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Le rétablissement de l'Etat de droit dans une société en reconstruction post-conflictuelle: l'exemple de la sierra léone

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par Jukoughouo Halidou Ngapna
Institut des Droits de l'Homme de Lyon & Université Pierre Mendès France de Grenoble - Master 2, Recherche, Histoire du Droit, Droit et Droits de l'Homme 2007
  

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III. Un conflit armé d'une violence sans précédent

Le 23 mars 1991, un ensemble de combattants burkinabés, libériens et sierra léonais avec, à leur tête, Foday SANKOH, ancien caporal de l'armée britannique, attaquent l'Est de la Sierra Léone et prennent vite le contrôle de ces régions riches en matières précieuses. Les revendications des rebelles s'axent autour de la volonté de renverser un pouvoir qu'ils qualifient de dictatorial et de corrompu, qui n'a jamais laissé la chance aux populations des provinces de participer à la redistribution des richesses dont leur sous-sol est pourvu. L'espoir que ce discours aurait pu susciter chez certains s'est rapidement éteint car le RUF a tout de suite commencé à commettre des exactions sur les populations civiles.

De leur côté, le gouvernement et l'armée sont loin de conjuguer leurs forces contre la rébellion. Les militaires renverseront le Gouvernement à peine élu et installeront une junte dirigée par Valentine STRASSER qui mettra en place un National Provisional Ruling Council (NPRC)25(*) dont la lutte armée contre les rebelles ne fournira pas de résultats probants. Ceux-ci, mieux formés, plus organisés et motivés que les militaires loyalistes ne cesseront de progresser vers la capitale. Julius MAADA BIO26(*) décidera d'organiser des élections générales au courant de 1996. Cette période est la plus sanglante du conflit car les rebelles du RUF entameront une campagne tristement célèbre d'amputation des personnes afin de dissuader la population d'aller voter27(*). Ce qui n'empêchera pas l'élection d'Ahmad Tejan KABBAH du SLPP28(*) à la tête du pays. Celui-ci entamera des négociations avec les rebelles à Abidjan la même année.

L'accord de paix signé le 30 novembre 1996 n'aura pas le temps d'être appliqué. Des mutins, mécontents des mesures de restructuration de l'armée que le président était entrain d'entreprendre, déclenchent les hostilités et libèrent le commandant Johnny Paul KOROMA qui prendra le pouvoir au petit matin du 25 mai 1997. Ces affrontements assez sanglants forceront le président KABBAH à l'exil à Conakry d'où il dirigera les forces qui lui seront restées loyales29(*). La junte militaire au pouvoir30(*) invitera le RUF au gouvernement. Une résolution du Conseil de sécurité imposera un embargo sur les importations des armes et du pétrole. C'est le point de départ d'une série de tractations au sein du Conseil de sécurité pour l'implication de l'ONU dans la résolution des conflits en Afrique, malgré les échecs du Mozambique, de la Somalie ou du Rwanda. Pour éviter ce que Kofi ANNAN appelle « des massacres sanglants », le Royaume Uni servira de catalyseur pour arracher des consensus au sein du Conseil, surtout, faire face aux circonspections des Etats-Unis31(*).

La Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) enverra dès février 1998 sa force d'interposition qui aidera les Kamadjors et les quelques militaires loyalistes à rétablir le gouvernement démocratiquement élu. Dès son retour, KABBAH affrontera les violences et mènera son pays vers une paix définitive quatre ans plus tard.

* 25 Conseil national de gouvernement provisoire (traduction assurée par nos soins)

* 26Il a pris le pouvoir en 1992 par un coup d'Etat avec l'aide des mercenaires sud-africains de l'Executive Outcomes, en échange des concessions minières et forestières.

* 27 Voir Tom PERRIELLO and Marieke WIERDA pour l'ICTJ, «The Special Court for Sierra Leone Under Scrutiny», mars 2006, page 6.

* 28 Sierra Leonian People's Party, le parti du peuple sierra léonais.

* 29 De Conakry, le président KABBAH va encourager la création de la Civil Defense Force (CDF) qui sera composée des Kamadjors, des chasseurs traditionnels. Il place à la tête de cette milice l'un de ses plus proches fidèles, Sam HINGA NORMAN qui est actuellement en procès à la Cour Spéciale pour la Sierra Léone.

* 30 Armed forces Revolutionnary Council (AFRC), le Conseil révolutionnaire des forces armées

* 31 En effet, la nomination d'un envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Sierra Léone (l'éthiopien Berhanu DINKA) n'interviendra que le 7 février 1995, soit plus de quatre ans après le début du conflit. Voir, L'ONU dans la crise en Sierra Léone, op cit.

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