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tourisme et développement : comment le tourisme s'est il imposé au sein du renouveau théorique

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par Nicolas Lehoucq
ILERI - Master 2007
  

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    S

    i l'on en croît les « objectifs du millénaire » fixés par l'ONU à la veille de l'an 2000, le sous-développement sera sans conteste le défi majeur du XXIe siècle. Nous assistons aujourd'hui à une prise de conscience du malaise issu de la situation des pays du Tiers Monde comme en témoigne les initiatives privées telles que le concert « live 8 » ou la multiplication des ONG à caractère humanitaire... L'ensemble de ces volontés n'ont qu'une conclusion commune... le refus d'un monde déchiré, à deux vitesses.

    Pour comprendre le malaise du sous-développement il suffit de prendre la situation de l'Afrique où aujourd'hui la moitié de la population locale, soit près de 340 millions de personnes, vit avec moins d'un dollar US par jour, le seuil de pauvreté extrême1(*). Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans y est de 140 pour 1000 et l'espérance de vie à la naissance de seulement 54 ans. Par ailleurs, 58% de la population a accès à de l'eau potable et le taux d'alphabétisation des personnes de plus de 15 ans est de seulement 41%. Un autre indicateur moins usité nous permet de mieux cerner la situation, en Afrique il n'y a que 18 lignes téléphoniques pour 1000 personnes, par rapport à 146 dans le monde entier et 567 dans les pays à revenus élevés2(*). Dans ce contexte et face à la mondialisation, comment se développer ?

    Historiquement, c'est au début des années 50 que la notion de développement s'élabore en tentant de se démarquer du principe de la croissance3(*), mais ce ne sera en vérité qu'à la fin du XXe siècle que ce lien entre croissance et développement va être remis en cause et retravaillé, en mettant au centre de l'analyse le fait que la croissance n'est pas une condition suffisante au développement4(*). Les questions liées aux modèles de développement n'ont donc été une préoccupation nouvelle qu'à la fin du XXe siècle. Les critiques firent état des disparités entre les sociétés, et des dysfonctionnements dans ces dernières, conséquences d'une politique d'essor à forte composante économique, qui avait pour objectif unique la croissance.

    Initialement le sous-développement fut ainsi considéré comme « la caractéristique des économies chez lesquelles l'augmentation de la productivité découlait essentiellement des avantages comparatifs créés par l'expansion internationale de demandes des produits primaires »5(*).

    Cependant, les pays du Sud virent la donne changer via l'apogée du libre-échange. En effet, par ce dernier et la fin des mesures protectionnistes, les pays sous-développés durent renoncer à la substitution des importations6(*) qui leur permettait de réduire le déséquilibre entre leur lente croissance et le déclin de leur capacité de paiement internationale. Cette pratique qui permettait de contrôler dans une certaine mesure l'endettement fut ainsi supprimée ; de ce fait une phase de forte augmentation de la dette externe se créa.

    Pour comprendre ce phénomène d'endettement, il faut revenir sur l'échec des politiques macro-économiques. En effet, les grandes institutions internationales sont les responsables de l'augmentation de la dette des pays sous-développés, le fiasco des politiques institutionnelles des grandes organisations mondiales comme le FMI et la Banque Mondiale montrant ainsi la difficulté de gérer l'économie mondiale.

    Le système de développement mis en place par la Banque Mondiale et le FMI fut et le reste encore « une gestion mondiale sans gouvernement mondial »7(*). Il s'agit d'une doctrine où dominent quelques institutions et quelques acteurs mais surtout d'un système où beaucoup de ceux qui sont touchés par leurs décisions n'ont pratiquement aucun droit de parole8(*).

    Le FMI joue un rôle particulier dans l'aide internationale. Il est censé surveiller la situation macro-économique de chaque pays et s'assurer que ce dernier ne vit pas au-dessus de ses moyens, car si tel était le cas, d'inévitables difficultés seraient à prévoir. Un pays peut vivre ainsi à court terme en empruntant, mais l'heure de vérité finira par sonner.

    Or les prescriptions du FMI, en partie fondées sur l'hypothèse dépassée selon laquelle le marché aboutit spontanément aux résultats les plus efficaces, n'autorisèrent pas les interventions souhaitables de l'Etat sur le marché9(*). Ainsi en voulant remplir ce rôle de « grand régulateur », le FMI a imposé des taux d'intérêt qui interdisent toute création d'emploi même dans un contexte favorable10(*). La compréhension de l'économie par le FMI semble ici limitée ; il convient donc de transformer la vision du développement, or peut-on imaginer un nouveau paradigme sur le sujet ? Le secteur privé pourrait-il venir produire l'apport dont a besoin le secteur public dans le développement ?

    Face à cela on vit se dégager des concepts de développement à partir du bas, de développement participatif qui ne sont, selon Bennett, qu'une réponse critique au processus « dictatorial bienveillant » du macro-développement11(*). Or il n'est pas facile de planifier et d'effectuer des interventions à partir du bas car nombre de projets de développement ne sont pas conçus pour fournir des bénéfices à des populations locales, mais à des groupes d'un ordre qui dépasse l'aire d'intervention.

    Le développement semble ainsi à l'aube de ce nouveau siècle à la croisée des chemins ; après plusieurs décennies de Guerre froide, où les deux Nords se sont concurrencés sur le plan international, pour venir en aide aux pays tiers, et où s'était mise en place une coopération à caractère stratégique, la faillite de cette politique est venue renforcer la position des plus libéraux qui critiquent le gaspillage de moyens et défendent les relations commerciales comme véhicule d'aide aux pays en développement. L'aide au développement a ainsi permis de « créer et resserrer les liens politiques entre les pays demandeurs de l'aide et les pays fournisseurs, mais les impacts réels sur l'économie ou le tissu social n'ont en vérité pas été les préoccupations prioritaires de ce modèle »12(*).

    Aujourd'hui même si on parle souvent de « l'impact dévastateur que peut avoir la mondialisation sur les pays en développement »13(*), nous assistons à une dynamique internationale de relations commerciales de plus en plus intenses. « On retrouve sur le globe de nouveaux vecteurs porteurs de croissance qui se croisent », et qui laissent entrevoir de nouvelles formes de coopération. Cette nouvelle coopération à « géométrie variable »14(*) est fondée sur « des plates-formes régionales qui cherchent à jouer un rôle politique et économique dans leurs zones d'influence »15(*). Cette vision « d'une géométrie variable » des relations s'explique par l'opposition entre une certaine homogénéité que l'on retrouve dans les pays industrialisés à culture occidentale et la diversité des réalités des pays du Sud. Cette reconnaissance « d'une réalité polymorphe16(*) » peut éviter l'erreur de vouloir découvrir des solutions universelles, applicables aux pays en développement.

    C'est donc dans une nouvelle dimension géographique et politique, ou géopolitique, qu'il faut formuler les modèles alternatifs de développement. Du point de vue des disparités de développement et de niveaux de vie, le monde continue de présenter deux visages et fonctionne à des vitesses différentes : un monde socialement divisé, où la pauvreté est synonyme de malnutrition et famine, pour les uns, et d'exclusion, pour les autres. Mais c'est aussi un monde qui commence à prendre conscience qu'il fonctionne dans une logique où l'action des uns a des répercussions visibles sur les autres17(*).

    Face à ce constat et cette évolution, les institutions internationales, puis la société civile, travaillent depuis près de trois décennies à faire émerger un nouveau modèle de développement qui tienne compte des potentialités sociales et du potentiel des ressources naturelles locales, dans une logique de pérennité des choix de développement pour les générations à venir.

    Le développement qui était lié à la théorie de la dépendance18(*) est dans un renouveau théorique ; pis, une nouvelle idée apparaît celle d'un nouveau modèle économique qui place la liberté comme facteur de développement19(*).

    Dans ce contexte, les pays sous-développés ne demandent aujourd'hui « ni une perturbation de la dépendance par le biais de l'aide, ni de concessions marginales »20(*). Ils souhaitent être les maîtres de leurs destins.

    Il convient alors de s'interroger pour savoir quel secteur privé est-il capable de s'adapter, de permettre de pérenniser le développement  dans ce renouveau théorique?

    Le tourisme qui comprend « les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs » ; est de plus en plus mis en avant comme solution au développement. L'Organisation Mondiale du Tourisme stipulant même que « Le développement d'un tourisme durable répond aux besoins des touristes et des régions qui les accueillent, tout en ménageant et améliorant les possibilités futures. Il doit se traduire par une gestion de toutes les ressources permettant à la fois de satisfaire les besoins économiques, esthétiques et sociaux, et de préserver l'intégralité culturelle, les écosystèmes, la biodiversité et les systèmes de soutien à la vie.21(*) » Mais l'industrie touristique peut-elle porter à elle seule le développement ? Cette solution est-elle généralisable ? Comment la mettre en oeuvre ?

    Pour résumer notre propos, nous pouvons dire que le développement est à la croisée des chemins ; il convient aujourd'hui d'établir un nouveau paradigme répondant aux besoins mais également aux spécificités de chaque Etat du Sud. Le tourisme semble ouvrir sur un nouveau postulat : et si la solution au développement ne résidait pas au sein d'une stratégie globale dictée par les institutions internationales mais plutôt au sein du potentiel de chaque Etat sous-développé ?

    Pour répondre à l'ensemble de ces interrogations, nous diviserons notre étude en deux parties distinctes. La première s'attachera à l'analyse du renouveau théorique et à la mise en avant du tourisme dans les politiques de développement. Le seconde partie, plus concrète, aura comme objectif affiché de mettre en avant les besoins du tourisme et par conséquent les limites du lien « tourisme-développement » ; il conviendra de comprendre comment faire du tourisme un réel vecteur de développement.

    I. Le renouveau théorique du développement

    « Si la conditionnalité a engendré de la rancoeur, elle n'a pas réussi à engendrer le développement » Joseph E. Stiglitz22(*)

    « De la rancoeur », c'est via ce terme que Joseph Stiglitz23(*), ancien vice-président de la Banque mondiale, définit l'échec des politiques de développement misent en place par les institutions internationales durant les cinquante dernières années. Ce point de vue pessimiste est sans aucun doute issu de l'analyse de l'économie du développement que firent nombre de spécialistes dans la décennie 1990 ; cette dernière met en avant plusieurs points primordiaux dans la perspective d'établir un « nouveau modèle de développement ».

    Premièrement sur le plan historico politique ; après la chute de l'URSS et en conséquence la fin de la Guerre Froide, on vit apparaître des conflits entre pays du tiers-monde. Ces nouvelles conflictualités mirent à mal les espoirs issus de la conférence de Bandoeng ; mais surtout, elles amenèrent le « nouveau monde unipolaire » à repenser la problématique du sous-développement.

    Par ailleurs sur le plan économique, on se rendit compte lors de la dernière partie du XXe siècle de la diversification croissante des pays en développement. En effet, l'apparition, au moins en apparence, de gagnants et de perdants mais également la constitution de groupes aux intérêts distincts mirent à mal l'idée d'une solution unique, d'une seule voie vers le développement. Cette prise en compte de la diversification des pays sous-développés entraîne de facto, une définition nouvelle des voies vers le développement mais également la prise en compte des spécificités de chaque Etat du Sud.

    Mais la fin des années 1990 fut également marquée par l'apparition d'une « société civile internationale », selon l'expression consacrée par la théoricienne Béatrice de Pouligny, voulant faire entendre sa voix sur l'échiquier mondial. Il s'agit donc ici d'un bouleversement idéologique auquel nous assistons dans les pays industrialisés, ce dernier ayant pour conséquence et ce pour la première fois, des campagnes d'opinion tournées vers le développement.

    Le XXIe siècle semble donc se tourner autrement vers le développement ; un développement prenant en compte les bouleversements de la fin du XXe siècle. En un mot, un développement ne se lisant plus par une grille idéologique dictée par les « grands » mais un développement en osmose avec les spécificités des Etats en développement et les souhaits des peuples. Il convient ainsi de redéfinir les voies vers le développement et la prospérité ; c'est ainsi qu'apparut le « renouveau théorique ».

    I.1. La reconquista de leurs destins par les pays sous-développés

    Le besoin d'un nouveau cadre théorique pour le développement est intimement lié au fait que le développement fut subordonné durant des décennies à la théorie de la dépendance24(*). En effet, la formation d'un groupe social dominant au sein des pays du Sud avec des modèles de consommation imités des pays développés s'est définie à la fois comme un facteur déterminant du développement des Etats sous-développés mais également du maintien de leur dépendance. Il s'agit du phénomène de la « transplantation25(*) » du centre vers la périphérie ; l'idée est ici que les pays développés n'ont favorisé par leurs politiques de développement et d'aides publiques, qu'une partie infime de la population des Etats du Sud26(*) ; entraînant par là même la création d'un gouffre au sein de la population locale mais également une forme de besoin envers les pays développés qui seuls pouvaient répondre aux attentes de la minorité dominante. Ce cadre d'étude nous permet de comprendre pourquoi la théorie du développement fut analysée dans les conditions de la dépendance27(*).

    En effet, dans les économies des pays développés, la diffusion de nouveaux biens et des techniques productives correspondantes constitue un « facteur important d'élévation de productivité »28(*). Ce processus va s'accompagner logiquement de l'élévation du niveau de vie de l'ensemble de la population, soit par le biais de l'augmentation du taux de salaire, soit par le biais de la baisse des prix relatifs aux biens de consommation générale.

