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Schémas précoces inadaptés chez les patients fibromyalgiques


par Nadia TIPEL
Université Aix-Marseille  - Master 1 Psychologie Clinique et Psychopathologie  2011
  

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I - CADRE CONCEPTUEL

1.1 LA DOULEUR

L'étymologie des verbes dont sont issus les substantives : douleur et souffrance, peut nous éclairer sur le sens que nous attribuons aujourd'hui à ces deux termes. D'une part, Douleur, du latin doles était une construction impersonnelle ou qui avait pour sujet la partie douloureuse et qui a donné en ancien français le verbe pronominal se douloir. D'autre part, Souffrir, du latin suffere est un composé de ferre «porter», «soutenir», « endurer ».

Il en découle un usage particulier que nous faisons de ces deux termes aujourd'hui : le mot «souffrance» qui renvoie à l'expérience d'un sujet, tandis que le mot «douleur» est une sorte d'objectivation de cette souffrance.

Nous pourrons dire que la prise en charge médicale cherche à soulager la douleur, alors que le psychologue travaille sur la souffrance qui accompagne cette douleur.

Les difficultés à définir la douleur sont dues à la complexité du phénomène. Pour rendre compte des différentes dimensions de la douleur de nombreuses définitions ce sont succédées.

Ø «Sensation physique pénible à endurer»

Ø «Situation traumatique génératrice d'angoisse»

Ø «Détresse issue du corps et de l'esprit»

En 1979, la I.A.S.P. (International Association for Study of Pain) a donné une définition de la douleur qui est actuellement la référence :

«Expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associé à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en termes d'un tel dommage ».

Un des intérêts de cette définition est de limiter le lien entre douleur et stimulus périphérique .Elle rend légitime les douleurs sans lésion, alors que, dans un modèle périphérique, ces douleurs sont assimilées à des douleurs imaginaires, inauthentiques, simulées.

Un autre intérêt de cette définition est de mettre sur un même plan les dimensions sensorielles et affectives.

La prise en charge d'une douleur chronique diffère de celle d'une douleur aigue dans la mesure où il est impossible de privilégier un facteur étiologique unique dans une causalité linéaire. Il convient de prendre en considération un ensemble de facteurs s'influençant réciproquement .Mais cela ne signifie pas qu'on doit amalgamer tout le SDC (Syndrome Douloureux Chronique) en une entité unique dont la prise en charge serait univoque. Du point de vue psychopathologique l'impact de la douleur est différent pour chaque patient, car le sens de la douleur à travers l'histoire de vie est unique pour chaque individu.

Dans un souci didactique, on distingue les SDC à composante organique prédominante des SDC à composante psychique dominante.

Ø 1.2 SYNDROME DOULOUREUX CHRONIQUE A COMPOSANTE ORGANIQUE DOMINANTE

Quel que soit le mécanisme en cause, qu'il s'agisse d'un accident ou d'une maladie douloureuse, les conséquences d'une douleur qui dure et parfois qui s'accompagne de mutilation sont doubles.

Sans que l'on puisse véritablement établir de succession chronologique, on peut décrire une première période où l'attitude du sujet témoigne de stratégies pour faire face à la douleur. Il réduit son activité motrice, se fige dans des attitudes antalgiques. Parallèlement, il diminue ses intérêts, devient sensible à l'environnement, toute l'attention étant focalisée sur la zone douleur. Le temps se fige dans un présent douloureux qui n'en finit pas. A ce stade, on est souvent tenté d'évoquer la présence d'un syndrome dépressif, mais il est très compliqué de faire la part de la douleur et celle de la dépression.

Au cour d'une douleur chronique c'est la globalité du sujet qui est transformée. Transformation du corps avec perte d'identité corporelle, perte de capacités physiques, perte de l'autonomie, fragilisation de la position familiale, professionnelle, sociale qui rend vacillante l'identité psychique. L'adaptation à ce nouveau corps aux possibilités amoindries nécessite un travail de deuil des anciens investissements et l'acquisition à nouveaux. La prise en charge psychologique est ici essentielle. Si ce travail rate, survient une seconde période à composante psychique dominante.

Ø 1.3 SYNDROME DOULOUREUX CHRONIQUE A COMPOSANTE PSYCHIQUE DOMINANTE

Au cours de ces syndromes, les symptômes organiques sont mis en premier plan par les patients. Les troubles psychiques son déniés, souvent avec une certaine hostilité.

L'allusion à d'éventuels troubles psychiques est interprétée par le patient comme douleurs imaginaires, voir simulées. L'examen somatique met souvent en évidence une «épine irritative» que le patient utilise comme écran pour masquer sa psychopathologie et comme alibi pour justifier la consultation itérative.

Le système de classification américain des troubles mentaux DSM IV classe le SDC à composante psychique dominante parmi «Les troubles somatoformes douloureux» à moins qu'il ne s'accompagne d'autres symptômes psychiques permettant de le ranger dans une rubrique plus précise.

En fait, si la quête taxinomique est louable, elle ne devra pas précéder le décodage du langage du patient, en partant le plus souvent de ce qu'il présente, sa plainte douloureuse, pour déchiffrer le sens qu'elle prend dans l'histoire de vie du sujet et son rôle dans ses relations interindividuelles .

On dénombre quatre grands types de langage qui permettent au sujet souffrant d'encoder une souffrance psychologique en souffrance physique. Nous distinguerons, l'histrionique, l'anxieux, l'hypocondriaque, le psychosomatique. Chez ces quatre types de sujets, la dépression est un de point commun.

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1.5 LE SYNDROME FIBROMYALGIQUE

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Le terme fibromyalgique vient de « fibro », pour fibrose, de « myo » qui signifie muscles et d' « algie » qui signifie douleur.

Le syndrome fibromyalgique est défini comme un syndrome chronique (évoluant depuis plus de trois mois) caractérisé par de douleurs musculo-squelettiques diffuses dans tout le corps souvent associé à une grande fatigue et à des troubles de sommeil.

La symptomatologie est assez univoque, n'entraine pas de complications graves, mais qui est très éprouvant et empêche souvent la personne qui en souffre d'accomplir ses activités quotidiennes.

L'existence de ce syndrome est reconnue depuis 1992 par l'Organisation Mondiale de la Santé. Cependant, la fibromyalgie est encore mal connue et mal comprise. Bien que les douleurs soient réelles et très pénibles, les médecins ne parviennent pas à détecter de lésions, ni d'inflammations permettant d'expliquer ces symptômes. Pour cette raison, la fibromyalgie a suscité des polémiques dans les milieux scientifiques. Aujourd'hui il semble que certains facteurs physiologiques (anomalie du système nerveux) et génétiques soient en cause. Des événements extérieurs (traumatiques, infections) pourraient aussi être impliqués. Les causes exactes demeurent toutefois incertaines.

· Prévalence

Les statistiques révèlent que, dans les pays industrialisés, la fibromyalgie touche 2% à 6% de la population. Environ 80% des personnes atteintes sont des femmes. La maladie apparait souvent entre 30 ans à 60 ans. Quelques rares cas de fibromyalgie ont toutefois été décrits chez des enfants, sans qu'on soit certain qu'il s'agit de la même maladie.

Symptômes

La douleur, toujours étendue et diffuse, peut débuter au cou et aux épaules, pour s'étendre ensuite au reste du corps. Elle est permanente mais aggravée par l'effort, le froid, l'humidité, les émotions et la manque de sommeil.

Une fatigue chronique, prédominante le matin, peu sensible au repos et en apparence inexpliquée.

Le trouble de sommeil, sont également quasi-constants: dans plus de 90% des cas le sommeil est perçu comme léger et non réparateur quelle que soit la durée.

D'autres symptômes peuvent compléter cette triade fondamentale : céphalée à type de migraine ou de céphalée de tension, douleur pelviennes, anxiété, dépression, troubles cognitifs, etc.

Une augmentation de l'acuité des sens, soit une sensibilité accrue à la douleur, odeur, lumière, de changement de température etc.

La fibromyalgie figure donc à la classification internationale des maladies (CIM) de l'OMS, à la fois au titre des maladies de l'appareil locomoteur et au titre des affections psychiatriques (troubles somatoformes).

Globalement, la fibromyalgie correspond à une entité clinique. Le diagnostique de fibromyalgie ne peut être retenu qu'après avoir éliminé des pathologies organiques avec lesquelles il peut être confondu ou associé. Le rapport de l'Académie Nationale de Médicine, en date du 16 janvier 2007

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précise dans ses recommandations « il n'existe pas de profil psychologique spécifique, ni de preuve permettant de rapporter ce syndrome à une origine uniquement psychogène »1

1.6 DIFFERENTES APPROCHES DE LA DOULEUR 1.6.1 L'approche anthropologique de la douleur

Plus qu'un fait physiologique, la douleur est un fait existentiel. Ce n'est pas le corps seul qui souffre, mais l'individu dans son entier. La douleur montre combien le corps renvoie à des significations inconscientes, sociales, culturelles et individuelles.

Chaque société, chaque culture a sa propre conception du corps et de l'esprit. Même les différentes médecines reposent sur des conceptions personnelles du corps et de la maladie : l'allopathie, l'homéopathie, l'ostéopathie, l'acupuncture. Il y a aussi les savoirs populaires : guérisseurs en tout genres, magnétiseurs, radiesthésistes et autres tradithérapeutes ou médecines alternatives.

Le corps est une réalité changeante d'une société à une autre. Plus qu'une collection d'organes et de fonctions assemblés selon des lois compréhensibles, le corps est une structure symbolique que nous peinons à comprendre.

Le savoir biomédical officiel de nos sociétés occidentales n'étant qu'une représentation du corps parmi des autres. Aussi légitime et efficace qu'elle soit, notre conception n'est pas la seule. De multiples réalités du corps se profilent derrière les innombrables systèmes thérapeutiques.

Confondre à une souffrance sans nom, le malade consulte un spécialiste : psychiatre, psychologue , médecin, mais également guérisseur, leveur de sort, chaman...La tache de ce dernier étant de donner un sens au symptôme pour rendre acceptable et restaurer la relation avec l'environnement.

Dans tout le cas, le corps est défini par quatre composantes inextricables :

Ø La forme (avec ses limites)

Ø Le contenu (l'univers intérieur)

Ø Le savoir (la connaissance partagée que chacun se fait de son corps et de son fonctionnement)

Ø La valeur (qu'il attribue à ses attributs physiques)

Tout les sociétés humaines favorise la mise en place individuelle de cette anthropologique qui permet à chacun d'habiter familièrement son corps avec ses repères sécurisantes.

Ø Socialisation et douleur

Ø La douleur est plus supportable si elle peut être partagée, mais ce partage n'est guère acceptable dans nos sociétés ou chacun la vit individuellement.

Chez nous, le sentiment communautaire est quasiment absent. D'autres sociétés ont prévu des maitres de cérémonie venant orchestrer et donner un sens aux choses. D'un côté on se bat seul pour sa guérison : c'est la démarche individuelle, le «moi-je» Ailleurs, c'est une démarche communautaire, le «nous-

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autres». Pourtant, l'accompagnement, l'écoute, la capacité à contenir l'anxiété et l'accueil exercent toujours un effet d'apaisement sur la douleur. A l'inverse, l'abandon et la solitude attisent la douleur.

Ø Spiritualité et douleur

Tout les systèmes religieux ont cherché à intégrer la souffrance humaine dans leurs explications de l'univers en le justifiant au regard des dieux et du cosmos. De manière générale, il est admis que tout malheur est châtiment pour des fautes commises envers Dieu ou des hommes. La douleur est donc «juste». Reste à trouver la faute et à expier.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault