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Rôle de la société civile et de la barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflicts intercommunautaires : cas des conflicts entre les Babembe et les Banyamulenge à  Fizi


par Bonheur Kyalangalilwa Ngabile
Université catholique de Bukavu  - Licence/ bac +5 2020
  

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I.3. APPROCHES DE RESOLUTION DES CONFLITS

Patrice Kreidi note que, l'étude sur les conflits s'est trouvée abordée par plusieurs approches et écoles de pensées dans le but de les atténuer, de les gérer ou encore de les terminer.54 C'est ainsi qu'il note que trois approches principales de résolution des conflits peuvent être mobilisées dans les études sur les conflits. Il s'agit entre autres de :

- L'approche de la gestion des conflits ou de règlement des conflits : C'est une approche qui se focalise sur la gestion à court terme d'un conflit armé en identifiant les parties clés au conflit et en négociant ou en servant de médiateur aux accords de paix, mais peut aussi fournir une stabilité à long terme en mettant en place les bases nécessaires pour effectuer un travail dans la prévention des conflits.

- L'approche de la résolution des conflits : C'est une approche qui s'emploie à s'attaquer aux causes du conflit en réparant le tissu social des communautés affectées par le conflit en améliorant les communications et les relations intergroupes.

- L'approche de la transformation des conflits : s'occupe de combiner la gestion des conflits à court terme avec la résolution des conflits à long terme et de transformer ainsi les causes du conflit. Cette dernière se veut plus complète, et prend en compte une plus grande variété d'acteurs.

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Dans la présente étude nous nous focaliserons cependant sur l'approche de la transformation des conflits, une approche sur laquelle nous allons baser nos analyses tout en s'appuyant sur la théorie de transformation des conflits de John Paul LEDERACH appliquée dans le cadre de la résolution des conflits par le bureau de la coordination provinciale de la société civile du Sud-Kivu et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu entre les Banyamulenge et le Babembe.

I.4. THEORIE

La théorie de transformation des conflits de John Paul LEDRACH

D'entrée de jeu, il convient de noter qu'à travers cette théorie, John Paul LEDERACH se trouve être le premier inventeur et utilisateur du concept de transformation des conflits et cela depuis les années 1980, suite aux études effectuées par ce dernier en Amérique du nord, centrale et latine, en Afrique et en Asie. Dans cette théorie l'auteur capitalise son expérience de plus de vingt ans de recherche sur les conflits, la réconciliation et la consolidation de la paix.55

Il convient de noter ici que cette théorie de transformation des conflits a pour but de déclencher le changement constructif dans un milieu affecté par les conflits, ce qui constitue le coeur de toute action de transformation des conflits.

Pour Lederach, « la transformation des conflits consiste à envisager et à répondre aux flux et reflux [le mouvement des éléments en arrière qui succèdent à un mouvement en avant] des conflits comme opportunités vitales pour créer des processus de changement constructifs qui réduisent la violence, renforcent la justice dans les interactions directes et les structures sociales, et répondre aux problèmes de la vie réelle dans les relations humaines.»56

La définition de Lederach touche à la fois à plusieurs aspects et notions clés de la transformation des conflits.

Tout d'abord, le conflit est ici envisagé comme un phénomène naturel, normal, dynamique et continu au sein des relations humaines ; il apporte avec lui le potentiel de croissance constructive. Pour un changement positif, l'engagement avec cette opportunité est nécessaire.

55 Bosco Muchukiwa, «Transforamation des conflits : orientations théoriques, diversité et efficacité d'approches », ISDR-Bukavu, 2019 Disponible en ligne sur https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/

56 Ibid., p17

57 Ibid., p24

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Deuxièmement, le conflit à un rythme et un schéma ; il y a escalade et désescalade. Ensuite, les conflits découlent des relations et y reviennent, faisant des relations le centre de transformation des conflits.

Dans l'étude de cette théorie nous allons nous concentrer plus sur son analyse notamment en ce qui concerne son objet, son champ d'application et les types de capacités à développer pour induire la transformation des conflits aux niveaux individuel, relationnel, sociétal et culturel.

En ce qui concerne les spécificités de cette théorie de transformation des conflits de John Paul Lederach, Bosco Muchukiwa note que :

« Le développement que John Paul Lederach fait de sa théorie permet de la considérer à la fois comme une approche pratique et un cadre analytique. Comme cadre analytique, la théorie de la transformation des conflits est développée par l'auteur pour contribuer à comprendre le conflit social, comment ce dernier émerge et produit le changement aux niveaux personnel, relationnel, structurel et culturel au cours de l'existence humaine. Pour mieux expliquer le conflit social, il sied de considérer la théorie de la transformation des conflits comme une grille de lecture qui adresse à la fois l'épisode du conflit, l'épicentre du conflit, le pic du conflit, les ondes du conflit et le dilemme en vue de trouver les plateformes pour atteindre le changement désiré. »57

Il convient donc dans cette analyse de circonscrire ce que nous entendons par ces différents concepts constituant les éléments de cette grille de lecture à la lumière de John Paul Lederach :

1. L'épicentre du conflit : C'est l'endroit où l'énergie du conflit est sortie pour la première fois ;

2. L'énergie du conflit : L'énergie du conflit dans la relation humaine est déclenchée par l'épisode du conflit et s'étend sur un espace géographique donné ;

3. L'épisode du conflit : C'est donc l'étendue ou l'espace couvert par le conflit. C'est en d'autres termes la géographie du conflit ;

4. Le pic du conflit : c'est l'étendue couverte par le conflit dépendamment de son intensité (qui est le seuil ou le niveau atteint par le conflit).

