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La dynamique des affrontements armés dans la région des grands lacs et les perspectives d'une paix durable en RDC

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par Armand ILUNGA LUMULUABO
Université de Lubumbashi - Licence 2006
  

Disponible en mode multipage

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LA DYNAMIQUE DES AFFRONTEMENTS ARMES DANS LA REGION DES GRANDS LACS ET LES PERSPECTIVES D'UNE PAIX DURABLE EN RDC

INTRODUCTION

L'Afrique sub-saharienne a été pendant long temps le théâtre des guerres par procuration qui découlaient de la rivalité Est-Ouest. Avec la fin de la guerre froide, tous les espoirs étaient permis de voir l'Afrique, notamment la région des grands lacs, renouée avec une paix durable. D'autant plus que l'Organisation des Nations Unies devait commencer à jour véritablement son rôle de gardienne de la paix internationale, rôle qui lui a échappé pendant toute la période de la guerre froide du fait des affrontements idéologiques entre le bloc capitaliste et le bloc socialiste.

Curieusement, l'Afrique devient le théâtre des conflits de diverses formes, notamment les conflits frontaliers ; les conflits inter-ethnique ; les guerres civiles et rebellions présentées souvent sous le label de guerres de libération.

En ce qui concerne particulièrement la région des grands lacs, outre les coups d'Etat et les rebellions qui sont monnaie courante, cette partie d'Afrique n'a pas connu, pendant une période relativement longue, les affrontements armés inter-étatiques grâce, entre autres à la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL). En pratique, cette organisation mettait plus l'accent sur la sécurité des Chefs d'Etats qui la composaient. Mais comme cette sécurité dépendait de la sécurité des Etats respectifs, cela ne pouvait que favoriser la paix entre eux.

Aujourd'hui, cette partie de l'Afrique est en proie à des conflits armés internes inter-étatiques incessants compromettent la paix et la stabilité politique.

La RDC se trouve parmi les Etats les plus affectés par ces conflits. Les

élections qui doivent avoir lieu semblent donner une lueur d'espoir pour la paix, mais il faut aussi prendre en compte les interactions avec les autres Etats des grands lacs. Pour ce, notre préoccupation dans cette étude sera d'analyser la dynamique de ces conflits armés tout en projetant leur évolution dans le temps, afin de proposer les solutions qui peuvent amener à une paix durable dans la région. Pour y arriver, nous allons analyser tour à tour les points suivants :

- Les facteurs belligènes dans la région des grands lacs ;

- La configuration et les conséquences des conflits armés dans la région des grands lacs ;

- Les perspectives des conflits armés dans le pays des grands lacs.

- les perspectives d'une paix en RDC

I. LES FACTEURS BELLIGENES DANS LA REGION DES GRANDS LACS :

La région des grands lacs tire son nom de la présence dans cette contrée du continent africain d'un certain nombre de lacs à savoir : les lacs Mobutu, Idi Amin, Kivu, Tanganikaq et Moero. Du point de vue spécial ou spatial, elle englobe l'Ouganda, le Burundi, le Rwanda, la Tanganika et la République Démocratique du Congo. La Tanzanie ne fera pas totalement partie intégrante de cette analyse parce que, très souvent, elle est en marge des conflits armés.

Les facteurs de la guerre dans la région des grands lacs sont de plusieurs ordres. Nous allons nous limiter ici à présenter les facteurs d'ordre historique ; politique et économique.

1. Les facteurs d'ordre historique

Pendant la période coloniale, les métropoles avaient une lecture particulière des réalités anthropologiques des sociétés exotiques, notamment les colonies, qui fusaient une idéologie hiérarchisée des rares.

C'est dans ce sens qu'au Rwanda - Urundi, les collons allemands d'abord et belges ensuite, distinguerons d'une manière nette trois races à savoir : les Tutsi, les Hutus et Twa. Quoi que Usumbura (Bujumbura) soit choisie comme capitale, c'est le Rwanda qui semble avoir de tout temps servi de référence au discours colonial. C'est le Rwanda qui fournit à l'opinion de la métropole la grille de lecture pour les deux pays (1(*)).

Fort de cette classification, qu'au sommet du pouvoir soient situés les hamites, dit d'origine égyptienne en passant par l'Ethiopie (en référence à de hautes civilisations). Ensuite vient la race Bantoue (des nègres) à laquelle » appartiennent les hutus. Et enfin, tout en bas, une sorte de sous humanités composées des négrilles et constituées des Twa.

Le mythe de ces trois races n'est exprimé essentiellement que dans trois facettes : historique, biologique et socio-culturelle. Sur les trois plans, les auteurs définissent en premier lieu les Tutsi. Ce n'est qu'en référence à ces derniers que sont décrits les Hutus et les Twa (2(*)).

Du point de vue historique, les Twas sont présentés comme les premiers habitants du pays, suivis de bantous (Hutus) puis par les Tutsi venus du nord, porteurs d'une civilisation avancée.

Il est clair que cette hiérarchisation est à la base des conflits armés qui se nourrissent actuellement au Rwanda et au Burundi.

Par ailleurs, la RDC est liée à la même histoire que le Rwanda et le Burundi. Mais elle n'a pas connu de dichotomies raciales grâce à l'homogénéité du peuple bantou qui la compose. Néanmoins la présence des pygmées est signalée sur son sol et celui des rwandais et burundais qui sont venus travailler dans les mines suite à l'orgueil des autochtones. La présence de ces deux peuples qualifiés de forts au Congo a engendré un climat de contestation au milieu des autochtones et leur avait permis de se constitue en un groupe consolidé face aux importés du Rwanda - Urundi.

En outre, il faut noter aussi les tracés des frontières effectués lors de la conférence de Berlin qui constitue aujourd'hui une source des conflits en Afrique en général et dans la région des grands lacs en particulier. En effet, après ce partage, certaines populations appartenant aux mêmes groupes ethniques se sont retrouvés brutalement séparées les unes des autres et donc appartenant à des Etats différents (3(*)). Ainsi, des sociétés des civilisations hétérogènes, qui liaient souvent dans le passé les rapports conflictuels du type guerrier ou esclavagiste, se sont retrouvés entrain de coexister au sein d'une même entité.

Enfin, les migrations sont aussi un facteur à la base des conflits dans certaines contrés, notamment dans les grands lacs.

Certains colonisateurs en Afrique ont amené des spectaculaires mouvements des populations, dans la mesure où les atouts économiques de la région dans laquelle on émigre sont considérables. Le Kivu a attiré les populations avoisinantes dans la mesure où l'agriculture occupait une place importante en raison de la fertilité des terres volcaniques. Cette zone va connaître plusieurs vagues des immigrations principalement en provenance du Rwanda surpeuplé (4(*)).

En effet, les causes qui favorisaient l'immigration n'ayant jamais disparu, nous assistons aujourd'hui à l'instabilité de la région tout entière. La guerre d'agression, précédée par l'attentat en 1994 au cours duquel les présidents rwandais et burundais avaient trouvé la mort, n'a fait que confirmer cette façon de voir les choses.

En somme, notons que les facteurs historiques ont joué et continuent à jouer un rôle déterminant dans les conflits dans la région des grands lacs. Ce rôle n'est pas joué d'une manière isolée mais plutôt en interaction avec d'autres facteurs notamment économique.

2. Les facteurs économiques

La faiblesse des ressources économiques dans la plupart des Etats se trouvant à côté de ceux qui en ont suffisamment, constitue souvent une source des tensions.

Le Rwanda par exemple a un sol à 45% quasi-désertique et les 55% représentent les terres arabes sur lesquelles sont cultivés les haricots, les sorghos, les pommes de terre, ressources principales du pays (5(*)). Quant à son sous-sol, il ne contient que trois ressources minières à savoir : la cassitérite, la chaux et l'argile (6(*)).

De même, le Burundi est un pays exclusivement agricole. C'est aussi le cas de l'Ouganda qui, en dehors de l'agriculture, pratique aussi l'élevage. Le pillage orchestré par ces trois pays pendant la guerre d'agression en RDC ne fait que confirmer ces affirmations.

Par ailleurs, tout gouvernement se doit de répondre aux demandes qui s'adressent à lui et s'assurer des soutiens dans lequel il serait impuissant. Ceci renvoie à l'octroi des allocations qui peuvent se traduire en termes de (sécurité physique, patrimoniale, professionnelle,...), d'avantage matériels soit directement sous forme des transfert, des subventions rémunération, soit indirectement par statut légaux favorable (législation fiscale, commerciale ou sociale par exemple) des pus value d'autorité.

Aussi, le gouvernement distribue le pouvoir en nommant à des fonctions de commandement, de gratifications symboliques. Le système politique octroie de la satisfaction de prestige (décoration, honneur....). Cependant la mauvaise répartition peut engendrer des situations de tension qui, mal gérées débouchent sur des guerres. Les exclus sociaux constituent une classe des déçus qui n'ont pour moyen d'expression que la contestation ou la révolte.

1. 3. Les facteurs politiques

Les facteurs politiques sont liés soit à l'environnement politique interne, soit à l'environnement politique externe ou internationale.

Du point de vue de l'environnement interne, le dénominateur commun dans la région des grands lacs est que de tout temps l'accession au pouvoir est liée aux armes, soit par le coup d'Etat, soit par la rébellion, soit encore par les mouvements sécessionnistes.

Concernant l'environnement politique international, notons premièrement la lutte pour le leadership sous-régional. Celle-ci va conduire les Etats à ignorer certains principes des relations internationales, notamment celui de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat. C'est le cas, par exemple, de Mwalimu Nyerere qui va changer l'ordre politique en Ouganda en janvier 1975 lorsqu'il décide de faire partir par les armes le président Idi Amin Dada. La triade Rwanda, Burundi, Ouganda, qui a attaqué la RDC, s'inscrit aussi, entre autre, dans cette logique.

Par ailleurs, la compétition des puissances étrangères a constitué aussi un des facteurs des conflits dans la région des grands lacs.

En effet, la sous- région des grands lacs ont toujours constitué une des influences françaises, sa chasse gardée. Pour rappel, le Rwanda, le Burundi et la RDC sont des pays francophones, membres de la francophonie. Cependant avec la révolution du FPR de 1994 qui amena Kagamé au pouvoir, une donne géographique venait de changer. Par ce changement, les USA voulaient désormais marquer de leur présence le champ politique et économique de la région des grands lacs. Ainsi, cette compétition entre puissances étrangères pour le contrôle de l'espace tant politique qu'économique, a transformé la sous-région en un lieu de confrontation géographique.

En somme, il est clair qu'il existe une panoplie des facteurs qui sont à la base des conflits dans la région des grands lacs, au point qu'il est difficile de tracer un linge de démarcation nette entre eux. C'est pour dire qu'ils se co-pénètrent et impliquent la configuration actuelle des conflits dans la région des grands lacs.

II. LA CONFIGURATION ET LES CONSEQUENCES DES CONFLITS ARMES DANS LA REGION DES GRANDS LACS

1. La configuration des conflits dans les grands lacs

Actuellement le conflit le plus nourri dans les grands lacs est la guerre dite d'agression contre la RDC conduite par l'alliance contre le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda.

Ce conflit armé éclate au début du mois d'août 1998. Il est considéré comme la ramification de la guerre de libération déclenchée une année plus tôt (février 1997) : un rassemblement du départ qui était sans tête ni cerveau bien défini mais avec un noyau dur-formé par les Tutsi congolais, mais aussi rwandais et ougandais, qui ont constitué la fer de lance de la victoire de Laurent Désiré Kabila (7(*)) qui s'autoproclame Président de la République le 11 Mai 1997.

Un communiqué du gouvernement du 27 Juillet 1998 annonce au peuple congolais que le chef de l'Etat L.D. Kabila a décidé de mettre fin à dater du jour même « à la présence des militaires rwandais qui nous ont assisté pendant la période de libération de notre pays » (8(*)).

Le 02 et le 03 Août, la rébellion des soldats bannis se déclenche simultanément au Bas-congo (Mbanza Ngungu) et au Kivu ou le mouvement sera appuyé et encadré par les rwandaises à l'Est et celle de l'Ouganda au Nord.

C'est ainsi que la RDC sera mi à feu, contraignant le Président L.D. Kabila à mobiliser son énergie et les ressources de son pays dans un effort de défense qui le détournera de son objectif avoué : le développement de la RDC.

Bien que ces pays agresseurs se sentaient victimes de l'ingratitude du Président L.D. Kabila, ils ont avancé la raison officielle de sécuriser leur frontière comme sous tendant leur intervention en RDC9(*).

La mort du Président L.D. Kabila, radical dans ses positions, succédé par son fils Joseph Kabila, caractérisé par l'esprit d'ouverture, va apaiser ce conflit en passant par plusieurs négociations conduites par certaines personnalités africaines, notamment le Président Tabu Mbeki. A ce jours les foyers des tensions persistent encore à l'Est de la RDC.

Outre ce conflit inter-frontalier, les pays des grands lacs sont aussi en proie aux conflits internes. Au Rwanda, nous notons le conflit constant entre Tutsi et Hutu. Les Tutsi au pouvoir ne cessent de persécuter les Hutus à qui ont accole, parfois par défaut, l'étiquette des interhamwe ou des ex. FAR (Force Patriotique Rwandaise).

Au Burundi, plusieurs mouvements armés se sont affrontés pendant plus de deux décennies. Les élections viennent d'avoir lieu au mois d'août 2005 ayant amené au pouvoir Monsieur Pierre Nkuruziza. Ces élections ont semblé réunir, apparemment, l'approbation de la majorité des burundais. Seul le F.N.L. (Front National de Libération) constitue à être en activité dans la région de Bujumbura rurale et qui accentue les actions de vandalisme sur la population civile.

En Ouganda, l'armée de résistance du Seigneur (LRA) n'a pas encore dit son dernier mot malgré les négociations qui ont eu lieu à Kitgum (Nord de l'Ouganda) entre le Gouvernement de l'Ouganda et le LRA, la partie septentrionale de l'Ouganda est toujours sous le poids de la rébellion.

Tous ces conflits internes et inter-étatiques ont eu plusieurs conséquences sociales, politiques, économiques...

2. Les conséquences des conflits dans le pays des grands lacs

Les conflits armés dans les grands lacs ont impliqué plusieurs conséquences notamment sociales, politiques et économiques.

Du point de vue social, la plus grande conséquence est la présence des réfugiés de l'un des pays sur le territoire d'un autre pays membre des grands lacs. La précarité des conditions sociaux auxquelles sont exposés ces réfugiés fait qu'ils versent, dans la plupart des cas, dans les mouvements armés existant ou se transforment dans un nouveau mouvement de même genre contre leur pays d'origine afin d'attiser le feu qui brûle déjà depuis longtemps.

Par ailleurs, à côté des conséquences sociales, il faut ajouter les conséquences politiques caractérisées par l'instabilité des institutions politiques. Ceci insinue l'absence d'une volonté politique d'unification dans la sous-région10(*). Le Burundi, pays le plus instable de la région, a connu plus de sept présidents depuis l'indépendance. Hormis les élections fragiles qui viennent d'avoir lieu et celles qui avaient amené le président Ndadaye au pouvoir, tous les présidents qui sont arrivés au pouvoir le sont par armes, et embellissent leurs positions par les simulacres d'élection. Le Rwanda en est un exemple probant.

Enfin, il y a les conséquences économiques qui ont impliqué une influence néfaste sur le développement des pays des grands lacs, car la guerre ne construit jamais mais plutôt détruit. Ainsi même, le Rwanda et l'Ouganda, qui ont pillé suffisamment les richesses du sol et du sous sol congolais, n'ont pas profité totalement de ces richesses car la majeur partie a été reversé dans les dépenses de la guerre.

Eu égard à ce qui précède, l'interrogation qui nous passe toute suite en tête est de savoir quelles peuvent être les perspectives des conflits armés dans la région des grands lacs ?

III. LES PERSPECTIVES DES CONFLITS ARMES DANS LA REGION DES GRANDS LACS

La stabilité d'une région est le résultat de l'entente, de l'unité et de la tolérance qui existe entre les populations de la région. La mésentente a été de tout temps une source des conflits et d'instabilité (11(*)).

Ainsi, les données actuelles démontrent que la paix dans la région des grands lacs reste fragile et précaire. Il faut mener un certain nombre d'actions pour espérer résoudre les problèmes de la constance des conflits armés, notamment la réintégration de tous les réfugiés et exilés politiques des grands lacs dans leurs pays respectifs la démocratisation des institutions politiques des pays de la région des grands lacs et la réconciliation nationale dans chaque pays.

1. La réintégration des réfugiés et exilés politiques des grands lacs dans leurs pays respectifs

Les problèmes des réfugiés, comme nous l'avons noté plus haut, est à la base des plusieurs conflits armés dans les grands lacs africains. Les exilés Tutsi rwandais, basés autre fois en Ouganda, sont ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui au Rwanda après une guerre contre les ex. FAR (force armées rwandais) avec le soutien de l'Ouganda. De leur part, les réfugiés Hutu basés en RDC menaçaient le régime de Kampala, de Kigali et celui de Bujumbura. Les régimes du Rwanda et de l'Ouganda vont poursuivre les Hutu en RDC d'abord sous le régime Mobutu, ensuite sous le régime Kabila (raison officielle de l'agression).

C'est pourquoi il est nécessaire et utile que ces réfugiés regagnent leurs pays respectifs pour qu'on espère un jour une pacification durable dans la région des grands lacs.

Cette réintégration doit inclure les mesures d'amnistie générale ; la participation de tous à la gestion de la chose publique et enfin la réinsertion des enfants orphelins, des hommes et des femmes « déracinés ».

2. La démocratisation des institutions politiques des pays des grands lacs

Depuis les indépendances jusqu'à nos jours, les pays des grands lacs n'ont connu que les régimes dictatoriaux qui se sont succédés au pouvoir par les armes. Les quelques élections organisées dans cette région n'ont été qu'une fausse apparence de la démocratie, notamment au Rwanda et au Burundi.

Par ailleurs, ces Etats se caractérisent aussi par la personnalisation, la tribalisation et l'ethnisation outrancières du pouvoir politique qui, en fait, favorise un enrichissement sans effort (12(*)).

A ces privilèges s'ajoutent les nominations de complaisance aux postes dits « juteux » de la République : dans les ministères qui sont, en réalité, des véritables sanctuaires de la corruption. C'est là que s'effectuent les plus importants détournements des fonds publics. Ces postes sont naturellement réservés aux seuls ressortissant du groupe ethnique détenant le pouvoir car, en Afrique noire, le pouvoir politique est d'abord une affaire de famille et d'ethnie, la nation vient après.

Ce sont là autant des pratiques qui ne peuvent favoriser ni l'instauration des régimes démocratiques, ni l'émergence d'une élite nationale, ni un réel développement économique, social et politique au point de rassembler toute la population autour d'un idéal commun.

La démocratisation des institutions a comme base les élections libres et démocratiques appuyées par une volonté politique réelle de la part des leaders au pouvoir et ceux de l'opposition. Dans tout ça, l'homme se retrouve au centre des préoccupations de la nation en amont et en aval. Ce qui revient à dire que l'homme reste l'élément nécessaire pour le développement politique qui implique la démocratisation des institutions politiques.

3. La réconciliation nationale dans les pays des grands lacs

L'option d'un dialogue dans chaque pays de la région des grands lacs est d'une importance capitale. Mais il faut que le dialogue en question s'accompagne d'une volonté politique honnête de la part des dirigeants politiques au pouvoir et les opposants dans chaque pays pour espérer une issue heureuse dudit dialogue. Car jusqu'à preuve du contraire, les quelques dialogues qui ont eu lieu dans les grands lacs l'ont été sous la pression ou sous l'initiative de la communauté internationale.

Les données sur terrain démontrent que les dirigeants actuels dans les pays des grands lacs sont dénoués de la volonté politique de démocratiser les institutions politiques de leurs pays respectifs au risque de perdre leur position de force qu'ils occupent. Voilà pourquoi, entre autres l'avenir de la paix dans la région des grands lacs reste nuageux.

IV. LES PERSPECTIVES D'UNE PAIX EN RDC

Les élections qui vont avoir lieu, constituent un facteur prépondérant pour la paix en RDC. Dans ce sens qu'elles vont amener au pouvoir les autorités démocratiquement élues qui auront pour tâches la constitution d'une armée républicaine, relancer l'économie, repenser la démocratie pour adopter celle de développement. Ces élections vont ainsi marquer un tournant décisif dans la dynamique politique de la RDC.

A proprement parler ces élections ne serons pas immaculées comme d'aucuns le pensent pour des raisons suivantes : la démocratie c'est une culture qui s'apprend, en prenant ces élections comme le point de départ, il faudra un temps relativement long pour que cette culture soit encrée dans la tête des congolais. Aussi, par le fait qu'elles sont financées totalement par l'extérieur, il y a lieu que ces donateurs imposent une ligne de conduite qui peut contraster avec la démocratie eu sens plein du terme. L'avantage des élections est qu'on aura commencé à accéder au rez de chaussé de la démocratie. Aussi, les nouvelles autorités auront, tant bien que mal, les comptes à rendre à la population. Ce qui les obligera de travailler dans les sens de rétablir la paix et la sécurité.

CONCLUSION

Après avoir passé en revue les facteurs, la configuration, les conséquences et les perspectives de la paix en RDC et celles des conflits armés dans la région des grands lacs, il importe de tirer une conclusion finale.

La région des grands lacs est en proie à des conflits multiformes, (internes, interétatique, rébellions ...) dont les facteurs sont à la fois historiques, politique et économiques.

Les données actuelles sur terrain démontrent que la paix durable dans la région des grands lacs n'est pas pour demain si certaines conditions ne sont pas remplies notamment le retour des réfugiés dans leurs pays respectifs car plusieurs conflits ont été occasionnés par la présence des réfugiés dans l'un ou l'autre pays. Le cas de la prise du pouvoir par l'A.P.R. et le dossier interhamwe en RDC en sont des exemples probants.

La démocratisation des institutions politiques est (inscrite) aussi parmi les conditions de la paix dans les grands lacs, appuyée par une volonté politique, elle peut amener (démocratie) à éponger certains conflits qui naissent des frustrations des écarts par le fait de la dictature ou de l'autoritarisme.

Enfin, une réconciliation nationale dans chaque pays peut réduire les antagonismes internes qui, souvent, se ramifient jusqu'à l'extérieur.

A notre avis, il faudra assez du temps pour que ces conditions soient réunie pour que la paix durable soit installée dans la région du grands lacs et en RDC en particulier, d'autant plus que ce sont les intérêts égoïstes des dirigeants mieux de l'Etat qui priment dans toutes les actions qui sont menées à l'intérieur comme à l'extérieur des Etats respectifs.

BIBLIOGRAPHIE

1. De Villiers, G., RDC : chronique politique d'entre deux guerres, éd. Harmattan, Paris, 1996

2. De Villers G., La république Démocratique du Congo. Guerre et politique. L'Harmattan, paris, 2001

3. Elias, M., « violence et pouvoir » in Politique africaine, n°42, Juin, 1991

4. Gui Chouan, A., Les crises politiques du Rwanda-Urundi, éd. Karthala, Paris, 1995.

Kennes E., « La guerre au Congo » in L'Afrique des grands lacs, L Harmattan, paris, 1998

5. 6. Lacoste, Y., Géographie du sous développement, géographique d'une crise, P.U.F, Paris, 1965

7. Mathieu, P., et Williams, J.C. : Conflits et guerres au Kivu et dans la région des grands lacs, entre tensions locales et escalades régionales, éd. Harmattan, Paris, 1999

8. Ndaywel, E., Histoire générale du Congo de l'héritage ancien à la République Démocratique du Congo, Afrique édition, Paris, 1998

9. Ngijol, G, Autopsie des génocides rwandais, burundais et burundais, éd. Présence africaines, Paris, 1998.

* (1) Elias, M., « violence et pouvoir » in Politique africaine, n°42, Juin, 1991, P.66.

* (2) Elias, M., art. cit., P.67.

* (3) Ndaywel, E., Histoire du Zaire.de l'héritage ancien à l'age conteporain, Louvain la neuve éd. Duculot, , 1997, P.54.

* (4) Mathieu, P., et Williams, J.C., Conflits et guerres au Kivu et dans la région des grands Lacs, entre tensions locales et escalades régionales, éd. Harmattan, Paris, 1999, P.82.

* (5) Lire Gui Chouan, A., Les crises politiques du Rwanda - Urundi, éd. Karthala, Paris, 1995.

* (6) Lire Lacoste,Y., Géographie du sous développement, géographique d'une crise, P.U.F., Paris, 1965.

* (7) L.D. Kabila est le leader qui a conduit cette guerre qui est partie de l'Est de la RDC jusqu'à Kinshasa. Il a été connu de l'opinion nationale, plusieurs jours après le déclenchement des hostilités. Ce qui laisse entrevoir qu'il ne pouvait être qu'une étiquette placée par les vrais instigateurs de la guerre pour donner une coloration nationale à ce conflit armé.

* (8) De Villiers, G., RDC : Chronique politique d'entre deux guerres, éd. Harmattan, Paris, 1996, P.6.

* 9 De Villers G., La république Démocratique du Congo. Guerre et politique. L'Harmattan, paris, 2001, p. 322

* 10 Kennes E., « La guerre au Congo » in L'Afrique des grands lacs, L Harmattan, paris, 1998, 262

* (11) Ngijol, G., Autopsie des génocides, rwandais, et burundais, éd. Présence africaine, Paris, 1998, P.183.

* (12) Ngijol, G., Op. Cit, P.185.






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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984