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Aikiryu: un art, une communauté

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par Anthony Mettler
Université de Bretagne Occidentale - Master "Sport, santé, société", anthropologie des pratiques corporelles 2007
  

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UFR SPORT ET EDUCATION PHYSIQUE DE BREST ANNEE 2006/2007
UNIVERSITE DE BRETAGNE OCCIDENTALE

Aikiryu

un Art, une Communauté

par Anthony Mettler, Etudiant en 1er année de Master «sport, santé, société«
Mémoire présenté pour l'obtention de la première année du Master recherche en STAPS

Aikiryu

un Art, une Communauté

par Anthony Mettler, Etudiant en 1er année de Master «sport, santé, société«

Directeur de recherche : Julien Fuchs

Une pensée à Charles Abelé

« Un peu de connaissance agissante vaut
infiniment plus que beaucoup de
connaissance stérile
Apprenez les paroles de sagesse...
appliquez-les dans votre vie.

Vivez- les, mais ne les déclamez pas, car
quiconque répète ce qu 'il n 'a pas compris
est aussi inutile qu 'un âne chargé de
livre. »

Khalil Gibran

Remerciements

Je tenais à remercier toutes les personnes ayant contribués de près comme de loin à cette étude. Merci à mon directeur de recherche, Julien Fuchs pour ses conseils, ses remarques et ses critiques, merci à Thierry Michot pour toute la partie technique de l'étude et enfin merci aux autres enseignants qui m'ont permis d'avancer dans ce travail.

Je souhaite également remercier Isabelle, Henry, Serge, Hélène, Célestin, Swanhilde, Antonio et bien d'autres pour leur ouverture, les discussions et les moments partagés à les connaître.

Enfin, je n'oublie pas celle sans qui il m'aurait été impossible de penser à ce sujet, celle qui m'a encouragé et fait réfléchir, celle qui m'a permis de mieux connaître l'homme qu'était son père ; Urielle.

SOMMAIRE

 
 

Introduction

 

6

I) Cadrage théorique :

 

10

A) Les Arts martiaux

10

 

1. Etymologie

10

 

2. Points de vue et les finalités de la pratique martiale :

12

 
 

3. Le champ de la recherche :

13

 

B) L'objet : l'Aïkiryu:

14

 

1. De l'Aïkido à l'Aïkiryu :

14

 

1.1. L'Aïkido

14

 

1.1.1. Historique :

14

 

1.1.2. Le message de la pratique :

15

 

1.2. L'Aïkiryu :

16

 

1.2.1. Historique :

16

 

1.2.2. Le message :

17

 

1.2.3. La relation entre L'Aïkiryu et l'Art du Geste :

18

 

2. Définir l'objet :

19

 

C) Sociologie appliquée à l'étude de L'Aïkiryu :

21

 

1. Sociologie de la pratique de l'Aïkido :

21

 

2. Le contexte social :

24

 
 

2.1. Typologie des déterminants de l'action sociale :

24

 

2.2. La rationalisation :

25

 

2.3. Désenchantement du monde :

25

 

3. Processus de communautarisation :

27

 

3.1. Réenchanter le monde :

27

 

3.2. La notion de « communauté »

29

 

3.3. Le renforcement de la communauté :

30

 

II) Etude de la pratique « Aïkiryu »:

 

31

III) Méthodologie : 33

A) Une démarche, une méthode au service de l'analyse de l'Aïkiryu : 33

B) Recueil de données : 34

1. Le questionnaire : 34

2. L'observation participante : 35

3. Conditions de recueil et traitement de données : 36

IV) Résultats et interprétation : 37

A) La population d'Aïkiryuka : 37

1. Années de naissance : 37

2. Catégories sociaux professionnelles (CSP) : 38

3. Situation maritale : 39

4. Niveau d'étude : 39

5. Année de début en Aïkiryu : 40

6. Enseignement avec Charles Abelé : 41

7. Nombre d'heures de pratiques : 42

8. Les grades : 43

9. Investissement : 43

B) Les pratiques périphériques et loisirs : 45

C) Les pratiques martiales antérieures : 46

D) Les opinions : 46

E) Les définitions : 50

Discussion 53

Bibliographie 56

Annexes Erreur ! Signet non défini.

Introduction

Dans notre société, c'est la science, et non plus la religion ou la philosophie, qui semblerait déterminer la vision du monde. L'énorme progrès des connaissances, l'amélioration des conditions de vie, permettent, consciemment ou pas, d'intérioriser la prédominance des sciences dans notre société et donc une modification relations entre les individus. Jean Staune1, philosophe des sciences, explique que le postulat de base : « il n'y a rien qui ne soit impossible à découvrir » a mené au développement de la science occidentale. L'homme est un ensemble d'atomes et la nature, une somme de matières premières. Ce principe a privé à long terme tout une vision de la vie et du monde. Aujourd'hui, l'homme se retrouve dans un univers vide signification où il serait apparu et aurait évolué par hasard, où sa conscience serait sécrétée par le cerveau comme le foie la bile, et où la réalité se restreint à des petits grains de matières. Au contraire, la doctrine positiviste d'Auguste Comte est liée à la confiance dans le progrès de l'humanité par les sciences et la croyance dans les bienfaits de la rationalité scientifique. De plus, la connaissance doit reposer, selon Auguste Comte, sur l'observation de la réalité mesurée d'une façon scientifique et non sur des connaissances a priori. Le courant positiviste qu'il a développé et introduit en philosophie constitue une systématisation du rationalisme accompagné d'une confiance absolue dans la science. Toute fois, Gilles Lipovetsky2 développe l'idée que les démocraties contemporaines, marquées par le dépérissement des grands projets collectifs, seraient entrées dans l'ère du vide. Cependant, ce vide idéologique n'est pas nécessairement un mal mais constitue aussi une chance. Chacun peut désormais se consacrer tout entier à lui-même et mener une vie "à la carte".

La sociologie de la vie quotidienne s'est imposée comme un élément essentiel pour comprendre les mutations auxquelles la société est soumise. La valorisation du quotidien est celle de l'ordinaire, du présent. L'environnement quotidien devient le lieu de l'accomplissement de soi. Il est le lieu d'une création dont les effets cumulés

1 Secrétaire général de l'Université Interdisciplinaire de Paris, texte de synthèse de 1991

2 Lipovetsky, G. (1989) L 'Ere du vide, essais sur l'individualisme contemporain, Folio essais

sont ressentis sur la scène sociale. Selon Salvador Juan1, aujourd'hui, «c'est depuis leur intimité que les acteurs risquent de contribuer à changer le plus la société ». Le retrait des idéologies et l'absence de perspectives politiques auraient en ce sens conduit les individus à favoriser la sphère privée. On voit se développer des particularismes dans les pratiques privées, alors que la vie sociale tend à se polir. C'est l'affirmation de styles de vie spécifiques, propres à inscrire l'individu dans une communauté de pratiques. A l'instar de Norbert Elias2, par exemple, dont la notion d'individu est au coeur de son écologie, montre que l'individu est un produit de la société où il n'est qu'un noeud de relations. Il dégage l'idée que la production de soi exigée par la nouvelle économie qui nous laisse à une solitude, contrairement à l'idée que développe Salvador Juan, de plus Norbert Elias résout le paradoxe d'un individu qui se croit autonome alors qu'il est soumis à des interdépendances de plus en plus contraignantes et qui ne laisse pas libre l'individu dans sa relation aux autres ainsi que dans sa relation aux pratiques car l'individu n'existe pas sans la société et vice versa.

L'objet de cette étude, qu'est l'Aïkiryu, est un art martial créé par une personne ayant approfondi le travail fait en Aïkido, soit une pratique qui permettrait d'affirmer un mode de vie particulier et ceci par la constitution d'une « communauté », dans le sens d'un regroupement de personnes ayant les mêmes objectifs de vie. Serge Moscovici3 explique cette vision de vie ou de pratique par un passage dans la société de l'animisme à la démagification de la nature, et l'oubli des savoirs du monde transmis de générations en générations. Il propose que l'art soit un mode de penser le monde afin d'inventer une nouvelle forme de vie, de culture, où la science participerait sans la dominer, en accord avec le génie propre de la philosophie et des arts. Pour lui, c'est bien la communauté des hommes qui doit participer à la constitution de l'histoire humaine de la nature et qu'il serait dangereux de continuer à laisser la science et la technique en décider la direction et le contenu. Pour Serge Moscovici, il s'agit de tout un mode de vie à repenser à partir de la réunification de la nature et de la société, qui devra passer par une réflexion sur les relations sociales dans le travail et la vie quotidienne afin d'habiter le monde autrement.

1Juan, S. (1991) La sociologie des genres de vie, Puf

2 Elias. N, (1991) La société des individus, Fayard

3 Moscovici, S. (2002) De la nature. Pour penser l 'écologie, Métailié

Dans ce sens, les études dans le domaine des arts martiaux sont intéressantes d'un point de vue anthropologique et socio-historique afin de comprendre de quelles façons une pratique se développe et peut intégrer des formes de vie ainsi qu'un mode de penser. Cependant, il faut également noter que la plupart des ouvrages qui existent sont liés à la forme technique ou à la préparation de l'individu à une pratique et que le milieu des arts martiaux est difficile d'accès si on n'est pas pratiquants. De ce fait, il y a beaucoup de thèmes d'études qui ne sont pas abordés dans le domaine des arts martiaux, comme l'étude de la structuration d'un groupe de pratiquants qui à, par contre, été étudié en sport de montagne par Olivier Hoibian1. En ce qui concerne l'étude de facteurs sociaux provoquant le déclin d'une discipline cela a été effectué dans le domaine du tennis avec Anne-Marie Waser2, enfin l'étude des facteurs permettant de sociabiliser un groupe de pratiquant, étude menée dans le football professionnel par Julien Bertrand.3. Les différentes études sur le tennis ou bien l'escalade permettent de prendre connaissance des différentes approches possibles autour d'un objet d'étude mais également d'identifier des méthodes de recherche pertinentes.

Ce travail de recherche s'oriente sur un modèle de type compréhensif, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une science proposant de comprendre par interprétation l'action sociale et par là d'expliquer causalement son déroulement et ses effets. Cette étude s'inscrit dans une volonté de travailler sur un objet de recherche qui permettrait de connaître, d'analyser et de comprendre une pratique peu connue actuellement. Mais surtout de chercher à connaître le sens que les pratiquants donnent à leur discipline ainsi que la place qu'ils lui donnent dans la vie quotidienne. Il est également pertinent de connaître les usages de cette pratique ou bien quel rapport aux autres, médié par le corps, ils entretiennent entre eux et sous quelle forme. Cette étude a pour ambition de tenter de comprendre ceux qui composent cette pratique émergeant sous forme d'un rassemblement autour d'un art et qui évoluent dans des conditions particulières suite au décès du fondateur de l'école en Mai 2006.

1 Hoibian. O, (2001) Les alpinistes en France 1870 - 1950, L'Harmattan, étude sur les alpinistes en France, de 1870 à 1950, qui met en avant la sociogenèse de cette pratique culturelle et permet de regarder comment changent les représentations et comment se construisent les identités collectives

2 Waser. AM, (1995) Sociologie du tennis, genèse d'une crise, L'Harmattan, étude consacré au tennis en France depuis les années 1960 ainsi que le lent déclin dont il est victime

3 Bertrand. J, (2002) La formation d'une lite sportive. Etude sociologique de l'apprentissage du football professionnel, Groupe de Recherche sur la socialisation, étude sur les caractéristiques de socialisation de joueurs de football d'un centre de formation d'élite

Pour comprendre la place que cette pratique occupe dans le champ des activités physiques et sportives, il va falloir définir l'Aïkiryu avant de la situer dans le champ des arts martiaux. Il sera possible de la définir en traitant les différentes approches possibles ainsi que les différentes visions et finalités des pratiques martiales. Puis il sera nécessaire de présenter la pratique d'origine, en plus de la pratique étudiée, afin de mettre en lumière la continuité qui existe entre les pratiques. Enfin, nous exposerons les éléments importants permettant de situer et de comprendre le lien existant entre la pratique et l'intérêt de cette recherche, par l'analyse de la forme de regroupement ainsi que l'état des lieux de la société actuelle.

La suite de l'étude, permettra d'analyser la pratique par une méthodologie constituée d'un questionnaire et d'une observation participante, mais surtout de proposer un outil d'analyse qualitatif afin d'étudier les caractéristiques des pratiquants d'Aïkiryu et leurs visions de la pratique.

Cette pratique propose un espace d'échange entre les pratiquants. Ces échanges ont fait émerger une communauté Aïkiryu. Il sera intéressant d'analyser les données de l'enquête par un logiciel statistique afin établir une typologie des pratiquants sur la base d'une confrontation d'opinion. Ensuite, nous traiterons les données des questions ouvertes afin de prendre connaissance des différentes visions de pratique de la population des pratiquants. Nous chercherons également les raisons qui conditionnent les résultats. L'objectif étant de valider ou d'invalider l'existence de la communauté, de comprendre le sens que les pratiquants donnent à leur pratique et de vérifier s'il existe une mixité sociale par la pratique ou non.

Enfin, nous finirons ce travail de recherche en exposant les éléments qui caractérisent ce regroupement de pratiquants sous forme d'une communauté, nous aborderons également les biais possible de cette recherche, et pour finir, nous présenterons les ouvertures probables suite à cette étude.

I) Cadrage théorique :

A) Les Arts martiaux : présentation, définitions, questionnement

1. Etymologie1:

La traduction littérale du mot japonais « bugei », renvoie la notion de combat à un savoir faire. C'est suite à un discours en anglais en 1903 de Jigoro Kano (fondateur du judo), que le terme « martial art » est apparu. Cependant à l'époque ce terme est mal interprété ; du fait de la différence entre les cultures occidentales et orientales. Il faudra attendre jusque dans les années soixante pour que cette expression arrive en France. Le retard de transmission du mot est lié au fait que les anglais colonisent le japon et que leur fascination pour les pratiques exotiques, martiales, différentes de ce qu'ils pouvaient avoir dans leur propre culture occidentale. La notion d' « art » est porteuse d'une charge sémantique, combinaison linguistique complexe, et rend difficile une définition purement motrice et scientifique. En effet, l'« art »2 peut se définir comme étant une aptitude ou une habileté à faire quelque chose ou comme un ensemble des procédés intéressant une activité ou alors la création de mises en scène spécifiques destinés à produire chez l'homme un état d'éveil plus ou moins lié au plaisir esthétique enfin peut être un label de qualité. C'est la diversité de définitions que l'on donne à ce mot qui le rend lourd de sens.

Mon objet de recherche est l'« Aïkiryu », il semblerait que se soit un art martial de préhension, mais non japonais car créer par un occidental, qui conserve les mêmes formes technique de travail que l'Aïkido. Cependant, qui propose une autre façon de voir cette pratique.

Pierre Parlebas3, définit la logique interne des arts martiaux comme étant « des pratiques individuelles d'affrontement, face à face, dans lesquelles il y a constamment contre communication entre les adversaires. Ces pratiques se distinguent par un certain rapport de distance entre individus, médié ou non par un objet ».

1 Charlot, E. Denaud, P. (1999) Les arts martiaux, Que sais-je ?

2 D'après le petit Larousse, éd. Larousse 2002

3 Parlebas, P. (1981) La force, la souplesse et l 'harmonie in sport et société, approche socioculturelle

des pratiques de Christian Pociello

Cependant cette définition n'est pas assez précise car elle n'englobe pas que les sports de combat, le tennis peut se définir comme art martial si l'on garde ces critères.

D'après Kerlizin et Fouquet1, il faut ajouter à la définition de Pierre Parlebas le critère « d'action simultanée » qui écarte toutes pratiques de type sport de duel (tennis de table, tennis, badminton...). Dès lors, on distingue les pratiques de combat comme la lutte, la boxe et les pratiques martiales du fait de leurs objectifs. En effet, la boxe a pour finalité de « gagner un combat face à un adversaire dans un contexte institutionnalisé, réglementé et compétitif ». Tandis que la finalité des arts martiaux consiste au fait de pouvoir « se défendre face à plusieurs adversaires en situation de danger pour soi-même ».

Cependant, il y a une différence entre la définition que l'on donne à l'art martial, sport de combat et la perception sociale du phénomène comme en parle Christian Pociello lors de la conférence INSEP de 1979. Il aborde l'idée de « l'attache culturelle » qui soustrait certaines pratiques au registre des sports de combat car elles ne sont pas considérée socialement comme telles. Les pratiquants ne s'identifiant pas un sport de combat vont construire socialement la pratique par le biais de normes et de valeurs qui ne seront pas en lien avec les valeurs véhiculés par les sports de combat.

Il est impossible d'évoquer les arts martiaux sans parler du « Budo », qui à été défini par un groupe de chercheurs dirigé par André Terrisse2 comme étant « la recherche d'une haute maîtrise de soi et de son apport au monde et aux autres. Soit un développement personnel dans le domaine d'expérience autant que dans la vie de tous les jours qui en définit l'essence. » Cela veut dire que le « Budo » est porteur de valeurs intrinsèque à différents arts martiaux qui vont au-delà de la simple pratique physique, il est considéré comme un code à suivre mais un code non écrit qui dépend de l'interprétation de chacun.

1 Fouquet, Kerlizin. (1996) Arts martiaux et sport de combat, INSEP

2 Terrisse, A. (1998) Recherche en sport de combat et arts martiaux : état des lieux, Revue EPS

2. Points de vue et les finalités de la pratique martiale :

D'après Kim Min Ho, étudiant chercheur ayant fait sa thèse sur les évolutions liées au corps dans un contexte, l'évolution de ces pratiques dépend du contexte sociologique, politique, militaire, psychologique et religieux. Il insiste sur le fait que l'influence de notre culture occidentale va interagir dans la définition de nos propres finalités. Les principes de transculturation et déculturation sont essentiels pour comprendre la place actuelle des arts martiaux dans notre société. En effet, nous allons garder quelques aspects de la culture d'origine et l'appréhender par notre propre culture, il parle de « j aponisation ». Il définit les finalités des arts martiaux comme un aspect pacifique permettant de renforcer le lien social par la régulation de la violence, la recherche d'efficacité et un équilibre psychologique et physiologique.

Pour Kim Min Ho1, la particularité du contexte actuel de la société française met en avant deux notions : la volonté d'égalité entre les individus et la démonstration des compétences personnelles. Ce qui permet de poser le problème de dépassement sur la quête personnelle et spirituelle de chaque individu, d'où une recherche par des pratiques plus éloignées de la culture occidentale.

Pour Charlot et Denaud2, la vision européocentriste, c'est-à-dire la vision que les occidentaux ont du monde en ayant comme référence l'Europe, a permis de développer les arts martiaux en occident plus qu'ils ne le sont dans la culture asiatique, du fait que celle-ci ait un mode de transmission discrète. Le monde occidental des arts martiaux a perdu le sens de la culture d'origine mais a gagné en « pouvoir initiatique ». La question que soulève Kim Min Ho, est de savoir quelles sont les causes sociales d'un tel phénomène.

Concernant, André Terrisse, l'histoire culturelle qu'il décrit comme objet culturel assimilé puis transformé par une société européenne forme un miroir qui reflète l'évolution de la société qui les accueille. Les facteurs importants pour analyser les structures et les représentations qu'ils véhiculent étant la constitution, l'évolution et l'influence. Pour lui les efforts de recherche doivent être faits autour des traces culturelles, des examens des lieux de pratiques, milieux, mode de sociabilités soit les mécanismes d'élaboration de transmission. Pour y arriver, il suggère de se pencher sur les produits culturels qui traduisent le regard des Français sur le japon. En effet,

2 Charlot, E. Denaud, P. (1999) Les arts martiaux, Que sais-je ?

1 Kim Min-Ho. (1999) L 'origine et le développement des arts martiaux, Espaces et temps du sport

lorsqu'un enseignant fait un cours dans un club ou un dojo, il ne peut transmettre qu'une partie de ce qu'il connaît car il y a une part d'implicite dans la culture de la discipline pratiquée. Pour prendre un exemple concret, en Karaté il y a eu une dérive concernant le cérémonial du salut et il a fallut que la fédération réexplique comment et a quoi sert le salut au début et à la fin de chaque cours.

Pour conclure, voici une définition de la finalité dans les arts martiaux, extraite du colloque INSEP dirigé par André Terrisse, « Se construire un savoir empirique hautement développé qui se subdivise en savoir, savoir devenir, savoir être ». Cette définition pourrait s'interpréter par le fait qu'un pratiquant va construire des connaissances et des compétences au fur et à mesure de sa pratique. Ces connaissances et compétences vont lui permettre également de se construire personnellement et d'avoir une sorte de ligne de conduite tout au long de sa vie.

3. Le champ de la recherche :

Toutes ces études sont intéressantes d'un point de vue anthropologique, sociohistorique en ce qui concerne le développement des arts martiaux dans notre culture Européenne, occidentale au sens large. Il y a beaucoup de thèmes d'études qui ne sont pas abordés dans le domaine des arts martiaux, comme par exemple l'étude de la structuration d'un groupe de pratiquants qui à été étudié en sport de montagne1 par
exemple. En effet, l'étude de la structuration des pratiques de haute montagne dans le massif du Mont Blanc a permis d'améliorer la compréhension du champ des pratiques et de ses évolutions. A partir d'un échantillon prélevé (n = 1 607), huit groupes de pratiquants ont été identifiés. L'étude a relevée une grande diversité de recrutement social et une opposition entre professionnels et amateurs. Malgré le poids des pratiques de nature, les grandes oppositions du système social des sports sont retrouvées, ainsi que les oppositions classiques entre classes et fractions de classe, avec une prépondérance des intellectuels. Ce travail apporte quelques éléments quant à l'amélioration de la compréhension du champ des pratiques de haute montagne et de certaines de ses évolutions, en soulignant principalement l'influence actuelle et future de l'escalade « libre ». Mon objet de recherche s'oriente sur un travail de type compréhensif afin de comprendre ceux qui composent ce groupe émergeant.

1 www.veilleinfotourisme.fr, site du Ministère délégué au Tourisme

1 Stevens, J. (1999) Morihei Ueshiba : une biographie illustrée du fondateur de l'aïkido, éd. Budo.

Il existe un nombre important de définitions que l'on établit en fonction de sa propre recherche ou pratique. Cependant, il faut prendre conscience du fait que chaque pratiquant, de par son vécu, va définir sa pratique d'une manière différente d'un autre. Ce travail de synthèse permet de se placer par rapport à la pratique et placer la pratique dans un ensemble, soit faire un consensus au niveau de la définition des arts martiaux. Nous avons là deux cultures différentes et pourtant qui enseignent les mêmes contenus, une dualité avec d'un côté la vision orientale avec un travail basé sur l'interne, favorisant la quête personnelle, spirituelle ayant comme code implicite le Budo. De l'autre côté la vision occidentale, basée sur le dépassement de l'autre, où les règles sont écrites avec un but à atteindre dans un esprit élitiste.

B) L'objet : l'Aïkiryu:

1. De l'Aïkido à l'Aïkiryu :

1.1. L'Aïkido :

1.1.1. Historique :

La « voie de l'harmonie avec l'énergie universelle » est un art martial crée, développé et enseigné par Ueshiba Morihei (1883-1969) à partir de 1931 au Kobukan, son dojo de Tokyo. Techniques et philosophie de ce système de combat furent d'abord transmise par l'association Kobukai puis Aïkikaï à partir de la fondation de cette dernière le 9 février 1948. Cet enseignement traditionnel se perpétue à travers son fils (Ueshiba Kishomaru), puis le petit-fils (Ueshiba Moriteru) du maître fondateur de cet art de vivre du XXème siècle. Beaucoup plus qu'une énergie de combat, la « voie » ouverte par Ueshiba, technicien de génie et homme reconnu, est une démarche de recherche intérieure. C'est l'expression par le corps de l'union de l'individu (de son ego) avec l'univers qui le régit. L'Aïkido de Morihei Ueshiba est l'« identification à la grande nature », en plaçant le pratiquant, au travail de méditation, de concentration, d'ascèse et de pratique, sur une « paix interne»1.

Ueshiba rencontrera deux grands courants spirituels qui donneront une particularité à ce qui deviendra l'Aïkido : le bouddhisme et l'Omotokyo sorte de synthèse entre le bouddhisme et chamanisme tibétain mais d'origine shintoïste. Le but de l'Aïkido étant un accomplissement de l'être humain, la discipline d'Ueshiba rejoint ici la dimension visée par toutes « voie » martiale, reliés par le Budo, et par opposition à la simple technique, utilisable en combat, sur le champ de bataille ou dans la pratique sportive. De technique de destruction son art martial devait devenir source de vie, d'harmonie et d'amour. Il consacra le reste de sa vie à transmettre ce message de paix à travers un art issu de la guerre. L'Aïkido était né comme le couronnement d'une recherche éperdue.

Il eut quatre rencontres importantes dans sa vie ; Kumagusu Minataka lui apporta les notions d'écologie et d'universalisme ; Bonji Kawatsura lui apporta les techniques de purification par le bâton ; Sokuka Takeda lui apporta les techniques martiales et le sens du Bushido1; Onisaburo Deguchi lui apporta son approche spirituelle universelle par l'Omotokyo2.

1.1.2. Le message de la pratique :

L'originalité de l'approche faite par Ueshiba au niveau du combat réside plus dans le sens donné au geste, « l'esprit de la technique », que dans l'efficacité du geste en soi, à noter que l'Aïkido reste une technique très efficace. La technique martiale s'est imprégnée de spiritualité et est devenue art de vie. L'entraînement au dojo doit amener le pratiquant à une nouvelle conception de son existence même, donc un changement dans sa vie de tous les jours. Il s'agit à travers la maîtrise des techniques et la capacité de vaincre, d'arriver à la connaissance de soi et des autres. La voie de l'Aïkido est donc l'apprentissage du respect, de l'amour, de l'homme, de la vie et de la paix.

Son expression personnelle de l'Aïkido n'était plus un système d'autodéfense dirigé contre un adversaire mais une façon de communiquer avec un autre « soi », qu'il ne fallait plus détruire mais amener à composer en le convainquant de l'inutilité de ses attaques ou plutôt en transformant l'énergie de son attaque. Entrer en harmonie avec son énergie agressive pour la détourner, l'apaiser et la rendre positive. L'Aïkido reste la « voie de la paix » par l'harmonie du corps et de l'esprit. Une grandeur d'âme hors

1C'est le code d'honneur des samouraïs

2C'est un courant religieux qui a eu une grande importance durant le 19ème siècle au Japon

du commun définit bien Ueshiba Morihei qui dispensa un message d'amour, de sagesse et de paix. Eviter les affrontements et la rivalité, sauf avec soi-même, afin de revenir sur une recherche interne et pour se développer. L'homme doit s'accomplir à travers l'harmonisation de son « énergie vitale » (ki) et de son corps (taï) dans l'univers tout entier, en même temps que l'harmonisation de son esprit (Shin) et de sa force morale (Ri). C'est important de connaître cela car c'est la base de la culture inscrite dans la pratique de l'Aïkiryu et c'est dans cet état d'esprit que l'observateur doit s'insérer. De plus, partant du postulat que le message conditionne le geste, il va être intéressant de voir quelle est la part de cette culture transmise notamment par l'étude de définition que les pratiquants ont de l'Aïkiryu.

1.2. L'Aïkiryu :

1.2.1. Historique :

C'est Charles Abelé qui fonda l'école d'Aïkido et Art du Geste en 1996, après avoir suivi la pratique de l'Aïkido avec André Cognard. Ce dernier interprète et développe l'enseignant qu'il a reçu de Kobayashi Hirukazu qui est un élève direct de Morihei Ueshiba. En 2004, Charles Abelé crée l'Aïkiryu ce qui correspondait mieux à l'évolution de son art. Il est intervenu dans le domaine social, scolaire et de la santé, il a également collaboré avec des chorégraphes et des metteurs en scène dans le cadre de la formation des artistes. A partir de 2004, il crée et co dirige avec Isabelle AbeléDubouloz le centre d'art Shin Shin I Taï, lieu de pratique et de rencontres des arts et des hommes. Le 10 mai 2006, il décède à la suite d'une maladie, qui n'a ralenti en rien son oeuvre mais aurait au contraire accéléré son rayonnement car les personnes ayant suivi son enseignement sembleraient s'être rapprochés plus encore. Son enseignement s'est fait et continue aujourd`hui d'être transmis par les enseignants qu'il a formé au sein de la Fédération d'Aïkiryu et Art du Geste.

1.2.2. Le message :

« L'Aïkiryu n'est pas un art différent des autres, sa capacité à exister, notre capacité à le rendre vivant est le pas que chacun fait quand il va en avant et pose sa foi dans ce pas qui le rend libre et uni à lui-même. »

Charles Abelé

Cette citation est intéressante à analyser pour comprendre le sens qu'a voulu donner Charles Abelé lorsqu'il a crée son art. Déjà, l'Aïkiryu est un lien du travail personnel qu'à entrepris Charles Abelé avec l'Aïkido et non pas une pratique détachée. Le message qui constitue l'aïkido est également le même pour l'Aïkiryu. Maintenant ce qui va être pertinent d'analyser c'est la précision de ce travail, c'est-à-dire tout ce qui tourne autour des principes qui font l'Aïkiryu. L'idée sous jacente à cette citation est que ce sont les personnes qui intègrent les idées dispensées dans les enseignements qui font évoluer la pratique. De plus les mots comme « foi », « libre », « uni » invitent le pratiquant à croire en lui, la pratique l'aide dans son chemin vers une conscience du présent. L'important serait de croire en ce que l'on fait à l'instant présent et amènerait vers une liberté car un contrôle de ses actions, de ses mouvements. Cette citation est une proposition d'union pour faire évoluer les individus entre eux. L'Aïkiryu transmet un message d'amour par le geste et c'est ce qui rend possible toute rencontre, toute harmonie et toute réalisation.

Une autre citation illustre bien la place des techniques dans la pratique :

« Les techniques d'origine martiales sont un support idéal pour donner de la qualité dans l'échange et de la précision dans la relation. Elles nous aident à percevoir et à créer des actions dans une relation toujours renouvelée de l'espace et du temps. L'Aïkiryu trouve son origine dans cette recherche qu'à l'homme d'être un lien entre le ciel et terre et de suivre son chemin de transformation. Cet art contemporain, au travers de techniques avec ou sans armes, seul, à plusieurs permet à l'individu de chercher à se réaliser libre, responsable et acteur de sa vie. Il n'y a pas de combat, pas de compétition mais toujours une présence à l'instant dans le respect de l'autre quant à son intégrité corporelle, affective et spirituelle. »

Cette citation1 nous montre bien que la technique est le vecteur d'idées, c'est un support qui permet de faire épanouir l'individu et de le rendre conscient de ses actes. L'ensemble de ces actes se déroulant dans un esprit de respect de l'autre sur trois niveaux : intellectuel, affectif et spirituel.

1.2.3. La relation entre L'Aïkiryu et l'Art du Geste :

Comme vous avez pu le constater, la dénomination de la fédération aussi est intéressante car il est indiqué « Aïkiryu » mais en quoi consiste « l'Art du Geste ». Voici un entretien sur ce sujet et qui explique la vision de « l'Art du Geste »

« Tout ce qui est mouvement, celui de l'Aïkidoka, du peintre, du danseur, de l'acteur, du chanteur..., et aussi le mouvement de pensée, lorsqu'elle est en lien avec le ou les corps, appartient à un seul « grand mouvement ». Celui de la recherche de l'harmonie et de l'unité. Aïkidoka, artiste, poète, nous recherchons tous la présence pleine dans les événements de notre vie et la libération par l'intégration de ce qui nous arrive. Ceci demande le courage de répondre à des nécessitées de rencontres et de connaissance de tout un ensemble d'élément comme la peur, la colère, le déséquilibre, etc. ».

Il semblerait que « l'Art du Geste » englobe plus que les pratiquants d'Aïkiryu mais tous les individus, même ceux qui ne se sentent pas artiste. L'idée de globalité est important à analyser, en plus du message de rassemblement libre véhiculé par la pratique, c'est là une façon de voir la vie dans son ensemble. C'est une proposition qui est faite de vivre dans le présent, dans l'instant et d'accepter ce qui peut arriver dans cette vie. Donc, ne pas subir mais d'utiliser les diverses expériences de la vie pour avancer et être libre. Pour prendre un exemple, « la Charte de l'Europe des Consciences »2 a été rédigée par des personnes ayant la volonté de changer les relations entre les individus ainsi que la place qu'ils occupent dans le société, avec l'ambition de poser des repères pour une société alignée sur la vie dans sa globalité,

1 Tiré des documents de la Fédération d'Aïkiryu et Art du Geste

2 L'association L'EUROPE DES CONSCIENCES se veut un mouvement transdisciplinaire et transreligieux. Il n'est lié à aucune approche philosophique spécifique ni à aucune tradition ou religion particulière. L'EUROPE DES CONSCIENCES n'est pas un parti politique. Elle entend seulement mettre en avant et soutenir des valeurs, proposer des idées, inspirer des réalisations, des activités, des fonctionnements, soutenir des initiatives et des actions, fondés sur les principes de la Charte.

1 Parlebas, P. (1985) Recherche en staps, Revue EPS

pour une société qui donnera des femmes et des hommes dont on dira qu'ils sont «vivants ». À partir de ces repères, il est facile de voir ce qui est juste et ce qui ne l'est pas dans l'ensemble du champ sociétal. Cet entretien confirme ce que nous avancions plus haut, c'est-à-dire que la pratique est le vecteur d'une façon de voir les relations aux autres qui n'appartient pas qu'aux Aïkiryuka, mais au-delà, dans un courant de pensée basé sur une volonté de créer les relations interindividuelles plus humanistes.

L'évolution de L'Aïkido à l'Aïkiryu s'est faite de façon lente mais toujours de plus en plus précise sur les savoirs et sur le message. En effet, c'est cette volonté qui conditionne les savoirs transmis. Il s'agit d'une volonté valorisant le travail interne et externe, l'échange avec l'autre et une réflexion sur nos actes.

Le message que la pratique véhiculé s'apparente à un courant de penser qui conditionne les savoirs transmis donc agit sur les actes et le corps. Il est le point de départ de l'émergence d'une communauté, qui n'a rien de mystique, mais qui peut se reprocher dans l'idée des regroupements de personnes ayant un ou des objectifs commun comme par exemple les communautés urbaines ou bien des communautés de journalistes. Le fait que le message transmis par Charles Abelé vise à rapprocher les gens entre eux et à développer les relations interindividuelles va former un groupe ayant comme vecteur la pratique elle-même. Soit l'Aïkiryu est une pratique qui viserait à rassembler les individus en proposant un espace d'échange, de dialogue ainsi qu'un espace de pratique corporel dans un désir de sociabilité de la part des pratiquants.

2. Définir l'objet :

En se basant sur les classifications de Pierre Parlebas1, on définirait l'Aïkiryu comme une pratique de coopération et de solidarité où les pratiquants utilisent des techniques qui permettent d'aborder différents rôles (attaquant, défenseur) pour lesquelles il y a interaction individuelle dans un environnement humain. On peut donc dire qu'il s'agit d'une relation de personne à personne dans groupe d'individu et dont l'échange se fait par la technique.

Dans un premier temps, les influences reçues par Charles Abelé dans sa pratique martiale sont nombreuses mais c'est sa rencontre avec Kobayashi Hirukazu, élève direct de Morihei Ueshiba, qui va l'inviter à travailler sur le principe de spiralité et de prise de contact ainsi que du travail sur la relation du centre à centre. C'est-à-dire que les rôles entre les partenaires sont alternés, on attaque puis on défend, cette relation à l'autre implique de l'ouverture et non du combat. Ce qui rejoint tout à fait la définition proposée par Pierre Parlebas visant à une pratique coopérative et harmonieuse.

L'Aïkiryu se définit comme une pratique, d'après Charles Abelé, ayant pour objectif de transmettre « un message d'amour », « permettre aux gens de se rencontrer », « de rendre possible toute harmonie et toute réalisation » par des techniques souples, permettant des instants de contacts prolongés mais sans rigidité et touj ours dans l'esprit d'harmonie entre les partenaires. Ces objectifs montrent le caractère fédérateur et rassembleur de la pratique. En effet, le « sens du monde », initié par Max Weber1, tend à se rationaliser les individus c'est-à-dire de rendre une part importante à la raison plutôt qu'à la magie du monde et a les dégager des contraintes religieuses. Il s'agit d'une perte de sens des magies du monde et désensorcelé, dépoétisé. L'Aïkiryu ne se place pas dans l'esprit ou le but est une fin en soi, ou le travail est l'essentiel mais c'est le moyen pour y parvenir qui permet à l'individu de « dépasser ses limites », de « chercher à se réaliser libre, responsable et acteur de sa vie », de « respecter l'autre quant à son intégrité corporelle, affective ». Cette pratique se définit en ses termes comme étant au service des individus, permettant de rapprocher les gens, de redonner un « sens au monde » et ne peut se définir alors comme un art martial mais plutôt comme un art du geste.

Bien sûr, il est important de parler de « l'Art du Geste », Il s'agit là d'une pratique considérée comme un « grand mouvement » qui englobe les différents domaines artistiques (peintre, danseur, chanteur, aïkidoka, ..). C'est une recherche de « l'harmonie », de « l'unité », de « recherche la présence pleine dans les événements de notre vie et la libération par l'intégration de ce qui nous arrive », ce qui correspond à un courant de pensée qui regroupe un champ plus large que la simple pratique d'un art martial.

Il y a une citation d'Yves Cadot, doctorant à l'Université de Paris, 4ème dan de Judo et diplômé des langues orientales, qui est intéressante car l'approche du « ka » que

1 Weber, M. (2006) Sociologie de la religion, traduit par Kalinowski, I., Flammarion

l'on retrouve dans la dénomination d'un pratiquant (Aïkidoka, karatéka, judoka...) reflète bien l'esprit dans lequel le pratiquant à comme importance par rapport à sa pratique ainsi que le respect de celui qui la transmet, ce que l'on retrouve avec les Aïkiryuka, « ka » étant la construction par l'homme d'une protection pour ce qui lui est vital, ce qui lui est de plus précieux., « être judoka, c'est être habité par le judo. C'est faire partie de la maison du judo et être soi-même celle-ci. C'est à la fois faire du judo sa maison, son refuge, et en être l'écrin, là ou il est protégé à l'abri des agressions extérieures, là ou il peut vivre, se nourrir et se développer »,

C) Sociologie appliquée à l'étude de L'Aïkiryu :

1. Sociologie de la pratique de l'Aïkido :

D'après Jean Paul Clément1, les pratiquants d'Aïkido semblent être plutôt des cadres avec une majorité de travailleurs « intellectuels » et semble attirer également beaucoup de femmes. On peut remarquer que cette étude a eu lieu vers 1981 et que certaines choses ont pu évoluer depuis. Pierre Bourdieu, cité par JP Clément, l'explique par « on peut poser en loi générale qu'un sport a d'autant plus de chances d'être adopté par les membres d'une classe sociale qu'il ne contredit pas le rapport au corps dans ce qu'il a de plus profondément inconscient, c'est-à-dire le schéma corporel en tant qu'il est dépositaire de toute une vision du monde social, de toute une philosophie de la personne et du corps propre ». Cela précise l'idée que les pratiquants d'Aïkido adhérent à cette forme de travail car elle correspond inconsciemment à une culture qu'ils ont en commun, en d'autres termes la classe sociale détermine les formes de pratiques.

Cette citation de Pierre Bourdieu précise une chose importante, c'est que les personnes d'une même classe sociale ont intériorisé des « schèmes » propres à leurs rangs dans la société. C'est une chose qu'ils ont en commun, ils ont les façons de se communiquer, ils ont les mêmes codes que ce soit explicite ou implicite. Et c'est cela qui les rapproche car ils ont le même rapport au corps, donc un travail à distance sans corps à corps. Ce que Jean-Paul Clément met en avant, c'est le principe de distance de garde qui se fait en Aïkido par une mise à distance du partenaire tout en évitant les

1 Clément, JP. (1981) La force, la souplesse et l 'harmonie in sport et société, approche socioculturelle des pratiques de Christian Pociello

contacts corporels, par de grands mouvements tournants. De même que l'explication de Hall1 en 1971, indique des niveaux différents de distance en fonction de quatre espaces : intime, personnelle, sociale et publique. L'Aïkido utilise une distance sociale en mode éloigné.

Sur le plan du travail à deux, la logique de l'Aïkido n'est pas de s'affronter par une mise en opposition mais plutôt de se contrôler mutuellement par une coopération. L'idée est que la technique permet de faire passer un message de respect de soi et des corps mais aussi pour en revenir à Bourdieu, le fait de se contrôler est un signe de toute une vision du monde social où l'individu cherche à contrôler l'ensemble de ce qu'il fait. Ce qui explique le refus des Aïkidokas d'être reconnu comme sport de combat mais bien comme arts martial non violent, d'où la non compétition et l'euphémisation du combat pour ne garder que le principe d'harmonie, soit la coopération technique à visée esthétique. Le véritable art étant de ne jamais s'en servir. La fonction esthétique de l'assaut demeure primordiale et la pureté des mouvements, la vitesse d'exécution, la volonté de ne pas utiliser la force pure et le port de l'hakama2 accentuent encore plus la sensibilisation des pratiquants à la beauté de leurs mouvements.

Cette esthétisation extrême du combat se rapproche de la chorégraphie qui attire et inspire des groupes composés d'artistes tels que « Solaris » présentant un spectacle intitulé « la modern-dance saisie par l'aïkido ». Cette pratique distancée, euphémisée et esthétisée satisfait plus aisément les couches sociales élevées qui peuvent pousser sa stylistique jusqu'à la limite de la gratuité du geste. Luc Boltanski3 développe l'idée que chaque milieu social définit sa propre culture somatique ; c'est-à-dire que les cultures des classes aisées ont une relation plus attentive à leurs corps qui valorisent le rapport conscient à leur corps avec une perception de leurs sensations, une valorisation de la grâce de la beauté au détriment de la force physique. C'est-àdire que dans l'ensemble des pratiques légitimes à un moment donné elle apparaît comme socialement et culturellement déterminé car la pratique contient des normes et des valeurs qui se rapprochent de celles d'un groupe social élevé.

1 Hall, E. (1971) La dimension cachée, édition du seuil, Intuition

2 En effet, l'hakama est une jupe qui recouvre les jambes et masque le déplacement de celles-ci, ce qui donne une impression de fluidité, de déplacements harmonieux et c'est ce qui permet de masquer les intentions de déplacement.

3 Boltanski. L, (1971) Les usages sociaux du corps, Annales. Économies, sociétés, civilisations, 26(1), p. 205-233,

L'exploitation par l'Aïkidoka d'une énergie extérieure à son propre profit repose sur une gestion subtile de la gestualité et c'est une rupture culturelle que nous observons chez les Aïkidokas à travers la description même de leur pratique. L'Aïkido s'inscrit donc dans ce que nous pourrions appeler une « contre-culture » et constitue un élément essentiel de tout un style de vie1. En effet, la pratique véhicule des savoirs basés sur des influences religieuses, philosophiques et culturelles que Morihei Ueshiba a introduites en proposant la pratique de l'Aïkido. C'est une pratique asiatique basée sur des influences également asiatiques donc lorsque l'Aïkido a du être enseignée en occident, les occidentaux l'on appréhendé avec leur culture occidental. C'est ce décalage que l'on considère comme une « contre-culture » soit l'adhésion à de nouvelles façons de voir sa culture d'origine.

D'après l'étude de Jean-Paul Clément, faite en 1981, les grandes tendances des Aïkidokas sembleraient être qu'ils s'opposent aux interdits sociaux et moraux, ils seraient permissif sur le thème de l'homosexualité, sur la consommation des drogues douces, ils seraient favorables à l'abolition de la peine de mort, ils se sentiraient plus proches des partis écologistes plutôt que des partis traditionnels. Cela est du à la vision transmise par la pratique visant à se détacher de la culture occidentale qui est notre base de développement en France, par acquisition d'éléments d'une culture asiatique. Aujourd'hui, c'est une pratique riche en enseignement sur la vie en général. D'un point de vue plus universitaire, l'étude sociologique de cette pratique permet de pouvoir cerner au mieux l'état d'esprit dans lequel les pratiquants évoluent, leur inscription dans un mode de vie et de culture. L'idée de la pratique de l'Aïkido est que pour comprendre l'ensemble de l'enseignement il faut dans chaque instant de sa vie le réinvestir.

Tous les éléments abordés précédemment montrent bien que la pratique d'une discipline issue d'une autre culture tend à nous proposer une vision différente de la société. Toutefois, les personnes ayant les capacités à accepter ces modifications sembleraient être issues de milieu aisé ou avec un certain capital culturel. Cependant, dans un monde actuellement tourné vers la mondialisation, c'est-à-dire une ouverte sur le monde accessible par tous, peut on encore dire que seul les classes aisées ont la possibilité de pouvoir concevoir autre chose que la culture dont ils dépendent. C'est pour cela qu'il va être intéressant d'analyser le contexte dans lequel les individus évoluent aujourd'hui.

1 Valette-Florence, P. (1994) les styles de vie, Nathan

1 Weber, M. (2006) Sociologie de la religion, traduit par Kalinowski, I., Flammarion

2. Le contexte social :

Les différents apports théoriques utilisés vont permettre de pouvoir introduire les notions nécessaires au processus de communautarisation. En effet, il faut prendre en compte tout un système social ayant des influences de développement pour comprendre l'émergence de la communauté. Ce qu'étudiât Max Weber1, permet d'expliquer pourquoi des gens adhèrent à une vision différente que celle proposée par la société.

2.1. Typologie des déterminants de l'action sociale :

Max Weber définit une activité comme étant « un comportement humain » et une activité sociale comme étant « d'après le sens visé par l'agent ou les agents, se rapporte au comportement d'autrui, par rapport auquel s'oriente son déroulement ». Cela permet de définir dans quel type d'action sociale se situe la pratique de l'Aïkiryu car avant d'être une pratique martiale c'est une activité sociale.

L'action « rationnelle en valeur » correspond aux actions par lesquelles un acteur cherche à accomplir une valeur. Cette valeur vaut, pour l'acteur, absolument : il ne se soucie pas des conséquences que peut avoir son action - seul lui importe l'accomplissement des exigences nées de la valeur qui est, pour lui, fondamentale. C'est dans cette catégorie que se définit l'Aïkiryu en relation avec le message qui est transmis. On recherche plus à donner du sens à l'action plutôt qu'à la finalité. Pour explicité ce propos, il y a un exemple possible en lien avec la pratique, en effet, l'objectif de la pratique de l'Aïkiryu n'est pas que d'acquérir des connaissances et d'être le plus fort mais au contraire de créer un lien entre les individus. C'est dans ce cas là que l'on peut dire que cette pratique recherche, implicitement, a créer des actions qui vont rapprocher par le contact physique les pratiquants.

2.2. La rationalisation :

Max Weber accorde une grande importance au processus de rationalisation du monde. Pour lui, les principales civilisations du monde ont connu un processus de rationalisation, par lequel les actions et les représentations des hommes sont devenues plus systématiques et méthodiques. Toutefois, il lui semble que ce processus a connu une direction spécifique en Occident. Pour Max Weber, le monde occidental se caractérise, en effet, par une rationalisation orientée vers l'action pratique dans le monde, c'est-à-dire par une volonté de contrôle et de domination systématique de la nature et des hommes dans la production de biens matériels. Justement, en Aïkiryu, l'idée n'est de produire des biens mais de profiter de son propre corps pour communiquer, échanger et avancer dans la vie en essayant de se détacher de cet esprit. Se détacher des productions corporelles systématiques, communiquer ses émotions, s'ouvrir aux différentes pensées du monde en partageant des choses simples et fondamentales comme l'amour. Soit s'inscrire totalement dans une volonté de dérationaliser. Fortement lié à ce processus de rationalisation, est le phénomène de «désenchantement du monde » : pour Max Weber, le monde occidental se caractérise par la disparition de la croyance en la magie et, plus largement, par l'effacement de la croyance dans l'action de Dieu dans le monde. L'Aïkiryu propose un « réenchantement du monde » par le rapprochement des individus par l'intégration d'une nouvelle vision plus poétique du monde. Cependant, cette intégration d'une nouvelle vision a ses limites car en aucun cas cette façon de voir le monde est unilatérale ou sectaire car chacun et libre d'y adhérer dans un esprit plus en rapport avec la nature et basé sur la communication de ces émotions aux autres.

2.3. Désenchantement du monde :

Dans L'éthique protestante et l'esprit du cap italisme, Le judaïsme antique, Confucianisme et taoïsme, Hindouisme et bouddhisme, Max Weber développe une véritable sociologie de la religion. Son objectif était de trouver une explication aux évolutions différentes des cultures occidentales et orientales. Après ses recherches, Max Weber en vint à penser que les idées religieuses puritaines et plus largement chrétiennes, avaient eu une portée considérable sur le développement du système

économique en Europe et aux États-Unis, mais fit remarquer qu'elles n'avaient pas été les seules causes de ce désenchantement. Les autres facteurs remarquables signalés par Max Weber sont le rationalisme de la recherche scientifique, les progrès conjoints des mathématiques, de l'enseignement universitaire et du droit, et l'esprit d'entreprise. Il conclut en écrivant que l'étude de la sociologie de la religion doit conduire à une meilleure compréhension d'un des principaux aspects de la civilisation occidentale, à savoir une certaine émancipation de l'explication magique du monde, un « désenchantement du monde ». Dans ces idées, la proposition qui est faite par les différentes théories, amène l'individu a se « rationaliser » donc tend à rendre les relations sociales à la fois impersonnelles, instrumentales et utilitaires. Cette rationalisation amène un « désenchantement du monde » qui se caractérise par une perte des croyances et des magies et donc une perte du « sens » du monde. De plus, Max Weber introduit la notion de « l'esprit capitaliste » qui à pour finalité la réussite professionnelle comme possibilité d'accéder au salut. Soit une impasse pour les individus de la société qui tentent de retrouver ce « sens », cette magie du monde et l'Aïkiryu serait une possibilité. Pour donner un exemple, voici un extrait tiré du site internet de la revue Alliance, pour une Europe des consciences qui regroupe des personnalités qui souhaitent un changement dans la société.

« Un récent colloque sur l'éducation fut introduit par la lecture d'un témoignage paru dans un quotidien. Une petite fille à qui son papa vantait l'école lui répondit en substance : « Oui, bien sûr, l'école ; mais tu sais, moi, je veux vivre«. L 'éducation ne serait-elle pas alignée sur la vie ? À l'évidence, notre société a séparé deux choses : la vie selon la biologie et la vie selon l'Esprit. Elle reconnaît officiellement la première, et ignore délibérément la seconde. La «perte du sens «, la disparition des valeurs, la dissolution du respect, l'affaiblissement du discernement et la perversion de l'amour n 'en sont que les conséquences naturelles. A partir de là, une société se délite. »

3. Processus de communautarisation :

Pour expliquer ce processus, un entretien d'Olivier Aubel1 sur « l'escalade libre en France », permet de comprendre la création de nouvelles pratiques en s'appuyant sur « théories de la religion » de Max Weber. En effet, il met en évidence une « rupture prophétique » qui est initié par un individu ayant une volonté de « déroutinisation » autour du retour à la pureté. Ce qui avait eu lieu dans le monde de l'escalade à un moment ou la compétition avait pris le pas sur l'escalade d'« origine ». Dès lors, il y eu formation d'une communauté voulant un retour au « vrai escalade » afin d'être en communion avec la nature. L'intérêt de l'escalade libre réside dans le fait d'être affranchie de l'esprit de compétition au profit d'un retour a des valeurs qui semblent être meilleures pour les initiataires de cette pratique, qui dans la forme ne change pas. Ce qui est intéressant dans le cas de l'escalade libre c'est l'idée de la rupture, pour Bourdieu, elle ne connaît le succès que parce que son message met des mots, des symboles, sur les aspirations d'un groupe de gens qui se reconnaissent de fait dans le message de la rupture et assure le succès de la création de la communauté.

Ce n'est pas le retour à la nature qui est intéressant mais plutôt le phénomène de « rupture prophétique » et d'invitation à la communauté.

Pour pouvoir définir l'idée de « rupture prophétique », il faut d'abord aborder la notion importante, celle de communauté. Cette notion a été étudiée par Max Weber2 et Ferdinand Tonnies3.

3.1. Réenchanter le monde4 :

Cette notion de « désenchantement du monde », développé par Max Weber, est issue de l'analyse du lien entre les processus économiques et les croyances des individus. La notion de « réenchantement du monde » 5 au sens où l'entend Michel Maffesoli, c'est-à-dire un glissement d'une éthique universelle, d'une morale commune à tous vers des formations de groupes, de communautés, ayant de multiples éthiques à des

1 Aubel, O. (2005) L 'escalade libre en France : sociologie d'une prophétie sportive, L'Harmattan

2 Weber, M. (2006) Sociologie de la religion, traduit par Kalinowski, I., Flammarion

3 Une édition électronique réalisée à partir d'un texte d'Émile Durkheim (1889), « Communauté et société selon Tönnies. » Extrait de la R e v u e Philosophique

4 Stiegler, B. association arts industrialis, (2006) Réenchanter le monde, la valeur de l'esprit contre le populisme industriel, Flammarion

5 Maffesoli, M. (2007) le réenchantement du monde, La table ronde

groupes données. C'est donc le processus inverse visant à proposer une autre forme de croyance basée sur une société plus humaniste, sans contraintes et une personnalisation des rapports sociaux. Et la création de la communauté ne peut avoir lieu si au préalable certains individus ne sont préparés à recevoir une nouvelle conception de la société. Cette conception est de nature plus humaniste c'est-à-dire qui vise à placer l'être humain au centre de tout le dispositif de vie, comme par exemple le fait de manger biologique ou bien de faire du commerce équitable.

C'est ce qui s'est produit pour Charles Abelé, fondateur de l'Aïkiryu, art du geste issu de l'Aïkido, qui a créé sa pratique pour transmettre sa vision de la vie et du monde. Ce qui a produit une rupture dans la vision de la société moderne. La caractéristique est qu'il propageait l'idée pour elle-même et non pas comme une rétribution -officielle et réglée- même si Charles Abelé vivait de son enseignement. Un autre exemple permet d'illustrer cette idée de rupture qui s'appuie sur un livre écrit par Bernard Stiegler, philosophe, et Ars Industrialis, visant à créer une « société du savoir » et une « révolution de l'intelligence ... face à une sorte de misère spirituelle qui frappe le monde industrielle, l'homme sent qu'il a un besoin irréductible d'esprit ». Ils expliquent qu'un moyen pour élever le niveau de vie, c'està-dire de l'esprit, serait de mettre en place des recherches publiques dans l'idée de faire de la télévision un moyen d'apprendre des savoirs et non plus comme une occupation du temps de disponibilité du cerveau. Donc c'est une proposition qui est faite pour amener à une transformation de la société exactement ce que Charles Abelé à fait avec l'Aïkiryu.

Il est important de revenir sur l'idée que Charles Abelé puisse transmettre une vision de la vie par un vecteur qu'est l'Aïkiryu. Les idées véhiculées tout au long de son enseignement rejoignent la conception de « réenchantement du monde ». Il ne cherchait pas imposer une vision mais bien à proposer une méthode de travail afin de rassembler les individus, de leur proposer une vision de la vie et des relations interindividuelles différentes de ce que l'on peut retrouver dans notre société actuelle, comme le disait Max Weber dans différents ouvrages, dirigée par « l'esprit capitaliste » et la « rationalisation » qui pousse à la dégradation des relations sociales par un individualisme poussé à son maximum.

3.2. La notion de « communauté »

Pour Ferdinand Tonnies, la « Gemeinschaft » c'est la communauté au sens le plus stricte. Ce qui la constitue, c'est une unité absolue qui exclut la distinction des parties. Un groupe qui mérite ce nom n'est pas une collection même organisée d'individus différents en relation les uns avec les autres ; c'est une masse indistincte et compacte qui n'est capable que de mouvements d'ensemble, que ceux-ci soient dirigés par la masse elle-même ou par un de ces éléments chargé de la représenter. C'est un agrégat de consciences si fortement agglutinées qu'aucune ne peut se mouvoir indépendamment des autres. C'est en un mot la communauté ou, si l'on veut, le communisme porté à son plus haut point de perfection. Le tout seul existe ; il a une sphère d'action qui lui est propre. Les parties n'en ont pas mais n'exclut pas les différences institutionnelles. Cette définition de la communauté n'est pas en accord avec les premières observations car cette communauté d'Aïkiryuka est distincte, de plus les membres sont capables de mouvements individuels car ce qui est recherché dans la pratique est justement le travail d'ensemble avec des sentiments partagés. Chacun a sa propre conscience, ses propres émotions et essaie de les échanger. C'est pour cela que l'approche faite par Max Weber sur les communautés me semble plus intéressante en faisant attention sur l'idée que je me penche sur les caractéristiques de celles-ci sans aborder la théorie de la religion.

D'après Max Weber, la communauté ne peut exister après une rupture que si elle a rencontré le succès. Les pratiquants qui collaborent activement à sa mission, sont quand à eux presque touj ours également dotés d'une qualification particulière, dans le cas de l'Aïkiryu il s'agit du « conseil des sages » qui veille à la bonne marche de la transmission de l'enseignement et qui se compose des élèves les plus anciens que Charles Abelé avait. Ces pratiquants peuvent nouer entre eux des relations occasionnelles, pour une action ponctuelle ou bien se socialiser durablement pour former une communauté. De toute évidence, cette communauté ne peut émerger que s'il y a quotidianisation, c'est-à-dire qui rend opérationnel la continuité de l'enseignement. Cependant, le plus important dans cette forme de regroupement est le libre regroupement occasionnel. Ensuite, lorsque la pratique est opérationnelle, les pratiquants adoptent la forme d'une communauté qui tend à remplir les fonctions d'une institution permanente où les enseignants deviennent à leur tour les transmetteurs de la pratique et de ce qu'elle contient.

3.3. Le renforcement de la communauté :

Ce que j 'entends par cas particulier ne fait pas référence à une particularité technique, idéologique ou culturelle mais plutôt à un événement qui a renforcé la communauté. En effet, le décès de Charles Abelé en Mai 2006 a conditionné le fonctionnement actuel de la communauté car cette pratique existe toujours. Ce constat pourrait s'expliquer par le fait que Charles Abelé a préparé son « départ » en enseignant durant presque une dixiène années des éléments de sa vision du monde. En effet, depuis la création de l'Académie d'Aïkido et des Arts du Geste en 1996, puis la création de l'Aïkiryu en 2004 et jusqu'à sa mort en 2006, il n'a cessé de dispenser son savoir et ses connaissances, tout en travaillant sur l'amélioration de son art. Cependant, cette approche est très complexe et il n'y a pas un individu qui a pu intégrer tout l'ensemble de son enseignement et c'est pour cela que le « conseil des sages » existe aujourd'hui.

Ces personnes, qui se sont réunis pour perpétuer le travail commencé par Charles Abelé, sont dans l'idée de « fratrie » ce sont des enseignants qui se connaissent depuis longtemps et qui sont « frères d'armes ». Ce regroupement d'enseignants s'est fait de façon naturelle et logique afin de ne pas avoir de dispersion des savoirs mais surtout pour qu'il y ait un consensus afin de garder une cohérence dans la transmission. A savoir que son école se développe en France, en Allemagne et en Suisse.

Pour donner un exemple similaire, le cas de Taiji Kase qui arriva en France en 1967 où il implanta durablement le karaté en y introduisant le concept de l'art martial, en opposition avec l'esprit de compétition qui était en vogue. Au Japon, il fut élève de Yoshitaka Funakoshi, fils du fondateur du Karaté Shotokan. Il est décédé le 11 novembre 2004 et son décès eu pour conséquence l'émergence de différentes façon de concevoir la pratique mais touj ours en respectant son idéal de pratique.

Ce qui fait la force de cette communauté réside dans le fait que la pratique dispensée par Charles Abelé existe en chacun des individus et c'est la logique interne de la pratique qui a permis de constituer cette communauté de façon durable.

II) Etude de la pratique « Aïkiryu »:

L'« Aïkiryu » est un art du geste créé par Charles Abelé suite à l'envie de faire partager une vision du monde et de la vie, aux individus par la transmission d'un ensemble de valeurs en cohérence avec une vision de la société. Celle-ci visant à placer l'individu au centre de la société et que l'on pourrait qualifier d'« humaniste ». Cette discipline propose un espace d'échanges entre les pratiquants qui permet de créer des liens, de partager des moments et de faire des rencontres. Ces échanges entre pratiquants ont fait émerger un groupe au sein de la pratique et que l'on peut nommer la « communauté Aïkiryu ». Cette communauté étant liée notamment par un désir de sociabilité. Les raisons qui peuvent pousser à la formation de cette communauté seraient que le contexte social actuel basé sur un « esprit capitaliste », comme l'explique Max Weber dans La théorie de la religion1, tend à « rationaliser » mais également à rendre les personnes de plus en plus « individualistes ». Dans ce contexte, certaines pratiques visent à procurer un bien être aux individus et à rétablir un dialogue social, c'est dans ce sens que Charles Abelé à créer l'Aïkiryu. En effet, l'émergence d'une communauté au sein de l'Aïkiryu s'est faite suite à la rencontre des pratiquants et de Charles Abelé, cette personne charismatique et respectée a catalysé la formation d'un groupe d'individus sous forme d'une communauté.

Dès lors, cette pratique s'inscrirait dans un projet de société particulier qui peut se rapprocher des idées décrites dans La charte de l 'Europe des consciences, qui est un texte rédigé par l'Association de l'Europe de Consciences et visant à proposer, sous forme d'un programme, une autre façon de voir la société ainsi que les fondements de cette société. Cette charte regroupe tout un ensemble de propositions afin d'améliorer les conditions de vie des individus et propose également une orientation politique visant à placer l'individu en tant qu'être humain au centre de la société. Cette charte permet de mettre des mots sur un courant de pensée qui est proche de la vision de pratique qu'est l'Aïkiryu et permet donc de comprendre au mieux cette pratique.

On peut se demander si cette pratique ne regrouperait pas un certain type de personnes ayant des caractéristiques sociales identiques comme on a pu le voir avec

1 Weber, Max (2006) Sociologie de la religion, traduit par Kalinowski, I.

l'étude de JP Clément, c'est-à-dire que l'appartenance à une catégorie sociale détermine le type de pratique. En revanche, l'Aïkiryu semblerait regrouper des individus issus de classes sociales complètements différentes. C'est-à-dire que l'on retrouverait au sein d'une même pratique des individus ayant des origines sociales ainsi que des caractéristiques sociales mixtes. Donc, cette pratique propose un échange ainsi qu'un métissage entre des personnes qui ne sont pas issues du même milieu social et ne possédant pas les mêmes capitaux culturels, économiques.

Afin de connaître les visions de pratique pouvant déterminer le degré d'appartenance à la communauté, il sera important d'étudier les opinions des pratiquants. On peut faire l'hypothèse que les pratiquants d'Aïkiryu mettent en avant l'idée de la pratique pour un bien être plutôt que pour une valorisation personnelle car cette idée est prédominante dans la pratique. Cependant, cette communauté se différencie en plusieurs groupes de personnes.

Puis, il serait également intéressant de voir comment les pratiquants définissent l'Aïkiryu et si ces définitions apportent des indications complémentaires concernant leur vision de pratique. On peut formuler l'idée que l'ensemble de ces définitions montrent la relation qu'entretiennent les pratiquants avec l'Aïkiryu. Dans un second temps, les définitions permettent d'identifier les co-occurrences de thèmes abordés au sein de cette pratique, notamment les thèmes de relation et de vision de la vie en général. Les visions de vie se rapprochant d'une volonté de liberté, de libre arbitre dans sa propre vie, ainsi qu'un désir de sociabilité.

Enfin, il va être pertinent de chercher sous quelle forme la communauté perpétue et continue à transmettre ses idées, notamment les idées relatives aux principes même de la pratique. On peut faire l'hypothèse que ce qui fait le ciment de cette communauté pourrait être les stages. Ces stages permettant de réunir l'ensemble des pratiquants et permettant d'échanger, de créer des relations, de faire des rencontres. Mais surtout, en allant plus loin, les stages sembleraient être un lieu privilégié de mise à jour des codes et normes de cette communauté, que l'on pourrait identifier comme un moyen de pouvoir transmettre au plus près des pratiquants, l'ensemble des fondamentaux, des éléments qui font de la pratique un moyen de communication performant et rassembleur.

1 Quivy, R. Van Campenhoudt, L. (2005) Manuel de recherché en sciences sociales, Dunod

III) Méthodologie :

A) Une démarche, une méthode au service de l' analyse de l'Aïkiryu :

Pour Max Weber, le monde social est ainsi constitué par l'agrégation des actions produites par l'ensemble des agents qui le compose. L'unité de base de la sociologie est donc l'action sociale d'un agent. Cette approche individualiste se fonde sur la conviction que les sciences sociales, que Max Weber nomme « sciences de la culture », diffèrent des sciences de la nature, en ce que l'homme est un être de conscience, qui agit en fonction de sa compréhension du monde et des intentions qu'il a. Analyser le social, c'est donc partir de ces actions et des intentions qui les constituent. Max Weber ajoute une nouvelle restriction : parmi ces actions construites par un sens, la sociologie ne prend en compte que les actions proprement sociales, c'est à dire les actions dont le sens est orienté vers autrui.

La sociologie doit donc être « compréhensive », en ce qu'elle doit rechercher le sens, les motifs, des comportements humains, puisque ceux-ci sont constitutifs des actions dont il s'agit de rendre comptent. Ce qui est important, c'est de pouvoir comprendre la vision que les pratiquants d'Aïkiryu ont du monde et les intentions qu'ils ont dans ce contexte. D'ou l'importance d'être attentif aux idées, valeurs et aux thèmes véhiculés par leur pratique et d'en mesurer le poids

Pour Max Weber, la sociologie n'est pas qu'une science de la compréhension, elle vise aussi à « expliquer le déroulement et les effets » de l'action. Dans le cadre de cette étude, il s'agit d'identifier les actions et d'en expliquer le sens afin de vérifier le mode de groupement. On peut donc voir les conséquences d'un message particulier sur un groupe d'individu socialement identifié. En effet, il est impossible de saisir le sens que les pratiquants de l'Aïkiryu ont de cet art si l'on ne s'émerge pas soi même dans le contexte de leur pratique, tout en gardant une certaine distance, ce qui découle la première méthode utilisée qu'est l'observation participante. Dans le cas d'observations participatives, la question de l'objectivité a été au centre des rapports avec les pratiquants. La visée d'objectivité implique nécessairement une stricte distinction entre le savoir empirique et les jugements de valeur. Il a fallut une certaine neutralité dans les échanges afin de ne pas modifier la situation et les

individus. Il est important de porter à sa propre conscience et à celle des lecteurs qui servent à analyser la réalité. Dans un second temps, découle la méthode du questionnaire afin de vérifier le mode de groupement par confrontation des opinions et des définitions que les pratiquants ont sur des sujets concernant leur pratique ou bien sur des questions plus large.

B) Recueil de données :

Le recueil de données permet de récolter des informations à la fois directement par observation ou bien indirectement par questionnaire. Les données que l'on recueil vont permettre d'analyser et de comprendre une pratique tel que l'Aïkiryu, pour laquelle il n'a jamais eu de travail de recherche effectué. Il s'agit d'une étude nomothétique, c'est-à-dire visant à porter une interrogation particulière sur un groupe d'individus.

1. Le questionnaire :

Ce système de recueil de données est une forme auto administré par internet, composée d'une partie signalétique visant à prendre des informations sur les individus et sur les opinions. Il se compose donc d'une partie avec des questions fermées en laissant la possibilité de répondre par une échelle allant de 1 à 5, de pas du tout d'accord à tout à fait d'accord, puis d'une question ouverte visant à demander une définition de la pratique. Ce questionnaire vise à vérifier les hypothèses théoriques et l'examen de corrélation que ses hypothèses suggèrent. La population concerne l'ensemble des pratiquants d'Aïkiryu en France et il a été mis en place au préalable un pré questionnaire sur papier avec sept personnes afin de voir les améliorations à apporter. Cela a permis également de vérifier si le langage utilisé était le bon. Les biais possibles sont le nombre de fois où l'on peut répondre au questionnaire car il n'y a pas contrôle d'entrée sur le site du questionnaire et les manques d'inspiration de certains pour répondre à la question ouverte. L'avantage de cet outil est la possibilité de quantifier de multiples données et de procéder à de nombreuses analyses de corrélation, tout en restant dans une optique de méthode qualitative.

2. L'observation participante 1:

Le type d'observation utilisée constitue la seule méthode de recherche sociale qui capte les comportements au moment où ils se produisent sans l'intermédiaire d'un document ou d'un témoignage. Cette méthode permet d'appréhender les systèmes de relation sociales et les fondements culturels et idéologiques qui les sous tendent. En spécifiant que pour vraiment comprendre le groupe, le mode participatif était le plus adéquat. Ce mode a permis d'étudier la communauté durant une longue durée, d'Octobre 2006 à Mai 2007, en faisant régulièrement des stages et des séjours avec eux. L'authenticité des comportements par rapports aux écrits et aux paroles permet de recueillir un certain nombre de données riches en information complexe. Les observations étaient systématiques dès le moment où il y avait contact avec des pratiquants. Cependant, ces observations ont principalement aidée à concevoir une certaine logique complètement différente de celle de l'observateur, il s'agit d'informer l'observateur sur les structures mentales et idéologiques ou sur des préoccupations latentes en analysant les co-occurrences, ce qui revient à examiner les associations de thèmes dans les séquences de communications. Il y avait comme critère d'observation les thèmes abordés lors de discussion, les types de rapports interindividuels, les rapports entre les grades sur l'aire de pratique et en dehors. L'observation participante est plus un moyen concevoir un modèle de pensée proche du groupe étudié afin de mieux percevoir les mécanismes sociaux plutôt qu'une grille d'observation précise qu'il aurait été impossible de remplir tant la participation était importante. Le biais est justement qu'il était impossible d'écrire chaque observation car une semaine avec eux reviendrait à passer plus de temps à écrire qu'à participer aux échanges. De plus, le langage du corps est le vecteur permettant d'observer et d'interagir pour mieux comprendre ce groupe.

3. Conditions de recueil et traitement de données :

Pour ce qui concerne le questionnaire, il a été mis en ligne sur internet durant un mois afin que les pratiquants d'Aïkiryu puissent y participer. Pour pouvoir y répondre, il a été mis en place un système d'envoi de lien par mail. Ce système a permis d'avoir une base donnée pour remercier ensuite les participants à l'enquête.

Pour ce qui concerne les observations, le lieu de stage qui se situe à Châlons en Champagne a permis de s'immerger dans la culture des pratiquants, notamment en étant en contact prolongé avec la Famille Abelé, mais également en participant aux entraînements pour s'imprégner de l'essence de la pratique.

Les données ont été saisies sur tableur Excel puis travaillées sur une boite à outils (logiciel Statbox pro 5, Grimmersoft R) ce qui a permis de faire des tris simples et des classifications. Les résultats attendus sont de trois types, d'abord sur les tris simples visant à connaître les répartitions, puis l'analyse en composantes principales permettant de vérifier les corrélations entre les variables, enfin une typologie automatique permett ant de regrouper des individus par agrégation des profils semblables.

IV) Résultats et interprétation :

Cette étude a rassemblé 42 individus (38 sont exploitables) sur un potentiel de 55 individus, auxquels avais été envoyé le lien afin de participer à l'enquête. Parmi les 55 individus susceptibles de répondre, il y avait 19 enseignants et 36 élèves. Cette proportion a été respectée pour l'étude. Cependant, l'échantillon ne regroupe qu'une partie des pratiquants qui sont en tout plus de 400 en France, ce qui veut dire qu'il n'y a que 1/4 des pratiquants qui ont participés à l'enquête. De plus, l'autre critique qui peut être faite concerne l'outil internet qui n'a peut être pas pu être accessible par tous et la durée de réponse (1mois) est très courte pour pouvoir informer tout le monde. Les différentes parties qui vont suivre sont issues du questionnaire de façon thématique.

A) La population d'Aïkiryuka :

1. Années de naissance :

Année de naissance

Répartition (nb de
personnes)

Année de naissance

Répartition (nb de personnes)

Année de naissance

Répartition (nb de
personnes)

1957

3

1967

1

1981

1

1958

2

1968

2

1982

3

1960

2

1972

3

1987

1

1961

1

1974

1

1988

3

1962

1

1976

2

1989

2

1963

2

1978

1

1990

3

1964

1

1979

1

 
 

1966

4

1980

1

 
 

L'année de

naissance la plus ancienne est 1957, l'année de naissance la plus récente est

1990. Entre ces deux années il n'y a pas de répartition

inégale sur

l'ensemble des années. A noter que l'effectif des jeunes,

c'est-à-dire née

après 1982 est

stable par rapport aux autres tranches d'âges. C'est le constat qui a été fait lors des observations sur le terrain, il n'y a pas de prédisposition nécessaire d'une catégorie

d'âge particulière pour pouvoir pratiquer l'Aïkiryu. Ce qui met en évidence l'accessibilité facilité à la pratique, ainsi que l'effort pédagogique mis en place afin de pouvoir accueillir tous les publiques de pratiquants. Cela traduit la volonté de rendre la pratique accessible à tous et marque l'idée principale de l'égalité dans la pratique.

2. Catégories sociaux professionnelles (CSP) :

Les cadres et professions intellectuels et supérieurs sont à 40% de représentativité contre 24% pour les étudiants et les scolaires, 17% pour les employé(e)s, 10% pour les

autres et enfin 9% pour les

professions intermédiaires. Ce qui
est important dans ce point c'est la

diversité des origines
professionnelles des pratiquants. Il

n'y a pas de domination stricte d'un groupe, juste une présence plus importante des cadres et professions intellectuels supérieurs dû à la classification elle-même trop large encore ; elle ne nous indique qu'une tendance générale. Cette diversité existe par le fait que la pratique est compréhensible par tous et que le mode d'enseignement est basé sur l'encadrement des débutants par les anciens. Cette méthode a pour conséquence d'intéresser les pratiquants sans prendre en compte leur origine sociale, ce qui donne lieu également à une mixité sociale qui permet de mieux prendre en compte l'autre, tout en conservant l'idée que la relation à l'autre se construit de la façon la plus sincère possible sans distinction de signes extérieures de richesse. L'élément qui complète ce propos concerne le fait que les pratiquants, jusqu'à un certain grade, l'équivalent de la ceinture noire dans l'ensemble des arts martiaux, sont habillés de la même façon c'est-à-dire un dogi blanc et une ceinture blanche. Ceci marque l'idée que tout le monde pratique dans les mêmes conditions et que seul rentre en compte le facteur du comportement individuel.

3. Situation maritale :

Il y a 55% de célibataires, 19% d'individus mariés, 19% d'individus vivent en couple non marié, 3% d'individus divorcés et 2% d'individus veuf (ve). Le fait qu'il y est autant de célibataire dans cette pratique pourrait s'expliquer par l'idée que, parmi les pratiquants, il y

est des personnes qui ont trouvées une pratique telle que l'Aïkiryu pour prendre confiance en eux dans la relation aux autres. L'autre possibilité est un biais car il s'agit d'une conformation sur l'idée du statut actuel du célibat dit « géographique » et du phénomène des « couples TGV ». En effet, dans les représentations que les gens ont du statut de célibataire ramène souvent au statut administratif plutôt qu'à la situation vécue. Dans certains cas, des personnes ne sont plus célibataires mais ne vivent pas encore en couple ou ne vivent pas dans la même localité. Il serait intéressant de creuser cette question afin de connaître le véritable statut des pratiquants d'Aïkiryu, voir même si cette situation ne dégagerait pas une volonté de ne pas s'engager afin de ne pas dépendre de quelqu'un d'autre, autrement dit, une volonté de rester libre.

4. Niveau d'étude :

 

Il y a 41% des individus avec un niveau Bac supérieur +3, 14% avec un niveau Bac +3, 19% avec un niveau Bac ou BEES équivalent, 14% avec un niveau BEP CAP Brevet des collèges et 12% avec un niveau Bac +2. On

peut voir ici qu'il y a une part élevé du nombre de titulaire du Bac et plus, par rapport au reste des diplômés. Le public des pratiquants est donc un public ayant un certain niveau de connaissance. Cela reflète bien les observations car l'ensemble du discours utilisé est basé sur des notions qui font appel à une ouverture d'esprit. Cependant, ce facteur n'est aucunement discriminant dans l'apprentissage de la pratique. Ce point rejoint l'idée qu'il faut prendre conscience de soi pour pouvoir prendre conscience des autres. De plus, l'éducation scolaire prépare des personnes à acquérir des connaissances pour un travail mais ne prépare pas la personne à dire ce qu'elles ressentent. De ce fait, tout le monde part du même point : exprimer ses émotions. Le rapport au corps fait office de lien entre le matériel et l'esprit, dans le cas de cette pratique, qui demande un engagement sincère de la part des pratiquants, il est important de signaler que les distances relationnelles utilisées sont multiples. En effet, il y a un contrôle à distance du partenaire, mais dans le cadre des cours dit de « taïso », que l'on peut considérer comme une gymnastique énergétique, le pratiquant est confronté à l'utilisation de son corps dans son ensemble et pour se faire aucun diplôme scolaire ne prépare à une telle activité. Ce que l'on ajouter pour finir, c'est que le corps est vraiment le médiateur de l'action et de la relation à l'autre dans cette pratique.

5. Année de début en Aïkiryu :

Il y a 55% des pratiquants qui ont
débutés entre 2004 et 2007, 31% qui
ont débuté avant 2000, enfin 14% qui
ont débutés entre 2000 et 2003.
Sachant que Charles Abelé à fondé
l'Aïkiryu en 1996, on peut supposer
qu'il y a beaucoup de pratiquants qui
ont suivit l'enseignement de Charles
Abelé régulièrement, on observe une
baisse des débutants entre 2000 et 2003. Par contre, la période 2004 à 2007 est la
période la plus riche en arrivée de débutants. Ne connaissant pas la part de débutants
dans chaque année, nous ne pouvons pas isoler précisément la cause de cette
augmentation. Le constat effectué sur les stages indique qu'une bonne partie des
nouveaux pratiquants sont arrivés depuis 2006. Cela aurait-il un rapport avec le décès

du fondateur de cette école de pratique d'art du geste. Peut-être s'agit-il d'un renforcement du message et d'une volonté de parler de ce qu'il a créé. Ne perdons pas de vue qu'il s'agit d'une pratique qui s'inscrit dans la volonté de rapprochement des individus, dans une société où la science à construit les individus au dépend de la philosophie ou bien des arts.

6. Enseignement avec Charles Abelé :

Il y a 38% des pratiquants qui ont suivit les stages et les cours avec Charles Abelé, 26% qui ont fait des stages, 24% qui n'ont jamais suivit son enseignement, 10% ont suivit les cours et 2% qui ont une autre forme de

transmission. Ces données montrent qu'il n'y a que 24% qui n'ont jamais suivit directement les enseignements avec le fondateur de l'école. Cela indique qu'une grande partie des pratiquants actuels ont reçus les idées et les valeurs transmissent par Charles Abelé. Cette partie rejoint l'idée du modèle écologique de Serge Moscovici en ce qui concerne l'adhésion à une vision de la société, en effet l'idée de proposer, pour l'écologie, un modèle dépassent l'opposition entre le libéralisme et le socialisme, qui placent le progrès au coeur de leurs préoccupations, est une remise en cause, fondée sur son expérience , sa réflexion, son savoir transdisciplinaire et ses recherches, proposant une approche plus naturaliste et humaniste. Charles Abelé s'inscrivait dans une démarche similaire et un indicateur permet de conforter cette idée, en effet, trois mots qui sont présent dans les textes sur l'Aïkiryu. Ils sont évoqués lors des moments de pratique et ressortent au cours de cette étude : amour, échange et transformation. Cet indicateur montre que, même si chacun appréhende un enseignement en fonction de sa propre réalité, l'essence en est conservée à condition de la cultiver. Charles Abelé attachait une grande importance au sens de chaque mot. C'est dans cet état d'esprit que les enseignants ont décidé de continuer, en mettant en place une direction collégiale ainsi qu'une « communauté d'enseignant ». On reste ici dans l'idée d'une fratrie ou chacun est libre de venir et

d'aller, sans entrer en opposition. C'est l'articulation de chacun des enseignants qui semble faire perdurer l'essence de cet art. Cependant, il reste à voir sous quelle forme ont été et sont touj ours transmises les modalités.

7. Nombre d'heures de pratiques :

Il y a 44% des pratiquants qui font entre 2 et 4 heures d'entraînement par semaines, 34% font plus de 4 heures et 22% font 2h et moins. Dans l'ensemble, je peux dire que les individus sont intéressés par leur pratique car 78% font plus de 2 heures

d'entraînement. Ce nombre semble reflète l'idée que les Aïkiryuka ne pratiquent pas pour vivre l'Aïkiryu mais plutôt qu'ils vivent en pratiquant l'Aïkiryu. C'est l'idée de respect d'un mode de vie auquel les individus ont adhérés, de façon volontaire bien sûr. Lorsque Charles Abelé a créé l'Aïkiryu, il n'a pas que reprit les techniques d'Aïkido et changer de nom pour faire semblant d'innover. Il a eu tout une réflexion sur ce qu'il voulait enseigner et donc changer (« transformer ») à travers cette nouvelle pratique. C'est un chemin de réflexion qu'il a du faire pour aller au-delà du geste et de la forme. Il a fallut qu'il s'immerge dans un mode de vie et de pensée qui correspondait à ces idées. C'est en cela que l'Aïkiryu est intéressant car après observation, on peut dire que cette pratique va beaucoup plus loin en termes de questionnement sur les relations interindividuelles. On peut aller plus loin, en effet, il est vrai que la société tend à éloigner les personnes, par peur de l'inconnue ou bien par habitude, par exemple lorsque l'on prend le métro on peux remarquer que rien ne perturbe un voyageur citadin, de plus les échanges de regard ou bien le partage d'un moment sont rare. Il semblerait que cette pratique réponde à un besoin de communications, autre que celui proposé par la vie quotidienne, d'où l'importante fréquentation et les heures de pratiques élevées.

8. Les grades :

Il ya 57% de pratiquants ayant un grade compris entre le 6 et 3ème kyu, 19% sont 3 et 4ème dan, 17% sont 6ème kyu, 5% sont 2 et 1er kyu, enfin 2% sont 1 et 2ème dan. Ce constat seul n'est pas intéressant, par contre en mettant en correspondance avec l'année

de début en Aïkiryu, on retrouve des proportions similaires. En effet, la part la plus importante de débutant se situe dans la fourchette 2004/2007, en considérant un passage de grade par an, quelqu'un qui à débuté en 2004 est actuellement 3ème kyu. Bien sûr, les passages de grades ne sont pas automatiques car il y a un travail personnel qui dépend de chacun. On passe son grade lorsque la personne est prête et ce n'est pas une obligation. C'est pour cela que les étapes ou temps d'attentes entre les grades ne sont pas formels, il s'agit avant tout d'un moment marquant qui permet de valoriser un travail interne et technique. Cette étape étant validée par les plus anciens. Une autre approche de cette interprétation amènerait à penser que les pratiquants n'ont peu être pas envie de passer de grades car ils ne pratiqueraient peut être pas pour être reconnue mais plus pour rechercher un état de bien être où le grade n'est que secondaire.

9. Investissement :

Il y a 46% des pratiquants qui font 1 à 3 stages par an, 34% qui font plus de 6 stages par an, 10% pour 4 à 6 stages par an, enfin 10% pour ceux qui ne font aucun stages. Plus de 90% des pratiquants font au moins un stage par an ce qui est important en quantité. Il y a donc un noyau dure qui se

rencontre sur les stages et les échanges sont réguliers entre les individus sur les moments de stages. Pour en revenir sur l'idée de communauté, ce facteur stage met à jour le fait qu'il existe un fil conducteur qui permet de rassembler les pratiquants, il s'agit des stages. La participation aux stages d'été dans le Lot et Garonne, ainsi qu'au stage national d'Epernay en Champagne où étaient réunis 80 stagiaires, a permis d'approfondir ce thème. Les deux moments importants du stage sont la pratique sur le tatami et la soirée. Sur le tatami, les individus travaillent ensembles sans distinction de grade, c'est ouvert à tous, c'est un lieu d'échange et de travail. Pendant la soirée, c'est le moment des retrouvailles, d'échange des impressions et de participation. Ce qui est marquant c'est que le repas n'est pas préparé par un traiteur mais ce sont les pratiquants eux-mêmes qui amènent chacun une partie du repas, en fonction du dojo d'appartenance. Chaque dojo s'organise et amène soit le dessert soit l'entrée. Ce sont des moments de partages ou chacun est acteur de l'événement. Cela permet de construire sont sentiment d'appartenance et de renforcer cette communauté. Mais il existe également les « cycles » qui rassemblent les pratiquants d'une même tranche de grades. Ce sont des stages qui permettent de pratiquer intensivement mais qui permettent également de prendre un temps de réflexion sur la pratique et donc de partager ses émotions, les problèmes techniques ou bien une précision concernant la logique de la pratique. Il s'agit surtout d'un moment de mise à nu ou chaque participant peut parler sincèrement de ses sensations sans avoir de pression vis-à-vis de ce qu'il pense. Concernant le budget dépensé par individu, il dépend logiquement du nombre de stage effectués par la personne ainsi que la distance à parcourir pour se rendre aux stages. Ceux qui ne font pas de stages dépensent entre 180 et 400€. Ceux qui font 1à 3 stages par an dépensent de 50 à 3000€. Bien sûr ces chiffres sont relatifs car on ne m'a pas spécifié si l'achat du dogi (habit pour la pratique) ou les heures de garde d'enfant ou l'essence était compté dedans. Ceux qui font 4 à 6 stages dépensent entre 250 et 1500€. Enfin ceux qui font plus de 6 stages dépensent entre 1000 et 2000€.

Concernant la population d'Aïkiryuka, il n'y a pas de discrimination d'âge dans la pratique, les origines socio professionnelles sont variées, que la moitié des pratiquants sont célibataires1, le niveau d'étude est élevé dans l'ensemble, la moitié des pratiquants ont débutés entre 2004, 2005, 2006 et 2007 ce qui est corrélé avec le nombre de gradés de 3, 4, 5ème kyu car la moitié des pratiquants se situent dans cette fourchette. Ensuite, le taux d'heures de pratique élevé traduit une possible adhésion à un mode de vie. En effet, les observations sur le terrain ont permis de voir que les objectif de pratiques ne sont pas les mêmes pour tous par contre que le fil conducteur est d'avoir une vision humaniste de la relation à l'autre. De plus, 90% des pratiquants ont reçus l'enseignement de Charles Abelé et donc le message portant attention à la relation au matériel et au spirituel par le corps ainsi que l'expression des sentiments et de la liberté de l'être, a renforcé le sentiment d'appartenance à la communauté. On peut expliquer l'existence de la communauté par le fait qu'étant donné que 90% des pratiquants ont suivit directement l'enseignement de Charles Abelé, au moment de son départ en Mai 2006, les 90% de pratiquants ont cherchés à vouloir faire partager ce qu'il a créé. D'où une forte participation lors des stages et ce liens qui unit tous les pratiquants qui est dû à la perte d'un proche ; un peu comme dans une famille. Suite à cela la communauté s'est renforcée avec les moins gradés qui voyaient en Charles Abelé plus qu'un enseignant.

B) Les pratiques périphériques et loisirs :

En reprenant l'idée d'Isabelle Abelé-Dubouloz2, cet art du geste permet de faire le lien entre le mouvement du corps utilisé dans différents Arts tels que la danse ou la calligraphie. Ayant pour objectif d'unifier et d'harmoniser le corps au mouvement afin d'être libre et de vivre chaque moment dans le présent de façon intense tout cela par des rencontres et l'apport de nouvelles connaissances. Cette façon de voir la pratique, en admettant qu'il s'agit plus d'un mode de vie, va amener l'individu à construire une autre façon de voir la société et la place qu'il occupe dans celle-ci. Les pratiques périphériques et les loisirs des pratiquants traduisent cette idée de

1 Cependant, il faut faire attention car le terme « célibat » n'a pas été définit et certains pensent l'être alors qu'ils ne le sont pas, donc il faut mitiger cette donnée.

2 L'entretien issu des documents officiels de la Fédération d'Aïkiryu et Art du Geste, membre du Conseil des Sages

rechercher cet état d'esprit. En effet, on retrouve 4 types de pratiques, la première concerne les Activités Physiques et Sportives (football, tennis, tir à l'arc, randonnée, roller, voile, course), la seconde concerne des Arts Martiaux (karaté, aïkido, shiatsu), la troisième concerne les expressions artistiques indirecte médiées par un objet (photo, calligraphie, graphisme, illustration de BD, peinture, écriture, poésie) et la quatrième concerne les expressions artistiques directe corporelles ou orales (musique, chant, danse, théâtre, cirque). Il faut ajouter à cela que les catégories d'expression se composent d'éléments proposées dans certains stages comme le mouvement dansé par exemple.

Donc, on peut dire que certains Aïkiryuka sont dans l'optique de pratiquer cet art du geste qu'est l'Aïkiryu sans pour autant intégrer une autre façon de voir la société. Cela se traduit par le fait que certains pratiquent un sport à côté ; tandis que d'autres vont plutôt faire de la calligraphie ou du théâtre.

C) Les pratiques martiales antérieures :

Avant de faire de l'Aïkiryu, certains individus ont pratiqués un autre art martial afin de connaître les influences possibles des pratiques martiales d'origine. Le constat est que 9 personnes ont fait du judo avant l'Aïkiryu ; 2 personnes ont fait de l'Aïkido ; 1personne a fait du Gyobutsu, 4 personnes ont fait du Karaté, 2 personnes ont fait du Kung Fu et 1 personne a fait du Viet Vao Dao. Ces 18 personnes ont pratiquées un autre Art Martial avant, cependant, cela n'a pas d'impact direct sur l'étude.

D) Les opinions :

Cette partie questionne les opinions afin de mieux caractériser le rapport au corps des pratiquants d'« Aïkiryu », dès lors de créer des tendances sur les groupes d'individus ayant répondus et en se basant sur les travaux de Corneloup1, c'est-à-dire partir du postulat que le champ de l'escalade pouvait être un espace structuré. Les opinions sont analysées par l'intermédiaire d'une méthode utilisant des prises d'opinions sur des symboles puis traitées par analyse en composantes principales. Cette méthode a

1Corneloup, J. Pages. JP, (1993) structure des opinions publiques et conflits en escalade, in la démocratisation du nautisme de Thierry Michot

comme intérêt de mettre en relation des valeurs des individus sondés et des symboles constitués par leurs prises d'opinions. D'où l'utilité de réexploiter la méthode de Corneloup pour l'étude sur la pratique qu'est l'Aïkiryu.

Dans un premier temps, le schéma titré « opinion des pratiquants d'Aïkiryu » nous montre qu'il existe deux pôles distincts de réponses : à droite, les questions concernant la pratique comme un sport donc aux actions dites « externes », à gauche, les questions concernant la pratique comme un art corporel de bien être soit les actions dites « interne ». Les axes retenus pour l'analyse sont les axes F2 et F3 qui regroupent 24% des valeurs des variables. Les réponses des pratiquants semblent s'être structurées autour de la représentation qu'ils ont de leur pratique.

Opinion des pratiquants d'Aïkiryu, hivers 2007

 

Tableau 2: Résultats pour l'ensemble des pratiquants ayant répondu à
l'enquête

 
 

Questions d'opinion

Moyennes

Ecarts types

Q1

Il est bon de pratiquer une activité physique

4,634

0,536

Q1 1

La pratique sportive est une source d'équilibre

4,263

0,828

Q8

La pratique sportive permet d'être bien dans sa tête

4,231

0,706

Q6

La pratique sportive permet de se dépenser

4,179

0,721

Q9

la pratique sportive est indispensable à tout individu

3,237

1,324

Q2

Le plus important dans l'expression corporelle c'est la beauté du geste

2,951

1,094

Q10

Les individus recherchent la reconnaissance par le sport

2,737

1,032

Q3

La danse c'est du sport

2,732

1,533

Q7

Les femmes sont considérées de la même façon que les hommes dans le sport

2,667

1,177

Q5

Ce que l'on recherche dans l'Aïkiryu, c'est d'être fort

1,850

1,099

Q4

On se valorise en étant le meilleur

1,829

0,892

 

Tableau 3: Résultats ordonnés pour les pratiquants de la classe 1

 
 

Questions d'opinion

Moyennes

Ecarts types

Q1

Il est bon de pratiquer une activité physique

4,944

0,236

Q8

La pratique sportive permet d'être bien dans sa tête

4,833

0,383

Q1 1

La pratique sportive est une source d'équilibre

4,722

0,461

Q6

La pratique sportive permet de se dépenser

4,611

0,608

Q9

la pratique sportive est indispensable à tout individu

4,000

0,970

Q3

La danse c'est du sport

3,444

1,542

Q2

Le plus important dans l'expression corporelle c'est la beauté du geste

3,389

1,092

Q10

Les individus recherchent la reconnaissance par le sport

3,167

0,985

Q7

Les femmes sont considérées de la même façon que les hommes dans le sport

3,056

1,349

Q4

On se valorise en étant le meilleur

1,944

0,998

Q5

Ce que l'on recherche dans l'Aïkiryu, c'est d'être fort

1,611

0,850

 

Tableau 4: Résultats ordonnés pour les pratiquants de la classe 2

 
 

Questions d'opinion

Moyennes

Ecarts types

Q1

Il est bon de pratiquer une activité physique

4,350

0,587

Q1 1

La pratique sportive est une source d'équilibre

3,850

0,875

Q6

La pratique sportive permet de se dépenser

3,800

0,616

Q8

La pratique sportive permet d'être bien dans sa tête

3,750

0,444

Q9

la pratique sportive est indispensable à tout individu

2,550

1,234

Q2

Le plus important dans l'expression corporelle c'est la beauté du geste

2,500

0,946

Q10

Les individus recherchent la reconnaissance par le sport

2,350

0,933

Q7

Les femmes sont considérées de la même façon que les hommes dans le sport

2,350

0,933

Q3

La danse c'est du sport

2,050

1,356

Q5

Ce que l'on recherche dans l'Aïkiryu, c'est d'être fort

1,900

1,119

Q4

On se valorise en étant le meilleur

1,800

0,834

Matrice des corrélations inter variables :

 

Q1

Q2

Q3

Q4

Q5

Q6

Q7

Q8

Q9

Q10

Q11

Q1

Q2

Q3

Q4

Q5

Q6

Q7

Q8

Q9

Q10 Q11

1
0,131
0,061
0,009
-0,016
0,313
0,319
0,560
0,427
0,354
0,705

1
0,388
0,098
0,056
0,120
0,394
0,495
0,273
0,362
0,291

1
0,235
-0,231
0,326
0,179
0,394
0,251
0,150
0,182

1
0,114
-0,003
0,061
0,014
0,184
0,049
-0,061

1
-0,050
0,277
0,054
-0,079
-0,010
0,110

1
0,225
0,549
0,261
0,353
0,499

1
0,404
0,152
0,327
0,252

1
0,615
0,598
0,637

1
0,383
0,385

1
0,463

1

En gras, valeurs significatives (hors diagonale) au seuil alpha=0,050 (test bilatéral) Se référer au tableau 2 pour les sigles

Cependant, ce shéma est à lire avec prudence car il s'agit de la projection d'un plan de données multidimensionnelles et ce qui est intéressant c'est de noter l'existence de deux classes d'individus au sein de ce groupe de pratiquants.

Le tableau 2 nous renseigne sur les thèmes qui sont fort, à noter que les moyennes des réponses sont comprisent entre 4,634 et 1,829, ce qui montre le large éventail des questions posées. On y retrouve les thèmes tels que les bienfaits de la pratique (Q1), la pratique étant une source d'équilibre (Q11), les bienfaits psychologiques de la pratique (Q8), la pratqiue comme moyen de se dépenser (Q6), le fait que la pratqiue soit indispensable à tout individu (Q9) et le fait que le corps à un rôle important à jouer dans l'échange (Q2). Pourtant, ces réponses ne sont que globales et ne permettent pas de préciser les tendances sous jacentes. C'est pour cela que le troisième type de résultat intervient, il s'agit de la typologie des pratiquants.

Deux classes existent au sein de cette communauté, au sein de ce groupe de pratiquants. Cela est possible par agrégation des pratiquants ayant répondus similairement et dans l'ensemble aux mêmes questions. C'est pour cela que l'on retrouve des positionnement de questions identiques (Q1, il est bon de pratiquer une activité physique), il y a des positionnement de questions qui font la différence (Q8, sur les bienfaits psychologique de la pratique, Q3, la danse c'est du sport). Une remarque intéressante concernant les moyennes des groupes car elles sont plus élevées dans la classe 1 par rapport à la classe 2. En ce qui concerne les compositions de classes, on a 18 pratiquants en classe 1 et 20 pratiquants en classe 2. Ces deux

classes sont très proches et ne se différencient pas sur beaucoup d'éléments. L'ensemble des pratiquants constituants les deux classes sont symphatiques, recherchent une vraie égalité entre les pratiquants, ils sont très sensibles à l'autre, ils ne se sentent pas enfermés dans leur pratique qui est un moyen de communication et qui permet de créer un espace interindividuel d'où va émerger le lien entre les pratiquants. Ce qui pourrait différencier ces deux classes serait la façon dont il abordent leur pratique, ce sera le thème sous jacent à l'étude de l'année prochaine. Ce que l'on peut dire, c'est qu'il semblerait que ses deux classes existent par le fait de l'arrivée massive de débutant (53%). Mais la proximité des classes indiquerait que les débutants sont déjà dans un état d'esprit similaire par rapport à celui que véhicule la pratique.

Concernant les corrélations, il y a certains points qui sont important de relever comme le fait qu'il serait bon de pratiquer une activité sportive et que ce serait une source d'équilibre (0,705) ; ou bien qu'il est indispensable d'avoir une activité physique car elle permet d'être bien dans sa tête (0,615). A contrario, le fait que la danse soit du sport est incompatible avec le fait que ce qui soit recherché dans la pratique de l'Aïkiryu soit la force (-0,23 1). Ces corrélations permettant de mieux comprendre le sens donné à la pratique de l'Aïkiryu aujourd'hui, c'est-à-dire une pratique qui rassemble des individus autour d'un art corporel visant le bien être des pratiquants.

E) Les définitions :

Dans le questionnaire, il y avait une question ouverte qui demandait de donner une définition de la pratique qu'est l'Aïkiryu. Cependant, cette pratique a été présentée comme non définissable car « définir c'est limité » et qu'elle dépendrait du lien entre le pratiquant et son art. C'est pour cela que l'acte de définir permettra de mettre à jour des liens possibles entre différentes formes de travail et des prédominances de notions propre à un ou des champs lexicaux particuliers.

Dans un premier temps ce qui est intéressant de relever, c'est que l'ensemble des définitions ne sont pas uniformisées et qu'elles sont basées sur le rapport du lien affectif qu'entretiens l'individu avec son art et les autres pratiquants. Par exemple, on retrouve des mots tels que « amour », « liens », « échanges », « transformation »,

« sentiments », « relation à l'autre », « rencontre », « découverte », « changement », « intégrer les différences », « réconcilier le corps et l'esprit », « intégration de l'autre », « respect du partenaire et soi-même », « dépassement de ses limites », « liberté ». L'ensemble de ses mots permettent d'apprécier l'ensemble des sens qu'a cette pratique, en effet, le but de ce travail n'est pas de poser une définition stricte de cet art mais au contraire de voir l'ensemble des possibilités afin de mettre à jour la richesse des valeurs véhiculées. Ainsi de respecter leur façon de concevoir leur pratique comme faisant partie d'un ensemble plus vaste que l'on pourrait nommer « art corporel » ou « art du geste ».

Dans un second temps, on peut observer que les pratiquants ne définissent pas leur pratique comme un sport ou bien un art martial. En effet, le mot « sport » apparaît une fois mais sans plus de précision sur le sens donné. Tandis que le mot « art martial » apparaît onze fois. Les autres définitions ne catégorisent pas l'Aïkiryu dans l'une ou l'autre des catégories. Concernant, la définition utilisant le mot « sport » indique juste que l'Aïkiryu est « un sport complexe » mais sans plus. Par contre, les définitions utilisant le mot « art martial » présentent l'Aïkiryu comme un art qui permet de « se transformer en lien avec les autres », mettre le pratiquant « sur le chemin de la connaissance de soi et du dépassement de ses limites », « recherche à ressentir les sensations de notre corps et celui de l'autre », « un échange avec l'autre plutôt qu'un combat », « d'être en paix avec soi et les autres », « de travailler sur l'espace et le mouvement », « partager de bons moments », « de se construire », « créer un espace d'expression de cette relation à l'autre ». On peut dégager de l'ensemble de ses propositions que cet art permettrait d'agir à la fois sur le plan de la relation à l'autre par un espace de libre action pour échanger, sur le plan de l'éveil individuel par le ressentit des sensations et enfin sur un plan d'expression par le geste qui en est le langage. Les autres définitions indique cet art comme étant « un art de vivre », « un art de bien être », « une gymnastique énergétique », « un partage d'amour et de vie », « un mode de vie », « un moyen d'être à l'écoute de son corps, de ses capacités et de ses barrières », « une pratique interne », « au-delà de la technique », « une recherche personnelle », « une chorégraphie martiale ». Ces caractéristiques permettent de mettre à jour l'idée que le lien entre l'individu, son art et les autres dépend vraiment de la réalité que l'on en fait, donc cela amène à des approches totalement différentes. Une notion qui revient souvent concerne la

« présence dans l'instant », c'est-à-dire de vivre tout ce qui peut se passer dans la vie au moment même ou elles se produisent, c'est une vision optimiste de voir les faits.

Le troisième temps concerne le fondateur de l'école et les définitions. En effet, Charles Abelé est souvent présenté comme le fondateur de l'Aïkiryu mais il n'y a qu'une seule définition qui fait état d'« un regroupement » autour de lui. Cela est un indicateur quant à la forme de regroupement autour d'une seule personne car la communauté existe autour d'un espace d'échange et non pas autour d'une personne. Cet espace d'échange permet alors de lier les pratiquants entre eux sans pour autant avoir besoin d'une nouvelle personne qui dirigerait l'école. Cela recoupe l'idée de la direction collégiale mise en place après le décès de Charles Abelé.

Par rapport aux opinions exprimées qui mettaient en avant le fait que l'Aïkiryu est un art visant à rassembler des individus autour d'un art corporel visant le bien être des pratiquants, cela confirme dans l'ensemble l'orientation des définitions qui mettent en avant cet art comme un moyen privilégié d'améliorer les rapports entre les individus par un échange et de redonner un espoir en la société.

L'exemple des définitions montre qu'il existe différentes façons de voir cette pratique au sein de la même communauté et que sa force réside dans le fait justement de ne pas être institutionnalisé. Le cadre légitime institutionnel a pour objectif de contenir tandis que cette communauté soude les individus en accord avec une certaine idée de vie et cette forme de groupement permet de légitimité la pratique.

Discussion

Au cours de cette étude nous avons cherché à connaître les caractéristiques sociales d'un groupe de pratiquants d'Aïkiryu qui s'est organisé sous forme d'une communauté. L'Aïkiryu n'étant pas un art martial mais une composante des « arts du geste », on peut dire que cette pratique est une précision du lien entre l'Aïkido et une personne qui a pratiquée, vécue et transmit une certaine vision du monde et de la vie, différente de ce que l'on retrouve dans la société actuelle. Nous avons formulé les hypothèses selon lesquelles les Aïkiryuka sont des individus issus de milieux sociaux différents et que la communauté se subdivise en différentes classes d'opinion tout en restant une pratique rassembleuse. Les définitions données par les pratiquants reflètent une vision de pratique et de vie propre à une volonté de liberté ainsi qu'un désir de sociabilité.

Les méthodes de recueil de données sont de deux ordres, la première méthode consiste à mettre un questionnaire en ligne sur internet afin que l'ensemble des pratiquants puissent y répondre (n=42) et la seconde méthode est une observation participante effectuée lors des différents moments passées en sur le lieu de stage et ceci afin de mieux comprendre le sens de la pratique. Cette étude est de type compréhensif, en ce qu'elle doit rechercher le sens, les motifs, des comportements humains, puisque ceux-ci sont constitutifs des actions dont il s'agit de rendre comptent.

Ce qui ressort de l'ensemble de ce travail de recherche c'est que les pratiquants d'Aïkiryu ont des caractéristiques sociales différentes. En effet, la population d'Aïkiryuka est composée d'individus de tout âge, il y a une diversité en ce qui concerne les catégories socioprofessionnelles, des niveaux d'études également très différents, les pratiquants d'Aïkiryu sont pour moitié des débutants qui ont commencés entre 2004 et 2007. Sur l'ensemble de la population étudiée il n'y a que 24% qui n'ont jamais suivi l'enseignement de Charles Abelé ce qui traduit qu'une partie des pratiquants actuels ont approché les idées et la vision que Charles Abelé a voulu transmettre. Ce qui est intéressant concerne les stages car ils sont le moment où les pratiquants, membres de la communauté, peuvent se retrouver. Les stages qui

permettent de souder et de rendre effective cette communauté, ce qui confirme l'une des hypothèses formulés précédemment. Ensuite, ce que l'on peut constater c'est que l'ensemble des pratiquants ont une activité à côté qui se décline en quatre catégories, les activités physiques et sportives, les arts martiaux, les expressions artistiques indirectes médiées par un objet et les expressions artistiques directes corporelles ou orales.

Concernant les opinions des pratiquants, il existe deux classes différentes au sein de la communauté, les deux classes mettent en avant les idées de bien être, d'équilibre par la pratique et que la pratique sportive permet de se dépenser. Ces classes exclues les idées que l'on se valorise en étant le meilleur et que ce qui est recherchée en Aïkiryu c'est la force. Ces classes se différencient par des moyennes de réponses aux questions plus élevée dans la classe 1 et qui semble traduire un accord d'opinion tandis que la classe 2 est plus disparate dans la répartition des moyennes des réponses. L'autre élément à prendre en compte, c'est que parmi les deux classes est il n'y a pas de prédominances d'un groupe social particulier, les deux classes sont homogènes. Cependant, il est impossible de les différencier véritablement par la méthode utilisée car les opinions sont très proches. Cette proximité montre que la communauté est unifiée. Dans l'ensemble, l'orientation des définitions met en avant cet art comme un moyen privilégié d'améliorer les rapports entre les individus par un échange et de redonner un espoir en la société. On peut ajouter qu'il y a une forte corrélation entre le fait qu'il serait bon de pratiquer une activité sportive et que ce serait une source d'équilibre (0,705), ce qui confirme l'inscription de cette activité corporelle dans un mouvement de pensée plus large que la simple pratique. Dans la plupart des cas, Charles Abelé est présenté comme le fondateur de l'Aïkiryu mais il n'y a qu'une seule définition qui fait état d'« un regroupement » autour de lui. Cette reconnaissance du fondateur montre bien que la communauté n'existe pas autour d'une personne mais existe bien de façon intrinsèque car les pratiquants recherchent une vision plus humaniste des rapports interindividuels comme par exemple la sincérité dans le rapport à l'autre.

Les critiques sur cette étude peuvent s'orienter autour des biais de la méthode utilisée car le mode participatif demande une ouverture d'esprit afin de pouvoir accueillir les opinions des individus observés. Cette objectivité, dont il faut faire preuve pour pouvoir étudier au mieux des groupements sociaux particuliers et pour laquelle aucun enseignement dit scolaire ne permet de construire de compétence, est nécessaire.

Cette étude apporte un ensemble de connaissances sur une pratique qui n'a jamais été étudiée de façon universitaire. Il a fallut la placer dans l'espace des pratiques au sens large puis de la définir par la vision qu'en ont les pratiquants. L'élément à mettre en avant dans cette étude est qu'il existe une autre façon de voir les relations, qui n'est pas restreint qu'à cette pratique mais au contraire qui correspond à tout un nouveau mode de pensée émergeant.

La continuité de ce travail serait d'étudier le rôle de la constitution de la communauté avec comme axe de recherche : la constitution de la communauté, la vision du monde que les pratiquants comprennent et prennent en référence, comme l'écologie ou bien leur vision humaniste de la société. Il s'agirait de chercher à comprendre comment s'est construite cette communauté.

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