II- Les
variables
1- La variable dépendante
La variable dépendante est le PIB par habitant,
utilisé pour mesurer la croissance économique. Le PIB par
habitant est le rapport du PIBréel par l'ensemble de la population.
C'est l'indicateur généralement retenu dans les travaux comme
variable dépendante.
Figure 7 : évolution du PIB par tête au
Cameroun, unité de devises locales constantes, 1990-2015
Construit à partir des statistiques du Cameroun de
la banque mondiale, annuaire 2016
A l'observation de ce graphique, le PIB par habitant a connu
une baisse notable de 1993 à 1995. Ceci peut s'expliquer par la crise
économique qu'a traversée le pays pendant cette période et
notamment suite à la dévaluation du FCFA.
2- Les variables
indépendantes
Elles sont grossièrement au nombre de trois : les
variables traduisant le développement financier, la variable de
libéralisation du compte de capital, et les variables de
contrôle.
Les variables de la libéralisation
financière
Les variables utilisées sont :
-la monnaie au sens large rapportée au PIB
(M2). Qualifié de taux de liquidité, le ratio masse
monétaire sur PIB est constitué des disponibilités
monétaires (circulation fiduciaire et dépôts à vue)
et la quasi monnaie (dépôts à terme en monnaie nationale,
dépôts en devises et les provisions pour paiement des
importations). La monnaie au sens large est la somme de la masse
monétaire M1 (billets et pièces) et de la quasi monnaie. En
effet la masse monétaire m2 est un agrégat intermédiaire
correspondant à une définition plus large de la masse
monétaire constitué de la monnaie au sens étroit (M1)
ainsi que des engagements. On distingue d'une part les engagements
représentatifs de dépôts pouvant être
transformés rapidement et sans coûts en moyens de paiement, et
d'autre part, des engagements à court terme (moins de deux ans) dont la
transformation en moyens de paiement est stipulée à
l'échéance du contrat (dépôt à terme). Ces
engagements sont proches d'une utilisation de la monnaie comme réserve
de valeur.
La variable M2 mesure le niveau du développement du
secteur bancaire, c'est-à-dire le niveau d'intermédiation
financière.Le ratio de la masse monétaire sur le PIB mesure la
taille du secteur financier formel par rapport à la taille de
l'économie. Plus ce ratio augmente, plus il traduit le niveau
élevé d'expansion de la sphère financière formelle,
et l'évolution de l'intermédiation financière. Le signe
attendu est positif.
Figure 8 : évolution du ratio masse
monétaire/PIB (M2), 1990-2015
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
De 1990 à 1996 le ratio masse monétaire sur PIBa
diminué, traduisant une faible profondeur financière. Le
système bancaire était encore fragile et avait du mal à
s'approfondir au lendemain des réformes. La finance formelle ne
représentait qu'un peu plus de 10% de l'économie en 1996. Mais
depuis cette date, la taille de la finance formelle dans l'économie a
augmentée, avoisinant les 25% en 2015.
-les crédits privés rapportés au
PIB (CP). C'est la capacité des banques commerciales dans le
financement de l'économie. Suite à la libéralisation des
taux d'intérêt, les crédits sont supposés
« exploser » (boom du crédit). Le boom du
crédit ou syndrome de l'emprunt est donc mesuré par le ratio
crédits privés/PIB. L'augmentation des crédits doit
entrainer le relèvement du niveau de l'investissement, qui par ricochet
agira positivement sur la croissance économique. Le signe attendu est
positif.
Figure 9 : évolution du ratio crédits
privés/PIB (CP), 1990-2015
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
Le ratio crédits privés sur PIB qui traduit
l'effet de la libéralisation des taux d'intérêt
était particulièrement élevé pendant les
périodes de répression financière du fait de l'octroi
incontrôlé du crédit. Il s'est mis par la suite à
baisser notamment à partir de 1992 au moment où les taux
d'intérêt venaient d'être libéralisées.
Pourtant la libéralisation des taux d'intérêt est
censée entrainer une augmentation des crédits. Cette baisse de
« CP » traduit le rationnement du crédit par les
banques. Malgré la libéralisation des taux
d'intérêt, les banques ne financent pas assez
l'économie.
La variable de la libéralisation du compte
de capital
Pour mesurer le degré d'ouverture du compte de capital
du Cameroun, nous allons utiliser l'indice KAOPEN de Chinn et Ito (2007) qui
mesure l'ampleur de l'ouverture du compte de capital. Cet indice est disponible
pour 105 pays, pour la période allant de 1970 à 2015. Il se base
sur les 4 principales catégories de restriction sur le compte
extérieur contenues dans l'AREAER : la variable indiquant la
présence d'un taux de change multiple; lavariable indiquant la
présence de restrictions sur les transactions courantes (degré de
convertibilité de la monnaie domestique et nature des restrictions sur
l'utilisation d'une monnaie étrangère entre résidents);
lavariable indiquant la présence de restrictions sur les transactions du
compte de capital; et lavariable indiquant la présence de restrictions
lors du rapatriement des bénéfices par les exportateurs.
L'avantage de cet indicateur est qu'il tient compte de l'intensité des
restrictions et non de son existence ou pas (comme c'est le cas pour la
majorité des indicateurs d'ouverture du compte de capital). Construis
essentiellement par la méthode de l'analyse en composantes principales,
cet indicateur est compris entre -1,7 (le pays est peu
libéralisé) et 2,6 (le pays est financièrement très
libéralisé). Plus sa valeur est importante, plus le compte de
capital du pays concerné est libéralisé. Le signe attendu
est positif.
Figure 10 : évolution de l'indicateur KAOPEN de
l'ouverture du compte de capital pour le Cameroun
Construit à partir de la base de données du
KAOPEN, 2015
L'indice kaopen de libéralisation du compte de capital
est négatif sur toute la période d'étude. Ce qui veut dire
que le Cameroun a très peu libéralisé son compte de
capital. S'il a un score meilleur sur la période 1993-1995, c'est
à cause du rapatriement des capitaux spéculatifs qui avaient
été massivement placés hors de la zone BEAC pour se
protéger contre la dévaluation.
Les variables de contrôle
Quant aux variables de contrôle, elles sont l'ensemble
des variables réelles souvent utilisées afin d'expliquer la
croissance économique. Nous retenons :
- le degré d'ouverture commerciale de
l'économie (CO) :En général, l'effet de
l'ouverture sur la croissance passe par trois voies: la formation du capital
physique (croissance tirée par l'investissement et induite par
l'ouverture), le capital humain (croissance tirée par les
compétences et induite par l'ouverture) et le savoir (croissance
tirée par la technologie et induite par l'ouverture). Pour mesurer le
degré d'ouverture des pays en voie de développement on recourt au
taux d'ouverture de l'économie qui est égal au ratio des
exportations plus les importations divisées par le PIB. L'ouverture
commerciale donne un reflet des transactions du pays avec le reste des
économies. Elle est censée agir positivement sur la croissance
économique.
Figure 11 : évolution de l'ouverture
commerciale du Cameroun (CO)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
Au fil du temps le Cameroun s'est commercialement ouvert
à l'extérieur, grâce à l'intégration
économique au niveau de la CEMAC, et à certains accords
commerciaux avec certains pays de l'union européenne.
- les dépenses publiques en pourcentage du PIB
(DPU). Les dépenses publiques sont l'ensemble des
dépenses réalisées par les administrations publiques.Cette
variable représente l'efficacité des politiques
macroéconomiques. Les dépenses du gouvernement peuvent agir
positivement sur la croissance en stimulant la demande de biens et services, ce
qui entraîne l'augmentation de la production et dope la croissance. Les
dépenses publiques peuvent, à travers les dépenses
d'éducation, de santé et d'autres services qui contribuent
à l'accumulation du capital humain, augmenter la productivité
marginale des facteurs de production et la croissance. Mais, ces
dépenses peuvent avoir un effet négatif sur la croissance quand
le scénario suivant se produit: L'augmentation des dépenses
publiques entraîne une augmentation de l'offre de la monnaie, ce qui fait
repartir l'inflation et diminue, par effet de cascade, l'épargne,
l'investissement, la production et la croissance. En tout état de cause
l'effet attendu est positif.
