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Exploitation aurifère de sissingué et développement de la sous préfecture de Kanakono.


par Foungotrigué Drissa Sorho
Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo - Master de Géographie Humaine et économique 2019
  

Disponible en mode multipage

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Université Peleforo Gon Coulibaly UFR DES SCIENCES SOCIALES

Département de Géographie

Côte attribuée par la bibliothèque

Korhogo, Octobre 2019

Mémoire de Master de recherche

Option : Géographie Humaine et Economique

Sujet :

Exploitation aurifère de Sissingué et développement

de la sous-préfecture de Kanakono

Présenté par :

SORHO Foungotrigué Drissa

Encadreur :

Docteur KOFFI Yeboué Stephane Koissy
Maître-Assistant de Géographie

Sous la supervision de :

Professeur KOFFI Brou Emile Professeur titulaire de Géographie

i

SOMMAIRE

SOMMAIRE i

DEDICACE iii

AVANT-PROPOS iv

REMERCIEMENTS v

SIGLES ABREVIATIONS ET ACRONYMES vii

INTRODUCTION GENERALE 1

1. REVUE DE LA LITTERATURE 3

2. PROBLEMATIQUE 17

3. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 18

4. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 19

TABLEAU SYNOPTIQUE 32

PARTIE I : MISE EN EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE 33

Chapitre 1 : Presentation de la sous-prefecture de kanakono 34

Chapitre 2 : Enjeux et etapes de la mise en exploitation de la mine d'or de sissingué 46

PARTIE II : CONTRIBUTION DE L'EXPLOITATION AURIFERE DE SISSINGUE

SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 58

Chapitre 3 : Impact spatial de la mine d'or de sissingue dans la sous-prefecture de kanakono

59

Chapitre 4 : Les incidences socio-economiques de la mine d'or de sissingue dans la sous-

prefecture de kanakono 68

PARTIE III : IMPACTS NEGATIFS ET RISQUES ENCOURUS PAR LES POPULATIONS DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO SUITE A

L'EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE 75

Chapitre 5 : L'environnement de la sous-prefecture de kanakono face a l'exploitation de la

mine d'or de sissingue 76

Chapitre 6 : Incidences sanitaires et sociales de l'exploitation aurifere de sissingue dans la

sous-prefecture de kanakono 81

ii

CONCLLUSION GENERALE 88

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 90

LISTE DES CARTES 93

LISTE DES TABLEAUX 94

LISTE DES FIGURES 95

LISTE DES PHOTOS 96

TABLE DES MATIERES 97

DEDICACE

iii

À la famille SORHO

iv

AVANT-PROPOS

Conséquemment à l'urbanisation croissante dans le monde, le secteur de l'industrie minière connait un véritable développement depuis le début du XXIe siècle. L'accroissement de la demande mondiale en matière première a permis à de nombreux pays du Sud d'engranger d'énormes ressources financières. Mais en dépit des enjeux macroéconomiques, dans cette ère marquée par la promotion du développement durable, les industries extractives sont perçues comme des éléments structurants de leurs hinterlands. De ce fait, il serait intéressant d'étudier les incidences locales de l'implantation des unités d'extraction minière. Et c'est ce qui justifie l'initiation de cette étude.

Elle s'inscrit dans le cadre de la rédaction du mémoire de recherches qui sanctionne la fin du cycle de Master. Intitulé « exploitation aurifère de Sissingué et développement dans la souspréfecture de Kanakono », ce sujet s'attache à mettre en exergue les incidences spatiales, environnementales, et socio-économiques de l'exploitation aurifère de Sissingué dans une zone en proie au sous-développement et à la pauvreté. Ainsi, la géographie, dont l'objet d'étude est l'espace, trouve un intérêt à l'appréhension des interactions entre population, territoire et développement.

v

REMERCIEMENTS

Nous devons l'achèvement de cette étude au concours d'une pluralité de personnes à qui nous trouvons judicieux d'exprimer notre reconnaissance. Ainsi, nous adressons nos mots de remerciement à :

- Professeur KOFFI BROU EMILE qui a accepté de superviser cette étude.

-

Docteur KOFFI YEBOUE STEPHANE KOISSY Enseignant-Chercheur au Département de Géographie de l'UPGC, qui a bien voulu diriger cette étude de son initiation à sa réalisation. Malgré un emploi du temps assez chargé, il a toujours trouvé le moyen et le temps de répondre à nos préoccupations. Veuillez trouver ici cher maître l'expression de notre profonde gratitude.

- Docteur KRA KOUADIO JOSEPH, Enseignant-Chercheur au département de

Géographie de l'UPGC pour la disponibilité dont il a toujours fait montre toutefois qu'il a été sollicité, pour ses conseils et ses encouragements.

- Docteur ASSOUMAN SERGE, Enseignant-Chercheur au département de Géographie

de l'UPGC et par ailleurs chef dudit département, pour son abnégation au travail qui a conduit à la bonne tenue de cette année universitaire 2017-2018.

- Tout l'ensemble du corps enseignant du département de Géographie de l'université
Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo pour le savoir qui nous a été dispensé depuis notre première inscription dans cette institution académique. Il nous a été d'une importance capitale dans la réalisation de ce travail.

- Les autorités administratives qui nous reçues dans le cadre de notre collecte de données.
Ce sont le sous-préfet de Kanakono Monsieur KOUASSI AYE JEAN BAPTISTE, le secrétaire général de la préfecture de Tengrela Monsieur BAH BI IRIE, Monsieur ANOH FIRMIN chef du service socio-culturel de la mairie de Kanakono, Monsieur DAMANA SIMPLICE chef du service financier de la mairie de Kanakono pour l'intérêt porté à notre étude et pour le bon accueil dans leurs différentes structures administratives,

- tous les leaders communautaires des villages de Sissingué, Kanakono et Zanikan. Il
s'agit des chefs de village, les présidents de groupement de jeunes et de femmes desdits villages,

- Monsieur DIARRASSOUBA BRAHIMA de la direction de l'environnement de
Perseus Mining pour son implication inconditionnelle dans notre quête d'information

vi

- Notre père SORHO YAYA, nos mères OUATTARA FIERLAHA et TUO KOLO pour

leur soutien financier et moral qui nous a toujours accompagné,

- Notre grand-frère SORO BAKARY et son épouse COULIBALY NANAN pour avoir

fait montre d'hospitalité à notre égard durant toutes ses années,

- Notre oncle COULIBALY SIAKA et son épouse COULIBALY FRANCOISE pour
leur soutien financier sans fans failles et leurs encouragements,

- Tous les membres de la famille SORHO, singulièrement SORO MOURLAYE, SORHO

OUAYELE MAIMOUNA et SORHO MAGNIGUI KARIDJATOU pour leur exigence vis-à-vis de nous qui a constitué une force pour nous durant toutes ses années.

- Nos amis, ou devront nous dire nos frères KOUASSI KOUAKOU VALERE,
COULIBALY TANGA JUNIOR, COULIBALY NEHOUELE PIERRE, FANRAMAN CRIGNAN ANICET, OUATTARA ALLAHMAN KADOKAN, DIALLO SEYDOU, YEO ABOU, SORO GNENEWAGNON DJENEBA, SANGARE KOUNADI, SEKONGO SIONNEHIN ISAAC et SILUE TCHAKRA pour leur disponibilité à toute heure, leurs conseils et leur confiance.

- Notre condisciple et grand frère ADIGRA MOUSSO pour l'aide qu'il nous a apporté
en tant que devancier.

- Notre amie, grande soeur COULIBALY TCHEWA FLORENCE pour l'intérêt accordé

à ce travail et à notre personne,

- Notre ami TRAORE BAKARY pour son assistance matérielle et l'intérêt accordé à

notre personne.

Puissent toutes les personnes que nous aurons malencontreusement oublié de citer, trouver ici l'expression de notre reconnaissance.

vii

SIGLES ABREVIATIONS ET ACRONYMES

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CAF : Coût Assurance Fret

CASM : Communauté des Petites Exploitations Minières

CCC : Comité de concertation et de consultation

CDLM : Comité de Développement Local Minier

CEA : Commission Economique Africaine

CIE : Compagnie Ivoirienne d'Electricité

CIM : Commission Interministérielle des Mines

CMA : Compagnie Minière Africaine

CNRTL : Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales

CSMO : Comité Sectoriel de Main d'oeuvre de l'Industrie des Mines

CSR : Centre de Santé Rural

CSU : Centre de Santé Urbain

DD : Développement Durable

DGMG : Direction Générale des Mines et de la Géologie

DLM : Développement Local Minier

DSRP : Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

EIES : Etude d'Impact Economique et Social

EMAPE : Exploitation Minière Artisanal et à Petite Echelle FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine FMI : Fonds Monétaire International

GES : Gaz à Effet de Serre

GIDIS-CI : Groupement Interdisciplinaire en Sciences Sociales de Côte d'Ivoire

viii

Ha : Hectare

HVA : Hydraulique Villageoise Améliorée INS : Institut National de la Statistique

IST : Infection Sexuellement Transmissible

ITIE : Initiative pour la Transparence dans l'Industrie Extractive

Kg : Kilogramme

KST : Koné Siaka Transport

M3 : Mètre cube

MINAGRI : Ministère de l'Agriculture

MPMB : Ministère auprès du Premier Ministre Chargé du Budget

MPMEF : Ministère auprès du Premier Ministre Chargé de l'Economie et des Finances

ODM : Objectifs Du Millénaire

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PIB : Produits Intérieur Brut

PMCI : Perseus Mining Cote d'Ivoire

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PML : Perseus Mining Limited

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement

RDC : République Démocratique du Congo

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

RSE : Responsabilité Sociale d'Entreprise

SFI : Société Financière Internationale

SODECI : Société de Distribution d'Eau de la Côte d'Ivoire

1

INTRODUCTION GENERALE

I. Compréhension du sujet

La fin du XXe siècle est marquée par une augmentation de la demande mondiale en matières minérales. La montée en puissance de certains pays alors qualifiés d'émergents notamment l'Inde, le Brésil et la Chine, a entrainé la mobilisation de fortes quantités de minerais (FREDERIC T., 2013). Durant cette période, les importations de minerais de fer de la Chine a triplé, passant de 16% environ à 48%, soit 32% de la demande mondiale totale d'acier brut (CEA, 2011). Pour répondre à cette demande, l'Afrique dont le sous-sol concentre plus de 30% des réserves mondiales de minerais d'envergure stratégique pour l'économie mondiale dont 40% de l'or mondial (PNUE, 2006), est ainsi devenue une destination privilégiée des transnationales minières (DIALLO R., 2014).

Pour plusieurs pays africains dotés d'un sous-sol riche en minerais et en proie au sous-développement, il fallait mobiliser des ressources additionnelles pour faire face à la crise économique des années 1980. Le recours aux institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale) pour l'obtention de prêt et la volonté d'accueillir des investissements étrangers décrits comme facteur d'accroissement de l'emploi, de croissance et de développement, ont conduit à l'ouverture des économies de ces pays sur l'extérieur. Ces Etats sont donc entrés en concurrence pour séduire les transnationales minières (BELEM G., 2009). Ainsi, 35 pays d'Afrique ont accueilli des transnationales minières engagées dans une course au rachat des mines publiques depuis le début des années 1990 (REED D., 2002). La Côte d'Ivoire, pays d'Afrique occidental, n'est pas resté en marge de cette tendance.

En effet, depuis les indépendances en 1960, la Côte d'Ivoire a adossé son développement à une exploitation extensive des ressources naturelles plus précisément sur un système extensif des cultures de café et de cacao (COGNEAU D. et MESPLE-SOMPS S., 2002). Mais avec la volonté de diversifier ses sources de revenus, l'Etat ivoirien a entrepris la valorisation d'autres secteurs comme celui des mines (KOUADIO A.C., 2015). De nombreuses mesures ont donc été prises pour exploiter le potentiel minier de ce pays. Cela a eu pour conséquence, l'ouverture de plusieurs mines exploitées par des multinationales minières dans le pays. Au nombre de celles-ci, il y'a la mine d'or de Sissingué dans la Région de la Bagoué, au Nord de la Côte d'Ivoire.

2

Cette exploitation minière concoure indéniablement au développement économique de la Côte d'Ivoire avec l'apport de devise. Cependant, qu'en est-il de son impact local pour ce qui concerne la sous-préfecture de Kanakono ?

II. Justification du choix du sujet

La richesse du sous-sol africain n'est plus à démontrer. Plus de la moitié des pays de ce continent considèrent l'exploitation minière comme une activité importante pour leur développement. La production de certains produits miniers tels que la bauxite, le chrome, le cobalt, le manganèse, le phosphate, les diamants et l'or sont considérables (CEA, 2011). Mais, la hausse du prix de l'once d'or qui est passé de 260 dollars en mars 2001 à plus de 1 000 dollars en mars 2008 (ALLOU T., 2015) a entrainé un penchant des différents Etats pour ce métal.

En Côte d'Ivoire, les études exploratoires menées ont fait état de la présence de plusieurs gisements d'or dans le pays. De nombreux efforts sont donc fournis par les politiques pour développer le secteur de l'exploitation aurifère. Le code minier mis en place a attiré de nombreuses multinationales. Plusieurs gisements aurifères sont corolairement aujourd'hui en exploitation et l'Etat ivoirien prévoit la mise en exploitation de plusieurs autres mines d'or. Le domaine de l'exploitation minière semble donc bien parti pour être l'un des piliers de l'économie ivoirienne.

En dehors du rôle déterminant de ce secteur dans l'économie du pays, il serait judicieux de connaitre ses effets autant directs qu'indirect sur le développement local dans les différentes régions qui abritent les mines. Sur le plan personnel, cette étude a été initiée avec le désir pour nous de mettre à nu, d'une part, les carences en matière de développement qu'accuse la zone septentrionale du pays. D'autre part, nous voudrions faire une analyse des moyens palliatifs afin de juger de leur capacité à répondre efficacement au problème et alimenter les pistes de réflexion.

Ainsi, cette étude relative à l'impact de l'exploitation aurifère de Sissingué sur le développement de la sous-préfecture de Kanakono, se veut une lucarne d'analyse des effets d'une mine sur le dynamisme de son arrière-pays. Particulièrement, elle vise à montrer les incidences spatiales, sociales et économiques de l'exploitation aurifère de Sissingué sur la sous-préfecture de Kanakono.

3

1. REVUE DE LA LITTERATURE

Le thème de l'exploitation minière dans une ère marquée par la promotion du développement durable, a attiré l'attention de plus d'un. Il a été au centre de plusieurs écrits, conférences, colloques et séminaires de réflexion à travers le monde. Les travaux consultés se focalisent autour de quatre (4) sous-thèmes majeurs que sont :

· Les types d'exploitation minière

· Les formes d'exploitation minière

· Les impacts de l'exploitation minière

· La durabilité de l'exploitation minière

Toutefois, il serait judicieux de définir d'abord les concepts opératoires de notre sujet.

1.1.Définition de concepts

1.1.1 Exploitations minières

La mine en France est définie dans le code minier comme tout site où sont exploités un ou plusieurs minerais listés à l'article premier du dit Code. Dans la pratique, il s'agit de tous les minéraux à forte valeur ajoutée : métaux, minéraux énergétiques notamment. Selon cette définition il peut exister des mines souterraines et des mines à ciel ouvert (POULARD F. et al.

2017).

En Côte d'Ivoire, une mine est définit selon le code minier actuel (loi N° 2014-138 du 24 Mars 2014 portant code minier) comme le complexe abritant les activités d'administration et d'exploitation minière comprenant entre autres les excavations à ciel ouvert, les tunnels, les bureaux et habitations, les pistes d'atterrissage, les meubles ou autres installations de transformation ou de traitement.

Une mine est un gisement exploité de matériaux. C'est un siège d'extraction dans une exploitation minérale. Il s'y attache en général d'un paysage caractéristique que l'exploitation soit à ciel ouvert ou souterraine (GEORGE et VERGER, 1996 cité par KOUADIO A.C., 2015). C'est donc l'espace doté de minerais exploitables ainsi que des installations ou ouvrages qui vont avec. L'exploitation de celui-ci consiste à extraire de la terre, les roches et les minéraux solides qui ont une valeur économique (encyclopédie canadienne 8 cité par SOW, 2013).

4

1.1.2. Le développement : une notion polysémique

Le développement est une notion dont la définition ne fait pas l'unanimité. En général, sa définition est dépendante du domaine d'exercice de celui qui la donne. C'est un concept qu'on retrouve en biologie, en économie, en géographie etc. Mais, il faut dire que dans le domaine des sciences sociales, le développement a longtemps été assimilé à la croissance. Dans la phase de construction de la pensée par les pionniers du développement, cette notion était assimilée à l'obtention d'une croissance économique significative sur une longue période (CONTE, 2003). Il était ainsi réduit à sa seule dimension économique.

Pour BERGERON (1992) cité par LEGOUTE J.R. (2001), se développer, c'était avoir 3,7% de croissance économique une année, puis 4,8% l'année suivante, et ainsi de suite, indéfiniment. Mais, avec l'échec des politiques basées sur une vision très économique du développement de nombreux auteurs se sont opposés à cette approche réductionniste du concept. La croissance représente certes la dimension prédominante du concept de développement, mais ne suffit pas pour définir adéquatement cette notion qui renferme d'autres dimensions (LEGOUTE J.R., 2001).

Au-delà de l'aspect quantitatif du développement, il faut noter son aspect qualitatif relatif à l'amélioration du bien-être social. Il en ressort donc que la croissance n'est pas le développement mais constitue le préalable au processus de développement car l'amélioration de la qualité de vie et du bien-être social passe par un accroissement des revenus. C'est dans ce contexte que le PNUD avance la notion de développement humain pour montrer que le développement va au-delà de l'augmentation des revenus nationaux. En effet, « le développement ne se limite pas à la progression ou au recul du revenu national. Il a pour objectif de créer un environnement dans lequel les individus puissent développer pleinement leur potentiel et mener une vie productive et créative, en accord avec leurs besoins et intérêts. » (PNUD, rapport mondial sur le développement humain, 2001). Le développement représente donc un processus qui doit avoir pour finalité le bien-vivre des individus.

Cependant cette amélioration des conditions de vie implique parfois des mutations spatiales. En effet, le développement est la modernisation, mieux l'urbanisation des différents corps géographiques d'un territoire et l'atteinte de certains objectifs du millénaire (ODM) comme la réduction de moitié de la pauvreté, l'éducation primaire pour tous et la lutte contre les maladies (KRA K.J., 2012). Il passe donc par une transformation du cadre de vie des

5

individus liée à l'apparition de nouveaux éléments dans l'espace pouvant permettre aux individus d'améliorer leurs niveaux et leurs conditions de vie.

La croissance est un préalable au développement sinon en est la quintessence. Toutefois le développement ne doit pas se limiter à sa seule dimension économique. Il doit avoir pour finalité le mieux-être social des hommes. Ainsi, dans notre étude, nous affilierons le développement à la réalisation d'infrastructure, à l'amélioration des conditions économiques des individus, choses pouvant permettre aux populations de vivre dans de meilleures conditions. Somme toute, étudier la question relative au développement de la sous-préfecture de Kanakono en rapport avec l'exploitation aurifère de Sissingué, revient à présenter l'apport des activités d'extraction minières à l'amélioration du niveau d'équipements et des conditions de vie des populations de cette zone du Nord de la Cote d'Ivoire..

1.2.Les types d'exploitation minière

Diverses techniques sont mises en oeuvre pour l'exploitation des gisements miniers. Sur cette base, l'on distingue deux types d'exploitation minière. Ce sont les exploitations minières artisanales à petite échelle (EMAPE) et les exploitations minières industrielles à grande échelle.

1.2.1. Les EMAPE

La définition des EMAPE diffère d'un pays à un autre. Cependant, les critères de distinction les plus récurrents sont le poids de l'investissement et le niveau de technicité de l'exploitation. Au Mali, les EMAPE sont définies comme toute opération qui consiste à extraire et concentrer des substances minérales provenant des gîtes primaires et secondaires, affleurant ou subaffleurant, et en récupérer les produits marchands en utilisant des méthodes et procédés manuels et traditionnels (KEITA S., 2001).

Cette définition est quasiment identique à celle adoptée en Côte d'Ivoire. La loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant code minier y définit les exploitations artisanales comme toutes exploitations minières dont les activités consistent à extraire et concentrer les substances minérales et à en récupérer les produits marchands par des méthodes et procédés simples et peu mécanisés.

Au Ghana en plus des méthodes d'exploitations qui sont traditionnelles, les EMAPE sont des exploitations minières qui ne demandent pas un investissement lourd (KEITA S., 2001). Outre ces caractéristiques, les exploitations minières artisanales se font parfois dans la clandestinité. C'est pour cela que HENTSCHEL T. et al. (2002) souligne que l'expression «

6

exploitation minière artisanale et à petite échelle » fait référence de façon générale, aux pratiques minières souvent informelles ou illégales de personnes, de groupe de personnes ou de collectivités dans les pays en développement. Il soutient qu'en l'absence d'une définition commune, les exploitations minières artisanales et à petite échelle sont décrites par l'utilisation minimale de machines ou de technologies ; l'exploitation en l'absence de titre minier ou d'un contrat valide avec le détenteur du titre ; l'absence de mesures de sécurité, de soins de santé ; des activités saisonnières ou temporelles ; l'insécurité financière.

Si en 1999, ce type d'exploitation employait directement 13 millions de personnes dont la subsistance en dépendait indirectement (HENTSCHEL T. et al. 2002), en 2011 le nombre d'emploi direct généré par cette activité est passé à 25 millions (HRUSCHKA F. et ECHAVARRIA C., 2011) avec pour cause l'augmentation du prix de l'or Cet afflux massif vers l'extraction minière artisanale se justifierait par une pléthore de raison. Selon HRUSCHKA F. et ECHAVARRIA C. (2011), les conflits armés, les désastres naturels, la pauvreté et les crises économiques poussent de nombreuses personnes à travailler dans les mines artisanales. En outre, un lien assez étroit a été établi en Afrique entre la baisse de la productivité agricole et l'affluence vers ce secteur dans le dessein de compléter les revenus agricoles (BANCHIRIGAH S.M. et HILSON G., 2010).

Dans cette veine, le programme des nations unies pour l'environnement (PNUE) soutient que ce type d'exploitation représente une importante source de revenu pour les populations des zones rurales ou les débouchés économiques sont extrêmement limités. Les EMAPE apparaissent donc comme un secteur qui peut franchement participer au développement. Et cela par la création d'emploi, l'augmentation du pouvoir d'achat des populations locales et le ralentissement des migrations vers les villes (CASM, 2009).

1.2.2. Les exploitations minières à grande échelle

L'exploitation minière à grande échelle est toute activité par laquelle une personne physique ou morale extrait du gisement artificiel des substances afin de les traiter éventuellement et de les utiliser ou de les commercialiser (N'GOUALESSO F., 2012). En guise de renchérissement, KUMWIMBA J. (2009), affirme que ce sont des exploitations qui emploient une quarantaine de personnes et qui se donnent les moyens d'extraire la presque totalité des ressources prélevées. Elles nécessitent donc un investissement lourd et du matériel de pointe pour une exploitation maximale des gisements, des installations fixes de grandes tailles et l'utilisation de procédés industriels. Le processus consiste à la mise en évidence d'un

7

gisement, de son extraction, son traitement, et la transformation des substances minérales résultantes. C'est dans ce sens que le code minier de 2014 de la république de Côte d'Ivoire définit l'exploitation minière industrielle comme une activité consistant à l'extraction et à la concentration des substances minérales et à en récupérer des produits marchands par des techniques modernes et des procédés fortement mécanisés. Son investissement va donc au-delà de six cent cinquante-cinq millions (655 000 000) de FCFA et sa durée de vie dépasse les 5 ans (DIALGA I., 2013).

Conséquemment aux moyens, colossaux mis en oeuvre pour l'extraction de la matière minérale, ces types d'exploitation font très souvent de gros chiffres d'affaires et contribuent de façon considérable à la croissance économique des pays les abritant. Cette activité se fait généralement sur de grandes surfaces et implique l'excavation d'énormes mines à ciel ouvert qui peuvent atteindre jusqu'à 4 km de large et 1,5 km de profondeur (KUMWIMBA J., 2009).

1.3.Les formes d'exploitation minière

Les caractéristiques d'un gisement, la taille de l'investissement et le niveau de technicité pour son exploitation lui confèrent une forme particulière. Ainsi, l'on distingue deux principales formes d'exploitations minières que sont les mines à ciel ouvert et les mines souterraines.

1.3.1. Les mines à ciel ouvert

Dans une mine à ciel ouvert, on creuse une fosse en spirale et on forme des bancs de deux (2) à quinze (15) mètres qui seront dynamités pour extraire le minerai, lequel sera chargé par des pelles et transporté jusqu'au concentrateur par d'immenses camions pouvant contenir des centaines de tonnes de minerais (Comité sectoriel de main d'oeuvre de l'industrie des Mines Canada, 2016). Elle implique l'enlèvement des morts-terrains, suivi de l'excavation qui crée des anneaux concentriques de terrasses et plates-formes pour former un puits profond. Les terrasses créent une série de gradins qui augmentent la largeur du puits vers la surface. Selon la taille du corps minéralisé, les puits des mines peuvent être importants, atteignant parfois plusieurs kilomètres de largeur et jusqu'à un kilomètre de profondeur (KOUADIO A.C., 2015). Cette forme d'exploitation des mines requiert généralement des engins de chantier surdimensionnés que l'on trouve rarement dans les autres secteurs de mine (pelles, roue-pelle, draglines, tombereaux, foreuses) (POULARD F. et al, 2017). Ce sont donc des mines à grande échelle qui nécessitent de lourds investissements financiers dont la rentabilité exige une exploitation optimale du gisement.

8

C'est dans ce contexte que WESCOTT P. (2010) précise que l'exploitation se fait de façon continue, sept (7) jours sur sept (7) et vingt-quatre (24) heures sur vingt-quatre (24). Ce qui demande donc le recrutement d'une forte main d'oeuvre. Selon le même auteur, cette forme d'exploitation se fait selon cinq étapes majeures à savoir l'enlèvement de la couche arabe ; la préparation du sol ; l'enlèvement des terres recouvrant le gisement ; l'extraction proprement dite ; la remise en état initial du site par les opérations de remblayage et de reboisement.

Il faut noter qu'environ 60% des minerais extraits dans le monde viennent de mines à ciel ouvert recouvrant de grands espaces (CARRIERE R., 2003).

1.3.2. Les mines souterraines

L'exploitation d'une mine souterraine consiste à exploiter le minerai depuis une excavation souterraine sans avoir à enlever l'intégralité des matériaux stériles qui le surmontent. Une quantité minimale de morts-terrain est donc enlevée pour accéder au gisement, ce qui correspond aux travaux d'ossature. Cette forme d'exploitation se fait selon six (6) étapes principales (POULARD F. et al, 2017) qui sont l'abattage qui peut être à l'explosif ou mécanique ; l'aération forcée pour assurer l'évacuation de toutes les fumées liées aux tirs ; la purge qui consiste à sécuriser le site après les tirs afin de faciliter les étapes suivantes, via des pinces à purger ; le chargement ; le transport et le confortement qui consiste à sécuriser localement les ouvrages souterrains les plus utilisés ou les plus sensibles.

Visuellement, elle peut ressembler à une fourmilière. Il s'agit d'un immense réseau de tunnels verticaux et horizontaux permettant d'atteindre le gisement minier. Une fois extrait le minerai sera remonté à la surface par le puits et dirigé vers le concentrateur (CSMO, 2016).

Dans une mine souterraine l'on retrouve généralement :

a. Des galeries qui sont de longs tunnels qui conduisent au gisement à extraire ;

b. une rampe d'accès pour permettre aux véhicules d'accéder rapidement aux galeries des différents niveaux de la mine ;

c. puits d'accès qui est un passage vertical pour descendre de l'équipement et de la machinerie sous terre, transporter le personnel et remonter le minerai à la surface. C'est en gros une sorte de colonne vertébrale de la mine ;

d. Puits d'aération pour garantir la ventilation, la filtration ainsi que le contrôle de la température et de la qualité de l'air dans les galeries.

9

L'exploitation minière souterraine est une méthode moins destructive de

l'environnement pour accéder à un gisement de minerai, par contre, elle est souvent plus coûteuse et comporte des risques de sécurité plus élevés que l'exploitation à ciel ouvert (ALLOU T., 2015).

Ainsi recourt est fait à cette forme d'exploitation que dans les situations où les caractéristiques du minerai et la valeur de la marchandise en font une option économiquement viable (HUND K. et MAGEVAND C., 2013).

1.4.Les impacts des exploitations minières

L'urbanisation croissante dans le monde doit être accompagnée par un développement du tissu industriel mondial pour répondre aux besoins des citadins. Mais le développement de l'industrie passe par une mobilisation de fortes quantités de matières minérales. D'où un développement de l'industrie extractive à travers le monde. En amont, cela crée des richesses pour les Etats possédant un sous-sol riche. En aval, l'on retrouve les populations riveraines des exploitations minières qui font face à des incidences aussi positives que négatives.

1.4.1. Impacts socio-économiques de l'industrie extractive 1.4.1.1.Au niveau macroéconomique : une incidence controversée

Les exploitations minières ont un rôle économique très important. En effets l'extraction des ressources minières produit de la richesse qui peut être consommée ou réinvestie (BANQUE MONDIALE, 1992). Elles favorisent donc l'engrangement de bonnes recettes aux

pouvoirs publics. En Côte d'Ivoire, le chiffre d'affaire du secteur minier en 2017 fut estimé
à 538 milliards de FCFA et a généré des recettes fiscales estimées à 56,4 milliards de FCFA (BROU P., 2018).

Au Maroc, en 2009, ce secteur représentait 35% de la valeur des exportations du pays et a contribué à au moins 2,5% au PIB du pays (BABI K., 2011).

Au Mali, la rente minière a fait rentrer presque 1.200 milliards de FCFA dans les caisses de l'Etat au cours des cinq dernières années, sous forme d'impôts (62%), droits de douane (18%) et de dividendes, de taxe ad valorem et de redevances superficiaires (21%) selon GREGOIRE et al. (2015).

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Dans la zone UEMOA, la production d'or est passée de 57,6 tonnes en 2007 à 95,7 tonnes en 2011. Sur le plan commercial, les exportations d'or sont passées de 300 milliards à 2 000 milliards de 2004 à 2011 (BCEAO, 2013).

Et depuis 2006, la part des ressources minière a surpassée celle des ressources agricoles au titre de première source d'exportation dans l'union (BCEAO, 2015). Ce secteur apparait donc comme l'une des stèles du développement économique de la zone. Dans ce même contexte un rapport du trésor sud-africain et la banque monétaire internationale (2014) cité par ALLOU T. (2015), prétend que le secteur minier représente un atout pour la prospérité économique de la Guinée. Il a contribué à 14,57% du PIB sur la période de 2005-2013. Ce même rapport continu pour dire qu'aux Philippines, le secteur minier participe à près de 76% du PIB national. Ce qui correspond selon des statistiques officielles quasiment à la somme nécessaire pour éradiquer complètement la pauvreté dans ce pays.

Cependant, cette perception n'est pas partagée par tous. Certains économistes structuralistes associent l'abondance des ressources minières, à une malédiction des ressources pour les pays qui en disposent. En effet, « les performances économiques des pays décroitrait lorsque la dépendance à l'exportation des minéraux s'accroit, vu l'augmentation du taux de change des monnaies nationales et la migration du travail et du capital en provenance des autres secteurs productifs nationaux. Cela provoquerait une baisse des exportations agricoles et manufacturières, et de ce fait une économie spécialisée fort dépendante du secteur minier et de ses fluctuations » (VILLENEUVE C. et al. 2017).

L'expression « syndrome hollandais » utilisée pour qualifier cette situation, est apparue au cours des années 1970, pour qualifier la situation étrange à laquelle la Hollande faisait face.

Dans les faits, l'économie hollandaise s'est retrouvée confrontée à des difficultés suite à la mise en exploitation dans les années soixante des réserves de gaz naturel du gisement Slochteren.

1.4.1.2.Une importante activité pourvoyeuse d'emplois

Outre les effets directs des exploitations minières sur l'économie, il faut citer ses effets indirects. En effet, les mines sont un véritable secteur pourvoyeur d'emploi directs comme indirects.

En Côte d'Ivoire, il a permis la création de plus de 10 524 emplois directs en 2017. Cela peut permettre à de nombreuses familles qui stagnaient dans la pauvreté de rehausser leur

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niveau de vie et donc sur un plan plus large de lutter contre le chômage dans le pays (BROU P., 2018).

En Guinée, le secteur minier qui contribue à hauteur de 25 % au moins au PIB national et assure 60% des recettes budgétaires et 80% des recettes en devises de l'Etat, constitue le plus gros employeur du pays après la fonction publique avec plus de 10 000 emplois permanents. De plus, il a près de 100 000 travailleurs à son actif notamment avec l'exploitation artisanale, et une centaine de PME sous-traitantes nées du développement de l'activité minière (DIALLO R., 2014).

Selon la CEA (2011) « l'important secteur minier de la Tanzanie a créé près de 8 000 emplois directs et 45 000 emplois indirects. En 2009, l'industrie extractive à grande échelle employait directement plus de 17 000 personnes au Ghana. D'après une étude sur les effets socioéconomiques de l'industrie, l'entreprise Newmont Ghana Gold Ltd., qui emploie directement moins de 1800 travailleurs, déclare que ses activités ont permis de créer plus de 46 000 emplois supplémentaires par le biais de ses fournisseurs et des effets économiques plus larges ».

Le secteur minier est donc indéniablement un important générateur de richesses pour les Etats et pour les populations.

1.4.2. Une activité destructrice de l'environnement

Les exploitations minières impactent énormément le milieu naturel car c'est lui qui en est le support. Selon VILLENEUVE C. et al. (2017), leur installation d'abord implique le défrichement, le déblaiement, l'excavation et le remblai de grandes étendues. Et cela a une incidence sur le régime hydrologique et les conditions climatiques. En effet, les exploitations minières peuvent être à l'origine d'irrégularité de précipitation et d'augmentation de températures (SOW S., 2013). Cela se justifie par la perte d'absorption du dioxyde de carbone due au défrichement des forêts.

En outre, les activités extractives ont une incidence négative sur la qualité de l'air. Les machines, les camions de transport produisent des quantités de gaz à effet de serre (GES) considérables qui contribuent à l'augmentation de la pollution atmosphérique (Environnement Canada 2013b cité par MURRAY C. 2014).

En additif, FERRAND et al. (2013) dénote quatre types de sources de nuisance relatives aux mines. D'abord, il y'a les sources mobiles qui sont les véhicules poids lourd, les voitures

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qui transportent le personnel et les camions qui transportent le matériel minier. Ensuite l'on retrouve les sources fixes qui sont les principales émissions gazeuses provenant de combustion de carburants dans les installations de production électrique, des opérations de séchage, de grillage et de fusion Puis on a les émissions fugitives dont les sources courantes sont le stockage et la manutention des travaux, le traitement des mines, la poussière fugitive, l'abattage, les activités de construction et les galeries associées aux constructions minières ; et enfin les bruits et vibrations. Ils incluent les bruits en provenance des moteurs de véhicules, le chargement et le déchargement de roches dans des tombeaux en acier, les toboggans et la production électrique.

Les ressources en eau aussi ne sont pas épargnées par les effets pervers des exploitations minières. Le déversement régulier des résidus de minerais dans les eaux à proximité des exploitations aurifères de Hiré en Côte d'Ivoire a entrainé une intoxication de ces ressources en eau (ALLOU T., 2015).

Toutefois il faut préciser que les mines n'agissent pas seulement directement sur l'environnement. En effet, l'installation d'une industrie minière demande l'ouverture de voies d'accès au site. Et cela peut mettre à découvert des zones jusque-là mal connues et donner des possibilités de braconnage (MARADAN D. et al. 2011).

1.4.3. Les mines menaceraient-elles la santé des populations ?

Les activités d'extraction minière ont d'énormes répercussions sur la santé des populations. En effet l'utilisation fréquente de produits chimiques peut conduire à la contamination de produits consommés par les populations. L'émission de poussière, de gaz, et l'utilisation de produits chimiques pourrait contaminer les ressources halieutiques, animales et végétales ainsi que l'eau de boisson. Elles sont ainsi exposées aux risques de maladies comme la tuberculose, l'asthme, la bronchite chronique et les maladies gastro-intestinales (FREDERIC T., 2013).

Dans les unités d'orpaillage, l'utilisation de produits chimiques sans précautions sécuritaires est aussi la source de nombreuses maladies pour les orpailleurs. Ainsi, dans les exploitations artisanales d'or de Wamba en République démocratique du Congo (RDC), plusieurs problèmes sanitaires ont été détectés et repartis en risque sanitaires directs et risques sanitaires indirects. Les problèmes sanitaires directs sont la sidérose qui est liée à une inhalation de poussières ou au stockage excessif dans l'organisme de composés contenant du fer, l'insuffisance rénale suite à l'usage de mercure, la silicose provoquée par une inhalation de

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particules de silice dans les mines de carrière, les hernies et les traumatismes accidentels ainsi que l'éboulement du sol qui entraine des décès. Quant aux problèmes sanitaires indirects, ce sont les maladies hydriques comme la fièvre typhoïde liée à un manque d'hygiène et les infections sexuellement transmissibles (IST) liées à la proximité dans les carrières (MONIKUTIDOO A., 2010).

L'on peut aussi joindre aux effets sanitaires indirects de l'exploitation minière, la malnutrition. En effet l'ELAW (Environnemental Law Alliance Worldwide, 2010) soutient que les villes minières improvisées et les camps menacent souvent la disponibilité et la sécurité alimentaire, augmentant ainsi les risques de malnutrition.

En outre, l'OMS (2013) soutient que « l'émission de gaz provenant de la combustion de carburants dans les sources fixes et mobiles est source de maladies. L'inhalation des substances telles que la vapeur de l'amalgame de mercure et de cyanure engendre des troubles de mémoire. »

En revanche, certaines ressources minérales en elles même constituent des sources de maladie pour les populations. Cela est typique aux mines d'uranium surtout. En effet, bien que l'activité radioactive de l'uranium brut soit faible, l'irradiation est non négligeable. Les risques sanitaires sont dus notamment à l'irradiation intrinsèque de l'uranium mais aussi aux produits de sa désintégration comme le radon qui constitue la source radioactive la plus dangereuse. Il expose les travailleurs des mines d'uranium au cancer et à la leucémie (CINDYNIQUE A. et al, 2006).

1.4.4. Les incidences sociodémographiques des exploitations minières

La concentration humaine sur les sites d'exploitation minière qui sont une source d'enrichissement rapide et facile, y provoque une certaine dépravation des moeurs qui débouche sur le développement de la délinquance, la prostitution, l'usage des stupéfiants et l'escroquerie (HUMAN RIGHT WATCH, 2011).

En outre, ces phénomènes migratoires concourent à la dégradation des conditions de vie dans les zones minières. Pour FREDERIC T. (2013), la croissance de la population dans les environs d'une mine peut générer une forte pression sur les services sociaux comme la santé, l'éducation, le logement et le commerce et par contrecoup établir les bases d'une paupérisation plus aigüe des populations pauvres. La hausse des prix des loyers par exemple oblige les familles dont un membre ne travaille pas dans la mine à avoir recours à des logements de

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fortune. Ce qui peut à la suite avoir un retentissement sur leur qualité de vie et sur l'apprentissage des enfants.

Une autre conséquence de la croissance de la population dans les localités abritant des industries minières est la naissance de conflits. La recherche immodérée du gain qui anime les ouvriers sur les sites d'orpaillage peut entrainer une rivalité et semer les germes de conflits.

Les nombreuses crises que la RDC a connues avaient pour motifs l'accès, le contrôle ainsi que la commercialisation de cinq ressources minérales de première importance qui sont le colombotantalite, le diamant, le cuivre, le cobalt et l'or (OGP, 2010 cité par ALLOU T. 2015).

Toutefois, des conflits peuvent aussi naitre entre les populations autochtones des sites d'industries minières qui généralement ne bénéficient pas de la richesse de leur sous-sol et les travailleurs étrangers (FREDERIC T., 2013), qui ont une bien meilleure qualité de vie. Les populations locales nourrissent donc le sentiment de frustration qui peut très vite entrainer des révoltes.

1.4.5 Les mines : facteur de développement local

En vue de se faire accepter dans les communautés, les exploitants miniers se prêtent souvent à la réalisation d'infrastructures dans les zones abritant les sites miniers. En effet, « l'évolution de la responsabilité sociétale d'entreprise (RSE) a amené l'industrie minière a admettre que mettre en oeuvre des programmes de développement communautaire et avoir conscience des responsabilités sociales sont rentables. » (CEA, 2011).

Ainsi les différentes sociétés minières en exercice dans le département de Bouaflé ont investi dans la construction ou la réhabilitation d'infrastructures éducatives, sanitaires, et sportives dans les villages directement impactés par l'activité minière. Pour ce qui concerne la Compagnie Minière d'Afrique (CMA,) les villages Allahou Bazi et Angovia, ont bénéficié d'abord au niveau éducatif à la réhabilitation de trois (3) classes avec bureau et des logements d'enseignants. La société a par la suite construit le logement des directeurs. Au plan sanitaire, la compagnie a doté Allahou-Bazi et Angovia d'un dispensaire rural avec deux (2) logements du personnel et d'une Hydraulique Villageoise Amélioré (HVA) plus quatre (4) fontaines pour l'amélioration des conditions de vie des populations. Au niveau sportif, un (1) terrain de football a été aménagé respectivement à Allahou-Bazi et à Angovia (KOUADIO A.C., 2015).

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Dans cette même logique, la compagnie Randgold Resources qui exploite la mine d'or de Tongon dans le Nord Ivoirien a consacré 379 918 200 FCFA aux projets de développement communautaire en 2015. Deux (2) centres de santé et six (6) salles de classe ont été construits dans la communauté limitrophe de même qu'un barrage de faible capacité à Kofiple et des installations de soccer récréatif au village de Tongon. À Kationron, des rues du village ont également été ouverte (RANDGOLD RESOURCES, 2015).

A Hiré la situation n'est pas différente. La société Newcrest qui exploite la mine a investi 520 millions de FCFA entre 2010 et 2011 dans la construction d'infrastructures de base (eau, santé, route, éducation, électricité). Petit Bouaké par exemple a bénéficié d'une école primaire, Hiré d'un stade et Bouakako de logements pour les enseignants (ALLOU T., 2015).

L'activité minière apparait comme une source de développement économique pour les pays qui possèdent un sous-sol riche. L'impôt prélevé sur les exploitations et les dividendes économiques des Etats sur les revenus miniers contribuent à la croissance économique. En outre cette activité contribue à atténuer le chômage, à la réalisation d'infrastructures sociales de base et à lutter contre la pauvreté dans certains pays avec les nombreuses opportunités d'emploi tant directs qu'indirects qu'elle offre aux populations. Parallèlement à ces incidences positives sur la vie économique, il ne faut pas négliger les conséquences négatives de l'activité extractive qui sont d'ordre environnemental, sociodémographique et sanitaire. Mais vu que c'est une activité qui continuera de se développer corollairement à l'urbanisation croissante dans le monde, il devient impératif de l'inscrire dans le cadre de la durabilité.

1.5.Pour une industrie extractive durable

Plusieurs mesures sont prises pour amenuiser les effets néfastes des exploitations minières et faire d'elles un secteur bénéfique aux Etats, aux firmes industrielles et aux populations. Ainsi pour le PNUE (2008) il serait important pour les Etats de mettre en place des textes et lois en vue d'exploiter en réduisant les risques de contamination des populations liées aux résidus miniers.

Par ailleurs la Commission Economique Africaine (CEA, 2011) pense que Les gouvernements doivent mettre en place, sinon renforcer les cadres régissant l'évaluation, la gestion et la règlementation des impacts négatifs des mines. Ils doivent également renforcer les capacités et l'efficacité des organismes de régulation et améliorer la manière dont ces institutions interagissent avec les nationaux, en particulier ceux affectés par les mines.

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Pour le programme régional de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN, 2008), il faut encourager un environnement politique, économique, social favorisant une gestion et une utilisation durable des ressources naturelles, tant terrestre que maritimes. Ainsi, les exploitations minières se doivent de concevoir des méthodes pour limiter les impacts sociaux et pour valoriser les retombées positives.

Cependant, un autre défi des compagnies minières est de se faire accepter par les communautés locales. Ainsi, elles se doivent donc faire comprendre aux communautés dans quelles mesures leurs activités peuvent aussi contribuer au développement local (DESHAIES M., 2007).

Les activités d'exploitation minière doivent alors être bénéfique à toutes les parties prenantes (Pouvoir publics, communautés, entreprises). Pour BOTTIN J. (2009) cité par BRUNO B. et FRANCIS S. (2016) , les politiques de développement durable dans le secteur minier doit correspondre à une « approche de gestion qui intègre efficacement les questions économique, environnementales et sociales dans les opérations, visant à créer des avantages à long terme pour les parties prenantes, y compris les actionnaires, et à assurer le soutien, la coopération et la confiance des communautés locales dans laquelle l'entreprise évolue ». Pour cela, la chaire en éco-conseil (2012) définit trois bases prioritaires en vue d'opérationnaliser la durabilité dans l'industrie minière. Ce sont le renforcement de la mise en oeuvre de la responsabilité sociale d'entreprise (RSE) ; l'implication des partie prenantes dans la prise des décisions et le rôle du secteur public.

En somme, nous pouvons dire que les écrits consultés traitent en essences de l'approche définitionnelle du développement, des formes et types d'exploitation minière ainsi que de leurs impacts économiques, environnementaux, sanitaires et sociodémographiques. Toutefois la question relative à la contribution de la mine d'or de Sissingué au développement de la souspréfecture de Kanakono n'a pas encore été abordée. Cela explique l'importance de mener cette étude en vue de connaitre les effets de la mine d'or de Sissingué sur le développement de la sous-préfecture de Kanakono.

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2. PROBLEMATIQUE

L'économie de plantation fut introduite en Côte d'Ivoire par la puissance coloniale. Après la pacification de la colonie en 1880, l'étape suivante consistait pour les colons d'entamer l'exploitation de celle-ci par la mise en valeur de ses potentialités naturelles. Ainsi, fut mises en place les économies cacaoyères et caféières (SOUMAHORO M., 2006). Les colons français ont ainsi mené plusieurs actions en vue de développer les économies cacaoyères et caféières qui existaient déjà dans la Région de Tabou avec une petite production indigène de café et de cacao intégrée à l'économie côtière libérienne. À cet effet, ils ont entrepris la diffusion de l'économie de plantation, importé certaines variétés de café et de cacao, créé des stations agricoles et des formes d'encadrement, et encouragé les migrations de travail (CHAVEAU et DOZON, 1985).

Après les indépendances, le système économique du pays n'a pas considérablement changé. Au contraire de nombreux efforts ont été fournis pour élargir la brèche ouverte par la puissance coloniale, en développant les spéculations agricoles que sont le café et le cacao (Cogneau D. et Mesple-Somps S, 2002) mais aussi en introduisant de nouvelles espèces telles que l'anacarde, le coton etc. La réussite de cette politique économique a permis à l'Etat ivoirien d'enregistrer une excellente performance économique dans les deux décennies post indépendance. Cette performance a occasionné l'initiation d'un ambitieux programme de développement des infrastructures et d'équipements sur le plan national (KOFFI Y.S.K, 2012).

Toutefois, la chute des cours des matières premières agricoles sur le marché international associée à l'envolée spectaculaire du cours du pétrole (KOFFI Y.S.K, 2012), précipitera le pays dans une crise économique dans les années 1980. Une diversification des sources de revenu de l'Etat s'est ainsi imposée aux autorités. De ce fait, la valorisation d'autres secteurs d'activité comme celui des mines fut donc initié. La Cote d'Ivoire dispose en effet d'énormes potentialités minières. Pour ce qui est de l'or, le ministère de tutelle estimait en 2014 le potentiel à 600 tonnes. La volonté des autorités de faire du secteur extractif le second pilier de l'économie du pays se traduira par une révision de la législation minière (KOFFI Y.B. et al. 2014). En effet, pour attirer les transnationales minières, l'Etat ivoirien s'est engagé dans un processus d'amélioration de la gouvernance minière afin d'optimiser la production et de la diversifier. Pour la circonstance, un nouveau code minier (Loi N°2014-138 du 24 Mars 2014) plus attractif pour les investisseurs et en cohérence avec les principes de transparence de traçabilité et de responsabilité sociétaire fut adopté. Corollairement, l'afflux des transnationales minières vers le pays débouchera sur la découverte et la mise en exploitation de nombreux

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gisements miniers tels que celui Sissingué dans le Nord du pays. Cette mine est située dans la sous-préfecture de Kanakono et est exploitée par la société australienne Perseus Mining Limited (PML) depuis le début de l'année 2018. Cette transnationale y détient une participation de 86%, le gouvernement ivoirien 10% et 4% pour des entreprises locales (PML, 2018)

Les textes régissant le secteur minier en Côte d'Ivoire font des exploitants miniers des acteurs du développement de leurs arrière-pays. Dans un tel contexte, la mine d'or de Sissingué représente un important motif d'espoir pour les populations de la sous-préfecture de Kanakono quand le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP, 2002) présente cette zone du pays comme l'une des plus pauvres. Par ailleurs elle est en proie à un sous-équipement. Ainsi, l'on se demande comment l'exploitation de la mine d'or de Sissingué participe-t-elle au développement de la sous-préfecture de Kanakono ?

De cette question centrale, découlent trois autres qui sont :

· Quelles sont les caractéristiques de la mine d'or de Sissingué ?

· Comment expliquer les incidences socio-économiques et spatiales issues de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ?

· Quelle analyse fait-on des effets résultant de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ?

3. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

3.1.Objectif général

Déterminer la contribution de la mine d'or de Sissingué au développement de la sous-préfecture de Kanakono

3.2.Objectifs spécifiques

Pour l'atteinte de l'objectif général ci-dessus trois objectifs subsidiaires ont été fixés. Il s'agit de :

· Présenter les caractéristiques de la mine d'or de Sissingué ;

· Expliquer les incidences socio-économiques et spatiales de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono ;

· Analyser les effets résultant de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué.

5.

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METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

4.1.Les hypothèses de la recherche

4.1.1. Hypothèse générale de recherche

L'exploitation de la mine d'or de Sissingué concourt au développement de la sous-préfecture de Kanakono..

4.1.2. Hypothèse spécifiques

En abordant cette étude, nous supposons que :

? L'exploitation de la mine d'or de Sissingué permet d'améliorer le niveau d'équipement de la sous-préfecture de Kanakono en services sociaux de base ;

? L'exploitation minière de Sissingué a des incidences négatives sur la santé des populations.

4.2.Les variables d'analyse

Les variables d'analyse sont les caractères qui permettront de vérifier les hypothèses et d'atteindre les objectifs fixés. Elles se répartissent en variables quantitatives ou mesurables et en variables qualitatives ou appréciables. Dans cette étude, ces variables permettront de caractériser la sous-préfecture de Kanakono ainsi que d'appréhender la mise en exploitation de la mine et de la caractériser. En outre, elles permettront d'apprécier l'apport de cette mine au développement de la sous-préfecture de Kanakono et de déterminer ses incidences négatives et les risques liés à son exploitation.

4.2.1. Les variables physiques de la zone d'étude

Variables qualitatives

Variables quantitatives

- Type de sol

- Type de relief

- Type de végétation

- Niveau de drainage

- Niveau de pluviométrie

- Nombre de cours d'eau

- Taille des cours d'eau

Ces variables nous permettront de connaitre le rôle des conditions physiques dans le développement de la sous-préfecture de Kanakono.

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4.2.2. Variables humaines de la zone d'étude

Variables qualitatives

Variables quantitatives

- Structure selon le sexe

- Structure selon la nationalité

- Niveau d'alphabétisation

- Nombre d'habitants par sexe

- Nombre d'habitants par nationalité

- Taux d'alphabétisation

Ces variables permettront de mettre en évidence les caractéristiques de la population de la sous-préfecture de Kanakono. Par ailleurs, elles serviront à monter les potentialités humaines de la zone.

4.2.3. Variables économiques de la zone d'étude

Variables qualitatives

Variables quantitatives

- Typologie des activités économiques

- Atouts économiques

- Contraintes de développement économique

- Production agricole

- Proportion de populations par activité

économique

- Prix des denrées alimentaires

A travers ces variables, les potentialités économiques de la sous-préfecture de Kanakono seront connues. Elles serviront aussi à comprendre le niveau de développement économique de la zone.

4.2.4. Variables liées au niveau d'équipement de la zone d'étude

Variables qualitatives

Variables quantitatives

- Niveau de dotation en équipements

- Nombre de centres de santé par localité

éducatifs

- Nombre d'établissements scolaires par

- Niveau de dotation en équipement

localité

sanitaires

- Nombre de Châteaux d'eau

- Niveau d'adduction en eau potable

- Nombre de HVA

- Niveau d'électrification

- Kilométrage de routes revêtues

- Etat des équipements éducatifs

- Kilométrage de routes non revêtues

- Etat des équipements sanitaires

 

- Etat des HVA

 

- Etat des routes

 

- Typologie des services publics

 

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Ces variables permettront de montrer le niveau d'équipement de la sous-préfecture de Kanakono en qui ce qui concerne l'éducation, la santé, l'adduction en eau potable, l'électrification et la voirie.

4.2.5. Variables relatives aux enjeux liés à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué

Variables qualitatives

Variables quantitatives

- Niveau de développement économique

- Taux de chômage

- Politique économique nationale

- Surface totale réquisitionnée

- Politique de développement du secteur

- Superficie selon le type d'espace

minier

- Nombre de personnes dépossédées des

- Problèmes de développement local

terres

- Processus de réquisition des terres

- Nombre de personnes dédommagées

- Typologie des espaces réquisitionnés

selon le type d'espace

- Termes des indemnisations selon le type

- Montant total des indemnisations

d'espace

- Nombre de conflits

- Nature des conflits

 

- Mode de règlement des litiges

 

Ces variables permettront de comprendre les enjeux et les motivations qu'il y a autour de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ainsi que les actions qui ont mené à cette exploitation.

4.2.6. Variables relatives aux caractéristiques de la mine d'or de Sissingué

Variables qualitatives

Variables quantitatives

- Type d'outillage

- Nombre d'employés de la mine

- Niveau de technicité

- Nombre d'employés selon l'origine

- Méthodes d'exploitation

- Nombre d'employés selon le niveau

- Charte RSE

d'instruction

- Types d'employés de la mine

- Nombre d'employés selon la nationalité

- Niveau d'instruction des employés

- Nombre d'employés selon le type

- Nationalité des employés

d'emploi

- Origine des employés

- Reserve minière de l'exploitation

- Structure des employés par sexe

- Production minière par an

 

- Cout de l'exploitation

 

- Durée de l'exploitation

A travers ses variables, nous présenterons les caractéristiques de la mine d'or de Sissingué et de sa ressource humaine.

22

4.2.7. Variables relatives aux incidences socio-économiques et spatiales de la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono

Variables qualitatives

Variables quantitatives

- Typologie des équipements réalisés

- Nombre d'emplois directs créés

- Planification du développement local

minier

- Nombre d'emplois indirects créés

 

- Nombre d'équipements générés

- Besoins des populations

 

- Niveau de subvention aux besoins de la

- Nombre d'équipements réalisés par type

population

- dynamisme des activités économiques

- Nombre d'équipements réalisés par

localité

- Types d'activités liés à la mine

- Nombre de localités ayant bénéficié

d'actions communautaires de Perseus

- Origine des employés

Mining Cote d'Ivoire (PMCI)

- Pression sur le logement

- Montant alloué aux projets

communautaires par PMCI

A travers ses variables, nous pourront mettre en exergue l'apport de la mine d'or de Sissingué à la sous-préfecture de Kanakono en termes d'emploi et d'équipement.

4.2.8. Variables relatives aux effets néfastes de la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono

Variables qualitatives

Variables quantitatives

- Niveau de dégradation du sol

- Taille de déchets produits

- Niveau de pollution

- Surface pédologique dégradée

- Niveau de destruction de la végétation

- Nombre de malades

- Nature des produits chimiques utilisés

- Nombre de centres de santé

- Maladies fréquentes

 

- Causes de maladies

 

- Mode de prévention des maladies

 

- Niveau de morbidité

 

- Localisation des malades

 

- Dynamisme de l'activité agricole

 

- Evolution des prix des denrées alimentaires

 

- Risques indirects liées à la découverte de

gisements miniers

 

- Mesure d'atténuation des effets

environnementaux

 

- Mesure de prévention des risques sanitaires

 

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Ces variables aideront à savoir si l'exploitation de la mine d'or de Sissingué occasionne des effets négatifs sur l'environnement et la santé des populations de la sous-préfecture de Kanakono comme cela est le cas dans plusieurs mines. Par ailleurs, elles serviront à sonner l'alerte quant aux éventuels risques auxquels est exposée la sous-préfecture de Kanakono.

4.3.Les unités d'observation

Ce sont les grands ensembles sur lesquels nous appesantiront nos observations et nos analyses afin de déterminer les incidences de l'exploitation minière de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono. Ce sont, les données physiques, humaines, économiques, infrastructurelles, environnementales et sanitaires.

4.3.1. Les données humaines, économiques et infrastructurelles

Comme souligné dans la revue de la littérature, la notion de développement dans cette étude est assimilée à la dotation en équipement et à l'amélioration des conditions économiques qui peuvent jouer un rôle important dans l'amélioration des conditions de vie des populations. Dans ce contexte, les données humaines, économique et infrastructurelles nous permettront de connaitre le rôle que joue la mine d'or de Sissingué dans le processus de développement de la sous-préfecture de Kanakono.

4.3.2. Les données environnementales et sanitaires

Quoique pouvant se positionner comme de véritables stimulateurs du développement local, les exploitations minières ont parfois des incidences environnementales puis sanitaires indésirables. Ainsi, parallèlement au rôle que la mine d'or de Sissingué pourrait jouer dans le développement de la sous-préfecture de Kanakono, ces unités d'observation permettront de connaitre les effets néfastes qui peuvent en résulter.

4.4.Les échelles d'observation

Dans le souci de mieux appréhender les impacts de la mine d'or de Sissingué sur le développement de la sous-préfecture de Kanakono, nous avons choisi comme échelles d'observation le niveau départemental, le niveau sous-préfectoral et enfin celui des villages.

4.4.1. L'échelle départementale

C'est la macro-échelle de cette étude. Bien que le sujet soit relatif à une zone sous-préfectorale, l'échelle départemental a été choisi car certaines données d'analyse ont étés

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réalisées uniquement qu'à cette échelle. Le domaine sous-préfectoral étant inclut dans le domaine départemental, les données en question pourront être affectées à l'échelle de l'espace d'étude.

4.4.2. L'échelle sous-préfectorale

Cette échelle permet d'appréhender l'importance des infrastructures réalisées ainsi que leurs portées. Toutefois, elle sera considérée comme entité en charge de la gestion, de la régulation des rapports exploitant-population dans cette étude.

4.4.3. L'échelle des villages

L'étude des villages nous permettra de connaitre la participation de PMCI au développement de ces localités rurales qui constituent la sous-préfecture de Kanakono. En outre, ils seront considérés comme entité en charge de la gestion foncière et abritant les populations locale, potentielles bénéficiaires des actions de développement communautaire de PMCI.

4.5.La collecte des données

Les données ayant servis à élaborer ce travail ont été collectés de deux manières. D'une part, une recherche documentaire a été menée. Et d'autre part, nous avons effectué une enquête de terrain en vue de mieux appréhender les réalités que revêt notre sujet.

4.5.1. La recherche documentaire

Les fouilles menées sur la toile et à la bibliothèque de l'UPGC ainsi que notre base données documentaires, ont permis de consulter une pluralité d'ouvrages. Ce sont entre autres des articles, des mémoires de fin de cycle, des thèses de doctorat, des rapports de commission, des rapports d'activité, des documents administratifs

Les articles consultés ont permis de mieux appréhender le concept de développement et de connaitre les incidences possibles de l'exploitation des ressources minières.

Quant aux thèses et aux mémoires, ils ont permis de recueillir des informations relatives au concept de développement et aux mesures de durabilité du secteur de l'industrie:

Les rapports de la BCEAO, « Étude monographique sur le secteur de l'or dans l'UEMOA » présenté en 2013 et « Impacts économiques du développement du secteur minier dans l'UEMOA » présenté en 2015 ont permis d'avoir des informations relatives à l'importance

25

de l'industrie aurifère dans la zone UEMOA et le rôle de l'industrie extractive dans le développement économique de ladite zone.

La monographie de la sous-préfecture de Kanakono a permis de connaitre les atouts et les contraintes au développement de cette zone en présentant ses caractéristiques physiques, humaines, économiques et niveau d'équipement.

Certaines informations relatives aux potentiels effets environnementaux, sanitaires et sociaux ont été obtenues grâce au rapport de l'étude d'impact environnemental et social (EIES) de la mine d'or de Sissingué. En outre le rapport 2018 des activités de Perseus Mining Cote d'Ivoire (PMCI) a fourni des renseignements sur la production d'or en 2018, les projections en matière de production et la politiques de développement communautaire.

Le code minier ivoirien de 2014 a permis d'avoir une idée de la nouvelle orientation que les politiques veulent donner au secteur extractif tout en présentant de façon plus détaillée le cadre législatif en vigueur en ce qui concerne le domaine minier en Côte d'Ivoire.

4.5.2. L'enquête de terrain

C'est l'étape de l'étude qui a permis d'entrer dans le vif du sujet. Elle s'est faite par observation direct et par entretien.

4.5.2.1.L'observation directe

L'enquête de terrain a permis de nous imprégner des réalités de la localité d'étude et du sujet. Elle a par ailleurs permis l'observation directe de l'étendue de l'exploitation minière, le type de végétation, le type de relief, le type d'activités économiques, le type d'outils utilisés ainsi que le niveau d'équipement de la zone. A cela il faut ajouter, les infrastructures générées et leur état, les activités économiques indirectes générées, le niveau de dégradation du sol ainsi que le niveau de pollution. Ces variables ont été importantes dans l'appréciation des impacts de l'exploitation minière industrielle dans la sous-préfecture de Kanakono.

4.5.2.2.Les entretiens

L'acquisition des données dites primaires en rapport avec cette étude a nécessité la consultation d'un certain nombre de personnes ressources. Celles-ci ont été réparties en personnes ressources institutionnelles et communautaires.

a. 26

Les personnes ressources institutionnelles

Ce sont les autorités administratives qui ont pris une part active dans la mise en exploitation de la mine d'or de Sissingué et qui interviennent dans le contrôle des activités d'exploitation. Il faut joindre à ceux-ci les autorités administratives de la sous-préfecture de Kanakono. Ce sont la direction départementale de l'agriculture de Tengrela, le secrétaire général de la préfecture de Tengrela, le sous-préfet de Kanakono, le chef du service socioculturel et le directeur du service financier de la mairie de Kanakono, le gestionnaire des données du district sanitaire de Tengrela. Ces personnes ressources ont fourni des informatives relatives au processus de mise en exploitation de la mine, aux mesures règlementaires de l'indemnisation, à l'impact des activités d'extraction aurifères sur l'environnement et sur la santé des populations, aux retombées de l'exploitation minière pour les populations et à la planification du développement local minier (DLM). Par ailleurs, particulièrement, les services de la sous-préfecture et de la mairie de Kanakono ont permis de connaitre le niveau d'équipement de la zone.

b. Les personnes ressources communautaires

Il s'agit des autorités coutumières et des présidents de groupement communautaires de la sous-préfecture de Kanakono. En plus d'avoir été très actifs dans le processus de mise en exploitation de la mine d'or, ils constituent les intermédiaires entre la population et PMCI. Ils sont donc très bien placés pour fournir des informations sur l'acquisition du site d'exploitation, sur les actions communautaires de PMCI et sur les attentes des populations vis-à-vis de cette exploitation minière. Ce sont les chefs des villages de Kanakono, et Zanikan, les présidents de jeune des villages de Zanikan et de Kanakono, les présidentes des femmes de Kanakono, Sissingué et Zanikan, le chef de terre de Sissingué. En outre, un entretien a été fait avec un groupe représentatif du Comité de Consultation et de Concertation (CCC) de Sissingué constitué par le chef du village, l'imam du village et le président. Ces personnes ont également permis de recueillir des données sur la planification du DLM.

Il faut par ailleurs souligner que des entretiens étaient prévus avec certains cadres de Perseus Mining Cote d'Ivoire notamment les directeurs des départements des ressources humaines, du développement durable et de l'environnement. Mais compte tenu de l'indisponibilité de ceux-ci, nous avons été redirigés vers le site internet de la société sur lequel nous avons pu télécharger certains documents même si ceux-ci n'ont pas satisfait la totalité de notre besoin en information.

27

Tableau 1:Synthèse des entretiens réalisés

Typologie des
personnes ressources

Personnes ressources

Type des entretiens

Objets de l'entretien

Personnes ressources
institutionnelles

Secrétaire générale de la préfecture
de Tengrela

Individuel

- processus de mise en

exploitation de la mine

- mesures règlementaires des

indemnisations

- l'impact des activités

d'extraction aurifères sur
l'environnement et sur la

santé des populaces

- les retombées de

l'exploitation minière pour les populations

- la planification du DLM

- le niveau d'équipement de la

zone

La direction départementale de
l'agriculture de Tengrela

Individuel

Le district sanitaire de Tengrela

Individuel

Le sous-préfet de Kanakono

Individuel

Les chefs des services
socioculturels et financiers de la
mairie de Kanakono

Individuel

Personnes ressources
communautaires

Les chefs des villages de Kanakono
et Zanikan

Individuel

- l'acquisition du site

d'exploitation

- les actions communautaires

de PMCI

- les attentes des populations

- la planification du DLM

CCC de Sissingué

Collectif

Présidents des jeunes de Zanikan,
Sissingué et Kanakono

Individuel

Chef de Terre de Sissingué

Individuel

Présidentes des femmes de
Kanakono, Zanikan et la
viceprésidente des femmes de
Sissingué

Individuel

4.6.Présentation de la zone d'étude

La région de la Bagoué est située dans le septentrion ivoirien. Cette région est composée de trois (03) départements à savoir Boundiali, Kouto et Tengrela. C'est à la dernière citée qu'appartient la sous-préfecture de Kanakono. Elle est limitée à l'Ouest par la sous-préfecture de Tengrela, à l'est par le Mali et au Sud par les sous-préfectures de Blessegue et de Katogo. Elle est située à 24 kilomètres de Tengrela qui est le chef-lieu de département et est composée de 6 villages y compris le chef-lieu que sont Zanikan, Sissingué, Pourou, Lomara, Kanakono et Pôpô (carte 1). C'est une sous-préfecture peuplée par 22 901 âmes (RGPH, 2014).

L'agriculture y est pratiquée comme activité principale. L'élevage de bovins et d'ovins joue le rôle d'activité secondaire. Mais, fort d'un potentiel minier non négligeable, la sous-

préfecture de Kanakono est devenue un bastion des orpailleurs clandestins. La présence de

28

nombreux sites d'orpaillage artisanal clandestin, a provoqué une ruée de population dans la zone. Cela a occasionné une pression sur les équipements sociaux de base, une cherté du cout de la vie et plongé la zone dans une situation de pauvreté très aigue. Selon le DSRP, la sous-préfecture de Kanakono connait un taux de pauvreté de 77,33%. Toutefois, les autorités administratives de cette zone ont entrepris la fermeture de ces sites d'orpaillage artisanal clandestins.

Parallèlement à cela, cette sous-préfecture abrite l'une des plus importantes exploitations minières de la grande zone septentrionale du pays. L'étude du rapport entre exploitation minière et développement dans la sous-préfecture de Kanakono se fonde sur le fait pour nous de mettre en exergue les mesures dans lesquelles cette mine pourrait concourir au développement d'une zone connaissant une situation sociale à la limite, critique.

Carte 1 : Localisation de la sous-préfecture de Kanakono

29

4.7.Approche théorique de l'étude 4.7.1. Le développement durable

Le développement durable (DD) tel que définie par la commission mondiale sur l'environnement et le développement est un développement qui répond aux attentes des générations actuelles sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs (REDCLIFT, 2005). Inspiré par l'accroissement des incidences négatives des activités humaines sur l'environnement, les politiques de développement durables reposent sur la prise en compte de trois dimensions que sont la dimension environnementale, la dimension sociale et la dimension économique.

Social

Equitable Viable

DD
vivable

Economique

Ecologique

Figure 1:Approche systémique du développement durable Source : Ducroux (2002) cité par Bertrand (2005)

Le mieux-être social nécessite une production de richesse. Ainsi donc, Les entreprises doivent développer la croissance et l'efficacité économique, à travers des modes de production et de consommation durables (DURAND M.H. et al. 2010). Cependant cela doit se faire de façon raisonnable de sorte à garantir l'accès aux ressources des générations à venir. On parle donc d'équité. En outre, les entreprises doivent réduire au maximum leurs impacts sur l'environnement afin de permettre aux populations de vivre dans un cadre sain. On parlera de viabilité et de vivabilité.

30

4.7.2. Le développement durable minier

Dans la situation actuelle marquée par une promotion du développement durable dans tous les secteurs d'activité, le développement minier repose sur trois conditions. D'abord, toute exploitation minière doit être écologique, respectueuse de l'environnement. Si l'extraction de la matière minérale ne peut se faire sans impacter le milieu naturel, il faudrait que des mesures soient prises pour amoindrir cet impact. Cela passe par exemple par une exploitation rationnelle des ressources minérales, des mesures de régénération du couvert végétal et de restructuration du sol ainsi que la gestion efficace des produits chimiques.

Ensuite, les exploitations minières doivent être sociales. En effet il faudrait que l'exploitation des matières minérales puisse participer au développement des sociétés qui les abritent. Cela en vue d'éviter une fuite totale des capitaux, de faire bénéficier les populations de la richesse de leur sous-sol et de ne pas détériorer la qualité de vie locale. Ainsi, la construction d'équipements sociaux de base, l'initiation de projets communautaires par les exploitants par exemple pourraient socialiser les exploitations minières.

Enfin, il faudrait que les exploitations minières soient économiquement bénéfiques aux populations locales. Ainsi, elles doivent être actrices de l'exploitation. C'est-à-dire que les exploitations minières doivent pouvoir générer des emplois, directs ou indirects pour les populations locales. Celles-ci pourront ainsi élever leur niveau de vie, réinvestir leurs gains et soutenir par ricochet le développement local.

Respectueuse de l'environnement

Contribue au bien - être social

Exploitation minière

Développement

Production de richesse
pour les parties prenantes

Figure 2: Modélisation du développement minier (SORHO F.D.) Source : Modèle adapté de Jourdren (2010)

31

4.8.Le traitement des données

Les données recueillies sur le terrain ont été converties en texte, tableaux, graphiques et cartes. Ainsi recourt a été fait à une diversité de logiciels. Ce sont :

? Microsoft Word 2013 pour la rédaction des textes,

? Microsoft Excel 2013 pour la réalisation des tableaux statistiques et des graphiques, ? ArcGis pour la réalisation des cartes.

4.9.Les difficultés rencontrées

Dans notre quête d'information, nous avons été confrontés une multitude de difficultés.

Nous avons fait face à une réticence et à l'indisponibilité de certaines personnes dites ressources qui auraient pu nous donner des informations plus détaillées en vue de mieux expliciter certains pans de cette étude. Ce sont les directeurs de certains services de la mine, le directeur départemental des mines de Tengrela et le préfet du département de Tengrela. Pour y remédier nous avons dû faire recours à l'observation, à des ouvriers de la mine et à des subordonnées de certaines personnes ressources qui ne disposent peut-être pas des informations exactes. Les données recueillies pourraient donc être approximatives. Ensuite, nous avons fait face à une méfiance de certaines autorités coutumières qui se sont réservé de s'exprimer sur certaines questions comme celle des indemnisations qui a été conflictuelle. En plus certaines informations jugées trop sensibles par les autorités administratives de Kanakono n'ont pas pu être obtenues. La mauvaise organisation des groupements de jeunesse dans la sous-préfecture s'est avérée préjudiciable à notre quête d'information. Enfin, le mauvais état de la voirie a constitué un obstacle majeur pour notre mobilité dans la zone. De ce fait une moto, engin que nous avons trouvé plus adéquat a été emprunté pour effectuer nos déplacements.

32

TABLEAU SYNOPTIQUE

Problème de recherche

Questions de recherche

Objectifs de recherche

Hypothèse de recherche

Méthodologie

Résultats

L'impact de la mine d'or
de Sissingué sur le
développement de la sous-
préfecture de

Kanakono

Quels sont les caractéristiques de
la mine d'or de Sissingué ?

Présenter les

caractéristiques de la mine d'or de Sissingué

 

- Recherche

documentaire

- Entretiens

- Observation

directe

PARTIE 1

Mise en exploitation de la mine d'or de

Sissingué

Comment expliquer les incidences
socio-économiques et spatiales
issues de l'exploitation de la mine
d'or de Sissingué ?

Expliquer les incidences
socio-économiques et
spatiales de l'exploitation
de la mine d'or de
Sissingué dans la sous-
préfecture de Kanakono

L'exploitation de la mine d'or
de Sissingué permet
d'améliorer le niveau
d'équipement de la sous-
préfecture de Kanakono en
services sociaux de base

- Entretien

- Observation

PARTIE 2

Incidences de
l'exploitation
aurifère de

Sissingué sur le
développement de
la sous-préfecture de
Kanakono

Quelle analyse fait-on des effets
résultant de l'exploitation de la
mine d'or de Sissingué ?

Analyser les effets
résultant de l'exploitation
de la mine d'or de
Sissingué

L'exploitation minière de Sissingué a des incidences négatives sur la santé des populations

- Observation

- Entretiens

PARTIE 3

Impacts négatifs de
l'exploitation

minière de
Sissingué

33

PARTIE I : MISE EN EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE

Les cultures du café et du cacao furent introduites en Côte d'Ivoire par la puissance coloniale qui a alors misé sur une exploitation extensive des ressources naturelles. Après l'indépendance, ces cultures ont été mises au centre du système économique ivoirien. Ainsi, diverses politiques ont été initiées pour développer le binôme café-cacao. Le succès de ces cultures a permis de mettre en marche le train du développement du pays. Mais la chute des couts des matières premiers agricoles dans les années 1980 a montré les limites d'une économie basée sur l'exportation des matières premières agricoles. Des mesures de diversification de l'économie ivoirienne furent donc promues. C'est dans ce contexte que s'inscrit la politique de développement du secteur minier dans le pays. Mais il faut noter que jusqu'à un passé récent, ce secteur souffrait toujours d'adynamie. Ainsi, le code minier du pays fut revu afin d'attirer les investisseurs étrangers. Depuis lors plusieurs transnationales minières ont afflué vers le pays. Cela a conduit à la découverte et à la mise en exploitation de plusieurs sites miniers dans le pays dont la mine d'or de Sissingué. La mise en exploitation de ce gisement minier a impliqué une appropriation foncière par l'exploitant et ses corollaires. Donc pour étudier l'impact de la mine d'or de Sissingué sur le développement de la sous-préfecture de Kanakono, il convient de présenter les enjeux qu'il y a autour de cette exploitation minière ainsi que ses caractéristiques. Mais pour mieux cerner ces enjeux, présentons-nous d'abord les caractéristiques de la sous-préfecture de Kanakono.

34

CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO

La politique administrative de la Cote d'Ivoire repose sur les politiques de décentralisation et de déconcentration. La première consiste à une délégation de pouvoir à des élus en vue de promouvoir le développement local. Quant à la seconde, elle consiste à une délégation de pouvoir à des personnes nommées par l'exécutif en vue de le représenter dans certaines divisions administratives de sorte à rapprocher l'administration des administrés. Les divisions administratives en question sont la région, le département, la sous-préfecture et le village.

Kanakono a été érigé en sous-préfecture le 13 novembre 1996. Elle est née de l'éclatement de l'ancienne et unique Sous-préfecture de Tengrela en deux (02) circonscriptions administratives par le décret n°86-1021 du 24 septembre 1986. Aux deux (02) circonscriptions administratives du Département, il faut aujourd'hui ajouter celles de Debete, puis de Papara.

Quelles sont les caractéristiques physiques, humaines et socio-économiques de cette sous-préfecture ?

Quel est son niveau d'équipement ?

1.1. Caractéristiques de la sous-préfecture de Kanakono

Les caractéristiques physiques de la sous-préfecture de Kanakono sont relatives au relief, le climat, la végétation, le sol et l'hydrographie. Quant aux caractéristiques socioéconomiques, il s'agit de la structure de la population des localités de la sous-préfecture et des principales activités économiques qu'elle exerce.

1.1.1. Caractéristiques physiques

La sous-préfecture de Kanakono est située dans le Nord ivoirien et donc sous l'influence du climat tropical de transition ou climat soudanais. Ce climat est caractérisé par deux saisons bien différenciées à savoir une saison de pluie de mi-Avril à fin Octobre et une saison sèche de Novembre à mi-Avril. Pendant la saison des pluies les hauteurs maximales de précipitation se produisent de Juillet à Septembre. La saison sèche est caractérisée par des écarts thermiques élevés, la permanence de la brume sèche, la faiblesse de la nébulosité et l'absence quasi-totale des précipitations pendant les mois de Décembre, Janvier et Février.

La végétation est composée d'une savane 'arbustive dominée dans les bas-fonds par des forêts galeries et de hautes herbes en saison des pluies. Cette couverture végétale précaire

35

pousse sur un sol ferrugineux très poreux et caillouteux, non appropriée pour l'agriculture intensive. Quant au relief, il est peu contrasté ; il est constitué d'un ensemble de plateaux et de buttes cuirassées à leur sommet.

Le réseau hydrographique de la sous-préfecture de Kanakono est marqué par la présence d'un seul cours d'eau à savoir la Bagoué et ses affluents qui sont secs en dehors de la saison des pluies pour certains et à moitié intermittents pour d'autres.

1.1.2. Caractéristiques humaines et économiques

1.1.2.1. Une population composite et en croissance

La population de la sous-préfecture de Kanakono a connu une croissance depuis le recensement général de la population et de l'habitat de 1998 (figure 3).

Population

12000

10000

8000

6000

4000

2000

0

Kanakono Lomara Popo Pourou Sissingué Zanikan

1998 2014

Localités

Figure 3:La population des localités de la sous-préfecture de Kanakono en 1998 et en 2014 Source : Monographie de la sous-préfecture de Kanakono/RGPH 2014

La sous-préfecture de Kanakono a vu sa population plus que doubler de 1998 à 2014 avec un taux de croissance de 5,36% sur cette même période. La localité de Kanakono est la plus peuplée (Carte 2) de la sous-préfecture avec une population qui est passée de 4387 habitants en 1998 à 10.127 habitants en 2014.

36

Carte 2:Repartition de la population de la sous-préfecture de Kanakono selon le

RGPH 2014

Cela pourrait s'expliquer par l'érection de cette localité en chef -lieu de sous-préfecture en 1996. Ce rôle administratif pourrait être un facteur d'attraction des populations. En outre cette croissance de la population trouve sa justification dans la découverte de plusieurs gisements aurifères qui ont ensuite fait objet d'exploitation artisanale.

Cette même raison explique la croissance démographique qu'ont connue toutes les autres localités de la sous-préfecture de Kanakono (figure 3). Avec la découverte d'autres gisements miniers dans la sous-préfecture et la ratification de l'exploitation minière semi-industrielle par le code minier du pays, la population de cette sous-préfecture continuera de croitre. Cela va sans doute amplifier les mouvements migratoires tant internes qu'externes vers

37

cette zone qui abrite déjà de nombreux étrangers. En effet, la sous-préfecture de Kanakono abrite 5717 individus non ivoiriens. Cela représente environ 25% de la population de cette sous-préfecture (figure 4). Ce sont entre autres des burkinabés, des maliens, des guinéens vénus essentiellement pour l'exploitation artisanale de l'or et des ghanéens qui exercent dans la coiffure et les activités de loisir (maquis, prostitution...).

Ivoiriens

Non ivoiriens

24, 96 %

75, 04 %

Figure 4:La population de la sous-préfecture de Kanakono selon la nationalité Source : INS, 2014

1.1.2.2. Caractéristiques économiques

Les principales activités économiques de la sous-préfecture de Kanakono sont l'agriculture, l'élevage, le commerce, le transport et l'activité extractive artisanale.

L'activité agricole est orientée vers les cultures de rente et les cultures industrielles. Les cultures de rentes sont, l'anacarde, le coton, et la mangue avec une faible production. S'agissant du coton, la présence de la structure `'Ivoire Coton» dans la zone permet une meilleure organisation de la filière avec onze (11) coopératives. Au niveau de l'anacarde, les paysans tentent tant bien que mal de se regrouper en coopérative. Cependant, les producteurs individuels restent les plus nombreux. Au niveau du vivrier, les principales cultures pratiquées dans la sous-préfecture de Kanakono concernent, par ordre de grandeur, le maïs, l'arachide, le riz, le sorgho, le mil et les produits maraichers (oignon, chou, aubergine, piment, gombo, tomate).

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L'activité pastorale dans la sous-préfecture de Kanakono est fortement dominée par l'élevage des bovins. Cependant le cheptel a fortement baissé depuis la crise politico-militaire qu'a connue le pays. Celle-ci a en effet entrainé l'abandon de cette activité par un bon nombre d'éleveurs.

Le commerce dans la sous-préfecture de Kanakono est une activité peu développée. Il est marqué par la vente des vivriers et de quelques magasins de vente de divers produits. Cela trouve sa raison dans le faible niveau de vie des populations aggravé par la crise militaire de 2002. L'état défectueux des voies de communications explique l'adynamie dont fait face le secteur du transport. Mais depuis 2016, une ligne permet de relier la localité de Kanakono à Tengrela, Boundiali puis Korhogo. Si elle était initialement gérée par la compagnie « KST », depuis 2017 c'est la compagnie « Pelessi » qui assure cette liaison. Aussi avec le développement de l'activité d'orpaillage dans la zone, l'on remarque une présence de plus en plus importante des « taxi-motos » permettant la mobilité des orpailleurs. Par ailleurs ils assurent aussi le déplacement de la population entre les différents villages.

La sous-préfecture de Kanakono enregistre plusieurs sites d'orpaillage clandestin, notamment à Kanakono, Zanikan et Sissingué. Après les opérations de déguerpissement initiées par les autorités administratives, il n'existe plus de site dortoir, les travailleurs s'étant installés dans les villages d'où ils partent les matins à la recherche des pitances quotidiennes. Ces sites d'orpaillage occupent une grande partie de la population jeune, notamment les jeunes filles qui y trouvent une occasion de gain facile. Cette situation a entrainé une augmentation de la population dans la zone et par ricochet une pression sur les équipements et une cherté de la vie.

Par ailleurs, les autorisations d'exploration accordées par l'Etat de Côte d'Ivoire à la Société OCCIDENTAL GOLD en 1998 et 1999 sur une superficie totale de 876 km2 a permis de circonscrire la minéralisation autour du village de Sissingué (9 km de Kanakono). Les études prospectives ont montré que l'usine à installer dans ledit village pourra traiter 1,6 millions de tonnes d'or par an. Ainsi, plusieurs espoirs sont fondés sur l'exploitation industrielle de ce potentiel minier qui représente le principal atout économique de cette zone.

1.2. Niveau d'équipement de la sous-préfecture de Kanakono

Il s'agit d'évaluer le niveau de dotation de cette zone en équipements sociaux de base d'ordre sanitaire et éducatif, la connexion au réseau électrique, l'accès à des sources d'eau potable et l'Etat des routes.

39

1.2.1. Equipements sanitaires

La sous-préfecture de Kanakono compte deux centres de santé : un Centre de Santé Urbain (CSU) à Kanakono et un Centre de Santé Rural (CSR) à Lomara (carte 3).

Carte 3: Localisation des équipements sanitaires de la sous-préfecture de Kanakono

(2019)

Le Centre de Santé Urbain (CSU) de Kanakono couvre la ville de Kanakono et les villages de Pourou, Sissingue Et Zanikaha. Il a une capacité d'accueil de 24 lits et comprend un dispensaire et une maternité avec service de consultations et de soins. Le personnel est constitué d'un médecin, de trois infirmiers, de deux sages-femmes, de deux filles de salle et d'un agent

40

d'entretien. La maternité a un taux de fréquentation d'environ 40 patientes (accouchements) par mois.

Le CSU de Kanakono est actuellement en pleine réhabilitation grâce au Programme Présidentiel d'Urgence (PPU) pour mieux répondre aux besoins des populations de plus en plus nombreuses.

Le Centre de Santé Rural (CSR) de Lomara couvre, outre Lomara et Popo, les villages de Dougba et Kotou et comprend un dispensaire et une maternité.

La sous-préfecture souffre donc d'une insuffisance des établissements hospitaliers. Cela serait dû à une insuffisance des moyens financiers des collectivités locales, notamment la mairie de Kanakono. Les deux établissements hospitaliers existants font l'objet d'une forte pression du fait du volume de population grandissant. Cela pourrait à la longue favoriser une augmentation du taux de morbidité de la zone.

1.2.2 Eau et électricité

Kanakono est connecté au réseau électrique national et compte plus de 250 abonnés. Il en est de même de Lomara et Pourou. Le village de Sissingué quant à lui dispose d'un groupe électrogène de la CIE qui alimente tout le village en électricité (pour des raisons économiques, le groupe est mis en service uniquement la nuit). Les autres villages ne sont pas électrifiés. La Compagnie Ivoirienne d'Electricité (CIE) est représenté à Kanakono par un agent qui a pour rôle de veiller au bon fonctionnement des installations et de distribuer les factures émises.

41

42

Carte 4: Niveau d'électrification de la sous-préfecture de Kanakono (2019)

S'agissant de l'eau, Kanakono dispose d'un château d'une capacité de 100 mètres cubes. Un service de la SODECI est ouvert avec un agent pour gérer la centaine d'abonnés au réseau. Une bonne partie de la population s'approvisionne sur les diverses pompes transformées en puits. Lomara par contre dispose depuis 2014 de l'hydraulique villageoise améliorée (HVA) avec un château d'une capacité de 20 m3 en plus d'une (1) hydraulique villageoise. Le village de Sissingué bénéficie depuis mars 2016 d'un château d'eau de 45 m3 réalisé par la Société Persus Mining Côte d'Ivoire dans le cadre des projets communautaires des villages impactés par le projet minier. En ce qui concerne les autres villages, Pourou et Pôpô disposent de deux (2) hydrauliques villageoises dont une en panne à Pourou. Enfin le village de Zanikan dispose lui d'une (1) hydraulique villageoise.

Carte 5:Niveau d'accès à l'eau potable dans la sous-préfecture de Kanakono (2019)

1.2.3. Les équipements éducatifs

Les services de l'éducation concernent l'enseignement de base à savoir le préscolaire et le primaire. Il faut dire que c'est le domaine qui connait le meilleur taux de couverture dans la sous-préfecture de Kanakono. En effet, chaque localité a au moins un établissement primaire public. Ce qui est la conséquence de la volonté des autorités locales d'améliorer le taux d'alphabétisation de cette zone qui reste encore très faible selon eux. Kanakono dispose de trois écoles primaires quand les autres localités en enregistrent qu'une chacune. Le fait que Kanakono abrite le plus grand nombre d'écoles primaires s'explique par l'importance de sa population par rapport à celles des autres localités (carte 6). La fausse note se situe au niveau

43

du secondaire et du préscolaire. A ce niveau, il n'y a que Kanakono qui dispose d'un collège (6émé à la 3ème) privé nommé Collège Nirbekon de Kanakono et d'une école maternelle publique de trois sections dont une fonctionnel.

Carte 6:localisation des équipements scolaires dans la sous-préfecture de Kanakono I.2.4. La voirie

La voirie de la sous-préfecture de Kanakono est constituée de deux voies principales et de voies secondaires toutes non bitumées à cause du manque de moyen des collectivités locales. La première voie principale traverse Zanikan et relie Kanakono à Tengrela en passant par Pourou. La seconde quant à elle traverse Zanikan et relie Kanakono à Tengrela en passant par

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Sissingué. Les voies secondaires permettent de relier les autres localités de la sous-préfecture entre elles (carte 7).

Cependant, toutes ses voies de communication souffrent d'une dégradation assez prononcée surtout pendant la saison des pluies. Cela limite les échanges entre Kanakono et les autres localités. La réhabilitation régulière voire le bitumage de ces voies de communications constituerait une bouffée d'oxygène pour cette zone en proie à une vie chère dans la mesure où cela permettrait une meilleure mobilité des biens et des personnes, donc un désenclavement de la zone.

Carte 7:Réseau routier de la sous-préfecture de Kanakono (2019)

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A la fin de ce chapitre, il convient de retenir que la sous-préfecture de Kanakono possèdent des caractéristiques physiques qui rendent possible la pratique de l'agriculture avec les cultures de rente telle que le coton et l'anacarde et aussi de l'élevage. Mais la découverte de plusieurs gisements aurifères a entrainé un développement de l'activité d'orpaillage faisant de cette sous-préfecture une zone minière. Le succès de l'orpaillage a entrainé une pression sur les équipements de la zone déjà insuffisants. Par ailleurs le mauvais état des voies de communication freine le développement des activités commerciales et de transport dans la zone.

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CHAPITRE 2 : ENJEUX ET ETAPES DE LA MISE EN EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE

La sous-préfecture de Kanakono suite à la découverte de plusieurs gisements miniers est perçue comme l'une des principales zones minières de la Région de la Bagoué, voire du grand Nord ivoirien même. Si l'activité d'orpaillage clandestin y est fortement pratiquée, il faut aussi souligner la présence d'un site minier industriel exploité par la transnationale minière australienne Perseus Mining. Cette exploitation est entrée en production depuis le premier semestre de l'année 2018. Située dans une zone sous-équipée et connaissant un fort taux de chômage juvénile, cette exploitation minière est au coeur de nombreux enjeux tant sur le plan local que sur le plan national.

2.1.Enjeux liés à l'exploitation de la mine d'or de Tongon

2.1.1. Sur le plan national

La mise en exploitation de la mine d'or de Sissingué s'inscrit dans le contexte général de la mise en valeur du potentiel minier de la Cote d'Ivoire en vue de la diversification de l'économie nationale. Cette exploitation occasionnera une rentrée de devise pour l'Etat à travers la part qu'il détient dans le projet et les prélèvements de taxes et impôts. Toutefois il faut préciser que cela a été occasionné par la mise en place d'un cadre règlementaire et légal favorable au développement du secteur minier.

2.1.1.1.Le cadre légal du secteur minier en Côte d'Ivoire

Au lendemain des indépendances, un code minier a été mis en place pour réglementer le secteur minier en Côte d'Ivoire. Ce code minier connaitra par ailleurs deux réformes, d'abord en 1995 puis en 2014 pour diverses raisons.

a. Adoption d'un code minier en phase avec la conjoncture économique en 1955

L'autorité coloniale avait basé l'exploitation de la colonie ivoirienne sur l'exploitation des ressources naturelles avec l'introduction de cultures de rente comme le café et le cacao. Après les indépendances, le système économique adopté, comme dans la continuité de celui de la période coloniale, donnait une place en or au développement de ces cultures de rentes. Les ressources générées par ces activités agricoles ont permis de financer le développement du pays.

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Cependant ces ressources ne permettront pas au pays d'être épargné par la crise économique des années 1980. Pour y faire face, les autorités du pays sous l'impulsion des bailleurs de fonds s'engageront dans une dynamique de libéralisation des secteurs d'activités. Dans le domaine minier, cela se traduira par une réforme du code minier en vue de stimuler l'investissement étranger dans le pays.

La loi n° 95-553 du 17 Juillet 1995 portant code minier, sera adoptée en 1995 dans le dessein de rendre le secteur de l'extraction minière plus attractif en Côte d'Ivoire pour les investisseurs étrangers. Elle innove d'une part en intégrant un chapitre de définition en vue de lever l'équivoque sur certaines notions liées à l'industrie minière. D'autre part, elle accorde des avantages fiscaux aux investisseurs à travers l'exonération. En effet, à l'importation, les matériels, matériaux, machines et équipements destinés aux activités de recherche dont l'importation est nécessaire à la réalisation du programme agréé sont exonérés de tous droits et taxes, y compris la taxe sur la valeur ajoutée.

Sur un autre plan, vu que l'activité minière se pratique généralement sur des terres qui préalablement étaient la propriété des populations, le nouveau code minier a intégré un nombre d'article visant à réglementer les rapports entre exploitants et propriétaires terriens. Ces articles au nombre de quatre stipulent d'abord que les activités de prospection ou d'exploitation sur un site donne droit à une indemnisation au profit de l'occupant légitime ou du propriétaire selon le type d'espace et la réglementation en vigueur.

Ce qu'il convient de dire est que cette réforme du code minier a attiré une multitude de compagnie minières transnationales vers le pays et dynamiser le secteur de l'industrie minière. Avec la demande croissante mondiale en ressources minérales dans le début des années 2000, les sociétés minières vont accroitre leurs activités dans plusieurs endroits de la planète. Cela ne sera pas sans incidence sur le milieu physique et sur les populations riveraines des projets miniers. Ainsi, l'intégration du développement durable dans le domaine minier sera une approche adoptée non seulement par les Etats mais aussi par les sociétés minières.

b. Un code minier pour une industrie minière durable

Les effets négatifs issus de l'exploitation des ressources minières ont par endroit été le moteur de plusieurs contestations sociales qui ont souvent abouti à la fermeture des sites minier.

Ainsi pour garantir une exploitation des ressources naturelles bénéfique aux exploitants, à l'Etat et aux populations riveraines ; l'Etat de Côte d'Ivoire va initier une réforme de son code

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minier. La loi N° 2014-138 du 24 Mars 2014 portant code minier sera ainsi adoptée en 2014. Il intègre un certain nombre de principe internationaux imposables aux exploitants miniers garantissant la prise en compte des questions environnementales et social dans le secteur de l'industrie extractive. Au nombre de ses principes l'on peut citer :

- L'initiative pour la transparence dans l'industrie extractive (ITIE) qui est une norme internationale fixée par un collège composé de gouvernements, d'entreprises, de la société civile, d'investisseurs et d'organisations internationale dans le but d'améliorer la transparence et la redevabilité dans le secteur de l'industrie extractive.

- Le principe de l'équateur qui est le référentiel de principe du secteur financier permettant de s'assurer que les projets à financer sont réalisés de manière socialement responsable et respectueuse de l'environnement.

- Le processus de Kimberley qui est une initiative commune regroupant des gouvernements, l'industrie du diamant et des entités de la société civile qui s'engagent à suivre les conditions de contrôle de production et du commerce des diamants bruts régies par le système de certification du processus de Kimberley.

En outre, le nouveau code minier ivoirien innove sur le plan du développement communautaire avec d'une part la mise en place d'un cadre de gestion de cette question avec les populations et les autorités locales et d'autre part, la constitution d'un fonds dédié à la réalisation de projets communautaires alimenté par 0,5 % du chiffre d'affaire de l'exploitation. Sur le plan environnemental, il impose la réalisation d'EIES et l'ouverture d'un compte séquestre recevant l'ensemble des sommes nécessaires à la réhabilitation et à la fermeture de la mine.

2.1.1.2.Le cadre institutionnel du secteur minier en Côte d'Ivoire

Le secteur minier en Côte d'Ivoire est géré par une pluralité de structure. Ce sont le conseil des ministres, le ministère des mines et de la géologie ainsi que son cabinet, la commission interministérielle des mines (CIM), la direction générale des mines et de la géologie et enfin la Société pour le développement minier de la Cote d'Ivoire (SODEMI).

a. Le conseil des ministres

C'est l'instance suprême qui a le pouvoir de décision sur toute l'activité minière sur le territoire national. Il statue sur tout sujet minier d'intérêt national et a notamment, sur

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recommandation du Ministre en charge des Mines, autorité pour accorder ou retirer des titres miniers, et autres autorisations minières. Les décisions prises par cette instance sont entérinées par un décret présidentiel.

b. Le ministère des mines et son cabinet

Le Ministre en charge des mines et son cabinet forment le premier interlocuteur officiel des opérateurs miniers. Il conçoit et coordonne la mise en place de la politique nationale en matière de mines. Il a un droit de regard sur toutes les activités minières sur le territoire national. Il soumet notamment, après avis technique de la Commission Interministérielle des Mines (CIM), les demandes d'attribution de titres miniers à l'attention du Conseil des Ministres.

c. La commission interministérielle des mines

Cette commission joue un rôle de conseiller auprès du gouvernement en matière de mines. Composée de représentants de divers ministères et organismes publics, elle se réunit à chaque fois que cela s'avère nécessaire sur convocation du Directeur Général des Mines et de la Géologie, secrétaire de la commission. Elle statue sur des sujets variés comprenant les demandes d'attribution de titres miniers, les demandes d'agrément à l'exonération sur les taxes à l'importation des matériels et équipements miniers, les projets miniers d'envergure, les propositions de modification de la législation minière, etc.

d. La direction générale des mines et de géologie

C'est l'organe administratif du Ministère en charge des Mines qui est responsable de la gestion courante et de l'application de la politique nationale en matière de mines. La DGMG s'occupe, entre autres, de l'instruction des dossiers de demandes d'autorisations diverses et de titres miniers, du contrôle et du suivi des activités d'exploration et d'exploitation minières sur l'étendue du territoire national. Elle est aussi chargée, entre autres, de l'élaboration et la mise à jour progressive de la cartographie géologique du pays.

e. La SODEMI

Entreprise publique, placée sous la tutelle du Ministère en charge des Mines, la SODEMI a été créée depuis 1964, et elle a pour mission, entre autres, de procéder à l'identification et à la mise en valeur du potentiel minier national à travers l'acquisition de titres

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miniers, la signature d'accords de partenariat avec des sociétés minières crédibles, la prise de participations dans les projets miniers majeurs du pays, etc.

Des cadres réglementaires et institutionnels ont donc été mis en place afin de permettre à l'Etat ivoirien de développer le secteur minier du pays ainsi que de tirer des devises des exploitations minières en général, et de la mine d'or de Sissingué en particulier.

2.1.2. Les enjeux locaux liés à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué

Dans une zone connaissant une situation de sous-équipement et un taux élevé du chômage, de nombreux espoirs sont fondés sur l'exploitation de la mine d'or de Sissingué.

2.1.2.1.Création d'emploi pour les populations locales

En l'absence de statistiques sur la zone, la population de la sous-préfecture de Kanakono en particulier et celle du département de Tengrela en général connaitrait un fort taux de chômage ; situation accentuée par la crise militaire traversée par le pays en 2002. Dans un tel contexte, une exploitation minière moderne comme celle de Sissingué pourrait permettre à une frange partie des jeunes de trouver un emploi, qu'il soit occasionnel ou permanent. Selon l'EIES, la mine pourrait créer près de 283 emplois directs pour les nationaux. Toutefois l'importance de l'employabilité de la mine au profit des populations locales sera fonction en grande partie du niveau académique ou des compétences des individus.

2.1.2.2.Dotation en équipement

La réussite d'un projet minier est fortement liée à son adoption par les populations locales. Depuis les années 1990, plusieurs populations riveraines des projets miniers se sont opposés au déroulement des travaux d'exploitation (GNAMIEN, 2015). Ainsi pour gagner le coeur des communautés locales, les exploitants miniers s'adonnent par moment à la réalisation de projets communautaires et d'équipements sociaux. Ces actions sont soutenues par les mesures de développement durable imposés par les codes miniers de certains pays comme la Cote d'Ivoire afin de faire bénéficier les populations riveraines des projets miniers de l'exploitation de leurs terres. Ainsi, Perseus Mining pourrait appuyer considérablement les autorités administratives de la sous-préfecture de Kanakono dans la réalisation d'équipement et infrastructures.

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2.1.2.3.Optimisation de la situation économique

Le fonctionnement de cette unité industrielle occasionnera éventuellement un afflux massif de population dans le département de Tengrela. Mais pour être proche de la zone d'exploitation elles pourraient loger dans les localités de la sous-préfecture de Kanakono. Cela représentera donc une aubaine pour les populations locales qui pourraient faire de bons profits dans les domaines immobiliers et commerciaux.

2.2.Etapes de la mise en exploitation de la mine d'or de Sissingué

L'exploitation de la mine d'or de Sissingué est d'une importance capitale pour l'économie du pays et pour les populations locales. Mais la phase d'exploitation fut précédée par plusieurs étapes visant à acquérir le site d'exploitation, initialement propriété des populations locales.

2.2.1. Historique de la mine d'or de Sissingué

Le site minier de Sissingué à fait objet d'intérêt depuis les années 1990. Entre 1998 et 1999 la compagnie Randgold Resources a effectué les premières recherches exploratoires. Dans le début des années 2000 Occidental Gold va lancer un programme de cartographie et d'échantillonnage du sol, des roches et des puits dans le dessein de circonscrire un certain nombre d'anomalie. Cependant ces activités exploratoires connaitront un coup d'arrêt à partir de 2003 suite aux troubles sociaux que le pays a connu à cette période. C'est en 2004 que la compagnie Perseus Mining s'intéressera au projet. Depuis, elle a mené une série d'actions visant à cibler les anomalies significatives. La zone du Projet était constituée par deux permis d'exploration contigus, PR145 et PR146 couvrant une superficie totale de 876 km2.

2.2.2. Acquisition du site d'exploitation

La mise en place de la mine d'or de Sissingué a entrainé une expropriation des certaines populations de leurs espaces qui sont de plusieurs types. Cependant cela s'est fait en accord avec le code minier du pays. En effet, il stipule en son article 127, conformément à certaines exigences des bailleurs de fonds internationaux tel que la SFI, que l'occupation de tout espace ayant fait objet de prospection, de recherche ou d'exploitation de substance minérales ou aux industries qui s'y rattachent donne droit à une juste indemnité au profit de son occupant ou de son occupant légitime selon des modalités prises par décret.

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2.2.2.1.Typologie du périmètre minier

L'espace abritant la mine et ses installations couvre environ 44 600 ha. Il était constitué de surfaces agricoles, de jachère, de savane arbustive, de savane arborée et de quelques hameaux. Toutefois cet espace est dominé par la savane arbustive. Les surfaces agricoles estimées à environ 4 895,18 ha, soit 10,98% de la surface totale était occupées à 45,15%, soit 1963,15 ha de cultures vivrières. L'anacarde lui occupait une surface estimée à 1504,58 ha soit 30,77% de la surface totale. Enfin l'on y retrouvait également des cultures céréalières comme le maïs qui occupait 16,45% des surfaces cultivées et aussi le coton qui occupait 527,02 ha. Et les propriétaires de ces différentes exploitations agricoles, au nombre de 778 au total, sont originaires dans leurs majorités de Kanakono (42,54%), Papara (13,88%) et Sissingué (13,11%).

2.2.2.2.La question de l'indemnisation

a. Les modalités de l'indemnisation

Les normes de l'indemnisation des populations expropriées de leurs terres pour l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ont été fonction du type d'espace.

a.1. Les espaces culturaux

Avant 2014, les modalités d'indemnisation des espaces culturaux en Côte d'Ivoire étaient fixées par l'arrêté N° 028 du 12 mars 1996 portant fixation de barème d'indemnisation des cultures détruites. L'indemnisation ou le dédommagement (D) se faisait selon la formule suivante :

D = R x (1+i) n / i (1+i) n - R / i (1+i) n + P x S.

i: Le taux d'intérêt appliqué par le trésor public. Ce taux est de 3,5%, en Côte d'Ivoire

n : Le nombre d'année d'occupation

R : Le revenu annuel de la parcelle P : La valeur d'un hectare de terre

S : Superficie de l'exploitation.

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L'arrêté interministériel n° 247/ MINAGRI/ MPMEF/MPMB du 17 juin 2014 portant fixation de barème d'indemnisation des cultures détruites viendra par la suite abroger le précédant. L'indemnisation devient ainsi dépendante des formules suivantes

:

? Cultures annuelles : M = (1+pi) x S x R x P Avec,

M : montant de l'indemnisation (FCFA) ; pi : coefficient de majoration de 10% correspondant à un montant forfaitaires du préjudice moral (FCFA) ;

S : superficie détruite (ha) ;

R : rendement moyen (Kg/ha) ;

P : prix bord champ (FCFA) en vigueur au montant de destruction.

Pour ce qui concerne les cultures pérennes, la maturité devient un critère dans la fixation du montant d'indemnisation. En effet, pour :

· Les plantations immatures : M = S x [(1+pi) + (Cm+ Cec)]. Avec,

M : montant de l'indemnisation (FCFA) ;

pi : coefficient de majoration de 10% correspondant à un montant forfaitaire du préjudice moral (FCFA) ;

S : superficie détruite (ha) ;

Cm : coût de mise en place de l'hectare (FCFA) ;

Cec : coût d'entretien calculé à l'hectare jusqu'à l'année de destruction (FCFA),

· Les plantations matures : M = S x [(Cm + CE) + (P x Rn)]. Avec,

M : montant de l'indemnisation (FCFA) ;

S : superficie détruite (ha) ;

Ce : coût d'entretien cumulé jusqu'à l'entrée en production d'une parcelle de

même type

P : prix bord champ (FCFA) en vigueur au montant de destruction,

Cm : coût de mise en place de l'hectare (FCFA) ;

Rn : rendement à l'année de destruction (Kg/ha).

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En outre, cet arrêté inclus en annexe des données de base des calculs du barème d'indemnisation pour certaines cultures, à savoir les coûts de mise en place (cm) et d'entretien (ce) ainsi que les rendements moyens (R) exprimés en (kg/ha) selon l'année de production. Le tableau ci-dessous présente les données de certaines de ces cultures pour la première année d'exploitation.

Tableau 2: Données de base de calcul du barème d'indemnisation de certaines cultures pour la première année d'exploitation

Cultures

Coton

Anacarde

Mangue

Cout de mise en place
(Cm en FCFA)

130 000

239 000

289 000

Cout d'entretien
(Ce en FCFA)

114 000

50 000

50 000

Rendement moyen (R en Kg/ha)

1 500

0

0

 

Source : Arrêté interministériel n° 247/ MINAGRI/ MPMEF/ MPMB du 17 juin 2014 portant fixation de barème d'indemnisation des cultures détruites

L'emprise au sol des différents ouvrages de la mine est d'environ 560,48ha, y compris les périmètres de sécurité. Vu les incidences négatives auxquelles sont sujettes les exploitations agricoles de la zone du projet, une indemnisation à a été faite au profit des propriétaires de celleci en conformité avec l'arrêté interministériel n° 28 MINAGRA/MEF du 12 Mars 1996. Le montant dont a bénéficié chaque acteur a été calculé selon la formule suivante :

D= (10 X R) + (PXS)

Avec R=revenu annuel de la parcelle, P= prix moyen d'acquisition ou d'usufruit d'un hectare et S= superficie en hectare.

a.2. Les habitations

En plus des espaces culturaux, plusieurs lieux d'habitation ont été rasés au profit de la mise en place de la mine d'or de Sissingué. Ce sont des campements qui abritaient quelques exploitants des surfaces culturales originaires essentiellement de la localité de Kanakono. Ceuxci y avaient installé ces habitations dans le dessein de se rapprocher de leurs différentes

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plantations. Tout comme cela a été le cas pour les plantations, la destruction de ces lieux d'habitation a donné suite à une indemnisation. Cette indemnisation a consisté à la construction de nouveaux logements au profit des personnes dont les hameaux ont été détruits, dans leurs localités d'origine. Vu qu'ils étaient tous originaires de Kanakono, c'est là-bas qu'ont été construits les 15 logements (photo 1) pour dédommager 5 individus au total.

Photo 1:Maisons construites à Kanakono par PMCI en guise d'indemnisation Crédit photo : Sorho D, Janvier 2019

b. L'indemnisation : sujet de tension

L'indemnisation des populations dépossédées de leurs terres à Sissingué a été sujette de tension pour des raisons d'ambigüité sur l'appartenance des terres. En effet, en pays Senoufo, c'est le chef de terre qui est garant de la gestion des terres. Il a pouvoir d'attribution. Ainsi il aurait prêté certaines terres au chef du village pour exploitation. La difficulté résidait alors dans le fait de savoir qui devait jouir de l'indemnité. Des délégations de la sous-préfecture de Kanakono, du ministère des mines et de la géologie ainsi une équipe interministérielle (ministère des mines et de la géologie, ministère de l'agriculture, ministère intérieur et de la sécurité) se sont précédées dans le dessein de trouver une issue favorable à ce conflit. Et c'est la dernière mission qui a réussi à régler la situation en départageant les parties antagonistes en exploitant et exploitant légitime.

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2.3.Caractéristiques de la mine d'or de Sissingué

La mine d'or de Sissingué est une excavation conventionnelle de puits à ciel ouvert avec rejet de stérile hors du puits. Le puits est accessible via une route de transport de 20 mètres de large, inclinée à 10 % et à deux voies. La technique utilisée pour le traitement des minerais est la lixiviation en tas. C'est une technique qui consiste à extraire la matière minérale par des voies chimiques, notamment avec utilisation du cyanure qui permet d'extraire des minerais de faible teneur et de récupérer l'or à 90%. Le sable contenant le minerai est acheminé par des camions (photo 2) vers un espace aménagé pour son traitement. Là, l'on procède à son broyage et à son mélange avec du ciment. Ensuite la matière obtenue est bouletée puis transportée vers l'espace prévu pour la réaction avec le cyanure afin d'extraire l'or.

Photo 2:Transport du sol contenant le minerai vers l'espace de bouletage Crédit photo : PMCI, 2019

La mine d'or de Sissingué est d'une importance capitale pour l'économie nationale car elle vient augmenter le nombre des exploitations minières du pays et par la même occasion accroitre la part du secteur minier dans l'économie du pays. Par ailleurs sur un plan local, elle suscite beaucoup d'espoir pour les populations de la sous-préfecture de Kanakono quant à l'amélioration du niveau d'équipement de cette zone, à la réduction du chômage et à l'optimisation de l'économie locale. Sa phase d'exploitation fut précédée par une acquisition du périmètre minier initialement propriété des populations locales. Cette opération a donné lieu à une indemnisation au profit des propriétaires des plantations et des maisons qui se trouvaient sur le domaine d'exploitation. Aujourd'hui cet espace abrite une exploitation minière à ciel ouvert utilisant des techniques et un équipement moderne

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Conclusion

La sous-préfecture de Kanakono est passée de zone essentiellement agricole a aujourd'hui zone vivant au rythme de l'activité d'orpaillage. Cette situation a occasionné une cherté de la vie faisant de cette zone, l'une des plus pauvres du pays. Parallèlement à cela, elle fait face à une insuffisance d'équipements sociaux de base (écoles, centre de santé) et à un délabrement de sa voirie qui freine le développement du transport.

Mais avec la volonté des politiques de faire du secteur extractif le second pilier de l'économie ivoirienne et toutes les mesures d'accompagnement, la sous-préfecture de Kanakono abrite la seconde mine d'or du Nord de la Cote d'Ivoire qui est exploitée par la transnationale australienne Perseus mining. Celle-ci est au centre de nombreux enjeux déjà sur le plan national pour la dynamisation du secteur minier et par extension pour le développement économique du pays. Par ailleurs, les populations locales fondent de nombreux espoirs sur la mine d'or de Sissingué quant à l'amélioration de leurs conditions de vie et de leur niveau de développement.

La mise en exploitation de cette mine a entrainé la réquisition d'espaces comprenant des surfaces culturales et des habitations par Perseus mining. En accord avec le code minier, cela a donné suite à une indemnisation au profit des occupants et des occupants légitimes desdits espaces.

Vu tout cela, il convient de dire que l'exploitation de la mine d'or de Sissingué pourrait avoir de bonnes retombées positives pour l'Etat et pour les populations locales.

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PARTIE II : CONTRIBUTION DE L'EXPLOITATION AURIFERE DE SISSINGUE SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO

Les exploitations minières participent indéniablement au développement économique de la Cote d'Ivoire. Pour preuve, ce secteur a nourri les caisses de l'Etat avec un montant de 290 milliards de FCFA en 2015. Parallèlement à cela, les activités d'extraction minière ne sont pas sans incidences pour les populations des régions abritant ces exploitations minières.

Aujourd'hui, plusieurs mesures sont prises par les autorités gouvernementales et les exploitants miniers pour contenir ces incidences de sorte à rendre l'industrie extractive bénéfique à chacune des parties prenantes. L'atteinte de cet objectif repose sur la manière dont est planifié le développement local minier et des attentes des parties prenantes des programmes de développement durables. Ceux-ci mettent un accent particulier sur les questions sociales, environnementales et économiques. Dans ce contexte, cette seconde partie de l'étude qui se veut de mettre en exergue la contribution de la mine d'or se Sissingué au développement de la sous-préfecture de Kanakono, abordera d'une part la question relative aux incidences spatiales et d'autre part celle des incidences socioéconomiques de cette exploitation minière.

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CHAPITRE 3 : IMPACT SPATIAL DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO

Comme l'a montré la littérature consultée dans l'élaboration cette étude, les exploitations minière ont une incidence mitigée sur les populations locales. Dans la sous-préfecture de Kanakono qui fait face à de nombreux maux comme l'insuffisance des équipements, plusieurs attentes ont été fondées sur l'ouverture de cette exploitation minière. Aujourd'hui il reste à savoir comment cette mine qui est officiellement entré en production depuis Février 2018 influence la vie des populations locales.

3.1. La mise en place du CDLM et son corollaire

Les réformes entreprises par l'Etat dans le cadre règlementaire du secteur minier donnent une place importante au développement local. Elles visent en partie à faire bénéficier les populations des localités abritant des exploitations minières des retombées de ces exploitations.

Sur le plan infrastructurel, comment la politique de participation de la mine d'or de Sissingué au développement de la sous-préfecture de Kanakono est-elle planifiée ?

3.1.1. La mise en place du CDLM

Le nouveau code minier de la République de Côte d'Ivoire adopté le 24 Mars 2014 stipule dans son article 124, alinéa 1 que tout titulaire d'un permis d'exploitation minière doit mettre en place un plan de développement communautaire en concertation avec les communautés riveraines et les autorités administratives territoriales et locales avec des objectifs précis et un plan d'investissement. Ainsi, suite à la mise en exploitation de la mine d'or de Sissingué, un arrêté interministériel impliquant le ministère de l'industrie et des mines et le ministère de l'extérieur et de la sécurité a ordonné la création du comité de développement local minier de la mine d'or de Sissingué.

3.1.1.1. Les missions

Le CDLM de Sissingué a pour mission de gérer le plan de développement local minier. Ce plan est destiné aux populations des localités identifiées comme impactées par les travaux d'exploitation de la mine d'or de Sissingué selon l'EIES. Ces villages sont au nombre de 12 dans le département de Tengrela. Mais seulement 3 de ces localités sont dans la sous-préfecture

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de Kanakono. Ce sont Kanakono, Sissingué et Zanikan. La mise en place de ce comité vise le développement des infrastructures et équipement de base dans les domaines de la santé, des affaires sociales, de l'éducation, de l'adduction en eau potable, de l'énergie et de la télécommunication, de l'assainissement, de la salubrité et les pistes rurales reliant les villages. En outre, ses actions concernent le développement des services sociaux de base et du cadre de vie, la promotion de l'emploi, le développement de l'économie locale et le développement du capital humain. Ainsi, le CDLM est chargé de la mise en oeuvre et du suivi des projets, d'assurer la gestion du fonds de développement local minier et de l'exécution et du suivi des dépenses. Il bénéficie de l'assistance technique et du renforcement des capacités par Perseus mining.

3.1.1.2. Les membres

Tableau 3: Les membres du CDLM

Membres du comité

Issus de l'administration

Issus de la population

Issus de la société exploitant la

mine

- Préfet du département

- Les présidents de jeune des

- Un représentant de

de Tengrela (président)

12 localités impactées

Perseus Mining

- Président du conseil

 

(Trésorier)

régional de la Bagoué

- Les présidentes de femme

 

(Vice-président)

des 12 localités impactées

 

- Le directeur

départemental des

- Les chefs des villages

 

mines de Tengrela

impactés

 

(Secrétaire)

 
 

- Le sous-préfet de

 
 

Tengrela

 
 

- Le sous-préfet de

 
 

Kanakono

 
 

- Le député de Tengrela

 
 

- Le maire de Tengrela

 
 

- Le maire de Kanakono

 
 
 

Source : Enquête, 2019

Le CDLM de Sissingué est constitué de personnalités issues de chacune des parties prenantes. L'on y retrouve des autorités administratives, des leaders communautaires issus des villages impactés par les travaux d'exploitation minière et des personnes issues de Perseus Mining. C'est un cadre d'échange qui permet aux populations d'émettre leurs doléances qui seront par la suite examinées par le bureau exécutif du comité » en vue d'étudier la faisabilité.

61

3.1.2. Les réalisations du CDLM

Plusieurs localités du département de Tengrela ont déjà vu le démarrage de certains travaux de construction d'équipements communautaires par le CDLM. Dans la sous-préfecture de Kanakono, seules deux localités sur les trois appartenant au comité ont vu leurs travaux démarrer. Ce sont Zanikan et Sissingué.

3.1.2.1. Au niveau éducatif

A Zanikan les populations ont émis plusieurs besoins au comité mais priorité a été accordée à la construction d'un bâtiment scolaire avec des logements de maître (photo 3). En effet, l'école primaire de ce village de 502 âmes ne comporte que trois classes à savoir le CP1, le CP2 et le CE1. En outre ces classes peinent à garder leurs tenants car trouver un logement n'y est pas chose aisée.

Photo 3:Batiment de trois classes en construction à Zanikan par le CDLM Crédit photo : Sorho D, Janvier 2019

En outre, plusieurs parents déscolarisent leurs enfants après la classe de CE1 car ils trouvent trop dangereux le fait que des enfants avec un âge oscillant entre six (6) et dix (10) ans parcourent de grandes distances pour suivre les cours. De ce fait, l'on pourrait dire que l'agrandissement de la capacité d'accueil de l'école primaire de Zanikan pourrait permettre d'améliorer le niveau d'alphabétisation dans cette localité de façon particulière et dans la sous-préfecture de Kanakono de façon générale.

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Il faut dire que sur le plan éducatif, le CDLM a à son actif actuellement dans la sous-préfecture de Kanakono qu'un bâtiment de trois (3) classes et des logements de maître (carte 6).

Carte 8:Equipements scolaires issus de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué Source : Nos enquêtes, 2019

3.1.2.2. Au niveau sanitaire

A Sissingué, compte tenu de la recrudescence des décès dans le village dû au manque d'infrastructures sanitaire de proximité, les populations ont plaidé pour la construction d'un

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centre de santé dans le village. En outre, les populations de cette localité craignent une insécurité routière et un développement des maladies respiratoires lié à l'augmentation de la poussière dans l'atmosphère qui peut résulter de l'exploitation et de l'intensification du trafic. De ce fait, elles trouvent primordial d'avoir un centre de santé pour la prise en charge des éventuels malades. Suite au premier versement de 106 Millions de FCFA de PMCI dans la caisse du CDLM, les populations du village de Sissingué ont pu voir les travaux de construction du centre de santé débuter (photo 4).

Photo 4:Le centre de santé de Sissingué en construction grâce au CDLM Crédit photo : Sorho D, Janvier 2019

Quant à la localité de Kanakono, elle dispose déjà d'un établissement sanitaire urbain. Mais, celui-ci est dépourvu de laboratoire d'analyse sanguine. De ce fait, les populations ont plaidé auprès du CDLM pour la construction d'un laboratoire pour ne pas toujours avoir à se rendre à Tengrela pour des consultations approfondies. Avec le mauvais état de la voirie de la sous-préfecture, plusieurs malades auraient perdu la vie dans cette localité. Cependant, les fonds du comité n'étant pas suffisant pour le démarrage de tous les travaux à la fois, priorité a été accordée aux localités rurales où il y'avait urgence. C'est ce qui explique la non entame des travaux de construction du laboratoire. Il faut dire qu'en dehors de ces travaux, plusieurs autres doléances ont été faites par les chefs des différentes localités. Mais les demandes sont traitées par l'ordre d'importance établi par les populations elles-mêmes. Toutefois, il faut souligner que les demandes des populations de la sous-préfecture de Kanakono sont majoritairement liées à la santé, l'éducation, l'adduction en eau potable, la dotation en électricité et la voirie.

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Carte 9: Equipements sanitaires issus de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué Source : Nos enquêtes, Janvier 2019

3.2. Les autres types de réalisation

Parallèlement aux actions communautaires menées par le CDLM de Sissingué grâce à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué, il faut souligner que plusieurs réalisations ont été faites par PMCI au profit des populations de la sous-préfecture de Kanakono. Avant la mise en place du CDLM, plusieurs doléances avaient été faites par les populations du village de Sissingué à la structure exploitante. Elles avaient plaidé pour la réalisation d'un château d'eau enfin d'avoir accès à une eau de consommation potable. Dans le but de conquérir le coeur de la population locale, une suite favorable a été trouvée à cette doléance. Le village est doté d'un château d'eau de capacité 45 m3 (photo 5) depuis 2016 pour le grand plaisir des populations

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d'une part qui jusque-là n'utilisaient que des puits pour s'approvisionner en eau. D'autre part, cela enlève une épine aux pieds des autorités municipales qui voyaient l'importance de la mise en place de cet équipement mais qui étaient fauché dans leur volonté par l'insuffisance de leur budget.

Photo 5:Le château d'eau de Sissingué construit par Perseus Mining Crédit photo : Sorho D, Janvier 2019

En outre, dans le passé, la jeunesse du village de Sissingué ne disposait pas d'endroit pour se réunir et discuter chaque fois que cela était nécessaire. Ce qui ne lui permettait pas d'être dynamique et était ainsi un frein à l'instauration d'un climat de cohésion social à Sissingué. Dans l'optique d'y remédier, une doléance a été faite à Perseus Mining pour la construction d'un foyer des jeunes. En octobre 2018, les jeunes du village ont vu leur voeu se réaliser avec la remise officielle des clés du bâtiment devant faire office de foyer des jeunes (photo 6).

Photo 6:Le foyer des jeunes de Sissingué construit par PMCI Crédit photo : Sorho D, Janvier 2019

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L'exploitation de la mine d'or de Sissingué a aussi permis le reprofilage d'un axe routier reliant Tengrela à Sissingué et Kanakono permettant ainsi une meilleure mobilité du personnel et des populations locales.

Carte 10:Autres types d'équipements issus de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué Source : Nos enquêtes, Janvier 2019

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Il faut retenir que l'exploitation de la mine d'or de Sissingué a occasionné la mise en place d'un comité local de développement alimenté financièrement par PMCI et par le biais duquel la sous-préfecture de Kanakono bénéficie de la réalisation de plusieurs équipements communautaires. Parallèlement à cela PMCI a délibérément investi directement dans la construction de plusieurs autres équipements dans la zone. L'on note ainsi la réalisation d'école et logement de maître à Zanikan et la réalisation d'un château d'eau, d'un dispensaire et un foyer des jeunes à Sissingué. Par ailleurs certaines localités comme Kanakono devraient voir le début de la réalisation de certains équipements en leurs seins avant la fin de l'année 2019. Il est ainsi indéniable que l'exploitation de la mine d'or de Sissingué a permis et permettra à la sous-préfecture de Kanakono de se doter en infrastructures.

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CHAPITRE 4 : LES INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO

L'apport de la mine d'or de Sissingué au développement de la sous-préfecture de Kanakono se mesure dans cette étude par les équipements et infrastructures générées et par les incidences pouvant concourir au mieux-être social. Dans le chapitre précèdent il a été démontré qu'elle a occasionné la mise en place de plusieurs infrastructures dans la sous-préfecture de Kanakono. Qu'en est-il cependant des incidences socio-économiques de cette exploitation minière ?

4.1. Une mine d'or pour réduire le chômage ?

L'exploitation de la mine d'or de Sissingué a fait naitre de l'espoir chez plusieurs habitants de la sous-préfecture de Kanakono qui sombrent dans le manque d'emploi. Ils y voient un vecteur de création d'emploi très important, ceux-ci étant directs ou indirects.

4.1.1. Les emplois directs générés par la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono

La mine d'or de Sissingué a créé de nombreux emplois directs dans la sous-préfecture de Kanakono. En effet l'exploitation de cette mine a été précédée de la construction d'une industrie. Pour cela un recrutement dans lequel priorité avait été donnée aux jeunes du département de Tengrela a été lancé. Cela a permis de créer plus de 300 emplois directs occasionnels pour les jeunes du département de Tengrela. Pour ce qui est de la sous-préfecture de Kanakono, il faut dire que près de 200 jeunes ont pu obtenir un emploi pour une période de 24 mois.

Pendant la phase de l'exploitation, un autre recrutement a été lancé pour recruter le personnel de l'exploitation. Comme ce fut le cas lors du premier recrutement, la priorité a été accordée aux jeunes du département de Tengrela mais en tenant compte des aptitudes professionnelles. Cela a permis à environ 126 jeunes de la sous-préfecture de Kanakono d'obtenir un travail à la mine.

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Carte 11:Répartition des employés de la mine d'or de Sissingué originaire de la sous-préfecture de Kanakono

Source : Nos enquêtes, Janvier 2019

Les localités de Sissingué et de Kanakono sont celles qui ont le plus fort taux d'employés à la mine d'or de Sissingué, loin devant les autres (carte 11). Cela trouverait son explication dans le fait que d'une part à Sissingué, il a été créé un comité de recrutement. Celui-ci enregistre les demandes d'emploi de plusieurs personnes d'origines diverses puis transmet ces dernières aux autorités de la mine. Ainsi, la mine emploie plusieurs personnes supposées être originaires de Sissingué. Ce qui n'est pas vrai dans la plupart des cas. D'autre part, malgré le taux d'alphabétisation faible en général, Kanakono qui est une localité urbaine abrite beaucoup plus de personnes alphabètes que les autres localités selon le leader du groupement de la jeunesse communale.

70

Toutefois, il faut souligner que la proportion des employés de la mine originaires du département de Kanakono reste largement inférieure à celle des autres nationaux. En effet 22% des employés de la mine d'or de Sissingué sont originaires de la sous-préfecture de Kanakono. Et cela représente environ 24% des employés nationaux.

Autres
nationaux

69%

Originaires
de la sous-

préfecture de
Kanakono

22%

Expatriés

9%

Figure 5:Repartition des employés de la mine d'or de Sissingué selon l'origine Source : Nos enquêtes, Janvier 2019

La dominance des employés ivoiriens non originaires de la sous-préfecture de Kanakono (69 % de l'effectif total) se justifierait par le fort taux d'analphabète dans la sous-préfecture de Kanakono. Quant aux expatriés qui représentent 9% des employés, leur présence se justifie par leurs compétences et leurs expériences acquises dans certains pays voisins comme le Ghana. Ils occupent des postes de cadre mais jouent des rôles de formateur en vue de permettre à certains nationaux de prendre la relève dans les années à venir.

4.1.2. Les emplois indirects générés par la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono

En plus des emplois directs crées par l'exploitation de la mine d'or de Sissingué, celle-ci a généré des emplois indirects pour les populations de la sous-préfecture de Kanakono. En effet, l'exploitation de cette mine a permis la mise en place d'un comité de développement local minier qui actuellement oeuvre à la réalisation de plusieurs équipements dans la sous-préfecture de Kanakono comme le bâtiment scolaire et les logements d'enseignants de Zanikan, le centre de santé de Sissingué. La réalisation de ces travaux a été confiée à des entreprises locales en vue de les promouvoir. Ces dernières recrutent des jeunes des villages bénéficiaires pour la réalisation des travaux. Ainsi avec le début de la réalisation des deux équipements cités plus

71

haut, ce sont environ 26 jeunes qui ont obtenu des emplois occasionnels pour le compte de Zanikan et Sissingué.

4.1.3. Les limites à une forte employabilité de la mine

Les attentes des populations locales de l'exploitation minière de Sissingué étaient nombreuses. Ils étaient fondés entre autres sur l'emploi, le développement des activités économiques locales. Mais aujourd'hui ces attentes sont loin d'avoir été satisfaites. En effet, les populations se plaignent du faible recrutement des jeunes de la sous-préfecture dans la mine.

Quelles en sont les raisons ?

D'une part il faut savoir que le travail dans les exploitations minières demande un certain niveau scolaire et une certaine expertise. Il faut savoir à la rigueur lire et écrire. Malheureusement la sous-préfecture de Kanakono est une zone qui compte beaucoup plus d'analphabètes que de lettrés. Dans les faits, la prise de conscience des populations des différents villages quant à l'importance de l'école reste récente. Les populations préféraient initier leurs progénitures dès le bas âge au travail de la terre. Selon le RGPH de 2014, cette zone compte un total de 8923 individus âgés de plus de 15 ans. Et seulement 1763 individus de cet effectif ont fréquenté des établissements scolaires, soit une proportion de 19,8% contre 80,2% pour les analphabètes qui correspond à 7160 individus (figure 6). Ainsi, la volonté des exploitants miniers de recruter un maximum de ressortissant de la zone d'exploitation se retrouve confrontée à une carence de niveau scolaire de la population locale.

Alphabètes Analphabètes

80, 2 %

19, 8 %

Figure 6:Repartition de la population de la sous-préfecture de Kanakono selon le niveau d'instruction Source : INS, 2014

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D'autre part, les groupements de jeune et de femme font montre d'un manque d'organisation. En effet aucun groupement ne dispose de liste des membres exhaustive avec leurs profils. Ce qui rend compliqué la tâche de Perseus Mining qui n'a aucune donnée pour détecter les personnes pouvant travailler à la mine. Malgré tout, Perseus Mining s'attèle à pallier cette situation.

4.2. Perseus Mining et le développement communautaire

Plusieurs actions sont entreprises par l'exploitant minier pour permettre aux populations locales de sentir les effets de l'exploitation de la mine d'or dans leur quotidien. Les conditions n'étant pas réunies pour permettre aux populations locales de bénéficier d'une plus grande insertion dans la mine, Perseus Mining Cote d'Ivoire oeuvre à intensifier les effets indirects positifs de l'exploitation minière.

Un projet de formation a été initié pour permettre aux jeunes des localités susceptibles d'être impactées par les travaux de la mine d'acquérir des connaissances pouvant leurs permettre d'avoir un travail à la mine ou de s'installer à leurs propres comptes. Pour la première tranche un groupe de 100 personnes pourront bénéficier de formation dans la conduite d'engins d'exploitation, la soudure, la menuiserie etc. Mais il faut préciser que les populations ne trouvent pas grand intérêt à ces formations. Certains se trouvent déjà assez vieux pour apprendre un métier quand d'autres refusent catégoriquement de s'asseoir sur des bancs d'école.

En outre, un projet communautaire est en voie d'initiation au profit des femmes de la sous-préfecture de Kanakono. En effet, elles disent disposer des moyens physiques pour le développement du maraichage. Cependant elles souhaiteraient bénéficier d'un accompagnement technique et financier en vue d'une part d'optimiser leurs rendements et d'autre part de protéger les cultures des cheptels de mouton ou de boeuf. Par ailleurs, elles voudraient obtenir un débouché sûr pour écouler leurs productions. C'est pour répondre à ces souhaits que Perseus Mining s'est attaché à former ces femmes dans la pratique du maraichage et leur proposer d'acheter leurs cultures pour alimenter le restaurant de la mine en produits vivriers.

Sur le plan socio-économique la mine d'or de Sissingué permet aux populations locales de bénéficier d'emplois directs à la mine et d'emplois indirects par le biais de la construction des équipements communautaires financé par l'exploitant. Cependant le faible niveau d'alphabétisation ne permet pas aux populations locales de bénéficier d'une plus grande

73

insertion à la mine. De nombreux efforts sont par ailleurs faits par Perseus Mining pour pallier cette situation en investissant dans la formation des jeunes et des femmes du département de Tengrela en général et de la sous-préfecture de Kanakono en particulier.

74

Conclusion

L'exploitation de la mine d'or de Tengrela est à la base de la création d'un comité de développement locale minier dans le département de Tengrela dont la caisse est alimentée par PMCI. Ce comité a entrepris, à la demande des populations locales la construction de plusieurs équipements communautaires dans les domaines éducatifs et sanitaires dans la sous-préfecture de Kanakono. En marge de ce comité, PMCI a financé la réalisation de plusieurs autres équipements dans cette zone. La construction de tous ces ouvrages a créé des emplois indirects pour les jeunes de la sous-préfecture de Kanakono. Par ailleurs cette exploitation a permis à plusieurs jeunes de quitter le rang des chômeurs en obtenant des emplois directs à la mine. Mais, le manque d'organisation des groupements communautaires associé au faible niveau d'alphabétisation empêche une plus grande employabilité des populations locales à la mine. Par ailleurs des formations dans le maraichage et plusieurs autres métiers sont organisées au profit des jeunes et des femmes en guise de politique palliative.

L'on peut dire pour finir que notre première hypothèse spécifique stipulant que « L'exploitation de la mine d'or de Sissingué permet d'améliorer le niveau d'équipement de la sous-préfecture de Kanakono en services sociaux de base » est confirmée.

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PARTIE III : IMPACTS NEGATIFS ET RISQUES ENCOURUS PAR LES POPULATIONS DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO SUITE A L'EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE

L'exploitation minière est un véritable levier de développement pour les pays disposant d'un sous-sol riche. Elle a le mérite de générer des revenus et des infrastructures pour les populations locales. Mais les activités minières ayant pour support l'environnement et se pratiquant parfois dans des conditions extrêmes ne sont pas sans incidences néfastes. Dans cette partie de l'étude il sera question de déterminer les incidences négatives et les risques liées à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono. Ceux-ci sont d'ordres environnemental, sanitaire et social.

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CHAPITRE 5 : L'ENVIRONNEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO FACE A L'EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE

Une activité comme l'exploitation minière ayant pour support l'environnement ne peut s'effectuer sans impacter celui-ci. De la phase de prospection à la phase d'exploitation, ce sont plusieurs éléments de l'environnement qui sont touchés. Subjectivement, qu'en est-il de la mine d'or de Sissingué ? Quels sont les risques qui planent ? Quelles sont les mesures préventives et/ou palliative mises en place quant aux incidences environnementales de cette exploitation minière ?

5.1. Impacts et risques environnementaux de l'exploitation minière de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono

5.1.1. Incidences environnementales

L'exploitation de la mine d'or de Sissingué a engendré quelques incidences négatives sur l'environnement de la sous-préfecture de Kanakono. Toutefois celles qui sont connues restent beaucoup inférieures à celles qui risquent de survenir.

En effet, la mise en exploitation de cette mine a entrainé la mise à nu de plusieurs surfaces, exposant celles-ci à l'érosion pluviale. Cela peut à la longue entrainer une baisse de la productivité agricole. En outre, le déplacement des véhicules sur les routes non bitumées est source de pollution atmosphérique dans cette zone (photo 7).

A cela il faut ajouter plusieurs autres causes de pollution atmosphériques liées à l'exploitation de la mine. Ce sont la perforation, le travail à l'explosif et l'excavation du minerai et des stériles des carrières ; le chargement et le transport du minerai et des stériles ; le concassage du minerai ; le convoyeur et le tas de minerai ; l'action des vents sur les surfaces dénudées ; la combustion des moteurs fonctionnant au diesel. Tout ceci constitue une cause des maladies pneumoniques dans la sous-préfecture de Kanakono.

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Photo 7:Poussière occasionnée par le déplacement d'un véhicule sur la route Sissingué-Tengrela Crédit photo : Sorho D, Janvier 2019

Il faut aussi ajouter que les carrières subissent fréquemment des explosions qui peuvent à la longue agir sur la stabilité des habitations du village de Sissingué qui est assez proche (plus de 3 kilomètres) des carrières. Toutefois les populations sont toujours préalablement informées des explosions pour éviter la panique (photo 8).

Photo 8:Tableau d'information pour les explosions à Sissingué Crédit photo : Sorho F, Janvier 2019

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5.1.2. Risques environnementaux

La découverte d'un gisement minier surtout aurifère en Côte d'Ivoire de façon particulière donne suite à un développement des activités d'orpaillage. Dans ce contexte, plusieurs risques planent sur la sous-préfecture de Kanakono avec l'exploitation minière de Sissingué au niveau environnemental.

L'exploitation artisanale de l'or repose sur un processus qui fait apparaitre de nombreuses fosses ou puits dans le paysage. Par ailleurs, l'utilisation irrationnelle des produits chimiques comme le mercure constitue un danger de pollution pour les eaux courantes dans la zone (les affluents de la Bagoué). A Angovia, le Bandama a payé les frais du développement de l'orpaillage. Ce cours d'eau est pollué par la poussière issue du broyage des graviers et aussi par son lavage (KOUADIO, 2015).

En plus, les orpaillages pour se rapprocher de leurs lieux de travail, construisent des baraques en sachets qui leurs servent de lieux d'habitation. Ces endroits sont dépourvus de toutes commodités hygiéniques (Zanikan) et les besoins sont fait à l'air libre. Ce qui détériore l'esthétique de l'environnement et porte atteinte au cadre de vie.

Avec la découverte d'autres sites d'exploitation, cette situation risque de s'empirer dans le futur. Tout ceci pourrait constitue un danger pour la santé des populations locales.

5.2. Mesures de préservation de l'environnement et de développement durable

Conscients du fait que leurs activités ne sont pas sans incidences sur les populations locales, et sur l'environnement de la sous-préfecture de Kanakono, les exploitants de la mine d'or de Kanakono ont mis en place une série de mesure et de politique de gestion de l'environnement et de développement durable.

En phase d'exploitation, plusieurs sources d'eaux usées seront présentes sur le site. Ce sont les eaux usées domestiques, les eaux issues du process (ensemble des procédés intervenants dans l'exploitation), et les eaux de pluies. Une station (photo 10) a été mise en place pour le traitement de celles-ci avant leur rejet dans la nature pour éviter une éventuelle pollution de la Bagoué et de ses affluents.

79

Photo 9:Station de traitement des eaux usées de la mine d'or de Sissingué Source : EIES, 2016

Dans le but de préserver durablement, l'environnement dans la zone d'exploitation, une politique environnementale a été mise en place. Perseus Mining s'engage ainsi à :

· Respecter les normes et législations du pays dans lequel la compagnie opère et exceller au-delà des attentes que suscitent ses activités ;

· Identifier les impacts sur l'environnement des activités et mettre en oeuvre les recommandations appropriées pour réduire au minimum les risques associés ;

· Disposer des ressources suffisantes pour atteindre les objectifs environnementaux visés, y compris la fermeture effective et durable de la mine ;

· Développer, mettre en oeuvre et améliorer de manière continue le système de gestion environnementale pour s'assurer que les processus environnementaux sont intégrés dans toutes les activités et même dans l'organisation de la compagnie ;

· Assurer aux employés et aux sous-traitants une formation afin que la responsabilité individuelle de gestion environnementale soit engagée ;

· Contribuer à la protection de la biodiversité dans tous les secteurs d'opération ;

· Communiquer honnêtement et consulter ouvertement toutes les parties prenantes pour assurer la transparence en ce qui concerne la performance environnementale ;

·

80

Maintenir un système de prévention de secours efficace pour répondre aux effets liés à la santé et à la sécurité ;

· Mettre en place des mesures efficaces pour empêcher la pollution d'eau souterraine, des eaux de surface, du sol et de l'air et réduire au minimum les impacts sur la faune et la végétation ;

· Assurer que la gestion des déchets effectuée est appropriée et pratique, et les stratégies d'élimination des déchets, notamment la réduction, la réutilisation et le recyclage sont effectives ;

· Présenter les initiatives de réduction d''eau et de la consommation électrique pour préserver les ressources naturelles et réduire au minimum les émissions de Gaz à effet de serre ;

· Mettre en oeuvre des systèmes efficaces pour réduire ou supprimer les risques environnementaux liés au transport, stockage, manipulation et la disposition de matières dangereuses ;

· Contrôler la performance environnementale par des audits, des inspections de lieu de travail et l'analyse environnementale pour identifier les impacts potentiels et proposer des mesures correctives.

Il faut donc savoir que l'exploitation de la mine d'or de Sissingué s'est accompagnée de plusieurs effets néfastes sur l'environnement. Elle est à la base de la mise à nu du couvert végétal, de pollution atmosphérique et de dégradation du sol. Par ailleurs, elle laisse planer plusieurs autres risques sur cette zone. Cependant des mesures sont prises pour prévenir ou faire face aux effets pervers de l'exploitation de cette mine.

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CHAPITRE 6 : INCIDENCES SANITAIRES ET SOCIALES DE L'EXPLOITATION AURIFERE DE SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO

Plusieurs maladies qui sévissent dans les zones riveraines aux exploitations minières sont liées aux conséquences environnementales résultant de l'exploitation minière. Le chapitre précédant ayant mis à nu certaines incidences environnementales de l'exploitation minière de Sissingué, celui-ci s'attèle à savoir si certaines conséquences sanitaires peuvent en résulter.

6.1. Incidences et risques sanitaires

6.1.1. Incidences sanitaires

L'usage de produits chimiques dans les procèdes d'exploitation industrielle est inévitable. A Sissingué, le cyanure est utilisé pour extraire l'or. Avec la présence du fleuve Bagoé et ses affluents dans la sous-préfecture, l'on pourrait s'attendre à une contamination de ce cours d'eau et donc à une éventuelle intoxication des populations. Mais pour l'instant le constat est plutôt positif. En effet, selon les données recueillies au district sanitaire de Tengrela, les maladies auxquelles ont fait face les populations de la sous-préfecture de Kanakono en 2018 sont le paludisme simple, les dermatoses, la pneumonie et les cas d'anémie modérée (figure 7).

Nombre de cas

5000

4500 4239

4000

 
 

3500

 
 

3000

 
 

2500

 
 

2001

 
 

2000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1006 861

1000

 

659

 
 

500

 
 
 
 

0

 
 
 

Maladies

 
 

Anémie Diarrhée Pneumonies Dermatoses Paludisme

Figure 7:Les causes de consultation dans la sous-préfecture de Kanakono en 2018 Source : District sanitaire de Tengrela, Janvier 2019

Le paludisme reste de loin la maladie la plus récurrente dans la sous-préfecture de Kanakono avec 4239 cas en 2018, soit un taux d'incidence de 185,1%o. Les pneumonies sont la

82

seconde cause de morbidité dans la sous-préfecture de Kanakono pour 2001 cas qui correspondent à un taux d'incidence de 87,4%o. Les anémies et la diarrhée représentent également un problème de santé publique dans la sous-préfecture de Kanakono. Ces maladies ont enregistré respectivement 1006 et 861 cas, soit des taux d'incidence de 43,9 %o et 37,6 %o. Enfin les dermatoses ne sont pas à négliger. L'on a enregistré 659 cas de dermatoses dans la sous-préfecture de Kanakono soit un taux d'incidence de 28,7 %o.

La recrudescence de ces maladies pourrait s'expliquer par diverses raisons qui seraient plus ou moins liées à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué. Pour le paludisme, l'implication de l'exploitation minière reste indirecte. En effet la découverte du gisement minier de Sissingué et sa mise en exploitation a entrainé le développement de l'orpaillage dans la sous-préfecture de Kanakono. Dans ce type d'exploitation, les procédés d'exploitation favorisent l'apparition de nombreuses flaques d'eau sur les sites d'orpaillage avec le lavage du minerai. Celles-ci représentent le lieu de reproduction des anophèles qui sont les vecteurs de la maladie.

Le manque d'hygiène sur les sites d'orpaillage qui sont la résultante de la mise en exploitation de la mine d'or de Sissingué pourrait expliquer le nombre élevé de cas de diarrhée dans la zone. En effet, les sites d'orpaillage et les dortoirs des orpailleurs qui sont des baraques faites en bois et sachets, sont dépourvus de toute commodité d'hygiène. Les défécations et urines sont faites à l'air libre. Ce qui expose les aliments et l'eau à des risques de contamination et par ricochet les populations aux maladies diarrhéiques.

La mine d'or de Sissingué pourrait participer à la recrudescence des maladies pneumoniques qui sont causées par l'inhalation de fortes quantités de poussières. En effet, les opérations d'extraction, comme le concassage des roches associé au développement du trafic dans la zone avec le déplacement des véhicules de la mine peuvent conduire à une forte concentration de particules de poussière dans l'air. L'on peut donc affirmer que l'exploitation de la mine d'or de Kanakono aurait des incidences négatives sur la santé des populations de la sous-préfecture de Kanakono mais avec des réserves. Toutefois dans le souci de ne pas mettre en danger la santé des populations locales dans le long comme le court terme, des mesures sont prises par Perseus Mining.

83

Tableau 4:Causes des maladies détectées dans la sous-préfecture de Kanakono en 2018

Maladies

Causes

Paludisme simple

Piqure par les moustiques de type anophèle dont le
développement est provoqué par le faible niveau de salubrité

dans la sous-préfecture de Kanakono

Anémie modérée

Carence en fer, vitamine B12 ou d'acide folique ; la
malnutrition

Diarrhée aigüe

Mauvaise alimentation à cause de la pauvreté ; la
consommation d'eau impure à cause de l'insuffisance de

sources d'eau potable

Dermatose

Manque d'hygiène corporelle, allergies

Pneumonie

Elle s'apparente souvent à une grippe ou un rhume et est
causée par l'inhalation de particules de poussières.

 

Source : Nos enquêtes, Janvier 2019

6.1.2. Les risques sanitaires liés à l'exploitation minière de Sissingué

L'utilisation sans précaution des produits chimiques dans le domaine de l'orpaillage pourrait également polluer les sources d'eau de la sous-préfecture de Kanakono qui sont utilisées pour l'arrosage des cultures et par endroit pour la boisson. Cela pourrait créer des problèmes de santé pour les populations locales.

Aussi, vu la prolificité de l'orpaillage, la sous-préfecture de Kanakono est une zone où cette activité commence à prendre de l'ascendant, pourrait se voir accueillir de nombreuses personnes à la recherche de profit. Cette affluence pourrait engendrer une dépravation des moeurs avec le développement de la prostitution et donc une prolifération des maladies sexuellement transmissibles.

Cela augmentera la pression sur les équipements sanitaires existants déjà insuffisants et par ricochet diminuera la capacité de ceux-ci à répondre valablement aux problèmes de santé locaux. Ce qui peut augmenter à la longue le taux de mortalité dans la zone.

6.1.3. Politique sanitaire de PMCI

Les activités d'extraction minière ne sont pas sans incidence sur la santé des populations de la sous-préfecture de Kanakono. Et ces incidences pourraient s'amplifier si rien n'est fait. En plus de son probable concours au développement des maladies pneumoniques dans la sous-

84

préfecture de Kanakono, Perseus Mining n'écarte pas les possibilités de développement de certaines maladies comme les IST avec l'afflux des demandeurs d'emploi. Pour prévenir cela, la structure envisage :

· Réaliser des campagnes d'éducation et de sensibilisation des employés et de la communauté,

· Mettre en place des programmes de surveillance sanitaire et de clinique médicale pour les employés sur le site,

· Mener des inspections d'hygiène alimentaire

En outre dans le but de garantir la santé de ses employés, ses sous-traitants et ses partenaires sociaux, l'exploitant minier a veillé à la mise en place d'une politique sanitaire. Ainsi, Perseus Mining s'engage à :

· Fournir un lieu de travail contribuant efficacement à la gestion de la santé et de la sécurité ;

· Accomplir un minimum de santé et de sécurité incluant d'autres conditions de soin obligatoires ;

· Chercher continuellement à améliorer la santé au travail et la performance de sécurité en utilisant la technologie disponible, la connaissance et la gestion pratique ;

· Identifier les risques liés à la santé et à la sécurité et mettre en oeuvre les recommandations afin d'éliminer la blessure/maladie au travail à travers une organisation ;

· Développer, mettre en oeuvre et améliorer régulièrement les systèmes de gestion de la santé et de la sécurité et s'assurer que les pratiques sont intégrées dans toutes les unités de la compagnie ;

· Eduquer et former tous les salariés et les sous-traitants en leur fournissant une connaissance les obligeant à être responsable dans leur secteur ;

· Disposer des ressources suffisantes pour atteindre les objectifs de santé et de sécurité à la mine ;

· Réviser, vérifier et évaluer la performance de la santé et de la sécurité pendant la période opérationnelle afin d'apporter des améliorations ;

85

? Communiquer et consulter toutes les parties prenantes sur les problèmes de sécurité ;

? Maintenir un système de prévention de secours efficace pour répondre aux effets liés à la santé et à la sécurité ;

? Mettre en oeuvre des systèmes efficaces pour réduire ou supprimer les risques de santé et de sécurité liés au transport, stockage, manipulation et la disposition de matières dangereuses.

6.2. Risques sociaux liés à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 6.2.1 Risques liés à l'éducation

En générale la découverte et la mise en exploitation d'un gisement minier dans une zone donne suite à un développement de l'activité d'orpaillage. Cette activité attire bon nombre de personnes et cela à cause de sa rentabilité jugée rapide et élevée. Selon les dires de certains habitants de Kanakono, les personnes qui s'adonnent à cette activité peuvent aisément gagner 5000 FCFA journellement.

De toute évidence les jeunes et surtout les élèves ne sont pas insensibles face à une telle prolificité de l'orpaillage. Si aujourd'hui l'on reconnait que certains élèves exercent dans ce domaine, mais seulement pendant les congés et vacances, il n'est pas à écarter que ceux-ci abandonnent définitivement les cours pour un exercice à plein temps de l'orpaillage. Dans ce contexte, certains jeunes nous ont laissé entendre que « ....on va à l'école pour avoir l'argent demain. A quoi ça sert d'aller donc à l'école si on peut en avoir dès maintenant l'argent.... ». Cette situation a prévalu et continu peut-être de prévaloir dans certaines mines du pays entrée en exploitation avant celle de Sissingué.

A Hiré, les jeunes écoliers désertent les écoles pour exercer dans l'orpaillage. Certains sont obligés d'aller aider leurs parents sur les différents sites d'exploitation sous peine de se voir livrés aux eux-mêmes. Quant à d'autres ils abandonnent les cours volontairement pour la recherche de l'or qui peut leurs permettre d'acheter des vélos, des radios ou des téléphone portables comme leurs amis (ALLOU, 2015).

A Angovia dans le département de Bouaflé également, certains plusieurs élèves sont attirés par le caractère économique à court terme de l'orpaillage. Ce qui les amène à abandonner définitivement les bancs d'école (KOUADIO, 2015).

86

Si rien n'est fait, l'on devrait s'attendre à une baisse du taux d'alphabétisation déjà assez bas dans la sous-préfecture de Kanakono. La mise en place et l'application de mesures interdisant le travail des enfants et des élèves dans l'orpaillage, associé à la ratification de cette activité pourrait constituer une mesure préventive efficace face à cette situation.

6.2.2. Abandon de l'activité agricole et insécurité alimentaire

Plusieurs personnes qui ont longtemps pratiqué l'agriculture comme activité économique se sont vues dépossédées de leurs terres au profit de l'exploitation de la mine de Sissingué. Pour une bonne partie de ceux-ci (environ 300 personnes) il faudrait faire une reconversion professionnelle car n'ayant plus de terres.

Par ailleurs avec le développement de l'orpaillage dans la zone, aujourd'hui plusieurs agriculteurs surtout dans la localité de Zanikan et ses environs, préfèrent faire louer leurs terres pour la recherche de l'or car ils y trouvent un moyen sûr pour engranger de l'argent contrairement à l'agriculture « où les prix d'achat des produits sont de plus en plus bas et où rien ne garantit une bonne production ».

De plus, tout comme les jeunes, les femmes qui sont en général à la base de la production vivrière sont de plus en plus attirées par l'orpaillage. L'on risque ainsi de faire face à une pénurie de produits vivriers dans la sous-préfecture de Kanakono et donc à une insécurité alimentaire. Par ailleurs, les opportunités d'emplois stables à la mine pourraient atténuer l'intérêt des jeunes de la sous-préfecture aux activités agricoles.

Aussi il faut savoir que pour l'année 2018, les maladies liées à l'inhalation de fortes quantités de poussière ont fait de nombreuses victimes dans la sous-préfecture de Kanakono. Cela trouverait sa source dans la pollution atmosphérique liée aux activités d'extraction minière et à l'intensification du trafic sur des routes non bitumées. Toutefois, tout comme sur le plan environnemental, l'exploitant minier a mis en place un cadre pour pallier sinon prévenir ses incidences sanitaires.

A côté de cela, le développement de l'orpaillage qui fait suite à la découverte et à la mise en exploitation de la mine d'or de Sissingué laisse craindre deux incidences sociales. Ce sont la baisse du taux de scolarisation dans la zone et l'abandon de l'activité agricole qui est depuis longtemps l'activité phare et celle qui permet aux populations locales de se nourrir. Des mesures préventives doivent être donc prises à ce niveau.

87

Conclusion

L'exploitation de la mine d'or de Sissingué quoique bénéfique pour les populations locales sur les plans infrastructurels et socio-économiques, a des conséquences négatives ainsi que des risques environnementaux et sanitaires dans la sous-préfecture de Kanakono. Elle est à l'origine du déblayage de plusieurs végétaux, de pollution atmosphérique, de dégradation du sol et de l'instabilité sur les habitations. Sur le plan sanitaire, elle participe au développement des maladies pneumoniques dans la sous-préfecture de Kanakono. Cependant, PMCI s'attèle à prévenir ou faire face à ces incidences négatives en mettant en place d'une part des politiques environnementales et sanitaires. D'autre part, cette structure a mis en place une unité de gestion des déchets issus du site minier. Par ailleurs comme risques sociaux, l'exploitation de la mine de Sissingué laisse craindre la baisse du taux de scolarisation dans la zone ainsi qu'un abandon de l'activité agricole.

Au final, nous pouvons affirmer que notre deuxième hypothèse spécifique stipulant que «l'exploitation minière de Sissingué a des incidences négatives sur la santé des populations» est confirmée.

88

CONCLLUSION GENERALE

La Côte d'Ivoire doit sa place de locomotive de la zone UEMOA au développement de son système agricole depuis les indépendances. Mais pour se mettre à l'abri d'éventuelles crises économiques relativement à l'instabilité des couts des matières premières agricoles sur le marché international, une politique de diversification économique a été initiée. Une place importante a de ce fait été accordée au secteur extractif vu les potentialités minières du pays.

Les politiques d'accompagnement ont permis à ce secteur de se développer avec l'ouverture de plusieurs mines dans le pays. Celles-ci concourent indéniablement au développement économique du pays. En effet, le secteur minier a fait rentrer plus de 500 milliards de FCFA dans les caisses de l'Etat en 2017 ( GOUV.CI, 2018). Cependant ces exploitations pourraient aussi avoir un impact sur le dynamisme des localités les abritant. Ainsi cette étude, s'est attachée à mettre en exergue la contribution de la mine d'or de Sissingué au développement de la sous-préfecture de Kanakono.

Grace à l'observation directe, la recherche documentaire et les entretiens réalisés, cette étude dans un premier temps a permis de savoir que la sous-préfecture de Kanakono est une zone sous-équipée et dont la voirie est essentiellement dans un état de dégradation assez critique. En outre, le développement de l'orpaillage dans la zone a entrainé une cherté de la vie, faisant de cette zone l'une des plus pauvres du pays avec un taux de pauvreté de 77,33% en 2015. De ce fait politiques et populations ont reposé plusieurs espoirs sur l'ouverture de cette exploitation minière dans la sous-préfecture de Kanakono exploitée par Perseus Mining. Elle est donc au coeur d'enjeux nationaux et surtout locaux. L'ouverture de cette mine a entrainé la réquisition d'espaces comprenant des exploitations agricoles, et des habitations, cela moyennement une indemnisation au profit des occupants et des occupants légitimes de ces espaces comme l'ordonne le code minier du pays.

Dans l'optique d'identifier les incidences socio-économiques et spatiales de l'exploitation minière de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono, il est ressorti que la mine d'or de Sissingué apparait aujourd'hui comme une bouée de sauvetage pour les populations de la sous-préfecture de Kanakono. En effet l'exploitation de cette mine a entrainé la mise en place d'un comité locale de développement minier regroupant des représentants de chacune des parties prenantes. Il comprend les leaders de jeunes, de femme, les chefs de village, des autorités administratives et des chefs de service de Perseus Mining. La ponction de 0,5% sur les bénéfices de Perseus Mining qui alimente le compte de ce comité, a permis le démarrage

89

des travaux de construction de certains équipements sociaux de base à Kanakono, Sissingué et Zanikan. En plus de ceux-ci plusieurs autres équipements seront construits dans ces localités à la demande des différentes populations. Par ailleurs, cette exploitation minière participe à la réduction du chômage dans la sous-préfecture de Kanakono avec les possibilités d'emplois directs et indirects qu'elle offre aux populations locales. Ainsi, notre première hypothèse spécifique selon laquelle « L'exploitation de la mine d'or de Sissingué permet d'améliorer le niveau d'équipement de la sous-préfecture de Kanakono en services sociaux de base » est confirmée. Mais le manque d'organisation des groupements communautaires associé au faible niveau d'alphabétisation empêche une plus grande employabilité des populations locales à la mine. Des formations ont été ainsi organisées au profit des jeunes et des femmes pour pallier cette situation.

Cependant les incidences de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ne sont pas que positives. En effet, cette exploitation entraine l'émission de quantité non négligeable de poussière dans l'atmosphère liée à la mobilité des véhicules et au concassage des roches. Ce qui est une source de développement des maladies pneumoniques dans la sous-préfecture de Kanakono. En outre, les actions de cette mine ont une incidence sur la stabilité des habitations dans certains villages comme Sissingué. En plus de ces conséquences indésirables, plusieurs autres risques environnementaux et sanitaires planent sur la sous-préfecture de Kanakono à cause du développement de l'orpaillage. Aussi, la baisse du taux de scolarisation et l'abandon de l'activité agricole ne sont pas à écarter comme risque. Nous pouvons donc dire que notre hypothèse spécifique selon laquelle «l'exploitation minière de Sissingué a des incidences négatives sur la santé des populations » est confirmée. Cependant, il convient de reconnaitre que des politiques sont initiées par l'exploitant minier pour rendre cette exploitation durable.

La mine d'or de Sissingué dans une ère marquée par la promotion du développement durable, est prolifique pour l'exploitant minier avec l'engrangement de bénéfice, à l'Etat ivoirien avec la rentrée de devises dans les caisses et aux populations locales avec la création d'emploi et la réalisation d'équipement communautaires. Mais dans le dessein de prévenir des contestations sociales, il serait intéressant de traiter avec beaucoup plus de rigueur la question de l'employabilité des populations locales majoritairement analphabètes et ne voulant pas se faire former. Cela garantirait les intérêts de chacune des parties prenantes.

90

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93

LISTE DES CARTES

Carte 1 : Localisation de la sous-préfecture de Kanakono 28

Carte 2:Repartition de la population de la sous-préfecture de Kanakono en 2014 36

Carte 3: Localisation des équipements sanitaires de la sous-préfecture de Kanakono 39

Carte 4: Niveau d'électrification de la sous-préfecture de Kanakono 41

Carte 5:Niveau d'accès à l'eau potable dans la sous-préfecture de Kanakono 42

Carte 6:localisation des équipements scolaires dans la sous-préfecture de Kanakono 43

Carte 7:Réseau routier de la sous-préfecture de Kanakono 44

Carte 8:Equipements scolaires issus de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 62

Carte 9: Equipements sanitaires issus de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 64

Carte 10:Autres types d'équipements issus de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 66

Carte 11:Répartition des employés de la mine d'or de Sissingué originaire de la sous-préfecture

de Kanakono 69

94

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1:Synthèse des entretiens réalisés 27

Tableau 2: Données de base de calcul du barème d'indemnisation de certaines cultures pour la

première année d'exploitation 54

Tableau 3: Les membres du CDLM 60

Tableau 4:Causes des maladies détectées dans la sous-préfecture de Kanakono en 2018 83

95

LISTE DES FIGURES

Figure 1:Approche systémique du développement durable 29

Figure 2: Modélisation du développement minier . 30

Figure 3:La population des localités de la sous-préfecture de Kanakono en 1998 et en 2014 35

Figure 4:La population de la sous-préfecture de Kanakono selon la nationalité 37

Figure 5:Repartition des employés de la mine d'or de Sissingué selon l'origine 70

Figure 6:Repartition de la population de la sous-préfecture de Kanakono selon le niveau

d'instruction 71

Figure 7:Les causes de consultation dans la sous-préfecture de Kanakono en 2018 81

96

LISTE DES PHOTOS

Photo 1:Maisons construites à Kanakono par PMCI en guise d'indemnisation 55

Photo 2:Transport du sol contenant le minerai vers l'espace de bouletage 56

Photo 3:Batiment de trois classes en construction à Zanikan par le CDLM 61

Photo 4:Le centre de santé de Sissingué en construction grâce au CDLM 63

Photo 5:Le château d'eau de Sissingué construit par Perseus Mining 65

Photo 6:Le foyer des jeunes de Sissingué construit par PMCI 65

Photo 7:Poussière occasionnée par le déplacement d'un véhicule sur la route Sissingué-

Tengrela 77

Photo 8:Tableau d'information pour les explosions à Sissingué 77

Photo 9:Station de traitement des eaux usées de la mine d'or de Sissingué 79

97

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE i

DEDICACE iii

AVANT-PROPOS iv

REMERCIEMENTS v

SIGLES ABREVIATIONS ET ACRONYMES vii

INTRODUCTION GENERALE 1

I. Compréhension du sujet 1

II. Justification du choix du sujet 2

1. REVUE DE LA LITTERATURE 3

1.1. Définition de concepts 3

1.1.1 Exploitations minières 3

1.1.2. Le développement : une notion polysémique 4

1.2. Les types d'exploitation minière 5

1.2.1. Les EMAPE 5

1.2.2. Les exploitations minières à grande échelle 6

1.3. Les formes d'exploitation minière 7

1.3.1. Les mines à ciel ouvert 7

1.3.2. Les mines souterraines 8

1.4. Les impacts des exploitations minières 9

1.4.1. Impacts socio-économiques de l'industrie extractive 9

1.4.1.1. Au niveau macroéconomique : une incidence controversée 9

1.4.1.2. Une importante activité pourvoyeuse d'emplois 10

1.4.2. Une activité destructrice de l'environnement 11

1.4.3. Les mines menaceraient-elles la santé des populations ? 12

1.4.4. Les incidences sociodémographiques des exploitations minières 13

1.4.5 Les mines : facteur de développement local 14

 

1.5.

Pour une industrie extractive durable

15

2.

PROBLEMATIQUE

17

3.

OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

18

 

3.1.

Objectif général

18

 

3.2.

Objectifs spécifiques

18

4.

METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

19

 

4.1.

Les hypothèses de la recherche

19

 

4.1.1.

Hypothèse générale de recherche

19

 

4.1.2.

Hypothèse spécifiques

19

 

4.2.

Les variables d'analyse

19

 

4.2.1.

Les variables physiques de la zone d'étude

19

 

4.2.2.

Variables humaines de la zone d'étude

20

 

4.2.3.

Variables économiques de la zone d'étude

20

 

4.2.4.

Variables liées au niveau d'équipement de la zone d'étude

20

 

4.2.5.

Variables relatives aux enjeux liés à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué

 
 

21

 
 

4.2.6.

Variables relatives aux caractéristiques de la mine d'or de Sissingué

21

 

4.2.7.

Variables relatives aux incidences socio-économiques et spatiales de la mine

 
 

d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono

22

4.2.8. Variables relatives aux effets néfastes de la mine d'or de Sissingué dans la sous-

préfecture de Kanakono

22

4.3.

Les unités d'observation

23

4.3.1.

Les données humaines, économiques et infrastructurelles

23

4.3.2.

Les données environnementales et sanitaires

23

4.4.

Les échelles d'observation

23

4.4.1.

L'échelle départementale

23

4.4.2.

L'échelle sous-préfectorale

24

4.4.3.

L'échelle des villages

24

 
 

98

99

4.5. La collecte des données 24

4.5.1. La recherche documentaire 24

4.5.2. L'enquête de terrain 25

4.5.2.1. L'observation directe 25

4.5.2.2. Les entretiens 25

a. Les personnes ressources institutionnelles 26

b. Les personnes ressources communautaires 26

4.6. Présentation de la zone d'étude 27

4.7. Approche théorique de l'étude 29

4.7.1. Le développement durable 29

4.7.2. Le développement durable minier 30

4.8. Le traitement des données 31

4.9. Les difficultés rencontrées 31

TABLEAU SYNOPTIQUE 32

PARTIE I : MISE EN EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE 33

CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 34

1.1. Caractéristiques de la sous-préfecture de Kanakono 34

1.1.1. Caractéristiques physiques 34

1.1.2. Caractéristiques humaines et économiques 35

1.1.2.1. Une population composite et en croissance 35

1.1.2.2. Caractéristiques économiques 37

1.2. Niveau d'équipement de la sous-préfecture de Kanakono 38

1.2.1. Equipements sanitaires 39

1.2.2 Eau et électricité 40

1.2.3. Les équipements éducatifs 42

I.2.4. La voirie 43

100

CHAPITRE 2 : ENJEUX ET ETAPES DE LA MISE EN EXPLOITATION DE LA MINE

D'OR DE SISSINGUE 46

2.1. Enjeux liés à l'exploitation de la mine d'or de Tongon 46

2.1.1. Sur le plan national 46

2.1.1.1. Le cadre légal du secteur minier en Côte d'Ivoire 46

a. Adoption d'un code minier en phase avec la conjoncture économique en

1955 46

b. Un code minier pour une industrie minière durable 47

2.1.1.2. Le cadre institutionnel du secteur minier en Côte d'Ivoire 48

a. Le conseil des ministres 48

b. Le ministère des mines et son cabinet 49

c. La commission interministérielle des mines 49

d. La direction générale des mines et de géologie 49

e. La SODEMI 49

2.1.2. Les enjeux locaux liés à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 50

2.1.2.1. Création d'emploi pour les populations locales 50

2.1.2.2. Dotation en équipement 50

2.1.2.3. Optimisation de la situation économique 51

2.2. Etapes de la mise en exploitation de la mine d'or de Sissingué 51

2.2.1. Historique de la mine d'or de Sissingué 51

2.2.2. Acquisition du site d'exploitation 51

2.2.2.1. Typologie du périmètre minier 52

2.2.2.2. La question de l'indemnisation 52

a. Les modalités de l'indemnisation 52

a.1. Les espaces culturaux 52

a.2. Les habitations 54

b. L'indemnisation : sujet de tension 55

101

2.3. Caractéristiques de la mine d'or de Sissingué 56

Conclusion 57
PARTIE II : CONTRIBUTION DE L'EXPLOITATION AURIFERE DE SISSINGUE SUR

LE DEVELOPPEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 58

CHAPITRE 3 : IMPACT SPATIAL DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE DANS LA

SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 59

3.1. La mise en place du CDLM et son corollaire 59

3.1.1. La mise en place du CDLM 59

3.1.1.1. Les missions 59

3.1.1.2. Les membres 60

3.1.2. Les réalisations du CDLM 61

3.1.2.1. Au niveau éducatif 61

3.1.2.2. Au niveau sanitaire 62

3.2. Les autres types de réalisation 64

CHAPITRE 4 : LES INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES DE LA MINE D'OR DE

SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 68

4.1. Une mine d'or pour réduire le chômage ? 68

4.1.1. Les emplois directs générés par la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture

de Kanakono 68

4.1.2. Les emplois indirects générés par la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture

de Kanakono 70

4.1.3. Les limites à une forte employabilité de la mine 71

4.2. Perseus Mining et le développement communautaire 72

Conclusion 74

PARTIE III : IMPACTS NEGATIFS ET RISQUES ENCOURUS PAR LES POPULATIONS DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO SUITE A L'EXPLOITATION DE LA

MINE D'OR DE SISSINGUE 75

CHAPITRE 5 : L'ENVIRONNEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO

FACE A L'EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE 76

102

5.1. Impacts et risques environnementaux de l'exploitation minière de Sissingué dans

la sous-préfecture de Kanakono 76

5.1.1. Incidences environnementales 76

5.1.2. Risques environnementaux 78

5.2. Mesures de préservation de l'environnement et de développement durable 78

CHAPITRE 6 : INCIDENCES SANITAIRES ET SOCIALES DE L'EXPLOITATION

AURIFERE DE SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 81

6.1. Incidences et risques sanitaires 81

6.1.1. Incidences sanitaires 81

6.1.2. Les risques sanitaires liés à l'exploitation minière de Sissingué 83

6.1.3. Politique sanitaire de PMCI 83

6.2. Risques sociaux liés à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 85

6.2.1 Risques liés à l'éducation 85

6.2.2. Abandon de l'activité agricole et insécurité alimentaire 86

Conclusion 87

CONCLLUSION GENERALE 88

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 90

LISTE DES CARTES 93

LISTE DES TABLEAUX 94

LISTE DES FIGURES 95

LISTE DES PHOTOS 96

TABLE DES MATIERES 97

RÉSUMÉ

Avec la volonté des politiques de faire du secteur extractif le second pilier de l'économie ivoirienne, de nombreux gisements aurifères comme celui de Sissingué sont entrés en phase d'exploitation. Si la contribution de celle-ci au développement économique du pays n'est pas sujette à controverse, la question relative à son impact local mérite une attention. C'est dans ce contexte que cette étude a été initiée en vue de montrer la contribution de l'exploitation aurifère de Sissingué au développement de la sous-préfecture de Kanakono. L'approche méthodologique adoptée a porté sur la recherche documentaire à partir des travaux antérieurs et l'enquêtes de terrain. Les résultats montrent que les populations locales ont fondé de nombreux espoirs sur l'exploitation de la seconde mine d'or du septentrion ivoirien exploitée par Perseus Mining Limited. Cette exploitation, par le biais du Comité de Développement Local Minier mis en place, permet à la sous-préfecture de Kanakono de bénéficier de la réalisation d'infrastructures éducatives, sanitaires, routières et bien d'autres encore. En parallèle, elle contribue à l'amélioration des conditions de vie des populations locales grâce aux nombreux emplois directs et indirects crées. Cependant, cette exploitation n'est pas sans incidences sur la santé des populations et l'environnement de la zone.

Mots clés : Kanakono - exploitation aurifère - Sissingué - développement économique et social - environnement - santé des populations

ABSTRACT

With the politicians will to make the extractive sector the second pillar of the ivorian economy, numerous gold deposits like that of Sissingué in the north of the country have entered the exploitation phase. If its contribution to the country's economic development is not controversial, the question about its local impact deserves special attention. Thus, this study has been initiated to determine the contribution of Sissingué's gold mine to the development of Kankono's sub-prefecture. The methodological approach adopted focused on documentary research based on previous works and on the field survey. The results show that populations have placed many hopes on the second gold mine in northern Cote d'Ivoire exploitation, operated by Perseus Mining Limited. This exploitation trhough the local mining development committee set up, allows Kanakono's sub-prefecture to benefit from the construction of health, educational infrastructure and many others. At the same time, it contributes to improve people's living conditions thanks to the many direct and indirect jobs created. However, this exploitation is not without affecting population health and the environment of this area.

Key words : Kanakono - gold mining - Sissingué - economic and social development - environment - population health






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon