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La culture sound system: Etat des lieux d'une pratique musicale en plein essor sur le territoire français: le cas du Dub Camp Festival

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par Jeanne VIONNET
EAC Lyon - Master 1 - Manager Culturel 2017
  

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Annexes

Annexe n°1 : Entretiens

Nom

Profession

Lieu

Date

Durée

Trois

bénévoles

Bénévoles de l'association
Skanky Yard et de Dubatriation
Sound System, Dijon

Domicile
personnel d'un
bénévole, Dijon

21/02/2018

1h30
min

DopeShack

Sélecteur de King Hi-Fi
Sound System, Lyon

Domicile
personnel de
DopeShack,
Lyon

28/02/2018

51 min

Alex Dub

Membre fondateur du webzine
Culture Dub, Poitiers

Skype

12/06/2018

41 min

Rico

Sélecteur d'OBF Sound system
et organisateur du Dubquake
Festival, Genève

Skype

16/07/2018

51 min

Morgan
Le Godec

Manager de Stand High Patrol
Sound System, programmateur
du Télérama Dub Festival,
Morlaix

Skype

16/07/2018

1h

Emmanuel
Valette

Membre fondateur du webzine
Musical Echoes, Paris

Téléphone

17/07/2018

40 min

Frédéric
Péguillan

Organisateur du Télérama Dub
Festival et rédacteur en chef à
Télérama Sortir, Paris

Skype

13/08/2018

45 min

Polak

Sélecteur de Legal Shot Sound
System à Rennes

Téléphone

18/08/18

40 min

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Quentin
Deniaud

 

MC (Chanteur) de Brainless
Sound System, Villeurbanne

Téléphone

20/08/2018

40 min

-Jean-Paul
Deniaud

Rédacteur en chef à Trax
Magazine, Paris

Téléphone

27/08/2018

40 min

Olivier
Bruneau

Directeur de l'association Get
Up ! et programmateur du Dub
Camp Festival, Nantes

Téléphone

28/08/2018

30 min

Christian
Jadeau

Premier adjoint et responsable
de la culture à la Mairie de
Joué-sur-Erdre

Téléphone

06/09/2018

25 min

Les grilles d'entretien ont évolué au fil du temps. Les premières grilles d'entretien m'ont servi de base pour être très vite revues. Des questions plus affinées m'ont permis de répondre à la problématique posée de façon plus pertinente.

La population de l'enquête a été construite de façon à rencontrer tous les différents acteurs qui composent et font vivre la culture sound system en France. Cette enquête nous a permis de les questionner, d'échanger avec eux pour collecter le plus de points de vue possibles sur la culture sound system française. La richesse et la diversité de leurs témoignages constituent la matière qui nous ont permis de répondre à la problématique du mémoire, les ouvrages étant quasiment inexistant sur le sujet.

Cette population d'enquête est composée d'artistes amateurs, locaux, régionaux et nationaux voir internationaux, d'organisateurs de soirées ou de festivals, de médias, du maire de la commune où se déroule le Dub Camp Festival et du directeur du Dub Camp Festival quant à l'étude de cas de ce mémoire.

À la demande de chacune des personnes interviewées, certaines n'ont pas voulu se voir nommer sous leur réelle identité. C'est pourquoi nous avons cité ces personnes par leur nom de scène ou leur surnom tout au long du mémoire et pour les comptes rendus des entretiens.

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Entretien avec trois bénévoles de l'association Skanky Yard,
et du sound system Dubatriation, Dijon

21 février 2018 au domicile d'un des bénévoles.

Comment as-tu découvert le milieu du sound system ?

Depuis quand organisez-vous des soirées ?

Avez-vous d'autres activités en parallèle ?

Quels sont les problèmes rencontrés depuis la création de l'association ?

Comment envisagez-vous l'avenir des soirées ?

Quelle sont les différences entre la scène sound system et la scène classique, en façade ?

Comment communiquez-vous sur vos événements ?

Comment l'association se finance-t-elle ?

Qui sont les artistes de la scène dub française du moment ?

Quel est l'avenir de cette culture en France ?

Quelles relations avez-vous avec les institutions ?

Pouvez-vous me raconter une anecdote pour terminer cet entretien ?

Compte-rendu de l'entretien :

Skanky Yard est une association de promotion de la scène sound system basée à Dijon depuis 2009. L'association produit principalement ses événements aux Tanneries, espace autogéré de Dijon. Cette association en fonctionne uniquement avec des bénévoles. Ils sont tous impliqués dans les projets de structure. De plus, le collectif est propriétaire d'un sound system digital et a fondé son label indépendant. Lors de l'entretien, trois bénévoles étaient présents.

Cet entretien a permis d'avoir la vision d'un collectif organisateur d'événement dans un espace autogéré. De plus, le collectif est en possession d'un sound system digital pour sonoriser les événements qu'il organise. Le fonctionnement de cette association est particulier, il n'y a pas de hiérarchie, tous les membres s'impliquent à leur manière et apportent leurs compétences et leur temps au sein du collectif. Par exemple, ils expliquaient qu'ils ne font pas de planning bénévole pour que chacun se sente impliqué à chaque événement ; avec ce système, les membres pensent régulièrement à ce qu'il faut faire et s'impliquent davantage. Ils n'envisagent pas l'avenir des soirées à long terme. Ils s'organisent à court terme et moyen terme à chaque saison mais ne voient pas plus loin. La programmation se fait de manière collégiale, ils mettent

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en place les dates possibles avec les Tanneries puis un membre s'occupe de gérer le tout en aval.

Le collectif n'a plus besoin de faire de la communication pour les événements qu'ils organise, compte tenu de la popularité des Tanneries. Le bouche-à-oreille suffit pour remplir la salle. Chacun contribue en donnant ce qu'il peut ou ce qu'il veut, le prix fixé est de cinq euros.

L'association fonctionne intégralement en autoproduction, grâce aux événements qu'ils produisent, au label qu'ils ont monté et aux workshops qu'ils commencent d'organiser. À Dijon, les événements culturels et musicaux à moindre coût sont fréquents. Pendant un an, la SMAC dijonnaise de la Vapeur a fermé pour une rénovation intégrale. Tout le public dijonnais, en recherche d'un événement pour se divertir, venait aux tanneries puisque c'était le seul endroit ouvert et avec une entrée à prix libre.

L'association a déjà été en contact avec la ville pour la fête de la musique. Le projet n'a duré qu'une année car la ville n'avait pas compris ce qu'ils allaient faire. Inévitablement, le sound system s'écoute fort et les basses vont de pair. L'événement a causé des nuisances sonores dans le voisinage. Depuis, la mairie ne veut plus rien entendre. Elle ne veut plus donner l'autorisation à l'association d'investir un lieu ouvert, comme par exemple le parc Darcy au centre-ville de Dijon.

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Entretien avec DopeShack,

Sélecteur de King Hi-Fi Sound system, Lyon.
28 février 2018 au domicile de DopeShack.

Pourquoi es-tu actif dans le milieu du sound system ?

En session, quel message veux-tu faire passer à ton public ?

Pourquoi peut-on considérer que la culture sound system est indépendante par rapport aux

autres genres musicaux ?

Par quels moyens pourrais-tu développer ton sound system ?

Dans quelles conditions joues-tu le plus souvent ? (Contrat, lieux, intermédiaires)

As-tu déjà joué dans une SMAC ? Si non, pourquoi ?

Par quels moyens finances-tu King Hi-Fi ?

Comment restes-tu actif et visible sur cette scène tout en étant indépendant ?

Pourquoi les institutions et les médias de masse ne reconnaissent pas cette culture ?

Penses-tu que cette culture pourrait sensibiliser les institutions ? Pourquoi ?

Voudrais-tu construire des liens avec les institutions ? Pourquoi ?

Aimerais-tu être représenté dans les médias de masse ? Pourquoi ?

Comment envisages-tu l'avenir des soirées/festival quant aux limitations sonores ?

Comment imagines-tu l'avenir de cette scène en France ?

Peux-tu me raconter une petite anecdote pour terminer cet entretien ?

Compte-rendu de l'entretien:

DopeShack est le sélecteur de King Hi-Fi Sound system, inauguré en 2010. Avant la création du collectif, il a travaillé avec Artikal Hi-Fi, un sound system anglais construit en Australie. Après deux ans d'économie, il est parti chercher la sonorisation du frère d'un des membres d'Artikal Hi-Fi, à South and Nancy, en Angleterre. Cet entretien nous donne la vision d'un collectif dont l'ambition n'est pas d'en vivre mais de nourrir cette passion pour garder un espace de liberté.

Initialement ingénieur, DopeShack a toujours aimé la gestion de projets. Dans le collectif, il s'occupe de l'organisation des dates, de la communication. Aujourd'hui, le crew compte à son actif une dizaine de personnes, allant des boxmen aux chanteurs, sélecteurs et opérateurs.

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Pour se différencier des autres sound systems, il explique qu'à force de sélectionner des disques à passer lors d'une prestation, il faut produire de la musique pour faire avancer le mouvement. La création d'un label s'impose et se nomme « Pure Niceness Records ». Petit à petit, DopeShack a rencontré des chanteurs et des riddim-makers* avec qui il travaille pour sortir des productions sur le label. Faire le mastering, presser les vinyles, gérer la distribution des disques, gérer la communication et le lien avec les graphistes ; cette passion représente beaucoup d'investissement personnel en termes de travail.

Concernant son ressenti au regard de l'évolution de cette scène depuis son arrivée en France, DopeShack trouve assez parlant le fait que la nouvelle génération parle du dub au féminin, « la dub ». De plus, à part certains collectifs pour ne pas les citer, il pense que beaucoup de collectifs manquent de diversité et qu'ils restent trop fidèles à diffuser des messages concernant le Rastafarisme. Il a du mal à véhiculer ce genre de messages puisqu'il n'y croit pas.

Concernant la médiatisation de cette culture, DopeShack pense que la musique est plus ou moins médiatisée. Elle est accessible au grand public par le biais d'artistes tels que Panda Dub ou Stand High Patrol. En revanche, il pense que la musique qu'il produit est plus vouée pour être jouée en sound system que pour être diffusée à la radio ou sur des enceintes de salon, sans basses. King Hi-Fi jouent parfois sur la sonorisation du club transbo, au Transbordeur, mais ce n'est pas leur ambition fondamentale. Ils préfèrent sonoriser leurs prestations avec leur sound system.

Le collectif fonctionne indépendamment des institutions et toutes autres sources d'aide financière. Dopeshack n'est même pas sûr que les institutions sachent qu'ils existent. Pour lui, cette culture est tellement underground et marginale par rapport au rap ou à la techno. Il la considère comme un petit mouvement. Le collectif s'autoproduit, l'argent injecté dans l'association contribue à entretenir le sound system et à produire des vinyles sur leur label.

À Lyon et dans sa région, l'une des difficultés qu'ils rencontrent est le manque de salle à prix abordable pour se produire seul, sans producteurs ni organisateurs.

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Entretien avec Alex Dub,

Membre fondateur du webzine Culture Dub, Poitiers.
12 juin 2018 par Skype.

Pour quelles raisons soutiens-tu cette culture ?

Comment perçois-tu l'évolution de cette culture depuis son arrivée en France ?

Pourquoi peut-on considérer que le sound system est encore un média ?

Pour quelles raisons peut-on considérer la culture sound system dub comme étant indépendante,

comparée aux autres genres musicaux ?

Pourquoi les artistes fonctionnent-ils dans un schéma indépendant, non institutionnalisé ?

Pourquoi cette culture se tient-elle tant éloignée des médias de masse ?

Quels axes de développement permets-tu aux artistes via votre média ?

Comment sélectionnes-tu les artistes pour votre média ?

Comment finances-tu ce média ?

Combien de personnes se rendent sur Culture Dub par jour ? Mensuellement ?

Comment imagines-tu l'avenir de cette culture en France ?

Peux-tu me raconter une petite anecdote pour terminer cet entretien ?

Compte-rendu de l'entretien:

Alex Dub est le fondateur du webzine Culture Dub. Il est rédacteur en chef, animateur radio, programmateur, producteur, organisateur et live reporter pour le même média. Culture Dub est un webzine consacré à la culture dub et sound system. Il rassemble tout ce qui est relatif à la culture : chroniques, interviews, dates à venir, contenu vidéo et photos. Cet entretien permet d'avoir l'avis du fondateur de ce média. Le média est intégralement autofinancé et c'est une volonté depuis sa création. Un peu plus de 2000 personnes uniques se rendent sur le site chaque jour.

Alex a découvert ces énormes sono-mobiles en Angleterre, Alex s'est dit que le dub ne s'écoute pas mais se vit ; qu'il était puissant et dénonçait tout son mécontentement de la politique de cette période. Il décide de créer en 2000. Le dub est un outil qui lui permet de défendre ses idées. Le sound system est le matériel qui lui permet de l'emmener musicalement au public. Pour Alex, les collectifs de sound systems jouent au sol et au même niveau pour produire une

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unité où tout le monde est ensemble sans hiérarchie. La culture sound system est indépendante du fait qu'elle ait développé sa propre économie : le sound system est construit par les acteurs, ils diffusent les musiques qu'ils ont composés, ils pressent leurs vinyles eux-mêmes et diffusent leurs musiques à partir d'un label qu'ils ont souvent créé eux-mêmes. Selon Alex, les activistes du sound system dub ne se voient pas comme des artistes, ils représentent un intermédiaire pour transmettre des idées à un public. Au départ, la plupart des activistes sont plus des activistes politisés que des artistes compositeurs ou interprètes.

En revanche, quelques collectifs commencent à pouvoir vivre de leur passion, un petit nombre en France arrive à devenir intermittent du spectacle. Monter un sound system est un choix de vie, une façon différente de s'investir dans la société. Par la force des choses, les activistes se sont perfectionnés dans l'organisation, dans la diffusion, en fondant des associations, en se formant dans des radios locales associatives. Pour lui, avec de l'expérience, ils ont pu créer leur propre structure, défendre leur indépendance, ce qui permet de maîtriser son chemin et de ne pas tomber dans le système institutionnel, sans jamais le renier non-plus.

La culture sound system se répand incroyablement depuis quelques années en France. Alex pense que les médias de masse craignent de diffuser cette culture par méconnaissance de son histoire. Néanmoins, certains artistes moins militants et plus représentatifs de ce que peuvent attendre les médias sont de plus en plus diffusés sur des chaînes grand public, à grand audimat. Ces artistes, pour ne pas les citer, sont reconnus par des organisateurs officiels.

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Entretien avec Rico,

Sélecteur d'OBF Sound system, Genève.

16 juillet 2018 par Skype

Pourquoi es-tu actif dans le milieu du sound system ?

Pourquoi peut-on considérer que la culture sound system est indépendante par rapport aux

autres genres musicaux ?

Par quels moyens pourrais-tu développer ton sound system ?

Dans quelles conditions joues-tu le plus souvent ? (Contrat, lieux, intermédiaires)

As-tu déjà joué dans une SMAC ? Si non, pourquoi ?

Par quels moyens finances-tu King Hi-Fi ?

Comment restes-tu actif et visible sur cette scène tout en étant indépendant ?

Pourquoi les institutions et les médias de masse ne reconnaissent pas cette culture ?

Penses-tu que cette culture pourrait sensibiliser les institutions ? Pourquoi ?

Voudrais-tu construire des liens avec les institutions ? Pourquoi ?

Aimerais-tu être représenté dans les médias de masse ? Pourquoi ?

Comment envisages-tu l'avenir des soirées/festival quant aux limitations sonores ?

Comment imagines-tu l'avenir de cette scène en France ?

Peux-tu me raconter une petite anecdote pour terminer cet entretien ?

Compte-rendu de l'entretien:

Rico est le sélecteur de la partie artistique d'OBF sound system basé à Genève depuis 18 ans. OBF s'inscrit comme l'un des plus gros sound system dans le paysage français, créé dans les années 2000. Le booking et la logistique du collectif sont gérés par une personne extérieure. Ils ont une équipe de boxmen qui les aident à charger, conduire et décharger le camion de tout le matériel nécessaire aux prestations. Chacun a son rôle et apporte ses compétences au sein du collectif.

Cet entretien nous donne la vision d'un des plus gros collectifs de France, actif depuis 18 ans. Depuis 2014, le collectif s'est professionnalisé pour travailler légalement. L'ensemble des personnes sont aujourd'hui rémunérées à leur juste valeur en tant qu'intermittents du spectacle sauf l'opérateur pour des raisons personnelles.

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Selon Rico, la culture sound system est indépendante dans la façon de faire. Il nous a décrit leur fonctionnement. Lorsqu'un collectif transporte sa sonorisation pour une prestation, ils louent un camion et emmènent tout avec eux : le matériel pour sonoriser, celui pour jouer, l'équipe pour installer le tout qu'ils vont eux-mêmes conduire. Ils ont construit leur sound system eux-mêmes et ont fait développer leurs machines par leurs amis. « C'est très DIY et déjà ça dans l'approche et la manière de fonctionner c'est indépendant. »

Le public est friand de nouveauté. Internet et les réseaux sociaux leurs permettent de rester actifs auprès de leur public en composant de nouveaux albums, morceaux. Ils consacrent tous beaucoup de temps pour cette passion devenue un métier pour la majorité d'entre eux. D'ailleurs, ils ne sont pas contre les médias de masse pour transmettent leur musique et leur message en bonne et due forme et faire connaître cette culture au plus grand nombre. Ils pensent que cela ne peut être que positif pour l'image de cette culture sound system en France.

Le collectif s'inscrit dans une logique indépendante, sans subventions, pour gérer le label, l'enregistrement des morceaux, les clips, l'entretien du sound system et du matériel. Ils veulent montrer aux institutions qu'ils peuvent continuer sans leur aide. Ils sont indépendants dans la façon de faire et se sont toujours débrouillés seuls car les médias et les institutions ne s'intéressent pas à cette culture.

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Entretien avec Morgan Le Godec,
Manager de Stand High Patrol Sound system,
Programmateur du Télérama Dub Festival, Morlaix.
16 juillet 2018 par Skype.

Comment perçois-tu de l'évolution de cette culture depuis sa naissance en France ?

Pourquoi es-tu actif dans ce milieu ?

Pour quelles raisons soutiens-tu les artistes de cette culture ?

Quels axes de développement permets-tu aux artistes ?

As-tu remarqué des différences de développement des artistes depuis que vous êtes engagé pour

cette culture ? Si oui, lesquelles ?

Dans quelles conditions organises-tu des événements avec les artistes que tu manages ?

(Contrat, lieux, intermédiaires)

Pourquoi peut-on considérer cette culture comme étant indépendante ?

Pourquoi cette culture se tient-elle tant éloignée des institutions et médias de masse ?

Pourquoi les artistes fonctionnent dans un schéma indépendant des autres genres musicaux ?

Comment envisages-tu l'avenir des sessions quant aux limitations sonores ?

Comment imagines-tu l'avenir de cette culture en France ?

Peux-tu me raconter une petite anecdote pour terminer cet entretien ?

Compte-rendu de l'entretien:

Morgan est le manager de Stand High Patrol, un sound system breton fondé en 2001. À l'origine, le collectif et le sound system ont été monté par Rootystep et Mac Gyver, très vite rejoints par Pupajim, le chanteur et compositeur officiel du groupe. Ils ont monté leur propre label « Stand High Records » en 2009 sur lequel de nombreux artistes produisent leur musique. Aujourd'hui, la plupart des membres en vivent grâce à l'intermittence, sauf le chanteur pour des raisons personnelles.

Cet entretien permet de comprendre le statut particulier d'un manager dans le milieu du sound system. Ses compétences multiples lui permettent d'aider le collectif sur différents domaines. L'intégralité des décisions sont ici prises collectivement. Le manager émet des idées qu'ils mettent en place, ou s'inspirent, tous ensemble. Ils ambitionnent de rester indépendant dans leur manière de fonctionner. Le label fonctionne intégralement en autoproduction. L'intégralité

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de l'argent est réinvestie dans le disque pour produire de nouveaux artistes, payer l'ensemble des frais d'un disque ou pour l'entretien du sound system. Le label a permis à Stand High Patrol d'autoproduire trois albums, en cinq ans, aujourd'hui reconnus dans le milieu du dub et du sound system français. Le collectif n'a jamais compté sur les subventions pour atteindre un objectif mais ils en ont déjà reçu quelques-unes concernant le booking, pour des tournées à l'étranger.

Le milieu du sound system n'est pas un milieu star-system, les artistes n'aiment pas se mettre en avant et ne souhaitent pas se retrouver en couverture de magazine. En revanche, à la sortie d'un album, Morgan met en oeuvre l'intégralité de ses compétences et de son réseau pour donner de la visibilité au nouveau projet en établissant des plans de communication pour vendre un maximum de disques aux distributeurs et faire la promotion dans les médias. Morgan amène un certain dynamisme au collectif, il leur donne des idées pour s'inspirer ou les mettre en place s'ils sont tous en accord. L'indépendance de cette culture permet au collectif de faire ce qu'il veut, quand il veut, mais cela demande beaucoup de travail et de recherches pour se différencier.

Cet entretien nous confirme que ce collectif, pourtant à forte notoriété, fonctionne indépendamment des institutions. D'ailleurs, Morgan nous expliquait que les promoteurs classiques du milieu électronique ou rock ne comprennent pas toujours leur mode de fonctionnement, du fait qu'ils ne travaillent pas avec une grosse agence de booking ou un gros label. La scène sound system n'est pas forcément prise au sérieux par la scène en générale car elle fonctionne dans un système complètement indépendant. Elle est parfois un peu vue de haut et de travers par les professionnels de la musique.

En étant manager d'un groupe à forte notoriété dans le milieu, il confirme les craintes des autres personnes interviewées. Certains médias de masse, qui se sont intéressés à Stand High Patrol, montrent qu'ils ne connaissent pas cette culture. Ils ont tendance à vulgariser les propos recueillis. Le milieu est exigeant. Néanmoins il y a des journalistes compétents, l'exposition sur les sound systems, « Jamaïca Jamaïca », à la Philharmonie de Paris l'année dernière l'a prouvée. En revanche, le milieu du sound system n'aime pas forcément se montrer. Stand High Patrol le prouve en ayant seulement dix photos de presse en dix ans d'activisme, pour la plupart pas nette, et c'est complètement voulu de leur part.

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Entretien avec Emmanuel Valette,

Membre fondateur du webzine Musical Echoes, Paris.
17 juillet 2018 par téléphone.

Pour quelles raisons soutenez-vous cette culture ?

Comment percevez-vous l'évolution de cette culture depuis son arrivée en France ?

Pourquoi peut-on considérer que le sound system est encore un média ?

Pour quelles raisons peut-on considérer la culture sound system dub comme étant indépendante,

comparée aux autres genres musicaux ?

Pourquoi les artistes fonctionnent-ils dans un schéma indépendant, non institutionnalisé ?

Pourquoi cette culture se tient-elle tant éloignée des médias de masse ?

Quels axes de développement permettez-vous aux artistes via votre média ?

Comment sélectionnez-vous les artistes pour votre média ?

Comment financez-vous ce média ?

Combien de personnes se rendent sur votre média par jour ? mensuellement ?

Comment imaginez-vous l'avenir de cette culture en France ?

Pouvez-vous me raconter une petite anecdote pour terminer cet entretien ?

Compte-rendu de l'entretien:

Emmanuel Valette est rédacteur pour le médias indépendant Musical Echoes pour lequel il écrit bénévolement. Cet entretien permet d'avoir une deuxième vision d'un média spécialisé dans la culture sound system et plus globalement dans les cultures jamaïcaines.

Emmanuel Valette nous raconte qu'il a d'abord connu cette culture par le dub live français - il a découvert les sound system au Garance Reggae Festival en 2006.

Il perçoit une forte évolution de cette culture en France. La scène sound system a, selon lui, explosé à partir de 2010 et encore plus à partir de 2015 : « il y a des soirées de partout, même dans les petites villes ».

Il considère que la culture sound system est indépendant quant aux autres genres musicaux car les collectifs vivent dans un gouffre financier : « Peu de collectifs en vivent. Mais à quel prix ? À quel rythme ? Faire des soirées tous les week-end etc. C'est épuisant ».

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Emmanuel Valette ne sait pas pourquoi cette culture se tient éloignée des institutions et médias de masse mais en tout cas, il pense que la médiatisation par les médias de masses ramènerait plus de lumière. Il pense que tout le monde peut citer au moins trois artistes de la scène reggae mais il n'est pas sûr que chacun d'entre eux puissent citer des artistes de la scène dub et sound system.

Enfin, il explique que Musical Echoes n'engage et ne dégage aucun frais financier. De base, c'est un blog qu'il a lancé en 2010. Il a ensuite créé une association pour soutenir ce blog légalement et est en train de réfléchir à la façon dont il pourrait dégager des bénéfices. Il termine en disant qu'il a monté une exposition au Dub Camp en 2018. L'entretien s'est déroulé en amont du Dub Camp, à ce moment, il disait qu'il pourrait sûrement vendre quelques photos et disques.

Cet entretien a été bénéfique pour l'analyse et la rédaction de ce travail. Il nous a permis d'avoir la vision d'un autre média indépendant - spécialisé dans la culture reggae, dub et sound system.

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Entretien avec Frédéric Peguillan,
Directeur artistique et fondateur du Télérama Dub Festival,
Rédacteur en chef à Télérama Sortir, Paris.
13 août 2018 par Skype.

Comment avez-vous perçu, vous qui organisez un festival de dub depuis 16 ans, l'évolution de

cette culture jusqu'aujourd'hui ?

Qu'est-ce qui vous a donné envie d'opérer dans ce milieu, de promouvoir cette culture ?

Quels axes de développement permets-tu aux artistes via le Télérama Dub Festival ?

Dans quelles conditions organisez-vous des événements avec les artistes de cette scène ?

(Contrat, lieux, intermédiaires)

Pourquoi peut-on considérer cette culture comme étant indépendante ?

Pourquoi cette culture se tient-elle tant éloignée des institutions ?

Pourquoi les artistes fonctionnent-ils dans un schéma indépendant des autres genres musicaux ?

Par quels moyens le Télérama Dub Festival a t'il été reconnu par les médias de masse et

institutions ?

Comment envisagez-vous l'avenir du festival quant aux limitations sonores ?

Comment imaginez-vous l'avenir de cette culture en France ?

Pouvez-vous me raconter une anecdote pour terminer cet entretien ?

Compte-rendu de l'entretien:

Frédéric Péguillan est le père fondateur et directeur artistique du Télérama Dub Festival mais il est avant tout rédacteur en chef à Télérama Sortir. Cet entretien nous permet d'avoir la vision d'un organisateur d'un festival depuis 16 ans ayant pour but de développer la culture dub en France.

À la fin de années 90, l'émergence spontanée de groupes de dub français sont apparus comme High Tone, Zenzile, Improvisators Dub etc. Cette nouvelle vague lui a donné envie d'aller faire un reportage, sur le terrain, pour Télérama. Dès son retour, il a eu envie de mettre en avant cette scène dub. Il a proposé à Glazart, salle de musique underground de Paris, de monter un festival de dub pour rajeunir l'image du magazine Télérama. Seize ans plus tard, le festival fête sa 16ème édition et arpente la France entière dans plusieurs villes : Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, ainsi que Barcelone cette année pour la première fois. Le Télérama Dub Festival était le premier festival de dub en Europe.

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Frédéric partage à nouveau le même avis que l'ensemble des personnes interviewées. La culture sound system est indépendante, les acteurs sont dans un système de DIY, c'est leurs choix et leurs manières de fonctionner. C'est un état d'esprit et c'est ce qui fait le charme de cette culture. Pour exemple, le groupe d'High Tone a longtemps été le groupe le plus vendeur en France dans ce milieu mais il n'a jamais voulu partir de Jarring Effect, un label indépendant basé dans les pentes lyonnaises.

Étant organisateur d'un festival de dub depuis seize ans, Frédéric nous a livré sa manière de percevoir l'évolution de cette culture depuis son introduction en France. Il trouve dommage que la scène sound system ait pris le dessus sur la scène live depuis quelques années. La dimension artistique et innovante est un peu moins flagrante qu'avant même si certains sound system le font toujours, comme OBF, qui tire un peu vers l'électro et la techno ou Blackboard Jungle, qui reste dans le sound system reggae roots.

Frédéric permet trois axes de développement aux artistes via le Télérama Dub Festival. Le premier est de faire venir des artistes qui ont une notoriété mais qu'on ne voit pas souvent en France. En second, le fait de développer de jeunes artistes a permis à un certain nombre d'entre eux de leur donner de la visibilité. Le troisième axe auquel il tient particulièrement est la dimension de création. Par exemple, cette année, Sly & Robbie viendront avec leur projet en compagnie de Nils Petter Molvaer, un trompettiste de jazz norvégien.

À propos des institutions, « Je pense qu'ils n'ont pas envie d'être récupérer et je pense que les institutions n'ont pas envies de les récupérer non plus. » De nombreux festivals souffrent des baisses de subventions, par conséquent, l'indépendance et l'avenir de cette culture n'est pas touchée par ces questions. De plus, le Télérama Dub Festival n'est pas aidé par Télérama sauf pour l'impression des affiches et des flyers. Le festival fonctionne totalement en autoproduction avec les ventes des billets et le bar à Paris. Sur les dates en dehors de paris, le bar revient au propriétaire de la salle.

Pour Frédéric, la concurrence n'existe pas, quand bien même de nombreux événements et festivals autour de la culture sound system se sont développés ces dernières années. Plus la culture dub est, plus il est content. Le dub intègre de nombreux festivals avec les dub corners et il trouve cela formidable. Le dub intègre aussi de nombreux festival sur scène, avec Panda Dub à Rock en Seine, par exemple.

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Entretien avec Polak,

Sélecteur et MC à Legal Shot Sound system, Rennes.
18 août 2018 par Skype.

Pourquoi es-tu actif dans le milieu du sound system ?

En session, quel message veux-tu faire passer à ton public ?

Pourquoi peut-on considérer que la culture sound system est indépendante ?

Dans quelles conditions joues-tu le plus souvent ? (Contrat, lieux, intermédiaires)

Par quels moyens finances-tu Legal Shot ?

Vivez-vous de votre activité ?

Comment restes-tu actif et visible sur cette scène tout en étant indépendant ?

Pourquoi les institutions et les médias de masse ne reconnaissent pas cette culture ?

Penses-tu que cette culture pourrait sensibiliser les institutions ? Pourquoi ?

Voudrais-tu construire des liens avec les institutions ? Pourquoi ?

Aimerais-tu être représenté dans les médias de masse ? Pourquoi ?

Comment envisages-tu l'avenir des soirées/festival quant aux limitations sonores ?

Comment imagines-tu l'avenir de cette scène en France ?

Peux-tu me raconter une petite anecdote pour terminer cet entretien ?

Compte-rendu de l'entretien :

Legal Shot Sound system est un collectif passionné créé officiellement en 2000. Ils ont construit un sound system à leur retour du carnaval de Notting Hill en Angleterre. Ils collectionnent beaucoup de vinyles et au fur et à mesure du temps, ils agrémentent leurs productions avec leur label, Legal Shot Record Studio. Depuis 2011, ils produisent une émission hebdomadaire sur Party Time, une émission de radio diffusée sur Fréquence Paris Plurielle. Aujourd'hui, le collectif est reconnu et suivi par un public de plus en plus nombreux. Il a l'ambition de partager et faire connaître la culture sound system au plus grand nombre.

Polak est un des cinq copropriétaires de Legal Shot Sound System, basé à Rennes, en Bretagne. Il s'occupe principalement d'enregistrer les special et les dubplates. Lors d'une prestation, il a un rôle de manutention comme tout autre propriétaire et prend le rôle de sélecteur. Il est aussi chanteur lors des guerres musicales entre sound systems.

Cet entretien permet de comparer la vision et la manière de fonctionner de ce collectif avec les autres personnes interviewée. Au-delà d'être un collectif indépendant, les membres de

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Legal Shot ont tous un métier et une vie de famille à côté du sound system. Selon Polak, il serait difficile, pour un sound system qui se déplace juste une fois par mois, de faire vivre correctement cinq copropriétaires. L'intégralité de l'argent des prestations et de toutes leurs activités contribue à investir dans leur outil de travail, le sound system. Un sound system est un investissement très couteux, de la conception à son entretien, en n'oubliant pas les déplacements.

Legal Shot dispose d'une indépendance financière totale des institutions. Polak préfère être indépendant financièrement, l'indépendance à certaines vertus, plus d'avantages que d'inconvénients. Leur association a déjà reçue des subventions de la ville de Rennes sous forme de prêt de matériel pour la fête de la musique mais ne compte pas sur les institutions pour avancer et entretenir leur sound system

Concernant l'indépendance de la culture en France, Polak partage la même vision que les autres personnes interviewées. C'est un milieu peu structuré par rapport à d'autres styles musicaux comme l'électro ou le hip-hop. Les sound systems ne sont pas basés sur de grand labels ou maisons de disques. Les collectifs comptent sur eux-mêmes, ils construisent eux-mêmes leur sound system et l'entretiennent eux-mêmes, sans l'aide des institutions.

Concernant leur manière de rester actif et visible, Legal Shot est sur un business de très long terme. Polak nous a donné une phrase qui revient souvent dans le milieu : « La course n'est pas pour les rapides mais pour ceux qui peuvent l'endurer jusqu'au bout. » Ils ont mis du temps à acquérir la notoriété qu'ils ont aujourd'hui, ils ne comptent pas abandonner, la détermination leur permet de rester actif et visibles.

À propos de l'institutionnalisation de cette culture, Polak ne sait pas si l'État devrait s'en occuper, aux vues des subventions en baisse considérable envers la culture en ce moment. Il conclue ce sujet en affirmant que l'indépendance n'est pas si mal. En revanche, il pense que la culture finira par s'institutionnaliser à force du circuit qui s'organise et des collectifs qui se multiplient. C'est une question de visibilité et de long terme. L'ampleur a déjà évolué ces vingt dernières années. Concernant les médias de masse, le collectif n'est pas contre le fait qu'ils s'intéressent à eux, un jour. En revanche, la transparence et l'honnêteté doit être des deux côtés. Par contre, Polak veut faire connaître cette culture au plus grand nombre car il trouve cette culture réellement géniale.

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Entretien avec Quentin Deniaud,

Chanteur et diffuseur à Brainless Sound system, Villeurbanne. 20 août 2018 par téléphone.

Pour commencer, peux-tu te présenter ?

Comment es-tu arrivé dans le milieu du sound system ?

En session, quel message veux-tu faire passer à ton public ?

Pourquoi peut-on considérer que la culture sound system est indépendante par rapport aux

autres genres musicaux ?

Dans quelles conditions joues-tu le plus souvent ? (Contrat, lieux, intermédiaires)

Par quels moyens financez-vous Brainless ?

Comment restes-tu actif et visible sur cette scène tout en étant indépendant ?

Pourquoi les institutions et les médias de masse ne reconnaissent pas cette culture ?

Penses-tu que cette culture pourrait sensibiliser les institutions ? Pourquoi ?

Voudrais-tu construire des liens avec les institutions ? Pourquoi ?

Aimerais-tu être représenté dans les médias de masse ? Pourquoi ?

Comment envisages-tu l'avenir des sessions par rapport aux limitations sonores ?

Comment imagines-tu l'avenir de cette scène en France ?

Peux-tu me raconter une petite anecdote pour terminer cet entretien ?

Depuis quand les dub corners se sont intégrés aux festivals ?

Compte-rendu de l'entretien:

Quentin est un des deux fondateurs de Brainless Sound system, qu'il a créé en 2012 avec Théo à Bourg-en-Bresse.

Brainless est un petit collectif innovant dans leur manière de fonctionner et d'évoluer. Dès la création, chacun s'est dirigé vers certaines tâches. Quentin s'est toujours occupé de la communication et de la prise de contact avec les autres sound systems pour faire des collaborations. Théo a pris le rôle d'ingénieur du son.

Cet entretien permet de comparer le fonctionnement d'un collectif de sound system existant depuis six ans avec les autres collectifs enquêtés. Cet entretien montre, une fois de plus, que les collectifs sont indépendants dans leur manière de se construire, de fonctionner et

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d'opérer dans le milieu. Quentin ne sait pas encore pour combien de temps la culture sera considérée comme étant indépendante car la plupart des sound systems sont autoproduits ou produits par des labels indépendants. Il n'y a pas de contrats avec les maisons de disques, tout est basé sur des rapports humains.

Pour rester actif et visibles, ils sont en constante réflexion pour promouvoir leur activité sur les réseaux sociaux sans forcément sponsoriser leurs publications. Ils essayent de mettre en avant les dates sur lesquels ils seront présents et communiquent pendant et après pour garder contact avec leur public. Ils vont bientôt essayer de poster des morceaux en téléchargement gratuit pour rester actif en dehors des prestations.

Lors d'une prestation, le collectif fonctionne avec des contrats d'intermittence et Quentin reçoit des cachets de diffuseur. Il est aujourd'hui diffuseur de l'association Exoria, basée à Villeurbanne. Son travail lui permet de diffuser plusieurs artistes orientés dans la bass-music et le dub, dont Brainless Sound system qui a intégré le catalogue dès qu'il est arrivé dans l'association.

Pour Quentin, le concept de base de cette culture est qu'elle soit en marge de toutes les institutions et médias de masses ; à la base, c'était la radio de celui qui n'avait pas accès aux grands médias. Cette culture est relativement récente, c'est pourquoi elle est encore en marge. De plus, ses acteurs ont la volonté de rester en marge des institutions. Par contre, certains artistes, pour ne pas les citer, l'ont déjà vulgarisé auprès du grand public. C'est positif qu'un maximum de personne ait accès à ce style, toutefois, il serait judicieux de pouvoir continuer à sortir le sound system sans se faire trop ennuyer.

Selon Quentin, le sound system n'est pas exclu de tout événement culturel mais tout dépend de ce qu'il véhicule et de ce qu'il transmet au public. Les institutions ont toutes les clés pour permettre à un collectif de perdurer. Ils entretiennent des relations avec la ville de Bourg-en-Bresse pour organiser des événements. En défendant et argumentant leurs projets, la ville leur a donné sa confiance. Par exemple, ils ont fêté leurs cinq ans d'existence au skate parc de Bourg-en-Bresse en compagnie de leur sound system. Ils n'ont jamais fait de demande de subvention mais ils ont l'ambition de faire une demande de résidence pour créer un live pour s'adapter aux demandes des organisateurs qui sont en forte demande de dub live, sans sound system. Ils se doivent s'adapter aux évolutions en développant leur expérience pour proposer différentes formations artistiques en répondant aux exigences des programmateurs de salles de concert et festivals.

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Entretien avec Jean-Paul Deniaud, Rédacteur en chef à Trax Magazine, Paris. 27 août 2018 par Skype.

Qu'est-ce que la culture sound system pour vous ?

Avez-vous remarqué une évolution depuis son arrivée en France ?

En quoi cette culture est-elle indépendante ?

Est-ce une volonté de la part des collectifs de ne pas vous contacter et de se rendre visible sans

votre aide ?

Pourquoi cette culture n'est-elle pas reconnue par les institutions ?

Pourquoi cette culture n'est-elle pas reconnue par les médias de masse ?

Qu'est-ce qui vous a poussé à faire un numéro sur la culture sound system ?

Comment imaginez-vous l'avenir de cette culture en France ?

Comment imaginez-vous l'avenir pour cette scène quant aux limitations sonores ?

Compte-rendu de l'entretien :

Jean-Paul Deniaud est rédacteur en chef et à la direction des publications chez Trax Magazine depuis bientôt cinq ans. Cet entretien permet d'avoir l'avis d'un média national spécialisé dans la musique, particulièrement électronique.

Le magazine travaille actuellement sur la sortie de son prochain numéro, qui est étonnamment spécialisé sur la culture sound system. Jean-Paul explique qu'il a dernièrement rencontré le Killasan sound system au Danemark, collectif organisant les soirées « Wax Treatment » pour diffuser de la musique techno sur un sound system reggae dub. Par ailleurs, Jean-Paul pense qu'internet permet au grand public de découvrir ou redécouvrir des cultures qu'ils ne connaissaient pas, les préjugés sur le reggae sont en train de se casser progressivement auprès du grand public. Après ce constat, Jean-Paul a décidé de faire un numéro spécifique à cette culture.

D'un point de vue médiatique, notamment de Trax (magazine national), Jean-Paul signifie qu'ils ne sont jamais au courant des événements portés sur culture sound system dub. Cette culture se rend visible par des médias indépendants, des communautés, des disquaires ou des flyers et non via des médias traditionnels. De plus, Jean-Paul estime que les pouvoirs

publics, les institutions et les marques privés n'aident pas financièrement les collectifs de cette culture. En revanche, une campagne s'est construite entre la marque Carhartt et le sound system Killasan pour communiquer autour de Trojan Records.

Les collectifs et artistes de la culture sound system ne savent pas que le magazine Trax n'est pas seulement orienté sur la musique techno et house, ils se dirigent directement vers des médias spécialisés, souvent indépendants, pour communiquer sur leur événements et productions musicales. D'autre part, plusieurs collectifs sont assez puristes et ne veulent pas forcément que d'autre styles musicaux soient diffusés sur leur sound system, contrairement à d'autres qui sont plus ouvert à ce type de fusion musicale. En revanche, Trax a récemment publié un article qui a cartonné sur le sound system OBF accompagné d'une mixtape159. De plus, Jean-Paul explique que : « Les sound systems viennent rarement d'eux-mêmes, c'est plutôt, nous quand on va les voir sur une affiche, on se dit qu'on aimerait bien faire un truc avec eux et c'est plutôt nous qui allons à leur rencontre. »

Cette culture n'est pas reconnue par les institutions et pouvoirs publics du fait qu'elle soit issue de Jamaïque et d'Angleterre, c'est une culture de contre-pouvoirs, de rébellion qui n'a pas besoin des institutions. Par ailleurs, cette musique est peu médiatisée en France, l'histoire est méconnue des pouvoirs publics. Ils vont moins être enclins à donner une autorisation ou à mettre en avant ce type d'événement dans leur communication, de par leur méconnaissance de cette culture. En revanche, le fait que Télérama mette son nom sur un festival de dub (Télérama Dub Festival) montre une estimation et une reconnaissance de cette culture sound system et dub par un média culturel très généraliste.

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159 Compilation de plusieurs morceaux.

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Entretien avec Christian Jadeau,
Premier adjoint à la culture de Joué-sur-Erdre.

Le 6 septembre par téléphone.

Pour quelles raisons soutenez-vous cette culture ?

Comment percevez-vous l'évolution de cette culture depuis son arrivée en France ?

Pourquoi peut-on considérer que le sound system est encore un média ?

Pour quelles raisons peut-on considérer la culture sound system dub comme étant indépendante,

comparée aux autres genres musicaux ?

Pourquoi les artistes fonctionnent-ils dans un schéma indépendant, non institutionnalisé ?

Pourquoi cette culture se tient-elle tant éloignée des médias de masse ?

Quels axes de développement permettez-vous aux artistes via votre média ?

Comment sélectionnez-vous les artistes pour votre média ?

Comment financez-vous ce média ?

Combien de personnes se rendent sur votre média par jour ? mensuellement ?

Comment imaginez-vous l'avenir de cette culture en France ?

Compte-rendu de l'entretien:

Christian Jadeau est le Premier adjoint et responsable de la culture de la Mairie de Joué-sur-Erdre. Cet entretien permet d'avoir la vision d'un acteur politique au fait de la culture sound system par l'intermédiaire du Dub Camp Festival qu'il accueille, avec l'accord du Maire, dans la commune de Joué-sur-Erdre.

La commune de Joué-sur-Erdre accueille le Dub Camp Festival depuis maintenant deux éditions. Pour des raisons expliquées en amont dans le développement de ce mémoire, le festival a changé trois fois de site et donc de commune.

Christian Jadeau nous fait part de son avis sur ce festival ainsi que les aides que la commune lui attribue. Globalement, il est satisfait d'accueillir ce festival - il donne de la visibilité au niveau national voire international de la commune de Joué-sur-Erdre.

Au début de l'entretien téléphonique, Christian nous expliquait que la commune a accueilli ce festival par relations. Un ami de son fils fait partie des membres de l'association Get Up. Ceci explique pourquoi la commune n'a pas été réticente pour accueillir ce festival. Il nous rapporte

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qu'ils sont partants, avec l'accord du Maire évidemment, pour reconduire une troisième édition en 2019. En effet, le festival fait tourner l'économie locale de la région par l'accueil de 26 000 personnes sur quatre jours. Il ne connaît pas les retombées économiques qu'il engendre mais il est en est réellement satisfait et ajoute que les habitants de la commune le sont également, « ce qui est très appréciable » en conclut-il. Il a participé aux deux éditions du festival depuis qu'il est à Joué-sur-Erdre. Il nous indique que le Maire se réjouit aussi de venir.

Christian Jadeau pense que les institutions, en général, ne connaissant pas cette culture. Tout le monde connaît le reggae de Bob Marley - pas plus. Il est d'ailleurs favorable pour utiliser ce mémoire comme ressource pour l'écriture d'un édito qu'il publiera dans le bulletin municipal de la commune.

Pour conclure le compte rendu de cet entretien, il nous a paru important de signifier que l'avis de ce premier adjoint et responsable de la culture relève d'un grand positivisme puisqu'il est au fait de cette culture, en étant personnellement impliqué et de par sa position de premier adjoint.

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Entretien avec Olivier Bruneau,
Directeur de l'association Get Up !
Programmateur du Dub Camp Festival, Nantes
Le 28 août par téléphone.

Pour quelles raisons avez-vous décidé d'organiser un festival purement sound system ?

Quels axes de développement permettez-vous aux artistes via le festival ?

Comment voyez-vous l'évolution de cette culture en France depuis l'arrivée du Dub Camp ?

Pourquoi peut-on considérer cette culture comme étant indépendante et en marge ?

D'après-vous, cette culture pourrait-elle s'institutionnaliser dans les années à venir ?

Bénéficiez-vous d'aide financière pour l'organisation du festival ?

Quels médias de masse se sont intéressés au Dub Camp ?

Pensez-vous que le Dub Camp ait contribué à la veine sound system qui se développe

actuellement dans le paysage français ?

Comment imaginez-vous l'avenir de cette scène en France ?

Comment envisagez-vous l'avenir du festival quant aux limitations sonores ?

Peux-tu me raconter une anecdote pour terminer cet entretien ?

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Retranscription de l'entretien :

Jeanne Vionnet : Qu'est-ce qui vous a poussé à organiser festival de sound systems ?

Olivier Bruneau : Au moment de la création de l'association, c'est déjà quelque chose que l'on avait envie de voir, un événement qui rassemble les sound systems, un concentré de différents sound system et des différents acteurs du milieu sound system. On a créé l'association Get Up ! en 2008, on ne se retrouvait pas forcément dans les sessions qui avaient lieues à ce moment-là. Le Dub Camp est venu à la suite des différentes soirées que nous organisions, les Get Up ! Session et Nantes Dub Club. L'envie des adhérents de l'association était de créer un événement d'ampleur national sur ce mouvement. On s'est lancé comme ça dans l'organisation de manière un petit peu amateur sur la première édition même si on a essayé d'être le plus carré possible et de prendre le moins de risques financiers notamment et en termes de sécurité et de sûreté aussi on a mis le paquet dès le début pour ne pas organiser un événement trop concave non plus. Ça a grossi nous l'objectif c'est de garder un rythme de croisière voire même la décroissance du festival ou en tout cas de retrouver un esprit à l'image de l'association et de ses adhérents.

J.V : C'est trop grand à vos yeux ?

O.B : Oui et non en tout cas je pense que là cette année on a trouvé notre jauge entre guillemets. On se dit que c'est peut-être la bonne jauge, entre 3500 personnes et 5000 personnes par soir.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon