Problématique du leadership responsable de la classe politique congolaise. Regard sur l'administration publique de la troisième république.par CARLYTHO NZAZI LENGI Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en sciences politiques et administratives 2012 |
I.2.3. VOIE D'ENTREE EN POLITIQUEUn dirigeant politique est ce qu'il est du fait de sa manière d'entrée en politique ou d'accès au pouvoir. Un militaire qui aura fait un coup d'Etat, se comportera d'une façon sensiblement différente d'un civil qui aura été confronté au jeu pacifique des élections et de l'alternance au pouvoir. Un perpétrant de coup d'Etat se sent logiquement obligé de devoir constamment protéger son pouvoir contre des ennemis, réels et imaginaires. Il pose des actes et prends de décisions en conséquences, comme torturé par une espèce de paranoïa45(*). §.1. La voie d'entrée accidentelleOn peut entrer en politique de manière fracassante, inattendue, par le concours des circonstances. Ce mode d'entrée en politique est accidentel ou, si l'on veut circonstanciel. En effet, il peut arriver que face à une catastrophe imminente, un peuple fasse appel à une personnalité en qui on aura découvert un certain charisme pour sauver la cité, la nation. Généralement, une telle entrée en politique découle d'une volonté d'écarter un danger de situation anarchique pour la nation46(*). Un tel système dominant d'anomie ou d'anarchie entraine un mode précis de désignation ou de cooptation des hommes par le peuple. Ce mode d'entrée en politique est pacifique en dépit de la circonstance parfois ou souvent violente qui préside à la décision. On notera aussi que l'entrée accidentelle en politique n'en présuppose point d'exigences particulières47(*). Dans l'histoire du monde, plusieurs cas se sont présentés. Il semble que dans la Rome antique, Cincinnatus, un général à la retraite, fut invité à diriger le pays et à conduire la cité vers la paix et l'ordre. Et ce qui est cité, en exemple aujourd'hui encore, est sa belle grandeur d'âme associée à une modestie merveilleuse. En effet, après avoir accompli sa mission, il demanda au peuple de le libérer de cette tâche politique, et il retourna faire ses champs à la campagne. Jamais il se montra ni orgueilleux ni accroché au pouvoir. On peut citer aussi Charles De gaule qui n'assuma les fonctions politiques de président de la république française qu'au temps douloureux de l'occupation de la France par les forces nazies48(*). Dans la république démocratique du Congo ; on sait que la nomination de quelques étudiants de l'université de Louvanium comme commissaires généraux par MOBUTU en 1961, pour neutraliser les politiques en disputes démocratiques consacra leur entrée en politique. Sans s'y attendre, les étudiants NDELE, BOMBOKO, TSHISEKEDI et autres sont devenus des acteurs politiques par le concours fortuit des circonstances. Plus récemment, en 2001, le concours d'une circonstance tragique porta monsieur Joseph KABILA à la tête du pays. C'est donc sous la pression des circonstances accidentelles que notre président de la république entre en politique sans qu'il s'y prépare. Et, d'une certaine manière, on doit penser la même chose de l'entrée en politique des animateurs des syndicats, des associations estudiantines et, depuis peu des associations et organisations non gouvernementale. Dans le contexte récent de la redéfinition des institutions et du redéploiement des acteurs politiques, on ne devrait pas s'étonner que des personnalités nouvelles voire inconnues, sur la scène publique, entrent en politique par la force des circonstances de la guerre et du dialogue inter-congolais. Quelques délégués au dialogue se sont retrouvés désignés pour assumer des fonctions politiques dans les pays, sans avoir eu ni l'intention explicite d'entrer en politique, ni donc une préparation préalable appropriée à l'exercice des charges publiques qu'il faut placer les nominations opérées dans le cadre de la gestion unilatérale du pouvoir par le chef de l'Etat, principalement pendant la deuxième république. De nombreuses personnes étaient ministres ou commissaires politiques sans avoir sollicité un quelconque poste et surtout sans s'être préparées à exercer des fonctions politiques. Elles entraient ainsi en politique, par accident, pour avoir été simplement proches ou parents à une personnalité ayant des entrées fréquentes et efficaces auprès des ultimes décideurs. La caractéristique majeure de l'entrée accidentelle en politique est qu'elle est aléatoire. Nul ne peut la maitriser. On y entre sans préparation. Initialement, le sujet y est passif. Il est un non acteur. La fonction politique arrive à la manière d'un cadeau offert, sans y avoir exprimé l'envie. La conséquence en est qu'on y trouve quelques fois perdu, en particulier au début de l'action politique et si on manque de se faire entourer de personnalités intelligentes et sages on est inévitablement dans des tâtonnements qui peuvent durer longtemps et, pire, qui peuvent entrainer d'énormes erreurs, parfois fatales pour les pays et la destinée des millions des citoyens. Par conséquent, l'entrée en politique par accident, par un concours fortuit des circonstances, doit être envisagée comme exceptionnelle, et elle ne peut être légitime que si la personne appelée au pouvoir est effectivement de nature à sauver le pays en danger. * 45 Lire à ce sujet, MUTUZA KABE, éthique et développement, cas du Zaïre, Kinshasa, éd. Azandé, p. 24. * 46 NGOMA BINDA., Op. Cit, p. 309. * 47 Idem * 48 NGOMA BINDA, cité par KANSIETOKO NSENDA, l'élite politique face à la crise politique en RDC, mémoire de licence en SPA, Unikin, 2009-2010. |
|