Introduction générale
L'influence de la monnaie sur l'activité
économique, au moins à court terme, a été soutenue
par tous les courants de pensé économique.
La politique monétaire est devenue la composante
essentielle de la politique économique permettant aux autorités
monétaires de modifier les variables macroéconomiques.
Cependant et suite aux vastes mouvements de
libéralisation des marchés et ses conséquences en termes,
d'élargissement de l'activité bancaire, d'intensification de la
concurrence et d'accélération du processus d'innovation
financière, la conduite de la politique monétaire se trouve
largement modifiée dans la mesure où le développement des
innovations financière a entraîné une refonte du paysage
financier dans le quel opère la politique monétaire.
Dans cet environnement, l'efficacité de la
politique monétaire, dépend de la capacité des
autorités monétaires à déterminer l'aptitude
potentielle des canaux de transmission des impulsions de la politique
monétaire.
Les mécanismes de transmission des effets de la
politique monétaire représentent l'un des grands mystères
économique. L'étude des canaux de transmission de la politique
monétaire permet d'élucider une partie de ce mystère en
présentant les mécanismes par les quels se transmettent les
impulsions des autorités monétaires. La fin des années
soixante-dix, les diverses écoles se rejoignaient pour accorder à
la monnaie une influence sur l'activité économique, au moins
à court terme. Les travaux empiriques semblaient alors confirmer le
rôle dominant de la monnaie dans les variations conjoncturelles du
produit : Friedman et Schwartz (1963), dans leur histoire monétaire
des Etats-Unis, fournissaient une interprétation purement
monétaire de crise de 1929 en mettant en évidence la forte
corrélation de l'offre de monnaie au cours de cette période,
ensuite les travaux de Anderson et Jordan (1968), et Sims (1972) retrouvaient
l'antériorité de la masse monétaire par rapport au
produit.
Mais ce consensus quant à l'influence des chocs
monétaires sur la sphère réelle s'est brisé au
cours des années quatre-vingt. Les théoriciens du courant du
cycle réels montrent qu'un modèle de croissance
néoclassique perturbé uniquement par des chocs technologiques
génère des propriétés cycliques proches des
caractéristiques observées. Ce qui les conduit à
dénier aux variables monétaires et plus
généralement aux chocs de demande toute influence dans les
fluctuations économiques. Parmi ces travaux on peut citer ceux de Nelson
et Plosser (1988), Litterman et Weiss (1985) etc....
La vision traditionnelle de la transmission de la
politique monétaire à la sphère réelle
qualifié de « money view », est apparue
incomplète. Si la corrélation empirique entre les fluctuations de
la masse monétaire et du produit a été mise en
évidence sur la plupart des périodes et des pays, des
études empiriques ne font pas apparaître de mouvements
significatifs du taux d'intérêt réel anticipé ou une
forte élasticité des dépenses par rapport au taux
d'intérêt. En conséquences, le besoin s'est
avéré pressant de compléter les explications
traditionnelles de la transmission monétaire.
Une première variante s'est
développée dans le cadre des travaux de recherche de fondements
microéconomiques au modèle keynésien (Blanchard (1990))
qui privilégie les mouvements des encaisses réelles comme canal
des transmissions des chocs monétaires.
Une deuxième variante s'est
développée parallèlement à la première. Elle
remonte au modèle théorique de Bruner et Meltzer (1978) qui,
très tôt, ont reconnu l'existence d'un canal supplémentaire
passant par la quantité de crédit. Les mécanismes
décrits dans cette littérature sont communément
rassemblé sous l'étiquette « canal du
crédit » de la transmission monétaire.
La prise en compte des relations commerciales et
financières avec l'étranger permet de définir un nouveau
mécanisme capable de transmettre les impulsions de la politique
monétaire à savoir le canal du taux de change. Il présent
un élément important dans les modèles
macroéconomiques conventionnels ouverts permettant aux autorités
monétaires de modifier significativement l'activité
économique, ce canal de transmission a été très
soutenu par les travaux de Flood, Robert et Rose en 1999.
Mais les canaux de transmission de la politique
monétaire, sont variables d'une économie à l'autre et se
modifient au sein d'une même économie en fonction des changements
structurels, se trouvent par conséquent affectés. Ceci
entraîne une modification dans leur capacité de transmission
monétaire.
La Tunisie, comme les pays en développement se
trouve confronté à cette situation dans la mesure où le
processus d'innovation financière commence à se
développer, ce qui laisse envisager une modification probable des canaux
de transmission de la politique monétaire.
Une modélisation vectorielle autorégressive
nous est apparue être un cadre d'analyse adéquat. En effet, elle
permet de saisir la dynamique jointe d'un ensemble de variables comme
résultant de chocs exogènes et de mécanismes de
propagation. Nous estimons donc un modèle vectoriel à correction
d'erreurs comprenant un indicateur d'activité, de masse
monétaire, de taux d'intérêt, de taux de change et de
crédit.
Cette analyse est menée sur les données
Tunisienne, divisées en deux périodes (1975-1988) et (1989-2006),
les données sont mensuelles.
L'analyse des décompositions de variance,
l'assurance de l'absence du problème d'autocorrection des erreurs et les
fonctions de réponses aux chocs nous indiquerons les actions de la
politique et son influence sur l'activité réelle à partir
des trois canaux traditionnels de transmission.
Pour traiter ces questions, nous avons
décomposé notre travail de recherche en trois chapitres ;
Le premier chapitre est consacré aux
fondements théoriques des canaux de transmissions de la politique
monétaire. Ce chapitre est organisé comme suit,
· Dans une première section, nous exposerons le
canal du taux d'intérêt qui est considéré comme
canal privilégié du modèle de base Keynésienne.
· Dans une deuxième section, nous annoncerons le
canal du crédit.
· Enfin dans une troisième section nous
étudierons le canal du taux de change.
Le deuxième chapitre est
consacré au impact des mutations financières sur les canaux de
transmission de la politique monétaire en Tunisie.
· Au début nous revenons sur le processus
d'innovation financière en Tunisie
· Dans une première section nous analyserons
l'impact des innovations financières sur le canal du taux
d'intérêt.
· Dans une deuxième section nous
étudierons l'impact des innovations financières sur le canal du
crédit.
· Enfin nous exposons l'impact des mutations
financières sur le canal de change.
Le troisième chapitre sera
consacré à l'estimation d'un VAR et un test de causalité.
Cas de la Tunisie.
Chapitre I:
Mutations Financières et
Canaux de Transmission de la Politique Monétaire
Introduction
La théorie économique distingue deux canaux
traditionnels de transmission de la politique monétaire : le canal
du taux d'intérêt et le canal du taux de change. Cependant, ces
deux canaux paraissent incomplets pour apprécier efficacement la
transmission de la politique monétaire puisqu'ils ne tiennent pas compte
du rôle des structures financières.
Les insuffisances de l'analyse traditionnelle des
mécanismes de transmission de la politique monétaire ont
amené certains économistes à chercher si les
problèmes d'information sur les marchés des crédits aident
à étudier l'impact de la politique monétaire sur la
sphère économique réelle. Les différents
mécanismes provenant dans ce cadre sont englobés dans l'optique
du canal du crédit de transmission de la politique monétaire.
Les mécanismes de transmission des effets de la
politique monétaire représentent donc l'un des grands
mystères économiques et l'étude de ces canaux permet
d'élucider une partie de ce mystère en présentant les
mécanismes par lesquels se transmettent les impulsions émanant
des autorités monétaires.
L'émergence et le développement des
innovations financières ont nuancé cette capacité de
transmission dans la mesure où le rôle de ces canaux est vivement
contesté. De ce fait, Les autorités monétaires se trouvent
confrontées à un défi majeur puisqu'elles sont tenues
d'atteindre les objectifs fixés tout en intégrant les innovations
financière comme variable pouvant perturber la bonne conduite de la
politique monétaire. Afin de pouvoir disséquer l'impact des
innovations financière sur les divers canaux, il convient, tout d'abord
de les identifier.
Section -I- Le canal du taux d'intérêt
Le taux d'intérêt occupe une place importante
dans l'analyse économique de part son influence sur la demande globale
et sur le marché monétaire.
Je débute la présentation des
mécanismes de transmission de la politique monétaire par les
canaux de taux d'intérêt, car il s'agit d'un thème
classique de la littérature, ainsi qu'il est le premier
mécanisme qui est étudié dans les modèles
macroéconomiques conventionnels, dans ce point, il est le principal
mécanisme de la politique monétaire dans le modèle
keynésien.
I-1- Le cadre théorique de base (le modèle
keynésien)
Le principal apport du modèle original
réside dans la détermination simultanée, en
économie fermée, du revenu national et du taux
d'intérêt à partir d'une interaction entre les
marchés des biens et services (IS) et les marchés de la monnaie
(LM).
La courbe (IS) représente l'ensemble des
combinaisons du taux d'intérêt (i) et de revenu (Y) qui assurent
l'équilibre sur les marchés des biens et services. Sur ce
marché le niveau général des prix étant
donnée, l'offre (Y) correspond au niveau qui se partage entre la
consommation (C) et l'épargne (S), (Y=C+S).
La demande globale (D) se décompose en
consommation (C) et investissement (I), (D=C+I) et l'équilibre entre
l'offre et la demande dépend donc de l'équilibre entre
l'investissement et l'épargne (I=S ? Y=D).
L'investissement est une fonction décroissante du
taux d'intérêt. L'épargne est une fonction croissante du
revenu.
Ainsi la courbe (IS) représente les couples de
valeur (Y, i) compatibles avec la réalisation de l'équilibre sur
le marché des biens et des services (I=S) ; la pente de IS est
négatif, si i diminue, I augmente, alors S doit augmenter aussi
(I=S) ; cela présuppose que Y augmente également donc i et Y
varient en sens inverse (cette pente est d'autant plus forte que
l'investissement est moins sensible aux variations du taux
d'intérêt).
La courbe (LM) représente l'ensemble des
combinaisons de taux d'intérêt (i) et de revenue (Y), qui assurent
l'équilibre sur le marché monétaire. Sur ce marché,
l'offre M est déterminée par la politique de la Banque
Centrale.
La demande L se partage en une demande d'encaisses de
transaction (L1) et de spéculation (L2).
La demande d'encaisse de transaction est une fonction
croissante du niveau de revenu (plus on est riche, plus on dépense et
plus on a besoin de paiement).
La demande d'encaisse de spéculation L2 s'explique
ainsi : les spéculateurs conservent leurs encaisses
monétaires lorsque les cours des titres financiers sont
élevés, car ils anticipent alors une baisse. Ils les utilisent au
contraire pour acheter des titres quand les cours sont bas, espérant
réaliser une plus value. L2 est une fonction décroissante du
taux d'intérêt car le cours des titres varie en sens inverse du
taux d'intérêt, L2 =L2(i), la condition d'équilibre est
donnée par M=L1(Y) + L2(i).
La courbe LM représente les couples de valeurs (Y,
i) compatibles avec cet équilibre. Sa pente est positive.
L'intersection des courbes IS-LM donne le couple de
valeurs (Y, i) compatible avec l'équilibre sur le marché des
biens et des services et sur le marché de la monnaie.
i
IS LM
Y
Graphique 1 : Le modèle
IS-LM
On voit immédiatement que la position
d'équilibre dépend de celle des courbes IS et LM ce qui permet de
mettre en évidence les deux grands formes de politique
conjoncturelles : la politique budgétaire se traduisant par un
déplacement de IS et la politique monétaire correspondant
à un déplacement de LM.
L'équilibre sur les deux marchés se
réalise suite à l'intersection des deux courbes IS et LM
permettant jointement le revenu (y) et le taux d'intérêt (i) qui
représente la variable de connexion entre la sphère
financière et la sphère réelle (Hicks, 1937).
I-2- Les mécanismes de transmission
Concernant le rôle de ce canal dans la transmission
de la politique monétaire, il part du fait que les ménages
gèrent un portefeuille composé de deux sortes d'actifs à
savoir la monnaie et les titres financiers. Ainsi, tout choc de politique
monétaire affecte le portefeuille des ménages qui cherchent
instantanément à rétablir leur équilibre en
modifiant l'offre et la demande des différents actifs. Ce faisant, ils
provoquent une modification de l'ensemble des taux d'intérêt qui
se répercute sur le coût du capital qui présente le taux
directeur des décisions d'investissement. Il s'ensuit une variation des
investissements qui se répercute sur la production et la demande globale
(Bernanke, Ben S et Blinder, 1992).
Ce mécanisme transite par l'intermédiaire
du taux d'intérêt réel de long terme. Le caractère
réel s'explique par l'hypothèse de la rigidité des prix
qui joue un rôle essentiel dans le processus de transmission de la
politique monétaire selon cette optique.
En effet une expansion de la politique monétaire
est susceptible d'augmenter le niveau des prix attendus et donc l'inflation
anticipé ce qui entraîne une baisse des taux
d'intérêts réels et une augmentation des
dépenses.
Et vice versa en cas de contraction de la masse
monétaire même avec un taux nominal faible la politique
monétaire reste efficace.
Dans le cas où les prix s'ajustent tout de suite,
un changement du stock de monnaie se répercuterait aussitôt sur
les prix et les encaisses réelles resteraient inchangées. De ce
fait un changement de la politique monétaire n'a de conséquences
que si les agents économiques jugent que les grandeurs nominales ne vont
pas s'ajuster instantanément.
Ainsi, si les prix sont rigides et ne s'ajustent pas
complètement instantanément, la contraction monétaire
induit une baisse de la masse monétaire réelle détenue par
les agents et une montée des taux d'intérêts. Cette hausse
du taux réel qui va augmenter le coût du capital et entraîne
une baisse de l'investissement en capital fixe des entreprises, de
l'investissement en logement des ménages, des dépenses de biens
de consommation durable et de la variation des stocks. Cette évolution
provoquera la réduction de la production globale.
D'après Hubbard [1995], la transmission de la
politique monétaire par le canal du taux d'intérêt se fait
en deux étapes :
- Une contraction monétaire
génère, en premier temps, un déséquilibre des
portefeuilles des agents économiques, dû à la diminution
des encaisses réelles avec l'ancienne combinaison d'équilibre
taux d'intérêt-revenu. Les agents possèdent, donc moins de
liquidités, ce qui les amène à modifier la composition de
leur portefeuille en cédant des actifs, en agissant sur leur prix et
leurs rendements.
- La seconde étape consiste à l'impact
négatif de la hausse du taux d'intérêt réel sur la
demande à travers son effet sur l'investissement. En effet, cette hausse
du taux d'intérêt réel de long terme augmente le risque
concernant les projets d'investissements dans le futur suite à
l'augmentation des coûts du capital ; ce qui décourage la
demande globale et ralentit l'activité économique.
Un changement de la politique monétaire engendre
des variations des taux d'intérêts ce qui conduit à trois
effets : les effets de substitution, les effets de richesse et les effets
de transferts d'intérêts. Une contraction monétaire laisse
les agents économiques cherchent l'équilibre de leur portefeuille
après la hausse du taux d'intérêt, donc un processus de
substitution entre les actifs se déclenche sur la base de leurs nouveaux
prix. De même, les fluctuations du taux d'intérêt
affecteront le comportement des agents économiques en variant leurs
recettes et leurs charges financières. En effet, la hausse du taux
d'intérêt affecte positivement la situation des ménages qui
sont considérés comme créanciers nets de
l'économie. Cependant, la situation financière des entreprises,
débitrices, va être aggravée suite à la diminution
de leur activité économique (Strauss-Khan, 1986).
I-3- Mutations financières et canal du taux
d'intérêt
L'apparition du phénomène
des innovations financière a donné lieu à
l'émergence des plusieurs nouveaux produits financiers qui font partie
intégrante du portefeuille des ménages.
Ainsi, le portefeuille devient plus vaste vu
l'augmentation du panier des produits qui le constitue. Cette gamme des
produits devienne hétérogène dans la mesure où une
part des produits est échangeable à court terme et l'autre est
à moyen et long terme.
La modification des taux stimule une substitution entre
la monnaie et les actifs d'une part et entre les actifs eux même d'autre
part.
Dans une période d'augmentation des taux, il y a
appel à une substitution de la monnaie en faveur des actifs financiers
et à une substitution des actifs non risqués pour les actifs
risqués qui permettent de profiter de la hausse des taux.
Dans une période de baisse des taux, la
substitution s'opère entre la monnaie et les titres d'une part et entre
les actifs à rentabilité variable qui seront cédés
pour acheter les actifs à rentabilité fixes d'autre part.
Les nouveaux produits financiers engendrés par les
mutations financières font que la substitution se réalise selon
les mouvements des taux d'intérêt vue que la substitution suite
à la baisse diffère de celle à la hausse.
De cette façon, la banque centrale est devant une
situation compliquée puisque la manipulation du niveau d'un taux pour
les objectifs de politique monétaire entraîne la modification d'un
ou plusieurs autres taux qui peuvent être non correspondant aux
mêmes objectifs.
Ainsi, si la banque centrale considère que le taux
d'intérêt des certificats de dépôts est
élevé et décide par conséquent de le baisser en
vendant un grand nombre de certificats qu'elle possède, il y aura un
large mouvement de cession de ces produits puisque leur
rémunération baisse pour l'acquisition d'autres produits
financiers tel que les actions. Le rabattement des agents pour les actions
pousse les émetteurs de nouvelles actions à baisser leur
rendement, une telle baisse qui peut ne pas correspondre aux objectifs de la
politique monétaire (Icard, 1994).
Il s'avère donc que la politique monétaire
visant la baisse des taux des certificats de dépôts a
entraîné indirectement la baisse des taux des actions suite au
chevauchement entre les divers produits dû en grande partie à
l'innovation financière.
Par ailleurs, l'adoption d'une politique monétaire
rigoureuse avec l'augmentation des taux visant à maîtriser
l'inflation à travers le renchérissement des crédits, la
baisse de la consommation, de la production et de l'investissement peut
contournée par les nouveaux produits financiers qui permette aux
ménages de couvrir immédiatement des crédits
octroyés. En effet les produits de couverture permettent aux agents de
s'endetter à l'instant t avec le taux en vigueur à cet instant
pour utiliser ultérieurement le crédit surtout en période
de hausse des taux. Ce comportement rend les autorités monétaires
incapable de contrôler la demande globale puisque la consommation,
l'investissement et la production peuvent continuer à croître en
période d'augmentation des taux (Estrella, 2002).
Le lancement des nouveaux produits financiers rend les
taux plus volatiles et insensibles aux manipulations de la banque centrale,
donc l'arbitrage induit par le changement des taux d'intérêts sur
les prix perd une grande partie de son efficacité.
La conduite de la politique monétaire à
l'aide des taux d'intérêt devienne compliquée dans un
environnement caractérisé par l'innovation financiére
puisque les effets indirects l'emportent sur les effets directs lisible
à l'aide du modèle IS-LM. Cette présentation du
modèle IS-LM soulève plusieurs interrogations.
D'une part, le partage prix-volume de la politique
monétaire est éludé. En supposant des prix flexibles et
des anticipations parfaites et en adjoignant une relation dynamique entre
l'inflation et l'activité réelle, le canal de taux
d'intérêt disparaît.
D'autre part, si on élargit des actifs financiers
et qu'on distingue entre les actifs à court terme et les actifs à
long terme : on peut se demander comment la politique monétaire qui
contrôle les taux à court terme, va modifier les taux à
long terme qui sont supposés orienter les dépenses
réelles.
Bernanke et Blinder (1995) démontrent que beaucoup
d'études empiriques n'arrivent pas à prouver un mécanisme
via le coût du capital des entreprises. Le canal monétaire
fonctionne essentiellement en information symétrique c'est-à-dire
que les agents économiques disposent d'informations complètes et
identiques et que les marchés sont parfaits. L'investissement des firmes
est indépendant de leur structure financière. Les financements
externes et internes sont substituables et une variation des taux directeurs de
la Banque Centrale a des conséquences sur le coût des fonds
propres et le coût des capitaux empruntés.
De ce fait, Bernanke et Gertler (1995) considèrent
que l'échec du taux d'intérêt comme mécanisme de
transmission de la politique monétaire a encouragé d'autres
mécanismes, notamment le canal de crédit.
Section -II- Le canal du crédit
Une nouvelle conception des
mécanismes de la politique monétaire met l'accent sur
l'asymétrie d'information sur les marchés de capitaux. Les
intermédiaires financiers jouent un rôle spécifique dans
l'orientation des fonds de la sphère financière vers la
sphère réelle, elles sont particulièrement bien
placées pour résoudre les problèmes d'asymétrie
d'information sur les marchés de crédit.
Il existe deux canaux de transmission de la politique
monétaire qui résultent des problèmes d'information sur le
marché de crédit : le canal étroit de crédit
et le canal large de crédit.
Mais il est à noter qu'il s'agit d'un canal
additionnel et non parallèle au mécanisme du taux
d'intérêt.
II-1- Le cadre théorique de base
L'analyse macro économique standard
présentée par le modèle IS-LM ignore le rôle du
canal du crédit dans la transmission de la politique monétaire
puisqu'elle n'intègre pas le marché du crédit comme un
marché ayant un statut indépendant du marché
monétaire.
Bernanke et Blinder (1988) ont essayé
d'améliorer cette structure à fin d'intégrer le
marché de crédit. Ils ont développé le
modèle IS-LM de façon à ce qu'il intégré le
marché de crédit composé des offreurs et des demandeurs de
crédit. Ils ont montré que le canal de crédit a une
influence sur l'activité économique en tenant compte des
problèmes d'asymétrie d'information. Il s'est remarqué que
l'interaction des deux marchés, monétaire et de crédit
modifie les mécanismes de transmission de la politique monétaire
traités dans le cadre du canal du taux d'intérêt.
Le marché de crédit est formé par
des demandeurs de crédit et des offreurs de crédit.
Les demandeurs de crédits sont liées
positivement au revenu (Y), au taux d'intérêt des obligations (i)
et négativement au taux débiteurs sur les crédits bancaire
(ö). L'équation de la demande de crédit est :
Ld = L (ö, i, y)
Les offreurs des crédits sont liées
positivement au taux d'intérêt débiteur sur les
crédits bancaires, négativement au taux d'intérêt
sur les obligations (i) et de proportion (ë) du crédit (D)
accordé par les banques hors réserves obligataires au taux (r ).
L'équation d'offre est :
LS = ë (ië) D (1-r)
Théoriquement, D un multiple K (i) de la base
monétaire (B) d'où :
LS = ë (ië) K (i) B
(1-r)
L'équilibre sur le marché du crédit
se réalise lorsque l'offre est égale à la demande.
ë (ië) K (i) B (1-r) = L (ö, i,
y)
Après résolution, cette équation
donne ö =Ö (i, y, B). Cette fonction est
positivement liée à i et négativement liée à
B.
Cet équilibre est représenté par la
fonction de demande de monnaie et la fonction de demande de crédit.
La fonction de demande de monnaie :
Log M = a0 + a1 log (M-1) +
a2 i + a3 log P + a4 log y
La fonction de demande de monnaie dépend du taux
d'intérêt des obligations, du déflateur du PIB et du PIB
réel
Avec : (a0 < 0, a2 < 0 et
a1 > 0, a3 > 0, a4 >
0).
Cette fonction est inversement liée au taux
d'intérêt sur les obligations et positivement liée au
déflateur du PIB.
La fonction de demande de crédit :
Log C = b0 + b1 log(C-1) +
b2 f + b3 i + b4 log p +b5 log
y
Cette fonction de demande de crédit dépend
des prix (P) du PIB, du taux d'intérêt des obligations (i) et le
taux d'intérêt sur les prêts (f).
Avec : (b0 < 0, b2 < 0 et
b1 > 0, b3 > 0, b4 > 0,
b5 > 0).
Cette fonction est inversement liée au taux
d'intérêt sur les prêts et positivement liée au prix,
au PIB et au taux d'intérêts sur les obligation.
i
C M
i C
L
Y
Y
Graphique 2 : Intégration du
marché du crédit dans le modèle IS-LM
La courbe CC décrivant l'équilibre sur le
marché des biens et services possède une pente négative
comme celle de la courbe IS.
II-2- Le canal étroit du crédit
Le canal étroit du crédit (ou strict) du
crédit s'appuie sur la spécificité du crédit
bancaire par rapport aux autres moyens de financement. Le crédit
bancaire constitue le moyen de pallier les insuffisances du marché
financier qui résultent de l'imperfection de l'information.
Il y a une imparfaite substituabilité entre les
sources de financement externes et internes pour les différents agents
économiques. De plus au sein même du financement externe le
financement bancaire est imparfaitement substituable au financement direct
à la fois à l'actif du bilan des banques (du point de vue des
préteurs) et au passif du bilan des agents économique (du point
de vue des emprunteurs).
D'une part, certains investisseurs n'ont pas accès
au marchés financiers et dépendent des banques pour le
financement externe, il s'agit essentiellement des petites et moyennes
entreprises et des ménages. Le coût du crédit bancaire est
plus faible que celui d'un endettement obligataire pour les PME.
D'autre part, les banques elles-mêmes
considèrent que les réserves, les titres et les crédits
qu'elles nourrissent à leur actif ont une substituabilité
imparfaite, de même que les différentes formes de dettes qu'elles
émettent à leur passif.
Le canal des prêts bancaires énonce que la
dépendance de certaines entreprises du financement bancaire en
présence d'asymétrie d'informations peut transférer les
variations de l'offre de monnaie à l'activité réelle par
l'intermédiaire du volume des prêts distribués.
Illustrons le raisonnement par une politique
monétaire restrictive pesant sur la liquidité bancaire. En
vendant des titres publics à l'Open Market, le bilan de la Banque
Centrale est modifié par une réduction simultanée des
titres à l'actif et des réserves au passif.
Cette restriction monétaire n'a pas le même
effet sur les banques. Il y a une baisse des réserves bancaires et une
augmentation de leur portefeuille titres accompagnée par une hausse du
taux d'intérêt sur le marché monétaire. Or les
banques ont une contrainte de liquidité car :
- Les dépôts à vue les exposent
à des risques de retrait de la clientèle : risque
d'illiquidité.
- Certaines ressources sont soumises au système
des réserves obligatoires.
Le passif bancaire diminue en conséquence car la
baisse des réserves se répercute sur certains dépôts
par la logique des réserves obligatoires.
Pour retrouver leur ratio de liquidité, les
banques ont trois possibilités :
- Les agents non financiers considèrent que les
dépôts à vue sont substituables aux titres publics, ils
peuvent utiliser leurs dépôts à vue pour acheter les titres
acquis par les banques auprès de la Banque Centrale ce qui augmente le
taux d'intérêt sur le marché des titres. Cette augmentation
se propage aux autres actifs. Il y a ajustement et le crédit bancaire ne
varie pas. Le canal de transmission dans ce cas est le canal monétaire.
Il va se traduire par une augmentation du taux d'intérêt sur tous
les marchés de façon identique (marché du crédit et
marché de la monnaie).
- Si les agents non financiers voient que les
dépôts à vue sont substituables aux autres
exigibilités bancaires notamment les certificats de dépôts,
ils utiliseront leurs dépôts à vue pour acheter les
certificats de dépôts (qui exigent moins de réserves
obligatoires et pas de réserves de précaution) émis par
les banques. Il y a ajustement par une modification du passif bancaire et le
crédit reste inchangé.
- Si les agents non financiers jugent que les
dépôts à vue sont des actifs particuliers car ils ont une
valeur nominale garantie, il n'y a pas d'arbitrage possible et les banques se
verront obligées de réduire les crédits.
Pour que le canal de crédit fonctionne, il faut
donc une imparfaite substituabilité entre les titres (obligations) et
les prêts bancaires (à l'actif du bilan des banques), mais surtout
une imparfaite substituabilité entre les dépôts à
vue, les autres dettes bancaires et les obligations détenus par les
agents non financiers.
Bernanke et Blinder [1988] explicitent ces arbitrages,
comme il est déjà cité au dessus, dans un modèle
comprenant trois actifs, la monnaie, le crédit et les titres
obligataires. Dans un modèle IS-LM prolongé qui est un
modèle néokéynesien d'économie fermé
à prix fixes, le marché de la monnaie est décrit par une
courbe LM conventionnelle, L'offre de monnaie résulte d'une
multiplication des réserves bancaire, le coefficient multiplicateur
étant une fonction croissante du taux d'intérêt obligataire
(plus le taux obligataire est élevé, plus les réserves
excédentaires induisent un coût d'opportunité important
pour les banques). La demande de monnaie décroît avec le taux
obligataire et croît avec le revenu agrége. Le marché de
crédit nécessite un commentaire plus détaillé. Les
préteurs comme les emprunteurs arbitrent entre le financement
obligataire et le financement à crédit en fonction des taux. La
demande de crédit est une fonction décroissante du taux
débiteur bancaire, mais croissante du taux obligatoire et de revenu
agrégé (le revenu étant une variable indicatrice du
financement interne). L'offre de crédit quant à elle augmente
avec le taux débiteur (absence de rationnement) mais diminue avec le
taux obligataire (effet de substitution). Enfin, le marché des biens est
soldé par une courbe IS qui décroît avec le taux
obligataire et le taux débiteur bancaire, les deux modes de financement
externe contraignant la demande agrégée.
Bernanke et Blinder isolent la courbe LM et
agrègent les marchés du crédit et des biens dans une
courbe représentative CC (commodities and credit). Comme la
courbe IS et pour des raisons similaires, la courbe CC présente une
liaison négative entre le taux obligataire et le revenu
agrégé. En revanche, la courbe CC est affectée par
n'importe quel choc exogène pesant le taux débiteur, notamment
une variation des réserves.
Ainsi, une politique monétaire restrictive (reprise
de liquidités bancaires par exemple) déplace la courbe LM vers la
gauche. Si le crédit et les titres étaient des substituts
parfaits, la courbe CC se confondrait avec une courbe IS et ne subirait aucune
modification. De l'équilibre initial (Y, i), l'économie passerait
à l'équilibre (Y1, i1), reflétant le canal
monétaire traditionnel : la demande excédentaire de monnaie
serait résorbée par une hausse du taux obligataire. Si le
crédit et les titres sont des substituts imparfaits en revanche, la
courbe CC se déplace vers la gauche et l'équilibre final se situe
éventuellement en (Y2, i2). Le canal du crédit bancaire renforce
le canal monétaire: la réduction des réserves
entraîne une réduction des dépôts et des
crédits offerts par les banques. La demande excédentaire de
crédit est alors apurée par une augmentation du taux
débiteur et une réduction du taux obligataire en raison d'un
arbitrage crédit-titres à l'actif des banques et un arbitrage
dépôts-titres à l'actif des agents non financiers. La
restriction monétaire initiale réduit la dépense
agrégée via un effet de liquidité (passage de Y à
Y1) auquel s'ajoute un effet de disponibilité du crédit (passage
de Y1 à Y2). En définitive, on conçoit qu'en fonction des
élasticités relatives de substitution réserves-titres et
titres-crédit dans les actifs bancaires, une politique monétaire
restrictive réduise le taux obligataire (passage de i à
i2) contrairement à ce que le seul effet de liquidité laisse
présager dans le canal monétaire. Dès lors, le taux
d'intérêt obligataire n'est pas un indicateur pertinent pour
caractériser le contenu restrictif ou expansif d'une politique
monétaire.
Graphique 3 : Effet d'une politique
monétaire restrictive
Le modèle du canal du crédit bancaire
suppose un système financier qui est basé sur le principe du
multiplicateur de la base monétaire où les banques n'accordent de
crédit que si elles disposent au préalable de réserves
excédentaires : c'est le cas des économies de marchés. Il
est donc difficile de trouver une justification empirique du canal du
crédit bancaire dans un système financier d'une économie
d'endettement où l'offre de crédit ne nécessite pas de
réserves bancaires au préalable puisque l'on est dans une logique
de diviseur de crédit
Par contre pour d'autres auteurs comme Stiglitz et Weiss
(1981), les banques qui gèrent les problèmes liés aux
asymétries d'information (anti-sélection et/ou aléa moral)
peuvent être conduites à rationner leur offre de crédits
plutôt que d'augmenter leur taux d'intérêt débiteur.
La contraction de l'offre de crédit bancaire a pour conséquence
une augmentation de la prime de financement externe pour les emprunteurs
dépendants des banques qui seront obligés de réduire leur
activité.
En conclusion, le canal étroit du crédit
fait ressortir un aspect quantitatif dû à un effet de rationnement
qui influence l'activité des PME dépendantes des banques. Il y a
aussi un effet de taux d'intérêt du crédit bancaire qui
peut être le résultat de l'effet quantité ou bien la
conséquence des conditions débitrices des banques.
II-3-L'accélérateur financier ou canal large
du crédit
Le canal large du crédit tient compte de
l'ensemble des financements externes alors que le canal strict du crédit
se limite au rôle du crédit bancaire dans la transmission de la
politique monétaire.
Ce sont les asymétries informationnelles qui
constituent le fondement micro-économique majeur de
l'accélérateur financier.
Une information asymétrique entre prêteurs et
emprunteurs entraîne des phénomènes d'anti-
sélection et d'aléa moral sur tous les marchés et pas
seulement sur le marché des prêts bancaires (actions, obligations,
crédit) d'où l'appellation canal large du crédit.
Il est basé sur le fait que tous les moyens de
financement externes sont des substituts imparfaits au financement interne. La
différence de coût entre le financement externe et
l'autofinancement est appelée la prime de financement externe (PFE).
L'approche de l'accélérateur financier
repose sur l'hypothèse selon laquelle la prime de financement externe
dépend de la situation financière de l'emprunteur en particulier
de l'importance de sa richesse nette ou bien de ses capitaux propres par
rapport au coût de son projet.
Une position financière solide rassure les
prêteurs et permet à l'emprunteur d'augmenter son autofinancement
et d'offrir plus de garanties.
Un financement externe qui n'est pas garanti par des
collatéraux peut être plus coûteux que le financement
interne ce qui augmente la PFE. Cette dernière varie donc en sens
inverse de la situation financière de l'emprunteur et affecte ainsi
leurs décisions de dépense et d'investissement.
Le canal large de crédit
apparaît comme un canal de transmission à part lorsque la BC
a les moyens d'influencer la situation financière des emprunteurs.
Une politique monétaire restrictive a deux principaux effets sur la
prime de financement externe:
· Un effet direct expansif sur la PFE puisqu'elle est
évaluée par la somme d'un taux qui dépend du taux
directeur qui est un taux sans risque et d'un taux qui tient compte du facteur
risque spécifique à l'entreprise.
Cet effet détériore la position
financière de l'entreprise qui a vu ses charges d'intérêt
augmenter et réduit ses cash flows.
· Un effet indirect puisque la hausse des taux
directeurs fait baisser le prix des actifs qui diminue la richesse nette de
l'entreprise ou la valeur de ses garanties.
Un choc de politique monétaire qui augmente ou
baisse le taux d'intérêt fait varier la PFE dans le même
sens. Cette dernière varie par contre en sens inverse de la situation
financière de l'emprunteur. Le choc initial est propagé et
amplifié. C'est la théorie de l'accélérateur
financier.
La politique monétaire affecte aussi bien le niveau
des taux d'intérêt (canal monétaire) que la position
financière des emprunteurs que ce soit directement ou bien
indirectement.
Un resserrement de la politique monétaire, qui
conduit à une hausse des taux d'intérêt,
détériore directement le bilan des agents en augmentant les
charges d'intérêt et en réduisant la valeur des actifs et
indirectement du fait de son impact récessif sur l'activité. Les
agents, voyant leurs capacités d'emprunt réduites, freinent leurs
dépenses (B. Candelon et E. Cudeville).
II-4- Mutations financières et canal de
crédit
La propagation de l'innovation financière a
favorisé le développement des marchés financiers qui s'est
manifestée par l'amélioration des liquidités et ceci suite
à la commercialisation de nouveaux produits tels que
les certificats de dépôts. Les certificats d'investissement et
l'introduction de nouveaux intervenants comme les sociétés
d'investissement. Dans un tel contexte; les banques peuvent s'adresser à
tout instant à ces marchés pour émettre des certificats de
dépôts et collecter les liquidités, qui constituent une
importante réserve de fonds pouvant être utilisée en cas
d'enchérissement des conditions de refinancement bancaire.
En présence de politique monétaire
rigoureuse visant à baisser la base monétaire pour limiter le
volume des crédits accordés afin de maîtriser l'inflation,
les banques font appel aux fonds déjà collectés pour
compenser les effets induits par cette politique permettant ainsi de garder les
mêmes taux débiteurs et de satisfaire normalement les demandes de
crédits émanant des ménages et des entreprises. La
consommation, l'investissement et la production continuent à
évoluer sans aucune contrainte, ce qui permet de maintenir
l'évolution de la demande globale.
Cette situation atteste de la baisse de la capacité de
la Banque Centrale à transmettre les impulsions de la politique
monétaire via ce canal qui a été soulignée par
Rorner et Romer (1990) qui vont jusqu'à évoquer
l'indépendance de ce canal vis-à-vis des autorités
monétaires.
Une telle baisse qui s'aggrave avec le
développement des opérations de fusions- acquisitions bancaires
conduisant à l'émergence des banques universelles ayant un
accès plus facile aux marchés financiers suite à la baisse
des coûts d'information et des coûts fixes et la facilité de
s'emprunter, ce qui affaiblit l'effet de la politique monétaire
rigoureuse. (Lown, Morgan 2002).
De plus, la commercialisation des produits de
sécurisation permet aux banques de les acquérir en cas de
politique monétaire expansive puisqu'elles bénéficient des
conditions d'emprunt avantageuses pour les écouler au cas où les
autorités monétaires changent de cap en matière de
politique monétaire. Cette opération rend les variables
macro-économiques relativement insensibles aux changements de la
politique monétaire (Estrella, 2002).
Il apparaît de ce qui précède que
L'innovation financière réduit la marge de manoeuvre de la Banque
Centrale dans la transmission de la politique monétaire via le canal du
crédit bancaire en présentant aux bailleurs de fonds des
solutions alternatives de refinancement permettant d'atténuer l'effet
des actions entreprises.
Section -III- Le canal du taux de change
La prise en compte des
relations commerciales et financières avec l'étranger permet de
définir un nouveau mécanisme capable de transmettre les
impulsions de la politique monétaire à savoir le canal du taux de
change. Il représente un élément important dans les
modèles macroéconomiques conventionnels ouverts permettant aux
autorités monétaires de modifier significativement
l'activité économique.
III-1- Cadre théorique de base
Le taux de change de la monnaie nationale par rapport
à la monnaie étrangère représente la
quantité de monnaie étrangère qui doit être
cédée pour disposer d'une unité de monnaie nationale.
L'intégration de cette variable dans le modèle
macroéconomique conventionnel IS-LM se réalise par le biais de
l'équilibre de la balance des paiements (Mundell-Flemming). La relation
qui formalise l'équilibre de la balance des paiements est :
X (y, x) + k (x - x', i) =R
Avec X = solde de la balance commerciale,
K = solde de la balance de capitaux,
R = solde de la balance des paiements c'est-à-dire la
position monétaire extérieure ou plus simplement la variation des
réserves de change,
x = taux de change,
x' = taux de change pour la période à venir.
En tenant compte de cette relation, les relations IS-LM
se réécrivent ainsi :
Y = C (y) + I (i) +X (y, x)
M (R) = KY +L2 (i)
Ces équations montrent que la balance commerciale
constitue une composante de la demande globale, que l'offre de monnaie
dépend des réserves de change et que la demande de monnaie est
influencée par le solde de la balance des capitaux. Il s'ensuit que
toute modification de l'équilibre de ces différentes balances se
translate directement sur la demande globale et le revenu. (Flood, Robert,
Rose, 1999).
III-2- Le mécanisme de transmission de la politique
monétaire
En ce qui concerne la transmission de la politique
monétaire via le canal du taux de change, elle se base sur la relation
décroissante liant le taux d'intérêt au taux de change.
En effet, la hausse des taux d'intérêt attire
les capitaux étrangers à la recherche des meilleures placements
ce qui implique la baisse du taux de change. D'où une
appréciation de la monnaie nationale par rapport à la monnaie
étrangère qui implique la baisse des prix des exportations et la
hausse de ceux des importations entraînant ainsi une contraction des
exportations et un accroissement des importations. Cette situation est
défavorable à la demande globale et au revenu qui diminue.
En revanche, l'accroissement de l'offre de monnaie
implique une baisse des taux d'intérêt et une
dépréciation de taux de change rendant les importations plus
coûteuses et les exportations moins chères, d'où
l'augmentation des exportations et la baisse des importations. Cette situation
stimule la demande globale et le revenu. Cependant, cette politique
présente l'inconvénient de soutenir l'inflation suite à la
hausse des prix qu'elle génère (Icard. 1994).
Les deux politiques peuvent être
représentées comme suit
Graphique 4 : Transmission de la politique
monétaire via le canal dé change
Le passage de M/p à M1/p représente la
conséquence de la politique monétaire expansive qui engendre la
hausse des taux de change, du revenu (y) et la baisse des taux
d'intérêt (i) alors que le passage de M/p à M2/p
représente l'effet d'une baisse de l'offre de monnaie engendrant la
baisse des taux de change, du revenu et la hausse des taux
d'intérêt.
Il convient de signaler que ce raisonnement n'est
valable qu'à court terme car dans le long terme, l'accroissement
permanent de l'offre de monnaie est synonyme de hausse des prix domestiques et
par conséquent du prix relatif de la nation par rapport au reste du
monde. Cette hausse affecte l'exportation et la demande globale de façon
négative (Flood, Robert, Rose, 1999).
III-3- Mutations financières et canal du taux de
change
La propagation des innovations financières
a permis la création de plusieurs nouveaux produits qui
s'échangent sur le marché de change telle que les swaps, les
options, les contrats à terme, l'assurance contre le risque de change,
etc. Ces produits permettent aux divers intervenants de se prémunir
contre les variations indésirables des taux d'intérêt et
des taux de change induisent par la politique monétaire mise en
place.
Ainsi, si les autorités monétaires
annoncent leur intension de lutter contre l'inflation par le biais de l'offre
de monnaie, les divers intervenants ne vont pas acquérir
immédiatement la monnaie nationale mais ils vont formuler plutôt
des options d'achat pour cette monnaie qui ne seront exécutées,
que si l'action se réalise avec une baisse effective de l'offre de
monnaie (Kuttner, Mosser, 2002).
En revanche, si la Banque Centrale ne restreint pas l'offre de
monnaie et se base sur le fait que les agents vont de toute manière
vendre de la monnaie étrangère pour acquérir de la monnaie
nationale, les contrats ne seront pas exécutés et le taux de
change ne varie pas sensiblement. Il en est de même pour la demande
globale et l'inflation.
Le même raisonnement est valable pour l'annonce
d'une politique monétaire expansive dont l'augmentation du revenu et de
la demande globale peut ne pas être aussi importante que prévue
par les autorités monétaires (Kuttner. 2001). L'innovation
financière permet donc de contrecarrer la politique monétaire qui
se base sur l'effet d'annonce.
En outre, le chevauchement qui s'opère entre les
différents marchés de change suite à la consolidation
financière fait que toute variation du taux de change dans un pays
donné implique une variation de même sens dans les autres pays qui
annule son effet. C'est la raison qui pousse la majorité des pays
à opter pour une politique de stabilisation de taux de change.
Conclusion
Nous venons de présenter les principaux canaux de
transmission de la politique monétaire et comment ils agissent sur
l'activité économique.
Le canal du taux d'intérêt ne tient pas compte de
la structure financière du pays. De plus, il est présenté
dans le cadre d'économies où le rôle des marchés est
important et en information symétrique.
Les canaux du crédit sont présentés
en information asymétrique qui exclut l'hypothèse de parfaite
substituabilité entre le financement interne et le financement
externe.
La prime de financement externe est sensible aux chocs
monétaires (canal large du crédit).
Le crédit bancaire et l'endettement obligataire
sont imparfaitement substituables tant pour les prêteurs que pour les
emprunteurs (canal étroit du crédit).
Le canal du crédit intervient au travers de deux
variables qui sont: l'offre de crédit bancaire et la richesse des agents
non financiers. Il montre l'importance du rôle des institutions
financières.
Le mécanisme de transmission de la politique
monétaire se trouve encore enrichi lorsque sont prises en compte les
relations commerciales et financières internationales en économie
ouverte, l'articulation des secteurs réels et monétaires implique
une nouvelle variable, le taux de change, qui répercute le prix des
devises étrangères en monnaie nationale.
L'étude de l'impact des innovations
financières sur les canaux de transmission de la politique
monétaire a permis de dégager une atténuation
considérable de leurs importances dans la transmission de la politique
monétaire.
La conséquence se manifeste à travers
l'apparition d'un écart entre les objectifs fixés et les
objectifs atteints qui pousse les autorités monétaires à
modifier la conduite de la politique monétaire de façon à
intégrer les innovations financières. Ce faisant, on assiste
à une utilisation plus fréquente de certains canaux par rapport
à d'autres qui deviennent abandonnés.
Cette situation est très intéressante
surtout pour le cas des pays en développement comme la Tunisie où
l'innovation financière commence tout juste à se
développer ce qui nous amène à étudier dans le
prochain chapitre le processus d'innovation financière en Tunisie.
Chapitre II :
Impact des Innovations
Financières sur Les Canaux de Transmission de la Politique
Monétaire en Tunisie
Introduction
Plusieurs auteurs sont d'accord sur le fait que les
mécanismes de transmission de la politique monétaire changent en
fonction de la structure financière d'un pays. La Tunisie qui a
désamorcé un processus de déréglementation de son
processus financier modifiant d'emblée la structure financière de
l'économie, offre un cadre d'analyse intéressant. En effet, il
serait important de savoir si cette transformation a changé les
mécanismes de transmission de la politique monétaire en
Tunisie.
La politique économique Tunisienne se basait sur
le rôle dominateur de l'Etat qui intervient directement dans tous les
domaines et sur tous les marchés.
Ainsi, l'environnement monétaire était
largement contrôlé par la Banque Centrale de la Tunisie qui
adoptait une politique monétaire interventionniste axée sur
l'administration des taux d'intérêt, l'encadrement des
crédits et la fixation du taux de change. La conséquence se
manifestait à travers une répression financière
entraînant l'aggravation des déséquilibres financiers, la
montée vertigineuse de l'inflation et la détérioration de
l'équilibre extérieur.
La Tunisie ne pourrait ainsi répondre aux
impératifs de son financement dans un contexte où l'endettement
extérieur commence à devenir une source de préoccupation
ni affronter les échanges mondiaux qui l'attende, à savoir les
épreuves de la mondialisation et l'entrée récemment dans
une zone de libre change avec l'union européenne.
Il fallait alors opérer une refont du paysage
financier tunisien et procéder à la mise en place d'un
système financier impliquant une dynamisation du marché financier
et une modification dans la conduite de la politique monétaire.
La banque centrale se trouve contrainte de définir
clairement les objectifs et d'utiliser optimalement les canaux de transmission
de la politique monétaire qui se déforment au fur et à
mesure que l'innovation financière se développe.
L'ancien et ce nouvel environnement et son impact sur les
mécanismes de transmission de la politique monétaire sera
analysé le long de ce chapitre une première section traitera
l'évolution du système financier tunisien et une seconde section
sera consacrée à la l'étude de l'impact des mutations
financières sur les mécanismes de transmission de la politique
monétaire.
Evolution du système financier
Tunisien
Jusqu'à 1987, le système monétaire
et financier a été marqué par un certain nombre de
caractéristiques qui constituent des contraintes de son
ralentissement.
Le système financier Tunisien avant
1989
La physionomie bancaire
Les caractéristiques structurelles
Jusqu'à 1989, le système bancaire national
se trouve confronté à trois rigidités - - La
première est liée au cloisonnement entre les différentes
catégories qui résulte entre la pluralité de l'argument.
La législation bancaire tunisienne consacre l'existence de cinq
catégories de banques : les banques de dépôts, les
banques d'investissement, les banques de développement mixtes, les
banques non-résidents et les banques d'affaires. Leur cloisonnement se
manifeste au niveau de la mobilisation des ressources ; certaines banques
de dépôts ont le monopole dans la collecte de certaines ressources
spéciales (cas de la banque d'habitat). Ce cloisonnement est aussi
patent au niveau du financement du fait que les banques de développement
sont spécialisées dans les crédits à long terme, et
les banques off-shore dans le financement des entreprises non
résidentes.
- La deuxième tient compte au dualisme juridique qui
gouverne les banques publiques. Ces dernières sont régies par la
loi de la profession bancaire n° 86-42 du 1er décembre
1986, paradoxalement elles sont soumises au régime juridique applicable
l'ensemble des entreprises publiques. Un tel dualisme peut instituer une
contrainte et une entrave quant à la quant à la
flexibilité de la gestion pour réaliser une allocation optimale
des ressources de financement.
- La troisième rigidité concerne les banques de
développement mixtes pour lesquelles toute politique de
développement exige l'agrément des partenaires étrangers,
ce qui peut retarder leur intégration dans une dynamique
d'assainissement et d'innovation
Les caractéristiques fonctionnelles
Les caractéristiques fonctionnelles fondamentales
s'articulent sur deux catégories de contraintes.
- La forte spécialisation des banques. Les banques
(I'investissement ne peuvent recevoir, selon la loi bancaire, que des
dépôts à plus d'un an ou les dépôts vue
provenant de leur personnel propre ou des entreprises dont elles
détiennent la majorité du capital. La structure des ressources
d'emprunt de ces banques est constituée majoritairement par les emprunts
extérieurs, d'où les coûts élevés des
crédits.
Quant aux banques de développement, elles ne
peuvent collecter de dépôts des résidents quelles
qu'en soient la durée et la forme. Il en
résulté une perte des ressources extérieures dans la
structure des ressources d'emprunt et donc un coût élevé de
crédits accordés aux entreprises.
- La part des commissions dans le produit net bancaire est
encore faible du fait du caractère limité de la relation banque-
entreprise à une relation entre prêteur et emprunteur alors que
les opérations financières en terme de conseil en
ingénierie financière, de montages financiers et de garantie de
certaines opérations sont très peu développées.
Le marché monétaire
Le marché monétaire rassemblait d'avantage
à un guichet de la Banque Centrale. Il y avait un marché
monétaire interbancaire.
Toutes les institutions financières non bancaires
et le trésor en étaient exclus. Ce marché est guidé
principalement par la Banque Centrale par certain outils, tels que le taux
d'intérêt, les réserves obligatoires et le
réescompte.
Le fonctionnement de ce marché s'inscrivait dans
une gestion dirigiste centralisée et administrative répondant aux
objectives de la politique monétaire et économique où la
motivation commerciale a été interdite de séjour (E.
Saidenne, 1988).
Les banques n'étaient guère motivées
pour évaluer leurs décisions de crédit en dehors des
critères fixés par la Banque Centrale en matière de
refinancement. Les banques se trouvaient ainsi totalement couvertes.
L'initiative privée et la concurrence sont donc
défavorisées.
Le marché financier
Les principales caractéristiques du marché
financier sont traduites par leur rôle marginale dans le financement de
l'économie dominée par l'intermédiation bancaire et
ça en raison de :
- L'Etroitesse du marché : un nombre très
limité de produits qui s'échangerait sur un marché qui
n'était ouvert que deux jours par semaine et n'était
fréquenté que par les titres détenus par l'Etat (80%
environ de l'ensemble des titres) (rapport du fonds monétaire arabe sur
le marché financier, février 1984). Cette étroitesse peut
s'apprécier à travers, la faiblesse de la capitalisation de la
bourse des valeurs mobiliers de Tunis (BVMT) (volume des transactions boursiers
et rotation des titres demeurent faibles).
- L'encouragement de l'épargne bancaire qui a
été bien rémunérée et faiblement
imposée alors que les prises de participation en capital étaient
désavantagées du point de vue fiscal. De ce fait, on assiste
à une bancarisation de l'épargne en Tunisie renforcée
par l'insuffisance de protection de l'épargnant en valeurs
mobilières contre le risque amplifié par le manque d'information
relative aux sociétés cotées en bourse.
- Une inadéquation du cadre institutionnel. La loi de
1969 régissant la création et le fonctionnement de la bourse en
Tunisie, a révélé un certain nombre de lacunes. Il s'agit
de l'absence de sanctions légales prévues pour les contrevenants
et de la structure ambiguë de la bourse. Une étude
réalisée en 1980, a démontré que très peu de
personnes sauraient exactement dire ce qui s'y fait au juste et à quoi
sert cette institution.
De ce fait, l'économie tunisienne reflète
les caractéristiques d'une économie d'endettement. La
répression financière a conduit à travers l'administration
des taux d'intérêt, l'encouragement de l'endettement auprès
du système bancaire à un système financier
réglementé et cloisonné.
De telles caractéristiques ont résulté
une absence de concurrence entre les différentes institutions
financières et donc une entrave à la motivation des innovations
financières.
L'économie tunisienne ne pourrait continuer
à fonctionner durablement avec de tels dysfonctionnements sans se
confronter à des crises qui se sont produites durant les années
1985 et 1986 induisant le plan d'ajustement structurel.
Les réformes financières après
1989
Politique de crédit et taux
d'intérêt
Dans le cadre de la réforme globale de la
politique monétaire et du crédit, la banque centrale a
modifié les modalités d'octroi, de contrôle et de
refinancement des crédits à partir de décembre 1987
(Circulaire aux banques N° 87-47 DU 23/12/1987).
La libération progressive des taux
d'intérêt débiteurs donne aux banques plus de
liberté dans la décision d'octroi de crédits. En effet,
tout en respectant des cotes théoriques, les banques fixent librement
leurs marges26 à l'exception des secteurs prioritaires dont le taux est
resté fixé par la banque centrale jusqu'à novembre
1996.
Les taux d'intérêt sur les dépôts
ont été libérés sauf ceux des comptes en dinars
convertibles (taux moyen du marché monétaire moins deux
points).
Le réescompte, en tant que technique de
refinancement, a été supprimé en novembre 1996, avec
l'élimination de la bonification du taux d'intérêt
réservé, jusque-là aux activités prioritaires.
Le taux mensuel moyen du marché monétaire
(TMM) a remplacé le taux d'intérêt du réescompte
comme taux directeur.
Les échanges de liquidités entre banques se font
exclusivement sur le marché monétaire où le taux,
théoriquement variable, est maintenu stable par la banque centrale,
grâce à ses interventions sur ce marché.
Réformes du secteur bancaire
Le secteur bancaire tunisien a fait l'objet d'une
succession de réformes notamment durant les années 90.
La réforme de 1992
Les autorités monétaires ont
procédé au renforcement du contrôle prudentielle, à
la révision des régimes relatifs aux activités
prioritaires et aux crédits préférentiels, à
l'harmonisation de l'imposition des placements financiers et à
l'aménagement du régime fiscal des provisions
constituées par les banques. Les principales mesures prises à cet
effet sont :
- la baisse du taux des prises en pension par la banque
centrale indexé sur le taux d'appel d'offre majoré d'un point et
demi de pourcentage d'un demi point en novembre 1992,
- la déduction totale de l'assiette imposable des
banques des intérêts et commissions dont le recouvrement est non
garantie,
- la limitation à 3 fois des fonds propres nets des
risques encourus par la banque sur ses dirigeants, ses administrateurs et ses
actionnaires qui participent à hauteur de 10%,
- la distinction d'une nouvelle catégorie de banque,
la banque d'affaires, qui sont destinée à assurer des services de
conseil et d'assistance aux entreprises,
- la confirmation du rôle de la BCT dans la supervision
des banques et l'institution de nouvelles relations entre la BCT et les
commissaires aux comptes des banques.
La réforme de 1994
Elle s'intègre dans le cadre d'adaptation aux
nouvelles exigences de l'économie en introduisant plus de concurrence et
en réduisant la marge d'intermédiation, et ce, à travers
le développement d'une politique de décloisonnement entre les
diverses institutions bancaires. Le principal apport de cette réforme
est l'institution de la loi n°94 -25 du 7 février 1994.
Cette loi autorise les banques de dépôts
à accorder certains crédits à moyen et longs termes. Quant
aux banques de développement, elle leur donne le droit d'octroyer des
crédits à court terme aux entreprises au capital desquelles elles
participent.
Les allocations de crédit sont régies par le
principe d'octroi selon la périodicité de remboursement des
emprunteurs et le degré des risques encourus. En limitant le
surendettement non productif, une telle pratique se veut une responsabilisation
des entreprises emprunteuses et une incitation à investir dans des
activités plus productives.
La loi de finance 1999
Cette loi a marqué une étape
déterminante dans le processus de réforme et de dynamisation de
l'activité bancaire en Tunisie. L'ensemble des dispositions
initiées s'emploie à soutenir une dynamique au sein de la
profession, Les autorités monétaires cherchent à
développer les activités de conseil et d'assistance dans la
gestion des patrimoines, l'ingénierie financière et la
création, et à favoriser, par voie de conséquence, la
diversification des services offerts. Il s'agit fondamentalement de:
- La déduction par les banques des créances
abandonnées au profit des entreprises en difficultés.
- La suppression des créances
irrécouvrables.
- Le relèvement de déductibilité des
provisions.
- L'exonération des dépôts et des titres
en devises et en dinars convertibles de l'impôt sur les
sociétés.
La loi de 2001
Dans une perspective d'ouverture du système
bancaire aux capitaux étrangers une nouvelle loi a été
introduite pour définir la notion d'établissements de
crédits.
Cette loi réforme totalement le système
bancaire tunisien en introduisant la notion de banque universelle. Les banques
de développement n'existent plus en Tunisie à la suite
d'opérations de fusion absorption et de transformation.
La réorganisation du marché
monétaire
La réforme de ce marché en vigueur depuis
19-1-1988, s'articule sur trois circulaires. La première est relative
à sa nouvelle organisation n°87-49, la seconde a trait à la
division des risques, à leur couverture et au suivi des engagements. La
troisième n°87-47 quant à elle porte sur les
modalités de contrôle et de refinancement des crédits. La
réorganisation a trait aux mécanismes et formes d'intervention
de la Banque Centrale sur le marché monétaire, elle
s'opère à travers :
- L'appel d'offre. Cette procédure vise à
combler la différence entre l'offre et la demande de liquidité
des banques dans un contexte d'abandon des facilités de
réescompte. Il s'agit ici, de satisfaire d'abord les demandes offrant
les taux les plus élevés.
- Les prises en pension. Elles sont accordées par la 1a
BCT pour une durée de 7 jours aux banques qui n'arrivent pas à
satisfaire leurs besoins en liquidité dans le cadre de la
procédure d'appel d'offre. Par son caractère pénalisant
(taux des prises en pension se trouve supérieur à celui des
appels d'offre), cette procédure d'intervention incite les banques
à mieux gérer leur liquidité.
- Les opérations ponctuelles. La forte
variabilité des taux pousse la BCT à intervenir en injectant ou
en épongeant des liquidités afin de maîtriser le taux du
marché interbancaire.
- L'ouverture du marché monétaire pour de
nouveaux intervenants. Une telle disposition a pour objectif d'étendre
ce marché aux Sociétés d'assurance, aux caisses de
sécurité sociale et aux grandes entreprises. Elles peuvent ainsi
procéder à des arbitrages entre les différentes formes
d'actifs à court terme en fonction de l'évolution des taux de ce
marché. Ce faisant, cette procédure permettra au taux
d'intérêt d'assurer son rôle.
La disposition de septembre 1989 est venue
renforcer l'ensemble de ces dispositions. L'Etat est tenu, en vertu de cette
mesure, de recourir au marché monétaire pour financer son
déficit budgétaire aux mêmes conditions que les autres
agents économiques, afin de dynamiser le marché et limiter le
recours excessif de l'Etat aux bons d'équipements qui a pesé sur
la liquidité des banques.
Cette réorganisation introduit aussi de nouveaux
titres de créance négociables sur le marché
monétaire (certificats de dépôts, billets de
trésoreries, bons de trésor).
La politique monétaire a été
renforcée par une nouvelle organisation du marché
monétaire en 2005 qui permet à la banque centrale d'utiliser plus
efficacement la technique de l'open market en ayant à sa disposition une
panoplie de titres publics et de titres sur les entreprises et les
particuliers. Aussi, à travers la réforme du système
financier, il y a un changement dans la politique monétaire dans le but
d'une régulation par les jeux des forces du marché.
La régulation monétaire est donc assurée
au moyen d'une action par les taux d'intérêt à la place des
mécanismes administratifs de plafonnement de crédit et de
contrôle quantitatif.
La restructuration du marché
financier
Plusieurs réformes ont été
introduites dans le but de réactiver le marché financier. Elles
visent le renforcement des fonds propres et de la structure financière
des entreprises en les orientant vers le financement direct, la stimulation de
la concurrence au sein du système financier et la diversification de
l'offre d'instruments financiers.
Les premières réformes datent de
l'année 1989 et concernent principalement l'organisation de
l'émission des emprunts obligataires et la promulgation d'un cadre
juridique pour les sociétés d'investissement à
capacité fixe et variable (SICAF et SICAV) loi n° 88-92 du 2-8-1988
(JORT du 2-8-1988). Suite à ces réformes, une vingtaine
d'entreprises ont été introduites à la côte
permanente en 1994.
La volonté de dynamisation du marché
financier et d'incitation à l'innovation en terme de mode de financement
s'est traduite sur le plan juridique par la mise en place d'un nouveau cadre
institutionnel technique et fiscale. Le conseil du marché financier
(CMF), la création de la société tunisienne
interprofessionnelle de compensation dépôt de valeurs
mobilières (SITCODEVAM) afin de dynamiser le marché financier et
de mieux orienter l'épargne vers la souscription en bourse et la
transformation importante des méthodes de négociation
favorisé par le développement de la cotation assisté en
continu (CAC).
Le renforcement des fonds propres des entreprises, exige au
préalable que la bourse soit transparente, sécurisée mais
aussi liquide et rentable. A cette fin, les pouvoirs publics se doivent
d'instaurer des incitations fiscales. C'est dans ces conditions, qu'une
série de réformes fut entreprise depuis 1987, portant sur des
encouragements fiscaux aux sociétés qui ouvriraient leur capital
au public. Ceci dans le but d'encourager un actionnariat populaire qui
prendrait le relais de l'Etat dans le capital des entreprises à
privatiser.
Les normes prudentielles
La BCT a réglementé les engagements des
banques en raison des risques subis par leur activité de crédit.
Ceci est dû à certaines défaillances bancaires liées
à une mauvaise division des risques et aussi dans le cadre de la
nouvelle politique de crédit, basée sur un contrôle a
posteriori.
Ainsi la banque centrale édicte les règles de
gestion comptable et les normes prudentielles applicables aux banques et aux
établissements financiers. (Circulaire n°91-24 du 17-12-1991).
Ces normes concernent : l'usage des fonds propres, les ratios
entre les fonds propres et les engagements, les ratios entre les fonds propres
et les concours accordés à chaque débiteur, les ratios de
liquidité, les risques en général.
Le tableau ci- dessous synthétise les mutations
financières avant et après la libéralisation
financière en prenant 1989 comme date de référence.
La typologie de celle adaptée aux pays en voie de
développement, qui permet de distinguer entre un système
financier réglementé et une système financier
libéraliser.
Tableau 1 : Caractérisation du
système financier Tunisien
1976-1988
1989-2004
|
Place des mécanismes de
marché
|
· taux d'intérêt réels
négatifs ou faibles et quasi fixes.
· Taux d'intérêt administrés.
· marché monétaire quasi-inexistant et
marché financier embryonnaire.
· Accès au marché financier par
l'intermédiaire des banques.
|
· Taux d'intérêt réels positifs
variables.
· Taux d'intérêt
« libres » déterminés dans le cadre d'un
marché monétaire plus ou moins contrôlé par les
autorités gouvernementales.*
|
|
· Politique sectorielle du crédit (taux
bonifiés)
· Principale source de financement externe :
crédits bancaires
|
· Activité de crédit
libéralisée
· Financement externe indirect
prépondérant avec une augmentation relative du financement
direct
|
|
* contrôle de change et contrôle des mouvements de
capitaux
|
*contrôle de change et liberté partielle des
mouvements de capitaux
|
Aspect institutionnel
|
· pas de concurrence au sein du secteur bancaire
· Existence d'institutions financières
spécialisées
|
· Concurrence bancaire
· Banques universelles depuis 2001 dont la structure
du bilan indique la persistance du métier de la banque de
dépôt.
|
· importance des nationalisations
|
· privatisation de certaines banques et ouverture au
capital étranger
|
· rôle prédominant du trésor
(éviction financière et enveloppe de crédit à taux
bonifiés)
|
· désengagement du trésor
|
· BC dépendante du gouvernement
· Politique monétaire discrétionnaire afin
de stimuler la croissance
· Rôle de la banque centrale : allocation des
ressources
· Intervention de la banque centrale :
refinancement
|
· BC dépendante du gouvernement
· Politique monétaire restrictive afin de
stabiliser les prix et de maintenir les taux réels positifs
· Rôle de la banque centrale : contrôle
des agrégats
· Intervention de la banque centrale :
refinancement puis open market*
|
|
Source : adapté de JF Goux (1994) d'après
J. Zysman (1983) et D. Germidis, D. Kessler et R. Meghir (1991).
* Les paragraphes écrits en italique marquent le fait
que ces critères ne cadrent avec ceux d'un système financier
libéralisé.
Grâce à ces critères ; nous
pouvons avancer l'hypothèse que l'évolution du système
financier tunisien constitue un passage d'un système financier
fondé sur la banque et administré à un système
financier fondé sur la banque « en voie de
libéralisation » avec domination des institutions
financières.
Section -I- Impact de l'innovation financière
sur le canal du taux d'intérêt
La politique des taux d'intérêt pratiquait
en Tunisie jusqu'à la fin des années quatre vingt consistait
à fixer purement et simplement les taux d'intérêt à
un niveau jugé encourageant pour l'investissement et la croissance
économique. Pour atteindre cet objectif, les taux débiteurs et
créditeurs étaient maintenus à des niveaux assez faible et
négatif.
Cette politique a entraîné des grandes
pertes pour l'économie Tunisienne en terme de découragement de
l'épargne, d'érosion incontrôlé de crédit et
d'anéantissement de la concurrence bancaire dont les effets persistent
avec l'accumulation des créances irrécouvrables et surtout la
propagation de l'inflation qui n'a cessé de s'accroître entre 1960
et 1986.
Le secteur bancaire se trouvait obliger de suivre les
instructions de la Banque Centrale de Tunisie à propos du niveau des
taux d'intérêt pour pouvoir se refinancer.
Ce paysage ne pouvait plus être
toléré avec le programme d'ajustement structurel et
l'arrivée de l'innovation financière en Tunisie. Ceci a
entraîné l'élargissement du marché financier et la
libéralisation des taux d'intérêt appelés à
devenir le principal instrument utilisé par la BCT pour transmettre les
impulsions de la politique monétaire (Lahouel, 1995).
La réforme de la politique monétaire a
nécessité une réhabilitation des taux
d'intérêt par une libéralisation partielle dès 1987
et totale en juin 1994, à l'exception de certains taux appliqués
aux activités prioritaires.
En fait, le taux du marché monétaire se
détermine par l'équilibre entre l'offre et la demande de
liquidité sur le marché monétaire, les taux
d'intérêt débiteurs et créditeurs de moyen et de
long termes sont détermines par les banques et les taux d
intérêt de court terme sont libérés partiellement
En effet, l'innovation financière a
entraîné la création de plusieurs nouveaux produits
financiers rémunérés selon des taux appropriés tels
que les certificats d'investissement, les billets de trésoreries, etc.
Par conséquent, la Banque Centrale ne peut plus contrôler
l'évolution de chacun des taux. On assiste alors à la
libéralisation des taux d'intérêt qui se fixent
désormais par la confrontation de l'offre à la demande. Ainsi, en
est- il des taux débiteurs et créditeurs bancaires qui deviennent
indépendants et peuvent varier d'une banque à l'autre, des taux
des certificats de dépôt, des certificats d'investissement
etc.(Hergli,1999).
Dans ce contexte et afin d'atteindre les objectifs de la
politique monétaire, la Banque Centrale intervient sur le marché
financier et la conséquence d'une telle intervention se manifeste
à travers la modification de la liquidité du marché qui se
répercute directement sur les niveaux des différents taux
d'intérêt.
Il y a lieu de signaler que l'objectif de la politique
monétaire en Tunisie ces dernières années semble se
recentrer davantage autour du contrôle de l'inflation , ce qui exige
la stabilité des taux d'intérêt (Alaya, 1999).
Cet objectif a incité la BCT à
contrôler l'évolution du TMM de façon à le rendre
stable dans le temps, un tel fait qui est appuyé par les chiffres
puisqu'il est resté constant de 1997 à 1999 autour de 6.875% puis
a baissé d'un point en janvier 1999 et s'est pointé à
5.875% valeur gardée jusqu'en Mars 2003 avec la nouvelle baisse de
0.375% venue consolider l'économie tunisienne dans un contexte
économique difficile (guerre de l'Irak).
Ce faisant, la BCT parvient à maîtriser
l'évolution des variables macroéconomiques globales telles que la
production, l'investissement et la consommation.
D'ailleurs, l'analyse de la progression des fondamentaux
en Tunisie prouve bien ce constat avec un taux d'inflation de 2.8% pour un taux
de croissance de 1.7% en 2002. De tels chiffres sont satisfaisant surtout en
période marquée par la grande instabilité
économique (Rapport annuel de la BCT, 2001).
A ce niveau, il parvient de remarquer que l'innovation
financière contribue à ces résultats du fait qu'elle
permet à l'Etat de se financer via les bons de trésor sans le
recours à la création monétaire et à
l'accroissement de la masse monétaire qui en découle.
Il s'avère que l'innovation financière a
réactivé le canal du taux d'intérêt en poussant la
BCT à s'orienter vers les activités d'achat et de vente sur le
marché financier pour modifier le TMM et à abandonner
l'administration des taux. Celui-ci est censé transmettre les impulsions
de la politique monétaire et l'on passe alors d'un mode de
contrôle des taux direct à un mode de contrôle indirect dont
les résultats dépendent du degré de diffusion des
mutations financières.
Ceci laisse envisager que la BCT trouvera plus de
difficultés à influencer le TMM au fur et à mesure que les
mutations financières se progressent risquant de rendre ce canal
complètement indépendant de sa maîtrise.
Section -II- Impact de l'innovation financière
sur le canal de crédit
La BCT a adopté durant la période allant du
début des années soixante au milieu des années quatre
vingt une politique de base monétaire axée principalement sur
l'encadrement et la sélectivité des crédits permettant
ainsi, de contrôler avec précision le volume des crédits
injecté dans l'économie.
En fait, le volume des crédits n'est pas
réglé par les taux d'intérêt mais
déterminé en fonction des dépôts collectés
par les banques auprès du public.
L'évolution des crédits intérieurs
en pourcentage du PIB a été assez importante. La politique
monétaire était caractérisée par la domination de
la politique du crédit. Le système bancaire a joué un
rôle moteur dans le financement de l'activité économique
par des prêts accordés sous l'accord de la Banque Centrale.
Les taux d'intérêt sur les prêts
accordés aux secteurs prioritaires ont été fixés
à des taux très bas en termes nominaux et même
négatifs en termes réels, ce qui a engendré recours
excessif des banques à la Banque Centrale, un manque de contrôle
et de suivi l'utilisation des ressources accordées par la banque, un
endettement important des entreprises et un effet d'éviction
engendré par l'endettement obligatoire de l'Etat vis-à-vis
banques.
Le secteur bancaire serait très fragile vu leur
dépendance de la BCT et son incapacité à innover et
à développer leur gamme de services.
La venue des réformes à partir de 1986 a
annoncé le début de la libéralisation de ce régime
avec le déclenchement du processus de désengagement de Etat qui a
permis aux banques de jouir d'une certaine indépendance dans l'octroi
des crédits dans la mesure où elles peuvent accorder des
crédits sans l'accord préalable de la BCT. La contre partie
étant l'abandon des facilités de refinancement qui peut
être surmontée au moyen des innovations financières
(Saidane, 1995).
Les mutations financières ont dynamisé le
marché financier ce qui a augmenté le nombre des intervenants et
des transactions permettant ainsi de répondre aux besoins de financement
des différents intervenants. Les banques vont se refinancer sur ce
marché pour accorder le volume souhaité de crédit. Nous
remarquons donc une modification du canal du crédit vu que la BCT ne
contrôle plus de manière rigoureuse l'évolution des
crédits.
La BCT ne peut pas se contenter d'une telle situation qui
laisse le volume des crédits indépendant de son contrôle
par crainte de déstabiliser l'activité économique. En
effet, une progression rapide du volume des crédits injecté
menace l'économie de la persistance de l'inflation alors qu'une
progression très lente peut défavoriser la croissance
économique (Freidman, 1975). La B.C.T se trouve donc obliger
d'intervenir pour continuer à transmettre le impulsions de la politique
monétaire et ce à travers deux actions à savoir :
- Le refinancement du système bancaire sur le
marché monétaire : la BCT peut affecter le degré de
liquidité de ce marché et influencer les crédits bancaires
et ce par les opérations d'appel d'offre et de prise en pension. Ainsi,
si elle juge que la priorité est donnée à la lute contre
l'inflation, elle épongera de la liquidité de ce marché,
atténuant ainsi la capacité des banques à accorder les
crédits et diminuant la progression de la consommation et de
l'investissement. En revanche et en période de stagnation
économique, elle injectera de la liquidité incitant les banques
à donner plus de crédits afin de stimuler la croissance
économique.
- Une action indirecte: ciblant la progression du volume des
crédits accordés par les banques à travers
l'établissement des normes prudentielles et des divers ratios qui
doivent être respectés par les banques faute de quoi, elles seront
sanctionnées.
Le contrôle de la BC a passé d'un contrôle
direct avec la politique d'encadrement et de sélectivité des
crédits à un contrôle indirect utilisant les normes
prudentielles et l'intervention sur le marché financier. Les mutations
financières ont réduit l'importance du canal du crédit
dans la transmission de la politique monétaire mais de façon
simple puisque la BCT peut influencer toujours la quantité de
crédit injecté par les banques.
Section -III- Impact de l'innovation financière
sur le canal du taux de change
En plus des réformes du plan d'ajustement
structurel, des nouvelles mesures ont été introduites à
partir de 1989 afin de maintenir la compétitivité du pays vis
à vis de l'étranger. Il s'agit de l'ouverture des banques sur
l'extérieur, de la suppression graduelle du contrôle de change, de
la simplification des procédures d'entrée des institutions
financières étrangères sur notre marché financier
et de l'instauration de la convertibilité courante.
Le canal du taux de change subissait un contrôle
direct de la part des autorités monétaires qui fixaient le taux
de change à un niveau jugé capable de stimuler la
compétitivité de l'économie tunisienne. Le marché
de change était restreint puisque seul la B.C.T et un petit nombre
d'intervenants possédaient le droit d'entrer et d'effectuer des
opérations avec l'extérieur (Lahouel, 1994).
Pendant les années soixante dix et quatre-vingt le
taux de change a été fixé à un niveau assez bas
dans l'espoir d'augmenter la compétitivité des produits
nationaux, d'exporter plus et de stimuler les fondamentaux de
l'économie. Mais rien de cela ne s'est produit puisqu'on a
enregistré l'aggravation du déficit de la balance commerciale, la
persistance de l'inflation et la chute des investissements.
Face à cette situation, pouvant conduire à
une crise de grande envergure, les autorités monétaires se
trouvaient obligées de changer de politique annonçant
l'arrivée des nouvelles réformes avec l'ouverture des banques sur
l'extérieur, la suppression graduelle du contrôle de change,
l'instauration de la convertibilité courante du système de
couverture à court terme et la création du marché
monétaire en devises (Rapport annuel de la BCT, 1993. 1995).
Ces réformes sont derrières l'apparition
des innovations financières telles que les contrats à terme, les
swaps etc. Le marché de change commençait à avoir certaine
dépendance dans la mesure où le taux de change nominal se
déterminait par la confrontation de l'offre à la demande et par
la politique de la BCT.
La BCT a bondonné le contrôle direct du taux
de change et n'intervient que par exemple lorsqu'elle voie la valeur de la
monnaie nationale s'apprécie énormément menaçant la
compétitivité des produits nationaux, elle vend de la monnaie
nationale contre des devises provoquant une baisse de cours susceptible de
rétablir l'équilibre. L'inverse se réalise en cas de
dépréciation avec la vente des devises et l'achat de la monnaie
nationale. L'objectif de la BCT, à travers ce canal se recentre
d'avantage autour de la stabilisation du taux de change plutôt que le
contrôle strict de son niveau permettant une meilleure
productivité des produits domestiques.
Les mutations financières ont modifié les
mécanismes de transmission de la politique monétaire à
travers ce canal et la BCT se trouve obliger de laisser la fixation du taux. La
BCT se trouvait ainsi devant plus de difficultés à atteindre les
objectifs fixés ce qui l'oblige à faire confiance aux
mécanismes de marché en laissant une évolution libre du
taux de change.
Conclusion
Les innovations financières en Tunisie ne sont
donc plus un simple phénomène mutationnel de système
financier à caractère ponctuel et isolé dans le temps.
Il s'agit d'une dynamique de mise à niveau continue.
Bien que le processus de l'innovation financière
soit encore à ses débuts, ses conséquences se manifeste
déjà par une déformation progressive des canaux de
transmission de la politique monétaire poussant, la BCT à une
intervention plus intensive sur le marché financier. Les canaux les plus
touchés sont ceux de l'intérêt, du crédit et du taux
de change.
Les autorités monétaires doivent abondonner
l'influence de l'activité économique et laissent le
fonctionnement des mécanismes du marché en vu d'identifier le
canal qui mène à la réalisation des objectifs
visé.
Cette étude de l'impact des mutations
financières sur les canaux de transmission de la politique
monétaire reste théorique d'où l'importance d'appuyer sur
une analyse économétrique qui fera l'objet de prochain chapitre
et ce à l'aide d'un modèle autorégressif vectoriel
(VAR).
Chapitre III :
Identification des Canaux de
Transmission de la Politique Monétaire en Tunisie
Introduction
Le modèle autorégressif vectoriel (VAR) est
fréquemment utilisé pour l'identification des canaux de
transmission de la politique monétaire, en introduisant à la fois
des variables de la politique monétaire et d'autres indicateurs de
l'activité économique.
Pour tenir compte des changements structurels du
système de politique monétaire Tunisien engendré par les
mutations financières nous allons travailler sur des données
mensuelles entre 1975 et 2006.
Dans ce qui suit, nous présenterons les
différents variables utilisés dans le cadre du VAR pour pouvoir
ensuite estimer le modèle et effectuer les tests nécessaires.
I- Données et
méthodologie :
Afin de mettre en évidence les différents
mécanismes de transmission de la politique monétaire et de
disséquer l'impact des mutations financières sur ces canaux, les
variables doivent être choisis de façon pertinente et
approfondi.
I-1- Les données
L'activité réelle :
peut être résumé par l'indice de la production industrielle
faute de données mensuelles du PIB. Cet indice regroupe les principaux
secteurs industriels.
La monnaie : sera définie par
l'agrégat M2, cet agrégat regroupe la monnaie fiduciaire, les
dépôts à vue et les dépôts à terme. Cet
agrégat est désigné par le terme disponibilité
monétaire et quasi-monétaire.
Pour étudier les mécanismes de la
propagation de la politique monétaire, il est important de disposer
d'une variable de taux d'intérêt du marché. Nous allons
choisi le Taux de marché monétaire. Il s'agit d'une variable prix
de la monnaie qui influence directement l'évolution des
investissements.
Le choix de la variable tenant compte du canal de
crédit est assez délicat. Pollin en 1995 a montré que le
test le plus convaincant du canal du crédit consiste à
étudier l'impact d'un choc de politique monétaire sur les
conditions du crédit bancaire, puis à examiner l'incidence de ces
conditions sur l'activité mais plusieurs autres études concluent
que le crédit pouvait être considéré comme un
facteur causal exogène affectant l'économie. Nous allons retenus
comme indicateur le total de crédit accordé à
l'économie.
Concernant le change, nous allons retenir comme
indicateur le taux de change effectif réel du dinar Tunisien qui est
définit par rapport aux taux des principaux partenaires. Son
introduction permet de tenir compte des effets réels transitant par le
commerce extérieur.
Nous essayons de présenter dans le tableau
suivant, la définition, la présentation de la période
d'étude ainsi que les sources et fréquences des variables
retenus.
Tableau 2 : Définition,
fréquence, période et sources des variables du
VAR
Variables
|
Définition
|
Fréquence
|
Période
|
Source
|
M2
|
Masse monétaire = monnaie fiduciaire +
dépôts à vue + dépôts à terme
|
Mensuelle
|
1975-2006
|
Statistiques de l' (IFS)
International Financial Statistics
|
TMM
|
Taux de marché monétaire moyen. Taux d'escompte
avant 1986
|
Mensuelle
|
1975-2006
|
Statistiques financières de la BCT
|
TCRE
|
Taux de change effectif réel par rapport au principaux
pays partenaire
|
Mensuelle
|
1975-2006
|
Statistiques de l' (IFS)
|
IPI
|
Indice d'ensemble de production industrielle, il regroupe les
principaux secteurs industriels : industrie manufacturières, mines
et énergie
|
Mensuelle
|
1975-2006
|
Statistiques financières de la BCT
|
Crédit
|
Total de crédit accordé à
l'économie
|
Mensuelle
|
1975-2006
|
Statistiques de l' (IFS)
|
|
Une fois la présentation des données est
achevée, il est utile d'étudier les propriétés des
séries univariées.
I-2- Propriétés des séries
univariées
Avant de commencer l'étude de la méthode
d'estimation, il faut une analyse approfondie des propriétés des
séries univariées qui est nécessaire et indispensable pour
révéler au préalable la stationnarité des
séries.
I-2-1- Le taux de marché
monétaire
La lecture du graphique montre que le Taux de Marché
Monétaire a une évolution stable.
I-2-2- Indice de production industrielle
L'activité de production qui est
représenté par l'indice de la production industrielle
reflète une tendance positive pour les deux périodes.
I-2-3- Masse monétaire
Ces graphiques retracent l'évolution de la masse
monétaire sur les deux périodes 1975-1988 et 1989-2006, nous
remarquons que M2 a connu une tendance positive.
1-2-4 Taux de change effectif réel
Le taux de change effectif réel a connu des
fluctuations dans les deux périodes mais son évolution est
stable.
1-2-5 Crédit bancaire
Le crédit bancaire a une évolution
positive ; donc sa tendance est positive
D'après l'inspection de ces graphiques nous remarquons
qu'il y a présence d'une tendance positive, négative ou bien une
évolution stable attestant la non stationnarité. Mais à
eux seuls, ces graphiques ne nous permettent pas de d'identifier le nature de
cette non stationnarité du série ni de son ordre
d'intégration. D'où la nécessité d'utiliser des
tests statistiques et surtout celui de Dickey et Fuller Augmenté (ADF)
pour spécifier la nature de la tendance, le type de
stationnarité.
II- Etude de la stationnarité des
séries
L'étude de la stationnarité des
séries est très importante dans la mesure où elle permet
de déterminer l'ordre d'intégration des variables. Une
série est dite stationnaire si son auto covariance ne dépend pas
du temps. Le test qu'on a sélectionné est celui de Dickey Fuller
Augmenter (ADF) en se basant sur les trois modèles suivants :
(1)
(2)
(3)
L'interprétation du test se fait à l'aide
de la valeur tabulée. Ainsi, l'hypothèse nulle () de présence de racine unitaire est rejetée si la
valeur calculée (t-statistique) est inférieure à la valeur
critique tabulée par Macckinon 1991.
I1-1- Test ADF pour la série taux de
marché monétaire
a-Test ADF pour la série taux de marché
monétaire pour la période (1975-1988)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 5%
|
Valeur critique au seuil de 10%
|
conclusion
|
niveau
|
-2.742043
|
-3.436957
|
-3.142642
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-12.96768
|
-3.437122
|
-3.142739
|
Stationnaire
|
b-Test ADF pour la série taux de marché
monétaire pour la période (1989-2006)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 5%
|
Valeur critique au seuil de 10%
|
conclusion
|
niveau
|
-2.857471
|
-3.430963
|
-3.139114
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-11.15274
|
-3.431062
|
-3.139173
|
Stationnaire
|
II-2- Test ADF pour la série indice de production
industrielle.
a-Test ADF pour la série indice de production
industrielle pour la période (1975-1988)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 1%
|
conclusion
|
niveau
|
-3.001609
|
-4.0013946
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-12.87833
|
-4.014288
|
Stationnaire
|
b-Test ADF pour la série indice de production
industrielle pour la période (1989-2006)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 5%
|
Valeur critique au seuil de 10%
|
conclusion
|
niveau
|
-3.108787
|
-3.431682
|
-3.139538
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-10.92291
|
-3.431789
|
-3.139604
|
stationnaire
|
II-3- Test ADF pour la série masse
monétaire.
a- Test ADF pour la série masse monétaire
pour la période (1975-1988)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 5%
|
Valeur critique au seuil de 10%
|
conclusion
|
niveau
|
8.617851
|
-1.942757
|
-1.615431
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-7.546999
|
-1.942768
|
-1.615426
|
Stationnaire
|
|
b- Test ADF pour la série masse monétaire
pour la période (1989-2006)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 5%
|
Valeur critique au seuil de 10%
|
conclusion
|
niveau
|
-2.550257
|
-3.431368
|
3.139353
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-16.532289
|
-3.341471
|
-3.139414
|
Stationnaire
|
II-4- Test ADF pour la série taux de change
effectif réel.
a- Test ADF pour la série taux de change effectif
réel pour la période (1975-1988)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 1%
|
conclusion
|
niveau
|
-2.391026
|
-2.578883
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-12.704
|
-2.578967
|
Stationnaire
|
|
b- Test ADF pour la série taux de change effectif
réel pour la période (1989-2006)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 1%
|
conclusion
|
niveau
|
-3.300983
|
-3.476143
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-13.05827
|
-2.581233
|
stationnaire
|
II-5- Test ADF pour la série crédit
bancaire
a- Test ADF pour la série crédit bancaire
pour la période (1975-1988)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 5%
|
Valeur critique au seuil de 10%
|
conclusion
|
niveau
|
-2.063003
|
2.878829
|
2.576067
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-10.72631
|
-2.878937
|
-2.576124
|
Stationnaire
|
|
b- Test ADF pour la série crédit bancaire
pour la période (1989-2006)
Série en
|
t-statistique
|
Valeur critique au seuil de 1%
|
conclusion
|
niveau
|
-3.575816
|
-4.002354
|
Non stationnaire
|
Différence
|
-18.34670
|
-4.002569
|
Stationnaire
|
Puisque toutes les variables ne sont pas stationnaires
l'effet de filtrage rend ces variables stationnaires, donc nous pouvons
conclure que toutes ces variables sont intégrées d'ordre
un ; puisque leurs moments du premier et second ordre ne dépendent
pas au temps après l'effet de différence première.
En conclusion, l'hypothèse de la présence
d'une racine unitaire, détecté par ADF dans toutes les
séries, est acceptée puisque la statistique calculée est
supérieure à la valeur critique, ce qui signale alors que les dix
séries sont non stationnaires en niveau. Concernant l'ordre
d'intégration les valeurs calculées de la statistique du test de
l'hypothèse nulle de non stationnarité sont toutes
inférieures à la valeur critique, ainsi les variables sont
stationnaires en première différence.
Etant donnée que les variables de notre
étude sont intégré d'ordre on peut alors
s'intéresser a une éventuelle relation de long terme entre les
variables de notre étude. Ce ci amène par la suite
d'étudier l'existence d'une relation de causalité entre les
séries deux à deux.
III- L'Etude de la causalité
III-1- Test de cointégration
Ce test n'est approprié que si les variables
testés dans la première étape sont intégrés
d'ordre 1. Il s'agit surtout d'étudier l'indépendance entre ces
deux variables sans faire l'hypothèse à priori sur les valeurs
des coefficients qui les relient.
Les nouvelles théories
économétriques consistent donc à rendre les séries
temporelles stationnaires pour les appliquer à des techniques
statistiques.
La théorie de cointègration propose de
reconsidérer le problème de la stationnarité dans un cadre
multivarié.
L'idée sous jacente à la cointègration
est que deux variables non stationnaires peuvent diverger à court terme,
mais à long terme elles évoluent dans le même sens.
Afin de tester le nombre de relations de
cointégration dans ce système nous nous référons
aux travaux de Johensen et Jeselius (1990). Ces derniers proposent deux types
de tests : le test de la Trace et le test de la valeur propre maximale
(max).
Tests des nombres des relations de
co-intégration
Pour déterminer les nombres des relations de
co-intégration, c'est-à-dire, le rang de la matrice ,
Johansen (1988) propose deux statistiques de tests ; celle des
rapports de vraisemblance à savoir : les tests de la trace et de
la valeur propre maximale. Le premier test permet de tester l'existence de plus
des r vecteurs de co-intégration quand au second permet de tester
l'hypothèse de la présence de r+1 vecteurs de
co-intégration.
Test de trace
Il consiste à tester l'hypothèse nulle,
selon laquelle il existe au plus r relations de co-intégration dans un
système à n variables. La règle de décision est la
suivante :
Notons que H0 signifie que les (n-r)
dernières valeurs propres (qui sont les plus faibles) ne sont pas simultanément
significatives.
La statistique du test proposée est :
: sont les (n-r) plus petites valeurs propres ou la
corrélation canonique estimée par la méthode de Johansen.
L'hypothèse nulle, (H0) correspond donc aux
restrictions., ce qui signifie que le système comprend (n-r) racines
unitaires.
Pour déterminer le rang de co-intégration,
le point de départ consiste à tester si le modèle contient
n racines unitaires (r=0) ; si cette hypothèse est rejetée
cela implique que . On teste alors si, le rejette de cette hypothèse signifie que et ainsi de suite jusqu'à l'acceptation pour la première
fois l'hypothèse nulle. Notons que la loi asymptotique de cette
statistique n'est pas standard et qu'elle a été tabulée
par simulation par Johansen et Juselius (1990) et Osterwald (1992).
Test de la valeur propre maximale
Dans ce test l'hypothèse nulle, et
l'hypothèse alternative, sont définies comme suit :
La statistique du test est donnée par le rapport
de vraisemblance :
(2.59)
La loi asymptotique de max est aussi non
standard et tabulée par simulation par Johansen et Juselius (1990) et
Osterwald (1992.).
III-2- Test de causalité
Afin d'identifier les canaux de transmission de la
politique monétaire en Tunisie, des séries des tests de
causalités uni et bidirectionnelle entre les variables ont
été mise en oeuvre. Le principe de ce test est comme suit :
il s'agit de sélectionner, grâce à la statistique de
Fisher, les variables qui apparaissent comme les plus significatives, au sens
de Granger, par rapport aux autres. Rappelons que dans le test de Granger, X
« Granger-cause » Y, si Y peut être mieux
prédit à partir du passé de Y et de X plutôt
qu'à partir du seul passé du Y ; formellement : = c +
différent de zéro si X
« Granger-cause »Y.
Le test appliqué est un F de Fisher portant sur
l'hypothèse nulle de non significativité des coefficients de X
par rapport à Y et réciproquement.
La règle de décision est donc :
H0 :
H1 :
On calcule la SCR sous H0 puis sous
H1, puis on calcule la statistique F :
Si, H0 soit rejeté et on conclue que X cause Y au sens
de Granger.
Nous allons faire la même chose mais
réciproquement pour connaître si Y cause X.
Une étape préliminaire avant de
réaliser les tests de causalité consiste à
déterminer la durée des retards r et s.
La valeur optimale de r et s est établie dans
l'équation à l'aide du critère d'Akaike et Schwarz et nous
allons prendre des valeurs allant de 1 à 8.
Pour déterminer r*, nous allons estimer, par MCO, un
modèle avec contrainte où. Ensuite nous allons construire une deuxième régression
en intégrant des Xt avec un retard supplémentaire, et
ainsi de suite on intègre un retard supplémentaire jusqu'à
l'ordre 8 et on choisit le retard qui minimise le critère d'Akaike et
Schwarz.
L'équation à estimer est :
Pour déterminer s*, nous allons suivre la
même procédure mais en intégrant le retard r* dans
l'équation à estimer suivante :
= c +
III-3- Résultats des Tests de causalité
et interprétation
Les deux tableaux suivant résument les
résultats du test de causalité au sens de
Granger.
Tableau.3. Les résultats des tests de
causalités. Période (1975-1988)
|
Fc
|
Fá
|
Conclusion
|
Ipi m2
|
2.51
|
2.71
|
Ipi ne cause pas m2
|
Ipi cd
|
2.14
|
1.55
|
Ipi cause lcd
|
Ipi tmm
|
3.95
|
2.71
|
Ipi cause tmm
|
Lm2 tcre
|
2.61
|
2.71
|
Lm2 ne cause pas tcre
|
Tcre ipi
|
0.86
|
2.71
|
Tcre ne cause pas ipi
|
Tmm cd
|
0.11
|
2.71
|
Tmm ne cause pas cd
|
Tmm tcre
|
0.59
|
2.71
|
Tmm ne cause pas tcre
|
Cd tcre
|
1.50
|
1.85
|
Cd ne cause pas tcre
|
Tmm m2
|
0.47
|
2.71
|
tmm ne cause pas m2
|
Cd tmm
|
1.84
|
1.94
|
Cd ne cause pas tmm
|
Tmm ipi
|
1.66
|
1.72
|
Tmm ne cause pas ipi
|
Tcre m2
|
4.23
|
2.30
|
Tcre cause m2
|
M2 cd
|
24.98
|
1.94
|
M2 cause cd
|
M2 tmm
|
1.52
|
1.94
|
M2 ne cause pas tmm
|
Cd ipi
|
2.89
|
2.71
|
Cd cause ipi
|
Ipi tcre
|
1.98
|
2.30
|
Ipi ne cause pas tcre
|
Cd m2
|
35.47
|
2.30
|
Cd cause m2
|
M2 ipi
|
1.16
|
2.71
|
M2 ne cause pas ipi
|
Tcre cd
|
4.53
|
2.71
|
Tcre cause cd
|
Tcre tmm
|
0.09
|
2.71
|
Tcre ne cause pas tmm
|
Tableau.4. Les résultats des tests de
causalités. Période (1989-2006)
|
Fc
|
Fá
|
Conclusion
|
Tcre m2
|
0.19
|
1.24
|
Tcre ne cause pas m2
|
Tmm ipi
|
0.88
|
2.71
|
Tmm ne cause pas ipi
|
Cd m2
|
10.27
|
1.63
|
Cd cause m2
|
Cd tcre
|
0.07
|
2.71
|
Cd ne cause pas tcre
|
Cd ipi
|
1.23
|
2.08
|
Cd ne cause pas ipi
|
Ipi m2
|
5.5
|
2.3
|
Ipi cause m2
|
M2 cd
|
37.36
|
2.71
|
M2 cause cd
|
M2 tmm
|
2.93
|
1.77
|
M2 cause tmm
|
Tcre tmm
|
0.32
|
1.30
|
Tcre ne cause pas tmm
|
Tmm m2
|
2.03
|
1.72
|
Tmm cause m2
|
Cd tmm
|
0.75
|
1.72
|
Cd ne cause pas tmm
|
Ipi cd
|
0.54
|
2.30
|
Ipi ne cause pas cd
|
Ipi tcre
|
0.06
|
2.71
|
Ipi ne cause pas tcre
|
M2 ipi
|
3.26
|
2.08
|
M2 cause ipi
|
Tcre ipi
|
1.53
|
1.24
|
Tcre cause ipi
|
Ipi tmm
|
0.53
|
2.30
|
Ipi ne cause pas tmm
|
M2 tcre
|
0.02
|
2.71
|
M2 ne cause pas tcre
|
Tcre cd
|
0.77
|
2.30
|
Tcre ne cause pas cd
|
Tmm cd
|
19.20
|
2.71
|
Tmm cause cd
|
Tmm tcre
|
2.85
|
2.71
|
Tmm cause tcre
|
Les deux schémas ci-dessous résument les
résultats obtenus des tests de causalité chacun à une sous
période. L'orientation des flèches donne la direction de la
causalité.
Tmm M2
CD
Tcre IPI
Schéma .1. Résultats des tests de
causalité. Période (1975-1988)
Tmm M2
CD
Tcre IPI
Schéma .2. Résultats des tests de
causalité. Période (1989-2006)
Le schéma 1 met en évidence, pour la
première sous période, une influence directe de l'activité
économique par le crédit avec un effet de feed back,
cet effet du crédit sur la sphère réelle est dû
à un mécanisme hors marché puisqu'il ne passe pas par des
variations de taux d'intérêt. Cette variation est due à la
politique de rationnement de crédit, l'encadrement et la
sélectivité des crédits adoptés par la BCT afin de
contrôler avec précision le volume de crédit injecté
dans l'économie. En fait, le volume des crédits n'est pas
réglé par les taux d'intérêt mais
déterminé en fonction des dépôts collectés
par les banques auprès du public.
Lorsqu'il y a un encadrement de crédit,
l'existence d'un canal de transmission n'est pas évidente.
Nous constatons aussi pour la première sous
période le caractère endogène du taux
d'intérêt. En effet, le taux d'intérêt semble
être sensible aux variations de l'activité économique.
Ce dernier résultat semble surprenant puisque le
taux de marché monétaire est attendu qu'il n'a pas de relation
causale avec les variables en raison de sa fixation par les autorités
monétaires, sur cette période il a été
modifié administrativement trois fois et ceci en septembre 1977, avril
1981 et avril 1985, et le caractère faible de ses variations.
La politique des taux d'intérêt pratiquait
en Tunisie jusqu'à la fin des années quatre vingt consistait
à fixer purement et simplement les taux d'intérêt à
un niveau jugé encourageant pour l'investissement et la croissance
économique.
Le taux de change, quand à lui, il cause la masse
monétaire et le crédit bancaire mais dans un mécanisme
hors marché vue que ce canal subissait un contrôle direct de la
part des autorités monétaires qui fixaient le taux de change
à un niveau jugé capable de stimuler la
compétitivité de l'économie tunisienne.
Ainsi nous pouvons affirmer l'absence de ce canal durant
cette période.
En résumé, nous pouvons dire qu'il y a un
effet d'encadrement de crédit dans la première sous
période et absence du rôle du taux d'intérêt ainsi
que l'absence du canal du taux de change.
Pour la deuxième sous période nous
constatons une interdépendance entre la masse monétaire et
l'activité réelle (causal et causalité).
La masse monétaire cause au sens de Granger le
crédit bancaire et le tmm mais il ne cause pas le taux de change
effectif réel.
Le schéma 2 met en évidence une influence
du taux d'intérêt sur les crédits et la monnaie et une
transmission de celle-ci à l'activité, uniquement par
l'intermèdiare de la monnaie avec un effet de feed back via les
cheminements suivants :
(1) Taux masse
monétaire activité économique
(canal monétaire)
(2) Taux crédits
bancaires masse monétaire
activité économique (pseudo canal
monétaire).1(*)
Il est admis que le canal monétaire constitue le
mécanisme de transmission dans un système financier
libéralisé fondé sur le marché. Les
résultats trouvés semblent confirmer la transition du
système financier tunisien vers un système utilisant de plus en
plus les mécanismes de marché.
Cependant le cheminement (2) qualifié de pseudo
canal monétaire caractérise un système financier
administré fondé sur la banque. Ceci nous permet d'affirmer que,
tout en transitant vers un système libéralisé, le
système financier tunisien garde les caractéristiques d'un
système administré. Ceci est confirmé par les faits
puisque le taux d'intérêt sur le marché monétaire
(TMM) a été modifié d'une manière administrative
plusieurs fois pendant la seconde période par le gouvernement.
Nos résultats montrent que le crédit n'a
aucune causalité avec l'activité réelle ce qui conclu
l'absence d'un canal du crédit durant la deuxième période.
Ce résultat est peu surprenant dans la mesure que l'existence de ce type
de canal nécessite des mécanismes de marché que l'on
retrouve essentiellement au niveau d'un système financier
libéralisé fondé sur la banque et c'est le cas de notre
système financier.
Le taux de change cause l'activité réelle
mais contrairement à la première sous période, cette
causalité est via le taux d'intérêt ce qui prouve
l'existence d'un canal de taux de change.
Enfin, nous constatons le caractère endogène
du taux d'intérêt. En effet, le taux d'intérêt semble
être sensible aux variations de la masse monétaire dans cette
sous période.
En résumé, pour la première
période, il est impossible d'exclure les crédits (effet
d'encadrement) et dans la seconde période c'est la monnaie qui ne peut
être écarté. On peut remarquer aussi l'absence du
rôle du taux d'intérêt dans la première sous
période et l'influence, qui dévient plus importante, de celui-ci
dans la seconde sous période.
De la même façon le rôle du taux de
change était marginal dans la première sous période mais
il commence de prendre son rôle dans la deuxième sous
période.
Enfin, nous pouvons dire qu'il y a un effet d'encadrement de
crédit dans la première sous période et un canal
monétaire et pseudo monétaire dans la seconde ainsi qu'un canal
du taux de change.
Nous avons essayé d'identifier, tout au long de
cette partie, les canaux de transmission de la politique monétaire en
prenant en considération l'impact des mutations financières. De
ce fait nous avons constater que notre identification se diffère des
plusieurs travaux empiriques qui ne pensent pas au rôle des mutations
financières et affirment simplement que les trois canaux coexistent,
mais sans savoir depuis quand et sur quel données. Ces travaux ont
marginalisé la transformation structurelle de système financier
Tunisien, chose qui rend tout mécanisme de transmission de la politique
monétaire diffère de ce qui était en avant.
IV-Le modèle VAR
IV-1- Choix et ordre des variables
Nous essayons d'analyser si l'évolution du
système financier en Tunisie a entraîné une modification
majeure des canaux de transmission de la politique monétaire. Pour cela,
la période qui nous considérons, à savoir 1975-2006, a
été divisée en deux périodes, en retenant la date
de 1989 pour le début de la mutation financière en Tunisie. Le
modèle que nous estimons, pour chaque sous période, est un VAR
standard comportant cinq variables qui se présentent dans l'ordre
suivant :
- le taux d'intérêt (taux d'escompte pour la
première période et le TMM pour la seconde).
- Une variable monétaire : (lM2) le logarithme de
l'agrégat M2.
- Une variable correspondant au canal du crédit :
(lCD) le logarithme du crédit accordé à
l'économie.
- Une variable correspondant au canal du taux de change
(Tcre) taux de change effectif réel.
- Une variable représentative de l'activité
réelle : (LIPI) l'indice de production industrielle.
Les séries temporelles doivent être
filtré par le logarithme pour les rendre stationnaire en variance.
Dans une étude similaire, portant sur la politique
monétaire en France, Goux (1998) a retenu le même type de
séries, la seule différence résidant dans le choix de la
variable taux d'intérêt et la variable tcre.
Nous adoptons, pour notre modèle VAR, l'ordre
présenté ci-dessus des variables. Ceci suppose que la politique
monétaire (choix du taux d'intérêt) soit exogène par
rapport aux autres variables simultanées.
Le choix de cet ordre se justifie par le fait que les
autorités monétaires fixent leur taux d'intérêt
indépendamment des valeurs simultanées des autres variables
économiques. En effet, bien que les autorités monétaires
réagissent aux variables de l'économie pour fixer leur taux
d'intérêt, elles se réfèrent
généralement aux valeurs retardées déjà
publiées car elles ne connaissent pas les variables simultanées
au moment de leur décision.
IV-2- L'estimation
L'estimation est effectuée sur des séries
mensuelles de Janvier 1975 à décembre 1988 et de janvier 1989
à décembre 2006. Les tests de Duckey & Fuller
augmentés sur les séries mensuelles sur les deux sous
périodes considérées montrent que toutes les variables
sont I (1).
L'estimation du modèle nécessite qu'on
détermine à priori le nombre du retard à inclure. Ainsi,
pour déterminer le nombre de retard optimal de ce vecteur
autorégressif nous pouvons utiliser les deux critères
d'information AIC et Schwarz.
Tableau .5. Test sur le nombre de retard pour
la première sous période
Critére/Retard
|
1
|
2
|
3
|
4
|
AIC
|
-18.79665
|
-18.81859
|
-18.66289
|
-18.39405
|
Schwarz
|
-18.23653
|
-17.78751
|
-17.15697
|
-16.40938
|
Tableau .6. Test sur le nombre de retard pour
la deuxième sous période
Critére/Retard
|
1
|
2
|
3
|
4
|
AIC
|
-25.43006
|
-25.43285
|
-25.44162
|
-25.33947
|
Schwarz
|
-24.81135
|
-24.29329
|
-23.77637
|
-23.14359
|
On s'aperçoit que le nombre de retard choisi par les
critères est de un pour les deux périodes.
IV-3- Test de cointegration
Afin de tester le nombre de relations de
cointégration dans ce système à cinq variables nous nous
référons aux travaux de Johensen et Jeselius (1990). Ces derniers
proposent deux types de tests : le test de la Trace et le test de la valeur
propre maximale ( max).
Le test de trace permet de tester la présence de r
relations de cointgration contre l'hypothèse alternative d'absence de
relation de cointégration.
La statistique utilisé est Trace(r) =
Le test de lambda maximum permet de tester la
présence de r relations de cointegration contre l'hypothèse
alternative de r-1 relations de cointegration.
Le statistique employée est alors :
Les lois suivies par ces deux statistiques ont
été simulées par Osterwald-Leunum(1991).
Dans ce type de procédures le choix d'introduire
ou non des composantes déterministes dans le vecteur de
cointégration est assez compliqué. En effet, la mauvaise
identification de la relation de long terme peut conduire à des
conclusions erronées sur la nature de la dynamique qui
caractérise le mouvement des différentes variables. Ainsi, un
exercice préliminaire consiste à identifier le modèle
sous-jacent. A ce sujet, Johansen (1992) a développé une
procédure séquentielle pour identifier le vrai modèle.
Tableau .7. Tests de trace et ëmax pour la
deuxième sous période
Trace Test Test
|
Hypothèse nulle r=0 r r r r = 4 r=0 r=1 r=2 r=3
r=4
Hypothèse alternative r r r r=4 r=5 r=1 r=2 r=3
r=4 r=5
Valeur Statistique 154.6923 50.02836 29.30883
16.71198 5.461619 104.6639 20.71953 12.59685 11.2536 5.461619
Valeur critique au 5% 76.07 53.12 34.91
19.96 9.24 34.40 28.14 22.00 15.67
9.24
Nombre de relation de
Cointégration
1
1
|
Tableau .8. Tests de trace et ëmax pour la
deuxième sous période
Trace Test Test
|
Hypothèse nulle r=0 r r r r = 4 r=0 r=1 r=2 r=3
r=4
Hypothèse alternative r r r r4 r=5 r=1 r=2 r=3
r=4 r=5
Valeur Statistique 75.53177 44.59662 23.38925
10.89514 1.080686 30.93516 21.20737 12.49410 9.814455 1.080686
Valeur critique au 5% 68.52 47.21 29.68
15.41 3.76 33.46 27.07 20.97 14.07
3.76
Nombre de relation de 1
1
cointégration
|
Les tests de cointégration de johansen montrent
que les séries sont coïntégrées au seuil de 5% pour
les deux périodes considérées.
En raison de l'existence d'une relation de
cointégration le VAR va être estimé sous une forme de
correction d'erreur, VECM.
IV-4- Décomposition de la
variance
Partant de la décomposition des résidus des
innovations, on peut calculer quelle est la contribution de chaque innovation
à la variance totale de l'erreur de prévision du processus
Xt. C'est ce que l'on appelle la décomposition de la
variance.
On considère le processusavecsatisfaisant la représentation VAR(p) suivante t Z :
On suppose que les innovations sont iid et Xt peut être transformé sous la forme d'un
VMA ().
Avec l'erreur de prévision à l'horizon k qui peut être
exprime comme suit :
Pour obtenir une décomposition de la variance du
vecteur, il suffit de réprimer cette matrice de variance covariance sous
la combinaison linéaire de la matrice variance des innovations
orthogonales Vt.
.
où la matrice A est issue de l'orthogonalisation
=ADA
On suppose que:
Où ai désigne la
ième colonne de la matrice A. Délors :
En substituant cette expression dans la variance de
prévision pour un horizon k, on obtient le moment de second ordre en
fonction de la variance des innovations orthogonales.
A partir de cette formule, on est en mesure de calculer
la contribution de innovation « pure » Vjt de la
variance totale de prévision à un horizon k.
Décomposition de la variance pour la
période 1988 ; 1 1988 ; 6
Décomposition de la variance du LIPI:
|
|
|
|
|
|
|
Période
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
0.030536
|
100.0000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
0.042616
|
97.13117
|
1.260064
|
0.131542
|
1.400188
|
0.077036
|
3
|
0.051634
|
96.83711
|
1.113745
|
0.111512
|
1.859399
|
0.078234
|
4
|
0.059279
|
96.43366
|
1.174619
|
0.111748
|
2.201943
|
0.078029
|
5
|
0.066020
|
96.27532
|
1.132475
|
0.116148
|
2.401419
|
0.074643
|
6
|
0.072111
|
96.13259
|
1.104970
|
0.126099
|
2.564998
|
0.071342
|
Décomposition de la variance du LM2:
|
|
|
|
|
|
|
Période
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
0.022933
|
1.180049
|
98.81995
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
0.027114
|
0.861269
|
96.59968
|
0.018091
|
2.470664
|
0.050296
|
3
|
0.032723
|
0.592108
|
96.66447
|
0.013187
|
2.695470
|
0.034768
|
4
|
0.037063
|
0.468917
|
96.18662
|
0.049390
|
3.267673
|
0.027404
|
5
|
0.041448
|
0.384013
|
95.92816
|
0.101818
|
3.559012
|
0.026994
|
6
|
0.045535
|
0.336709
|
95.57804
|
0.188171
|
3.865578
|
0.031504
|
Décomposition de la variance du LCD:
|
|
|
|
|
|
|
Période
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
0.020851
|
0.037954
|
29.83322
|
70.12883
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
0.026581
|
0.026064
|
19.07395
|
79.63783
|
1.246227
|
0.015929
|
3
|
0.031831
|
0.031864
|
17.90231
|
80.71879
|
1.264407
|
0.082627
|
4
|
0.035902
|
0.026210
|
16.58824
|
81.65112
|
1.611300
|
0.123129
|
5
|
0.039635
|
0.024423
|
16.66616
|
81.28338
|
1.844763
|
0.181282
|
6
|
0.042952
|
0.032293
|
16.97554
|
80.61492
|
2.134058
|
0.243192
|
Décomposition de la variance du TCRE:
|
|
|
|
|
|
|
Période
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
2.145711
|
0.883018
|
0.418583
|
0.525890
|
98.17251
|
0.000000
|
2
|
3.339794
|
2.534187
|
0.264691
|
2.262206
|
94.92337
|
0.015548
|
3
|
4.197135
|
2.877129
|
0.208996
|
3.038344
|
93.83897
|
0.036561
|
4
|
4.904938
|
3.005684
|
0.213775
|
3.430714
|
93.30751
|
0.042314
|
5
|
5.518960
|
3.061319
|
0.224094
|
3.716131
|
92.95493
|
0.043524
|
6
|
6.069500
|
3.084927
|
0.246837
|
3.946609
|
92.67909
|
0.042533
|
Décomposition de la variance du TMM:
|
|
|
|
|
|
|
Période
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
0.002045
|
0.244943
|
1.252686
|
0.013555
|
0.139241
|
98.34957
|
2
|
0.002923
|
0.121335
|
4.920412
|
0.199035
|
0.830307
|
93.92891
|
3
|
0.003555
|
0.085953
|
5.087007
|
0.274023
|
0.918807
|
93.63421
|
4
|
0.004096
|
0.065386
|
5.388602
|
0.283376
|
1.020177
|
93.24246
|
5
|
0.004568
|
0.053006
|
5.430594
|
0.283818
|
1.081812
|
93.15077
|
6
|
0.004994
|
0.044404
|
5.454690
|
0.275830
|
1.139676
|
93.08540
|
Décomposition de la variance pour la
période 2006 ; 1 2006 ; 6
Décomposition de la variance du LIPI:
|
|
|
|
|
|
|
Period
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
0.045299
|
100.0000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
0.051333
|
98.12956
|
0.571892
|
0.905287
|
0.051292
|
0.341974
|
3
|
0.059173
|
97.26511
|
0.486365
|
1.928560
|
0.046520
|
0.273445
|
4
|
0.064743
|
95.86585
|
0.515013
|
3.292006
|
0.045071
|
0.282063
|
5
|
0.070019
|
94.82165
|
0.499556
|
4.398861
|
0.038652
|
0.241281
|
6
|
0.074791
|
93.78291
|
0.492742
|
5.469804
|
0.034568
|
0.219978
|
Décomposition de la variance du LM2:
|
|
|
|
|
|
|
Period
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
0.023442
|
1.326610
|
98.67339
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
0.031210
|
1.540114
|
96.89166
|
0.616438
|
0.819866
|
0.131926
|
3
|
0.037701
|
2.063722
|
96.14294
|
0.888450
|
0.803305
|
0.101584
|
4
|
0.043132
|
2.203796
|
95.78734
|
1.025017
|
0.863854
|
0.119994
|
5
|
0.047987
|
2.351639
|
95.51539
|
1.140619
|
0.878907
|
0.113450
|
6
|
0.052388
|
2.449275
|
95.31867
|
1.217657
|
0.897301
|
0.117096
|
Décomposition de la variance du LCD:
|
|
|
|
|
|
|
Period
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
0.056867
|
0.017433
|
33.52932
|
66.45325
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
0.072191
|
0.015173
|
38.01259
|
61.82018
|
0.000912
|
0.151151
|
3
|
0.082974
|
1.498532
|
42.22895
|
56.08139
|
0.001642
|
0.189478
|
4
|
0.092098
|
2.834027
|
45.89671
|
50.92472
|
0.007069
|
0.337474
|
5
|
0.100233
|
4.440501
|
48.63056
|
46.51086
|
0.008307
|
0.409779
|
6
|
0.107763
|
5.868638
|
50.75814
|
42.85906
|
0.010964
|
0.503205
|
Décomposition de la variance du TCRE:
|
|
|
|
|
|
|
Period
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
0.009682
|
0.345677
|
0.041451
|
1.386898
|
98.22597
|
0.000000
|
2
|
0.012865
|
1.006687
|
0.047866
|
1.107698
|
97.83770
|
5.11E-05
|
3
|
0.015489
|
0.794051
|
0.034795
|
1.403528
|
97.76734
|
0.000282
|
4
|
0.017716
|
0.676684
|
0.034010
|
1.708629
|
97.57744
|
0.003237
|
5
|
0.019708
|
0.572706
|
0.032990
|
1.990119
|
97.40008
|
0.004103
|
6
|
0.021515
|
0.497465
|
0.033372
|
2.224739
|
97.23842
|
0.006002
|
Décomposition de la variance du TMM:
|
|
|
|
|
|
|
Period
|
S.E.
|
LIPI
|
LM2
|
LCD
|
TCRE
|
TMM
|
1
|
0.003984
|
0.331170
|
0.817799
|
0.663293
|
1.511440
|
96.67630
|
2
|
0.004449
|
0.645535
|
0.852113
|
0.546885
|
1.234524
|
96.72094
|
3
|
0.005321
|
0.453637
|
0.942525
|
0.736462
|
1.105654
|
96.76172
|
4
|
0.005871
|
0.575671
|
0.954128
|
0.738785
|
1.001563
|
96.72985
|
5
|
0.006449
|
0.517678
|
1.000577
|
0.840393
|
0.935261
|
96.70609
|
6
|
0.006950
|
0.555720
|
1.015235
|
0.902219
|
0.887514
|
96.63931
|
Ces tableaux indiquent pour chaque variable la proportion
de la variance de l'erreur de prévision, attribuable à une
innovation d'une autre variable.
Quand une innovation explique une part de la variance de
l'erreur de prévision, on peut en déduire que notre
économie est très sensible aux chocs affectant cette
série.
IV-5-Test de l'auto corrélation des erreurs
Avant de passer à l'étude des fonctions de
réponses aux chocs, il paraît utile de s'assurer que les
résidus ne sont pas auto-corréélés. Pour cela, nous
allons utiliser le Portemanteau auto-corrélation test qui reporte les Q
statistiques et les Q statistiques ajustées pour l'hypothèse
nulle de la non corrélation des séries jusqu'à l'ordre h.
les deux statistiques utilisent la distribution de Qui deux à degré de liberté où p est l'ordre du retard du
VAR.
Les tableaux suivants rapportent les résultats du test
et montre l'absence de l'auto corrélation des erreurs.
Tableau .9. Porte manteau corrélation
test pour la deuxième période
|
Q-Stat
|
Prob
|
Q-stat ajusté
|
Prob
|
Degré de liberté
|
1
|
5.996535
|
NA*
|
6.032877
|
NA*
|
NA*
|
2
|
50.04900
|
0.0021
|
50.62257
|
0.0018
|
25
|
3
|
72.78058
|
0.0194
|
73.77252
|
0.0160
|
50
|
4
|
103.4613
|
0.0164
|
105.2107
|
0.0122
|
75
|
5
|
141.2604
|
0.0042
|
144.1838
|
0.0025
|
100
|
6
|
161.7994
|
0.0149
|
165.4930
|
0.0089
|
125
|
7
|
186.6756
|
0.0225
|
191.4644
|
0.0125
|
150
|
8
|
222.6711
|
0.0086
|
229.2824
|
0.0037
|
175
|
9
|
252.6908
|
0.0068
|
261.0230
|
0.0024
|
200
|
10
|
279.2674
|
0.0080
|
289.3032
|
0.0025
|
225
|
11
|
297.7757
|
0.0205
|
309.1250
|
0.0064
|
250
|
12
|
399.6868
|
0.0000
|
418.9773
|
0.0000
|
275
|
Tableau. 10. Porte manteau corrélation test
pour la deuxième période
|
Q-Stat
|
Prob
|
Q-stat ajusté
|
Prob
|
Degré de liberté
|
1
|
6.475470
|
NA*
|
6.521072
|
NA*
|
NA*
|
2
|
47.92891
|
0.0038
|
48.56250
|
0.0032
|
25
|
3
|
79.61754
|
0.0049
|
80.93018
|
0.0037
|
50
|
4
|
116.7708
|
0.0014
|
119.1526
|
0.0009
|
75
|
5
|
139.4338
|
0.0056
|
142.6368
|
0.0033
|
100
|
6
|
168.0032
|
0.0062
|
172.4573
|
0.0032
|
125
|
7
|
184.2870
|
0.0298
|
189.5793
|
0.0159
|
150
|
8
|
218.0601
|
0.0150
|
225.3537
|
0.0061
|
175
|
9
|
234.4998
|
0.0477
|
242.8976
|
0.0206
|
200
|
10
|
270.2579
|
0.0209
|
281.3443
|
0.0063
|
225
|
11
|
284.6495
|
0.0652
|
296.9352
|
0.0222
|
250
|
12
|
387.7817
|
0.0000
|
409.5146
|
0.0000
|
275
|
D'après les deux tableaux, l'auto
corrélation est rejetée, ce résultat nous permet de passer
à l'étude des fonctions des réponses des chocs.
V- Les réponses de l'économie
à un choc de politique monétaire
Nous étudions les réponses de
l'économie à un choc de politique monétaire (taux
d'intérêt). Le choc a lieu en une seule période, mais comme
le modèle inclut une dynamique autorégressive et une dynamique
économique, le choc persiste sous une forme atténuée
pendant un certain temps.
Les fonctions de réponse calculées indiquent la
réponse des différentes variables économiques à des
chocs d'un écart type sur les résidus.
L'horizon retenu est relativement court, de 12 mois pour
la première sous période et 24 mois pour la seconde sous
période contrairement à Sims [1992] qui retient 48 mois, car
à mesure que les délais s'allongent les intervalles de confiance
pour ces fonctions des réponses impulsionnelles
s'élargissent et la fiabilité des résultats diminue.
L'intervalle de confiance retenu ici est d'un écart type.
Les réponses des chocs pour la
première sous période (1975-1988)
Les réponses des chocs pour la
deuxième sous période (1989-2006)
L'inspection des réponses des différentes
variables à un choc de la politique monétaire montre pour la
première sous période, une hausse du taux de marché
monétaire fait augmenter la production industrielle, qui atteint sa
hausse maximale au bout de deux mois. Puis ce dernier baisse rapidement et
d'une pente aigu, traduisant ainsi l'effet à court terme et l'absence de
cet influence du taux d'intérêt sur la production à long
terme.
La hausse du taux d'intérêt fait augmenter
la masse monétaire M2 qui atteint sa hausse maximale au bout de deux
mois et baisse de nouveau ce qui implique que le taux d'intérêt ne
peut influencer la masse monétaire qu'à court terme ce
résultat peut être expliqué par le choix de
l'agrégat qui est formé en partie de dépôt
rémunéré au Tmm ayant tendance à augmenter avec ce
taux.
Le crédit baisse suite à ce choc d'une
façon très aigu pour les trois premiers mois et la pente diminue
pour le long terme.
Enfin pour le taux de change, l'allure de la courbe
montre que le choc a apprécié et déprécié le
taux de change, de cette façon nous ne pouvons pas conclure cette
influence vue l'absence d'une explication claire du comportement de tcre suite
au choc de la politique monétaire.
L'inspection de ces chocs montrent que la politique
monétaire ne peut choqué les autres variables à savoir, le
crédit, le taux de change, la masse monétaire et
l'activité réelle représenté par la production
qu'à très court terme ou même elle ne l'influe pas.
Pour la deuxième sous période, un choc sur
le taux d'intérêt produit d'abord une baisse de la masse
monétaire, maximale huit mois après, puis cette baisse
s'affaiblit et le choc s'amorti à long terme. Mais les fonctions de
réaction du taux d'intérêt aux chocs survenu sur la masse
monétaire montrent que les autorités monétaires font
augmenter le taux pour contrecarrer la croissance de celle-ci.
La réponse du crédit est aussi dans le sens
attendu théoriquement. L'augmentation du taux de marché
monétaire a engendré une augmentation des crédits à
court terme mais à long terme cet effet se stabilise, ce résultat
semble être conforme avec les prédictions théoriques de
Stiglitz.
L'activité réelle diminue avec un effet
maximal deux mois après le choc puis il remonte au bout de six mois.
Selon l'analyse Keynésienne le TMM n'influence pas la
production puisque l'accroissement des investissements privés est
dû à la création monétaire et non à
l'épargne. Même que le taux d'intérêt influe à
court terme la décision d'investissement cet effet s'amortie à
long terme. La non sensibilité de l'investissement au taux
d'intérêt mène à long terme vers la stabilité
de l'agrégat monétaire au sens large.
Toute augmentation de taux de marché
monétaire entraîne une réduction du tcre puisqu'il existe
une fuite de capitaux vers l'extérieur ce qui méne à une
appréciation de la monnaie nationale par rapport au principaux pays
partenaires (L'Allemagne, l'Italie, la France).
Les simulations semblent confirmer le changement dans la
transmission de la politique monétaire en Tunis.
Conclusion
L'objectif poursuivi tout au long de ce chapitre
était de déterminer l'impact des innovations financières
sur les canaux de transmission de la politique monétaire.
Pour ce faire, on a commencé par la présentation
des variables faisant partie du modèle pour pouvoir par la suite
étudier leurs évolutions à travers les graphiques pour
disposer les premiers éléments sur la stationnarité de la
série. Les résultats obtenus semblent indiquer la présence
de non stationnarité, d'où la nécessité de pousser
l'analyse plus loin via le test de Dickey fuller Augmenté qui a permis
de déterminer l'ordre d'intégration de la série.
Nous avons essayé de réaliser un test de
causalité afin de ressortir les principales relations dans les deux
périodes.
Par la suite et afin d'estimer le modèle, il
était indispensable de déterminer l'ordre de retard et ceci
à travers les critères traditionnels (Akaike, Schwartz)
Une fois l'estimation achevée, il était
important de s'assurer de l'absence du problème d'auto
corrélation des erreurs ce qui été approuvée par le
biais du porte « manteau auto corrélation test ».
Par la suite on est passé à l'étude des fonctions de
réponse des différents variables suite à un choc
émanant de la politique monétaire
Les principaux résultats ont démontrés
que ces mutations financières ont modifié les canaux de
transmission de la politique monétaire.
En effet, les autorités monétaires semblent
influencer l'activité économique par un effet d'encadrement des
crédits pour la période avant 1989 et par le taux
d'intérêt pour la période d'après.
Le taux d'intérêt joue un rôle comme
instrument de la politique monétaire depuis 1989 mais, son rôle
demeure faible.
Bien que le système financier tunisien ait
transité vers un système «libéralisé»
fondé sur la banque, il garde les caractéristiques d'un
système dirigé.
Nos résultats semblent montrer aussi l'absence
d'un canal des crédits pour la Tunisie.
Conclusion générale
Le présent travail de recherche s'est fixé
comme objectif principal l'analyse des canaux de transmission de la politique
monétaire en relation avec les mutations financières.
Ce thème est a été un sujet
intéressant du fait de la complexité du phénomène
d'innovation financière.
D'ailleurs, l'étude théorique de l'impact
des mutations financières sur les canaux de transmission de la politique
monétaire nous a permis de disposer des premiers renseignements sur
l'ampleur du phénomène en montrant la déformation de tous
les canaux mais à des degrés différents.
Nous avons ensuite essayé de mettre en
évidence ce phénomène au cas Tunisien en présentant
tout d'abord le processus de l'innovation financière en Tunisie et en
étudiant ensuite ses effets sur les canaux de transmissions de la
politique monétaire.
Cependant, et pour identifier les canaux de transmissions
de la politique monétaire ainsi que leurs relations avec les mutations
financières, on s'est appuyé sur une analyse empirique. Elle
s'est basée sur un modèle VAR intégrant les
données mensuelles de 1975 jusqu'à 1988 et de 1989 jusqu'à
2006. La base de donnée utilisée dans cette approche est
composée, des variables tenant compte de l'activité
économique et de l'activité réelle.
Nous montrons que durant la première
période (1976-1988), la politique monétaire agissait sur
l'activité économique à travers un mécanisme hors
marché qui est l'encadrement du crédit. Par contre pendant la
seconde période (1989-2006) nous avons pu cerner à la fois un
canal monétaire et un pseudo-canal monétaire. Ces
résultats semblent confirmer la transition de l'économie
tunisienne vers un système financier en voie de
libéralisation.
Les mécanismes qui sont décrits dans la
littérature économique et qui ont été testés
aux Etats-Unis et dans d'autres pays occidentaux ne doivent pas être
comparés au contexte Tunisien. En effet, la BCT contrôle les taux
à court terme et les banques tunisiennes peuvent se refinancer autant
qu'elles le désirent. Par contre aux Etats-Unis, les autorités
monétaires arrivent à contrôler le volume de la
liquidité bancaire.
Si les études sur données
agrégées n'ont pas montré l'existence d'un canal du
crédit, Il serait intéressant de tenir compte de l'impact de
l'évolution du taux du marché monétaire sur les conditions
débitrices des banques et ceci à travers le rôle
prédictif des spreads de taux sur l'activité
économique.
Par ailleurs un prolongement de ce travail pourrait consister
à introduire des variables microéconomiques (structure du
financement externe des entreprises, taille des entreprises, etc.) surtout si
nous voulons approfondir la compréhension du canal de crédit.
Nous soupçonnons toujours l'existence d'un canal
du crédit en particulier le canal étroit surtout que la
majorité du financement externe en Tunisie est bancaire et que les
marchés de capitaux ne sont pas assez développés.
* 1 Goux (1998) utilise cette
terminologie
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