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Nouvelles politiques monétaires: Quelle théorie monétaire ?

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par Claudia Hellal
Université Nice Sophia-Antipolis - Master en Economie et finance internationale 2015
  

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Conclusion

Ce qu'il est très important de souligner c'est le niveau de risque des engagements sur titres pris par les banques centrales ainsi que les atteintes en terme de crédibilité de la politique monétaire qui s'est de loin éloignée de ses missions restrictives d'avant crise. La taille du bilan des banques centrales a énormément augmenté, en même temps que le niveau du risque de défaut et de marché associé à ses actifs et enfin les risques liés à la stabilité de la monnaie. La gestion de crise par la BCE et par la Fed est cependant différenciable, la BCE s'est plus longtemps accrochée à son principe de neutralité que la Fed qui pour sa part à réagi de façon extrêmement forte dès de début de la crise en se portant acquéreuse de façon directe de titres du trésor et de titre privés, souvent de façon ferme, dans le but de stabiliser les marchés financiers et de contribuer de façon directe à la relance de l'économie.

Ce comportement peut aussi se justifier par le fait que l'économie américaine est une économie majoritairement financée par le marché financier contrairement à l'économie européenne qui est tournée vers le système bancaire. Cependant, la BCE, après une période de frilosité passe le cap, par obligation au vue de l'impact de la crise de la dette en plus de celle des subprimes, et s'engage dans des rachat fermes et massifs de titres de dettes souveraines à long terme mais aussi du secteur privé à la différence que la BCE contrairement à la Fed refuse catégoriquement d'intervenir directement sur le marché primaire de la dette. Les objectifs étant toujours de saturer l'économie en liquidité afin de relancer l'économie réelle via l'investissement et la consommation ainsi que de stabiliser le système financier. Opération de stérilisation.

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III. Bilan d'efficacité des politiques monétaires dans la gestion de la crise

Les politiques menées durant la crise ont eu nombre d'effets positifs puisqu'elles ont empêché cette crise de devenir catastrophique. Il serait difficile de faire un bilan précis de l'efficacité des politiques monétaires récentes puisque nous n'avons non seulement pas le recul nécessaire à ce travail, l'activité de crise étant toujours au goût du jour, mais en plus les effets de ces décisions peuvent être si divers et les interactions si complexes qu'il serait difficile d'en faire un résumé en quelques lignes.

Nous pouvons tirer quelques conclusions majeures.

? Les politiques menées par la BCE et par la Fed n'ont pas engendré une reprise du crédit aux agents privés : en effet, malgré le fort activisme sur le marché monétaire, les banques restent toujours très frileuses et méfiantes à l'idée d'accroître à nouveau la taille de leur bilan. Au contraire, depuis le début de la crise, elles tentent systématiquement de couvrir leurs positions à risque en limitant le volume de crédit accordé aux agents privés mais en plus, elles placent la majeur partie des liquidités mises à leur disposition par la banque centrale sous forme de réserves afin d'être entièrement protégées. D'où la décision de la BCE de fixer le niveau de rémunération des excès de réserve à des niveaux négatifs. Mais le problème du blocage du crédit ne vient pas que des banques mais aussi des agents privés dont la demande est très faible. Et ce serait là le principal problème. L'excès d'endettement des ménages associé à leur pessimisme concernant la conjoncture économique font que ceux-ci ne désirent pas s'endetter d'avantage. L'un des principaux canaux de transmission de la politique monétaire reste bloqué.

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La baisse des taux de rémunération de dépôts semble avoir contribué à la baisse des taux de court terme associés aux dettes souveraines : dans la mesure où les banques ont été incitées à utiliser cette liquidité dans le placement sur titre.

· Les politiques menées ont atténué la crise de liquidité mais n'ont cependant pas permis une reprise franche de l'activité économique.

· Elles ont permis la reprise de confiance sur les marchés boursiers en soutenant notamment les valeurs des actions.