Figure 12 : évolution des dépenses
publiques en pourcentage du PIB (DPU)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
-le capital humain :L'enseignement
principal de ces modèles de croissance est que l'accroissement du
niveau de qualification de la population active est un déterminant
essentiel de la croissance. L'accumulation du capital humain permet
de soutenir la croissance à long terme en agissant directement sur la
productivité de la main-d'oeuvre, mais aussi à travers des
externalités positives que cette amélioration engendre.Le
facteur du capital humain explicatif de la croissance reste le plus souvent le
taux de scolarisation. Le taux de scolarisation est la proportion de jeunes
d'un âge donné scolarisés par rapport à la
population totale du même âge. On distingue à ce niveau
le taux brut de scolarisation, et le taux net de scolarisation. Le taux brut de
scolarisation (TBS) (Gross enrollment ratio en anglais) est défini comme
le total des inscriptions dans un niveau spécifique d'éducation,
sans distinction d'âge, exprimé en pourcentage de la population
officiellement scolarisable au même niveau pour une année scolaire
donnée. Ce taux peut être supérieur à 100 %. Lorsque
l'indicateur a une valeur supérieure à 100, il met en
lumière l'incidence de la scolarisation d'enfants plus jeunes ou plus
âgés que l'âge normal. Le taux net de scolarisation (TNS)
(Net enrollment ratio en anglais) correspond au quotient de la population
scolarisée et ayant l'âge officiel d'une scolarisation par rapport
à la population scolarisable ayant l'âge officiel d'une
scolarisation. Ce taux ne peut pas être supérieur à 100
%.Pour caractériser cette variable, nous retenons la variable
SCO qui correspond au taux brut de scolarisation secondaire,
du fait de l'absence des données sur le TNS. Le signe attendu est
positif.
Figure 13 : évolution du taux brut
d'inscription secondaire au Cameroun (SCO)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
On note qu'à partir de 2006 le taux de scolarisation au
secondaire a connu une hausse significative. Ceci peut s'expliquer par la
multiplication des établissements scolaires jusque dans les zones
rurales, autrefois délaissées.
-le taux d'inflation (TINF): Ce qui
justifie l'introduction du taux d'inflation comme variable explicative de la
croissance est le concept de la répression financière. Un taux
d'inflation élevé caractérise les économies
caractérisées par la répression financière.
L'inflation élevée peut encourager les investissements
spéculatifs et peu productifs. Cela défavorise ainsi les
investissements à long terme et exerce un effet nuisible à la
croissance.Ce sont les prix de consommation finale des ménages qui sont
souvent pris en compte dans la mesure d'inflation. Un indice des prix à
la consommation mesure les variations enregistrées par le panier
observé, traduisant ainsi la variation du coût de la vie pour les
consommateurs, et de la valeur de la monnaie dans ses aspects les plus concrets
pour les ménages. Le signe attendu est négatif.
Figure 14 : évolution du taux d'inflation au
Cameroun selon l'indice des prix à la consommation (TINF)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
Le taux d'inflation a un pic record de 35% en 1994 à
cause de la dévaluation du FCFA qui entraine une hausse des prix
à la consommation.
-le taux de croissance de la population
(POP) : Selon Barro (2000), Malthus (1798),la croissance
économique est négativement liée au taux de
fertilité. Ainsi, avoir plus d'enfants dans la même famille va
engendrer un taux de croissance de la population plus élevé. Une
augmentation du taux de croissance de la population peut être à
l'origine de la baisse du PIB par habitant. De même dans le cadre des
modèles de croissance exogène comme celui de Solow, une
croissance de la population exerce un effet appauvrissant. Le signe attendu est
négatif.
Figure 15 : Evolution du taux de croissance de la
population camerounaise (POP)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
Le taux de croissance de la population a un trend descendant.
La population camerounaise croît à un rythme de plus en plus
faible.
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