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Libéralisation financière et croissance économique au cameroun


par Christian BELKE NDONEMO
Université de Ngaoundere - Master recherche  2017
  

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b- Les autres aspects de la libéralisation financière interne au Cameroun

· La suppression des barrières à l'entrée, de l'allocation sectorielle du crédit et la privatisation des banques

La libéralisation a aussi concerné la suppression des barrières à l'entrée. En 1973, l'Etat opérait une certaine réforme instituant la prise de participation au capital social des banques par les nationaux. Il s'agissait dans son esprit de faire ressortir les intérêts publics, par la détention d'au moins le tiers des actions souscrites8(*). C'est alors que les banques étrangères furent nationalisées car l'Etat y était l'actionnaire majoritaire. L'entrée dans le secteur bancaire de toute banque était dès lors subordonnée à la possession par l'Etat des parts importantes du capital social (le tiers au minimum). Mais en 1990 on a assisté à une dérégulation ayant amené l'Etat, du fait des dégâts occasionnés par sa présence exacerbée, à se détacher du capital social des banques, en les privatisant. Cette barrière à l'entrée fut ôtée. Ceci visait, selon Noula (2012) à attirer les banques privées jouissant d'une collaboration étrangère dans l'espoir que ces banques apporteraient un maximum de capitaux étrangers et le savoir-faire technique, transmettraient la dextérité des banques modernes aux banques domestiques et élargiraient aussi profondément que possible la structure financière locale. Bref la privatisation des banques devrait stimuler la concurrence bancaire.

La libéralisation financière a donc apporté plus de liberté d'action et de souplesse aux banques, désormais affranchies du dirigisme étatique. L'Etat s'est retiré de la gestion des banques -à travers l'abandon des parts de capital- qui furent privatisées. La privatisation des banques visait à leur apporter plus d'efficience et d'efficacité dans leur fonctionnement, le management privé étant considéré comme plus efficace. Par conséquent, la pratique de l'allocation sectorielle des crédits, c'est-à-dire leur orientation vers les secteurs jugés prioritaires ou rentables par le gouvernement fut abandonnée. Désormais, les banques affranchies du dirigisme étatique ont la latitude d'octroyer les crédits selon les conditions propres au secteur.

Ainsi, au 31 décembre 2011, sur treize banques en activité, l'Etat ne détenait des parts de capital que dans quatre banques :

§ la BICEC : au capital de 12000 millions, dont 17,5% détenus par l'Etat, 61,5% par BPCE International et outre-mer, 7,25% par PROPARCO et 14,3% par d'autres actionnaires

§ la Société Commerciale de Banques Cameroun (CA SCB) : avec un capital de 6000 millions, est détenu par l'Etat à 49% contre 51% par IUB holding

§ la SGBC : où l'Etat est actionnaire à 25,6% des parts, contre 58,08% pour la Société Générale et 16,32% pour AGF Cameroun, pour un capital d'un montant global de 12500 millions

§ la BGFI Bank Cameroun : l'Etat détient 20,00% du capital qui s'élève à 10 milliards de FCFA. Les autres parts sont reparties entre la BGFI holding (70,69%) et les autres actionnaires (9,31%).

Force est de constater que l'Etat n'est plus actionnaire majoritaire dans aucune banque. Les autres banques sont détenues par divers actionnaires privés camerounais et étrangers. Seule la Standard and Chartered Bank a un capital entièrement détenu par elle-même à 100%, et dans une certaine mesure la United Bank of Africa (UBA) qui possède 99,99% de son capital contre 0,1% par d'autres actionnaires.

· La politique des réserves obligatoires

Le 1er Septembre 2001, le gouverneur de la Banque d'Afrique centrale, agissant par délégation du conseil d'administration, a décidé de soumettre les banques de la CEMAC à la constitution des réserves obligatoires rémunérées. Chose qui semble paradoxale puisque Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) s'opposent fortement à la constitution des réserves obligatoires et préconisent leur suppression, sinon leur diminution significative, puisqu'elles participent à empêcher la liberté de mouvement des banques en réduisant leur capacité d'octroi de crédits. Mais en fait, l'introduction des réserves obligatoires par la BEAC vise à prévenir les risques d'inflation issus de l'octroi exagéré de crédits par les banques, celles-ci étant fortement surliquides. Les réserves dans la CEMAC ne constituent pas un instrument de répression financière mais sont plutôt un outil de régulation de la liquidité des banques. C'est ainsi que le taux des réserves n'est pas statique, fixe. Il est fixé et modifié par le gouverneur de la BEAC, en fonction de la conjoncture économique et monétaire interne (le niveau de liquidité des banques notamment) et externe. Ainsi en 2002, à cause de la trop forte liquidité des banques dans la CEMAC, du fait de la forte augmentation des recettes d'exportation des Etats, notamment pétrolières (BEAC, 2002), le gouverneur a procédé au relèvement du coefficient des réserves à trois reprises. Lorsque la BEAC modifie les coefficients de réserves, elle laisse une période d'adaptation aux banques de deux mois, période au cours de laquelle aucune sanction ne leur sera appliquée. L'application du coefficient de réserves varie selon les pays en fonction de la liquidité des banques.

Ainsi le 1er juillet 2002, le Conseil d'administration de la BEAC a décidé d'adopter le principe d'une différenciation des coefficients de réserves obligatoires selon les pays, du fait des disparités constatées concernant la liquidité bancaire dans les différents États de la CEMAC. Le gouverneur de la BEAC a décidé de répartir les pays de la CEMAC en deux groupes9(*) : pays à situation de [sur]liquidité satisfaisante (groupe 1) auxquels le coefficient de réserves serait un plus élevé : Cameroun, Congo, Guinée Equatoriale ; et pays à situation de liquidité fragile (groupe 2) qui connaitraient une application modérée des taux de réserve : Tchad, République centrafricaine (RCA), Gabon. Cette répartition a pris effet pour compter du 1er août 2002.les réserves obligatoires ne sont pas appliquées dans un dessein de réprimer les banques, mais la BEAC, investie d'un double objectif de stabilité monétaire (un taux d'inflation faible et un taux de couverture extérieure de la monnaie suffisant -le seuil statutaire minimal étant de 20 %) et de soutien à l'activité économique (article 1er de ses statuts), veille à ce qu'il n'y ait pas trop de liquidités, mais aussi qu'il n'y en ait pas trop peu non plus. A titre d'exemple, Depuis le 22 mai 2003 les réserves obligatoires de la RCA ont été suspendues à cause de la liquidité trop fragile de ses banques.

Tableau 6: coefficients des réserves obligatoires appliqués au Cameroun

De mars 2006 à mars 2007

De mars 2007 à juillet 2008

De juillet 2008 à mars 2009

Depuis mars 2009

Depuis mars 2016

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

7.75

5.75

10.25

8.25

11.75

9.25

11.75

9.25

5.88

4.63

Source : BEAC et Banque de France

En somme le recours aux réserves obligatoires vise à « mettre en banque » le système bancaire, c'est-à-dire à le contraindre au refinancement lorsque les facteurs autonomes de la liquidité bancaire engendrent un excédent de monnaie centrale pour les établissements de crédit (BEAC, 2006). C'est donc un instrument servant à contenir les risques inflationnistes (BEAC, 2002).

* 8 Cf supra

* 9Le nombre de groupe de pays est passé de deux à trois le 3 mars 2006. Le groupe 1 se constitue maintenant de la Guinée Equatoriale dont le niveau de surliquidité a dépassé le seuil satisfaisant. C'est la zone rouge en quelque sorte. Le deuxième groupe se constitue du Cameroun, du Congo et du Gabon, avec des niveaux de [sur]liquidité jugés acceptables. Et enfin le Tchad, avec une liquidité fragile forme le troisième groupe.

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