrams et Gerhardt sont allés encore plus loin dans leur étude en démontrant que les sons graves provenant de l'extérieur atteignent le foetus sans modification notable de leur signal.

En effet, il semblerait que les sons dans le registre des basses fréquences provenant de l'extérieur ne soient pas déformés par rapport à des sons dans les registres médiums et aigu : «Quelle que soit l'intensité initiale du son, la perte de pression sonore est négligeable en dessous de 250 Hz mais elle augmente avec la fréquence [...] sans jamais dépasser 40 dB pour les hautes fréquences dans la gamme des sons audibles par l'homme» ^(28).

Le résultat de cette étude est cohérent avec les propriétés physico-acoustiques des basses fréquences. En effet, ces dernières sont capables de se propager au travers des matériaux en les faisant vibrer.

2.3. La mémoire auditive prénatale

De nombreuses recherches ont mis en évidence l'existence d'une mémoire auditive avant la naissance. «Elle a été décrite par Peiper depuis 1885» ⁽²⁹⁾

27 CHELLI D., Audition foetale. Mythe ou réalité ?, Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, volume 37, numéro 6, octobre 2008, p. 556

28 Ibid.

29 Ibid.

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Ces recherches ont permis d'établir trois notions pour la mémoire du foetus (30) :

- l'habituation, qui se caractérise par la mémorisation d'un son répété,

- le conditionnement, qui se caractérise par la capacité du foetus à distinguer des sons différents,

- l'apprentissage par exposition qui montre que le nouveau-né réagit à des sons qu'il aurait entendus avant la naissance.

«Les stimulations sonores rappelant les bruits intra-utérins semblent, par exemple, stimuler la succion et bercer les bébés pour les endormir.» ⁽³¹⁾

Or, comme nous l'avons vu précédemment, les bruits intra-utérins se situent majoritai-rement dans le registre des basses fréquences, et plus particulièrement les très basses fréquences autour de 40 Hertz.

Le foetus étant exposé plus aisément à des sons dans le registre des basses fréquences, qu'ils soient extérieurs ou intérieurs, il semblerait donc qu'avec la mémoire auditive de celui-ci, il entretienne un lien non négligeable avec les basses fréquences dans sa vie postnatale. Ainsi, le futur nouveau-né est enveloppé dans un «cocon de basses fréquences» pendant toute la gestation et cela joue sûrement un rôle important dans son développement.

Certains parlent du terme d'«apprentissage foetal» ^(32), qui aurait donc un impact sur les préférences sonores postnatales. Par conséquent, la plupart des individus auraient des préférences pour des sons plus riches en basses fréquences.