    A l'inverse dans les économies des Etats sous-développés, la situation est tout autre ; en effet le processus de diffusion de nouveaux biens et de nouvelles techniques productives est freiné par l'exclusion d'une partie de la population des circuits monétaires et par la stagnation du salaire. L'augmentation de productivité dans les pays périphériques ne se traduisant donc pas en une élévation du taux des salaires. Bien au contraire, elle provoque une augmentation des frais de consommation de la minorité dominante et exclut encore plus le reste de la population29(*). « Le développement en vint à se confondre avec l'assimilation à des modèles culturels importés ou avec la modernisation du style de vie d'une minorité privilégiée »30(*).

    1. De la théorie Amartya Sen au rapport du NEPAD

    L'évolution de l'économie entraîne le besoin d'un nouveau cadre théorique

    C'est de cette prise en compte que le développement fut trop longtemps lié à une forme de dépendance que naquit une nouvelle effervescence théorique. Via cette dernière, les économistes et théoriciens n'hésitèrent pas à remettre en cause les hypothèses qui avaient été élaborées pour expliquer et solutionner le développement.

    L'ouvrage, « les étapes de la croissance économique, un manifeste non communiste » de WW Rostow paru en 1961 fut particulièrement rediscuté. Dans ce livre, Rostow recensait les étapes de développement par lesquelles toute société se doit de passer afin d'atteindre la prospérité. La première étape est celle de la société traditionnelle où domine l'activité agricole ; ensuite viennent les étapes préalables au décollage dont la description est « calquée » sur l'évolution des sociétés européennes du XVe au XVIII: développement des échanges et des techniques, évolution des mentalités qui commencent alors à rompre avec le fatalisme et augmentation des taux d'épargne. La troisième phase est celle du décollage, vient ensuite l'étape de la marche vers la maturité pour terminer par l'étape finale : l'ère de la consommation de masse.

    Cette théorie bien huilée fut largement remise en cause ; en effet on expliqua « que le sous-développement contemporain n'était en rien assimilable à la situation des économies précapitalistes de l'Europe avant la révolution industrielle »31(*). Par conséquent, transposer la théorie de Rostow à une réalité structurellement différente (la situation des pays sous-développés d'aujourd'hui) ne pourrait conduire qu'à des erreurs32(*). Aujourd'hui, il est bien connu que l'économie internationale liée à la spécialisation géographique et aux avantages comparatifs a cédé la place à une autre économie au sein de laquelle les marchés sont contrôlés par les grandes entreprises33(*) et où les Etats sont interdépendants. Ce qui caractérise l'économie internationale du début du XXIe siècle est donc le contrôle par des grands groupes mondiaux de l`économie mais également l'interdépendance croissante des économies et la perte de moyens de régulation globaux de l'Etat régalien.

    La théorie d'Amartya Sen et son apport dans l'approche du développement

    Ainsi l'apport majeur au nouveau cadre de développement des Etats du Sud fut sans conteste la théorie du Prix Nobel d'Economie Amartya Sen. Déjà Joseph E Stiglitz avait mis en avant le concept de liberté en intitulant un des chapitres de son livre « la grande désillusion » : « la liberté de choisir ? ».

    Mais c'est Amartya Sen qui le premier théorisa l'idée que le développement pouvait être appréhendé comme « un processus d'expansion des libertés réelles dont jouissent les individus »34(*). Pour le Prix Nobel, il ne fait aucun doute que dans ce cadre théorique plaçant la liberté au centre du développement, la croissance du PNB ou des revenus revêt une grande importance en tant que moyens d'étendre les libertés dont jouissent les individus.

    Plus particulièrement, Amartya Sen explique que la liberté occupe une place centrale dans le processus de développement pour deux raisons35(*) :

    · « Une raison d'évaluation »: dans le sens où selon lui, tout jugement sur le progrès et le développement n'a de sens que rapporté aux libertés : « une avancée est une avancée de libertés ».

    · « Une raison d'efficacité » : le progrès dans le développement dépend avant tout de la possibilité pour les gens d'exercer leur libre initiative, ce que Sen appelle leur « fonction d'agent ».

    Il est donc évident ici que la liberté de participer aux échanges économiques et par conséquent de s'engager pleinement dans le développement de son propre pays a un rôle fondamental certes dans la vie sociale mais également dans la réussite du processus de développement de l'Etat36(*). Quand le développement dépendra réellement de ceux qui en seront les principaux bénéficiaires, celui-ci verra ses chances de réussite décuplées. A l'inverse, si la liberté économique s'exprime sous la forme de la pauvreté extrême comme ce fut le cas pour de nombreux pays, et rend par conséquent une personne vulnérable alors son bien être mais surtout ses autres libertés seront particulièrement fragiles.

    Dans son ouvrage, Amartya Sen s'oppose ainsi à la « thèse de Lee »37(*) laquelle posant comme principe que le non-respect des droits individuels stimulerait la croissance économique38(*) et constituerait un facteur essentiel de décollage économique, phase préalable au développement comme le stipulait WW Rostow39(*).

    Dans l'élaboration de sa théorie, de son « Nouveau Modèle Economique », Amartya Sen définit cinq types de libertés instrumentales qui sont à ses yeux indispensables de prendre en compte. Il s'agit des « libertés politiques, des facilités économiques, des opportunités sociales, des garanties de transparence et de la sécurité protectrice »40(*). Pour renforcer cette idée, Amartya Sen souligne qu'il n'est pas nécessaire d'atteindre un certain seuil de prospérité acquis après une longue période de croissance économique, pour se donner les moyens de généraliser certaines libertés telles que les services d'éducation ou de santé41(*).

    Pour synthétiser la pensée de Amartya Sen, on peut dire que :

    « La promotion de la liberté humaine est à la fois l'objectif principal et le moyen premier du développement. À l'inverse la pauvreté est une privation de capacités »42(*).

    La définition d'une stratégie nouvelle par le NEPAD (ou NOPADA43(*))

    La théorie d'Amartya Sen va connaître son plus grand succès, son plus grand écho via le sommet du NEPAD de 2001.

    Le constat du départ du NEPAD est le fait que le sous-développement n'est pas un retard de croissance mais le « produit d'une situation historique spécifique », cette dernière renvoyant ainsi à la colonisation de l'Afrique par les Etats d'Europe et aux conditions de la naissance du capitalisme industriel. Selon le NEPAD, cet enracinement historique trouve ses continuations dans le fonctionnement moderne de l'économie mondiale et dans les modalités d'insertion internationale. Nous retrouvons ici la critique de la théorie de la dépendance des Etats du Sud par rapport aux Etats du Nord que nous avons souligné précédemment. L'analyse que met en avant le rapport du NEPAD ouvre sur le postulat des cercles vicieux44(*).

    Ce raisonnement dérive directement de l'hypothèse de la pénurie d'épargne cette dernière constituant une liberté primaire pour Amartya Sen45(*) :

    · La pauvreté et la faiblesse du revenu sont selon le postulat des cercles vicieux, responsables d'une faiblesse de l'épargne ce qui compromet l'accumulation du capital. Cette situation maintient donc une faible productivité et a pour conséquence l'absence de l'augmentation des revenus.

    · Ces faibles revenus maintiennent de fait la majorité de la population dans un état de malnutrition. Via cette dernière, la productivité de l'individu au travail ne peut que rester faible, par conséquent son revenu ne pourra de nouveau ne pas être augmenté.

    · Via les faibles revenus distribués aux travailleurs, le revenu national reste au plus bas. Ceci entraîne une anémie des dépenses d'éducation et donc de la formation de la main d'oeuvre. Ce manque de qualification et d'éducation de la population locale ne lui permet pas de devenir plus productive et ainsi de voir son revenu augmenté ; ce qui ne conférera pas à l'Etat un budget plus important pour favoriser l'éducation.

    · Pour terminer, les faibles revenus amènent une faible consommation et des débouchés réduits pour les entreprises. Ainsi, ces dernières n'investiront que modérément ; la productivité continuera à stagner, la production restera faible de même que les revenus.

    Schéma cercle vicieux

    Après avoir établi le constat d'échec du développement en Afrique, et tenté d'en apporter les raisons, le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NOPADA) va, dans son rapport d'Octobre 2001, définir de nouvelles lignes directrices afin d'assurer un développement équitable et durable de ce continent meurtri qu'est l'Afrique46(*). Ce nouveau cadre fait directement référence à la théorie d'Amartya Sen ; en effet il est au centre de la volonté des Africains de :

    « S'extirper eux-mêmes, ainsi que leur continent, du malaise du sous-développement et de l'exclusion d'une planète en cours de mondialisation ».

    Par cet engagement, le NEPAD démontre toute sa détermination à mettre en place la liberté de choisir comment se développer. L'idée centrale ici est celle qui consiste à partir du postulat que les populations des Etats sous-développés connaissent mieux que quiconque leurs potentiels, spécificités et besoins.

    Ceci est en rupture avec le mode choisi depuis les années 1970, lorsque les pays d'Afrique sont devenus membres des institutions de la communauté internationale47(*). Depuis lors le couple aide / crédit était resté le socle du développement de l'Afrique. Or le crédit s'est traduit par l'impasse de la dette qui n'a fait qu'entraver la croissance des pays d'Afrique d'autant plus que l'autre pendant de la stratégie à savoir l'aide au développement fixée dans les objectifs des années 1970 s'est peu à peu réduite compte tenu des difficultés de remboursement de la dette48(*). Le rapport du NEPAD de 2001 marque donc le fait que le système imposé par les institutions internationales ne convint plus.

    Les Africains déclarent via le NEPAD qu'ils ne se laisseront plus « conditionner par les circonstances »49(*). Ils détermineront eux-mêmes leur destinée et feront appel au reste du monde pour compléter leurs efforts. Ils notent par ailleurs des progrès via l'expansion de la démocratie50(*). La Reconquista de leurs destins par les populations du Sud est donc en marche.

    2. Une nouvelle stratégie qui s'inscrit dans l'évolution du tourisme

    Pour réussir cette nouvelle stratégie de développement, les Etats du Sud se doivent de prendre en compte plusieurs éléments. Il leur faut continuer à gérer le remboursement de la dette tout en assurant un développement de leurs économies. Il leur faut ainsi trouver un secteur répondant à l'ensemble de leurs besoins et pour lequel, ils seront compétitifs. Dans ce contexte le tourisme répond-t-il à la nouvelle stratégie ?

    Le tourisme évolue à travers les âges

    L'ancienneté du désir de voyage et de découverte est intrinsèque à la nature humaine. Déjà, le monde hellénistique adorait les sites touristiques tel que Mirabilia, ou comme en témoigne l'idée des sept merveilles du monde51(*). On se souvient également de Ibn Battuta, le grand voyageur arabe du 14e siècle qui parcourut près de 20 000 Kms pour « la joie de découvrir des pays et peuples nouveaux ».

    Ce n'est que bien plus tard que le tourisme devint l'expression indirecte de l'enrichissement et de la « prospérité des couches dominantes de la société aux débuts de l'ère industrielle »52(*). L'évolution des processus productifs, par l'apport des nouvelles technologies et de l'innovation, a permis l'émergence et une libération croissante d'un temps consacré aux loisirs. Ce nouvel espace d'émancipation de l'esprit est occupé de nos jours par des activités telles que la pratique de voyages, la découverte et la connaissance de nouveaux espaces culturels et géographiques. Le tourisme apparaît comme catalyseur de cette volonté. Il est un secteur alternatif pour les régions qui sont à la recherche de reconversion économique, et c'est également une industrie qui permet la création de valeur par l'utilisation des ressources naturelles.

    Comme le note J-D Urbain, « Aujourd'hui les gens voyagent comme ils mangent »53(*), cette formule qui peut paraître choquante au premier abord, illustre néanmoins le fait que le tourisme et le voyage sont aujourd'hui une banalité.

    La sociologie touristique

    La demande touristique fut longtemps appréciée via les fameux quatre « S » : sand, sea, sun, sex54(*). Mais en vérité, la demande touristique est bien plus compliquée et ne cesse de se complexifier compte tenu de l'évolution des mentalités, des spécificités, des moyens de communication et de l'exigence55(*).

    Au-delà de ces facteurs évidents et consensuels de la demande touristique, certains auteurs comme Robert Lanquar ont établi le concept de sociologie du tourisme. Pour Lanquar, la sociologie du tourisme recoupe plusieurs domaines comme « le bien être, le cadre de vie, la culture, la communication, les groupes sociaux, le développement, la rencontre des sociétés différentes, la psychologie des individus, les sondages, les études d'impact ou celles de marché, et l'aménagement du temps de travail »56(*). De l'ensemble de ces données, nous pouvons dégager un concept nouveau, celui de la « tourismologie »57(*) : préférence accordée au phénomène sociétal58(*).

    Par l'étude que nous venons de faire de la demande touristique, des préférences des voyageurs nous pouvons comprendre aisément qu'un des défis principaux du secteur touristique est l'adaptation des entreprises touristiques aux besoins de la demande touristique internationale. Or comment les pays sous-développés qui représentent un niveau de vie inférieur à celui des pays du Nord, peuvent-ils être conduits à développer le tourisme en leurs seins ?

    Pour répondre à cette interrogation, il faut comprendre que la demande touristique a évolué avec les années. Aujourd'hui la nature et la culture sont de véritables leitmotivs pour des voyageurs de plus en plus nombreux en quête d'expériences exotiques que seuls les pays en voie de développement peuvent offrir59(*). Si l'on ajoute à cela une demande nouvelle de vacances dans les pays à économies émergentes telles que l'Inde et la Chine ; on assiste à un déplacement des activités touristiques vers le sud.

    Le tourisme : une opportunité pour le développement

    Au fur et à mesure du temps, « le tourisme international est devenu une partie fondamentale de la spécialisation internationale des pays »60(*) au même titre que le commerce international des marchandises, que les mouvements de capitaux... Dans certains pays, le poids du tourisme international est supérieur à celui des échanges internationaux de marchandises61(*).

    Le tourisme est par ailleurs un vecteur de mobilité : des personnes, des devises, des modes de consommation. En ce qui concerne la mobilité des personnes, le tourisme est un phénomène migratoire particulier, par ses motivations, sa distribution, sa périodicité : il est régulier et volontaire. Il peut être également, par la mobilité des devises, des modes de consommation, des normes de qualité, de confort, de sécurité dans les infrastructures de transport ou dans l'hébergement par exemple, un acteur participatif dans le processus de mutation des espaces urbains et ruraux, en tant que catalyseur de développement.

    C'est un consommateur d'espace, de ressources naturelles dont il est dépendant ; et dans l'optique des pays en développement, dont la structure du tissu économique repose souvent sur les activités du secteur primaire (agriculture, pêche et exploitation minière), le tourisme peut se retrouver en tant que concurrent des activités traditionnelles, sur un territoire donné.

    Le tourisme a de nombreux avantages pour les pays en développement car non seulement il contribue à diversifier leurs ressources en devises (particulièrement important dans le cadre du remboursement de la dette) mais également par le fait que la balance des opérations touristiques ne subit pas les aléas de la dégradation des termes de l'échange, comme la balance commerciale. C'est un avantage essentiel pour le développement des pays sous-développés.

    De plus l'emploi dans le secteur touristique ne nécessite encore aujourd'hui malgré les progrès technologiques, pour la plupart des postes de travail, qu'une qualification moyenne ou faible62(*).

    Le tourisme est, pour ces raisons, considéré comme un secteur stratégique de développement pour les pays en développement.

    I.2. Le tourisme s'impose dans le développement

    Selon Mimoun Hillali, le tourisme serait le « fils de l'industrialisation et de la démocratie, bon élève de la consommation et de la mondialisation »63(*) ; dans ce sens que l'évolution du secteur touristique et son impact énorme sur la croissance mondiale est principalement dû au progrès des communications et particulièrement à la libéralisation du marché des compagnies aériennes. En effet, cette dernière fut, bien que non suffisante à elle seule, la condition nécessaire au développement du tourisme. Par la réduction des durées et coûts des transports, notamment aérien, le voyage est devenu une banalité.

    Par cette réduction des distances et des coûts, la théorie de la spécialisation internationale qui fait le rapport entre les dotations factorielles, les coûts comparatifs et les conditions de la demande64(*), put s'appliquer au secteur touristique, lui permettant ainsi sa croissance mais également un nouvel engouement notamment dans les pays du Sud.

    Toutefois, ces derniers devront néanmoins répondre à d'autres critères que leur simple patrimoine naturel ou culturel ; en effet comme le soulignent Georges Cazes et Georges Courade65(*) :

    « s'il dispose d'avantages naturels et culturels recherchés, un pays peut devenir touristique si le niveau d'insécurité reste supportable pour le touriste, l'accueil de la population motivant, le confort satisfaisant et, surtout, les capitaux étrangers bienvenus et peu taxés. Le régime politique importe peu s'il assure la stabilité, et le non-respect des droits de l'homme n'y est pas un obstacle comme on le voit en Tunisie et Myanmar ».

    Le secteur touristique semble donc, via la mondialisation, prêt à s'imposer comme nouveau vecteur de développement ; il convient de se poser ici deux interrogations : le tourisme répond-t-il aux besoins de développement ? et comment agit-il concrètement sur ce dernier ?

    1. Un secteur central qui répond aux besoins du développement et à une demande

    Le poids du tourisme dans le monde

    Le grand public ignore souvent que le tourisme est le premier poste du commerce international devant le secteur automobile et les hydrocarbures. Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme, il constitue un dixième de produit mondial brut en 200566(*).

    Cette place de premier choix est liée au fait que les arrivées de touristes ont triplé en vingt ans ; quant aux recettes elles sont passées de 300 milliards de dollars en 1990 à près de 700 milliards de dollars en 200567(*). Il faut ajouter à cela que le tourisme représente quelques 250 millions d'emplois à travers le monde, se faisant de facto le principal pourvoyeur d'emplois au monde68(*).

    Plus spécifiquement, de 1950 à aujourd'hui le secteur du tourisme a enregistré une progression constante de 6,5% de croissance en moyenne par an69(*), passant de 20 millions de déplacements à l'étranger après la seconde Guerre Mondiale à 808 millions de déplacements à l'étranger en 200570(*). De plus, même si les pays développés sont les premiers émetteurs et récepteurs de touristes, la part des autres continents dans le tourisme croît de manière constante du fait de la mondialisation et de nouveaux types de demandes de voyage. Ainsi l'Asie pacifique représentait en 2005 19,3% du tourisme mondial, les Caraïbes et l'Amérique latine 5,4%, le Moyen-Orient 4,8% et l'Afrique 4,5%71(*).

    Les pays sous-développés voient donc dans le secteur touristique un nouveau potentiel de croissance72(*) ; alors qu'ils ne représentaient que 2,8 millions d'arrivées de touristes en 1990, soit 0,64% du total des arrivées touristiques internationales dans le monde ; ils ont pu voir leur part atteindre 1,6% soit 8 millions d'arrivées touristiques en 200473(*). Mais c'est surtout la croissance des recettes touristiques internationales qui fut spécialement rapide pour les pays sous-développés. En effet, ces recettes sont passées de 1 milliard de dollars en 1990 à 4 milliards de dollars en 2004.

    Schéma recettes

    Ceci est une donnée fondamentale dans l'optique de faire du tourisme un vecteur de développement comme nous l'analyserons plus loin. Malgré tout l'étude par pays récepteur de ce flux indique que les recettes touristiques internationales sont particulièrement concentrées puisque sept pays : le Cambodge, les Maldives, le Myanmar, le Sénégal, l'Ouganda, la Tanzanie et la Zambie représentent 50% du total des recettes du tourisme international dans les PMA en 2004. Du point de vue des taux de croissance, la progression la plus rapide concerne le Cambodge, la Tanzanie, le Myanmar, le Bangladesh, l'Ouganda74(*).

    La conséquence de ce poids considérable

    Même si les pays en développement ne représentent que moins d'un tiers des arrivées de touristes internationaux dans le monde75(*), face au poids considérable que le tourisme représente dans l'économie mondiale, la conclusion est simple ; nous citerons ici le plaidoyer de « l'advocacy platform »76(*) :

    « Si les pays riches sont certes les premiers bénéficiaires du tourisme, celui-ci peut aussi être l'outil de développement des pays sous-développés et singulièrement petits ».

    Les pays industrialisés disposent d'un avantage considérable, puisqu'ils peuvent mobiliser les moyens nécessaires au financement des investissements. En revanche les pays en développement n'ont pas toujours la possibilité de bénéficier des avantages que peut procurer leur abondance en travail, du fait des difficultés à financer les infrastructures à la base du développement touristique, et à gérer les services de façon concurrentielle.

    Mais malgré les difficultés rencontrées par certains pays, les PMA bénéficient de nombreux avantages pour profiter d'un développement rapide du tourisme international grâce en particulier à leurs avantages de coûts comparatifs en travail et grâce à de nombreuses ressources naturelles touristiques encore non exploitées. Cependant, un des principaux problèmes concerne les difficultés à mobiliser les financements locaux mais surtout internationaux pour les investissements touristiques.

    Pour mieux appréhender cela, il convient de s'arrêter un instant sur le concept de balance touristique des paiements qui représente le compte de trésorerie77(*) d'un pays avec les pays étrangers78(*).

    Schéma de la balance touristique

    A l'analyse des balances touristiques de paiements des pays en développement, on comprend que le tourisme est souvent une source alternative d'accès aux devises qui permettront aux pays du Sud leurs développements économiques79(*). Le tourisme est même devenu pour un tiers des pays sous-développés la première source de devises80(*).

    Cependant malgré ces chiffres qui peuvent attirer l'ensemble des pays sous-développés sur ce secteur porteur, il convient d'effectuer une analyse rationnelle. En effet, tous les PMA n'ont pas vocation à se spécialiser dans le tourisme dans l'optique de leur développement.

    Typologie des Etats pouvant utiliser le tourisme comme vecteur de développement

    Afin de comprendre, quels Etats peuvent se tourner vers le tourisme dans le but d'assurer leurs développements respectifs, il faut dans un premier temps analyser les vecteurs de l'attractivité touristique d'un Etat.

    Les dotations factorielles du tourisme international peuvent être réparties en quatre catégories principales :

    · Les ressources naturelles

    · Les ressources artistiques, culturelles et du patrimoine historique

    · Les ressources humaines en travail et qualification

    · Les ressources en capital et en infrastructures

    L'Etat devra alors établir un calcul rationnel selon ses dotations dans les différentes catégories. Il convient ici de s'attacher au théorème d'Heckscher-Ohlin qui s'énonce de la manière suivante :

    « un pays disposera d'un avantage comparatif dans la production du bien qui utilisera le plus intensément le facteur pour lequel il a une abondance relative. Il exportera ce bien et importera le bien intensif dans le facteur de production pour lequel il est le moins bien doté »81(*).

    Via cette théorie basée sur les dotations factorielles, l'Etat pourra ou non choisir la voie du tourisme comme vecteur de développement. Maintenant que nous avons saisi l'importance du secteur touristique et les enjeux qu'il peut représenter dans le développement d'un Etat ; il convient d'étudier plus en profondeur et d'une façon plus concrète l'influence du tourisme sur le développement. Comment agit-il ? Quelles en sont les répercussions sur l'économie, l'emploi, les infrastructures et la résolution des problèmes liés au sous- développement tel que la dette ?

    2. L'influence du tourisme sur le développement

    Les effets du tourisme sur le développement du point de vue macroéconomique

    Au niveau d'une économie nationale ou d'une région, les effets du tourisme sont en général évalués à partir de leurs répercussions sur des objectifs acceptés par tout système économique, à savoir leur contribution à la croissance économique, la stabilité des prix, l'équilibre de la balance des paiements, la distribution juste et équitable du revenu national et le plein emploi.

    Une étude de l'OMT a regroupé les effets du tourisme selon trois catégories :

     

    I.2.1.1.1. Les effets sur la stratégie du développement, dénommés également effets globaux
    I.2.1.1.2. Les effets partiels sur l'économie nationale, c'est-à-dire sur les agents, les secteurs, les variables fondamentales de l'économie nationale
    I.2.1.1.3. Les effets externes qui, dans le domaine socioculturel, le domaine physique et celui des ressources humaines, sont plus proches des effets économiques pris dans le sens strict du mot82(*).

    Pour mesurer ces effets du tourisme sur le développement, il convient d'élaborer des indicateurs spécifiques. En 1991, Robert Lanquar a étudié83(*) « l'impact quantitatif exhaustif, direct, indirect et induit, économique et financier du tourisme »84(*). Un certain nombre d'indicateurs ont été alors déterminés pour ces mesures : les chiffres d'affaires et les revenus des entreprises dépendant directement ou indirectement du tourisme, les emplois liés à ces entreprises, les salaires, traitements et prestations sociales qui en découlent...85(*)

    Quelques aspects spécifiques de l'influence du tourisme 

    L'effet multiplicateur du tourisme

    Keynes avait théorisé le concept de l'effet multiplicateur de l'investissement. Par ce paradigme, il démontra qu'un investissement primaire (fait par l'Etat le plus souvent) entraîne une série d'investissements ultérieurs. Pour mieux comprendre, prenons l'exemple d'un Etat ordonnant la construction d'un nouvel aéroport. Pour réaliser ce dernier, l'Etat va contracter avec plusieurs entreprises (architecture, construction...) ; elles-mêmes vont devoir peut-être embaucher, augmenter les salaires voir même contracter avec d'autres entreprises (fournisseurs de matières premières) qui elles aussi vont voir leurs chiffres d'affaires augmenter. Ce découlement en cascade entraîne donc de nouveaux revenus qui seront soit épargnés soit dépensés. De ce fait la consommation relancera l'économie et l'Etat verra ses recettes augmenter (impôts, taxes). En conclusion, un investissement de départ entraîne des investissements successifs au niveau des entreprises mais également des ménages.

    Cette théorie de l'effet multiplicateur est applicable au secteur touristique dans la mesure où il permet d'évaluer les impacts économiques du tourisme. L'idée est ici de voir comment une unité monétaire dépensée par un touriste circule dans l'économie d'un Etat. Par une étude approfondie, on peut noter que le premier cercle de bénéficiaires, de la dépense du touriste, est constitué par des activités directement liées au tourisme, en contact direct avec les activités principales du touriste (logement, restauration, visites guidées, animation...). Le deuxième cercle rassemble quant à lui les prestations de services annexes au tourisme, ce sont par exemple les services comptables qui étant donné l'augmentation des chiffres d'affaires des agences de voyages ou hôtels auront plus de travail et verront leurs honoraires augmenter. Pour finir, dans le troisième cercle de bénéficiaires, on retrouve l'ensemble des activités et professions présentes au sein d'une société ; en effet, l'augmentation des revenus des travailleurs présents dans le premier et second cercle de bénéficiaires entraînera de facto une consommation plus forte qui se répercutera sur l'ensemble des agents économiques de l'Etat.

    L'effet multiplicateur résume donc l'impact des dépenses touristiques sur l'ensemble de la société par vagues successives : des effets directs, puis indirects et enfin induits.

    La liaison entre le tourisme et l'emploi

    Comme nous l'avons noté plus haut le tourisme est un important générateur d'emplois ; ces derniers peuvent être répartis en trois catégories :

    · Les emplois directs : personnel dans les agences de voyages, les guides, le personnel hôtelier...

    · Les emplois indirects : les marchands de produits manufacturés (textile...)

    · Les emplois induits86(*) : ce sont les travailleurs qui ne sont pas directement en relation avec le touriste mais qui voient leurs activités augmenter via la demande touristique. Cette catégorie représente l'ensemble des emplois pouvant être affectés par le tourisme.

    Schéma emplois

    Le tourisme garantissait ainsi plus de 250 millions d'emplois en 1996 ; ce chiffre devant dépasser les 380 millions d'emplois en 200687(*), ce qui représente un nouvel emploi toutes les 2,4 secondes88(*).

    Ces chiffres semblent effarants surtout dans un monde où l'on a tendance à réduire le nombre de travailleurs au profit d'une meilleure productivité ; mais ce lien de cause à effet ne semble pas s'appliquer au tourisme. En effet, le tourisme nécessite une main d'oeuvre certes abondante mais peu qualifiée en vérité. Même si dans les Etats du Nord, les entreprises touristiques tentent de réduire le nombre de salariés89(*), cette donnée ne s'applique pas au pays du Sud où le « cheap labour » amène les entreprises touristiques à multiplier les effectifs afin de satisfaire au mieux la demande et ainsi de réduire les écarts de productivité. Le tourisme, activité de service personnalisé par essence offre donc une opportunité énorme à des pays sous-développés dans lesquels la population a du mal à trouver un emploi.

    Le tourisme regroupe ainsi en vérité deux visages distincts ; le premier est celui d'un secteur nécessitant de gros moyens comme nous le verrons plus tard, le second est celui d'une activité offrant une large offre d'emploi. Dans cette optique, le secteur de l'hôtellerie correspond à la fois aux caractéristiques de l'industrie lourde et de l'industrie de main d'oeuvre90(*) :

    · Une industrie lourde du fait de l'importance des investissements à effectuer et du capital à mobiliser pendant une durée de moyen et long terme correspondant à la construction immobilière

    · Une industrie de main d'oeuvre du fait de l'activité de service qui correspond au fonctionnement des hôtels et qui nécessite un ratio d'emploi par chambre élevé, en particulier si l'on veut répondre aux normes internationales.

    Ainsi le tourisme est un pourvoyeur d'emploi énorme pour les pays sous-développés. Une partie de la population locale travaillant dans l'hôtellerie et dans les autres branches de l'activité, ce qui lui procure des revenus meilleurs. Malgré tout, cela peut amener la population à un décalage de niveau de vie. Par ailleurs, il y a des phénomènes d'acculturation ou de mutation de l'identité au service du tourisme qui, d'un point de vue sociologique, dénaturent les comportements de la population locale (changement des modes de consommation ou folklorisation par exemple). Nous étudierons les solutions à ces problématiques dans notre seconde partie.

    Les effets annexes du tourisme

    Comme nous l'avons noté précédemment, le tourisme implique des « effets induits ». En effet, le tourisme international, bien au-delà du simple développement d'hôtels et d'agences de voyages qui sont des effets que l'on qualifiera de « normaux », peut être à l'origine de développement d'industries de biens d'équipements et de services ; à ce titre il constitue des débouchés importants pour différentes filières telles que l'agro industrie, les transports ou les communications91(*). Le secteur touristique par ses besoins influe donc sur la création de nouvelles infrastructures vitales tant pour le secteur que pour les populations locales. On peut prendre comme exemple les réseaux de canalisation et l'eau potable ; ou encore les infrastructures routières et le développement de l'électricité. En effet, étant donné l'objectif de l'Etat qui est de répondre à une demande touristique internationale, l'Etat sous-développé se doit de se mettre en conformité avec les normes et usages internationaux (sanitaire notamment). Via la généralisation de ces dernières, on peut imaginer que la population se trouvera de plus en plus sensibilisée et donc adoptera peut-être à terme des comportements améliorant son bien être92(*).

    Tourisme et devise

    Nous avons noté précédemment que le tourisme international représente le premier secteur pourvoyeur de devises dans l'ensemble des PMA93(*). Il s'agit peut-être ici de la raison principale qui a amené les théoriciens à inclure le tourisme dans les programmes de développement. En effet, la remise en cause des politiques classiques de développement misent en place par la Banque Mondiale et le FMI, laissa malgré tout un aspect majeur du développement des Etats sous-développés : la dette94(*).

    Après des décennies où cette dette s'est accumulée, les PMA sont aujourd'hui totalement englués dans les remboursements commensurables qu'ils doivent honorer. De ce fait, il est important de mettre en place une politique de développement permettant d'engendrer un flux maximum de devises dans l'optique du remboursement échelonné de la dette.

    Dans ce contexte, le tourisme, grand fournisseur de devises, répond aux attentes des PMA ; ces derniers souhaitant pouvoir disposer de fonds suffisants pour certes rembourser la dette95(*) mais surtout pour développer leur pays via des grands projets vitaux telles que les infrastructures.

    On peut donc affirmer que le flux de devises qu'engendre le tourisme permet aux Etats de réellement prendre leur destin en main comme le stipulaient Armatya Sen et le NEPAD.

    Le tourisme comme catalyseur : un effet « boule de neige » recherché.

    Nous avons donc souligné tout l'impact que le tourisme peut détenir sur le développement d'un Etat ; faisant de lui une véritable opportunité pour les pays sous-développés. L'intérêt de l'Etat pour le secteur touristique a de la sorte plusieurs raisons: du point de vue de la comptabilité nationale, le tourisme influe positivement sur la balance des paiements et génère des recettes fiscales ; du point de vue de la société, le tourisme crée de l'emploi, pourvoit des revenus au sein de la population, il stimule enfin le développement local et diversifie les économies locales.

    Ainsi le tourisme pourrait jouer un rôle de catalyseur de l'ensemble des stratégies de développement économique et social des pays en développement. Ce rôle de catalyseur intervient notamment dans les domaines suivants :

    · Infrastructures de base : électricité, eau...

    · Infrastructures de transports : aérien avec notamment les aéroports, routes...

    · Infrastructures environnementales : traitement des déchets et des eaux usées...

    · Infrastructures de communication : téléphone, Internet...

    · Infrastructures de santé : hôpitaux...

    · Infrastructures culturelles : valorisation du patrimoine historique et artistique...

    Maximiser cet apport du tourisme au développement

    Afin de maximiser les effets du tourisme sur le développement, il convient de promouvoir les avantages comparatifs de chaque pays en mettant en place « une stratégie caractérisée par la recherche de qualité, de compétitivité et d'originalité »96(*). De facto pour assurer un développement durable du tourisme international, il est de plus en plus nécessaire d'adopter des politiques économiques destinées à constituer de véritables filières du tourisme dans la plupart des pays touristiques industrialisés et en développement.

    Il convient d'éviter de se lancer à corps perdu dans des filières du tourisme sans en évaluer les conséquences à moyen et long terme. Dans cette optique les zones côtières, qui sont un des exemples les plus importants du tourisme de masse, permettent de démontrer également la vulnérabilité de ce type de tourisme et sa dépendance économique97(*). Avec une économie touristique basée uniquement sur des prestations bas de gamme98(*), les pays à dominante « tourisme balnéaire » n'ont pas pu développer des effets d'entraînement économique suffisant dans les zones réceptrices99(*). Ceci étant dû au fait que ce type de tourisme est caractérisé par un concept « all inclusive »100(*) et que les touristes n'ont que peu de relation avec les populations locales ; ajoutons également que les séjours balnéaires représentent ceux où les profits sont le moins redistribués dans le pays récepteur101(*).

    Par ailleurs, les variations de taux de change ont une influence souvent décisive sur l'évolution des coûts comparatifs du tourisme international102(*) et, par conséquent, sur la répartition et l'évolution des flux touristiques.

    Pour conclure notre première partie d'étude et introduire la seconde, nous avons choisi de nous prendre comme exemple le tourisme en Afrique. Ce dernier montrant les difficultés du secteur touristique et l'encadrement qu'il engendre.

    Le tourisme international constitue pour l'Afrique une importante opportunité de développement économique103(*). L'Afrique dispose de très nombreuses richesses permettant d'assurer un développement durable et à grande échelle de ses activités touristiques104(*). Les grands espaces naturels, la diversité des cultures et les traditions d'accueil sont en effet essentiels pour assurer le succès d'une croissance durable des flux touristiques. De plus, la proximité immédiate du premier émetteur touristique mondial que représente l'Europe ou encore le fait que les pays tropicaux d'Afrique subsaharienne se situent dans les mêmes fuseaux horaires que les pays européens constituent deux avantages comparatifs énormes pour l'Afrique105(*).

    Cependant l'insuffisance des « infrastructures de transport aérien et terrestre et le manque de moyens financiers pour réaliser les investissements dans le domaine du réceptif et de l'hébergement »106(*) ne permettent pas à la plupart des pays d'Afrique de mettre en place une réelle politique de développement touristique.

    Par cet exemple africain, nous nous rendons compte de la complexité dans les faits de développer le tourisme. Il convient donc maintenant que nous avons élaboré notre cadre théorique, de le mettre à l'épreuve de la réalité ; d'analyser en un mot les limites de la théorie ?

    II. La réalité du lien Tourisme/ Développement

    « L'une des distinctions importantes entre l'idéologie et la science, c'est que la science reconnaît ce que l'on sait : il y a toujours de l'incertitude »107(*).

    Joseph E.Stiglitz

    Le choix de l'auteur et de la citation revêt ici une importance primordiale. En effet, l'ancien vice-Président de la Banque Mondiale met en garde contre les difficultés évidentes que rencontre toute théorie. Il conviendra donc dans la seconde partie de notre étude de déterminer les limites de notre paradigme.

    Il faut ici faire un retour à l'essence même du produit touristique (que l'on dénommera X) qui est « un ensemble complexe de bien composite dans le sens où il constitue une combinaison particulière de plusieurs éléments que sont le transport T, l'hébergement H et les différentes prestations d'animation ou autres commodités P ». En résumé, nous pouvons établir l'équation suivante : X = X (Y ;H ;P)108(*).

    C'est cette complexité qui fait que le tourisme, bien que nouveau vecteur de développement, comme nous l'avons souligné dans notre première partie, doit être ménagé et pris en compte avec les plus grandes précautions. En effet, alors que le tourisme est le principal pourvoyeur d'emplois et de richesses au monde, ce dernier reste incapable de se faire reconnaître. Pis, on accuse le tourisme de tous les maux dans les pays où il se développe. Que manque-t-il donc pour que l'on parvienne enfin à faire du tourisme un vecteur de développement indéniable? Le tourisme a en vérité simplement besoin d'être mieux structuré et, pour ce faire, il convient déjà de former les bases que nécessite toute industrie109(*).

    II.1. La main mise des pays développés sur le secteur

    Pour comprendre pourquoi le tourisme est souvent décrié comme un outil de domination des pays du Nord, il faut comprendre le fonctionnement de l'industrie touristique contemporaine. Avant d'analyser cela en détail, il m'est apparu essentiel, afin de planter le décor, d'évoquer l'accord de l'AGCS110(*).

    Comme il le stipule en son préambule, l'AGCS constitue le premier accord multilatéral à fournir des « droits légalement exécutoires au commerce des services ». A la lecture de cet accord, il apparaît évident que l'AGCS n'aurait jamais vu le jour sans les pressions et appui des multinationales de services des Etats développés111(*).

    A l'inverse, les Etats en développement marquèrent très vite leurs appréhensions face à cet accord ; en témoigne le fait que dès 1985, le secrétaire indien au Commerce , Prem Kumar exprimait les appréhensions de l'Inde dans le New York Times :

    « La libéralisation du commerce des services pourrait ne pas entraîner d'avantages comparatifs pour les pays les moins développés et remettre en cause la protection des industries naissantes. Par ailleurs elle pourrait affecter leur souveraineté nationale et leurs ambitions économiques. L'article 17 : il ne peut y avoir aucun traitement discriminatoire envers les acteurs étrangers ».

    En conséquence, l'AGCS retire à l'ensemble des Etats signataires leurs droits de protection de l'industrie des services. Respectant au pied de la lettre la théorie libérale112(*), cet accord sur les services risque d'entraver le développement de l'industrie des services dans les pays du sud et plus que tout les rendre encore plus dépendants du Nord. En effet, par cet accord les Etats ne pourront plus favoriser le développement d'entreprises locales ; les grandes entreprises du Nord pourront s'implanter comme elles le souhaitent. Dans le secteur du tourisme cela risque d'amener les grands groupes internationaux à maîtriser de plus en plus le circuit touristique.

    Avant même la mise en oeuvre de l'AGCS, l'industrie du tourisme utilise d'ores et déjà diverses techniques anti-compétitives vis-à-vis des entreprises des pays en développement. Ces techniques sont notamment le de-racking qui consiste à retirer les brochures des petits hôtels des étagères des grands tours opérateurs afin de négocier des commissions plus grandes; ou encore l'usage exclusif des systèmes de distribution globaux et des systèmes de réservation par ordinateur comme barrières à l'entrée du marché113(*), en vue d'exiger des commissions plus élevées de la part des petits tours opérateurs et des chaînes d'hôtels des pays en voie de développement114(*).

    Par ailleurs, bien au-delà de ces pratiques anti-concurrentielles, la conception du voyage forfait qui aboutit à des prix fondés à la fois sur le coût de transport aérien, du séjour hôtelier, de l'animation requise et de divers frais de gestion et de prévention, est le meilleur moyen de « brouiller les cartes »115(*). En effet, via cette pratique du « forfait », les grands groupes internationaux maintiennent d'une part une pression sur les marges des agences réceptives et hôteliers, et d'autre part ils maintiennent les profits dans le Nord, c'est ce que nous appelons « la fuite des bénéfices ».

    II.1.1.1. La fuite des bénéfices

    Quand les recettes quittent le pays.

    Un indicateur important de mesure de l'influence du tourisme sur le développement est sans conteste le taux de fuite qui indique dans quelle proportion l'économie locale est en mesure de conserver les recettes du tourisme116(*). Une étude de la banque mondiale en 1996 calculait déjà que 85% des recettes de la réserve kenyane de Maa Sari Mara revenaient à des grands groupes privés, contre 5% aux populations locales et 10% à l'administration.

    Le tourisme est donc certes une source importante de devises, mais dans les pays du Sud qui sont des destinations de vacances fréquentées premièrement par des touristes originaires des pays occidentaux, le poids commercial et de négociation des grands tours opérateurs réduit considérablement les recettes touristiques des économies nationales de ces pays, à quoi il faut ajouter les importations nécessaires pour satisfaire une demande exigeante en matière de consommation, nous reviendrons sur ce point plus loin.

    En un mot donc, les effets du tourisme international sur le revenu national peuvent être différents selon que le tourisme est largement intégré à l'économie nationale ou qu'il n'est pas intégré117(*). Dans ce dernier cas, les touristes étrangers sont hébergés et nourris par des sociétés hôtelières étrangères qui importent la quasi-totalité des équipements et des produits de consommation et qui rapatrient leurs bénéfices et les salaires de leur personnel étranger. C'est ce que l'on dénomme la main mise des tours opérateurs.

    L'influence des Tours opérateurs

    Les tours opérateurs transnationaux rapatrient donc une part croissante des profits dégagés par l'activité touristique118(*), les flux financiers se concentrant vers l'Europe et l'Amérique du Nord. En Thaïlande par exemple seul 30% des recettes liées au tourisme resteraient dans le pays119(*).

    Mais qui sont ces tours opérateurs ?

    Les tours opérateurs sont :

    « Des entreprises touristiques commerciales spécialisées dans la fabrication de voyages à forfait. Cette activité de producteur de voyages les distingue des agences de voyage qui n'interviennent habituellement que dans la commercialisation des produits touristiques en tant que détaillants » 120(*).

    Schéma TO

    Par cette activité centrale au sein du circuit touristique, les Tours Opérateurs peuvent exercer de fortes pressions sur les agences de voyages et les hôteliers.

    Par ailleurs, il est important de noter que la commercialisation traditionnelle des produits des tours opérateurs s'adapte aujourd'hui aux nouveaux modes de commercialisation de l'e-commerce121(*) et à la concurrence des tours opérateurs spécialisés dans ce nouveau secteur et dans les ventes de dernière minute. Ce type de tourisme favorise en vérité les entreprises des pays développés qui sont seules capables de répondre tant techniquement que financièrement à ce type de tourisme ancré dans le concept du « all inclusive package ». En effet, il convient d'expliquer ce phénomène pour comprendre la main mise des tours opérateurs sur le tourisme international. L'offre touristique auprès du grand public est le plus souvent mise en avant via des packages de séjour balnéaire ou encore de circuit. Ceci a pour conséquence de grandes négociations préalables à la commercialisation des destinations, or lors de ces grandes négociations, les agences de voyage ou les hôteliers n'ont pas les moyens de résister, et même de refuser les offres des Tours Opérateurs.

    Schéma package

    Nous pouvons prendre comme exemple ici le e-tourisme ; ce dernier est un secteur en pleine expansion car il offre des séjours à bas prix ; mais comment cela marche ? Qui est à la tête de ce business ? Il s'agit là encore des groupes occidentaux et cela pour plusieurs raisons. Premièrement, le e-tourisme nécessite de pouvoir encaisser des paiements via Internet ; or pour ce faire il faut mettre en place un système de paiement sécurisé que seul les banques occidentales sont capables d'offrir aujourd'hui. De ce fait les sites de ventes en lignes de séjour seront hébergés dans les pays du Nord, de nouveau les paiements restent au Nord qui redistribuera les profits à sa convenance (et surtout à son intérêt). Deuxièmement, le e-tourisme nécessite une capacité financière énorme. En effet, afin d'offrir des prix imbattables sur la toile, les grands groupes vont réserver les hôtels et les payer en général un an avant la réalisation de la prestation. Ainsi l'hôtelier accordera des rabais pouvant atteindre -50% à -60% étant donné le fait qu'il sera payé comptant. Cette pratique scie littéralement la concurrence des agences locales qui ne peuvent s'aligner sur de tels moyens financiers. Les tours opérateurs occidentaux verrouillant encore plus le circuit touristique.

    Schéma E tourisme

    Face à cette demande de produit « packager » et afin d'assurer un développement rapide, les Etats du Sud tendent à favoriser le cas du tourisme de masse nécessitant certes de forts investissements (généralement faits par des groupes étrangers) mais une main d'oeuvre abondante, peu qualifiée et surtout bon marché. Pourtant via ce type de tourisme, les pays du sud accueillent beaucoup de touristes sans pour autant bénéficier au maximum des retombées financières ; « dans ces packages les marges sont en effet réduites au minimum »122(*).

    Dans le même temps, la marge des tours opérateurs tend à s'affaiblir du fait de la concurrence de plus en plus accrue et surtout de la mise en place de comparateurs de prix, notamment sur Internet, qui amène les grands groupes à revoir leurs grilles tarifaires ; cette diminution des prix se répercute de nouveau dans les agences réceptives qui se voient imposer un barème de prix avant même d'établir une cotation. Mais les fabricants de voyages disposent également d'effets de leviers considérables lorsqu'ils peuvent dépasser leurs objectifs de coefficient de remplissage123(*), en cas d'affrètement d'avions charters en particulier.

    Comment réagir ?

    La coopération horizontale entre prestataires locaux de services touristiques constitue peut-être le point crucial de toute négociation commerciale. Il s'agit pour les prestataires locaux de se regrouper lors des négociations avec les voyagistes afin de bénéficier d'un effet d'échelle face à des acheteurs qui représentent un poids considérable. Cette coopération horizontale organisée plus fortement peut devenir un outil indispensable de la négociation commerciale. Cette coopération horizontale et verticale entre prestataires locaux de services touristiques est un des domaines les plus difficiles des négociations commerciales internationales mais peut-être un des plus prometteurs dans la mesure où il implique un nouveau type de partenariat qui peut servir de référence à l'utilisation de nouveaux contrats types entre prestataires locaux et voyagistes.

    Afin de réduire les méfaits établis par la main mise des grands groupes, certains mettent en avant une idée selon laquelle l'Etat devrait définir des priorités nationales et des objectifs sociaux :

    II.1.1.1.1. L'appropriation par le pouvoir public d'une part substantielle de l'excédent.
    II.1.1.1.2. La subordination des filiales des grandes entreprises à des objectifs précis de politique économique et d'intégration effective dans l'économie nationale
    II.1.1.1.3. La prévision et contrôle des conséquences sociales
    II.1.1.1.4. Le contrôle de la commercialisation internationale des produits exportés, ce qui exige une étroite coopération entre les pays producteurs.

    Nous reviendrons largement sur ce point plus loin mais avant cela il apparaît primordial de comprendre les exigences du tourisme internationale et surtout de la demande.

    II.1.1.2. La difficulté de s'adapter aux normes internationales

    Caractéristiques du tourisme d'aujourd'hui

    « L'ensemble du secteur du tourisme repose sur la construction de gisements touristiques, élaboration d'images à vendre dans le jeu de miroir qu'est ce nomadisme spécifique. Activité fantasmatique, le tourisme consomme de l'imaginaire autant que de l'évasion car le touriste vit souvent dans une bulle climatisée, aseptisée et sécurisée où beaucoup de ce qu'il voit, entend ou respire a été soigneusement élaboré en fonction de ce qu'il est et attend »

    Georges Cazes et Georges Courade.

    Par cette citation, on peut comprendre que le touriste, bien que loin de son pays et ayant souhaité un dépaysement certain, demande malgré tout un certain nombre de caractéristiques, de normes lors de son séjour. Il conviendra ici d'analyser dans un premier temps, le mode d'évaluation qu'utilise le touriste afin de jauger son séjour.

    Le tourisme est un « bien de confiance » selon la théorie élaborée par Lancaster, le consommateur ne connaît jamais par lui-même la qualité réelle des biens et services qu'il consomme124(*). Le temps est par ailleurs « l'unité d'expression et de mesure dans le tourisme »125(*) ; le touriste achète en effet des séjours dont la première caractéristique est leur durée et la seconde leur localisation.

    Le produit touristique est à contrario « de nature inélastique »126(*) du fait qu'il est peu adaptable aux modifications de la demande à court terme ; à l'inverse cette même demande est élastique par rapport au prix sur la moyenne et longue période127(*). Ajoutons que l'insuffisance d'un seul des services composant l'ensemble du produit peut remettre en cause la qualité du produit final. Ce qui constitue une des principales difficultés de la production touristique.

    En conséquence, les pays souhaitant mettre en avant le tourisme dans leurs économies seront contraints d'en accepter les normes ; si ces dernières peuvent paraître facilement applicables dans des pays détenant des infrastructures importantes, des biens d'équipements développés et une main d'oeuvre qualifiée ; il en est bien sûr autrement des pays en développement.

    Le manque de qualification : un obstacle à l'accès aux postes à forte valeur ajoutée

    L'adaptation aux normes internationales et surtout la nécessité de faire face à la concurrence internationale demandent une main d'oeuvre de plus en plus qualifiée et productive. Ceci constitue un désavantage stratégique des PMA où bien souvent l'éducation fait défaut128(*). En conséquence dans les pays en développement, on voit les travailleurs migrants occuper des postes techniques et de direction où il y a « insuffisance ou carence de personnel »129(*) : en général, ces expatriés occupent des postes de responsabilité et jouissent de bonnes conditions d'emploi et de rémunération. L'emploi de ce type de personnel étrangers représente bien entendu un coût élevé mais surtout il grève les progrès en matières de développement et de redistribution aux populations locales des bénéfices tirés du tourisme. Ceci explique la stratégie traditionnelle entre pays ayant une main d'oeuvre spécialisée insuffisante, d'orienter l'offre réceptrice vers des formules qui requièrent une moindre dotation de ce type d'employés qualifiés tout en faisant exploser la durée du travail pour pallier au manque de productivité130(*).

    La nécessité d'importer

    Les éléments qui limitent l'influence du tourisme sur le développement ne sont pas uniquement liés au secteur touristique en lui-même ; en effet la situation de l'économie de l'Etat peut expliquer une perte de profit engendrée par le tourisme. La critique de « l'accélérateur touristique »131(*) est ici primordiale : dans de nouvelles régions, ou dans des pays en voie de développement, l'importation induite de biens d'équipement touristique provoque à l'étranger, ou en dehors de la région, le fonctionnement de l'accélérateur à l'occasion de la demande de biens intermédiaires destinés à produire ces biens d'équipements. Il en est de même des importations induites par les distributions locales de revenu (notamment de salaire) : la demande de biens intermédiaires destinés à l'augmentation de cette production additionnelle a lieu à l'étranger. L'accélérateur ne joue ici que dans la mesure où une partie du revenu distribué localement se porte sur la demande locale. Ici la production locale doit augmenter : la demande de biens intermédiaires s'accroît plus que celles des biens finaux.

    Plus le niveau et le pourcentage des importations seront élevés, moins seront les revenus découlant de l'application du « multiplicateur touristique »132(*). Par ailleurs la hausse des prix liée au tourisme peut, selon son intensité, annuler ou réduire sérieusement l'effet cumulatif attendu.

    Ainsi, afin de se conformer aux normes internationales, et ce malgré l'insuffisance des marges financières dégagées, les pouvoirs publics (Etat, régions ou collectivités locales) devront mettre en place une politique active d'amélioration de la qualité des infrastructures d'accueil et d'hébergement pour133(*) :

    II.1.1.2.1. Encourager les investissements de la qualité à la fois du point de vue de la construction et du contenu culturel des projets d'urbanisme
    II.1.1.2.2. Favoriser la formation professionnelle de l'ensemble des facteurs du tourisme
    II.1.1.2.3. Mettre en place les montages financiers adaptés

    Face à ce constat, la plupart des experts indépendants recommandent aux autorités nationales de préparer et d'encadrer le tourisme, en vue d'optimiser les retombées positives et de minimiser les coûts sociaux et environnementaux134(*). L'Etat devra ici s'investir afin de répondre aux besoins du tourisme tout en espérant que le multiplicateur de l'investissement keynésien soit en rendez-vous.

    II.2. Les besoins du tourisme nécessitent l'investissement de l'Etat

    Au regard des statistiques établies par l'OMT, on se rend compte que parmi les pays en développement, ce sont les pays les plus en retard qui accusent, en général, des déficits touristiques135(*). En effet, ils ne disposent pas des infrastructures de transport, d'hébergement et de restauration, pour répondre de façon satisfaisante à la demande touristique internationale. Par conséquent, ils n'ont qu'une clientèle touristique faible voire très faible. En Afrique, la sous région occidentale est celle qui présente les déficits les plus élevés, suivie de l'Afrique centrale et l'Afrique Australe. Un des objectifs essentiels de leur politique touristique est, en conséquence, de procéder aux aménagements touristiques qui permettront de recevoir un flux accru de touristes étrangers et ainsi d'équilibrer leur balance, voire de la rendre positive.

    Dans ce contexte, le pays sous-développé se doit d'investir136(*) ; les concours financiers au pays en développement sont apportés sous forme de prêts à long terme par la Banque Mondiale, de prêts à taux d'intérêt bonifié via l'Agence Internationale de Développement et de prise de participation des Sociétés Financières Internationales137(*). Il convient de remarquer cependant l'insuffisance du financement concernant directement les investisseurs touristiques. Cette insuffisance conduit, pour de nombreux pays à une sous-exploitation économique de leur potentiel touristique et pénalise une forme de développement bien adaptée à la situation de certains pays.

    Ceci est notamment dû au fait que pour les pays en développement, les exigences des investisseurs notamment internationaux sont très élevées avec des taux de retour sur investissement de l'ordre de trois à quatre ans pour tout investissement touristique dans ces pays. Ceci implique la nécessité de laisser à la charge des gouvernements le financement des infrastructures, très souvent onéreuses.

    Face à cette donne, l'Etat doit :

    II.2.1.1.1. Déterminer les objectifs et les moyens des politiques macro économiques de développement touristique
    II.2.1.1.2. Evaluer les effets multiplicateurs de ces politiques sur la production et sur la consommation
    II.2.1.1.3. Rechercher les limites de ces politiques face à la protection de l'environnement naturel et social

    En répondant à ces trois objectifs, l'Etat pourra ainsi développer le secteur du tourisme en répondant aux besoins de ces derniers, tout en favorisant le développement de sa population.

    1. Répondre aux besoins...

    Le tourisme comprend des besoins primaires clairement définis: il faut pouvoir acheminer les touristes, les héberger en répondant le plus possible aux normes occidentales, les faire circuler rapidement et confortablement ; il faut également leur offrir un service de qualité138(*).

    Le besoin d'infrastructures

    Développer le tourisme exige la construction d'infrastructures importantes qui représentent des investissements énormes alors même que la grande majorité de la population du pays ne profitera pas de telles infrastructures139(*). En effet, dans les pays du Sud, la grande majorité de la population n'a pas d'appareils électriques et ne dispose pas de véhicules pour utiliser les routes. Dans ce contexte, le développement de voies de communication ou de réseaux électrique ne conférera presque aucun avantage à une grande partie de la population qui n'a ni les moyens ni les capacités financières pour utiliser les nouvelles infrastructures.

    Malgré tout sans infrastructures, on ne peut développer le tourisme, cependant dans le cadre des pays en développement, il conviendra de faire coïncider au maximum la création d'infrastructures avec les intérêts du développement local. Ou tout au moins de ne pas utiliser l'ensemble des profits générés par le tourisme pour uniquement des biens sans rapport avec le développement du bien être local.

    Par ailleurs, des régions telles que l'Afrique et l'Asie du Sud ne disposent pas des infrastructures d'accueil et de transport suffisantes. Il convient donc aux Etats de favoriser les investissements privés par le biais d'une fiscalité ou d'un droit avantageux afin de répondre aux capacités d'accueil. Dans ce contexte, le transport aérien à l'île Maurice peut être considéré comme un des principaux exemples d'adéquation avec le développement d'un tourisme haut de gamme. En effet, la compagnie Air Mauritius est équipée des appareils les plus modernes et performants ce qui lui permet de relier les principaux marchés touristiques de l'île Maurice par des vols non-stop vers la France, la Suisse, l'Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni ainsi que vers l'Afrique du Sud, l'Australie, l'Inde et l'Asie du Sud Est140(*).

    Favoriser les PME du secteur touristique

    Par ailleurs, au sein des économies en développement, une forte part des prestations touristiques est réalisée par de petites et moyennes entreprises (PME)141(*). La plupart de ces entreprises ont une base locale, à travers l'emploi et l'achat de produits de base locaux, leur interdépendance avec l'économie locale étant ainsi particulièrement forte. En reconnaissant leur rôle dans le développement du tourisme, les directives pour le développement de la Commission pour le Développement Durable des Nations Unies ont souligné la nécessité pour les gouvernements de « les soutenir aussi bien financièrement que techniquement et de réduire leur fardeau administratif ».

    Il apparaît ici primordial d'offrir un cadre tant juridique que financier clair aux réceptifs locaux. Cela passe nécessairement par une stabilité politique comme le souligna le rapport du NEPAD. Dans de nombreux Etats sous-développés, le droit des affaires tout comme les normes (comptables par exemple) ne favorisent pas le développement de l'économie. Obsolètes et corrompus, ces éléments primordiaux constituent un frein au développement. A l'inverse, le tourisme est un secteur parfaitement normé au niveau international, ce décalage entraîne un fort désavantage pour les pays du Sud. Dans ce contexte, les gouvernements se doivent de clarifier leurs droits et normes ; plus que tout il leur faut favoriser le développement de la « liberté d'entreprise » en offrant à leurs PME les outils et protections nécessaires pour faire face à la concurrence internationale.

    La nécessité de qualification et formation de la population locale

    Nous avons noté précédemment que le tourisme nécessite une forte main d'oeuvre peu qualifiée, malgré toutes les normes internationales, la concurrence que se livrent les destinations142(*) et plus que tout l'exigence des touristes entraîne un besoin de qualification. De plus, afin d'avoir les moyens de contracter les postes à forte valeur ajoutée et donc éviter la fuite des bénéfices, la formation de cadres locaux est une des priorités si l'on veut profiter efficacement du développement via le tourisme.

    La formation professionnelle est donc une tâche que devrait assumer l'administration publique de chaque pays sous-développé en priorité afin de gérer au mieux les profits du tourisme.

    Politique économique globale à mettre en place :

    Le tourisme nécessite des investissements énormes, il s'agit par conséquent d'une industrie lourde ; or les PMA ne peuvent se permettre de financer l'ensemble de ces derniers. Il convient donc à chaque Etat de mettre en place une politique économique globale afin d'attirer les investisseurs privés du Nord143(*).

    Les moyens financiers et fiscaux concernent l'ensemble des politiques du crédit, des taux d'intérêt et des impôts. Ils ont pour but de créer un climat favorable de l'épargne, aux investissements et à la création de nouvelles activités touristiques, qui profitent à l'ensemble de l'économie. Une diminution de la fiscalité, combinée à une baisse des taux d'intérêt, favorise le tourisme parce qu'elle crée les conditions d'une augmentation des investissements touristiques, c'est à dire d'une offre compétitive et par conséquent une augmentation de la demande144(*).

    Les mesures budgétaires comprennent quant à elles le financement par l'Etat du budget de l'administration nationale du tourisme par l'attribution de subventions destinées à encourager des activités considérées comme prioritaires ; de prêts permettant de favoriser les investissements lourds d'infrastructures touristiques, de transport et d'hébergement.

    Les mesures monétaires ont pour but de maintenir la compétitivité internationale des produits touristiques du pays. Pour cela, de nombreux Etats adoptent une véritable stratégie de change composée de dévaluations destinées à compenser l'inflation intérieure, ou à réduire la concurrence étrangère.

    Les mesures fiscales portent essentiellement sur les avantages fiscaux consentis aux entreprises touristiques : exonérations, déductions, délais.

    Les moyens économiques concernent la politique budgétaire et monétaire. Leurs effets ont un impact sensible sur l'évolution des prix intérieurs et sur les taux de change. Une politique d'expansion trop rapide du budget et de la masse monétaire peut provoquer des effets négatifs sur l'économie nationale en favorisant l'inflation et le déficit extérieur. Les mesures d'encouragement budgétaire voient, dans ces conditions, leurs portées se réduire. Il en résulte que les politiques macroéconomiques, budgétaires et monétaires, ne sont pas suffisantes pour favoriser le tourisme.

    L'Etat se doit donc de répondre aux besoins du tourisme afin d'en faire un secteur stratégique de son développement. Toutefois cet investissement énorme dans les infrastructures... ne doit pas avoir pour conséquence de limiter la redistribution des profits à la population. En effet, le tourisme est dans notre paradigme, un vecteur de développement ; son but est par conséquent l'amélioration du bien être de la population locale. Dans ce contexte, la mission la plus difficile de l'Etat est de savoir répondre à la fois aux besoins du tourisme tout en favorisant la population locale. Le développement du tourisme pouvant avoir des conséquences néfastes s'il est mal maîtrisé et si les populations civiles ne sont pas associées aux projets145(*) ; répondre aux besoins du tourisme tout en favorisant les populations locales... tel est le véritable pari de notre théorie.

    2. ... Tout en favorisant la population

    La relation du tourisme avec le développement n'est pas linéaire, en effet de nombreux contre-exemples le démontrent. Cette relation existe, mais elle n'est pas toujours directe, le tourisme n'est en vérité qu'une activité économique, certes avec ses particularités, mais qui ne peut être dissocié ni du contexte social, où il s'opère, ni du contexte économique. C'est-à-dire, qu'analyser le tourisme de façon isolée des autres facteurs du développement est une erreur conceptuelle, lorsque l'objectif est planifié et organisé alors nous verrons apparaître un contexte économique et social favorable au développement de l'économie et de la société. Le tourisme n'est qu'un axe de la politique de développement, à l'image de l'agriculture, de l'éducation, de la santé...

    Préserver les modes de vie des populations locales

    Arrêtons nous un instant sur l'article 9 du code mondial d'éthique de l'OMT qui tente de mettre en lumière les risques d'acculturation qu'engendre le tourisme dans les pays sous-développés :

    «  les entreprises multinationales de l'industrie touristique ne doivent pas abuser de situations de positions dominantes qu'elles détiennent parfois ; elles doivent éviter de devenir le vecteur des modèles culturels et sociaux artificiellement imposés aux communautés d'accueil ; en échange de la liberté d'investir et d'opérer commercialement qui doit leur être pleinement reconnue, elles doivent s'impliquer dans le développement local en évitant par le rapatriement excessif de leurs bénéfices ou par leurs importations induites, de réduire la contribution qu'elles apportent aux économies où elles sont implantées »146(*).

    Souvent critiqué, il est évident que le tourisme peut amener des impacts particulièrement négatifs147(*) ; en effet le tourisme vers les pays en développement est malheureusement souvent associé à l'idée du tourisme "sexuel" ou "sexuel avec des mineurs". Il est évident que toute déviance dans le comportement des touristes doit être condamné avec la plus grande fermeté. La position des organisations internationales, qui ont pour mission la promotion des libertés des enfants, des femmes et des hommes ou encore la promotion du tourisme, est d'ailleurs très ferme à cet égard. Pourtant dans les pays en développement, le secteur informel et de la criminalité sont souvent moins contrôlés faute de moyens mais également du fait de la corruption des agents publics148(*).

    A l'occasion de la réunion mondiale sur les impacts sociaux du tourisme, qui s'est tenue à Manille en mai 1997, il fut reconnu que des pratiques telles que la prostitution des mineurs étaient de « notoriété publique » dans certains pays et particulièrement les pays sous-développés. Dans ce rapport, on rappela que certes le tourisme est un moment d'évasion et de rupture avec la vie quotidienne, et que l'on ne peut rendre responsable le secteur touristique des excès provoqués par des touristes individuels. Malheureusement, le rapport souligna également que le tourisme amène les individus dans des contextes culturels différents du sien et à ce titre il est un facteur qui encourage ce type de pratiques. Dans de telles circonstances, le tourisme crée un contexte qui favorise le développement des activités illicites comme la prostitution.

    Il ne faut certes pas baisser les bras devant ces arguments. Mais ils sous-entendent que combattre l'offre peut être une option, mais probablement pas la solution, car il existe aussi une demande. Les actions pour lutter contre ces activités, dans le cadre du tourisme durable, sont de différentes natures :

    « Informer ; inciter les exploitants des infrastructures touristiques à prendre des mesures afin de réduire la marge de manoeuvre et l'espace de ces activités ; faire pression sur les gouvernements afin de faciliter les procédures de poursuites judiciaires entre Etats ; mais aussi réfléchir sur les causes réelles de ces pratiques et agir en conséquence - penser à la richesse potentielle du tourisme et aux systèmes possibles de redistribution, par exemple... »149(*).

    Le rejet de la primauté aux touristes

    Béatrice Dehais dans un travail consacré à la mondialisation et aux dégâts du tourisme150(*) souligna que :

    « Les modes de consommation des touristes en eau et en électricité conduisent souvent à détourner les ressources disponibles au détriment des habitants ».

    Par ailleurs, comme nous l'avons vu, le traitement que le tourisme reçoit de l'Accord général sur le commerce des services (AGCS) est en passe de rendre hors la loi toute réglementation nationale ou locale limitant de quelque manière que ce soit l'accès des multinationales du secteur aux marchés nationaux. Tout effort régulateur visant à subordonner les intérêts des investisseurs à ceux des habitants serait dès lors voué à l'échec.

    Déjà dans les pays développés, on remarqua que les infrastructures touristiques prévues pour les périodes de pointe sont sous-utilisées en dehors de la haute saison ; dans les pays sous-développés, c'est généralement l'ensemble des infrastructures qui restent sous utilisées par les populations locales du fait qu'elles n'en n'ont pas réellement l'utilité.

    L'existence de goulots d'étranglement concernant certains produits, très demandés par les touristes étrangers et consommés habituellement par la population locale (poissons, viandes, fruits) a des effets inflationnistes qui peuvent se propager sur l'ensemble de l'économie. Ce risque inflationniste est important dans les pays en développement parce que l'élasticité de l'offre est faible et parce que l'accroissement des importations n'est pas possible du fait de la pénurie de devises. Les politiques d'accompagnement du développement touristique résident dans ce cas soit dans une réduction de la demande nationale ou touristique étrangère, soit dans un accroissement de l'offre grâce à une augmentation de la production nationale ou par une augmentation des importations payées grâce aux devises apportées par les touristes étrangers consommateurs.

    Face à cela, l'Etat se doit de réagir ; le développement du tourisme ne devant pas se traduire par une diminution de l'accès aux produits de vie courante (notamment alimentaire) pour les populations locales151(*). Dans ce contexte, il est évident, et il n'est pas anodin de finir notre étude par ce point, que la redistribution des profits générés par le tourisme doit être la priorité absolue de l'Etat.

    La redistribution comme donnée fondamentale

    Dans de nombreux pays sous-développés, les gouvernements pêchent par leur volonté d'augmenter les recettes du tourisme en maximisant le nombre de visiteurs, au lieu de s'engager dans la recherche de méthodes de redistribution de ces profits à la population locale.

    Certes la mise en place d'une politique de développement de tourisme rencontre quelques difficultés notamment l'insuffisance des financements à affecter au développement de l'activité touristique  où encore la domination des sociétés internationales, sur lesquelles les gouvernements ont très peu de pouvoir de contrôle ; il y a également le besoin de se positionner face à d'autres destinations des pays en développement, le tout sur un marché mondial du tourisme hautement concurrentiel152(*). Par ailleurs, l'utilisation du tourisme comme vecteur de développement reste en concurrence avec la vision classique du développement prônée par les institutions internationales.

    Cependant le principal défi au développement aujourd'hui est l'amélioration du niveau de vie. L'Etat se doit d'évaluer la pauvreté, de définir les projets de développement et de mesurer leurs capacités à lutter contre la pauvreté. L'extension des bénéfices tirés du tourisme à d'autres usages doit permettre de rendre polyvalente l'action de l'Etat153(*).

    Le rôle du tourisme comme facteur de développement dans les PED n'est pas toujours positif. En effet, certains gouvernements ont facilité l'implantation de clubs de vacances ayant pour but un développement spécialisé de l'activité154(*). Ce type de structure d'accueil est particulièrement sensible aux fluctuations des motivations de la demande et est en majeure partie subordonnée aux marchés extérieurs. D'autres pays ont eu tendance à inciter les tours opérateurs et autres agents de l'activité à développer leur tourisme en utilisant les petites entreprises locales. Aussi, une centralisation quelque fois excessive du pouvoir de décision dans ces pays a laissé une marge réduite de manoeuvre, de parole et de participation de la population locale.

    Le climat actuel de réorganisation et restructuration des institutions internationales pourrait être l'occasion, pour les PED, de s'organiser afin de pouvoir faire face à un certain type d'investissement dans le secteur touristique. Cette culture du voyage, basée sur le facteur prix « à condition que la qualité standard internationale soit assurée », ne valorise pas les pays du Sud. Le rôle du tourisme comme facteur de développement sera plus clairement perçu dès lors que les éléments qui concourent au choix du touriste seront plus proches des valeurs qui font la particularité de la destination. Souvent, le levier du système de prix vient compenser un déficit d'image de la destination. La responsabilité ultime du succès d'une politique de développement du tourisme revient probablement aux professionnels du marketing, pour qu'ils réussissent à imprimer une identité qui soit en adéquation avec le processus de planification du développement de la destination.

    Conclusion.

    Après cette étude poussée sur ce lien entre le tourisme et le développement, il convient de dresser un bilan mais surtout les perspectives pour la poursuite de la réflexion.

    Que doit-on retenir de notre étude ? Que le tourisme offre sans conteste aujourd'hui une opportunité de développement à de nombreux états du Sud. Bien entendu des questions restent encore en suspend, il faudra poursuivre la réflexion autour de la valeur ajoutée qualitative qu'apporte le tourisme dans l'économie d'un Etat. De nombreuses pistes méritent d'être approfondies telles que l'influence du tourisme sur la restructuration des centres urbains, sur la revalorisation des espaces naturels et ruraux155(*).

    Dans notre étude, nous avons souligné tout le potentiel du tourisme en tant que vecteur de développement. Toutefois, il engendre trop souvent des effets négatifs.

    « Lorsque les touristes viennent passer leurs vacances dans des pays où les populations gèrent des équilibres plus ou moins stables avec les ressources disponibles, ils sont des facteurs perturbateurs et destabilisateurs, par la consommation induite par leur présence : en ressources hydriques, en énergie et carburants, en biens alimentaires... Ils sont également à l'origine de la production de déchets et d'effluents supplémentaires rarement traités, qui occasionnent des impacts variables sur la biodiversité156(*). »

    La responsabilité de ces effets négatifs est partagée entre les autorités locales qui ne savent gérer un tel afflux de touristes, et les grands Tours Opérateurs étrangers qui expédient des « hordes de touristes vers ces destinations, avec une sensibilité plutôt poussée vers l'optimisation des capacités de transport que vers les pressions exercées sur le patrimoine ou les populations d'accueil 157(*)».

    Par ailleurs, il convient de rappeler que le dynamisme actuel du tourisme international reste très dépendant de la conjoncture politique internationale et des effets des mécanismes économiques, notamment monétaires : « la croissance du tourisme mondial demeure soumise à la situation économique dans les principaux marchés émetteurs notamment des Etats-Unis, de l'Union Européenne et du Japon »158(*).

    Afin de mieux saisir les raisons des effets à la fois positifs et négatifs du tourisme, il convient d'étudier l'état d'esprit du voyageur en ce début de 21e siècle, il s'agit d'une :

    « Fusion paradoxale entre deux personnages extrêmes : Phileas Fogg et Robinson. Entre l'homme pressé à la Paul Morand et le rêveur solitaire savourant le simple bonheur d'être au monde, la saveur des fruits, le plaisir d'une plage au soleil »159(*).

    Cet état d'esprit nous oriente vers la confrontation entre le voyageur et le touriste ; ou plus exactement entre « l'activisme du voyageur et la passivité du touriste160(*) ». Il est évident que le tourisme peut désorganiser en profondeur une société lorsqu'un simple pourboire en dollars ou un « service sexuel » suffisent à dépasser le salaire mensuel local.

    Ce constat amena Duterme a se demander si finalement « la monoculture du tourisme massifié n'est-elle pas autre chose qu'un nouvel usage occidental du monde ?». Le tourisme devenant de facto une nouvelle forme de domination des pays du Nord sur ceux du Sud. Face à cette donne, nous pouvons émettre la suggestion de passer de « l'advocacy platform » à « l'adaptancy platform » : un ordre touristique équitable, responsable et durable161(*).

    En effet, à l'heure où la conscience pour les questions de respect des populations et de développement commencent à pénétrer les habitudes de consommation, il convient aujourd'hui de proposer aux voyageurs des produits répondant aux nouvelles valeurs162(*).

    Dans notre étude, nous nous sommes rendus compte que le tourisme n'était donc pas une solution miracle aux problèmes de développement, toutefois si vendre du rêve aux touristes majoritairement occidentaux peut permettre aux populations des pays en développement de réaliser les leurs ; l'opportunité mérite d'être poursuivie et regardée de plus près.

    * 1 Rapport du NOPADA Octobre 2001, page 1.

    * 2 Source rapport du NOPADA Octobre 2001, page 1

    * 3 Il convient ici de se référer au livre de François Perroux, Pour une philosophie du nouveau développement ; Presses de l'UNESCO, Paris, 1981, 279 pages.

    * 4 Précédemment l'ensemble des cadres théoriques sur le développement affirmait que s'il y avait croissance, il y aurait développement.

    * 5 Celso Furtado, théorie du développement économique ; PUF, Paris, 1976, page 203

    * 6 Cf. Celso Furtado, Théorie du développement économique ; PUF, Paris, 1976 ; page 208

    * 7 Joseph Stiglitz, la grande désillusion ; Fayard, Paris, 2006, page 55.

    * 8 Il s'agit ici de ce que dénonce Bennett comme « Processus Dictatorial bienveillant ».

    * 9 C'est ce que nomme Stiglitz comme modèle américain de la Banque Mondiale.

    * 10 Joseph E. Stiglitz, La grande désillusion ; Fayard, 2002 ; page 48.

    * 11 Sur ce point se référer au livre de Massimo Tommasoli, le développement participatif ; 2004.

    * 12 Ben Brik Anis, thèse sur le tourisme et développement durable, 2004 ; page 8.

    * 13 Joseph E. Stiglitz, La grande désillusion ; Fayard, 2002 ; page 17.

    * 14 Ben Brik Anis, thèse sur le tourisme et développement durable, 2004.

    * 15 Idem

    * 16 Ben Brik Anis, thèse sur le tourisme et développement durable, 2004 ; page 8.

    * 17 Ben Brik Anis, thèse sur le tourisme et développement durable, 2004.

    * 18 Sur ce point, il convient de prendre en référence les théories de Furtado, Sunkel, Cardoso et Faletto.

    * 19 Il s'agit de la théorie d'Amartya Sen que nous verrons plus loin.

    * 20 Rapport du NOPADA Octobre 2001, page 1.

    * 21 Guide à l'intention des autorités locales : Développement durable du tourisme, OMT, 1999, p. 18 à 23.

    * 22 Joseph E. Stiglitz, La grande désillusion ; Fayard, 2002 ; page 89.

    * 23 Joseph Stiglitz est professeur d'économie, Prix Nobel d'Economie, ancien conseiller de Bill Clinton, qui en 1999 démissionna de son poste de Vice-président de la Banque Mondiale en expliquant qu'il préférait partir « plutôt que d'être muselé ».

    * 24 Sur ce point précis, il est conseiller de se référer au livre de Celso Furtudo, Théorie du développement économique ; PUF, 1976 ; et plus particulièrement au chapitre intitulé « Dépendance externe et sous développement ».

    * 25 Selon le terme utilisé par Celso Furtudo dans son livre « Théorie du développement économique » ; PUF, 1976 ; page 205

    * 26 Cette partie infime, étant comme le relève François Xavier Vershave dans son livre « Françafrique », essentiellement composé des hommes de pouvoirs et hauts industriels totalement en adéquation avec les Politiques des pays du Nord.

    * 27 Nous pourrions ici approfondir notre analyse de la dépendance par une étude poussée des systèmes de pouvoir et des racines culturelles et historiques de ces dernières.

    * 28 Celso Furtudo, Théorie du développement économique ; PUF, 1976 ; page 206.

    * 29 Celso Furtudo, Théorie du développement économique ; PUF, 1976

    * 30 Celso Furtudo, Théorie du développement économique ; PUF, 1976 ; page 203

    * 31 Stéphanie Treillet, l'économie du développement ; Nathan, 2002, page 11

    * 32 De plus, l'idée selon laquelle il n'existerait qu'un état unique de développement souhaitable est trop figée. Comme l'écrivent Pierre Dockès et Bernard Rosier dans leur ouvrage l'histoire ambiguë (Puf, 1988) : « le fait que l'ère de consommation de masse soit la finalité posée du développement exprime bien que pour ces auteurs (Rostow) toute société est appelée à rejoindre la société américaine posée comme référant absolu, par une analyse réduisant l'histoire à un schéma linéaire et répétitif qui nie toute spécificité des sociétés... et empêche toute politique alternative ».

    * 33 Voir sur ce point l'ouvrage de Hymes « the multinational corporation and law of unerdevelopment »

    * 34 Amartya Sen, Un nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page 15.

    * 35 Amartya Sen, Un nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page 16 et 17.

    * 36 Amartya Sen, Un nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page 20.

    * 37 Cette théorie tire sa dénomination du Nom de l'ancien Premier Ministre de Singapour Lee Kuan Yewselon.

    * 38 Amartya Sen, Un nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page 30.

    * 39 Cf. Supra

    * 40 Amartya Sen, Un nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page 59.

    * 41 Amartya Sen, Un nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page 72.

    * 42 Il s'agit ici du titre du chapitre 4 de l'ouvrage d'Amartya Sen intitulé Un nouveau modèle économique.

    * 43 Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique

    * 44 Ce concept découle des théories de la croissance équilibrée et déséquilibrée (Hirschman).

    * 45 L'analyse de ce raisonnement appelé « causalités circulaires cumulatives » par Gunnar Myrdal, se retrouve dans l'ouvrage de Stéphanie Treillet, l'économie du développement ; Nathan, 2002, page 54.

    * 46 Ceci est exprimé dans le rapport lui-même qui « représente une promesse faite par des dirigeants africains de placer leurs pays sur la voie d'une croissance et d'un développement durables ». Rapport du NOPADA Octobre 2001, page 1.

    * 47 Rapport du NOPADA Octobre 2001, page 1.

    * 48 Le rapport du NEPAD parle ici de « plafonnement de l'aide publique »

    * 49 Rapport du NOPADA Octobre 2001, page 2.

    * 50 Rapport du NOPADA Octobre 2001, chapitre relatif aux initiatives pour la paix, la sécurité et la bonne gouvernance ; page 16 à 19.

    * 51 Boris Martin, Voyager autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002, page 50

    * 52 Comme le souligne Gabriel Wackermann dans son livre loisir et tourisme ; SEDES, 1994, 254 pages.

    * 53 Jean Michel Hoerner, Traité de tourismologie ; collection études, 2002, page 17.

    * 54 En Français : sable, mer, soleil et sexe

    * 55 Voir le schéma en annexe (1) de la demande touristique .

    * 56 Jean Michel Hoerner, Traité de tourismologie ; collection études, 2002, page 31.

    * 57 Jean Michel Hoerner, Traité de tourismologie ; collection études, 2002, page 32.

    * 58 Voir en annexe (2) le schéma de l'implication du Moi dans le tourisme.

    * 59 Centre indien de recherche Equations, Expansion du tourisme international et libéralisation des services ; Alternatives Sud, volume 13, 2006.

    * 60 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 51.

    * 61 Par exemple, le secteur du tourisme a permis à l'Espagne de devenir la huitième puissance industrielle du monde en lui fournissant, au cours de sa croissance, sensiblement autant de devises étrangères que ses exportations.

    * 62 Cf. analyses du BIT (Bureau International du Travail).

    * 63 Mimoun Hillali, le tourisme international vu du Sud ; Presses Université du Québec, 2003.

    * 64 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 52.

    * 65 Georges Cazes, Georges Courade, les masques du tourisme ; Revue Tiers Monde, n°178, Avril-Juin, 2004.

    * 66 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 2.

    * 67 Source OMT, ce poids considérable du tourisme représentant ainsi 30% de l'ensemble des services mondiaux ; voir également en annexe (3) le tableau des arrivées et recettes du tourisme mondial.

    * 68 Bernard Duterme, expansion du tourisme international : gagnants et perdants ; Alternatives Sud, Volume 13, 2006

    * 69 Voir annexe (4) tableau sur les tendances et prévisions du tourisme mondial.

    * 70 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 2.

    * 71 Source OMT.

    * 72 Voir annexe (5) tableau sur les prévisions des arrivées touristiques par régions.

    * 73 Source UNWTO, Organisation Mondiale du Tourisme au Nations Unies, « tourism market trends », 2006. Voir également tableau en annexe (p253).

    * 74 Source UNWTO, « Tourism market Trends », 2006 ; voir également l'annexe (6) tableau sur les arrivées de touristes internationaux dans les PMA.

    * 75 Source OMT et François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 16.

    * 76 Bernard Duterme, expansion du tourisme international : gagnants et perdants ; Alternatives Sud, Volume 13, 2006

    * 77 Ce compte de trésorerie affiche les recettes par rapport aux dépenses.

    * 78 Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page 74.

    * 79 Voir l'annexe (7) schéma d'un compte du tourisme.

    * 80 Selon l'OMT, le tourisme est en effet la principale source de devises pour 46 des 49 PMA.

    * 81 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 58.

    * 82 Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?, 1994, page 11.

    * 83 Cette étude fut faite dans le cadre d'une commission régional du Canto de Vaud.

    * 84 Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page 45.

    * 85 C'est par le biais de ces nouveaux indicateurs que l'on a pu par exemple déterminer que en Gambie le tourisme représente 58% du revenu national.

    * 86 Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page 46 ; on note que un emploi direct crée de 1 à 3 emplois indirects ou induits selon les pays.

    * 87 La complexité du calcul des emplois liés au tourisme ne nous permettant pas d'avoir des données plus précises et récentes ; nous ne pouvons qu'établir des estimations pour ce début de 21e siècle.

    * 88 D'après un document du WTTC, « Travel & Tourism - The World's Largest Industry and Generator of Jobs », Conférence de Vilamoura, 1997

    * 89 Tout en offrant de nombreux postes à des jeunes l'été afin de conserver une main d'oeuvre peu chère et abondante.

    * 90 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 78.

    * 91 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 22.

    * 92 Un exemple frappant ici peut être celui des femmes de chambres des les Hôtels des pays sous-développés. En effet, par le biais de rencontre d'Hôteliers à Madagascar, j'ai pu noter que nombre d'entre eux exigés une hygiène irréprochable à leur personnel. Via cette exigence, de nouvelles habitudes se sont mises en place au sein des proches du personnel de l'Hôtel créant ainsi une sorte de cercle vertueux.

    * 93 A l'exception du secteur des combustibles et produits pétroliers qui lui représente la principale source de devise pour trois PMA à savoir l'Angola, la Guinée Equatoriale et le Yémen. Source OMT.

    * 94 Cf. la première partie de notre étude.

    * 95 Cette dernière s'évaluant et se remboursant en dollar le plus souvent, et dans certains cas en euro.

    * 96 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 21.

    * 97 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 21.

    * 98 En effet, proportionnellement un séjour de type balnéaire est souvent moins coûteux qu'un voyage de type circuit ou découverte.

    * 99 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 22.

    * 100 Les packages all inclusive représentent environ 60% des voyages organisés.

    * 101 Ceci est dû au fait que les grands tours opérateurs mettent en place des allottements (réservations) plusieurs mois voir plusieurs années avant l'arrivée des touristes ; ceci exerçant une pression phénoménale sur les hôteliers qui acceptent des rabais considérables dans l'optique d'avoir un taux de remplissage maximum.

    * 102 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 67.

    * 103 Parmi les pays européens, la France demeure le premier pays émetteur de touristes vers l'Afrique avec plus d'un million de touristes par an, suivi de l'Allemagne et du Royaume-Uni. Dans le tourisme africain, la part prépondérante est conférée à l'Afrique du Nord. Source OMT.

    * 104 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 34.

    * 105 Voir en annexe (8) tableaux sur le tourisme en Afrique.

    * 106 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 35.

    * 107 Joseph E. Stiglitz, « la Grande Désillusion », Fayard, 2002, page 363.

    * 108 Jean Louis Laccomo, Bernardin Solonandrasana, l'innovation dans l'industrie touristique ; l'Harmattan, 2006, page 23.

    * 109 Voir Jean Michel Hoerner, Traité de tourismologie ; collection études, 2002, page 154.

    * 110 Accord Général sur le Commerce des Services.

    * 111 « Sans l'énorme pression générée par le secteur des services financiers américain (American Express et Citicorp), il n'y aurait pas eu d'accord », David Hartridge, directeur de la Division des services à l'OMC. Conférence de Londres en 1997.

    * 112 Le site officiel de l'Union Européenne mentionne que « l'AGCS n'existe pas juste entre les gouvernements. Il est d'abord et surtout un instrument au profit des affaires ».

    * 113 Dans le monde, trente centrales intégrées gèrent les réservations de près de 20 000 hôtels situés sur l'ensemble du globe. Bien entendu, ces centrales intégrées sont détenus par des groupes localisés dans les pays du Nord. Voir Jean Michel Hoerner, Traité de tourismologie ; collection études, 2002, page 126.

    * 114 Centre indien de recherche Equations, Expansion du tourisme international et libéralisation des services ; Alternatives Sud, volume 13, 2006.

    * 115 Voir Jean Michel Hoerner, Traité de tourismologie ; collection études, 2002, page 131.

    * 116 KT Suresh, Alternative démocratique à la logique dominante du tourisme mondial ; Alternatives Sud, Volume 13, 2006.

    * 117 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 287.

    * 118 Bernard Duterme, expansion du tourisme international : gagnants et perdants ; Alternatives Sud, Volume 13, 2006.

    * 119 Source magazine Alternatives internationales, n°15, Voyages au Sud, profits au Nord, 2004.

    * 120 Définition de François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 96.

    * 121 Autrement appelé le tourisme par internet : vente de séjour et circuit directement sur la toile. Dans les dernières années de nombreux sites ont ouverts tel que promovacances, easy jet, last minute.com...

    * 122 Boris Martin, Voyager autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002, page 28.

    * 123 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 109.

    * 124 Jean Louis Laccomo, Bernardin Solonandrasana, l'innovation dans l'industrie touristique ; l'Harmattan, 2006, page 32.

    * 125 Jean Louis Laccomo, Bernardin Solonandrasana, l'innovation dans l'industrie touristique ; l'Harmattan, 2006, page 22.

    * 126 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 95.

    * 127 L'élasticité du marché au prix est considérable dans le secteur touristique, sur certains marchés, une baisse de prix de 15 à 20% peut doubler le marché potentiel.

    * 128 Comme le souligna A.W Lewis, la dépendance et le profit capitaliste du Nord repose sur « un retard certain de la main-d'oeuvre autochtone ».

    * 129 Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page 50.

    * 130 Emploi et qualification : on peut considérer la qualité du service comme fonction de la qualité du facteur travail (FP) et de l'investissement (I). La formulation en serait (I)FP x log I à la puissance k ; k est ici un paramètre lié aux conditions spécifiques de l'établissement hôtelier. Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page 44.

    * 131 Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page 72.

    * 132 Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page 70.

    * 133 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 26.

    * 134 Bernard Duterme, expansion du tourisme international : gagnants et perdants ; Alternatives Sud, Volume 13, 2006

    * 135 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 150.

    * 136 Sur ce point précis, nous pourrions approfondir la réflexion sur les conséquences d'une insuffisance de capital en prenant comme référence le modèle Harrod-Domar.

    * 137 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 131.

    * 138 Comme nous l'avons vu en effet le tourisme est un produit composé d'une multitude de prestations séparées dans la cotation mais interdépendantes dans la satisfaction du client.

    * 139 Boris Martin, Voyager autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002, page 29.

    * 140 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007.

    * 141 Centre indien de recherche Equations, Expansion du tourisme international et libéralisation des services ; Alternatives Sud, volume 13, 2006.

    * 142 Un classement des pays les « plus accueillants » a d'ailleurs été établi dernièrement par un institut européen.

    * 143 Ces derniers étant fortement attirés par les profits qu'ils pourraient générer dans ces pays sous-développés.

    * 144 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 164.

    * 145 Boris Martin, Voyager autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002, page 29.

    * 146 Par cet article, nous voyons le lien avec la théorie d'Amartya Sen : « freedom and development ».

    * 147 Boris Martin, Voyager autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002, page 28.

    * 148 Il conviendra sur ce point de prendre en référence les ouvrages sur la corruption en Afrique mais également le rapport de l'OCDE : Combattre la pauvreté dans le monde ; 2000.

    * 149 Ben Brik Anis, thèse sur le tourisme et développement durable, 2004.

    * 150 Béatrice Dehais, Mondialisation : les dégâts du tourisme ; Alternatives économiques, n°194, Juillet-Août, 2001.

    * 151 On peut prendre ici l'exemple de Cuba, où seul les touristes ont le droit de consommer certains produits tel que les crustacés... La population locale n'ayant ni les moyens, ni le droit d'acquérir ou même pêcher ces produits.

    * 152 Sustainable Tourism Management, John SWARBROOKE, 2000, p. 205.

    * 153 Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page 44.

    * 154 L'argument de la spécialisation touristique est repris par Sayed MOUSSA - The Interaction Between Tourists and Resident Communities in Resort Areas in Developping Countries 1988.

    * 155 Pour poursuivre la réflexion sur ces problématiques, vous pourrez vous référer à la thèse de Ben Brik Anis sur le tourisme et développement durable, 2004. 

    * 156 Ben Brik Anis, thèse sur le tourisme et développement durable, 2004. 

    * 157 Idem

    * 158 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 20.

    * 159 Jean Michel Hoerner, Traité de tourismologie ; collection études, 2002, page 145.

    * 160 Il s'agit du titre d'un chapitre de livre de Jean Michel Hoerner, Traité de tourismologie ; collection études, 2002.

    * 161 Le concept de développement durable est issu de la perspective sociale de l'IUCN (International Union for the Conservation of Nature) et du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), au début des années 80. Depuis, le développement durable est devenu le critère de base de la réflexion des Nations Unies sur l'environnement et le développement. Le point de départ de ce concept est le Rapport Brundtland (1987), intitulé « Our Common Future », qui a exposé les premières définitions de développement durable. L'une d'entre elles présente le développement durable comme « celui qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins».

    * 162 Il convient ici de citer les principes du développement durable à savoir l'équité et la rationalité dans l'utilisation des ressources ; l'émergence de la société civile, notamment à travers la participation démocratique ; la remise de la gestion sous la responsabilité de la communauté locale et réinvestir les richesses produites par cette gestion ; la mise en oeuvre d'un nouveau système de redistribution des richesses et des ressources naturelles. Cf. le PNUD.






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