A ces quatre on ajoute d'autres concepts également très importants que sont :

? Le dilemme du conflit : c'est la position opposée au tour d'un enjeu qui brouille et empêche le conflit d'être dénoué, de réduire ses dégâts destructeurs et de trouver une issue constructive ;

58 Ibid. p23

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? La communauté : elle désigne la population touchée ou affectée par le conflit dans le but d'évaluer ses effets destructeurs et constructifs.

Lederach soutient alors ici que le conflit possède au-delà d'une force de destruction, un potentiel non négligeable de croissance pour le changement social. C'est ainsi que B. Muchukiwa affirme que ce « potentiel constructif est un levier sur lequel les intervenants dans le domaine de la transformation des conflits doivent s'appuyer et ainsi développer le dialogue, le plaidoyer, les approches non-violentes, les unités de transformation, l'analyse de contexte, l'analyse et la compréhension du conflit, la tolérance, le pluralisme, la médiation et la création des nouvelles pistes de base des modèles préexistants. »58

Pour Jean-Paul Lederach, le conflit et le changement sont tous deux la réalité, et les conflits ont un impact sur les situations et changent les choses dans ces quatre grandes catégories :

? Personnel : minimiser les effets destructeurs de conflits sociaux et maximiser le potentiel pour la croissance et le bien-être de l'individu aux niveaux physique, émotionnel, intellectuel et niveau spirituel;

? Relationnel : minimiser la mauvaise communication, maximiser la compréhension et travailler avec les craintes et les espoirs liés aux émotions et à l'interdépendance dans la relation ;

? Structurel : comprendre et traiter les causes profondes et les conditions sociales qui donnent lieu à des violences et autres expressions néfastes de conflits et promouvoir les mécanismes de la non-violence ; et

? Culturel : Identifier et comprendre les modèles culturels qui contribuent à l'essor des expressions violentes des conflits et s'appuyer sur des ressources pour répondre de manière constructive et gérer les conflits.

Revenant sur la notion de l'identité dans cette théorie, John Paul LEDERACH montre qu'il convient d'ajouter le concept d'identité à ceux développés précédemment, car cette dernière est au coeur de bon nombre des conflits à la base de l'épicentre et de l'épisode des conflits ; par la suite, Lederach montre qu'avant de passer à la transformation des conflits, l'élément identitaire qui représente le caractère doit être pris en considération et après avoir identifié le potentiel de transformation des conflits, il convient de se fixer l'objectif de l'intervention, préciser en suite son importance ainsi que ses rapports en vue de réduire le conflit violent.

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John Paul envisage la consolidation de la paix dans cette théorie comme un processus intégrant différentes fonctions, rôles et stratégies employés par différentes personnes à différentes étapes de la progression de conflit. Il articule cela sous la forme d'une pyramide (voir figure 2) sur la base d'où les individus (les parties en conflit et les bâtisseurs de la paix) se trouvent dans un système et les approches qui fonctionnent le mieux dans un secteur / niveau particulier de la société.

Source : Syllabus Cours de Sociétés Pacifiques et Systèmes de Paix

Figure 2 : La pyramide de Transformation des conflits de John Paul Lederach

La pyramide donne une idée sur la façon dont une population entière affectée dans un contexte des conflits internes est représentée par des dirigeants, d'autres acteurs, ainsi que par les rôles joués par ceux-ci dans le traitement de la situation. Le sommet, ou leadership de haut niveau, représente le moins des personnes, dans certains cas peut-être seulement une poignée d'acteurs clés. La base de la pyramide représente le plus grand nombre de personnes, c'est ici que toute la population est représentée en générale. Sur le côté gauche de la pyramide se trouvent les types de dirigeants et les secteurs dans lesquels ils proviennent à chaque niveau. À droite, les

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activités de transformation que les dirigeants à chaque niveau peuvent entreprendre. Il est difficile pour le plus haut niveau d'arriver à des solutions créatives car il est souvent bloqué quant à la prise de position et subit une pression énorme pour maintenir une « position de force »vis-à-vis des adversaires et de ses propres circonscriptions. Le leadership de niveau intermédiaire est connecté à la fois à la base et à la direction de haut niveau et c'est sa plus grande force. Le leadership à ce niveau n'est pas nécessairement basé sur le pouvoir politique ou militaire et cela donne aux intermédiaires une plus grande flexibilité et une marge de manoeuvre. Ainsi, la plage moyenne, si correctement intégrée, pourrait fournir la clé de la création d'une« infrastructure » pour maintenir la paix. La pyramide a été l'un des premiers modèles à traiter la consolidation de la paix et a donc été considérée comme une contribution importante de Jean-Paul dans le domaine de la transformation des conflits.59

Cette théorie va nous servir dans la présente étude, au quatrième chapitre dans la comparaison des rôles joués par différents acteurs à différents niveaux et les approches qu'ils utilisent en vue de la construction de la paix.

59 Jean-Chrisostome Kiyala, Cours de Sociétés Pacifiques et Systèmes de Paix, (lectures supplémentaires), L2 Conflits et Médiation, UCBukavu, 2019-2020

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci