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Analyse sociologique des politiques scientifiques au Gabon: cas du CENAREST


par Sandrine Esther MEYO ME NDONG
Université Omar Bongo - Master 2021
  

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Section 4 : Élaboration de la problématique

Dans cette partie, nous poserons notre problème après recension et revue critique de la littérature se rapportant à notre objet d'étude. La problématique serait alors le dépassement de travaux antérieurs, leur point aveugle, c'est-à-dire, ce qu'ils n'ont pas traité. C'est aussi une remise en cause des évidences et des certitudes qui structurent le champ des représentations, pour parler comme Fidèle Pierre Nze-Nguema.

4.1 Gouvernance de la recherche scientifique dans la littérature occidentale

Reprenant les propos de Pierre Bourdieu sur la science et la politique, Nathalie Heinich estime que, « Dans le rapport entre science et politique, l'intrusion de la connaissance scientifique dans les stratégies politiques. Cette lecture du fait politique est pertinente pour nous dans la nouvelle sphère politique, notamment africaine dans laquelle le politique n'est pas ignorant des sciences mais parfois en est spécialiste. Des propos de Heinich, l'inconvénient serait de demander au chercheur de n'agir qu'en tant que cherche dans l'arène de la recherche et entant que politicien dans l'arène politique »71.

Pour N. Heinich la question de l'autonomie de la science ne saurait se concevoir sans un engagement réel du politique. En d'autres termes, il est impératif de ne jamais dissocier science et politique. Cette dualité exprime une situation dans laquelle la science peut servir de moyen de pression au politique. Elle emprunte à Foucault des notions de scholarship72 de commitment73 afin d'expliquer que, dans l'action d'entrée de la connaissance dans le politique, il peut y avoir une manipulation de celle-ci pour soutenir les discours de l'autre. Elle soutient qu'une telle scène entre science et politique pourrait être pour les uns perçu comme un triomphe du scholarship sur le commitment. Autrement dit, de la science et ses facultés sur le politique.

71 N. Heinich, Pourquoi Bourdieu, Paris, Gallimard, Coll. Le débat, 2007, p.69-70.

72 Notion empruntée à Foucault, par Nathalie dans l'ouvrage Pourquoi Bourdieu ?

73 Idem.

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Dans son article scientifique pourtant sur le champ scientifique et champ politique elle souligne que le bien bien-fondé du champ scientifique c'est la conscience. Une connaissance historique qui fait office de fonctionnement du champ.

« Il devrait aller sans dire que la recherche vise avant tout la connaissance. Ce rappel devient indispensable au moment où tant d'intellectuels, se mettant «au service des luttes (É), se comportent collectivement vis-à-vis de nouveaux maîtres, reconnus ou annoncés comme se sont conduits leurs prédécesseurs « envers leurs supérieurs ecclésiastiques, puis envers les princes (...), enfin envers leur maître collectif de complexion bourgeoise» .Cette soumission volontaire intervient alors que l'autonomie relative du champ intellectuel, qui est l'acquis historique spécifique de leur groupe, permettrait à ces intellectuels, sinon de travailler en fonction de déterminations « pures » et purement intellectuelles, du moins de produire autre chose qu'un résultat connu d'avance. » 74

Elle montre l'importance et la complexité de la construction de la connaissance scientifique dans une dialectique entre champ politique et champ scientifique.

Dans son analyse portant sur la gestion des universités à vocation de recherche John Taylor expose la pensée de Fox sur la réalité de la productivité de la recherche scientifique. Fox formule une relation directe entre productivité scientifique et conditions de recherche. Les facteurs de condition peuvent être, à la fois, internes et externes. Toutefois d'après le point de vue que l'auteur extrait de Fox, celui-ci est décideur de la pertinence et la régulation de la productivité sociale.

Il semble donc que la recherche ne puisse être livrée à elle-même. Comme le fait remarquer Fox : « Ce ne sont pas les établissements qui font de la recherche, ce sont les individus. Mais les conditions qui règnent dans l'établissement ont une incidence sur la productivité »75

Ces conditions peuvent être relatives aux finances. Toutefois, relativisant sa position, il ajoute que : « La stabilité financière est un facteur important pour la réussite scientifique d'une université, mais elle ne peut être obtenue de nos jours que grâce à un financement diversifié, dont l'État n'est pas le principal fournisseur. »76

74 J. Verdès-Leroux, « Champ scientifique et champ politique ». In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 36-37, février/mars 1981, p. 26.

75 J. Taylor, « Gérer l'ingérable : La gestion de la recherche dans les universités à vocation recherché », op.cit. p.14.

76 Ibid.p.3.

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Il exprime la pensée de Michael Shattock sur la gestion des universités de recherche. D'après Michael Shattock « La bonne gouvernance contribue au succès de l'établissement lorsque les éléments extérieurs qui y participent, les cadres administratifs et la communauté scientifique travaillent en étroite collaboration. D'un autre côté, les progrès seront freinés si l'un de ces éléments prend le dessus. »77.

Nous pouvons relever la fonction que peut prendre la fonction (attention au style, à revoir). En effet, ce qui traduit un fonctionnement normal de la sphère recherche serait l'articulation des rôles et des statuts de chacun, cela sans pourtant qu'il ait une accumulation de rôle de l'un sur celui de l'auteur. Cette articulation permet de créer une harmonie sociale et un espace social linéaire qui serait, comme le pense l'autre propice à la productivité scientifique. En clair, dans les pays du nord il apparaît que la gestion de la recherche n'est pas figée sur l'orientation de la recherche elle elle-même car elle permet une liberté au chercheur. Mais elle n'est pas seulement, aussi figée sur la gestion de l'établissement.

« En réalité, Ce n'était pas que la recherche sortait de la sphère de la de gestion de l'établissement. C'était plutôt l'inverse ; la recherche était un tel enjeu pour ces établissements qu'elle imprégnait tous les aspects de la gestion. »78

Au-delà de la complexité observée dans l'orientation, les usages des résultats de recherche dans les pays occidentaux, il importe d'analyser, dans la section qui suit la question du statut de la recherche scientifique en Afrique.

4.2 Gouvernance de la recherche scientifique dans la littérature africaine

Nous traduisons par littérature africaine tout ouvrage, article, texte traitant de la question de la gestion de la recherche scientifique en Afrique, soit de façon générale ou en spécifiant un pays du continent Africain à l'exception du Gabon.

Dans leur article scientifique portant sur la prise en compte de résultats de recherche au Cameroun, Mbock Charly Gabriel, Ngo-Mpeck Marie-Laure et Kom Dorothée expliquent que l'action publique ne prend en charge la recherche scientifique et ses résultats que quand celle-ci présente des résultats non probants à long terme. Pour eux, les études prises en compte, il ne s'agit pas d'études stratégiques ou prévisionnelles, mais de celles qui permettent de réagir à des urgences pratiques.

77 Ibid. p.6.

78 Ibid. p.43.

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Ils poursuivent en signifiant que « leur manipulation dans les institutions d'Etat garantit les aménagements conjoncturels mais constitue un élément de résistance à tout changement structurel notable ». Par ricochet, nous pouvons noter que l'implication de la science dans l'action publique devrait permettre un apport à long terme, selon le domaine dont cette action est constitutive79.

Dans cette analyse les auteurs, après avoir fait un historique de la recherche scientifique au Cameroun, donnent les raisons du non prise en compte des résultats de celle-ci, notamment la réactivité et l'accessibilité à court terme des projets de recherche proposés aux instances. Aussi, la plupart des projets, comme le signifient les auteurs requiert un financement plus lourd mais avec des résultats plus probants. Dans cet inventaire, le premier auteur retenu est Jacques Gaillard.

Ce dernier analyse les conditions de recherche au Cameroun en proposant une analyse historique de la recherche au Cameroun. Il met un accent particulier sur la crise financière que va connaître l'économie camerounaise afin de montrer l'étroite relation qui existe entre les financements et les avancées de la recherche au sein de la recherche. Une crise financière qui influencera le rendement de la recherche, les conditions de sa mise en oeuvre, ainsi que l'amélioration des conditions de vie de la main de la main d'oeuvre80.

Il explique que « entre 1990 et 1996 les seuls programmes de recherche poursuivis sont ceux qui sont financés par des programmes étrangers. Alors qu'avant 1987 l'État finance entre 85 et 95 pourcents des activités de recherche (salaire compris), le pourcentage des financements étrangers atteint presque 40 pourcents dans les années qui suivent (1987-1996). Aucun programme ne peut se faire sans la contribution des fond internationaux »81.

Le second auteur retenu aborde la question de la recherche scientifique au Gabon. Il fait part de la gestion de la recherche dans le pays du Maghreb. Il traite de l'impact de la recherche et met en exergue la présente à l'étranger des chercheurs marocains et souligne aussi bien l'apport de la recherche que le fait que, l'internationalisation aide au développement local de la recherche.

En effet, « Pour réussir une véritable mobilisation des compétences marocaines S&T de l'étranger et lever l'ensemble des contraintes, il conviendra enfin de rassurer en même temps

79 C.G. Mbock, M.-L. Ngo-Mpeck et D. Kom, « Utilisation des résultats de recherche dans l'action publique au Cameroun », Revue Internationale des sciences sociales 2004/1(n°179), p.49.

80Il relève la progression en dans de sciences de la recherche scientifique au Cameroun et explique que celle-ci est primordialement centrée sur l'agriculture et la recherche médicinale.

81 J. Gaillard, E. Zink avec la collaboration de Anna Furo Tuilberg, Les capacité de recherche scientifique au Cameroun, une évaluation de l'impact des activités de l'IFS, IFS/international fondation sciences, mesia étude d'impact/ rapport No5, Octobre 2003, p.10.

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que de convaincre la communauté scientifique nationale marocaine et ses représentants, sur le fait que la mobilisation des compétences S&T marocaines de l'étranger (à distance ou en leur permettant de revenir au Maroc) n'est pas un risque mais au contraire une opportunité et un facteur puissant d'internationalisation et de renforcement du système national de recherche et d'innovation marocain. C'est une des conditions nécessaires pour que le Maroc s'inscrive de plus en plus et de façon durable sur la carte de la circulation scientifique mondiale. »82

4.3 Gestion Gouvernance de la recherche scientifique dans la littérature gabonaise

Se penchant sur le bilan de la recherche scientifique au Gabon, Daniel Franck Idiata établit formule une proposition concernant la nouvelle dynamique de recherche scientifique selon la nécessité et l'urgence. Il distingue plusieurs points notamment les points relevant d'une implication externe (et ceux nécessitant de la volonté politique du gouvernement) à savoir :

- Adapter les coordinations ;

- Renforcer les structures et équipements ;

- Créer les conditions d'une gestion rigoureuse des programmes de recherche ;

- Définir et mettre en oeuvre une politique de promotion de la recherche.83

De ce fait, nous comprenons qu'une gouvernance de la recherche, d'après la perspective de l'auteur, serait d'établir une organisation de la recherche en adéquation avec les objectifs généraux de développement, de mettre en place des moyens financiers et des structures adaptées. En somme, il recommande de mettre en place des moyens de coordination rigoureuse de la recherche scientifique.

La gouvernance serait l'orientation de celle-ci, conformément aux besoins du moment, la confection de structures adaptées des centres de recherche scientifique et d'établissements d'enseignement supérieur, tout en stimulant une coordination84.

Jean-Marc Ella explique que pour faire de la recherche un vrai moteur de développement en Afrique il faudrait développer quatre (4) points précisément :

- Intégrer le concept de développement à la production de connaissant. Cela consisterait,
d'après lui, à mobiliser une pertinence de travaux de recherche ,
·

- Associer étroitement la recherche et le changement social ,
·

82 Idem.

83 Daniel Franck Idiata et al, Le bilan de la recherche scientifique au Gabon, op. Cit. p.23-24.

84 Ibid. p.24-29.

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- Créer un espace de travail ouvert à la réciprocité des questionnements. Il estime que

les savoirs actions sont dépendants de la théorie et réciproquement, ils sont dans un va et vient de dépendance ,
·

- Repenser le rapport au savoir dans une perspective de lutte contre le développement85.

D'après lui, dans un contexte social de luttes et de conflits face à divers problèmes sociaux que doivent faire face les États du monde et plus particulièrement l'Afrique, la recherche scientifique ne doit pas servir à un ornement intellectuel mais à une contextualisation du problème, en vue de trouver des solutions pratiques.

Il explique le fonctionnement ou l'histoire de la recherche en Afrique. Les différents laboratoires établis en Afrique du sud du Sahara sont conçus en se référant à l'exemple des pays du Nord, que la plupart des résultats sont destinés à une collaboration Nord-Sud, donc sont retransformés. Aussi, la plupart des financements de projets sont fait par les organisations internationales et non par des fonds locaux.

Dans « Les états généraux de la politique de la recherche au Gabon », nous notons que la gouvernance de la recherche scientifique relève d'indicateurs internes mais aussi d'indicateurs externes à la recherche scientifique. Des éléments externes de gestion, nous pouvons relever l'orientation de la recherche scientifique au Gabon 86 on peut parler d'une « réorientation de l'activité de recherche ». Ils précisent que cela pourrait passer par :

- L'élaboration désormais de programme national de recherche prenant en compte les
priorités du développement socio-économique et auxquels doit s'intégrer tout projet financé sur fonds publics ,
·

- L'appel à la diversification du financement au sein des universités et des centres de
recherche, par le biais des partenaires avec le secteur public et privé ,
·

- La promotion et la valorisation des chercheurs ,
·

- La mise en place d'un comité National d'Éthique en matière de recherche scientifique.

Ce sont des logiques de propositions qui traduisent ce qu'est la gouvernance de la recherche scientifique. Elle serait fondée sur son orientation, son financement et sa

85 J.-M. Ella, Guide pédagogique de formation à la recherche pour le développement de l'Afrique, Paris, L'harmattan, 2001, p. 28.

86Collectif d'auteurs, Les grands choix de la politique scientifique et universitaire à l'aube du 21ème siècle, tome1, Actes des États généraux de la recherche et de l'enseignement supérieure, Libreville-3 au 6 mars 1998, p.34

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valorisation87. Tout cela sans pour autant exclure la réhabilitation des structures de recherche dans les université et centres de recherche88.

Dans son analyse, Georges Moussavou dresse un regard panoramique sur la gouvernance de la recherche en relevant les aspects budgétaires, institutionnel, ÉIl examine les stratégies des acteurs en mettant en relief les acteurs de chaque domaine de recherche selon la fonction de chacun en clair :

« La problématique soulève principalement, de façon indirecte, l'épineux sujet de la responsabilité partagée par les acteurs gouvernementaux et institutionnels dans l'efficacité interne ou la bonne gouvernance des institutions. »89

Il relève les actions des acteurs et met une ouverture sur l'implication politique de la recherche ou encore l'influence des acteurs politiques sur la recherche en milieu universitaire par une théorie de l'acteur stratégique.

Parmi les universitaires analysant la recherche scientifique au Gabon, nous retenons également la contribution de Clotaire Moukégni Sika. Il analyse le rapport entre la production scientifique et la politique, au sens de Pierre Bourdieu. Par son ouvrage, il nous permet de prêter une attention particulière sur la production scientifique. Il a relevé une centaine d'articles parus entre 1976 et 2003, au sein de la Faculté de Lettres et de Sciences Humaines.

Aussi, il explique que la moyenne de publication par chercheur est d'environ un ouvrage par an. Donc, « Au total, il apparait que les productions scientifiques si elle n'est pas très faible, est signifiante »90.

Bien qu'insignifiante, l'influence social et économique elle est l'impact des productions publications scientifiques sur l'économie gabonaise. La réponse à cette question n'est pas simple. Cette question a toutefois l'avantage de mettre en perspective critique la rationalité politique dans la mise en oeuvre concrète des progrès scientifique.

Analysant la question de la recherche scientifique et son rôle pour le développement de l'Afrique, le philosophe Bonaventure Mve Ondo pose la question de savoir : Comment l'Afrique traite-t-elle la question des savoirs, comment après plusieurs années d'indépendance l'Afrique n'arrive pas à s'approprier la Science et ses technologies ? 91. Il précise qu'il est

87Ibid. p.35.

88 Ibid. p.37.

89G. Moussavou, L'État et le système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au Gabon : Contribution à une sociologie des institutions publiques, Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens, Soutenue en 2005, p.12.

90 C. Moukégni. Sika, Productions scientifiques et politique au Gabon, Paris, L'Harmattan, 2011, p.51.

91 B. Mvé Ondo, Quelle science pour quel développement en Afrique ?, in : Hermès, La Revue 2004/3 (n° 40), p.211.

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important de souligner que l'intrusion de la recherche scientifique en Afrique est issue d'un fait qui est la colonisation. De ce fait, elle peut être perçue comme le « chose du blanc » et pas comme un instrument au service de leur développement, car les sciences appliquées.

D'après T. Maganga et G. Moussavou, le système de recherche scientifique au Gabon est une construction d'acteur, un construit social. Dans leur ouvrage portant sur la gouvernance des universités gabonaise, ils étudient la Gouvernance des Universités Gabonaises. En se focalisant sur les défis à relever pour ces différentes universités. Les enjeux de l'enseignement supérieur plus précisément celui des universités sont évidents par « la formation des personnes hautement qualifiées, l'insertion des diplômés dans la vie professionnelle, la recherche scientifique et l'internationalisation de l'université. »92

Ils se posent la question de savoir « comment intégrer ces enjeux dans un système miné par plusieurs maux qui pour la plupart impliquent l'organisation de l'institution et des acteurs de sa gouvernance ?»93.A cette préoccupation, les auteurs préconisent une réponse, à savoir : « (É) contraintes structurelles, matérielles, et au déficit de communication, ou mieux encore au manque de régulation des instances de la gouvernance dans les établissements universitaires. »94

Théophile Maganga et Georges Moussavou pensent que dans ce contexte universitaire « l'acteur n'est pas une marionnette et n'a pas les mains liées. Il dispose d'une marge de liberté qui lui permet de façonner sa propre stratégie de fonctionnement ou son système d'action concrète... »95

Afin de montrer le dysfonctionnement dans les universités, les auteurs établissent une lecture des différentes revendications effectuées, qu'ils enrichissent par une relecture de textes donnés en réponse par le gouvernement. Bien que cette analyse soit fondée sur les structures d'enseignement de la recherche notamment les universités, nous pouvons souligner cette réflexion met en relief l'aspect stratégique des différents acteurs ou encore des différentes parties de la revendication et de la gouvernance de la recherche. En effet, l'utilisation très révélatrice des réalités d'un secteur mais aussi de l'applicabilité ou pas des engagements pris par chacun en vue d'apporter les solutions.

92 T.Maganga et G.Moussavou, Gouvernance des universités. Quels défis à relever pour leur performance ?, Paris, Publibook, p.21.

93 Ibid. p.22.

Parlant des enjeux actuels des universités, en se basant sur les normes de globalisation.

94 Ibid. p.23.

95 Ibid. p.27.

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Dans la revue semestrielle de l'Institut de Recherche en Science Humaine (IRSH) Georges Moussavou s'intéresse à « la pauvreté dans des organisations universitaires et de recherche scientifique au Gabon. »96 Il soutient que faire référence à la pauvreté dans la gestion administrative des Universités et Centres de recherche scientifique c'est en réalité montrer les caractéristiques des insuffisances rencontrées dans ces différentes structures.

Il analyse la pauvreté à trois (3) niveaux, notamment : les structures d'accueil et de travail ; l'activité de recherche et la professionnalisation universitaire. Il conclut que la pauvreté des organisations universitaires et de recherche, au-delà des raisons soulignées supra, la relation que l'État entretient avec ses organisations et les « attitudes de fuites, de beaucoup de personnels, de l'espace universitaire et scientifique vers des activités extérieures à celui-ci. »97. Cette fuite amène les différents acteurs à s'intéresser aux projets extérieurs qui sont plus rémunérateurs.

Citant Fidèle Pierre Nze Nguema, G. Moussavou relève que les vecteurs et acteurs porteurs de la crise sont multiples. D'après lui, tout se joue dans l'éthique que porte chaque partie : l'éthique de conviction du politique et l'éthique de conviction du savant. Une réflexion qui donne à la lire la réalité de la recherche scientifique au Gabon par le biais de ses différents acteurs.

L'éthique de la recherche soutenue en effet par les chercheurs est dépendante de leur réputation, donc de leur renommée dans le champ de la recherche et même au-delà, et aussi, à la place que ceux-ci occuperont dans le champ, et que les agents du champ politique (donc décisionnel) agissent dans le champ de la recherche afin de maintenir, selon leur perception, leur place dans le champ politique98.

Et comme l'a dit Munzangala dans son article portant sur la Pauvreté dans les États Africains, les gouvernements africains brandissent des promesses qui deviennent des lettres

96 G. Moussavou, « Facteurs et éléments de pauvreté des organisations universitaires et de recherche scientifique au Gabon », Pauvreté (concepts, regards, territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 70.

97 Ibid. p.80.

98 Idem.

F.P.Nze-Nguema, « La recherche pour le développement : une culture de société », Revue de géographie, laboratoire d'analyse spatiale et des environnements tropicaux, 1ère année, Libreville, U.O.B, p.89, in.cité par, dans son article portant sur « Facteurs et éléments de pauvreté des organisations universitaires et de recherche scientifique au Gabon », Pauvreté (concepts, regards, territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 70.

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mortes afin de plaire aux créanciers étrangers qu'à destination de l'opinion nationales. Il pense que ce système favorise une paupérisation qui fragilise le tissu social99.

Georges Moussavou poursuit en faisant une analyse organisations et du système universitaire. Il fait une lecture des organisations de la recherche. Il soutient que la question de la définition et de la détermination des finalités des objectifs et statuts de la recherche scientifique au niveau national, telle que celle-ci est organisée et menée est celle du rapport entre l'État (puissance publique) et la construction du modèle social spécifique, à travers les établissements d'enseignement et de recherche qu'il a créés ou laissés mettre en place, dans le but d'assurer le développement économique et social de recherche. Il explique qu'il existe un déficit quantitatif et qualitatif de chercheur 100

Georges Moussavou traite des problèmes organisationnels, la répartition des rôles entre le CENAREST et le Ministère. Il relève un problème majeur du dysfonctionnement au sein du secteur de la recherche, en s'appuyant sur l'ancienneté des textes relatifs aux instituts. Il déplore la mise en place de plusieurs structures administratives de la recherche qui n'ont pas été rendues effectives101.

Il souligne deux (2) raisons : L'attitude des gouvernants et les problèmes organisationnels.

Dans sa thèse de doctorat sur L'État et le système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au Gabon : contribution à une sociologie des institutions publiques, Georges Moussavou commente une analyse qu'il poursuivra dans ses ouvrages.

Il fait référence aux difficultés du système supérieur. En exploitant une théorie actionniste, il met en exergue le fait que le système de recherche soit un univers dans lequel les différents acteurs émettent des moyens, afin d'agir et obtenir ce qui lui est dû. Il fait une lecture du cercle comptant les enseignants-chercheurs, les étudiants et les gouvernants. Il effectue une lecture d'interaction entre les parties et non au sein des parties102.

M. Ibinga et M. Zue Elibiyo font référence aux résultats de la recherche pour faire une lecture de la gestion de la recherche au Gabon. Ils expliquent que les différents résultats de rechercher produit ne sont pas pris en compte par les gouvernants. Ils pensent qu'il faudrait que

99 D. Munzungala-Munziewu, « De la pauvreté comme aporie de l'Etat de droit en Afrique », in. Pauvreté (concepts, regards, territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'institut de recherche en sciences humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 30.

100 G. Moussavou, Organisation et système universitaire au Gabon. Sociologie des processus et systèmes institutionnels, Paris, L'Harmathan, p. 129.

101 Idem.

102 G. Moussavou, L'État et le système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au Gabon : contribution à une sociologie des institutions publiques, Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens, Sous la direction de Jean Copans, Soutenue en 2005, p. 30.

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les autorités, qu'ils appellent décideurs, considèrent la pertinence des travaux de recherche réalisés par les chercheurs gabonais.

D'après les constats faits par les auteurs, l'une des difficultés que rencontre la recherche scientifique est la méconnaissance générale des résultats. Ils soulignent le fait que cette méconnaissance soit réelle au sein du corps des chercheurs. Les chercheurs entre eux ignorent les résultats de recherche des chercheurs d'autres laboratoires. La véritable problématique que posent les auteurs dans l'étude est celle des difficultés au niveau de la culture scientifique103.

Marcelle Ibinga fait aussi une analyse sur le financement de la recherche. Il pose plusieurs problèmes autour de la question du financement de la recherche. Il explique que la répartition budgétaire entre les laboratoires de recherche devrait être équitable.

L'objectif premier de son étude est de montrer l'importance de financer la recherche de façon équitable et se fonde sur deux questions : celles de savoir comment les chercheurs peuvent-ils rendre la recherche visible et comment publier sans fonds de recherche.

Il met un accent particulier sur le fait que les instituts et laboratoires devraient mettre un accent sur la quête de fond privé de recherche104 , et poursuit, en expliquant que les allocations octroyées aux différents laboratoires et centre de recherche sont insuffisants et reparties de façon inégale.

Alphonse Donald Nze.W donne son point de vue sur la gestion de la recherche au Gabon, en rappelant le manque de connaissance des publications des chercheurs, non seulement par leurs collègues, mais aussi par le grand public.

D'après l'étude menée par l'auteur, cette méconnaissance existe pour deux raisons : le cloisonnement et la spécificité des chercheurs et de type de publication. Établir une relation de ces deux aspects permet de connaître la réalité sur la méconnaissance. Elle est aussi issue du statut que les uns donnent aux autres105.

De toutes ces contributions, aucune ne relève la confusion et l'accumulation de rôles et de statuts dans la gouvernance de la recherche.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo