B- Les canaux indirects d'impact de la
libéralisation financière sur la croissance économique
v La signalisation
L'absence de libéralisation des mouvements de capitaux,
en appliquant des restrictions sur les capitaux sortants, décourage
l'afflux de capitaux extérieurs car les investisseurs internationaux
n'ont pas la certitude de rapatrier leurs capitaux à tout moment. Les
gouvernements se servent souvent des restrictions sur les mouvements de
capitaux pour diminuer l'inflation, qui peut résulter d'un reflux de
capitaux, ou pour limiter l'appréciation du taux de change,
associée à un afflux massif de capitaux. Ceci envoie un signal
négatif aux investisseurs qui présumeront que les meilleures
politiques macroéconomiques ne sont pas adoptées, car en effet la
première option signifie la non application d'une politique saine de
lutte contre l'inflation, et la seconde donne l'impression d'une absence de
politique fiscale optimale (Lajili, 2015).
Le gouvernement doit donc signaler aux investisseurs l'absence
totale de restrictions sur les mouvements de capitaux dans le futur. La
libéralisation des mouvements de capitaux constitue un signal fort pour
les investisseurs. L'ouverture du compte de capital signale
généralement l'adoption par les autorités d'une politique
macroéconomique stable, et d'une politique économique future
favorable à l'investissement, qui pourra provoquer la croissance
économique.
C'est le fondement de notre deuxième
hypothèse : H2 : « la
libéralisation du compte de capital influence positivement la croissance
économique au Cameroun »
v L'allègement de la contrainte fiscale et la
discipline macroéconomique
L'ouverture du compte de capital impacte indirectement la
croissance économique à travers l'instauration d'une discipline
fiscale qui encourage l'investissement dans les secteurs productifs.
En effet l'ouverture financière exerce un rôle
disciplinaire capable de changer la dynamique des investissements domestiques,
dans la mesure où elle mène à une réallocation du
capital vers les projets les plus efficients et les plus productifs en
réponse aux changements des politiques macro-économiques.
« En fait, les gouvernements nationaux sont parfois tentés
d'instituer des politiques fiscales sévères sur les
équipements productifs. La perspective de telles politiques tend
à décourager l'investissement et à réduire la
croissance. Par contre, l'ouverture financière peut exercer un effet
favorable sur les décisions des pouvoirs publics et les contraint de ce
fait à s'engager dans de telles politiques restrictives à
l'avenir, puisque les conséquences négatives de telles pratiques
sont plus graves lorsque le pays est libéralisé. »,
(Lajili, 2015, p 46).
v La promotion de la spécialisation
La libéralisation financière, combinée
avec l'existence de systèmes d'assurance interrégionale en cas de
chocs, assurent la viabilité de la spécialisation sectorielle et
géographique de la production dans le processus de croissance
économique (des pays en voie de développement). L'importance de
la spécialisation apparaît dans le sens où, d'après
la théorie du libre-échange, chaque pays, dans un contexte de
commerce international, gagnerait à se spécialiser dans les
secteurs conformes à ses avantages comparatifs pour accroitre ses
richesses et accélérer son développement.
Figure 4 : Les canaux de transmission de la
libéralisation financière vers la croissance
économique
Source : Benhabib et Zenasni (2011), p4
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