S
i l'on en croît les « objectifs du
millénaire » fixés par l'ONU à la veille de
l'an 2000, le sous-développement sera sans conteste le défi
majeur du XXIe siècle. Nous assistons aujourd'hui à
une prise de conscience du malaise issu de la situation des pays du Tiers
Monde comme en témoigne les initiatives privées telles que
le concert « live 8 » ou la multiplication des ONG
à caractère humanitaire... L'ensemble de ces
volontés n'ont qu'une conclusion commune... le refus d'un monde
déchiré, à deux vitesses.
Pour comprendre le malaise du sous-développement il
suffit de prendre la situation de l'Afrique où aujourd'hui la
moitié de la population locale, soit près de 340 millions de
personnes, vit avec moins d'un dollar US par jour, le seuil de pauvreté
extrême1(*). Le taux
de mortalité des enfants de moins de cinq ans y est de 140 pour 1000 et
l'espérance de vie à la naissance de seulement 54 ans. Par
ailleurs, 58% de la population a accès à de l'eau potable et le
taux d'alphabétisation des personnes de plus de 15 ans est de seulement
41%. Un autre indicateur moins usité nous permet de mieux cerner la
situation, en Afrique il n'y a que 18 lignes téléphoniques pour
1000 personnes, par rapport à 146 dans le monde entier et 567 dans les
pays à revenus élevés2(*). Dans ce contexte et face à la mondialisation,
comment se développer ?
Historiquement, c'est au début des années 50 que
la notion de développement s'élabore en tentant de se
démarquer du principe de la croissance3(*), mais ce ne sera en vérité qu'à
la fin du XXe siècle que ce lien entre croissance et
développement va être remis en cause et retravaillé, en
mettant au centre de l'analyse le fait que la croissance n'est pas une
condition suffisante au développement4(*). Les questions liées aux modèles de
développement n'ont donc été une préoccupation
nouvelle qu'à la fin du XXe siècle. Les critiques
firent état des disparités entre les sociétés, et
des dysfonctionnements dans ces dernières, conséquences d'une
politique d'essor à forte composante économique, qui avait pour
objectif unique la croissance.
Initialement le sous-développement fut ainsi
considéré comme « la caractéristique des
économies chez lesquelles l'augmentation de la productivité
découlait essentiellement des avantages comparatifs créés
par l'expansion internationale de demandes des produits
primaires »5(*).
Cependant, les pays du Sud virent la donne changer via
l'apogée du libre-échange. En effet, par ce dernier et la fin des
mesures protectionnistes, les pays sous-développés durent
renoncer à la substitution des importations6(*) qui leur permettait de
réduire le déséquilibre entre leur lente croissance et le
déclin de leur capacité de paiement internationale. Cette
pratique qui permettait de contrôler dans une certaine mesure
l'endettement fut ainsi supprimée ; de ce fait une phase de forte
augmentation de la dette externe se créa.
Pour comprendre ce phénomène d'endettement, il
faut revenir sur l'échec des politiques macro-économiques. En
effet, les grandes institutions internationales sont les responsables de
l'augmentation de la dette des pays sous-développés, le fiasco
des politiques institutionnelles des grandes organisations mondiales comme le
FMI et la Banque Mondiale montrant ainsi la difficulté de gérer
l'économie mondiale.
Le système de développement mis en place par la
Banque Mondiale et le FMI fut et le reste encore « une gestion
mondiale sans gouvernement mondial »7(*). Il s'agit d'une doctrine où dominent
quelques institutions et quelques acteurs mais surtout d'un système
où beaucoup de ceux qui sont touchés par leurs décisions
n'ont pratiquement aucun droit de parole8(*).
Le FMI joue un rôle particulier dans l'aide
internationale. Il est censé surveiller la situation
macro-économique de chaque pays et s'assurer que ce dernier ne vit pas
au-dessus de ses moyens, car si tel était le cas, d'inévitables
difficultés seraient à prévoir. Un pays peut vivre ainsi
à court terme en empruntant, mais l'heure de vérité finira
par sonner.
Or les prescriptions du FMI, en partie fondées sur
l'hypothèse dépassée selon laquelle le marché
aboutit spontanément aux résultats les plus efficaces,
n'autorisèrent pas les interventions souhaitables de l'Etat sur le
marché9(*). Ainsi en
voulant remplir ce rôle de « grand
régulateur », le FMI a imposé des taux
d'intérêt qui interdisent toute création d'emploi
même dans un contexte favorable10(*). La compréhension de l'économie par le
FMI semble ici limitée ; il convient donc de transformer la vision
du développement, or peut-on imaginer un nouveau paradigme sur le
sujet ? Le secteur privé pourrait-il venir produire l'apport dont a
besoin le secteur public dans le développement ?
Face à cela on vit se dégager des concepts de
développement à partir du bas, de développement
participatif qui ne sont, selon Bennett, qu'une réponse critique au
processus « dictatorial bienveillant » du
macro-développement11(*). Or il n'est pas facile de planifier et d'effectuer
des interventions à partir du bas car nombre de projets de
développement ne sont pas conçus pour fournir des
bénéfices à des populations locales, mais à des
groupes d'un ordre qui dépasse l'aire d'intervention.
Le développement semble ainsi à l'aube de ce
nouveau siècle à la croisée des chemins ;
après plusieurs décennies de Guerre froide, où les deux
Nords se sont concurrencés sur le plan international, pour
venir en aide aux pays tiers, et où s'était mise en place une
coopération à caractère stratégique, la faillite de
cette politique est venue renforcer la position des plus libéraux qui
critiquent le gaspillage de moyens et défendent les relations
commerciales comme véhicule d'aide aux pays en développement.
L'aide au développement a ainsi permis de « créer
et resserrer les liens politiques entre les pays demandeurs de l'aide et les
pays fournisseurs, mais les impacts réels sur l'économie ou le
tissu social n'ont en vérité pas été les
préoccupations prioritaires de ce modèle »12(*).
Aujourd'hui même si on parle souvent de
« l'impact dévastateur que peut avoir la mondialisation
sur les pays en développement »13(*), nous assistons à
une dynamique internationale de relations commerciales de plus en plus
intenses. « On retrouve sur le globe de nouveaux vecteurs
porteurs de croissance qui se croisent », et qui laissent
entrevoir de nouvelles formes de coopération. Cette nouvelle
coopération à « géométrie
variable »14(*) est fondée sur « des
plates-formes régionales qui cherchent à jouer un rôle
politique et économique dans leurs zones
d'influence »15(*). Cette vision « d'une
géométrie variable » des relations s'explique par
l'opposition entre une certaine homogénéité que l'on
retrouve dans les pays industrialisés à culture occidentale et la
diversité des réalités des pays du Sud. Cette
reconnaissance « d'une réalité polymorphe16(*) » peut
éviter l'erreur de vouloir découvrir des solutions universelles,
applicables aux pays en développement.
C'est donc dans une nouvelle dimension géographique et
politique, ou géopolitique, qu'il faut formuler les modèles
alternatifs de développement. Du point de vue des disparités de
développement et de niveaux de vie, le monde continue de
présenter deux visages et fonctionne à des vitesses
différentes : un monde socialement divisé, où la
pauvreté est synonyme de malnutrition et famine, pour les uns, et
d'exclusion, pour les autres. Mais c'est aussi un monde qui commence à
prendre conscience qu'il fonctionne dans une logique où l'action des uns
a des répercussions visibles sur les autres17(*).
Face à ce constat et cette évolution, les
institutions internationales, puis la société civile, travaillent
depuis près de trois décennies à faire émerger un
nouveau modèle de développement qui tienne compte des
potentialités sociales et du potentiel des ressources naturelles
locales, dans une logique de pérennité des choix de
développement pour les générations à venir.
Le développement qui était lié à
la théorie de la dépendance18(*) est dans un renouveau théorique ; pis,
une nouvelle idée apparaît celle d'un nouveau modèle
économique qui place la liberté comme facteur de
développement19(*).
Dans ce contexte, les pays sous-développés ne
demandent aujourd'hui « ni une perturbation de la dépendance
par le biais de l'aide, ni de concessions marginales »20(*). Ils souhaitent
être les maîtres de leurs destins.
Il convient alors de s'interroger pour savoir quel secteur
privé est-il capable de s'adapter, de permettre de pérenniser le
développement dans ce renouveau théorique?
Le tourisme qui comprend « les activités
déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs
séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement
habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas
une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres
motifs » ; est de plus en plus mis en avant comme solution au
développement. L'Organisation Mondiale du Tourisme stipulant même
que « Le développement d'un tourisme durable répond
aux besoins des touristes et des régions qui les accueillent, tout en
ménageant et améliorant les possibilités futures. Il doit
se traduire par une gestion de toutes les ressources permettant à la
fois de satisfaire les besoins économiques, esthétiques et
sociaux, et de préserver l'intégralité culturelle, les
écosystèmes, la biodiversité et les systèmes de
soutien à la vie.21(*) » Mais l'industrie touristique peut-elle
porter à elle seule le développement ? Cette solution
est-elle généralisable ? Comment la mettre en oeuvre ?
Pour résumer notre propos, nous pouvons dire que le
développement est à la croisée des chemins ; il
convient aujourd'hui d'établir un nouveau paradigme répondant aux
besoins mais également aux spécificités de chaque Etat du
Sud. Le tourisme semble ouvrir sur un nouveau postulat : et si la solution
au développement ne résidait pas au sein d'une stratégie
globale dictée par les institutions internationales mais plutôt au
sein du potentiel de chaque Etat sous-développé ?
Pour répondre à l'ensemble de ces
interrogations, nous diviserons notre étude en deux parties distinctes.
La première s'attachera à l'analyse du renouveau théorique
et à la mise en avant du tourisme dans les politiques de
développement. Le seconde partie, plus concrète, aura comme
objectif affiché de mettre en avant les besoins du tourisme et par
conséquent les limites du lien
« tourisme-développement » ; il conviendra de
comprendre comment faire du tourisme un réel vecteur de
développement.
I. Le renouveau théorique du développement
« Si la conditionnalité a engendré
de la rancoeur, elle n'a pas réussi à engendrer le
développement » Joseph E. Stiglitz22(*)
« De la rancoeur », c'est via ce
terme que Joseph Stiglitz23(*), ancien vice-président de la Banque mondiale,
définit l'échec des politiques de développement misent en
place par les institutions internationales durant les cinquante
dernières années. Ce point de vue pessimiste est sans aucun doute
issu de l'analyse de l'économie du développement que firent
nombre de spécialistes dans la décennie 1990 ; cette
dernière met en avant plusieurs points primordiaux dans la perspective
d'établir un « nouveau modèle de
développement ».
Premièrement sur le plan historico politique ;
après la chute de l'URSS et en conséquence la fin de la Guerre
Froide, on vit apparaître des conflits entre pays du tiers-monde. Ces
nouvelles conflictualités mirent à mal les espoirs issus de la
conférence de Bandoeng ; mais surtout, elles amenèrent le
« nouveau monde unipolaire » à repenser la
problématique du sous-développement.
Par ailleurs sur le plan économique, on se rendit
compte lors de la dernière partie du XXe siècle de la
diversification croissante des pays en développement. En effet,
l'apparition, au moins en apparence, de gagnants et de perdants mais
également la constitution de groupes aux intérêts distincts
mirent à mal l'idée d'une solution unique, d'une seule voie vers
le développement. Cette prise en compte de la diversification des pays
sous-développés entraîne de facto, une définition
nouvelle des voies vers le développement mais également la prise
en compte des spécificités de chaque Etat du Sud.
Mais la fin des années 1990 fut également
marquée par l'apparition d'une « société
civile internationale », selon l'expression consacrée par
la théoricienne Béatrice de Pouligny, voulant faire
entendre sa voix sur l'échiquier mondial. Il s'agit donc ici d'un
bouleversement idéologique auquel nous assistons dans les pays
industrialisés, ce dernier ayant pour conséquence et ce pour la
première fois, des campagnes d'opinion tournées vers le
développement.
Le XXIe siècle semble donc se tourner autrement vers le
développement ; un développement prenant en compte les
bouleversements de la fin du XXe siècle. En un mot, un
développement ne se lisant plus par une grille idéologique
dictée par les « grands » mais un
développement en osmose avec les spécificités des Etats en
développement et les souhaits des peuples. Il convient ainsi de
redéfinir les voies vers le développement et la
prospérité ; c'est ainsi qu'apparut le
« renouveau théorique ».
I.1. La reconquista de
leurs destins par les pays sous-développés
Le besoin d'un nouveau cadre théorique pour le
développement est intimement lié au fait que le
développement fut subordonné durant des décennies à
la théorie de la dépendance24(*). En effet, la formation d'un groupe social dominant
au sein des pays du Sud avec des modèles de consommation imités
des pays développés s'est définie à la fois comme
un facteur déterminant du développement des Etats
sous-développés mais également du maintien de leur
dépendance. Il s'agit du phénomène de la
« transplantation25(*) » du centre vers la
périphérie ; l'idée est ici que les pays
développés n'ont favorisé par leurs politiques de
développement et d'aides publiques, qu'une partie infime de la
population des Etats du Sud26(*) ; entraînant par là même la
création d'un gouffre au sein de la population locale mais
également une forme de besoin envers les pays développés
qui seuls pouvaient répondre aux attentes de la minorité
dominante. Ce cadre d'étude nous permet de comprendre pourquoi la
théorie du développement fut analysée dans les conditions
de la dépendance27(*).
En effet, dans les économies des pays
développés, la diffusion de nouveaux biens et des techniques
productives correspondantes constitue un « facteur important
d'élévation de productivité »28(*). Ce processus va s'accompagner
logiquement de l'élévation du niveau de vie de l'ensemble de la
population, soit par le biais de l'augmentation du taux de salaire, soit par le
biais de la baisse des prix relatifs aux biens de consommation
générale.