· Les effets des politiques monétaires sur la courbe des taux ont été notables puisqu'elles ont permis une baisse des taux de long terme ainsi que des taux d'intérêt réels ex-ante.

· L'envolée des taux d'intérêt sur les dettes souveraines a été en partie limitée.

· Les taux des prêts hypothécaires ont beaucoup baissé aux USA depuis le début de la crise

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? Les anticipations d'inflation sont restées très stables malgré la crise et le caractère inflationniste des politiques monétaires utilisées : en effet, les banques centrales et surtout la BCE, ont réussi haut la main le pari de la crédibilité. L'ancrage des anticipations d'inflation a été solide et cela même face à la crise, les bons des taux d'inflation à la hausse comme à la baisse et à la tendance déflationniste observée. Cela a permis aux politiques monétaires de pouvoir avoir des effets réels sur l'économie en permettant notamment la baisse des taux d'intérêts réels ex-ante parallèlement à baisse des taux d'intérêt nominaux. Ces premiers ont même atteint des niveaux négatifs, excellente chose pour la relance de l'investissement. On se rend compte encore une fois de l'importance qu'a le maintien de la crédibilité des politiques monétaires car si celle-ci avait été fragile, les agents auraient anticipé de la déflation ce qui aurait pu précipiter les économies dans une spirale déflationniste.

Voici un graphique qui illustre ce constat.

? Les primes de terme sur les marchés obligataires aux États-Unis sont devenues négatives depuis mi-2011, ce qui est positif en un sens mais implique cependant des risques de formation de bulle spéculative, les placements étant abusivement perçus sans risque. Il semble d'ailleurs que cela soit déjà le cas lorsqu'on observe l'évolution des prix immobiliers et des titres cotés en bourse qui semble excessive au regard du rythme de l'activité.

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? L'orientation des politiques a cependant placé en situation très difficile les OPCVM monétaire

? La crédibilité des banques centrales semble être de plus en plus remise en question ce qui constitue un risque important pour la stabilité de l'économie et de la monnaie. Leur bilan s'est en effet augmenté d'actifs de plus en plus risqués et leurs positions concernent des volumes de liquidité bien plus grands qu'avant la crise et pour des échéances en moyenne beaucoup plus longues.

? L'utilisation à grande échelle des politiques non conventionnelles inquiète en ce qui est des risques d'hyperinflation soudaine une fois le retour du bon fonctionnement des canaux de transmission.

IV. Le défi de l'EXIT pour les politiques monétaires : quelle stratégie adopter ?

Une question qui inquiète au plus haut point est celle de savoir comment les banques centrales comptent rétablir une masse monétaire soutenable pour la stabilité des prix une fois que l'activité économique aura redémarré. En effet, un défi de taille les attend car une fois que les canaux de transmission auront recouvré leur vigueur d'avant crise, il est fort probable que les énormes volumes de liquidité injectés par les banques centrales dans le système bancaire et les marchés monétaires se retrouvent effectivement dans l'économie réelle et conduisent à une explosion de l'inflation et à une forte dévaluation. L'occurrence d'une telle situation est très probable c'est pourquoi les banques centrales vont devoir finement adapter leur action afin de retirer progressivement de l'économie les liquidités excédentaires. Elles disposent pour cela de différentes options que sont entre autres :

- la remontée de ses taux d'intérêt,

- la cession des titres qu'elle a acquis à son actif pendant la crise,

- l'émission de certificats de dettes non négociables

- l'augmentation de la rémunération des dépôts

- ou dans une moindre mesure l'échange de devises.

Cependant, la plus grande question n'est pas réellement de savoir quels outils elles utiliseront mais de savoir quelles stratégies de sortie de crise vont-elles adopter. En effet, si les autorités monétaires adoptent un comportement trop basique et grégaire, il y a de fortes chances qu'à peine sortie de la récession, elles précipitent à nouveau les économies dans une nouvelle crise semblable à la précédente, ou dans sa continuité.

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En effet, en tentant de retirer trop brutalement les surplus de liquidité en circulation, elles vont engendrer une nouvelle crise de panique et de confiance dans les systèmes bancaires et sur les marchés financiers. Pire encore, si cela se produit, alors il est probable que même des recours à l'utilisation massive de politiques monétaires non conventionnelles ne puissent plus rétablir cette confiance au moins à moyen terme, puisqu'elles auront perdu de leur crédibilité.

Comment un tel scénario pourrait se produire ?

? La remontée trop rapide des taux directeurs :

- Risque d'engendrer une remontée des taux de marché plus que proportionnelle, ces taux restant très sensibles aux variations des taux de « refi » en période de fragilité économique. Cela aura pour conséquence d'augmenter brutalement les taux d'intérêt réels qui sont restés très bas ces derniers temps.

- Les bénéfices des opérations de « quantitative easing » sur la baisse du taux d'intérêt sur les dettes souveraines risquent d'être en partie annulés.

- Mais encore, cela aura aussi pour effet d'augmenter la charge des remboursements des opérations ayant été conclues avec des conditions indexées sur la variabilité des taux du marché interbancaire, financiers, directeurs ou sur les obligations d'état.

En conclusion, il est fort probable que dans une telle situation, le canal du crédit se retrouve à nouveau bloqué engendrant à nouveau des risques de récession et de déflation. Notons que, notamment dans le cas de la BCE, les banques centrales qui ont utilisé à grande échelle des politiques de « quantitative easing » consistant en une augmentation des échéances de remboursement se trouveront bien embêtées puisqu'elles ne pourront récupérer les liquidités correspondantes qu'à moyen terme voire à long terme.

? Les cessions trop volumineuses de titres détenus par les banques centrales :

- Les cessions de ces titres, qui sont pour la plupart assez sensible (ex : MBS, obligations publiques) risque non seulement d'envoyer de très mauvais signaux au marché quant à la valeur à venir de ces titres mais aussi ;

- De telles opérations auront pour effet la baisse de la valeur de marché des titres concernés, mais aussi, par effet de contagion celle des autres actifs financiers

- Ainsi que l'envolée des taux d'intérêt exigés sur les titres obligataires, voire des primes de risque

- Cette situation aura alors un effet très négatif sur la situation patrimoniale des agents économiques avec ce que cela implique en termes d'accès au financement, de baisse de leur valeur actionnariale, de baisse de la demande à la consommation etc. (Cf. canaux de transmission de la politique monétaire, section III.)

- L'augmentation des taux d'intérêt sur les dettes souveraines

- Des ventes d'actifs en urgence et le risque de retour à la situation ayant déclenchée la crise de 2008.

Il va donc falloir que les banques soient extrêmement prudentes quant aux instruments qu'elles utiliseront et la fréquence avec laquelle elles les utiliseront. Il faut que la sortie de crise se fasse d'une manière planifiée, très progressive et très ingénieuse de telle façon à

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combattre les pressions inflationnistes avec la même mesure que les risques de rechute mis en avant plus haut. Il faudra aussi que les banques centrales soient très transparentes et pédagogiques dans la communication de leur stratégie globale de sortie de crise et au jour le jour afin de rassurer les agents économiques et les marchés. L'arbitrage se fait alors entre hyperinflation et déflation.

Cette question de l' « EXIT » continue d'être discutée et fait déjà l'objet de bien des travaux au sein des banques centrales. Les sujets associés concernent entre autres :

- Les volumes des opérations

- Le choix du moment des opérations

- La nature des opérations

- L'établissement de nouveaux objectifs intermédiaires de sortie de crise : par exemple

une bande de variabilité dans laquelle doit être compris les taux du marché

- Les conditions de cessions des titres : prix/taux déterminés

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry