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Le Cameroun et la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques


par Eric Salomon Ngono
Université de Yaoundé I  - Master 2 2020
  

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I- Causes et impacts des changements climatiques au Cameroun

Les années 90 ont connu un essor démographique considérable au Cameroun. Cette population, majoritairement jeune et active, aspirait aux meilleures conditions de vie qui devaient passer par la croissance d'une économie diversifiée. Cette utilisation accélérée de l'environnement pour des besoins de production sera lourd de conséquences. Des dysfonctionnements climatiques et la dégradation de l'environnement étaient plus que jamais le quotidien de la population camerounaise.

A- Les secteurs d'émissions des gaz à effet de serre au Cameroun

Les gaz à effet de serre (GES) ici sont ceux répertoriés par le protocole de Kyoto. Au Cameroun les gaz émis sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l'oxyde nitreux (N2O), le monoxyde de carbone (CO), les oxydes azoteux (NOx), les composés volatiles organiques non méthaneux (NMVOC) et le dioxyde de soufre (SO2). Une unité a été créée pour comparer leur impact sur l'effet de serre : le Pouvoir de Réchauffement Global (PRG). Il

1 Stratégie Africaine sur les Changements Climatiques, Mai 2014, p.12.

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combine l'effet de serre "instantané" des gaz et la durée de leur présence dans l'atmosphère2. Les émissions des GES sont exprimées en Gg3 équivalent carbone (GgECO2). Sur la base des données de 1990 analysées dans la Communication Initiale sur les changements climatiques, les émissions du Cameroun étaient estimées à 55 802 Gg équivalent CO2. Le bilan national des émissions des GES en 2000 était de 2990 Gg de CO2, 473 Gg de CH4 et 54 Gg de N2O pour les émissions directes et 4 824 Gg de CO, 192 Gg de COVNM, 109 Gg de NOx et 8 Gg pour les émissions indirectes4. Les principaux secteurs d'émission des GES sont les secteurs de l'énergie, de l'industrie, de l'agriculture, de l'utilisation de terres et celui des déchets.

1- Les émissions provenant des secteurs énergétiques et industriels

Les secteurs énergie et industrie constituent respectivement la deuxième et la cinquième source d'émission des GES au Cameroun. En référence aux premières études sur les GES en 1994, le Cameroun a rejeté 24 383 Gg de gaz carbonique dans l'atmosphère, soit 89% des émissions de CO2 la même année. Le principal gaz émis par le secteur énergie est le dioxyde de carbone. Ces émissions proviennent de l'utilisation des énergies fossiles. En 1994 le secteur énergétique représentait 2216 Gg, soit 9% du total des GES émis cette année. 5

Deuxième GES émis au Cameroun, 859 Gg de méthane (CH4) ont été émis par le secteur énergie soit 8% des 11149,56 Gg des émissions de méthane libéré dans l'atmosphère au Cameroun en 1994. D'autres gaz tels que l'hémioxyde d'azote (N2O), les oxydes d'azote (NOx), le monoxyde de carbone (CO) et les hydrocarbures non méthaniques (NMVOC) et le chlorofluocarbone (CFC) ont été émis par ce secteur mais à des proportions marginales6. Par contre en 2000, le secteur de l'industrie a émis 4808 et 5948 Gg en 20107.

L'industrie est un secteur incontestable de la pollution atmosphérique. Les procédés industriels sont des sources émettrices considérables des GES qui s'associent à une pollution protéiforme des zones industrielles. L'industrie produit la quasi-totalité des GES émis par le Cameroun. En 1994, les procédés industriels ont émis 387,3 Gg de CO2 qui se répartissaient en 131 Gg pour la production des métaux et 256 Gg pour les produits minéraux8. La même année, les émissions de méthane par les affluents industriels étaient évaluées à 104 Gg. Les procédés industriels sont une source de production des oxydes d'azote. D'après l'inventaire des GES de

2 www.fl-residences.com/bilan-carbone.html consulté le 14-02-2019 à 18h36mn.

3 C'est l'unité de mesure des émissions des GES exprimé en Gigagrammes. Gigagramme= Kilotonnes= 1000 tonnes métriques.

4 Seconde Communication Nationale, 2014, p.40.

5 Communication nationale initiale ..., p.36.

6 Ibid.

7 Seconde Communication..., p. 115.

8 Ibid.

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1994, le NOx était représenté d'un faible pourcentage n'atteignant pas 2% des émissions totales de NOx. Les procédés industriels émettent aussi dans l'atmosphère les NMVOC. Le secteur industriel est aussi une source d'émission des GES dont la présence est relativement faible dans l'atmosphère tels que le SO2 et le CFC9.

2- Les émissions dues aux activités agricoles et à la pression

démographique

Si la démographie et l'agriculture sur brûlis jouent un rôle significatif dans la déforestation du Cameroun, l'exploitation de la forêt et des terres défrichées pour le marché intérieur et extérieur occupe une place centrale dans la dégradation de l'environnement. Cette pression sur la nature et ses ressources sont des sources d'émission des GES responsables du réchauffement du climat à l'échelle nationale. Dans les pays en développement, plus de la moitié de la population habite en milieu rural et vit en situation économique précaire d'où leur dépendance des forêts. Ces dernières sont des sources de produits alimentaires, de plantes médicinales, de bois de chauffe et de matériaux de construction. Le prélèvement de ces produits peut être considéré comme une cause de la déforestation10.

a- L'agriculture

L'agriculture est l'une des principales causes des émissions des GES. Elle représente 24% des émissions mondiales11. Au Cameroun, elle a pour corollaire la déforestation par des pratiques telles la technique de brûlis. Bien avant la colonisation européenne, les régions méridionales du Cameroun, couvertes par la forêt tropicale humide, étaient déjà habitées par des populations vivant d'activités de prédation, en l'occurrence les pygmées. On y trouvait aussi les Bantou dont la pratique traditionnelle principale était l'agriculture itinérante sur brûlis. Cette pratique conduit à la perte du couvert végétal et à la pollution de l'atmosphère. En 2009, près de 80% des ménages ruraux la pratiquaient.12

L'agriculture de rente ou d'exploitation est l'une des grandes innovations de la colonisation européenne en Afrique. Elle s'est manifestée par l'introduction des cultures de rente dans le système local de production. Certains produits agricoles ne pouvant pas être cultivés sous les latitudes européennes, entraient au Cameroun par Douala, porte d'entrée du

9 Ibid., p.39.

10 Ibid.

11 https://reporterre.net/Climat-l-agriculture-est-la-source/ consulté le 15-02-2019 à 12h25mm.

12 L. Bauer, Forêts et réduction de la pauvreté dans les pays en développement : une relation à déchiffrer, Essai présenté en vue de l'obtention du double diplôme de Maîtrise en Environnement et de Master en Ingénierie et Management de l'Environnement et du Développement Durable, Université de Sherbrooke, 2010, p.14.

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pays13. Impulsés, d'une part, par les firmes anglaises et, plus tard, par les Allemands après la signature du protectorat le 12 juillet 1884, ces cultures ont été intégrées aux moeurs de la population camerounaise. Cette pratique a été pérennisée par les puissances qui ont successivement occupé le pays ainsi que par les politiques agricoles élaborées depuis les indépendances. La mise en place des cultures de rente telles que la cacaoculture et la caféiculture, ont contribué, de manière significative, à la déforestation. Ces cultures sont développées sur des parcelles anciennement couvertes par la forêt14.

Entre 1992 et 1994, et dans des secteurs variés, le CO2 était produit de manière considérable. La riziculture produisait 62,243 Gg, le maïs 286,365 Gg, le mil et le sorgho 136,637 Gg, le coton 62,459 Gg et la canne à sucre 392,261 Gg. Le secteur de l'agriculture émet principalement le méthane15. En 1994, 8 828 Gg équivalent CO2 ont été émis par ce secteur, soit 79% des émissions de méthane. Dans cette proportion, les feux de brousse et la digestion entérique des animaux en sont les principales sources représentent respectivement 73% et 25%16. L'agriculture est la principale source d'émission d'oxyde nitreux. En 1994, le secteur a émis 7 607 Gg, soit 93% du total des émissions. L'utilisation des engrais pour la fertilisation du sol est la principale source des émissions de N2O du secteur soit 88% ; suivi des feux de brousse avec un pourcentage de 12%.17 De même, l'agriculture émet les oxydes d'azote. En 1994, 110,80 Gg d'oxyde d'azote ont été émis. Ces émissions provenaient des feux de brousse, de l'incinération des résidus agricoles. Le secteur agricole émet aussi du monoxyde de carbone produit essentiellement par les feux de brousse.

b- Une pression démographique galopante

En Afrique, la part de la population rurale oscille entre 65 et 80% avec des pointes de 80 à 94,5% au Soudan et au Niger. Elle commence à se réduire timidement en Afrique centrale et occidentale en se situant entre 50 à 65%, puis en Afrique du Sud et au Maghreb où elle est de l'ordre de 20 à 35%.18 Au Cameroun, près de 80% de la population et de surcroît les plus pauvres étaient majoritairement composée des ruraux qui constituaient environ 40% de la population totale du pays. Ces derniers dépendent des ressources forestières pour leur subsistance quotidienne. Cette pression sur la forêt et sur les ressources naturelles augmente

13 J. Ndih Nke, «Déforestation au Cameroun : Causes, conséquences et solutions», Alternative Sud, Vol-15, 2008, p.160.

14 Ibid.

15 Ibid., p.40.

16 Ibid.

17 Ibid., p.38.

18 J.G Elong & D.D Priso, Initiation à la géographie rurale et urbaine, Yaoundé, Editions CLE, 2011, p.25.

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graduellement au regard du taux d'accroissement naturel du pays qui en 2010 était de 2,6% et atteignait parfois 2,8% dans certaines zones rurales19.

Dans la plupart des pays en développement, la population a doublé en 20 ou 25 ans20. Cette croissance démographique a un lien direct avec l'exploitation des ressources naturelles. Les forêts du Cameroun, dont l'importance en matière de biodiversité est établie, subissent une pression croissante, non seulement du fait des besoins de nutrition directe des populations locales, mais aussi en raison de l'exploitation commerciale de certaines ressources destinées au marché qui procure des revenus monétaires21. Cette pression va crescendo sur les ressources naturelles dans les zones d'approvisionnement des grandes villes, car les demandes en bois des villes pour la construction sont permanentes. Cette activité conduit inéluctablement à la déforestation qui est une source d'émission des GES. Selon les résultats du 3ème Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) réalisé en 2005, et sous la base du RGPH réalisé en 1987, la population camerounaise était estimée au 1er juillet 2014 à 21 657 488 personnes22.

3- Les émissions liées au changement d'affectation des terres et de

l'utilisation des déchets

Le changement d'affectation des terres et des forêts, et l'utilisation des déchets font partie des secteurs de l'activité humaine qui contribue à l'émission des différents gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique au Cameroun.

a- Le changement d'affectation des terres et des forêts

Le changement d'affectation des terres et forêts, en ce qui concerne le Cameroun, émet dans l'atmosphère trois gaz. Parmi ces gaz, nous avons le gaz carbonique, le méthane et les oxydes d'azote. Ce secteur est de loin la première source émettrice de CO2 du pays. La conversion des terres en pâturage, due à un taux de déforestation élevé, émet à elle seule 26 795 Gg contre 1 400 Gg pour les changements intervenus sur la biomasse forestière.23 Compte tenu des faibles superficies forestières plantées, la contribution des forêts aux émissions avec une capacité de séquestration de 6 014 Gg soit 21,34% des émissions de ce secteur en 1994. Par ailleurs, l'absorption du CO2 par le sol est évaluée à 200 Gg. Le pourcentage des émissions totales de CO2 dues à l'utilisation des terres était de 89,41% en 1994 au Cameroun24.

19 Ndih Nke, "Déforestation au Cameroun...", p.161.

20 N. Sten Sparre," La théorie de la population d'Adam Smith", Population n°3, 1952, p.480.

21 Ndih Nke «Déforestation au Cameroun...»p.162.

22 Institut Nationale de la Statistique, Annuaire Statistique du Cameroun, édition 2015, p.56.

23 Communication nationale initiale..., p.33.

24 Ibid.

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Les émissions des deux autres gaz à savoir le méthane et les oxydes d'azote sont d'une représentativité faible dans ce secteur. En 1994 les émissions de méthane issues du changement d'affectation des terres et des forêts étaient marginales. Elles étaient évaluées à 187,74 Gg équivalent CO2 soit moins de 2% des émissions totales de méthane. De même, le secteur a émis moins de 1% d'oxyde d'azote25.

b- Le secteur des déchets

Les déchets, malgré leur faible pourcentage, émettent des GES qui contribuent à la destruction de la couche d'ozone qui a pour conséquence immédiate le réchauffement global de la planète. Au Cameroun, les premières statistiques détaillées sur les gaz émis par secteur proviennent des études d'inventaire des GES de 1994. Le principal GES émis par le secteur des déchets est le méthane. En effet, les émissions de méthane sont issues des décharges des déchets solides municipaux et des systèmes de traitement des eaux usées ménagères qui constituent la seconde source d'émission de méthane soit 11%, loin derrière le secteur agricole qui émet 79%. Les émissions de méthane des décharges des déchets municipaux en équivalent CO2 étaient estimées à 1 100 Gg en 1994, dont 428,4 Gg de CH4 émis par les décharges aménagées et 672,21 Gg par les décharges non aménagées26.

Les émissions de méthane provenant des systèmes de traitement des eaux usées ménagères étaient évaluées à 69,72 Gg en 1994. Cette source représentait 6,3% des émissions de méthane provenant des décharges des déchets municipaux. Les émissions de méthane provenant des affluents industriels et les boues étaient évaluées à 104,16 Gg la même année. Elles représentaient uniquement 9,5% des émissions de méthane provenant de la mise en décharge des déchets municipaux27. Après le secteur agricole, le secteur des déchets est la deuxième source d'émission d'oxyde nitreux (N2O). Ses émissions de GES ne sont pas sans conséquence. Dès lors, quels sont les impacts des changements climatiques au Cameroun ?

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