A l'inverse dans les économies des Etats
sous-développés, la situation est tout autre ; en effet le
processus de diffusion de nouveaux biens et de nouvelles techniques productives
est freiné par l'exclusion d'une partie de la population des circuits
monétaires et par la stagnation du salaire. L'augmentation de
productivité dans les pays périphériques ne se traduisant
donc pas en une élévation du taux des salaires. Bien au
contraire, elle provoque une augmentation des frais de consommation de la
minorité dominante et exclut encore plus le reste de la
population29(*).
« Le développement en vint à se confondre avec
l'assimilation à des modèles culturels importés ou avec la
modernisation du style de vie d'une minorité
privilégiée »30(*).
1. De la théorie Amartya Sen au rapport du
NEPAD
L'évolution de l'économie entraîne
le besoin d'un nouveau cadre théorique
C'est de cette prise en compte que le développement fut
trop longtemps lié à une forme de dépendance que naquit
une nouvelle effervescence théorique. Via cette dernière, les
économistes et théoriciens n'hésitèrent pas
à remettre en cause les hypothèses qui avaient été
élaborées pour expliquer et solutionner le développement.
L'ouvrage, « les étapes de la croissance
économique, un manifeste non communiste » de WW Rostow
paru en 1961 fut particulièrement rediscuté. Dans ce livre,
Rostow recensait les étapes de développement par lesquelles toute
société se doit de passer afin d'atteindre la
prospérité. La première étape est celle de la
société traditionnelle où domine l'activité
agricole ; ensuite viennent les étapes préalables au
décollage dont la description est
« calquée » sur l'évolution des
sociétés européennes du XVe au
XVIIIe : développement des échanges et des
techniques, évolution des mentalités qui commencent alors
à rompre avec le fatalisme et augmentation des taux d'épargne. La
troisième phase est celle du décollage, vient ensuite
l'étape de la marche vers la maturité pour terminer par
l'étape finale : l'ère de la consommation de masse.
Cette théorie bien huilée fut largement remise
en cause ; en effet on expliqua « que le
sous-développement contemporain n'était en rien assimilable
à la situation des économies précapitalistes de l'Europe
avant la révolution industrielle »31(*). Par conséquent,
transposer la théorie de Rostow à une réalité
structurellement différente (la situation des pays
sous-développés d'aujourd'hui) ne pourrait conduire qu'à
des erreurs32(*).
Aujourd'hui, il est bien connu que l'économie internationale liée
à la spécialisation géographique et aux avantages
comparatifs a cédé la place à une autre économie au
sein de laquelle les marchés sont contrôlés par les grandes
entreprises33(*) et
où les Etats sont interdépendants. Ce qui caractérise
l'économie internationale du début du XXIe siècle est donc
le contrôle par des grands groupes mondiaux de l`économie mais
également l'interdépendance croissante des économies et la
perte de moyens de régulation globaux de l'Etat régalien.
La théorie d'Amartya Sen et son apport dans
l'approche du développement
Ainsi l'apport majeur au nouveau cadre de développement
des Etats du Sud fut sans conteste la théorie du Prix Nobel d'Economie
Amartya Sen. Déjà Joseph E Stiglitz avait mis en avant le concept
de liberté en intitulant un des chapitres de son livre
« la grande désillusion » :
« la liberté de choisir ? ».
Mais c'est Amartya Sen qui le premier théorisa
l'idée que le développement pouvait être
appréhendé comme « un processus d'expansion des
libertés réelles dont jouissent les
individus »34(*). Pour le Prix Nobel, il ne fait aucun doute que
dans ce cadre théorique plaçant la liberté au centre du
développement, la croissance du PNB ou des revenus revêt une
grande importance en tant que moyens d'étendre les libertés dont
jouissent les individus.
Plus particulièrement, Amartya Sen explique que la
liberté occupe une place centrale dans le processus de
développement pour deux raisons35(*) :
· « Une raison
d'évaluation »: dans le sens où selon lui, tout
jugement sur le progrès et le développement n'a de sens que
rapporté aux libertés : « une avancée
est une avancée de libertés ».
· « Une raison
d'efficacité » : le progrès dans le
développement dépend avant tout de la possibilité pour les
gens d'exercer leur libre initiative, ce que Sen appelle leur
« fonction d'agent ».
Il est donc évident ici que la liberté de
participer aux échanges économiques et par conséquent de
s'engager pleinement dans le développement de son propre pays a un
rôle fondamental certes dans la vie sociale mais également dans la
réussite du processus de développement de l'Etat36(*). Quand le développement
dépendra réellement de ceux qui en seront les principaux
bénéficiaires, celui-ci verra ses chances de réussite
décuplées. A l'inverse, si la liberté économique
s'exprime sous la forme de la pauvreté extrême comme ce fut le cas
pour de nombreux pays, et rend par conséquent une personne
vulnérable alors son bien être mais surtout ses autres
libertés seront particulièrement fragiles.
Dans son ouvrage, Amartya Sen s'oppose ainsi à la
« thèse de Lee »37(*) laquelle posant comme principe que le
non-respect des droits individuels stimulerait la croissance
économique38(*) et
constituerait un facteur essentiel de décollage économique, phase
préalable au développement comme le stipulait WW Rostow39(*).
Dans l'élaboration de sa théorie, de son
« Nouveau Modèle Economique », Amartya Sen
définit cinq types de libertés instrumentales qui sont à
ses yeux indispensables de prendre en compte. Il s'agit des
« libertés politiques, des facilités
économiques, des opportunités sociales, des garanties de
transparence et de la sécurité protectrice »40(*). Pour renforcer cette
idée, Amartya Sen souligne qu'il n'est pas nécessaire d'atteindre
un certain seuil de prospérité acquis après une longue
période de croissance économique, pour se donner les moyens de
généraliser certaines libertés telles que les services
d'éducation ou de santé41(*).
Pour synthétiser la pensée de Amartya Sen, on
peut dire que :
« La promotion de la liberté humaine est
à la fois l'objectif principal et le moyen premier du
développement. À l'inverse la pauvreté est une privation
de capacités »42(*).
La définition d'une stratégie nouvelle
par le NEPAD (ou NOPADA43(*))
La théorie d'Amartya Sen va connaître son plus
grand succès, son plus grand écho via le sommet du NEPAD de
2001.
Le constat du départ du NEPAD est le fait que le
sous-développement n'est pas un retard de croissance mais le
« produit d'une situation historique
spécifique », cette dernière renvoyant ainsi
à la colonisation de l'Afrique par les Etats d'Europe et aux conditions
de la naissance du capitalisme industriel. Selon le NEPAD, cet enracinement
historique trouve ses continuations dans le fonctionnement moderne de
l'économie mondiale et dans les modalités d'insertion
internationale. Nous retrouvons ici la critique de la théorie de la
dépendance des Etats du Sud par rapport aux Etats du Nord que nous avons
souligné précédemment. L'analyse que met en avant le
rapport du NEPAD ouvre sur le postulat des cercles vicieux44(*).
Ce raisonnement dérive directement de
l'hypothèse de la pénurie d'épargne cette dernière
constituant une liberté primaire pour Amartya Sen45(*) :
· La pauvreté et la faiblesse du revenu sont
selon le postulat des cercles vicieux, responsables d'une faiblesse de
l'épargne ce qui compromet l'accumulation du capital. Cette situation
maintient donc une faible productivité et a pour conséquence
l'absence de l'augmentation des revenus.
· Ces faibles revenus maintiennent de fait la
majorité de la population dans un état de malnutrition. Via cette
dernière, la productivité de l'individu au travail ne peut que
rester faible, par conséquent son revenu ne pourra de nouveau ne pas
être augmenté.
· Via les faibles revenus distribués aux
travailleurs, le revenu national reste au plus bas. Ceci entraîne une
anémie des dépenses d'éducation et donc de la formation de
la main d'oeuvre. Ce manque de qualification et d'éducation de la
population locale ne lui permet pas de devenir plus productive et ainsi de voir
son revenu augmenté ; ce qui ne conférera pas à
l'Etat un budget plus important pour favoriser l'éducation.
· Pour terminer, les faibles revenus amènent une
faible consommation et des débouchés réduits pour les
entreprises. Ainsi, ces dernières n'investiront que
modérément ; la productivité continuera à
stagner, la production restera faible de même que les revenus.
Schéma cercle vicieux
Après avoir établi le constat d'échec du
développement en Afrique, et tenté d'en apporter les raisons, le
Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NOPADA) va, dans
son rapport d'Octobre 2001, définir de nouvelles lignes directrices
afin d'assurer un développement équitable et durable de ce
continent meurtri qu'est l'Afrique46(*). Ce nouveau cadre fait directement
référence à la théorie d'Amartya Sen ; en
effet il est au centre de la volonté des Africains de :
« S'extirper eux-mêmes, ainsi que leur
continent, du malaise du sous-développement et de l'exclusion d'une
planète en cours de mondialisation ».
Par cet engagement, le NEPAD démontre toute sa
détermination à mettre en place la liberté de choisir
comment se développer. L'idée centrale ici est celle qui consiste
à partir du postulat que les populations des Etats
sous-développés connaissent mieux que quiconque leurs potentiels,
spécificités et besoins.
Ceci est en rupture avec le mode choisi depuis les
années 1970, lorsque les pays d'Afrique sont devenus membres des
institutions de la communauté internationale47(*). Depuis lors le couple aide /
crédit était resté le socle du développement de
l'Afrique. Or le crédit s'est traduit par l'impasse de la dette qui n'a
fait qu'entraver la croissance des pays d'Afrique d'autant plus que l'autre
pendant de la stratégie à savoir l'aide au développement
fixée dans les objectifs des années 1970 s'est peu à peu
réduite compte tenu des difficultés de remboursement de la
dette48(*). Le rapport du
NEPAD de 2001 marque donc le fait que le système imposé par les
institutions internationales ne convint plus.
Les Africains déclarent via le NEPAD qu'ils ne se
laisseront plus « conditionner par les
circonstances »49(*). Ils détermineront eux-mêmes leur
destinée et feront appel au reste du monde pour compléter leurs
efforts. Ils notent par ailleurs des progrès via l'expansion de la
démocratie50(*). La
Reconquista de leurs destins par les populations du Sud est donc en marche.
2. Une nouvelle stratégie qui s'inscrit dans
l'évolution du tourisme
Pour réussir cette nouvelle stratégie de
développement, les Etats du Sud se doivent de prendre en compte
plusieurs éléments. Il leur faut continuer à gérer
le remboursement de la dette tout en assurant un développement de leurs
économies. Il leur faut ainsi trouver un secteur répondant
à l'ensemble de leurs besoins et pour lequel, ils seront
compétitifs. Dans ce contexte le tourisme répond-t-il à la
nouvelle stratégie ?
Le tourisme évolue à travers les
âges
L'ancienneté du désir de voyage et de
découverte est intrinsèque à la nature humaine.
Déjà, le monde hellénistique adorait les sites
touristiques tel que Mirabilia, ou comme en témoigne l'idée des
sept merveilles du monde51(*). On se souvient également de Ibn Battuta, le
grand voyageur arabe du 14e siècle qui parcourut près
de 20 000 Kms pour « la joie de découvrir des pays et
peuples nouveaux ».
Ce n'est que bien plus tard que le tourisme devint
l'expression indirecte de l'enrichissement et de la
« prospérité des couches dominantes de la
société aux débuts de l'ère
industrielle »52(*). L'évolution des processus productifs,
par l'apport des nouvelles technologies et de l'innovation, a permis
l'émergence et une libération croissante d'un temps
consacré aux loisirs. Ce nouvel espace d'émancipation de l'esprit
est occupé de nos jours par des activités telles que la pratique
de voyages, la découverte et la connaissance de nouveaux espaces
culturels et géographiques. Le tourisme apparaît comme catalyseur
de cette volonté. Il est un secteur alternatif pour les régions
qui sont à la recherche de reconversion économique, et c'est
également une industrie qui permet la création de valeur par
l'utilisation des ressources naturelles.
Comme le note J-D Urbain, « Aujourd'hui les gens
voyagent comme ils mangent »53(*), cette formule qui peut paraître choquante
au premier abord, illustre néanmoins le fait que le tourisme et le
voyage sont aujourd'hui une banalité.
La sociologie touristique
La demande touristique fut longtemps appréciée
via les fameux quatre « S » : sand, sea, sun,
sex54(*). Mais en
vérité, la demande touristique est bien plus compliquée et
ne cesse de se complexifier compte tenu de l'évolution des
mentalités, des spécificités, des moyens de communication
et de l'exigence55(*).
Au-delà de ces facteurs évidents et consensuels
de la demande touristique, certains auteurs comme Robert Lanquar ont
établi le concept de sociologie du tourisme. Pour Lanquar, la sociologie
du tourisme recoupe plusieurs domaines comme « le bien
être, le cadre de vie, la culture, la communication, les groupes sociaux,
le développement, la rencontre des sociétés
différentes, la psychologie des individus, les sondages, les
études d'impact ou celles de marché, et l'aménagement du
temps de travail »56(*). De l'ensemble de ces données, nous pouvons
dégager un concept nouveau, celui de la
« tourismologie »57(*) : préférence accordée
au phénomène sociétal58(*).
Par l'étude que nous venons de faire de la demande
touristique, des préférences des voyageurs nous pouvons
comprendre aisément qu'un des défis principaux du secteur
touristique est l'adaptation des entreprises touristiques aux besoins de la
demande touristique internationale. Or comment les pays
sous-développés qui représentent un niveau de vie
inférieur à celui des pays du Nord, peuvent-ils être
conduits à développer le tourisme en leurs seins ?
Pour répondre à cette interrogation, il faut
comprendre que la demande touristique a évolué avec les
années. Aujourd'hui la nature et la culture sont de véritables
leitmotivs pour des voyageurs de plus en plus nombreux en quête
d'expériences exotiques que seuls les pays en voie de
développement peuvent offrir59(*). Si l'on ajoute à cela une demande nouvelle de
vacances dans les pays à économies émergentes telles que
l'Inde et la Chine ; on assiste à un déplacement des
activités touristiques vers le sud.
Le
tourisme : une opportunité pour le développement
Au fur et à mesure du temps, « le
tourisme international est devenu une partie fondamentale de la
spécialisation internationale des pays »60(*) au même titre que
le commerce international des marchandises, que les mouvements de capitaux...
Dans certains pays, le poids du tourisme international est supérieur
à celui des échanges internationaux de marchandises61(*).
Le tourisme est par ailleurs un vecteur de mobilité :
des personnes, des devises, des modes de consommation. En ce qui concerne la
mobilité des personnes, le tourisme est un phénomène
migratoire particulier, par ses motivations, sa distribution, sa
périodicité : il est régulier et volontaire. Il peut
être également, par la mobilité des devises, des modes de
consommation, des normes de qualité, de confort, de
sécurité dans les infrastructures de transport ou dans
l'hébergement par exemple, un acteur participatif dans le processus de
mutation des espaces urbains et ruraux, en tant que catalyseur de
développement.
C'est un consommateur d'espace, de ressources naturelles dont
il est dépendant ; et dans l'optique des pays en
développement, dont la structure du tissu économique repose
souvent sur les activités du secteur primaire (agriculture, pêche
et exploitation minière), le tourisme peut se retrouver en tant que
concurrent des activités traditionnelles, sur un territoire
donné.
Le tourisme a de nombreux avantages pour les pays en
développement car non seulement il contribue à diversifier leurs
ressources en devises (particulièrement important dans le cadre du
remboursement de la dette) mais également par le fait que la balance des
opérations touristiques ne subit pas les aléas de la
dégradation des termes de l'échange, comme la balance
commerciale. C'est un avantage essentiel pour le développement des pays
sous-développés.
De plus l'emploi dans le secteur touristique ne
nécessite encore aujourd'hui malgré les progrès
technologiques, pour la plupart des postes de travail, qu'une qualification
moyenne ou faible62(*).
Le tourisme est, pour ces raisons, considéré
comme un secteur stratégique de développement pour les pays en
développement.
I.2. Le tourisme
s'impose dans le développement
Selon Mimoun Hillali, le tourisme serait le
« fils de l'industrialisation et de la démocratie, bon
élève de la consommation et de la
mondialisation »63(*) ; dans ce sens que l'évolution du
secteur touristique et son impact énorme sur la croissance mondiale est
principalement dû au progrès des communications et
particulièrement à la libéralisation du marché des
compagnies aériennes. En effet, cette dernière fut, bien que non
suffisante à elle seule, la condition nécessaire au
développement du tourisme. Par la réduction des durées et
coûts des transports, notamment aérien, le voyage est devenu une
banalité.
Par cette réduction des distances et des coûts,
la théorie de la spécialisation internationale qui fait le
rapport entre les dotations factorielles, les coûts comparatifs et les
conditions de la demande64(*), put s'appliquer au secteur touristique, lui
permettant ainsi sa croissance mais également un nouvel engouement
notamment dans les pays du Sud.
Toutefois, ces derniers devront néanmoins
répondre à d'autres critères que leur simple patrimoine
naturel ou culturel ; en effet comme le soulignent Georges Cazes et
Georges Courade65(*) :
« s'il dispose d'avantages naturels et culturels
recherchés, un pays peut devenir touristique si le niveau
d'insécurité reste supportable pour le touriste, l'accueil de la
population motivant, le confort satisfaisant et, surtout, les capitaux
étrangers bienvenus et peu taxés. Le régime politique
importe peu s'il assure la stabilité, et le non-respect des droits de
l'homme n'y est pas un obstacle comme on le voit en Tunisie et
Myanmar ».
Le secteur touristique semble donc, via la mondialisation,
prêt à s'imposer comme nouveau vecteur de
développement ; il convient de se poser ici deux
interrogations : le tourisme répond-t-il aux besoins de
développement ? et comment agit-il concrètement sur ce
dernier ?
1. Un secteur central qui répond aux besoins du
développement et à une demande
Le poids du tourisme dans le monde
Le grand public ignore souvent que le tourisme est le premier
poste du commerce international devant le secteur automobile et les
hydrocarbures. Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme, il constitue un
dixième de produit mondial brut en 200566(*).
Cette place de premier choix est liée au fait que les
arrivées de touristes ont triplé en vingt ans ; quant aux
recettes elles sont passées de 300 milliards de dollars en 1990 à
près de 700 milliards de dollars en 200567(*). Il faut ajouter à cela que le tourisme
représente quelques 250 millions d'emplois à travers le monde, se
faisant de facto le principal pourvoyeur d'emplois au monde68(*).
Plus spécifiquement, de 1950 à aujourd'hui le
secteur du tourisme a enregistré une progression constante de 6,5% de
croissance en moyenne par an69(*), passant de 20 millions de déplacements
à l'étranger après la seconde Guerre Mondiale à 808
millions de déplacements à l'étranger en 200570(*). De plus, même si les
pays développés sont les premiers émetteurs et
récepteurs de touristes, la part des autres continents dans le tourisme
croît de manière constante du fait de la mondialisation et de
nouveaux types de demandes de voyage. Ainsi l'Asie pacifique
représentait en 2005 19,3% du tourisme mondial, les Caraïbes et
l'Amérique latine 5,4%, le Moyen-Orient 4,8% et l'Afrique 4,5%71(*).
Les pays sous-développés voient donc dans le
secteur touristique un nouveau potentiel de croissance72(*) ; alors qu'ils ne
représentaient que 2,8 millions d'arrivées de touristes en 1990,
soit 0,64% du total des arrivées touristiques internationales dans le
monde ; ils ont pu voir leur part atteindre 1,6% soit 8 millions
d'arrivées touristiques en 200473(*). Mais c'est surtout la croissance des recettes
touristiques internationales qui fut spécialement rapide pour les pays
sous-développés. En effet, ces recettes sont passées de 1
milliard de dollars en 1990 à 4 milliards de dollars en 2004.
Schéma recettes
Ceci est une donnée fondamentale dans l'optique de
faire du tourisme un vecteur de développement comme nous l'analyserons
plus loin. Malgré tout l'étude par pays récepteur de ce
flux indique que les recettes touristiques internationales sont
particulièrement concentrées puisque sept pays : le
Cambodge, les Maldives, le Myanmar, le Sénégal, l'Ouganda, la
Tanzanie et la Zambie représentent 50% du total des recettes du tourisme
international dans les PMA en 2004. Du point de vue des taux de croissance, la
progression la plus rapide concerne le Cambodge, la Tanzanie, le Myanmar, le
Bangladesh, l'Ouganda74(*).
La conséquence de ce poids
considérable
Même si les pays en développement ne
représentent que moins d'un tiers des arrivées de touristes
internationaux dans le monde75(*), face au poids considérable que le tourisme
représente dans l'économie mondiale, la conclusion est
simple ; nous citerons ici le plaidoyer de « l'advocacy
platform »76(*) :
« Si les pays riches sont certes les premiers
bénéficiaires du tourisme, celui-ci peut aussi être l'outil
de développement des pays sous-développés et
singulièrement petits ».
Les pays industrialisés disposent d'un avantage
considérable, puisqu'ils peuvent mobiliser les moyens nécessaires
au financement des investissements. En revanche les pays en
développement n'ont pas toujours la possibilité de
bénéficier des avantages que peut procurer leur abondance en
travail, du fait des difficultés à financer les infrastructures
à la base du développement touristique, et à gérer
les services de façon concurrentielle.
Mais malgré les difficultés rencontrées
par certains pays, les PMA bénéficient de nombreux avantages pour
profiter d'un développement rapide du tourisme international grâce
en particulier à leurs avantages de coûts comparatifs en travail
et grâce à de nombreuses ressources naturelles touristiques encore
non exploitées. Cependant, un des principaux problèmes concerne
les difficultés à mobiliser les financements locaux mais surtout
internationaux pour les investissements touristiques.
Pour mieux appréhender cela, il convient de
s'arrêter un instant sur le concept de balance touristique des
paiements qui représente le compte de trésorerie77(*) d'un pays avec les pays
étrangers78(*).
Schéma de la balance touristique
A l'analyse des balances touristiques de paiements des pays en
développement, on comprend que le tourisme est souvent une source
alternative d'accès aux devises qui permettront aux pays du Sud leurs
développements économiques79(*). Le tourisme est même devenu pour un tiers des
pays sous-développés la première source de
devises80(*).
Cependant malgré ces chiffres qui peuvent attirer
l'ensemble des pays sous-développés sur ce secteur porteur, il
convient d'effectuer une analyse rationnelle. En effet, tous les PMA n'ont pas
vocation à se spécialiser dans le tourisme dans l'optique de leur
développement.
Typologie des Etats pouvant utiliser le tourisme comme
vecteur de développement
Afin de comprendre, quels Etats peuvent se tourner vers le
tourisme dans le but d'assurer leurs développements respectifs, il faut
dans un premier temps analyser les vecteurs de l'attractivité
touristique d'un Etat.
Les dotations factorielles du tourisme international peuvent
être réparties en quatre catégories principales :
· Les ressources naturelles
· Les ressources artistiques, culturelles et du
patrimoine historique
· Les ressources humaines en travail et qualification
· Les ressources en capital et en infrastructures
L'Etat devra alors établir un calcul rationnel selon
ses dotations dans les différentes catégories. Il convient ici de
s'attacher au théorème d'Heckscher-Ohlin qui s'énonce de
la manière suivante :
« un pays disposera d'un avantage comparatif dans
la production du bien qui utilisera le plus intensément le facteur pour
lequel il a une abondance relative. Il exportera ce bien et importera le bien
intensif dans le facteur de production pour lequel il est le moins bien
doté »81(*).
Via cette théorie basée sur les dotations
factorielles, l'Etat pourra ou non choisir la voie du tourisme comme vecteur de
développement. Maintenant que nous avons saisi l'importance du secteur
touristique et les enjeux qu'il peut représenter dans le
développement d'un Etat ; il convient d'étudier plus en
profondeur et d'une façon plus concrète l'influence du tourisme
sur le développement. Comment agit-il ? Quelles en sont les
répercussions sur l'économie, l'emploi, les
infrastructures et la résolution des problèmes liés
au sous- développement tel que la dette ?
2. L'influence du tourisme sur le
développement
Les effets du tourisme sur le développement du
point de vue macroéconomique
Au niveau d'une économie nationale ou d'une
région, les effets du tourisme sont en général
évalués à partir de leurs répercussions sur des
objectifs acceptés par tout système économique, à
savoir leur contribution à la croissance économique, la
stabilité des prix, l'équilibre de la balance des paiements, la
distribution juste et équitable du revenu national et le plein emploi.
Une étude de l'OMT a regroupé les effets du
tourisme selon trois catégories :
I.2.1.1.1. Les effets sur la stratégie du
développement, dénommés également effets
globaux
I.2.1.1.2. Les effets partiels sur l'économie
nationale, c'est-à-dire sur les agents, les secteurs, les variables
fondamentales de l'économie nationale
I.2.1.1.3. Les effets externes qui, dans le domaine
socioculturel, le domaine physique et celui des ressources humaines, sont plus
proches des effets économiques pris dans le sens strict du mot82(*).
Pour mesurer ces effets du tourisme sur le
développement, il convient d'élaborer des indicateurs
spécifiques. En 1991, Robert Lanquar a étudié83(*) « l'impact
quantitatif exhaustif, direct, indirect et induit, économique et
financier du tourisme »84(*). Un certain nombre d'indicateurs ont
été alors déterminés pour ces mesures : les
chiffres d'affaires et les revenus des entreprises dépendant directement
ou indirectement du tourisme, les emplois liés à ces entreprises,
les salaires, traitements et prestations sociales qui en
découlent...85(*)
Quelques aspects spécifiques de l'influence du
tourisme
L'effet multiplicateur du tourisme
Keynes avait théorisé le concept de l'effet
multiplicateur de l'investissement. Par ce paradigme, il démontra qu'un
investissement primaire (fait par l'Etat le plus souvent) entraîne une
série d'investissements ultérieurs. Pour mieux comprendre,
prenons l'exemple d'un Etat ordonnant la construction d'un nouvel
aéroport. Pour réaliser ce dernier, l'Etat va contracter avec
plusieurs entreprises (architecture, construction...) ; elles-mêmes
vont devoir peut-être embaucher, augmenter les salaires voir même
contracter avec d'autres entreprises (fournisseurs de matières
premières) qui elles aussi vont voir leurs chiffres d'affaires
augmenter. Ce découlement en cascade entraîne donc de nouveaux
revenus qui seront soit épargnés soit dépensés. De
ce fait la consommation relancera l'économie et l'Etat verra ses
recettes augmenter (impôts, taxes). En conclusion, un investissement de
départ entraîne des investissements successifs au niveau des
entreprises mais également des ménages.
Cette théorie de l'effet multiplicateur est applicable
au secteur touristique dans la mesure où il permet d'évaluer les
impacts économiques du tourisme. L'idée est ici de voir comment
une unité monétaire dépensée par un touriste
circule dans l'économie d'un Etat. Par une étude approfondie, on
peut noter que le premier cercle de bénéficiaires, de la
dépense du touriste, est constitué par des activités
directement liées au tourisme, en contact direct avec les
activités principales du touriste (logement, restauration, visites
guidées, animation...). Le deuxième cercle rassemble quant
à lui les prestations de services annexes au tourisme, ce sont par
exemple les services comptables qui étant donné l'augmentation
des chiffres d'affaires des agences de voyages ou hôtels auront plus de
travail et verront leurs honoraires augmenter. Pour finir, dans le
troisième cercle de bénéficiaires, on retrouve l'ensemble
des activités et professions présentes au sein d'une
société ; en effet, l'augmentation des revenus des
travailleurs présents dans le premier et second cercle de
bénéficiaires entraînera de facto une consommation plus
forte qui se répercutera sur l'ensemble des agents économiques de
l'Etat.
L'effet multiplicateur résume donc l'impact des
dépenses touristiques sur l'ensemble de la société par
vagues successives : des effets directs, puis indirects et enfin
induits.
La liaison entre le tourisme et l'emploi
Comme nous l'avons noté plus haut le tourisme est un
important générateur d'emplois ; ces derniers peuvent
être répartis en trois catégories :
· Les emplois directs : personnel dans les agences
de voyages, les guides, le personnel hôtelier...
· Les emplois indirects : les marchands de produits
manufacturés (textile...)
· Les emplois induits86(*) : ce sont les travailleurs qui ne sont pas
directement en relation avec le touriste mais qui voient leurs activités
augmenter via la demande touristique. Cette catégorie représente
l'ensemble des emplois pouvant être affectés par le tourisme.
Schéma emplois
Le tourisme garantissait ainsi plus de 250 millions d'emplois
en 1996 ; ce chiffre devant dépasser les 380 millions d'emplois en
200687(*), ce qui
représente un nouvel emploi toutes les 2,4 secondes88(*).
Ces chiffres semblent effarants surtout dans un monde
où l'on a tendance à réduire le nombre de travailleurs au
profit d'une meilleure productivité ; mais ce lien de cause
à effet ne semble pas s'appliquer au tourisme. En effet, le tourisme
nécessite une main d'oeuvre certes abondante mais peu qualifiée
en vérité. Même si dans les Etats du Nord, les entreprises
touristiques tentent de réduire le nombre de salariés89(*), cette donnée ne
s'applique pas au pays du Sud où le « cheap
labour » amène les entreprises touristiques à
multiplier les effectifs afin de satisfaire au mieux la demande et ainsi de
réduire les écarts de productivité. Le tourisme,
activité de service personnalisé par essence offre donc une
opportunité énorme à des pays
sous-développés dans lesquels la population a du mal à
trouver un emploi.
Le tourisme regroupe ainsi en vérité deux
visages distincts ; le premier est celui d'un secteur nécessitant
de gros moyens comme nous le verrons plus tard, le second est celui d'une
activité offrant une large offre d'emploi. Dans cette optique, le
secteur de l'hôtellerie correspond à la fois aux
caractéristiques de l'industrie lourde et de l'industrie de main
d'oeuvre90(*) :
· Une industrie lourde du fait de l'importance des
investissements à effectuer et du capital à mobiliser pendant une
durée de moyen et long terme correspondant à la construction
immobilière
· Une industrie de main d'oeuvre du fait de
l'activité de service qui correspond au fonctionnement des hôtels
et qui nécessite un ratio d'emploi par chambre élevé, en
particulier si l'on veut répondre aux normes internationales.
Ainsi le tourisme est un pourvoyeur d'emploi énorme
pour les pays sous-développés. Une partie de la population locale
travaillant dans l'hôtellerie et dans les autres branches de
l'activité, ce qui lui procure des revenus meilleurs. Malgré
tout, cela peut amener la population à un décalage de niveau de
vie. Par ailleurs, il y a des phénomènes d'acculturation ou de
mutation de l'identité au service du tourisme qui, d'un point de vue
sociologique, dénaturent les comportements de la population locale
(changement des modes de consommation ou folklorisation par exemple).
Nous étudierons les solutions à ces problématiques dans
notre seconde partie.
Les effets annexes du tourisme
Comme nous l'avons noté précédemment, le
tourisme implique des « effets induits ». En
effet, le tourisme international, bien au-delà du simple
développement d'hôtels et d'agences de voyages qui sont des effets
que l'on qualifiera de « normaux », peut
être à l'origine de développement d'industries de biens
d'équipements et de services ; à ce titre il constitue des
débouchés importants pour différentes filières
telles que l'agro industrie, les transports ou les communications91(*). Le secteur touristique par
ses besoins influe donc sur la création de nouvelles infrastructures
vitales tant pour le secteur que pour les populations locales. On peut prendre
comme exemple les réseaux de canalisation et l'eau potable ; ou
encore les infrastructures routières et le développement de
l'électricité. En effet, étant donné l'objectif de
l'Etat qui est de répondre à une demande touristique
internationale, l'Etat sous-développé se doit de se mettre en
conformité avec les normes et usages internationaux (sanitaire
notamment). Via la généralisation de ces dernières, on
peut imaginer que la population se trouvera de plus en plus sensibilisée
et donc adoptera peut-être à terme des comportements
améliorant son bien être92(*).
Tourisme et devise
Nous avons noté précédemment que le
tourisme international représente le premier secteur pourvoyeur de
devises dans l'ensemble des PMA93(*). Il s'agit peut-être ici de la raison
principale qui a amené les théoriciens à inclure le
tourisme dans les programmes de développement. En effet, la remise en
cause des politiques classiques de développement misent en place par la
Banque Mondiale et le FMI, laissa malgré tout un aspect majeur du
développement des Etats sous-développés : la
dette94(*).
Après des décennies où cette dette s'est
accumulée, les PMA sont aujourd'hui totalement englués dans les
remboursements commensurables qu'ils doivent honorer. De ce fait, il est
important de mettre en place une politique de développement permettant
d'engendrer un flux maximum de devises dans l'optique du remboursement
échelonné de la dette.
Dans ce contexte, le tourisme, grand fournisseur de devises,
répond aux attentes des PMA ; ces derniers souhaitant pouvoir
disposer de fonds suffisants pour certes rembourser la dette95(*) mais surtout pour
développer leur pays via des grands projets vitaux telles que les
infrastructures.
On peut donc affirmer que le flux de devises qu'engendre le
tourisme permet aux Etats de réellement prendre leur destin en main
comme le stipulaient Armatya Sen et le NEPAD.
Le tourisme comme catalyseur : un effet
« boule de neige » recherché.
Nous avons donc souligné tout l'impact que le tourisme
peut détenir sur le développement d'un Etat ; faisant de lui
une véritable opportunité pour les pays
sous-développés. L'intérêt de l'Etat pour le secteur
touristique a de la sorte plusieurs raisons: du point de vue de la
comptabilité nationale, le tourisme influe positivement sur la balance
des paiements et génère des recettes fiscales ; du point de
vue de la société, le tourisme crée de l'emploi, pourvoit
des revenus au sein de la population, il stimule enfin le développement
local et diversifie les économies locales.
Ainsi le tourisme pourrait jouer un rôle de catalyseur
de l'ensemble des stratégies de développement économique
et social des pays en développement. Ce rôle de catalyseur
intervient notamment dans les domaines suivants :
· Infrastructures de base :
électricité, eau...
· Infrastructures de transports : aérien avec
notamment les aéroports, routes...
· Infrastructures environnementales : traitement des
déchets et des eaux usées...
· Infrastructures de communication :
téléphone, Internet...
· Infrastructures de santé :
hôpitaux...
· Infrastructures culturelles : valorisation du
patrimoine historique et artistique...
Maximiser cet apport du tourisme au
développement
Afin de maximiser les effets du tourisme sur le
développement, il convient de promouvoir les avantages comparatifs de
chaque pays en mettant en place « une stratégie
caractérisée par la recherche de qualité, de
compétitivité et d'originalité »96(*). De facto pour assurer un
développement durable du tourisme international, il est de plus en plus
nécessaire d'adopter des politiques économiques destinées
à constituer de véritables filières du tourisme dans la
plupart des pays touristiques industrialisés et en développement.
Il convient d'éviter de se lancer à corps perdu
dans des filières du tourisme sans en évaluer les
conséquences à moyen et long terme. Dans cette optique les zones
côtières, qui sont un des exemples les plus importants du tourisme
de masse, permettent de démontrer également la
vulnérabilité de ce type de tourisme et sa dépendance
économique97(*).
Avec une économie touristique basée uniquement sur des
prestations bas de gamme98(*), les pays à dominante « tourisme
balnéaire » n'ont pas pu développer des effets
d'entraînement économique suffisant dans les zones
réceptrices99(*).
Ceci étant dû au fait que ce type de tourisme est
caractérisé par un concept « all
inclusive »100(*) et que les touristes n'ont que peu de relation avec
les populations locales ; ajoutons également que les séjours
balnéaires représentent ceux où les profits sont le moins
redistribués dans le pays récepteur101(*).
Par ailleurs, les variations de taux de change ont une
influence souvent décisive sur l'évolution des coûts
comparatifs du tourisme international102(*) et, par conséquent, sur la répartition
et l'évolution des flux touristiques.
Pour conclure notre première partie d'étude et
introduire la seconde, nous avons choisi de nous prendre comme exemple le
tourisme en Afrique. Ce dernier montrant les difficultés du secteur
touristique et l'encadrement qu'il engendre.
Le tourisme international constitue pour l'Afrique une
importante opportunité de développement
économique103(*).
L'Afrique dispose de très nombreuses richesses permettant d'assurer un
développement durable et à grande échelle de ses
activités touristiques104(*). Les grands espaces naturels, la diversité
des cultures et les traditions d'accueil sont en effet essentiels pour assurer
le succès d'une croissance durable des flux touristiques. De plus, la
proximité immédiate du premier émetteur touristique
mondial que représente l'Europe ou encore le fait que les pays tropicaux
d'Afrique subsaharienne se situent dans les mêmes fuseaux horaires que
les pays européens constituent deux avantages comparatifs énormes
pour l'Afrique105(*).
Cependant l'insuffisance des « infrastructures
de transport aérien et terrestre et le manque de moyens financiers pour
réaliser les investissements dans le domaine du réceptif et de
l'hébergement »106(*) ne permettent pas à la plupart des pays
d'Afrique de mettre en place une réelle politique de
développement touristique.
Par cet exemple africain, nous nous rendons compte de la
complexité dans les faits de développer le tourisme. Il convient
donc maintenant que nous avons élaboré notre cadre
théorique, de le mettre à l'épreuve de la
réalité ; d'analyser en un mot les limites de la
théorie ?
II. La réalité du lien
Tourisme/ Développement
« L'une des distinctions importantes entre
l'idéologie et la science, c'est que la science reconnaît ce que
l'on sait : il y a toujours de l'incertitude »107(*).
Joseph E.Stiglitz
Le choix de l'auteur et de la citation revêt ici une
importance primordiale. En effet, l'ancien vice-Président de la Banque
Mondiale met en garde contre les difficultés évidentes que
rencontre toute théorie. Il conviendra donc dans la seconde partie de
notre étude de déterminer les limites de notre paradigme.
Il faut ici faire un retour à l'essence même du
produit touristique (que l'on dénommera X) qui est « un
ensemble complexe de bien composite dans le sens où il constitue une
combinaison particulière de plusieurs éléments que sont le
transport T, l'hébergement H et les différentes prestations
d'animation ou autres commodités P ». En
résumé, nous pouvons établir l'équation
suivante : X = X (Y ;H ;P)108(*).
C'est cette complexité qui fait que le tourisme, bien
que nouveau vecteur de développement, comme nous l'avons souligné
dans notre première partie, doit être ménagé et pris
en compte avec les plus grandes précautions. En effet, alors que le
tourisme est le principal pourvoyeur d'emplois et de richesses au monde, ce
dernier reste incapable de se faire reconnaître. Pis, on accuse le
tourisme de tous les maux dans les pays où il se développe. Que
manque-t-il donc pour que l'on parvienne enfin à faire du tourisme
un vecteur de développement indéniable? Le tourisme a en
vérité simplement besoin d'être mieux structuré et,
pour ce faire, il convient déjà de former les bases que
nécessite toute industrie109(*).
II.1. La main mise des pays développés sur le
secteur
Pour comprendre pourquoi le tourisme est souvent
décrié comme un outil de domination des pays du Nord, il faut
comprendre le fonctionnement de l'industrie touristique contemporaine. Avant
d'analyser cela en détail, il m'est apparu essentiel, afin de planter le
décor, d'évoquer l'accord de l'AGCS110(*).
Comme il le stipule en son préambule, l'AGCS constitue
le premier accord multilatéral à fournir des
« droits légalement exécutoires au commerce des
services ». A la lecture de cet accord, il apparaît
évident que l'AGCS n'aurait jamais vu le jour sans les pressions et
appui des multinationales de services des Etats
développés111(*).
A l'inverse, les Etats en développement
marquèrent très vite leurs appréhensions face à cet
accord ; en témoigne le fait que dès 1985, le
secrétaire indien au Commerce , Prem Kumar exprimait les
appréhensions de l'Inde dans le New York Times :
« La libéralisation du commerce des
services pourrait ne pas entraîner d'avantages comparatifs pour les pays
les moins développés et remettre en cause la protection des
industries naissantes. Par ailleurs elle pourrait affecter leur
souveraineté nationale et leurs ambitions économiques. L'article
17 : il ne peut y avoir aucun traitement discriminatoire envers les
acteurs étrangers ».
En conséquence, l'AGCS retire à l'ensemble des
Etats signataires leurs droits de protection de l'industrie des services.
Respectant au pied de la lettre la théorie libérale112(*), cet accord sur les services
risque d'entraver le développement de l'industrie des services dans les
pays du sud et plus que tout les rendre encore plus dépendants du Nord.
En effet, par cet accord les Etats ne pourront plus favoriser le
développement d'entreprises locales ; les grandes entreprises du
Nord pourront s'implanter comme elles le souhaitent. Dans le secteur du
tourisme cela risque d'amener les grands groupes internationaux à
maîtriser de plus en plus le circuit touristique.
Avant même la mise en oeuvre de l'AGCS, l'industrie du
tourisme utilise d'ores et déjà diverses techniques
anti-compétitives vis-à-vis des entreprises des pays en
développement. Ces techniques sont notamment le de-racking qui
consiste à retirer les brochures des petits hôtels des
étagères des grands tours opérateurs afin de
négocier des commissions plus grandes; ou encore l'usage exclusif des
systèmes de distribution globaux et des systèmes de
réservation par ordinateur comme barrières à
l'entrée du marché113(*), en vue d'exiger des commissions plus
élevées de la part des petits tours opérateurs et des
chaînes d'hôtels des pays en voie de développement114(*).
Par ailleurs, bien au-delà de ces pratiques
anti-concurrentielles, la conception du voyage forfait qui aboutit à des
prix fondés à la fois sur le coût de transport
aérien, du séjour hôtelier, de l'animation requise et de
divers frais de gestion et de prévention, est le meilleur moyen de
« brouiller les cartes »115(*). En effet, via cette
pratique du « forfait », les grands groupes internationaux
maintiennent d'une part une pression sur les marges des agences
réceptives et hôteliers, et d'autre part ils maintiennent les
profits dans le Nord, c'est ce que nous appelons « la fuite des
bénéfices ».
II.1.1.1. La fuite des bénéfices
Quand les recettes quittent le pays.
Un indicateur important de mesure de l'influence du tourisme
sur le développement est sans conteste le taux de fuite qui indique dans
quelle proportion l'économie locale est en mesure de conserver les
recettes du tourisme116(*). Une étude de la banque mondiale en 1996
calculait déjà que 85% des recettes de la réserve kenyane
de Maa Sari Mara revenaient à des grands groupes privés, contre
5% aux populations locales et 10% à l'administration.
Le tourisme est donc certes une source importante de devises,
mais dans les pays du Sud qui sont des destinations de vacances
fréquentées premièrement par des touristes originaires des
pays occidentaux, le poids commercial et de négociation des grands tours
opérateurs réduit considérablement les recettes
touristiques des économies nationales de ces pays, à quoi il faut
ajouter les importations nécessaires pour satisfaire une demande
exigeante en matière de consommation, nous reviendrons sur ce point plus
loin.
En un mot donc, les effets du tourisme international sur le
revenu national peuvent être différents selon que le tourisme est
largement intégré à l'économie nationale ou qu'il
n'est pas intégré117(*). Dans ce dernier cas, les touristes étrangers
sont hébergés et nourris par des sociétés
hôtelières étrangères qui importent la
quasi-totalité des équipements et des produits de consommation et
qui rapatrient leurs bénéfices et les salaires de leur personnel
étranger. C'est ce que l'on dénomme la main mise des tours
opérateurs.
L'influence des Tours opérateurs
Les tours opérateurs transnationaux rapatrient donc une
part croissante des profits dégagés par l'activité
touristique118(*), les
flux financiers se concentrant vers l'Europe et l'Amérique du Nord. En
Thaïlande par exemple seul 30% des recettes liées au tourisme
resteraient dans le pays119(*).
Mais qui sont ces tours opérateurs ?
Les tours opérateurs sont :
« Des entreprises touristiques commerciales
spécialisées dans la fabrication de voyages à forfait.
Cette activité de producteur de voyages les distingue des agences de
voyage qui n'interviennent habituellement que dans la commercialisation des
produits touristiques en tant que détaillants » 120(*).
Schéma TO
Par cette activité centrale au sein du circuit
touristique, les Tours Opérateurs peuvent exercer de fortes pressions
sur les agences de voyages et les hôteliers.
Par ailleurs, il est important de noter que la
commercialisation traditionnelle des produits des tours opérateurs
s'adapte aujourd'hui aux nouveaux modes de commercialisation de
l'e-commerce121(*) et
à la concurrence des tours opérateurs spécialisés
dans ce nouveau secteur et dans les ventes de dernière minute. Ce type
de tourisme favorise en vérité les entreprises des pays
développés qui sont seules capables de répondre tant
techniquement que financièrement à ce type de tourisme
ancré dans le concept du « all inclusive package
». En effet, il convient d'expliquer ce phénomène pour
comprendre la main mise des tours opérateurs sur le tourisme
international. L'offre touristique auprès du grand public est le plus
souvent mise en avant via des packages de séjour balnéaire ou
encore de circuit. Ceci a pour conséquence de grandes
négociations préalables à la commercialisation des
destinations, or lors de ces grandes négociations, les agences de voyage
ou les hôteliers n'ont pas les moyens de résister, et même
de refuser les offres des Tours Opérateurs.
Schéma package
Nous pouvons prendre comme exemple ici le e-tourisme ; ce
dernier est un secteur en pleine expansion car il offre des séjours
à bas prix ; mais comment cela marche ? Qui est à la
tête de ce business ? Il s'agit là encore des groupes
occidentaux et cela pour plusieurs raisons. Premièrement, le e-tourisme
nécessite de pouvoir encaisser des paiements via Internet ; or pour
ce faire il faut mettre en place un système de paiement
sécurisé que seul les banques occidentales sont capables d'offrir
aujourd'hui. De ce fait les sites de ventes en lignes de séjour seront
hébergés dans les pays du Nord, de nouveau les paiements restent
au Nord qui redistribuera les profits à sa convenance (et surtout
à son intérêt). Deuxièmement, le e-tourisme
nécessite une capacité financière énorme. En effet,
afin d'offrir des prix imbattables sur la toile, les grands groupes vont
réserver les hôtels et les payer en général un an
avant la réalisation de la prestation. Ainsi l'hôtelier accordera
des rabais pouvant atteindre -50% à -60% étant donné le
fait qu'il sera payé comptant. Cette pratique scie littéralement
la concurrence des agences locales qui ne peuvent s'aligner sur de tels moyens
financiers. Les tours opérateurs occidentaux verrouillant encore plus le
circuit touristique.
Schéma E tourisme
Face à cette demande de produit
« packager » et afin d'assurer un
développement rapide, les Etats du Sud tendent à favoriser le cas
du tourisme de masse nécessitant certes de forts investissements
(généralement faits par des groupes étrangers) mais une
main d'oeuvre abondante, peu qualifiée et surtout bon marché.
Pourtant via ce type de tourisme, les pays du sud accueillent beaucoup de
touristes sans pour autant bénéficier au maximum des
retombées financières ; « dans ces packages
les marges sont en effet réduites au minimum »122(*).
Dans le même temps, la marge des tours opérateurs
tend à s'affaiblir du fait de la concurrence de plus en plus accrue et
surtout de la mise en place de comparateurs de prix, notamment sur
Internet, qui amène les grands groupes à revoir leurs
grilles tarifaires ; cette diminution des prix se répercute de nouveau
dans les agences réceptives qui se voient imposer un barème de
prix avant même d'établir une cotation. Mais les fabricants de
voyages disposent également d'effets de leviers considérables
lorsqu'ils peuvent dépasser leurs objectifs de coefficient de
remplissage123(*), en
cas d'affrètement d'avions charters en particulier.
Comment réagir ?
La coopération horizontale entre prestataires locaux de
services touristiques constitue peut-être le point crucial de toute
négociation commerciale. Il s'agit pour les prestataires locaux de se
regrouper lors des négociations avec les voyagistes afin de
bénéficier d'un effet d'échelle face à des
acheteurs qui représentent un poids considérable. Cette
coopération horizontale organisée plus fortement peut devenir un
outil indispensable de la négociation commerciale. Cette
coopération horizontale et verticale entre prestataires locaux de
services touristiques est un des domaines les plus difficiles des
négociations commerciales internationales mais peut-être un des
plus prometteurs dans la mesure où il implique un nouveau type de
partenariat qui peut servir de référence à l'utilisation
de nouveaux contrats types entre prestataires locaux et voyagistes.
Afin de réduire les méfaits établis par
la main mise des grands groupes, certains mettent en avant une idée
selon laquelle l'Etat devrait définir des priorités nationales et
des objectifs sociaux :
II.1.1.1.1. L'appropriation par le pouvoir
public d'une part substantielle de l'excédent.
II.1.1.1.2. La subordination des filiales
des grandes entreprises à des objectifs précis de politique
économique et d'intégration effective dans l'économie
nationale
II.1.1.1.3. La prévision et contrôle des
conséquences sociales
II.1.1.1.4. Le contrôle de la commercialisation
internationale des produits exportés, ce qui exige une étroite
coopération entre les pays producteurs.
Nous reviendrons largement sur ce point plus loin mais avant
cela il apparaît primordial de comprendre les exigences du tourisme
internationale et surtout de la demande.
II.1.1.2. La difficulté de
s'adapter aux normes internationales
Caractéristiques du tourisme
d'aujourd'hui
« L'ensemble du secteur du tourisme repose sur la
construction de gisements touristiques, élaboration d'images
à vendre dans le jeu de miroir qu'est ce nomadisme spécifique.
Activité fantasmatique, le tourisme consomme de l'imaginaire autant que
de l'évasion car le touriste vit souvent dans une bulle
climatisée, aseptisée et sécurisée où
beaucoup de ce qu'il voit, entend ou respire a été soigneusement
élaboré en fonction de ce qu'il est et attend »
Georges Cazes et Georges Courade.
Par cette citation, on peut comprendre que le touriste, bien
que loin de son pays et ayant souhaité un dépaysement certain,
demande malgré tout un certain nombre de caractéristiques, de
normes lors de son séjour. Il conviendra ici d'analyser dans un premier
temps, le mode d'évaluation qu'utilise le touriste afin de jauger son
séjour.
Le tourisme est un « bien de
confiance » selon la théorie élaborée par
Lancaster, le consommateur ne connaît jamais par lui-même la
qualité réelle des biens et services qu'il consomme124(*). Le temps est par ailleurs
« l'unité d'expression et de mesure dans le
tourisme »125(*) ; le touriste achète en effet des
séjours dont la première caractéristique est leur
durée et la seconde leur localisation.
Le produit touristique est à contrario
« de nature inélastique »126(*) du fait qu'il est peu
adaptable aux modifications de la demande à court terme ; à
l'inverse cette même demande est élastique par rapport au prix sur
la moyenne et longue période127(*). Ajoutons que l'insuffisance d'un seul des services
composant l'ensemble du produit peut remettre en cause la qualité du
produit final. Ce qui constitue une des principales difficultés de la
production touristique.
En conséquence, les pays souhaitant mettre en avant le
tourisme dans leurs économies seront contraints d'en accepter les
normes ; si ces dernières peuvent paraître facilement
applicables dans des pays détenant des infrastructures importantes, des
biens d'équipements développés et une main d'oeuvre
qualifiée ; il en est bien sûr autrement des pays en
développement.
Le manque de qualification : un obstacle à
l'accès aux postes à forte valeur ajoutée
L'adaptation aux normes internationales et surtout la
nécessité de faire face à la concurrence internationale
demandent une main d'oeuvre de plus en plus qualifiée et productive.
Ceci constitue un désavantage stratégique des PMA où bien
souvent l'éducation fait défaut128(*). En conséquence dans les pays en
développement, on voit les travailleurs migrants occuper des postes
techniques et de direction où il y a « insuffisance ou
carence de personnel »129(*) : en général, ces
expatriés occupent des postes de responsabilité et jouissent de
bonnes conditions d'emploi et de rémunération. L'emploi de ce
type de personnel étrangers représente bien entendu un coût
élevé mais surtout il grève les progrès en
matières de développement et de redistribution aux populations
locales des bénéfices tirés du tourisme. Ceci explique la
stratégie traditionnelle entre pays ayant une main d'oeuvre
spécialisée insuffisante, d'orienter l'offre réceptrice
vers des formules qui requièrent une moindre dotation de ce type
d'employés qualifiés tout en faisant exploser la durée du
travail pour pallier au manque de productivité130(*).
La nécessité d'importer
Les éléments qui limitent l'influence du
tourisme sur le développement ne sont pas uniquement liés au
secteur touristique en lui-même ; en effet la situation de
l'économie de l'Etat peut expliquer une perte de profit engendrée
par le tourisme. La critique de « l'accélérateur
touristique »131(*) est ici primordiale : dans de nouvelles
régions, ou dans des pays en voie de développement, l'importation
induite de biens d'équipement touristique provoque à
l'étranger, ou en dehors de la région, le fonctionnement de
l'accélérateur à l'occasion de la demande de biens
intermédiaires destinés à produire ces biens
d'équipements. Il en est de même des importations induites par les
distributions locales de revenu (notamment de salaire) : la demande de
biens intermédiaires destinés à l'augmentation de cette
production additionnelle a lieu à l'étranger.
L'accélérateur ne joue ici que dans la mesure où une
partie du revenu distribué localement se porte sur la demande locale.
Ici la production locale doit augmenter : la demande de biens
intermédiaires s'accroît plus que celles des biens finaux.
Plus le niveau et le pourcentage des importations seront
élevés, moins seront les revenus découlant de
l'application du « multiplicateur
touristique »132(*). Par ailleurs la hausse des prix liée au
tourisme peut, selon son intensité, annuler ou réduire
sérieusement l'effet cumulatif attendu.
Ainsi, afin de se conformer aux normes internationales, et ce
malgré l'insuffisance des marges financières
dégagées, les pouvoirs publics (Etat, régions ou
collectivités locales) devront mettre en place une politique active
d'amélioration de la qualité des infrastructures d'accueil et
d'hébergement pour133(*) :
II.1.1.2.1. Encourager les investissements de la
qualité à la fois du point de vue de la construction et du
contenu culturel des projets d'urbanisme
II.1.1.2.2. Favoriser la formation professionnelle de
l'ensemble des facteurs du tourisme
II.1.1.2.3. Mettre en place les montages financiers
adaptés
Face à ce constat, la plupart des experts
indépendants recommandent aux autorités nationales de
préparer et d'encadrer le tourisme, en vue d'optimiser les
retombées positives et de minimiser les coûts sociaux et
environnementaux134(*).
L'Etat devra ici s'investir afin de répondre aux besoins du tourisme
tout en espérant que le multiplicateur de l'investissement
keynésien soit en rendez-vous.
II.2. Les besoins du tourisme nécessitent
l'investissement de l'Etat
Au regard des statistiques établies par l'OMT, on se
rend compte que parmi les pays en développement, ce sont les pays les
plus en retard qui accusent, en général, des déficits
touristiques135(*). En
effet, ils ne disposent pas des infrastructures de transport,
d'hébergement et de restauration, pour répondre de façon
satisfaisante à la demande touristique internationale. Par
conséquent, ils n'ont qu'une clientèle touristique faible voire
très faible. En Afrique, la sous région occidentale est celle qui
présente les déficits les plus élevés, suivie de
l'Afrique centrale et l'Afrique Australe. Un des objectifs essentiels de leur
politique touristique est, en conséquence, de procéder aux
aménagements touristiques qui permettront de recevoir un flux accru de
touristes étrangers et ainsi d'équilibrer leur balance, voire de
la rendre positive.
Dans ce contexte, le pays sous-développé se doit
d'investir136(*) ;
les concours financiers au pays en développement sont apportés
sous forme de prêts à long terme par la Banque Mondiale, de
prêts à taux d'intérêt bonifié via l'Agence
Internationale de Développement et de prise de participation des
Sociétés Financières Internationales137(*). Il convient de remarquer
cependant l'insuffisance du financement concernant directement les
investisseurs touristiques. Cette insuffisance conduit, pour de nombreux pays
à une sous-exploitation économique de leur potentiel touristique
et pénalise une forme de développement bien adaptée
à la situation de certains pays.
Ceci est notamment dû au fait que pour les pays en
développement, les exigences des investisseurs notamment internationaux
sont très élevées avec des taux de retour sur
investissement de l'ordre de trois à quatre ans pour tout investissement
touristique dans ces pays. Ceci implique la nécessité de laisser
à la charge des gouvernements le financement des infrastructures,
très souvent onéreuses.
Face à cette donne, l'Etat doit :
II.2.1.1.1. Déterminer les objectifs et les moyens des
politiques macro économiques de développement touristique
II.2.1.1.2. Evaluer les effets multiplicateurs de ces
politiques sur la production et sur la consommation
II.2.1.1.3. Rechercher les limites de ces politiques face
à la protection de l'environnement naturel et social
En répondant à ces trois objectifs, l'Etat
pourra ainsi développer le secteur du tourisme en répondant aux
besoins de ces derniers, tout en favorisant le développement de sa
population.
1. Répondre aux besoins...
Le tourisme comprend des besoins primaires clairement
définis: il faut pouvoir acheminer les touristes, les héberger en
répondant le plus possible aux normes occidentales, les faire circuler
rapidement et confortablement ; il faut également leur offrir un
service de qualité138(*).
Le besoin d'infrastructures
Développer le tourisme exige la construction
d'infrastructures importantes qui représentent des investissements
énormes alors même que la grande majorité de la population
du pays ne profitera pas de telles infrastructures139(*). En effet, dans les pays du
Sud, la grande majorité de la population n'a pas d'appareils
électriques et ne dispose pas de véhicules pour utiliser les
routes. Dans ce contexte, le développement de voies de communication ou
de réseaux électrique ne conférera presque aucun avantage
à une grande partie de la population qui n'a ni les moyens ni les
capacités financières pour utiliser les nouvelles
infrastructures.
Malgré tout sans infrastructures, on ne peut
développer le tourisme, cependant dans le cadre des pays en
développement, il conviendra de faire coïncider au maximum la
création d'infrastructures avec les intérêts du
développement local. Ou tout au moins de ne pas utiliser l'ensemble des
profits générés par le tourisme pour uniquement des biens
sans rapport avec le développement du bien être local.
Par ailleurs, des régions telles que l'Afrique et
l'Asie du Sud ne disposent pas des infrastructures d'accueil et de transport
suffisantes. Il convient donc aux Etats de favoriser les investissements
privés par le biais d'une fiscalité ou d'un droit avantageux afin
de répondre aux capacités d'accueil. Dans ce contexte, le transport aérien à
l'île Maurice peut être considéré comme un des
principaux exemples d'adéquation avec le développement d'un
tourisme haut de gamme. En effet, la compagnie Air Mauritius est
équipée des appareils les plus modernes et performants ce qui lui
permet de relier les principaux marchés touristiques de l'île
Maurice par des vols non-stop vers la France, la Suisse, l'Allemagne, la
Belgique, le Royaume-Uni ainsi que vers l'Afrique du Sud, l'Australie, l'Inde
et l'Asie du Sud Est140(*).
Favoriser les PME du secteur touristique
Par ailleurs, au sein des économies en
développement, une forte part des prestations touristiques est
réalisée par de petites et moyennes entreprises (PME)141(*). La plupart de ces
entreprises ont une base locale, à travers l'emploi et l'achat de
produits de base locaux, leur interdépendance avec l'économie
locale étant ainsi particulièrement forte. En reconnaissant leur
rôle dans le développement du tourisme, les directives pour le
développement de la Commission pour le Développement Durable des
Nations Unies ont souligné la nécessité pour les
gouvernements de « les soutenir aussi bien financièrement
que techniquement et de réduire leur fardeau
administratif ».
Il apparaît ici primordial d'offrir un cadre tant
juridique que financier clair aux réceptifs locaux. Cela passe
nécessairement par une stabilité politique comme le souligna le
rapport du NEPAD. Dans de nombreux Etats sous-développés, le
droit des affaires tout comme les normes (comptables par exemple) ne favorisent
pas le développement de l'économie. Obsolètes et
corrompus, ces éléments primordiaux constituent un frein au
développement. A l'inverse, le tourisme est un secteur parfaitement
normé au niveau international, ce décalage entraîne un fort
désavantage pour les pays du Sud. Dans ce contexte, les gouvernements se
doivent de clarifier leurs droits et normes ; plus que tout il leur faut
favoriser le développement de la « liberté
d'entreprise » en offrant à leurs PME les outils et
protections nécessaires pour faire face à la concurrence
internationale.
La nécessité de qualification et
formation de la population locale
Nous avons noté précédemment que le
tourisme nécessite une forte main d'oeuvre peu qualifiée,
malgré toutes les normes internationales, la concurrence que se livrent
les destinations142(*)
et plus que tout l'exigence des touristes entraîne un besoin de
qualification. De plus, afin d'avoir les moyens de contracter les postes
à forte valeur ajoutée et donc éviter la fuite des
bénéfices, la formation de cadres locaux est une des
priorités si l'on veut profiter efficacement du développement via
le tourisme.
La formation professionnelle est donc une tâche que
devrait assumer l'administration publique de chaque pays
sous-développé en priorité afin de gérer au mieux
les profits du tourisme.
Politique économique globale à mettre en
place :
Le tourisme nécessite des investissements
énormes, il s'agit par conséquent d'une industrie lourde ;
or les PMA ne peuvent se permettre de financer l'ensemble de ces derniers. Il
convient donc à chaque Etat de mettre en place une politique
économique globale afin d'attirer les investisseurs privés du
Nord143(*).
Les moyens financiers et fiscaux concernent l'ensemble des
politiques du crédit, des taux d'intérêt et des
impôts. Ils ont pour but de créer un climat favorable de
l'épargne, aux investissements et à la création de
nouvelles activités touristiques, qui profitent à l'ensemble de
l'économie. Une diminution de la fiscalité, combinée
à une baisse des taux d'intérêt, favorise le tourisme parce
qu'elle crée les conditions d'une augmentation des investissements
touristiques, c'est à dire d'une offre compétitive et par
conséquent une augmentation de la demande144(*).
Les mesures budgétaires comprennent quant à
elles le financement par l'Etat du budget de l'administration nationale du
tourisme par l'attribution de subventions destinées à encourager
des activités considérées comme prioritaires ; de
prêts permettant de favoriser les investissements lourds
d'infrastructures touristiques, de transport et d'hébergement.
Les mesures monétaires ont pour but de maintenir la
compétitivité internationale des produits touristiques du pays.
Pour cela, de nombreux Etats adoptent une véritable stratégie de
change composée de dévaluations destinées à
compenser l'inflation intérieure, ou à réduire la
concurrence étrangère.
Les mesures fiscales portent essentiellement sur les avantages
fiscaux consentis aux entreprises touristiques : exonérations,
déductions, délais.
Les moyens économiques concernent la politique
budgétaire et monétaire. Leurs effets ont un impact sensible sur
l'évolution des prix intérieurs et sur les taux de change. Une
politique d'expansion trop rapide du budget et de la masse monétaire
peut provoquer des effets négatifs sur l'économie nationale en
favorisant l'inflation et le déficit extérieur. Les mesures
d'encouragement budgétaire voient, dans ces conditions, leurs
portées se réduire. Il en résulte que les politiques
macroéconomiques, budgétaires et monétaires, ne sont pas
suffisantes pour favoriser le tourisme.
L'Etat se doit donc de répondre aux besoins du tourisme
afin d'en faire un secteur stratégique de son développement.
Toutefois cet investissement énorme dans les infrastructures... ne doit
pas avoir pour conséquence de limiter la redistribution des profits
à la population. En effet, le tourisme est dans notre paradigme, un
vecteur de développement ; son but est par conséquent
l'amélioration du bien être de la population locale. Dans ce
contexte, la mission la plus difficile de l'Etat est de savoir répondre
à la fois aux besoins du tourisme tout en favorisant la population
locale. Le développement du tourisme pouvant avoir des
conséquences néfastes s'il est mal maîtrisé et si
les populations civiles ne sont pas associées aux projets145(*) ; répondre aux
besoins du tourisme tout en favorisant les populations locales... tel est le
véritable pari de notre théorie.
2. ... Tout en favorisant la population
La relation du tourisme avec le développement n'est pas
linéaire, en effet de nombreux contre-exemples le démontrent.
Cette relation existe, mais elle n'est pas toujours directe, le tourisme n'est
en vérité qu'une activité économique, certes avec
ses particularités, mais qui ne peut être dissocié ni du
contexte social, où il s'opère, ni du contexte économique.
C'est-à-dire, qu'analyser le tourisme de façon isolée des
autres facteurs du développement est une erreur conceptuelle, lorsque
l'objectif est planifié et organisé alors nous verrons
apparaître un contexte économique et social favorable au
développement de l'économie et de la société. Le
tourisme n'est qu'un axe de la politique de développement, à
l'image de l'agriculture, de l'éducation, de la santé...
Préserver les modes de vie des populations
locales
Arrêtons nous un instant sur l'article 9 du code mondial
d'éthique de l'OMT qui tente de mettre en lumière les
risques d'acculturation qu'engendre le tourisme dans les pays
sous-développés :
« les entreprises multinationales de l'industrie
touristique ne doivent pas abuser de situations de positions dominantes
qu'elles détiennent parfois ; elles doivent éviter de
devenir le vecteur des modèles culturels et sociaux artificiellement
imposés aux communautés d'accueil ; en échange de la
liberté d'investir et d'opérer commercialement qui doit leur
être pleinement reconnue, elles doivent s'impliquer dans le
développement local en évitant par le rapatriement excessif de
leurs bénéfices ou par leurs importations induites, de
réduire la contribution qu'elles apportent aux économies
où elles sont implantées »146(*).
Souvent critiqué, il est évident que le tourisme
peut amener des impacts particulièrement négatifs147(*) ; en effet le tourisme
vers les pays en développement est malheureusement souvent
associé à l'idée du tourisme "sexuel" ou "sexuel avec des
mineurs". Il est évident que toute déviance dans le comportement
des touristes doit être condamné avec la plus grande
fermeté. La position des organisations internationales, qui ont pour
mission la promotion des libertés des enfants, des femmes et des hommes
ou encore la promotion du tourisme, est d'ailleurs très ferme à
cet égard. Pourtant dans les pays en développement, le secteur
informel et de la criminalité sont souvent moins contrôlés
faute de moyens mais également du fait de la corruption des agents
publics148(*).
A l'occasion de la réunion mondiale sur les impacts
sociaux du tourisme, qui s'est tenue à Manille en mai 1997, il fut
reconnu que des pratiques telles que la prostitution des mineurs étaient
de « notoriété publique » dans
certains pays et particulièrement les pays
sous-développés. Dans ce rapport, on rappela que certes le
tourisme est un moment d'évasion et de rupture avec la vie quotidienne,
et que l'on ne peut rendre responsable le secteur touristique des excès
provoqués par des touristes individuels. Malheureusement, le rapport
souligna également que le tourisme amène les individus dans des
contextes culturels différents du sien et à ce titre il est un
facteur qui encourage ce type de pratiques. Dans de telles circonstances, le
tourisme crée un contexte qui favorise le développement des
activités illicites comme la prostitution.
Il ne faut certes pas baisser les bras devant ces arguments.
Mais ils sous-entendent que combattre l'offre peut être une option, mais
probablement pas la solution, car il existe aussi une demande. Les actions pour
lutter contre ces activités, dans le cadre du tourisme durable, sont de
différentes natures :
« Informer ; inciter les exploitants des
infrastructures touristiques à prendre des mesures afin de
réduire la marge de manoeuvre et l'espace de ces activités ;
faire pression sur les gouvernements afin de faciliter les procédures de
poursuites judiciaires entre Etats ; mais aussi réfléchir
sur les causes réelles de ces pratiques et agir en conséquence -
penser à la richesse potentielle du tourisme et aux systèmes
possibles de redistribution, par exemple... »149(*).
Le rejet de la primauté aux
touristes
Béatrice Dehais dans un travail consacré
à la mondialisation et aux dégâts du tourisme150(*) souligna que :
« Les modes de consommation des touristes en eau
et en électricité conduisent souvent à détourner
les ressources disponibles au détriment des
habitants ».
Par ailleurs, comme nous l'avons vu, le traitement que le
tourisme reçoit de l'Accord général sur le commerce des
services (AGCS) est en passe de rendre hors la loi toute réglementation
nationale ou locale limitant de quelque manière que ce soit
l'accès des multinationales du secteur aux marchés nationaux.
Tout effort régulateur visant à subordonner les
intérêts des investisseurs à ceux des habitants serait
dès lors voué à l'échec.
Déjà dans les pays développés, on
remarqua que les infrastructures touristiques prévues pour les
périodes de pointe sont sous-utilisées en dehors de la haute
saison ; dans les pays sous-développés, c'est
généralement l'ensemble des infrastructures qui restent sous
utilisées par les populations locales du fait qu'elles n'en n'ont pas
réellement l'utilité.
L'existence de goulots d'étranglement concernant
certains produits, très demandés par les touristes
étrangers et consommés habituellement par la population locale
(poissons, viandes, fruits) a des effets inflationnistes qui peuvent se
propager sur l'ensemble de l'économie. Ce risque inflationniste est
important dans les pays en développement parce que
l'élasticité de l'offre est faible et parce que l'accroissement
des importations n'est pas possible du fait de la pénurie de devises.
Les politiques d'accompagnement du développement touristique
résident dans ce cas soit dans une réduction de la demande
nationale ou touristique étrangère, soit dans un accroissement de
l'offre grâce à une augmentation de la production nationale ou par
une augmentation des importations payées grâce aux devises
apportées par les touristes étrangers consommateurs.
Face à cela, l'Etat se doit de réagir ; le
développement du tourisme ne devant pas se traduire par une diminution
de l'accès aux produits de vie courante (notamment alimentaire) pour les
populations locales151(*). Dans ce contexte, il est évident, et il
n'est pas anodin de finir notre étude par ce point, que la
redistribution des profits générés par le tourisme doit
être la priorité absolue de l'Etat.
La redistribution comme donnée
fondamentale
Dans de nombreux pays sous-développés, les
gouvernements pêchent par leur volonté d'augmenter les recettes du
tourisme en maximisant le nombre de visiteurs, au lieu de s'engager dans la
recherche de méthodes de redistribution de ces profits à la
population locale.
Certes la mise en place d'une politique de
développement de tourisme rencontre quelques
difficultés notamment l'insuffisance des financements à
affecter au développement de l'activité touristique
où encore la domination des sociétés internationales, sur
lesquelles les gouvernements ont très peu de pouvoir de
contrôle ; il y a également le besoin de se positionner face
à d'autres destinations des pays en développement, le tout sur un
marché mondial du tourisme hautement concurrentiel152(*). Par ailleurs, l'utilisation
du tourisme comme vecteur de développement reste en concurrence avec la
vision classique du développement prônée par les
institutions internationales.
Cependant le principal défi au développement
aujourd'hui est l'amélioration du niveau de vie. L'Etat se doit
d'évaluer la pauvreté, de définir les projets de
développement et de mesurer leurs capacités à lutter
contre la pauvreté. L'extension des bénéfices tirés
du tourisme à d'autres usages doit permettre de rendre polyvalente
l'action de l'Etat153(*).
Le rôle du tourisme comme facteur de
développement dans les PED n'est pas toujours positif. En effet,
certains gouvernements ont facilité l'implantation de clubs de vacances
ayant pour but un développement spécialisé de
l'activité154(*).
Ce type de structure d'accueil est particulièrement sensible aux
fluctuations des motivations de la demande et est en majeure partie
subordonnée aux marchés extérieurs. D'autres pays ont eu
tendance à inciter les tours opérateurs et autres agents de
l'activité à développer leur tourisme en utilisant les
petites entreprises locales. Aussi, une centralisation quelque fois excessive
du pouvoir de décision dans ces pays a laissé une marge
réduite de manoeuvre, de parole et de participation de la population
locale.
Le climat actuel de réorganisation et restructuration
des institutions internationales pourrait être l'occasion, pour les PED,
de s'organiser afin de pouvoir faire face à un certain type
d'investissement dans le secteur touristique. Cette culture du voyage,
basée sur le facteur prix « à condition que la
qualité standard internationale soit assurée », ne
valorise pas les pays du Sud. Le rôle du tourisme comme facteur de
développement sera plus clairement perçu dès lors que les
éléments qui concourent au choix du touriste seront plus proches
des valeurs qui font la particularité de la destination. Souvent, le
levier du système de prix vient compenser un déficit d'image de
la destination. La responsabilité ultime du succès d'une
politique de développement du tourisme revient probablement aux
professionnels du marketing, pour qu'ils réussissent à imprimer
une identité qui soit en adéquation avec le processus de
planification du développement de la destination.
Conclusion.
Après
cette étude poussée sur ce lien entre le tourisme et le
développement, il convient de dresser un bilan mais surtout les
perspectives pour la poursuite de la réflexion.
Que doit-on retenir de notre étude ? Que le
tourisme offre sans conteste aujourd'hui une opportunité de
développement à de nombreux états du Sud. Bien entendu des
questions restent encore en suspend, il faudra poursuivre la réflexion
autour de la valeur ajoutée qualitative qu'apporte le tourisme dans
l'économie d'un Etat. De nombreuses pistes méritent d'être
approfondies telles que l'influence du tourisme sur la restructuration des
centres urbains, sur la revalorisation des espaces naturels et ruraux155(*).
Dans notre étude, nous avons souligné tout le
potentiel du tourisme en tant que vecteur de développement. Toutefois,
il engendre trop souvent des effets négatifs.
« Lorsque les touristes viennent passer leurs
vacances dans des pays où les populations gèrent des
équilibres plus ou moins stables avec les ressources disponibles, ils
sont des facteurs perturbateurs et destabilisateurs, par la consommation
induite par leur présence : en ressources hydriques, en énergie
et carburants, en biens alimentaires... Ils sont également à
l'origine de la production de déchets et d'effluents
supplémentaires rarement traités, qui occasionnent des impacts
variables sur la biodiversité156(*). »
La responsabilité de ces effets négatifs est
partagée entre les autorités locales qui ne savent gérer
un tel afflux de touristes, et les grands Tours Opérateurs
étrangers qui expédient des « hordes de touristes
vers ces destinations, avec une sensibilité plutôt poussée
vers l'optimisation des capacités de transport que vers les pressions
exercées sur le patrimoine ou les populations
d'accueil 157(*)».
Par ailleurs, il convient de rappeler que le dynamisme actuel
du tourisme international reste très dépendant de la conjoncture
politique internationale et des effets des mécanismes
économiques, notamment monétaires : « la
croissance du tourisme mondial demeure soumise à la situation
économique dans les principaux marchés émetteurs notamment
des Etats-Unis, de l'Union Européenne et du Japon »158(*).
Afin de mieux saisir les raisons des effets à la fois
positifs et négatifs du tourisme, il convient d'étudier
l'état d'esprit du voyageur en ce début de 21e
siècle, il s'agit d'une :
« Fusion paradoxale entre deux personnages
extrêmes : Phileas Fogg et Robinson. Entre l'homme pressé
à la Paul Morand et le rêveur solitaire savourant le simple
bonheur d'être au monde, la saveur des fruits, le plaisir d'une plage au
soleil »159(*).
Cet état d'esprit nous oriente vers la confrontation
entre le voyageur et le touriste ; ou plus exactement entre
« l'activisme du voyageur et la passivité du
touriste160(*) ». Il est évident que le
tourisme peut désorganiser en profondeur une société
lorsqu'un simple pourboire en dollars ou un « service
sexuel » suffisent à dépasser le salaire mensuel local.
Ce constat amena Duterme a se demander si finalement
« la monoculture du tourisme massifié n'est-elle pas autre
chose qu'un nouvel usage occidental du monde ?». Le tourisme
devenant de facto une nouvelle forme de domination des pays du Nord sur ceux du
Sud. Face à cette donne, nous pouvons émettre la suggestion de
passer de « l'advocacy platform » à
« l'adaptancy platform » : un ordre
touristique équitable, responsable et durable161(*).
En effet, à l'heure où la conscience pour les
questions de respect des populations et de développement commencent
à pénétrer les habitudes de consommation, il convient
aujourd'hui de proposer aux voyageurs des produits répondant aux
nouvelles valeurs162(*).
Dans notre étude, nous nous sommes rendus compte que le
tourisme n'était donc pas une solution miracle aux problèmes de
développement, toutefois si vendre du rêve aux touristes
majoritairement occidentaux peut permettre aux populations des pays en
développement de réaliser les leurs ; l'opportunité
mérite d'être poursuivie et regardée de plus près.
* 1 Rapport du NOPADA Octobre
2001, page 1.
* 2 Source rapport du NOPADA
Octobre 2001, page 1
* 3 Il convient ici de se
référer au livre de François Perroux, Pour une
philosophie du nouveau développement ; Presses de
l'UNESCO, Paris, 1981, 279 pages.
* 4 Précédemment
l'ensemble des cadres théoriques sur le développement affirmait
que s'il y avait croissance, il y aurait développement.
* 5 Celso Furtado,
théorie du développement économique ; PUF,
Paris, 1976, page 203
* 6 Cf. Celso Furtado,
Théorie du développement économique ; PUF,
Paris, 1976 ; page 208
* 7 Joseph Stiglitz, la
grande désillusion ; Fayard, Paris, 2006, page 55.
* 8 Il s'agit ici de ce que
dénonce Bennett comme « Processus Dictatorial
bienveillant ».
* 9 C'est ce que nomme Stiglitz
comme modèle américain de la Banque Mondiale.
* 10 Joseph E. Stiglitz, La
grande désillusion ; Fayard, 2002 ; page 48.
* 11 Sur ce point se
référer au livre de Massimo Tommasoli, le
développement participatif ; 2004.
* 12 Ben Brik Anis,
thèse sur le tourisme et développement durable,
2004 ; page 8.
* 13 Joseph E. Stiglitz, La
grande désillusion ; Fayard, 2002 ; page 17.
* 14 Ben Brik Anis,
thèse sur le tourisme et développement durable, 2004.
* 15 Idem
* 16 Ben Brik Anis,
thèse sur le tourisme et développement durable,
2004 ; page 8.
* 17 Ben Brik Anis,
thèse sur le tourisme et développement durable, 2004.
* 18 Sur ce point, il convient
de prendre en référence les théories de Furtado, Sunkel,
Cardoso et Faletto.
* 19 Il s'agit de la
théorie d'Amartya Sen que nous verrons plus loin.
* 20 Rapport du NOPADA
Octobre 2001, page 1.
* 21 Guide à l'intention
des autorités locales : Développement durable du tourisme, OMT,
1999, p. 18 à 23.
* 22 Joseph E. Stiglitz, La
grande désillusion ; Fayard, 2002 ; page 89.
* 23 Joseph Stiglitz est
professeur d'économie, Prix Nobel d'Economie, ancien conseiller de Bill
Clinton, qui en 1999 démissionna de son poste de Vice-président
de la Banque Mondiale en expliquant qu'il préférait partir
« plutôt que d'être muselé ».
* 24 Sur ce point
précis, il est conseiller de se référer au livre de Celso
Furtudo, Théorie du développement économique ;
PUF, 1976 ; et plus particulièrement au chapitre
intitulé « Dépendance externe et sous
développement ».
* 25 Selon le terme
utilisé par Celso Furtudo dans son livre « Théorie
du développement économique » ; PUF,
1976 ; page 205
* 26 Cette partie infime,
étant comme le relève François Xavier Vershave dans son
livre « Françafrique », essentiellement
composé des hommes de pouvoirs et hauts industriels totalement en
adéquation avec les Politiques des pays du Nord.
* 27 Nous pourrions ici
approfondir notre analyse de la dépendance par une étude
poussée des systèmes de pouvoir et des racines culturelles et
historiques de ces dernières.
* 28 Celso Furtudo,
Théorie du développement économique ; PUF,
1976 ; page 206.
* 29 Celso Furtudo,
Théorie du développement économique ; PUF,
1976
* 30 Celso Furtudo,
Théorie du développement économique ; PUF,
1976 ; page 203
* 31 Stéphanie Treillet,
l'économie du développement ; Nathan, 2002, page
11
* 32 De plus, l'idée
selon laquelle il n'existerait qu'un état unique de développement
souhaitable est trop figée. Comme l'écrivent Pierre Dockès
et Bernard Rosier dans leur ouvrage l'histoire ambiguë (Puf,
1988) : « le fait que l'ère de consommation de masse
soit la finalité posée du développement exprime bien que
pour ces auteurs (Rostow) toute société est appelée
à rejoindre la société américaine posée
comme référant absolu, par une analyse réduisant
l'histoire à un schéma linéaire et répétitif
qui nie toute spécificité des sociétés... et
empêche toute politique alternative ».
* 33 Voir sur ce point
l'ouvrage de Hymes « the multinational corporation and law of
unerdevelopment »
* 34 Amartya Sen, Un
nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page
15.
* 35 Amartya Sen, Un
nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page 16
et 17.
* 36 Amartya Sen, Un
nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page
20.
* 37 Cette théorie tire
sa dénomination du Nom de l'ancien Premier Ministre de Singapour Lee
Kuan Yewselon.
* 38 Amartya Sen, Un
nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page 30.
* 39 Cf. Supra
* 40 Amartya Sen, Un
nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page 59.
* 41 Amartya Sen, Un
nouveau modèle économique ; Odile Jacob, 1999, page
72.
* 42 Il s'agit ici du titre du
chapitre 4 de l'ouvrage d'Amartya Sen intitulé Un nouveau
modèle économique.
* 43 Nouveau Partenariat pour
le Développement de l'Afrique
* 44 Ce concept découle
des théories de la croissance équilibrée et
déséquilibrée (Hirschman).
* 45 L'analyse de ce
raisonnement appelé « causalités circulaires
cumulatives » par Gunnar Myrdal, se retrouve dans l'ouvrage de
Stéphanie Treillet, l'économie du
développement ; Nathan, 2002, page 54.
* 46 Ceci est
exprimé dans le rapport lui-même qui
« représente une promesse faite par des dirigeants
africains de placer leurs pays sur la voie d'une croissance et d'un
développement durables ». Rapport du NOPADA Octobre 2001,
page 1.
* 47 Rapport du NOPADA
Octobre 2001, page 1.
* 48 Le rapport du NEPAD
parle ici de « plafonnement de l'aide
publique »
* 49 Rapport du NOPADA Octobre
2001, page 2.
* 50 Rapport du NOPADA Octobre
2001, chapitre relatif aux initiatives pour la paix, la
sécurité et la bonne gouvernance ; page 16 à 19.
* 51 Boris Martin, Voyager
autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002, page 50
* 52 Comme le souligne Gabriel
Wackermann dans son livre loisir et tourisme ; SEDES, 1994, 254
pages.
* 53 Jean Michel Hoerner,
Traité de tourismologie ; collection études, 2002,
page 17.
* 54 En Français :
sable, mer, soleil et sexe
* 55 Voir le schéma
en annexe (1) de la demande touristique .
* 56 Jean Michel Hoerner,
Traité de tourismologie ; collection études, 2002,
page 31.
* 57 Jean Michel Hoerner,
Traité de tourismologie ; collection études, 2002,
page 32.
* 58 Voir en annexe (2) le
schéma de l'implication du Moi dans le tourisme.
* 59 Centre indien de recherche
Equations, Expansion du tourisme international et
libéralisation des services ; Alternatives Sud, volume 13,
2006.
* 60 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 51.
* 61 Par exemple, le secteur du
tourisme a permis à l'Espagne de devenir la huitième puissance
industrielle du monde en lui fournissant, au cours de sa croissance,
sensiblement autant de devises étrangères que ses
exportations.
* 62 Cf. analyses du BIT
(Bureau International du Travail).
* 63 Mimoun Hillali, le
tourisme international vu du Sud ; Presses Université du
Québec, 2003.
* 64 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 52.
* 65 Georges Cazes, Georges
Courade, les masques du tourisme ; Revue Tiers Monde, n°178,
Avril-Juin, 2004.
* 66 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 2.
* 67 Source OMT, ce poids
considérable du tourisme représentant ainsi 30% de l'ensemble des
services mondiaux ; voir également en annexe (3) le tableau des
arrivées et recettes du tourisme mondial.
* 68 Bernard Duterme,
expansion du tourisme international : gagnants et perdants ;
Alternatives Sud, Volume 13, 2006
* 69 Voir annexe (4) tableau
sur les tendances et prévisions du tourisme mondial.
* 70 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 2.
* 71 Source OMT.
* 72 Voir annexe (5) tableau
sur les prévisions des arrivées touristiques par
régions.
* 73 Source UNWTO, Organisation
Mondiale du Tourisme au Nations Unies, « tourism market
trends », 2006. Voir également tableau en annexe
(p253).
* 74 Source UNWTO,
« Tourism market Trends », 2006 ; voir
également l'annexe (6) tableau sur les arrivées de touristes
internationaux dans les PMA.
* 75 Source OMT et
François Vellas, Economie et Politique du Tourisme
International ; Economica, 2007, page 16.
* 76 Bernard Duterme,
expansion du tourisme international : gagnants et perdants ;
Alternatives Sud, Volume 13, 2006
* 77 Ce compte de
trésorerie affiche les recettes par rapport aux dépenses.
* 78 Robert Lanquar,
l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page
74.
* 79 Voir l'annexe (7)
schéma d'un compte du tourisme.
* 80 Selon l'OMT, le tourisme
est en effet la principale source de devises pour 46 des 49 PMA.
* 81 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 58.
* 82 Robert Lanquar,
l'économie du tourisme ; Que sais-je ?, 1994, page
11.
* 83 Cette étude fut
faite dans le cadre d'une commission régional du Canto de Vaud.
* 84 Robert Lanquar,
l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page
45.
* 85 C'est par le biais de
ces nouveaux indicateurs que l'on a pu par exemple déterminer que en
Gambie le tourisme représente 58% du revenu national.
* 86 Robert Lanquar,
l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page
46 ; on note que un emploi direct crée de 1 à 3 emplois
indirects ou induits selon les pays.
* 87 La complexité du
calcul des emplois liés au tourisme ne nous permettant pas d'avoir des
données plus précises et récentes ; nous ne pouvons
qu'établir des estimations pour ce début de 21e
siècle.
* 88 D'après un document
du WTTC, « Travel & Tourism - The World's Largest Industry
and Generator of Jobs », Conférence de Vilamoura, 1997
* 89 Tout en offrant de
nombreux postes à des jeunes l'été afin de conserver une
main d'oeuvre peu chère et abondante.
* 90 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 78.
* 91 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 22.
* 92 Un exemple frappant ici
peut être celui des femmes de chambres des les Hôtels des pays
sous-développés. En effet, par le biais de rencontre
d'Hôteliers à Madagascar, j'ai pu noter que nombre d'entre eux
exigés une hygiène irréprochable à leur personnel.
Via cette exigence, de nouvelles habitudes se sont mises en place au sein des
proches du personnel de l'Hôtel créant ainsi une sorte de cercle
vertueux.
* 93 A l'exception du
secteur des combustibles et produits pétroliers qui lui
représente la principale source de devise pour trois PMA à savoir
l'Angola, la Guinée Equatoriale et le Yémen. Source OMT.
* 94 Cf. la première
partie de notre étude.
* 95 Cette dernière
s'évaluant et se remboursant en dollar le plus souvent, et dans certains
cas en euro.
* 96 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 21.
* 97 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 21.
* 98 En effet,
proportionnellement un séjour de type balnéaire est souvent moins
coûteux qu'un voyage de type circuit ou découverte.
* 99 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 22.
* 100 Les packages all
inclusive représentent environ 60% des voyages organisés.
* 101 Ceci est dû au
fait que les grands tours opérateurs mettent en place des allottements
(réservations) plusieurs mois voir plusieurs années avant
l'arrivée des touristes ; ceci exerçant une pression
phénoménale sur les hôteliers qui acceptent des rabais
considérables dans l'optique d'avoir un taux de remplissage maximum.
* 102 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 67.
* 103 Parmi les pays
européens, la France demeure le premier pays émetteur de
touristes vers l'Afrique avec plus d'un million de touristes par an, suivi de
l'Allemagne et du Royaume-Uni. Dans le tourisme africain, la part
prépondérante est conférée à l'Afrique du
Nord. Source OMT.
* 104 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 34.
* 105 Voir en annexe (8)
tableaux sur le tourisme en Afrique.
* 106 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 35.
* 107 Joseph E. Stiglitz,
« la Grande Désillusion », Fayard,
2002, page 363.
* 108 Jean Louis Laccomo,
Bernardin Solonandrasana, l'innovation dans l'industrie touristique ;
l'Harmattan, 2006, page 23.
* 109 Voir Jean Michel
Hoerner, Traité de tourismologie ; collection
études, 2002, page 154.
* 110 Accord
Général sur le Commerce des Services.
* 111 « Sans
l'énorme pression générée par le secteur des
services financiers américain (American Express et Citicorp), il n'y
aurait pas eu d'accord », David Hartridge, directeur de la
Division des services à l'OMC. Conférence de Londres en 1997.
* 112 Le site officiel de
l'Union Européenne mentionne que « l'AGCS n'existe pas
juste entre les gouvernements. Il est d'abord et surtout un instrument au
profit des affaires ».
* 113 Dans le monde, trente
centrales intégrées gèrent les réservations de
près de 20 000 hôtels situés sur l'ensemble du globe. Bien
entendu, ces centrales intégrées sont détenus par des
groupes localisés dans les pays du Nord. Voir Jean Michel Hoerner,
Traité de tourismologie ; collection études, 2002,
page 126.
* 114 Centre indien de
recherche Equations, Expansion du tourisme international et
libéralisation des services ; Alternatives Sud, volume 13,
2006.
* 115 Voir Jean Michel
Hoerner, Traité de tourismologie ; collection
études, 2002, page 131.
* 116 KT Suresh,
Alternative démocratique à la logique dominante du tourisme
mondial ; Alternatives Sud, Volume 13, 2006.
* 117 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 287.
* 118 Bernard Duterme,
expansion du tourisme international : gagnants et perdants ;
Alternatives Sud, Volume 13, 2006.
* 119 Source magazine
Alternatives internationales, n°15, Voyages au Sud,
profits au Nord, 2004.
* 120 Définition de
François Vellas, Economie et Politique du Tourisme
International ; Economica, 2007, page 96.
* 121 Autrement appelé
le tourisme par internet : vente de séjour et circuit directement
sur la toile. Dans les dernières années de nombreux sites ont
ouverts tel que promovacances, easy jet, last minute.com...
* 122 Boris Martin,
Voyager autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002,
page 28.
* 123 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 109.
* 124 Jean Louis Laccomo,
Bernardin Solonandrasana, l'innovation dans l'industrie touristique ;
l'Harmattan, 2006, page 32.
* 125 Jean Louis Laccomo,
Bernardin Solonandrasana, l'innovation dans l'industrie touristique ;
l'Harmattan, 2006, page 22.
* 126 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 95.
* 127
L'élasticité du marché au prix est considérable
dans le secteur touristique, sur certains marchés, une baisse de prix de
15 à 20% peut doubler le marché potentiel.
* 128 Comme le souligna A.W
Lewis, la dépendance et le profit capitaliste du Nord repose sur
« un retard certain de la main-d'oeuvre
autochtone ».
* 129 Robert Lanquar,
l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page
50.
* 130 Emploi et
qualification : on peut considérer la qualité du service
comme fonction de la qualité du facteur travail (FP) et de
l'investissement (I). La formulation en serait (I)FP x log I à la
puissance k ; k est ici un paramètre lié aux conditions
spécifiques de l'établissement hôtelier. Robert Lanquar,
l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page
44.
* 131 Robert Lanquar,
l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page
72.
* 132 Robert Lanquar,
l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page
70.
* 133 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 26.
* 134 Bernard Duterme,
expansion du tourisme international : gagnants et perdants ;
Alternatives Sud, Volume 13, 2006
* 135 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 150.
* 136 Sur ce point
précis, nous pourrions approfondir la réflexion sur les
conséquences d'une insuffisance de capital en prenant comme
référence le modèle Harrod-Domar.
* 137 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 131.
* 138 Comme nous l'avons vu en
effet le tourisme est un produit composé d'une multitude de prestations
séparées dans la cotation mais interdépendantes dans la
satisfaction du client.
* 139 Boris Martin,
Voyager autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002,
page 29.
* 140 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007.
* 141 Centre indien de
recherche Equations, Expansion du tourisme international et
libéralisation des services ; Alternatives Sud, volume 13,
2006.
* 142 Un classement des pays
les « plus accueillants » a d'ailleurs été
établi dernièrement par un institut européen.
* 143 Ces derniers
étant fortement attirés par les profits qu'ils pourraient
générer dans ces pays sous-développés.
* 144 François Vellas,
Economie et Politique du Tourisme International ; Economica,
2007, page 164.
* 145 Boris Martin,
Voyager autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002,
page 29.
* 146 Par cet article, nous
voyons le lien avec la théorie d'Amartya Sen :
« freedom and development ».
* 147 Boris Martin,
Voyager autrement ; Edition Charles Léopold Mayer, 2002,
page 28.
* 148 Il conviendra sur ce
point de prendre en référence les ouvrages sur la corruption en
Afrique mais également le rapport de l'OCDE : Combattre la
pauvreté dans le monde ; 2000.
* 149 Ben Brik Anis,
thèse sur le tourisme et développement durable, 2004.
* 150 Béatrice Dehais,
Mondialisation : les dégâts du tourisme ;
Alternatives économiques, n°194, Juillet-Août, 2001.
* 151 On peut prendre ici
l'exemple de Cuba, où seul les touristes ont le droit de consommer
certains produits tel que les crustacés... La population locale n'ayant
ni les moyens, ni le droit d'acquérir ou même pêcher ces
produits.
* 152 Sustainable Tourism
Management, John SWARBROOKE, 2000, p. 205.
* 153 Robert Lanquar,
l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page
44.
* 154 L'argument de la
spécialisation touristique est repris par Sayed MOUSSA - The
Interaction Between Tourists and Resident Communities in Resort Areas in
Developping Countries 1988.
* 155 Pour poursuivre la
réflexion sur ces problématiques, vous pourrez vous
référer à la thèse de Ben Brik Anis sur le
tourisme et développement durable, 2004.
* 156 Ben Brik Anis,
thèse sur le tourisme et développement durable,
2004.
* 157 Idem
* 158 François
Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ;
Economica, 2007, page 20.
* 159 Jean Michel Hoerner,
Traité de tourismologie ; collection études, 2002,
page 145.
* 160 Il s'agit du titre d'un
chapitre de livre de Jean Michel Hoerner, Traité de
tourismologie ; collection études, 2002.
* 161 Le concept de
développement durable est issu de la perspective sociale de l'IUCN
(International Union for the Conservation of Nature) et du PNUD
(Programme des Nations Unies pour le Développement), au
début des années 80. Depuis, le développement durable est
devenu le critère de base de la réflexion des Nations Unies sur
l'environnement et le développement. Le point de départ de ce
concept est le Rapport Brundtland (1987), intitulé « Our
Common Future », qui a exposé les premières
définitions de développement durable. L'une d'entre elles
présente le développement durable comme « celui qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre
à leurs propres besoins».
* 162 Il convient ici de
citer les principes du développement durable à savoir
l'équité et la rationalité dans l'utilisation des
ressources ; l'émergence de la société civile, notamment
à travers la participation démocratique ; la remise de la gestion
sous la responsabilité de la communauté locale et
réinvestir les richesses produites par cette gestion ; la mise en oeuvre
d'un nouveau système de redistribution des richesses et des ressources
naturelles. Cf. le PNUD.