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Analyse de la politique de décentralisation du système de santé au Burkina Faso.


par Issa SOMBIE
Université de Ouagadougou - Master en Population et Santé 2006
  

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4.2.3 Contexte politique et social

En rappel, la mise en oeuvre de la décentralisation sanitaire est intervenue à partir de 1993. Sur le plan politique, cette période correspond à un renouveau, marqué par l'avènement de la IV République. En 1991, l'adoption de la constitution venait sceller l'ouverture politique avec pour conséquence la prolifération de partis politiques, des associations de la société civile.

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Analyse de la politique de décentralisation du système de santé du Burkina Faso

De proche en proche, le débat public commençait à prendre corps avec les actions des différents partis politiques et la rivalité politique avec. Dans son combat pour l'hégémonie politique qui passe l'adhésion du maximum d'individus à ses idéaux, le parti au pouvoir use de toutes sortes de stratégie dont la politisation de l'administration publique. Ainsi, tous les postes stratégiques et aux prérogatives juteux sont confiés aux militants du parti. Les cadres sont choisis moins à cause de leur technicité que de leur militantisme avéré. C'est cette façon de cooptation des cadres qui explique les incessants changements au niveau des directions des différents ministères dont celui de la santé.

En effet, de 1993, date du début du processus de décentralisation à nos jours, ce sont quatre ministres qui se sont succédés à la tête du ministère de la santé. Le changement de ministre est généralement suivi d'un mouvement de personnel. Le nouveau ministre met en place une nouvelle équipe à même de l'assister dans l'exécution de ses nouvelles fonctions. Le changement de cadres aux postes de responsabilité ne s'arrête pas seulement au niveau central, il touche aussi la périphérie. C'est ainsi que les coordonnateurs de programme et projets, les directeurs régionaux et les médecins chef de district subissent le changement. Il est très souvent reproché aux ministres de procéder à des nominations de complaisance dans certains cas car ne privilégiant que des critères politiques. Combien sont- ils, les cadres dont les compétences ne font l'objet d'aucun doute qui sont réduits à leur plus simple expression car mis en rebut, victimes de leur appartenance politique. Ils ne sont pas nombreux les cadres, membres des partis de l'opposition à occuper des postes importants au niveau du ministère de la santé et même dans les autres ministères. La politisation de l'administration porte un coup dur à la mise en oeuvre des politiques, car elle favorise la mise à l'écart de certaines sensibilités dont la participation pourrait apporter un plus. Une des conditions de l'aboutissement d'une politique publique est sans conteste la mobilisation et l'implication de tous les acteurs dans le processus.

Un médecin, ayant occupé de hautes fonctions au sein du ministère de la santé précisait que l'essentiel des cadres ayant travaillé sur le dossier de la décentralisation sanitaire pendant la conception, ont été écartés lorsqu'il s'est agit de la mise en oeuvre car on leur rapprochait mais sans le leur dire ouvertement, de ne pas s'afficher politiquement, d'être de connivence avec des syndicats. (Enq04).

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Analyse de la politique de décentralisation du système de santé du Burkina Faso

Le traitement du dossier de la décentralisation sanitaire relevait des compétences de la direction générale de la santé et de la CADSS. Ces deux structures ont toujours été touchées par les vagues de mouvement de cadres. En effet, un de nos informateurs précisait que de 1993 à 2006, ce sont 5 directeurs généraux de la santé qui se sont succédé et plus de 7 coordonnateurs au niveau de la CADSS. Les motifs de départ ne sont autres que politiques (Enq03). Cette instabilité n'est pas sans conséquence sur le déroulement du processus.

L'une des conséquences majeures de cette réalité reste la mauvaise couverture du pays en structures sanitaires. En effet, pendant que des régions ne disposent pas du minimum, on procède l'implantation de CSPS, CMA et autres dans des localités pour tout simplement faire plaisir au ministre dans l'optique de conserver son poste.

La politisation de l'administration tue la compétence tout en valorisant le clientélisme, le népotisme, le favoritisme. Cette façon de gérer l'administration ne favorise pas la présence de « mémoire vivante »4, tout élément qui conduit à revenir à la case départ à tout moment. Le processus de décentralisation du système sanitaire souffre moins de manque de sources finacières que de compétences pour lui impulser un nouvel dynamisme. Les cadres du ministère qui peuvent traiter cette question sont mis au garage, ce qui a poussé certains à partir. (Enq04).

La politisation de l'administration influe les orientations ou du moins la compréhension des orientations. Qu'un nombre important de cadres pilote le processus de décentralisation du système de santé, imprime au processus, différentes visions dont la gestion ne peut que saborder la mise en oeuvre. Il aurait été plus salutaire de confier le processus d'implantation à une équipe inamovible pour une durée bien déterminée, ce qui à n'en point douter aurait permis d'avancer convenablement, avec plus de professionnalisme et de clarté.

La plupart des CoGes se caractérise par un taux d'analphabétisme très élevé des membres avec logiquement une méconnaissance des textes ; d'ou un mauvais fonctionnement qui se traduit par des malversations de toutes sortes. Il est indéniable que le niveau de scolarisation n'est pas sans

4 Nous parlons de ces cadres qui ont passé beaucoup de temps dans leurs postes, ce qui leur donne l'avantage d'être bien informés

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Analyse de la politique de décentralisation du système de santé du Burkina Faso

conséquence sur l'efficacité et le bon fonctionnement des CoGes qui jouent un rôle important voire même capital dans le dispositif de la décentralisation du système de santé.

Le taux de scolarisation dans l'ensemble du pays est très faible. Selon l'INSD (2005) le taux brut de scolarisation au primaire en 2005 était de 55% soit 107% en milieu urbain contre 48% en milieu rural. Dans beaucoup de localités notamment en milieu rural, peu de personnes savaient lire et écrire. Or l'essentiel des CoGes siègent en zone rurale. La difficulté de trouver des personnes sachant lire et écrire pour animer ces structures est réelle. Ce qui dénote leur faible niveau de fonctionnement actuel. Aussi, le contexte économique se distingue par un taux de chômage très élevé et des activités économiques qui se réduisent aux activités agricoles ; 81,9% des ménages du pays pratique l'agriculture comme principale activité économique (INSD, 2005). Cette situation dénote une faiblesse des revenus des ménages ; ce qui n'est pas sans conséquences sur leurs capacités contributives au financement de la santé. Les conditions de vie des ménages n'encouragent pas les membres des CoGes à accepter le bénévolat. C'est sans doute ce qui explique leur absentéisme fréquent dans l'animation de ces structures d'appui.

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