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UNIVERSITE DE YAOUNDE II THE UNI VERSITY OF
YAOUNDE II
Institut des Relations International Relations
Internationales du Cameroun Institute of Cameroon
(IRIC) (IRIC)
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ANNEE ACADEMIQUE 2004-2005
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GEOSTRATEGIE DES RESSOURCES NATURELLES ET LES CONFLITS
DE LA REPUBLIQUE DU CONGO 1990-2002 : RIVALITE DE PUISSANCE ET CONTROLE
DE L'ENERGIE.
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Mémoire de troisième cycle
présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention
du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées
(DESS) en Relations Internationales, Option :
Diplomatie Par NGAKOSSO-OKO
Sédard-Roméo
Avec l'encadrement du Sous la supervision du
Docteur MVOMO ELA Wullson, Professeur PONDI
Jean-Emmanuel,
Enseignant permanent à l'IRIC. Maître de
Conférences.
Juillet 2005
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Cette étude a été
réalisée grâce à une allocation (Programme de Bourse
de Formation Initiale) de l'Agence Universitaire de la Francophonie en
collaboration avec l'Institut des Relations Internationales du Cameroun
(Université de Yaoundé II) et la Faculté des Sciences
Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis (Université du 07 novembre
à Carthage, Tunisie).
SOMMAIRE
DEDICACE IV
REMERCIEMENTS V
ABREVIATIONS ET SIGLES VI
LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET TABLEAUX VIII
REPERES CHRONOLOGIQUES IX
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : GEOPOLITIQUE DES RESSOURCES NATURELLES
ET
CONFLICTUALITE 22
Chapitre I. La géographie des ressources naturelles
congolaises 24
Section I. L'inventaire des ressources naturelles 24
Section II. De la valorisation des ressources naturelles 34
Chapitre II. Les guerres civiles congolaises de 1990 à
2002 et leurs conséquences43
Section I. Les acteurs de l'échiquier congolais 43
Section II. Les conséquences de la guerre 58
DEUXIEME PARTIE : GEOSTRATEGIE DES RESSOURCES NATURELLES
ET
GOUVERNANCE 67
Chapitre III. Les ressources naturelles dans la structuration des
guerres 69
Section I. Les ressources naturelles dans la lutte pour les
rentes 69
Section II. Les rivalités entre les multinationales 78
Chapitre IV. La problématique de la gouvernance globale du
Congo 91
Section I. Plaidoyer pour une reconsidération du poids des
ressources naturelles
stratégiques dans la formation de la richesse nationale
91
Section II. Pertinence et viabilité du processus de
reconstruction post-conflit 98
CONCLUSION GENERALE 108
ANNEXES 115
Série 1. Les arsenaux des protagonistes 116
Série 2. Quelques dégâts matériels
123
Série 3. Quelques documents administratifs 124
BIBLIOGRAPHIE 132
TABLE DES MATIERES 148
DEDICACE
A la mémoire de ma mère,
Mme BORA
Béatrice, épouse NGAKOSSO-OKO.
REMERCIEMENTS
Comme tout travail de cette envergure, l'ouvrage que voici est
avant tout une somme de dettes. Notre reconnaissance va, en premier lieu,
à nos encadreurs : le professeur Jean-Emmanuel PONDI, Directeur de
l'IRIC, et le docteur Wullson MVOMO ELA, enseignant permanent à l'IRIC.
Ils nous ont fait l'honneur de diriger cette étude. Les erreurs qui y
subsistent n'en sont pas moins les nôtres.
Ensuite, nous remercions très chaleureusement le corps
enseignant et le corps administratif de l'IRIC pour avoir bien voulu nous
encadrer et accompagner pendant toute notre formation à l'IRIC. Nous
pensons particulièrement au professeur Laurent ZANG, Directeur adjoint
de l'IRIC, chargé des études, au docteur Alain-Didier OLINGA, au
docteur Pascal Charlemagne MESSANGANYAMDING, et à madame Corentie NYEGA
du Service de la Scolarité.
Nous remercions également tous ceux qui se sont
efforcés de rendre fructueux
le séjour que nous avons effectué en Tunisie
d'octobre 2004 à mai 2005 grâce à une bourse de
mobilité universitaire de l'AUF. Spécialement, le professeur
Mohamed Saleh BEN AÏSSA, Doyen de la Faculté des Sciences
juridiques, politiques et sociales de Tunis (Université du 07 novembre
à Carthage) et le professeur Slim LAGHMANI. Ils nous ont accueilli,
facilité le séjour et les conditions de travail. Nous pensons
aussi à M. Alex BRAYLE et à Mme Bouthéïna BOUZIRI de
l'AUF Tunis, pour les facilités d'accès à Internet et aux
bases de données spécialisées de cette institution.
Nous sommes aussi redevables aux aînés de la
colonie congolaise au Cameroun : les professeurs Dieudonné KINKIELELE et
Michel GUY-DIBY, Messieurs Serge ZONIABA, Guy Serge YOULOUKOUYA et
Zéphirin Martial BOYEMBE pour le soutien et les encouragements à
un moment où la tentation à la démission était
paroxysmique.
Nous ne saurions clore ce chapitre des remerciements sans
témoigner notre gratitude à la promotion IRIC-diplomatie
2002-2005, pour l'ambiance, la compagnie et les échanges.
Spécialement Messieurs Martial TCHENZENTE et Thomas-Didyme ONDOA MBAZOA
qui, en outre, nous ont fait l'honneur et l'amitié de relire notre
manuscrit.
ABREVIATIONS ET SIGLES
AEF : Afrique Equatoriale Française.
AFP : Agence France Presse.
AUF : Agence Universitaire de la Francophonie. BM : Banque
Mondiale.
CD : Compact Disc.
CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique
Centrale.
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale.
CESA : Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique. CIB :
Congolaise Industrielle des Bois.
CFCO : Chemin de Fer Congo Océan.
CNC : Centre National de Cinématographie.
CORAF : Congolaise des Raffineries
FLEC : Front de Libération de l'Enclave de Cabinda. FMI :
Fonds Monétaire International.
FNLA : Front National de Libération de l'Angola. GLNF :
Grande Loge Nationale Française.
GODF : Grand Orient de France.
GRIP : Groupe de Recherche et d'Information sur la paix et la
Sécurité.
IFRI : Institut Français des Relations Internationales.
INA : Institut National de l'Audiovisuel.
IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun. IRIS :
Institut des Relations Internationales et Stratégiques.
MCDDI : Mouvement Congolais pour le Développement de la
Démocratie Intégrale.
MNR : Mouvement National de la Révolution. MW :
Mégawatt.
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies.
OUA : Organisation de l'Unité Africaine.
PIB : Produit Intérieur Brut.
RFI : Radio France Internationale. RTBF : Radio
Télévision Belge. PCT : Parti Congolais du Travail. PIB : Produit
Intérieur Brut.
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés.
PUF : Presses Universitaires de France.
PUG : Presses Universitaires de Grenoble.
RCA : République Centrafricaine.
RDC : République Démocratique du Congo.
RN2 : Route Nationale Numéro 2 (Route du Nord).
SCBO : Société Congolaise des Bois de Ouésso
(Groupe Danzel).
SNBS : Société Nouvelle des Bois de la Sangha.
UNESCO : United Nations Educational scientific and Cultural
Organization. UNITA : Union Nationale pour l'Indépendance Totale de
l'Angola.
UPADS : Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale.
URSS : Union des Républiques Socialistes
Soviétiques.
UE: Union Européenne.
USA : United States of America. ZIC : Zone d'Intérêt
Commun.
LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET TABLEAUX
Les Cartes
Carte n°01. Carte détaillée de la
République du Congo, p. XII.
Carte n°02. La Géographie des conflits
armés en Afrique 1990-2002, p. 03. Carte n°03. Situation et
limites du Congo, p. 05.
Carte n°04. Principales zones de culture au Congo, p.
32.
Carte n°05. 1997 : la seconde guerre des milices, p.
57.
Les graphiques
Graphique n°01. Evolution de la production de banane
plantain, arachide, paddy et maïs, p. 39.
Graphique n°02. Evolution de la production de manioc,
p. 39.
Graphique n°03. Evolution de la production du
café et du cacao, p. 40.
Les Tableaux
Tableau n°01. Les Principaux groupes ethniques, p.
06
Tableau n°02. Les Principaux acteurs politiques :
1990-2002, pp : 08.
Tableau n°03. Réserves de pétrole et
production en 1999, p. 26.
Tableau n°04. Réserves de gaz naturel et
production en 1999, p.27.
Tableau n°05. Etendue du potentiel hydraulique, p.
30.
Tableau n°06. Electricité : capacités
techniquement exploitables et capacités opérationnelles des pays
africains, 1999, pp : 30-31.
Tableau n°07. Evolution de la production
pétrolière, 1969-2001, p. 38. Tableau n°08. Les
Exportations pétrolières, 2001 & 2002, p. 38.
Tableau n°09. Evolution de la production des grumes,
1990-1999, p. 41.
Tableau n°10. Répartition de la production de
pétrole entre le Congo et les multinationales de l'énergie,
1969-1996, p. 89.
REPERES CHRONOLOGIQUES
1483 : découverte de l'embouchure du Congo par Diego
CAO ; Pierre SAVORGNAN De BRAZZA, italien naturalisé français,
remonte son cours à la fin du XIXème siècle.
03 octobre 1880 : Pierre Savorgnan De BRAZZA, au nom du gouvernement
français, et le roi MAKOKO signent le traité qui permit à
la France de prendre possession du Congo.
1883 : le lieutenant CORDIER fonde la ville de Pointe-Noire.
1908 : sous l'appellation de Moyen-Congo, le Congo fait partie de
l'AEF avec le Gabon, l'Oubangui-Chari, actuelle RCA, et le Tchad.
1910 : Brazzaville devient la capitale de l'AEF.
1939-1940 : Brazzaville devient la capitale de la France
libre et le centre nerveux de toutes les stratégies pour sauver la
mère patrie occupée par les nazis.
30 janvier-8 février 1944 : Conférence de
Brazzaville réunissant autour du général De GAULLE et du
commissaire aux colonies, PLEVEN, l'élite franco-africaine. Cette
rencontre est un moment important dans la dynamique des indépendances
des colonies françaises d'Afrique.
28 novembre 1958 : référendum sur
l'autodétermination. Le Congo devient un territoire autonome dans le
cadre de la Communauté Française.
15 août 1960 : proclamation de l'indépendance
avec l'abbé Fulbert YOULOU comme premier Président. Le 20
septembre le pays devient membre de l'ONU.
1963 : révolution congolaise des «Trois
Glorieuses», Alphonse MASSAMBADEBAT est porté au pouvoir. Il
instaure un régime socialiste.
1968 : renversement du Président Alphonse
MASSAMBA-DEBAT par l'armée. Le commandant Marien NGOUABI est
porté au pouvoir. Il instaure la République Populaire du Congo
avec un parti marxiste, le PCT.
1977 : assassinat du Président M. NGOUABI. Le
général J. YHOMBI OPANGO arrive au pouvoir.
1979 : le Président YHOMBI OPANGO contraint à la
démission, le colonel Denis SAS SOU NGUESSO arrive au pouvoir.
11 novembre 1987 : soulèvement des étudiants
de l'Université Marien NGOUABI.
Février-juin 1991 : Conférence Nationale
Souveraine.
Juin 1991 : début de la période de
transition.
15 mars 1992 : référendum constitutionnel.
Adoption d'une constitution inspirée du modèle
semi-présidentiel de la Vème République
française.
Juin 1992 : élections municipales et
législatives.
Juillet-aout 1992 : premières élections
présidentielles libres au suffrage universel direct, couronnées
par la victoire du candidat Pascal LISSOUBA, au deuxième tour
appuyé par le PCT, devant monsieur Bernard KOLELAS.
1er septembre 1992 : prestation de serment du nouveau
Président et fin de la transition.
Novembre 1992 : basculement de la majorité
à l'Assemblée du fait de l'accord entre le PCT et le MCDDI ;
censure du gouvernement par la nouvelle majorité et dissolution de
l'Assemblée Nationale par le Président de la
République.
Mai 1993 : élections législatives
anticipées et victoire de l'UPADS ; dénonciation de la fraude et
contestation du scrutin par l'opposition ; en juin, la Cour Suprême
ordonne la reprise du scrutin dans les circonscriptions
litigieuses1.
Novembre 1993 janvier 1994 : première guerre
civile du Congo. Elle oppose les Ninjas du MCDDI à une frange
de l'armée, loyales au camp gouvernemental, épaulées par
les forces de l'UPADS, Cocoyes, Mambas, Aubevillois,
etc.
Mai 1997 : signature du «Pacte pour la paix»
sous l'égide de l'UNESCO.
05 juin-15 octobre 1997 : deuxième guerre civile du
Congo. Elle oppose les milices du parti au pouvoir aux Cobras du
PCT.
07 juin 1997 : mise en place du Comité National de
Médiation dirigé par M. Bernard KOLELAS.
10 juin 1997 : instauration de la médiation
internationale par le Président gabonais, appuyé conjointement
par l'ONU et l'OUA.
1Suite à ce contentieux, les circonscriptions
de Dongou et de Mossaka n'étaient pas représentées
à l'Assemblée Nationale.
07 juillet 1997 : en pleine guerre, un décret du
ministre de l'intérieur annonce trois candidatures pour
l'élection présidentielle : Messieurs Pascal LISOUBA, Bernard
KOLELAS et André MILONGO.
18 juillet 1997 et 31 août 1997 : en pleine
guerre, mise en place de la Cour Constitutionnelle devant un parlement
composé de 15 députés sur 160 et prorogation du mandat
présidentiel par cette nouvelle instance.
08 septembre 1997 : démission du premier
ministre, M. David-Charles GANAO. Il est immédiatement remplacé
par M. Bernard KOLELAS, jusqu'alors président du Comité national
de Médiation.
15 septembre 1997 : achoppement de la médiation
internationale à Libreville.
15 octobre 1997 et 24 octobre 1997 : fin des
hostilités à l'issue de la victoire des forces du PCT sur celles
de l'UPADS ; leur leader, le général Denis SASSOU NGUESSO,
s'autoproclame chef de l'Etat ; promulgation de l'Acte fondamental, nouvelle
base juridique du pays qui instaure une transition de trois ans flexible.
Décembre 1998-janvier 1999 : troisième
guerre civile. Elle oppose les partisans du général Denis SASSOU
N'GUESSO et les milices du régime déchu. Les hostilités
ont lieu dans les provinces de la Bouenza, de la Lékoumou, du Pool et
dans les quartiers Sud de Brazzaville.
16 novembre et 29 décembre 1999 : signatures
successives des Accords de Brazzaville et de Pointe-Noire, mettant fin à
la troisième guerre civile.
Mars-avril 2000 : Dialogue national sans exclusive.
Janvier-juillet 2002 : référendum
constitutionnel (janvier) et série d'élections :
présidentielles (mars, victoire du général Denis SASSOU
NGUESSO, Chef de l'Etat depuis le 15 octobre 1997), législatives,
municipales, régionales et sénatoriales (de mai à
juillet).
09 août 2002 : message à la nation du
Président de la République annonçant la fin de la
période de transition et le retour des institutions
démocratiques.
Carte n°01 : Carte détaillée de la
République du Congo2.
2Mission économique du Congo, Ambassade de
France, « La Carte détaillée de la République du
Congo », rubrique «Présentation
générale»,
http://www.izf.net,
consulté le 09/03/2005.
La décennie 1990 est l'une des périodes
marquantes de la dernière moitié du XXème
siècle. Non seulement elle est le témoin de la fin du duopole
américanosoviétique, mais aussi, depuis cette date, la
scène internationale connaît d'autres mutations non moins
importantes. Ces mutations sont aussi bien politiques, économiques,
culturelles, sociales que financières, technologiques et
sécuritaires à la clef desquelles se trouvent de multiples enjeux
et défis, valables pour les pays industrialisés, ne concernent
pas moins les jeunes Etats du Tiers-monde comme ceux d'Afrique, engagés
dans la lutte contre la pauvreté et qui négocient leur
intégration dans le monde moderne, ou encore victimes des conflits
armés de très grande ampleur. Ces conflits armés semblent
devenir l'élément d'identification et d'interprétation
normative de la réalité politique, la stabilité devenant
l'exception3 (Carte n°02 : la géographie des
conflits armés africains 1990-2002, p. 03).
Il ressort de l'observation de cette carte que l'Afrique de
l'Ouest paraît s'être durablement installée dans cette
situation, l'Afrique Centrale et des Grands Lacs se trouvent au bord de
l'effondrement général et passeraient aujourd'hui pour
l'épicentre d'une implosion continentale4. Les coups de
force, les guerres civiles, les interventions et les guerres
interétatiques entremêlés forment désormais un
écheveau difficile à comprendre et à expliquer,
contribuant à délégitimer les constructions nationales et
à rendre fictive la souveraineté des pays issus de ces espaces
géographiques et les processus démocratiques qui y ont cours. La
frontière n'est plus cette cloison étanche derrière
laquelle l'Etat peut se barricader commodément. Désormais, elle
est transpercée, à tout instant dans les deux sens, par les flux
des acteurs divers et aux multiples ambitions. La maîtrise de ces flux
devient un exercice de plus en plus difficile pour les Etats. La plupart des
Etats de
3Nous renvoyons le lecteur aux ouvrages suivants :
BONIFACE, Pascal, (dir.), Les Démocraties de basse
intensité, Revue Internationale et Stratégique,
n°14, Paris, Dunod, Eté 1994 ; RUFIN, Jean-Christophe, (dir.),
Les conflits en Afrique, Revue Internationale et
Stratégique, n°23, Paris, Arlea, Automne 1996 ; BONIFACE,
Pascal, (dir.), L'Afrique entre guerre et paix, Revue
Internationale et Stratégique, n°33, Paris, PUF, Printemps
1999.
4J.-F. BAYART, « L'Embrasement de
l'Afrique subsaharienne », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique
Internationale, n°77, Paris, Automne 1997, pp : 155-464 ; R. POURTIER,
« L'Afrique Centrale dans la tourmente. Les enjeux de la guerre au
Congo et alentour », Tragédies africaines,
Hérodote, n°111, Paris, La Découverte,
4ème trimestre 2003, pp : 11-39.
ces deux zones sont l'illustration du prototype même de
ce qu'un courant de pensée conceptualise sous le terme de la perte du
monopole étatique sur la scène internationale5.
Carte n°02 : la géographie des conflits
armés africains 1990-20026
(c) NGAKOSSO-OKO Sédard-Roméo, janvier
2005.
De ce qui précède, les interrogations suivantes
s'imposent. En effet, la recrudescence des conflits armés en terre
africaine est-elle le fait du hasard ou résulte-elle de la
téléologie normale des phénomènes sociaux ?
Pourquoi les conflits semblent-ils choisir l'Afrique comme terre de
prédilection ? Enfin, cette
5Entre autres, B. BADIE, La Fin des
territoires, Paris, Fayard, 1995 ; Un Monde sans
souveraineté. Essai sur l'utilité sociale du
respect, Paris, Fayard, 1999 ; B. BADIE, M.-C., SMOUTS, Le
Retournement du monde. Sociologie de la scène internationale,
Paris, PFNSP-Dalloz, 1992 ; M.-C., SMOUTS, Les Nouvelles relations
internationales, Paris, PFNSP, 2000.
6Carte réalisée par nous-mêmes
à partir des informations obtenues dans F. NKUNDABANGUEZI, L'Union
Européenne et la prévention des conflits en Afrique : concepts et
instruments d'un nouvel acteur, Rapport du GRIP, 2000-2003, p.
15.
sismicité pour peu qu'elle semble récurrente et
permanente d'une part, et particulièrement violente vu les
dégâts enregistrés, la logistique et les stratégies
de combats mis en oeuvre par les belligérants d'autre part, ne
serait-elle pas l'oeuvre de groupuscules qui trouveraient quelques
intérêts à les y entretenir ? Il devient plus que urgent de
rechercher les logiques qui président à l'émergence et
à l'évolution de situation analogue.
I. L'objet de l'étude
L'intellection de ce brasier matérialisé par
l'Afrique est guidée par le potentiel énergétique que
représente cette zone. Nous limiterons notre propos aux ressources
naturelles auxquelles il est reconnu une portée stratégique dans
le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles :
les hydrocarbones liquides, gazeux et solides, le bois et l'eau. En d'autres
termes, ce sont des ressources qui entretiennent un lien direct avec la
formation, l'augmentation, le perfectionnement et la pérennisation de la
puissance des Etats modernes. Le champ géographique de l'étude
correspond à l'Afrique du centre, précisément un pays de
cette sous-région, le Congo-Brazzaville, pour la période allant
de 1990 à 2002. L'année 1990 correspond au début du
processus de libéralisation de la vie politique, lequel processus a
connu de sérieuses difficultés quelques années
après et n'a été véritablement restauré
qu'en 2002. Ces deux dates représentent la rupture et l'instauration
d'une nouvelle normalité. Avant de motiver ce choix, voyons d'abord ce
que c'est que le Congo.
Quand Diégo CAO débarque à l'embouchure
du fleuve Congo en 1483, le territoire actuel du Congo est partagé entre
plusieurs royaumes satellites du Royaume Kongo. Le
développement de la Traite donne à ces royaumes vassaux,
notamment le Loango, situé sur la côte Atlantique, une
influence politique d'envergure avant que l'abolition de ce commerce
particulier n'entraîne le déclin ou l'éclatement de ces
royaumes. Selon l'histoire, c'est à ce moment que De BRAZZA signe avec
MAKOKO, souverain Tyo, les traités par lesquels la France a
pris possession de ces territoires au XIXème siècle.
En 1910, Brazzaville est déclarée
capitale de l'AEF, abrite le Conseil pour la Défense de
l'Empire en 1940 et l'indépendance du Congo est proclamée le 15
août 1960.
Localisé dans la zone équatoriale de l'Afrique
Centrale (Carte n°02. Situation et limites du Congo, p. 05), le
Congo a une superficie de 342.000 km2. Il s'allonge sur la rive
droite des fleuves Congo et Oubangui puis s'ouvre sur l'Océan Atlantique
par une façade maritime. Il est limité au Nord et Nord-Ouest par
la République du Cameroun et par la République Centrafricaine ;
à l'Ouest par le Gabon et l'Océan Atlantique ; à l'Est par
la RDC : c'est la frontière la plus longue et elle est fondamentalement
faite d'eau, le long des deux fleuves mentionnés plus haut ; enfin au
Sud, le Congo est frontalier à l'Angola par l'enclave de Cabinda.
Carte n°03. Situation et frontières du
Congo7
(c) NGAKOSSO-OKO Sédard-Roméo,
janvier 2005.
7Carte réalisée par nous-mêmes
à partir des éléments obtenus de l'Atlas, in COLECTIF,
Dictionnaire hachette encyclopédique, Paris, Hachette Edition,
2002, pp : 1840-1841.
Le Congo est divisé en dix régions
administratives8. Sa population, environ 3.500.000 habitants
aujourd'hui, est composée majoritairement de Bantous, divisés en
plusieurs ethnies. Cette population comprend également quelques
minorités, fondamentalement des Pygmées. Les rapports de force
ont placé successivement ces différentes ethnies (Tableau
n°01. Les principaux groupes ethniques du Congo, p. 06) au devant de
la scène, sans toutefois que les groupements partisans s'identifient
systématiquement à elles. Les Vilis ont
été les premiers au contact des Occidentaux ; les Laris
ont dominé partiellement la période précoloniale et les
premières années de l'histoire contemporaine marquées par
les présidences successives de l'abbé Fulbert YOULOU et
d'Alphonse MASSAMBA-DEBAT, 1960- 1968 ; enfin, les Mbochis s'imposent
depuis la prise du pouvoir par l'armée en 1968 avec la présidence
du commandant Marien NGOUABI et les présidences alternatives du
général Denis SASSOU N'GUESSO : 1979 à 1992, 1997-2002 et
de 2002 à nos jours. La cohésion du pays dans le respect des
équilibres ethniques apparaît comme le véritable enjeu de
son histoire contemporaine, marquée par des convulsions
répétées et des tentations autocratiques et
néo-patrimonialistes des régimes.
Tableau n°01 : les principaux groupes ethniques du
Congo9
|
Ethnies
|
Proportion
|
Localisation
|
Kongos
|
51,5 %
|
Sud
|
Tyos (Tékés)
|
17,3 %
|
Centre, Sud
|
Mbochis
|
11,5 %
|
Nord
|
Les Autres ethnies, les
pygmées,...
|
19,7 %
|
Un peu partout
|
En 1963, un mouvement populaire10 conduit à la
chute du Président Fulbert YOULOU, un régime socialiste, le
«Socialisme scientifique», fondé sur le
parti
8Ce sont : les Régions de la Likouala,
Sangha, Cuvette Centrale, Cuvette Ouest et des Plateaux dans la partie
septentrionale, et les Régions du Pool, Niari, de la Bouenza, de la
Lékoumou et du Kouilou dans la partie méridionale. Voire supra,
carte détaillée, page XII.
9J. LECLERC, « Le Congo-Brazzaville dans
L'aménagement linguistique dans le monde », rubrique
«Congo- Brazzaville»,
http://www.tlfq.ulaval.ca,
consulté le 19 mars 2005.
10Sur cette révolution, Cf. F. BERNAULT,
Démocraties ambiguës en Afrique Centrale, Congo-Brazzaville,
Gabon : 1960-1965, Paris, Karthala, 1992, pp : 15-18 ; également :
R. BOUTET, Les «Trois Glorieuses» ou la chute de Fulbert
YOULOU, Dakar, Editions Chaka, 1990, p. 118 ; également : G.
BALANDIER, Sociologie des Brazzavilles noires, Paris, Plon, 1985, p.
279 ; également : E. M'BOKOLO, P. SAINTENY, (dir.), Le Temps des
partis uniques : Afrique, une histoire sonore 1960-2000 CD n° 03,
Paris, RFI-INA, 2000
unique se met en place. D'abord le MNR, ensuite le PCT, qui a
perduré jusqu'en 1991, moment où le Président Denis SAS
SOU NGUESSO se décide à ouvrir la Conférence Nationale
Souveraine, dans un contexte international marqué par la chute du mur de
Berlin et au plan interne par la pression conjuguée des Eglises et des
syndicats. Ce forum a posé les bases du transfert de pouvoir conforme
aux principes démocratiques en 199211. Mais, juste une
année après cette alternance, le pays est
caractérisé par l'instabilité institutionnelle et
déchiré par la violence, des suites de l'engagement à fond
des groupements partisans dans une série de conflits armés et de
l'ouverture de la scène nationale aux influences régionales,
internationales, commerciales et ésotériques. Cependant, pourquoi
avons-nous choisi ce petit pays de 342.000 Km2 ?
II. Justification de l'objet d'étude
Ce choix s'explique d'abord par la situation
géographique de ce pays, qui, d'un côté le fait appartenir
à la fois au groupe de pays de la sous-région Afrique Centrale et
au Golfe de Guinée, avant de le poser à cheval entre ces deux
zones et la région des Grands Lacs. Ce choix se motive ensuite par le
fait qu'il figure, en dépit de sa petite superficie, parmi les pays les
mieux pourvus en ressources naturelles stratégiques aussi bien à
l'échelle sous-régionale qu'africaine (Infra, p. 08, note 13
; Tableau n°04 : réserves de gaz naturel et production en 1999,
p.27 ; Tableau n°05 : étendue du potentiel hydraulique, p. 30 ;
Tableau n°06, électricité : capacités techniquement
exploitables et capacités opérationnelles des pays africains,
1999, pp : 30- 31).
En effet, le Congo est arrosé sur plus de la
moitié de son territoire par plusieurs cours d'eau dont le fleuve Congo
est le plus important12. Stratégiquement, couplé
à la façade maritime via le CFCO, ce fleuve est à
la fois une ouverture vers
11Jusqu'à cette date, les changements
politiques avaient toujours procédé d'une action violente : le
départ de l'abbé F. YOULOU, Président de la
République depuis 1959 ; la démission du Président A.
MASSAMBA DEBAT, 1968 ; l'assassinat du Président M. NGOUABI, 1977 ; et
la démission du Président J. YHOMBI OPANGO, 1979.
12Ce fleuve prend sa source dans la région
des Grands Lacs. Il arrose Kisangani, Mossaka, Kinshasa et Brazzaville avant de
se jeter dans l'Atlantique par un large estuaire. C'est le deuxième plus
important fleuve au monde par sa superficie, 4371 kilomètres, et par son
débit, 40.000 mètres cubes par seconde, après
l'Amazonie.
l'Océan Atlantique, une excellente voie de
pénétration au coeur du continent et offre au Congo le plus grand
port sur l'Atlantique de toute la zone située au sud de Dakar
(Infra, p. 82, note 90).
Le Congo dispose aussi d'une grande surface boisée. Son
territoire est couvert aux trois cinquièmes par la forêt. C'est
l'une des mieux pourvue en essences commercialisables et en même temps
des plus importantes d'Afrique, à côté de celles de la RDC
et du Cameroun (Infra, p. 28). Le Congo dispose également, d'un
sous-sol riche. Il est signalé la présence des ressources
diverses : les hydrocarbones solides comme l'uranium, qui, depuis une
cinquantaine d'années, constitue un enjeu stratégique
indéniable. C'est aussi le cas des mines d'or, de manganèse, de
phosphates, de cuivre, de cobalt, de diamant, de nobium et surtout des
gisements d'hydrocarbones liquides et gazeux, c'est-à-dire le
pétrole et le gaz naturel13.
Enfin, ce choix s'est imposé en raison de l'histoire
mouvementée de ce pays : trois «guerres civiles»
particulièrement meurtrières en l'espace d'une douzaine
d'années opposant les principaux politiques (Tableau n°02 : les
principaux acteurs de la vie politique congolaise : 1990-2002, p. 08). Ces
guerres se caractérisent par une violence jamais égalée
dans l'histoire contemporaine de ce pays. Mais, pourquoi porter une telle
question à l'étude ?
Tableau n°02. Les principaux acteurs de la vie
politique congolaise : 1990-200214
|
Partis politiques
|
Zones de grande influence
|
Leaders
|
PCT
|
Centre-Nord (Plateaux, Cuvette centrale&
Brazzaville nord)
|
Dénis SASSOU N'GUESSO
|
UPADS
|
Sud-ouest (Niari, Bouenza et Lékoumou & Brazzaville
sud)
|
Pascal LISSOUBA
|
MCDDI
|
Sud (région du Pool & Brazzaville sud)
|
Bernard KOLELAS
|
RDPS
|
Sud (région du Kouilou & Brazzaville sud)
|
Jean-Pierre T. TCHICAYA
|
RDD
|
Centre-Nord (Cuvette centrale, Cuvette ouest & Brazzaville
nord)
|
J. YHOMBI OPANGO
|
UDR
|
Sud (région du Pool & Brazzaville sud)
|
André MILONGO
|
UNDP
|
Sangha
|
Pierre NZE
|
13En matière de production
pétrolière, le Congo occupe la huitième place au niveau
continental, la troisième en ce qui concerne l'Afrique au sud du Sahara
: R. CESAIRE, «Mythes et réalités du
pétrole», in GARAUD, Marie-France, (dir.), Afrique acteur
ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF,
octobre 1998, p. 118.
14Tableau élaboré à partir de
notre propre expérience de la scène politique congolaise.
Intérêt de l'étude
Les ressources naturelles sont devenues des agrégats
indispensables à la civilisation moderne et contemporaine. Leur
importance aujourd'hui est telle que la vie de l'homme est inenvisageable sans
elles. Elles se trouvent au coeur de tous les enjeux internationaux de l'heure
: culturels, sociaux, économiques, technologiques, diplomatiques,
stratégiques, politiques et environnementaux. C'est dans cette optique
qu'une réflexion approfondie sur ces entités est
intéressante, surtout à une époque où les
progrès scientifiques et technologiques ont modifié les rapports
entre les hommes et entre les pays. Il est indispensable de prendre conscience
des enjeux que représentent ces agrégats dans la
définition et la configuration des rapports entre les Etats, dans la
formation et l'expression de leur puissance dans le contexte industriel et
post-industriel.
Cette étude invite les pays détenteurs de telles
ressources à les repenser sous une triple orientation. D'abord sous le
prisme des innovations et progrès technologiques que le monde
connaît actuellement, ensuite sous celui des avantages qu'ils sont
susceptibles de tirer de leur valorisation et des risques qu'ils courent parce
que leurs territoires abritent ces agrégats. Enfin, les enjeux
inhérents à leur valorisation et les liens qui existent entre ces
agrégats et les conflits armés depuis le dernier siècle du
millénaire écoulé et qui se poursuivent avec le nouveau
millénaire.
Par ailleurs, cette étude nous interpelle
personnellement. En effet, nous terminons notre formation à l'IRIC. La
maîtrise des enjeux inhérents à la valorisation des
ressources naturelles s'impose afin de répondre efficacement aux
nombreuses exigences qui jalonneront notre parcours. Surtout dans le contexte
de l'Afrique actuelle, marquée par des conflits armés et
engagée contre la marginalisation économique. Mais, que sait-on
aujourd'hui de l'émergence de la conflictualité en rapport avec
ces agrégats en République du Congo ?
Etat de la question
Il s'agit de faire un tour d'horizon sur les études
portant sur les guerres congolaises de 1990 à 2002. En effet, il existe
une très peu abondante littérature sur
cette question. Pour des raisons de compréhension,
celle-ci est scindée en trois groupes de documents.
Le premier groupe de documents est l'oeuvre des protagonistes
nucléaires de l'échiquier congolais. Comme le montre le tableau
ci-dessus (Supra, p. 08), d'un côté, il y a le PCT,
devenu le parti au pouvoir, alternativement à l'issue de sa victoire
militaire de 1997 sur l'UPADS et après sa victoire aux élections
de 2002. De l'autre côté, il y a l'UPADS, ou le parti au pouvoir
de 1992 à 1997. Dans ce groupe de documents, il y a principalement les
archives gouvernementales congolaises. Le deuxième groupe est l'oeuvre
des institutions. Essentiellement, nous évoquerons les rapports de
missions de certaines Commissions de l'Assemblée Nationale et du
Sénat français. Le dernier groupe de documents est quant à
lui, constitué des essais, des monographies et des articles de
revues.
Dans le premier groupe de documents, l'auteur de Les
Guerres civiles du Congo-Brazzaville : novembre 1993, janvier
1994 - 5 juin 1997, estime que ces crises armées ont
été soigneusement commanditées15. Elles sont
l'acte d'un pouvoir qui n'a pas su gérer les affaires de l'Etat, et,
qui, craignant d'être sanctionné, a recouru à la violence
armée systématique. Par ailleurs, si ce régime a pu en
toute impunité se comporter comme en pays conquis en institutionnalisant
la gestion tribale du pouvoir et la conversion en armes de la richesse
nationale, c'est parce que la Communauté Internationale et les grandes
puissances ne s'étaient pas dressées devant lui comme l'exigent
les principes de gestion des Etats modernes.
La particularité de ce document est qu'il contient des
actes gouvernementaux authentiques sur la période qui concerne cette
étude. Toutefois, il n'exprime que la vision de l'un des protagonistes
du conflit, en l'occurrence le camp gouvernemental actuel, c'est-à-dire
celui du PCT. Pour cela, il est partiel et partial.
Le deuxième groupe de documents inaugure cependant une
lecture originale des guerres du Congo en interrogeant l'histoire et les
habitudes de la population. Le Rapport d'information n°376 : missions
au Cameroun et au Congo de la
15REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres civiles du
Congo-Brazzaville : novembre 1993, janvier 1994, 5 juin
1997 T. I, sans lieu, sans date, 232 pages.
Commission des Affaires étrangères, de la
Défense et des forces armées du Sénat français
estime que la conflictualité au Congo s'inscrit dans une culture de la
violence solidement ancrée dans les habitudes de la population et de ses
dirigeants16. Illustrée par les dérives des
différents régimes militaro-marxistesléninistes qui se
sont succédés à la tête de l'Etat, cette violence a
atteint son paroxysme avec l'assassinat du Président Marien NGOUABI en
1977. Il ressort de l'analyse de ce document que, entre 1990 et 2002, le Congo
ne fait que renouer avec son passé profond, qui, comme un sort, il
essayait de conjurer.
Toujours dans ce deuxième groupe de documents, il y a
le rapport de mission de la Commission des Affaires étrangères de
l'Assemblée Nationale française intitulé Le
Congo-Brazzaville après la guerre civile : un pays à
reconstruire17. A la lecture de ce document, il ressort que les
conflits armés du Congo sont la consécration du choc des
ambitions rivales des principaux animateurs de la scène nationale. Ces
derniers se sont livrés à un affrontement permanent, passant par
de continuels renversements d'alliances. Dans ce contexte, une vie politique
sereine était impossible, car, cela affaiblissait
considérablement le jeu démocratique.
Enfin, dans le dernier groupe, il y a plusieurs contributions.
D'abord celle d'Elizabeth DORRIER-APPRIL, « Jeunesse et
ethnicités citadines à Brazzaville » qui dénie
le caractère ethnique des violences qui ont suivi les élections
de 1992 au Congo18. Elle montre que les violences de Brazzaville
sont le fait de la manipulation, par les ténors politiques, d'une
jeunesse largement citadine et massivement instruite, mais peu
ethnicisée, et dont les débouchés professionnels sont
nuls. En réalité, elle soulève la question de la mise
à l'écart de la jeunesse dans la distribution de la richesse
nationale. Au-delà du cas du Congo-Brazzaville
16X. de VILLEPIN, (dir.), Missions au Cameroun et
au Congo. Rapport d'information n°376, Sénat,
Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des
forces armées, Paris, 2001, 96 pages.
17G. CHARASSE, (dir.), Le Congo-Brazzaville
après la guerre civile : un pays à reconstruire,
Assemblée Nationale, Commission des Affaires étrangères,
Paris, 2001, 28 pages.
18E. DORIER-APPRILL, « Jeunesse et
ethnicités citadines à Brazzaville », in MUSANJI
NGALASSO, Mwatha, (dir.), Démocratie : le pouvoir des mots,
Politique africaine, n°64, décembre 1996,
http://www.politiqueafricaine.com,
consulté le 02 mai 2005.
même, c'est la problématique de l'avenir des
jeunes Africains scolarisés et sans emplois qui est posée.
Il y a ensuite cette autre contribution de Patrick QUANTIN
intitulée « Congo, on achève les transitions
»19. L'auteur recherche et trouve les conditions de cette
montée des hostilités dans la transition de 1991 à 1992.
En effet, la Conférence Nationales Souveraine avait posé les
conditions de mise en place d'un régime conçu pour
succéder à trois décennies d'autoritarisme
militaro-marxistes-léninistes. Mais, la transition qui avait pour
mission de mettre sur pied ce régime a échoué. Elle a
beaucoup plus été une transaction autour de la recomposition du
bloc hégémonique de l'Etat avant de confirmer la tripolarisation
de la scène politique nationale en un système d'alliances
foncièrement instables et hostiles. Cette lecture se caractérise
par sa promiscuité avec celle faite plus tôt par Guy MENGA dans
son ouvrage paru en 1996, la Transition escamoté
e20.
Toujours au sein de cette dernière catégorie de
documents, mention doit être fait des contributions de H. OSSEBI, de F.
BERNAULT et de J. TONDA qui se déploient à partir d'un
référent unique, la recherche de terrain. En effet, Ces
spécialistes étaient sur le terrain au moment de la survenance
des événements analysés. Cela confère à ces
textes la connotation de contribution locale à l'interprétation
globale des guerres du Congo et, de manière extensive, au contexte
social de l'émergence de ces violences.
Le premier dans son article intitulé «De la
galère à la guerre : jeunes et «Cobras» dans les
quartiers Nord de Brazzaville », fournit une analyse fondée
sur l'observation du comportement des miliciens, les «Cobras», du
général Denis SASSOU-NGUESSO21. Son étude
conforte l'hypothèse de la violence juvénile succédant au
monopole du parti-Etat, le PCT. Aussi, cette violence juvénile
est-elle
19P. QUANTIN, « Congo, on achève
les transitions », in SINDJOUN, Luc, (dir.), Transition
démocratique, milices et coups d 'Etats, la politique électorale
au miroir du droit, hégémonie occidentale et
démocratisation en Afrique, des juristes au-dessus de tout
soupçons ? Polis, Volume 6, n°2, 1998,
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr,
consulté le 08/12/2004.
20Guy, MENGA, Congo-la transition
escamotée, Paris, L'Harmattan, 2000, 210 pages.
21H. OSSEBI, «De la galère à
la guerre : jeunes et «Cobras» dans les quartiers Nord de Brazzaville
», in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la
guerre, Politique africaine, n°72, décembre 1998,
http://www.politique-africaine.com,
consulté le 02 mai 2005.
en rupture avec l'orthodoxie définie par les
états-majors politico-militaires pendant les hostilités. Elle est
manifeste à travers les pillages et autres exactions dans la vocation
des miliciens.
Quant à elle, dans « Archaïsme colonial,
modernité sorcière et territorialisation du politique à
Brazzaville, 1959-1995 », Florence BERNAULT revient sur la
trajectoire historique de l'ancienne capitale de l'AEF,
Brazzaville22. Elle insiste sur l'origine coloniale de cette ville
utilisée pour concentrer les populations locales, contrôler la
dissidence et pour diffuser une idée spécifique du pouvoir
colonial. Tout est en place depuis longtemps pour fournir le cadre des crises
politiques successives : émeutes de 1959, Révolution de 1963,
coups d'Etat de 1968 et surtout de 1977, soldé par l'assassinat du
président en exercice. Tout cela bien avant les événements
de 1990 qui mènent à la Conférence Nationale Souveraine et
à la guerre civile qui a atteint un point de non retour en 1997. Il
ressort que les guerres du Congo ne résultent pas de contradictions
entre une culture politique archaïque et un espace urbain moderne, mais de
l'articulation d'un système politique moderne et d'un espace
archaïque, la cité coloniale.
Pour terminer, « La guerre dans le «Camp
Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la
consommation/consumation » 23 de Joseph TONDA pose la
problématique de l'instrumentalisation de l'ethnicité. Il
s'attache à montrer comment la fabrication d'un groupe
ethno-régional constitue le passage obligé de la stratégie
de reconquête du pouvoir d'un des protagonistes de la guerre de 1997. Il
parle de ce qui ce passe dans le «Camp-Nord», donc dans le fief du
général Denis SASSOU-NGUESSO, avant de confirmer la
centralité des pillages dans le comportement des miliciens. I1
démontre que la «vérité» de la guerre est dans
le rapport des hommes aux choses.
22F. BERNAULT, « Archaïsme colonial,
modernité sorcière et territorialisation du politique à
Brazzaville, 1 959-1995 », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux
Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72,
décembre 1998,
http://www.politique-africaine.com,
consulté le 02 mai 2005.
23J. TONDA, « La guerre dans le «Camp
Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la
consommation/consumation », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux
Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72,
décembre 1998,
http://www.politique-africaine.com,
consulté le 02 mai 2005.
La particularité des contributions de ce dernier groupe
est qu'elles accordent une importance particulière aux modes d'actions
populaires et à l'imaginaire qui accompagnent les comportements
observés. Dans cette optique, la politique officielle et formelle, celle
des institutions internationales, des gouvernements et des conférences
diplomatiques, les enjeux économiques des multinationales et des
entrepreneurs de moindre envergure ne sont pas abordés comme tels. C'est
précisément la dimension économique de ces guerres qui
sera mise en évidence.
Objectif de l'étude
Il s'agit de répondre, avec les outils des Sciences
sociales et en prenant appui, autant que possible, sur des observations
directes et indirectes, aux questionnements soulevés par les
déstabilisations violentes successives observées au
Congo-Brazzaville à l'issue de la Conférence Nationale Souveraine
et qui ont conduit au renversement des institutions démocratiques. Afin
de réaliser cet objectif, il sied de poser la problématique
générale de l'étude.
Problématique
Le génie de l'homme ne lui a pas encore permis
d'optimiser l'exploitation de la source d'énergie par excellence qu'est
le soleil. Pour cela, il a dû se rabattre aux sources d'énergie
fossiles, caractérisées par leur incapacité à se
reproduire, par leur inégale distribution sur la planète et par
leur centralité dans la vie de l'homme moderne. Les
considérations précédentes justifient le fait que les
régions du globe qui abritent de pareilles ressources sont dans la ligne
de mire des politiques de puissance des acteurs majeurs du système
international.
En effet, ne peut-on pas envisager une lecture des guerres qui
travaillent le champ social et politique congolais en relation avec les enjeux
inhérents à la valorisation des ressources naturelles dont ce
pays est pourvu ? Dans cette optique, n'existent-ils pas de liens entre
l'émergence, l'amplification des conflits au Congo entre 1990 et 2002 et
la découverte, la valorisation de ses champs pétrolifères,
gaziers et de ses concessions de forêts primaires ? En d'autres termes,
la
conflictualité observée dans ce pays pendant
cette période, est-elle étrangère à la
montée en puissance de ces données géostratégiques
? Comme on peut le voir, une telle problématique doit reposer sur des
hypothèses précises.
VII. Hypothèses de l'étude
Ce sont des réponses provisoires aux questions
fondamentales de la recherche. Celles-ci pourront être confirmées
ou infirmées au terme d'une analyse approfondie des faits. Les
hypothèses de cette étude se déclinent ainsi qu'il
suit.
1. Les conflits armés du Congo-Brazzaville de 1990
à 2002 ont été particulièrement violents. Cette
violence, manifeste à travers les conséquences qui en sont
résultées, est inhérente au pragmatisme des acteurs dans
la matérialisation de leurs desseins, à la modernité de la
logistique et des stratégies de combat mis en oeuvre par les
belligérants.
2. Si les protagonistes ont pu se procurer une telle
logistique militaire, et aussi, que des violences de cette envergure n'aient
pas été dénoncées, c'est parce qu'il y'avait de
gros intérêts en jeu, notamment ceux liés à la
valorisation des ressources naturelles de ce pays. Par conséquent, il
existe un lien entre la valorisation de ces agrégats, les trafics
d'armes et ces guerres.
3. On ne saurait réduire ces conflits à de
simples affrontements internes. Le faire, est une attitude qui entame
profondément toute tentative d'intelligibilisation de cette situation et
ne permet pas de l'apprécier dans toute sa complexité. Les
guerres du Congo ont une dimension internationale qu'on ne saurait nier.
S'il était nécessaire d'exposer les
hypothèses qui sous-tendent cette investigation, on ne saurait se
dispenser de présenter le cadre théorique dans lequel elle va se
déployer.
VIII. Cadre théorique de l'étude
Ce sont les diverses théories qui seront
convoquées pour analyser cette série de crises armées.
Ici, ces théories sont plus complémentaires
qu'irréductiblement opposées. Dans ce sens qu'elles montrent les
diverses facettes d'une seule réalité
faite à la fois, à l'instar de toute
réalité sociale, d'harmonie et de conflit, d'équilibre et
de changement. Étant donné que les acteurs dont il faudra
décrire les comportements sont soit des Etats, soit encore des
entités transnationales ou subétatiques, on fera appel à
la théorie réaliste (1) et à la théorie
transnationaliste (2).
1. Le réalisme
Le réalisme est l'approche traditionnelle des
relations internationales. Elle privilégie l'Etat et en fait l'acteur
essentiel, voire exclusif24. Dans cette perspective ouverte par
l'Etat et ses gouvernants, les relations internationales se définissent
comme des relations entre sociétés politiques organisées
dans le cadre d'un territoire déterminé. Parallèlement,
l'histoire diplomatique est réduite à l'histoire des relations
entre Etats, incarnée par les images de l'ambassadeur et du soldat.
Depuis la fin de la Guerre Froide, la théorie
réaliste est fortement contestée du fait de la perte de
vitalité et de l'unicité de l'Etat sur la scène
internationale vu la montée en puissance des acteurs transnationaux.
Toutefois, s'il ne faut pas remettre en cause cet état de faits, il
convient tout de même de relativiser cette affirmation. Car, la
scène internationale reste encore en bien des points tributaire de la
marque des acteurs étatiques. Ils sont affaiblis certes, mais ils
restent incontournables25.
Le réalisme permettra de comprendre le
déploiement des acteurs étatiques. Toutefois, cette
théorie ne pourra expliquer, seule, tous les paramètres
indispensables à la compréhension du théâtre
congolais. Pour cela, elle sera épaulée par la théorie
transnationaliste.
2. Le transnationalisme
Le transnationalisme professe que la scène internationale
n'est plus une arène spécifique aux Etats. A ces derniers,
s'ajoutent dorénavant des forces
24A. GAZANO, Les Relations internationales :
les données, les acteurs et les règles, les enjeux et
les défis, Paris, Gualino Editeur, 2001, pp : 22-23 ;
également P. BRAILLARD, M.-R, DJALILI, Les Relations
Internationales, Paris, PUF, 1988, p. 51.
25B. JACQHIER, Relations internationale. Les
Acteurs du système international, T. I, Grenoble, PUG, 1993, p.
139.
transnationales et sub-étatiques, dont
l'activité en perpétuel essor tend de plus en plus à
effacer l'action des Etats. Les relations internationales se conçoivent
comme des rapports sociaux qui dépassent le cadre intrinsèque des
sociétés politiques organisées et
déterminées pour mettre en présence des acteurs divers,
relevant des sociétés politiques distinctes. Autrement dit, tout
ce qui s'exerce par-dessus les frontières en dehors de l'action et du
contrôle des Etats26. Le transnationalisme permettra de lire
les logiques qui président au déploiement et à l'action
des acteurs non étatiques dans l'échiquier congolais.
Par ailleurs, les théories réaliste et
transnationaliste ne suffisent pas pour comprendre cette situation complexe que
sont les guerres répétées du Congo de 1990 à 2002.
Pour cela, elles seront complétées par quelques autres
méthodes ou approches chaque fois que les besoins de l'analyse et de
l'interprétation l'exigeront. Essentiellement, nous convoquerons les
méthodes Géopolitique (a) et géostratégique (b).
a. La géopolitique
Selon les mots de F. THUAL, la géopolitique est une
méthode de lecture des situations. Elle permet d'«identifier
les acteurs, analyser leurs motivations, décrire leurs intentions,
repérer les alliances en gestation ou, au contraire, les alliances en
voie de déconstruction, que ce soit au niveau local, régional,
continental ou international»27.
Dans cette étude, la géopolitique nous permettra
de comprendre la volonté des Pays Développés de
maîtriser et de sécuriser les sources et les voies de transit des
approvisionnements en matières premières indispensables à
leurs industries à l'échelle du globe. Elle nous permettra
également de comprendre que la politique étrangère a
cessé d'être la défense des intérêts
politiques uniquement. De plus en plus, elle défend aussi des
intérêts économiques, lesquels sous-tendent les nouvelles
logiques d'affrontements.
26B. JACQHIER, Opus citatum, pp : 130-139.
27 F. THUAL, Géopolitique au
quotidien. Apprendre à déchiffrer
l'actualité, Paris, Dunod, 1993, p. 04.
b. La géostratégie
La géostratégie se comprend ici comme le poids
des données générales de stratégies
(géographie, climat, situation historique et politico-économique,
démographie, etc.) dans la définition et la conduite des affaires
étatiques. Son étude relève de la géopolitique,
bien que son point de vue se réduise aux aspects militaires et leurs
conséquences sur l'enjeu des ressources naturelles, fréquemment
objet de conflits d'intérêt.
Dans notre démarche, la géostratégie a un
double objectif. D'une part, elle permettra de comprendre l'importance des
ressources naturelles dans la militarisation des acteurs et dans la
structuration de leurs alliances. D'autre part, elle aidera à
déterminer le poids de ces mêmes agrégats dans la
conception et dans la conduite des stratégies de guerre des
belligérants.
Toutefois, bien circonscrire le cadre théorique de
cette étude passe aussi par la désignation et par la
définition des concepts clefs.
IX. Clarification des concepts
Cette investigation s'articule autour de ces quatre concepts
fondamentaux : les notions de conflit armé (1), puissance (2),
ressources naturelles stratégiques (3) et de firme multinationale
(4).
1. La notion de conflit armé
Le conflit est une interaction sociale qui met en jeu des
comportements antagonistes. C'est une caractéristique de la vie sociale
et encore plus de la vie politique et internationale. Selon Lewis COSER, il
désigne des affrontements entre acteurs collectifs sur des valeurs, des
statuts, des pouvoirs ou des ressources rares28. L'objectif de
chaque protagoniste est de neutraliser ou d'affaiblir ses rivaux. Vu dans cette
perspective, le conflit ne désigne pas forcément un affrontement
armé.
28L. COSER, Les Fonctions sociales du
conflit, Paris, PUF, 1982.
Dans cette étude, cette expression s'entendra comme un
comportement qui recourt à la violence armée systématique,
collective et organisée. Elle est synonyme d'affrontement armé,
de guerre, de guerre civile et de guerre interétatique.
2. La notion de puissance
Cette notion s'entendra ici comme une posture qu'un acteur de
la scène internationale peut adopter dans une situation précise
et à un moment donné dans son commerce avec les autres acteurs en
raison de l'accumulation d'un certain nombre de facteurs en sa faveur. Ainsi,
il peut dissuader, persuader, susciter une attention particulière ou un
ralliement à sa cause, imposer ses vues aux autres acteurs, etc. Les
facteurs lui permettant d'adopter une telle posture sont d'origines diverses et
ont des implications et applications variables dans la vie internationale, en
fonction des situations et des acteurs en présence ; aussi, ne
produisent-ils toujours pas les mêmes effets suivant que l'on change de
vis-à-vis ou de situation29.
3. La notion de ressources naturelles
stratégiques
Les ressources naturelles stratégiques sont des moyens
qui se trouvent dans la nature, l'homme en dispose pour son usage. Elles
« sont la propriété des peuples, l 'Etat
légitime, représentant de ces derniers, en est le gérant
»30 ; elles sont diverses et ont une importance variable
dans le temps ; elles ont une valeur marchande et il leur est reconnu une
portée stratégique du fait qu'elles sont indispensables dans le
déploiement des économies modernes. Ce sont : les hydrocarbones
solides, liquides et gazeux, les forêts primaires et l'eau.
Cependant, à ce potentiel brut, correspond une
capacité technique et financière réelle pour que ces
ressources naturelles stratégiques soient valorisées. Ces
ressources font l'objet de tractations multiformes entre les différents
acteurs de la
29On ne s'accorde généralement pas
sur l'origine de ces facteurs. Traditionnellement on cite les facteurs
d'origine naturelles, géographiques, économiques,
démographiques, scientifico-technologiques, militaires, politiques,
auxquels on peut ajouter bien d'autres. La liste n'est pas exhaustive.
30D. ROSENBERG, Le Principe de la
souveraineté des Etats sur les ressources naturelles, Paris, LGDJ,
1983, p. 24.
scène internationale et sont au coeur de toutes les
intrigues des relations internationales de l'heure : financiers,
socio-économiques, politiques, scientificotechnologiques, militaires et
environnementaux.
4. La notion de firmes multinationales
Ce sont des sociétés commerciales dont le
siège social est situé dans un pays déterminé, mais
qui exercent des activités en dehors de ce pays par le relais de
filiales ou de succursales que contrôle et coordonne la
société centrale31. Par conséquent, des firmes
situées dans plusieurs Etats et dotées, à partir d'un
centre unique, d'une stratégie globale, voire mondiale. Ces
sociétés se caractérisent par leur autonomie
vis-à-vis des systèmes économiques nationaux, un
rattachement national, l'exercice des activités de production et de
distribution dans plusieurs pays. Elles sont les principaux acteurs du
système économique mondial. Leurs activités sont diverses
et variées. La plus part du temps, ces firmes sont impliquées
dans le processus de valorisation des ressources naturelles au moyen des
partenariats avec les Etats qui abritent ces dernières.
X. Méthodologie
Notre cheminement a alterné réflexion
théorique et travail empirique. Nous ne nous sommes pas dispensé
de faire l'économie de tout ce qui jusqu'à présent est su,
sur les conflits armés en Afrique, particulièrement sur ceux du
Congo. Nous nous sommes appuyé pour cela sur deux types de supports.
Le premier, essentiellement des documents, est composé
d'une part des archives gouvernementales, des ouvrages, des monographies
individuelles et collectives, des comptes rendus de missions, les
synthèses de groupes de réflexion et les travaux
académiques, et d'autre part des sources électroniques :
Internet, les bases de données spécialisées, notamment
celles de l'AUF, les films documentaires, CD audio et les photos.
31R. VERNON, Les Entreprises multinationales,
Paris, Hachette, 1973.
Toujours dans la quête des résultats
escomptés dans le cadre de cette investigation, nous avons
également procédé par des causeries instructives avec
quelques personnalités d'importance dans la dynamique de
l'élaboration et de l'exécution de la décision dans les
quartiers généraux des protagonistes pendant les
hostilités32. Les mêmes causeries instructives ont
été aussi possibles avec d'autres catégories de personnes
non moins importantes : les victimes, combattants et réfugiés y
compris des membres des ONG comme Médecins Sans Frontières,
Catholic Relief Services, Secours Catholique et Caritas qui sont en relation
avec nous. Ces organisations étaient particulièrement actives au
Congo pendant ces conflits.
Nous avons également bénéficié de
l'expertise du CESA et du Conseil des Stratèges des trois armées
tunisiennes sur des questions militaires. Ces instances nous ont fourni des
illustrations de certains types d'armes et des informations relatives à
l'interprétation des potentialités réelles de ces engins
(Infra, Annexes, Série 01 : les arsenaux des protagonistes, pp :
116-122).
Enfin, nous nous sommes appuyé sur nos propres
souvenirs et notre propre expérience pour comprendre cette série
de crises armées. En effet, nous avons vécu ces
hostilités. Particulièrement celles de 1993-1994 et les premiers
mois de celles de 1997.
XI. Plan de l'étude
L'ossature de ce travail est binaire, chaque partie comprenant
deux chapitres. La première partie présentera les
potentialités énergétiques et la conflictualité en
République du Congo-Brazzaville. La seconde partie, après avoir
focalisé l'attention sur le poids des ressources dans la structuration
des stratégies des belligérants, posera la problématique
de la gouvernance globale du Congo pour les années à venir.
32Ces causeries ont eu lieu au Congo, au Cameroun, en
Tunisie et en France.
PREMIERE PARTIE : GEOPOLITIQUE DES RESSOURCES NATURELLES
ET CONFLICTUALITE
|
Pour l'Afrique Centrale et sa périphérie, la
décennie 1990 a été une période très
mouvementée33. Le Congo-Brazzaville, une composante de cette
sphère géographique, ne fait pas exception à ce constat.
Car, naguère présenté comme un modèle de transition
démocratique en Afrique du fait d'une Conférence Nationale
Souveraine suivie d'élections et conclue par une alternance au sommet de
l'Etat, il était devenu à partir de 1993, le théâtre
d'un conflit armé à rebondissement entre diverses milices se
réclamant des principaux acteurs politiques avec en toile de fond, la
mobilisation des ressources locales, régionales et internationales. Ces
principaux acteurs politiques sont, soit en quête du pouvoir, le
général Dénis SASSOU N'GUESSO ou monsieur Bernard KOLELAS
et leurs alliés respectifs, soit encore en quête de
stabilité du pouvoir, le Président Pascal LISSOUBA et ses
alliés.
Peut-on asseoir l'intelligibilité de ces
événements sur la seule évolution interne de ce pays, par
conséquent, les enjeux inhérents à l'exploitation de ses
richesses économiques ne peuvent-ils pas dès lors se
décider ? Autrement dit, n'existe-t-il pas un lien entre ces crises
armées et la volonté de contrôler et de valoriser les
ressources naturelles que compte le pays ?
Répondre à cette série d'interrogations
passera d'abord par certifier la présence au Congo des ressources
naturelles qui correspondraient à des facteurs polémogènes
(Chapitre I) ; cette réponse sera incomplète si elle ne permet
pas dans un second temps de montrer que la série des guerres du Congo
entre 1990 et 2002 est une réalité qui a existé et que
l'on peut situer dans le temps (Chapitre II).
33La guerre d'Angola qui se poursuit, les crises
rwandaise et burundaise, les mutineries répétées en
République Centrafricaine et les troubles ayant conduit au départ
deux régimes politiques en 1997 : celui du Président MOBUTU au
Zaïre et celui du Président Pascal LISSOUBA au
Congo-Brazzaville.
Chapitre I. La géographie des ressources
naturelles congolaises
En tant que continent, l'Afrique dispose d'importantes sources
d'énergie. Mais, la distribution de ces dernières à
travers tous les pays est très inégale. Les hydrocarbones
liquides et gazeux sont concentrés dans le Nord et le long de la
côte Ouest ; le potentiel hydroélectrique dans l'Est et au Centre
; enfin, les hydrocarbones solides dans le Sud principalement, mais aussi
à l'Ouest et au Centre, où les forêts figurent
également en bonne place. Le Congo appartient à la zone Centre
(Supra, Carte n°03 : situation et limites du Congo, p. 05). Mais,
quelle est sa spécificité dans cette répartition
continentale des ressources naturelles ? Dans ce chapitre, il est question de
déterminer leur nature (Section I) et de voir comment elles sont
valorisées (Section II).
Section I. L'inventaire des ressources naturelles
Tout au long de cette section, notre mission consiste à
dresser l'inventaire des ressources naturelles qui existent au Congo.
L'objectif poursuivi est de les identifier, de les classifier et de les
localiser sur le territoire national avant d'en déterminer les
quantités disponibles en termes de réserves prouvées et de
quantités produites annuellement. L'analyse se focalisera dans un
premier temps sur les ressources naturelles stratégiques (A), pendant
que le second moment se préoccupera de montrer que ces dernières
sont loin d'être les seules ressources naturelles qu'on peut trouver au
Congo (B).
A. Les ressources naturelles stratégiques
Cette expression englobe les matières premières
auxquelles on reconnaît une importance cardinale dans les politiques de
puissance des nations modernes, c'està-dire dans le contexte des
sociétés industrielles et post-industrielles. Elles se
présentent sous plusieurs formes et sont indispensables pour le
fonctionnement des industries, pour l'expansion et la prospérité
des économies. Dans cette catégorie de
matières premières, il y a les hydrocarbones
liquides et gazeux (1), les hydrocarbones solides (2) et le potentiel forestier
(3).
1. Les hydrocarbones liquides et gazeux
Cette expression désigne les matières
premières d'origine organique composées à partir de
molécules d'hydrogène et d'atomes de carbone se présentant
sous les formes liquide et gazeuse. Ce sont les hydrocarbures : le
pétrole et le gaz naturel. La présence de ces deux ressources est
attestée au Congo depuis l'époque coloniale et il en est
producteur depuis 1969.
a. Le pétrole
Le pétrole congolais est d'assez bonne qualité :
densité entre 22° et 33° API, peu lourd et contenant
très peu de souffre. Depuis 1994, ce secteur fait l'objet des
réformes substantielles : promulgation d'un nouveau code ;
l'évolution depuis 1996 du système de concession naguère
à la mode, vers celui de partage de production, s'appliquant
désormais à tous les nouveaux gisements explorés et
forés ; enfin, augmentation de la part réservée à
l'Etat à 32% contre de 17 % naguère.
Le pétrole congolais est concentré sur la
côte Atlantique. En terme de réserves prouvées à
l'échelle continentale, le Congo occupe la septième place
derrière la Libye, le Nigeria, l'Algérie, l'Egypte, l'Angola et
le Gabon (Infra, tableau n°04 : réserves de pétrole et
production en 1999, p. 26). Ces réserves doivent être
reconsidérées actuellement. Car, au moment où nous
écrivons ces lignes, les activités d'exploration ont
officialisé l'existence de nouveaux champs pétrolifères
dans l'off shore profond et très profond dans la ZIC, une zone
coincée entre l'Angola et le Congo, et des gisements de tailles modestes
sur terre ferme.
Les principaux champs pétroliers valorisés
depuis que le Congo produit le pétrole sont : Loango (1972) ; Likouala
(1977) ; Yanga (1981) Sendji (1984) ; Tchibouéla (1987) ; Zatchi
(1986/87) ; Tchendo (1991) ; Nkossa (1996) ; Kitina (1997) ; Kombi et Likala
(1999) ; Tchibéli (2000) ; Kouakouala (2000) ; Mwafi et Foukanda (2001)
; M'boundi (2003) ; Ikalou, Moho et Bilondo en prévision 2005.
Tableau n°03. Réserves de pétrole et
production en 199934
|
Pays
|
Réserves à fin 1999 en millions de
tonnes
|
Rang
|
Production 1999 en millions de tonnes par an
|
Rang
|
Afrique du Sud
|
5
|
|
1.1
|
|
Algérie
|
1. 235
|
3 ème
|
39.9
|
3ème
|
Angola
|
730
|
5 ème
|
36.8
|
|
Bénin
|
1
|
|
0.1
|
|
Cameroun
|
55
|
8 ème
|
4.8
|
|
Congo
|
212
|
7 ème
|
14.5
|
6ème
|
Congo RD
|
26
|
|
1.2
|
|
Côte d'Ivoire
|
14
|
|
0.5
|
|
Egypte
|
412
|
4 ème
|
38.4
|
4ème
|
Ethiopie
|
NA
|
|
NA
|
|
Gabon
|
342
|
6 ème
|
17.0
|
5ème
|
Ghana
|
2
|
|
0.3
|
|
Guinée Equatoriale
|
1
|
|
4.5
|
|
Libye
|
3. 892
|
1 ème
|
64.9
|
2ème
|
Maroc
|
NA
|
|
NA
|
|
Nigeria
|
3. 000
|
2 ème
|
95.6
|
1er
|
Sénégal
|
NA
|
|
NA
|
|
Soudan
|
36
|
10 ème
|
3.2
|
|
Tunisie
|
40
|
|
3.9
|
|
Total Afrique
|
10 122
|
|
326.7
|
|
b. Le gaz naturel
Contrairement à la situation dans la zone Afrique du
Nord, la plupart du gaz
sub-saharien en général et congolais
en particulier, est mélangée au pétrole. Pour
cette
raison, il était simplement torché. Néanmoins, il existe
des gisements de gaz
naturel qui sont séparés des gisements de
pétrole. A l'instar des gisements de
pétrole, ceux de gaz
naturel sont situés dans l'off shore, aux larges de
Pointe-Noire.
Comparativement au pétrole, le secteur du gaz reste
encore très peu
développé. Selon le tableau suivant
(Tableau n°05 : réserves de gaz
naturel
récupérable et production en milliards de
mètres cubes en 1999, p. 27), cette source
d'énergie est
pour l'instant sous exploitée. Néanmoins, le pétrole et le
gaz naturel
ne sont pas les seules ressources naturelles stratégiques
que l'on trouve au Congo.
Les autres ressources, si elles ne
présentent pas actuellement la même importance
que ces deux
premières, ne doivent pas être négligées dans la
politique de
34World Energy Council, Potentiel de
développement intégré de l'énergie au plan
régional en Afrique, Document de travail 2003, rubriques
«Géographie énergétique/pétrole»,
http://www.worldenergy.org,
consulté le 10/02/2005.
puissance des pays industriels. Ces autres ressources naturelles
sont désignées dans cette étude à travers
l'expression générique les hydrocarbones solides.
Tableau n°04. Réserves de gaz naturel
récupérable et production en milliards de mètres cubes
en 199935
|
Pays
|
Réserves/fin 1999
|
Rang
|
Production/1999
|
Rang
|
Afrique du Sud
|
19
|
|
1.4
|
|
Algérie
|
4 522
|
1er
|
82.8
|
1er
|
Angola
|
46
|
|
0.6
|
|
Bénin
|
1
|
|
ND
|
|
Cameroun
|
110
|
|
5ème
ND
|
|
Congo
|
91
|
6ème
|
ND
|
|
Congo RD
|
1
|
|
|
|
Côte d'Ivoire
|
30
|
|
1.3
|
|
Egypte
|
1 223
|
4ème
|
15.5
|
2ème
|
Ethiopie
|
25
|
|
ND
|
|
Gabon
|
33
|
|
0.1
|
|
Ghana
|
24
|
|
ND
|
|
Guinée Equatoriale
|
37
|
|
ND
|
|
Libye
|
1 313
|
3ème
|
6.1
|
4ème
|
Madagascar
|
2
|
|
ND
|
|
Maroc
|
1
|
|
ND
|
|
Mozambique
|
57
|
|
0.1
|
|
Namibie
|
85
|
|
ND
|
|
Nigeria
|
3 515
|
2ème
|
7.0
|
3ème
|
Rwanda
|
57
|
|
ND
|
|
Sénégal
|
11
|
|
ND
|
|
Somalie
|
6
|
|
ND
|
|
Soudan
|
85
|
|
ND
|
|
Tanzanie
|
28
|
|
ND
|
|
Tunisie
|
78
|
|
1.9
|
|
Total Afrique
|
11 400
|
|
116.8
|
|
2. Les hydrocarbones solides
Ce sont toutes les autres ressources naturelles auxquelles est
attachée une importance stratégique, composées d'atomes de
carbone et de molécules d'hydrogène, qui se présentent
sous la forme solide. Ce sont particulièrement les matières
premières d'origine minière comme l'uranium qui sert
simultanément dans la production de l'énergie électrique
ou encore dans la construction des arsenaux stratégiques. C'est aussi le
cas des autres matières premières comme l'étain et le
cobalt, qui tous servent dans l'électronique de précision ou le
guidage
35World Energy Council, Potentiel de
développement intégré de l'énergie au plan
régional en Afrique, Document de travail 2003, rubriques
«Géographie énergétique/gaz naturel»,
http://www.worldenergy.org,
consulté le 10/02/2005.
des vecteurs nucléaires ou balistiques. Enfin, c'est le
cas de l'or et des diamants, qui en dehors de la fabrication des parures et
autres objets relevant de l'esthétique, servent dans la mise au point
des satellites artificiels. Ces ressources sont localisées dans les
provinces de la Sangha et de la Cuvette-Ouest au Nord du pays. On les trouve
également dans les régions du Niari et de la Lékoumou au
Sud. Par ailleurs, à côté des hydrocarbones solides, il
convient de mentionner la présence d'un impressionnant potentiel
forestier.
3. Le potentiel forestier36
Le territoire congolais est couvert au trois cinquième
par la forêt. Elle correspond à environ 205.000 km2 sur
342.000 km2, la superficie totale du pays, soit 21,5 millions
d'hectares. Parmi ceux-ci, 12,7 millions peuvent être exploités
à des finalités commerciales. Le reste représente des
forêts inondées, sémi-inondées ou encore des
terrains impropres à l'exploitation commerciale. Il existe deux
principales régions de forêts naturelles.
D'une part, il y a les forêts du Mayombe et du Chaillu
au Sud. Les deux ont une superficie totale de 4,5 millions d'hectares et sont
exploitées intensivement depuis l'époque coloniale. Les
principales essences recherchées sont l'Okoumé et le
Limba. D'autre part, il y a la grande forêt du nord avec une
superficie totale de 17,3 millions d'hectares, dont 8,9 millions sont
jugés exploitables. Depuis 1996, ces forêts prennent de plus en
plus de l'importance dans la production du bois avec la possibilité
d'évacuation par le Cameroun à travers le port de Douala,
à travers le Sud et l'Est du Cameroun. Les essences recherchées
sont le Sapelli et le Sipo. Toutefois, dans les forêts
du Sud comme dans celles du Nord, il existe d'autres espèces :
l'Ayous, le Bahia, l'Ebène, l'Iroko
et le Niové.
En dehors de ces forêts naturelles, il faut
également mentionner la présence des forêts artificielles.
Il s'agit d'environ 70.000 ha d'essences à croissance rapide. Notamment
les eucalyptus mis en oeuvre dans la région de Pointe-Noire. Ces arbres
sont utilisés comme matière première de pâte
à papier. Cependant, il serait
36Sources des chiffres dans cette section : Ambassade
du Congo au Cameroun, Section Consulaire.
incongru de conclure que les matières premières
énumérées tout au long des sections
précédentes sont les seules ressources naturelles qui existent au
Congo.
B. Les ressources naturelles non stratégiques
Un inventaire approfondi signale la présence de bien
d'autres ressources naturelles. Ces dernières, si elles ne sont pas
indispensables au même titre que les précédentes, ont tout
de même une importance relative dans les activités de l'homme
moderne. C'est par exemple le cas des hydrocarbones solides non
stratégiques (1), ou encore du potentiel hydraulique et du potentiel
agricole (2), enfin du potentiel touristique (3).
1. Les hydrocarbones solides
Dans cette catégorie il y a le minerai de fer, les
phosphates, de la bauxite, du zinc, du plomb, de l'alumine, du
manganèse, du cuivre, du mercure, etc. Ces ressources, si elles ne sont
pas classées stratégiques au même titre que celles
précédemment citées, il faut tout de même
reconnaître qu'elles sont indispensables pour la
prospérité, la croissance des économies et de l'industrie
modernes. Aucune de ces matières premières ne constitue, à
l'heure actuelle, l'objet d'une exploitation industrielle. Quelques unes
d'entre elles sont parfois exploitées artisanalement et
commercialisées dans des circuits officieux.
On trouve ces matières premières un peu partout
dans le pays. Principalement dans le Sud-Ouest et dans le Nord-Ouest. Quant aux
volumes réels des réserves prouvées, les sources
consultées restent vagues, sinon muettes. Dans le cadre des ressources
naturelles non stratégiques, on ne saurait faire l'économie du
potentiel hydraulique et du potentiel agricole.
2. Les potentiels hydraulique et agricole
Le potentiel hydraulique est composé des affluents du
fleuve Congo, lui-même étant le plus important cours d'eau du
pays. Il faut distinguer les activités inhérentes à la
pêche, aux moyens de communication et à la production de
l'électricité. Le tableau suivant (Tableau
n°05 : étendue du potentiel hydraulique, p. 30) résume
l'envergure de cette ressource sur l'ensemble du territoire national.
37
Tableau n°05. Etendue du potentiel
hydraulique
|
superficie de la ZEE
|
60 000 km2
|
superficie du plateau continental
|
10 000 km2
|
longueur de la côte
|
170 km
|
superficie du réseau fluvial
|
250 000 km2
|
principaux fleuves
|
Congo et Kouilou-Niari
|
La pêche, artisanale ou industrielle, peut être
pratiquée sur les espaces maritime et fluvial issus, successivement de
l'Océan Atlantique, du fleuve Congo et de ses affluents. Couplé
à la voie ferrée du CFCO, ce potentiel hydraulique peut
également servir de courroie de transmission entre le Congo et ses
voisins sous- régionaux enclavés38. En effet, les
ports maritime et fluvial, respectivement de Pointe-Noire et de Brazzaville
sont prédisposés à jouer un tel rôle. Le Congo peut
aussi valoriser ce potentiel dans la production de l'énergie
hydroélectrique. Comme l'indique le tableau en page suivante,
la capacité techniquement exploitable au Congo est
considérable (Tableau n°06 : électricité :
capacités techniquement exploitables et capacités
opérationnelles des pays africains, pp : 30-31). Cela est un atout
indéniable. Mais, il n'en demeure pas moins que ce potentiel est encore
très faiblement exploité.
Tableau n°06. Electricité : capacités
techniquement exploitables
et capacités opérationnelles des pays
africains, 1999 39
|
Pays
|
Cap. exploitables
TWh/yr
|
Cap. opérationnelles / MW
|
Production en 1999 / GWh
|
Afrique du Sud
|
11
|
653
|
726
|
Algérie
|
5
|
275
|
203
|
Angola
|
90
|
290
|
1000
|
Bénin
|
1
|
67
|
170
|
Burkina Faso
|
N
|
32
|
125
|
Burundi
|
>1
|
43
|
98
|
Cameroun
|
115
|
725
|
2423
|
37Mission Economique du Congo, Ambassade de France,
« Etendue du potentiel hydraulique », rubrique
«Présentation générale`',
http://www.izf.net, site
consulté le 09 mars 2005.
38Notamment dans la desserte des pays comme la RCA, le
Tchad et le Sud et l'Est du Cameroun.
39World Energy Council, Potentiel de
développement intégré de l'énergie au plan
régional en Afrique, Document de travail 2003, rubriques
«Géographie
énergétique/hydroélectricité»,
http://www.worldenergy.org,
consulté le 10/02/2005.
Comores
|
ND
|
1
|
2
|
Congo
|
>50
|
89
|
352
|
Congo (R.D.)
|
774
|
2 440
|
5 350
|
Côte d'Ivoire
|
>12
|
614
|
1 800
|
Egypte
|
>50
|
2 810
|
11 450
|
Ethiopie
|
>260
|
398
|
1 600
|
Gabon
|
80
|
168
|
830
|
Ghana
|
11
|
1 072
|
5 169
|
Guinée
|
19
|
127
|
414
|
Guinée Equatoriale
|
NP
|
1
|
2
|
Kenya
|
9
|
600
|
3 294
|
Lesotho
|
2
|
79
|
200
|
Liberia
|
11
|
ND
|
ND
|
Madagascar
|
180
|
105
|
510
|
Malawi
|
6
|
283
|
800
|
Mali
|
>5
|
50
|
243
|
Mauritanie
|
ND
|
61
|
26
|
Maurice
|
ND
|
59
|
30
|
Maroc
|
5
|
1 175
|
817
|
Mozambique
|
38
|
2 180
|
11 548
|
Namibie
|
9
|
240
|
854
|
Niger
|
>1
|
ND
|
ND
|
Nigeria
|
32
|
1 938
|
6 986
|
Ouganda
|
>7
|
276
|
1 600
|
Réunion
|
ND
|
125
|
486
|
Rép. Centrafricaine
|
3
|
19
|
81
|
Rwanda
|
ND
|
27
|
110
|
São T. & Principe
|
ND
|
6
|
20
|
Sénégal
|
4
|
ND
|
ND
|
Sierra Leone
|
7
|
4
|
24
|
Somalie
|
1
|
5
|
ND
|
Soudan
|
19
|
303
|
1 000
|
Swaziland
|
1
|
41
|
190
|
Tanzanie
|
20
|
377
|
1 748
|
Togo
|
2
|
4
|
6
|
Tunisie
|
N
|
64
|
90
|
Zambie
|
29
|
1 674
|
7 782
|
Zimbabwe
|
18
|
670
|
3 000
|
Total Afrique
|
>1 888
|
20 170
|
73 159
|
Quant au potentiel agricole, il se résume
essentiellement par la présence des terres très fertiles. Les
terres sont couplées à un très bon climat et aux
très bonnes conditions hydrographiques du fait de la proximité
avec le bassin du Congo. Ces espaces de terres sont naturellement favorables
aussi bien au développement des activités agricoles, qu'au
développement de l'élevage à petite ou grande
échelle. En effet, on peut y pratiquer les cultures comme la canne
à sucre, le tabac, le café, le cacao, la banane,
l'hévéa, le palmier à huile, etc. La carte suivante
(Carte n°04 : les principales zones de cultures, p. 32)
récapitule les avantages naturels du Congo pour certaines cultures. La
valorisation de ces espaces de terres ne doit pas se
résumer au développement de l'élevage et
de l'agriculture. Car, ce sera là ignorer d'autres avantages non moins
importants qu'ils peuvent procurer au pays. Par exemple les avantages
inhérents au tourisme.
Carte n°04. Les principales zones de
cultures40
3. Le potentiel touristique
Les dix provinces du Congo offrent des paysages variés.
Parmi, il y a trois parcs nationaux de très grande envergure :
Nouabale-Ndoki, Odzala, et
Konkouaty. Quelle est la spécificité de ces
aires ?
Le Parc national Nouabale-Ndoki est l'un des
plus grands d'Afrique Centrale. Il a une superficie de 426.800 hectares et tire
son nom de deux rivières,
40FAO, «Les Principales zones de cultures du
Congo», rubrique «Présentation
générale»,
http://www.izf.net,
consulté le 09/03/ 2005.
Nouabale et Ndoki, qui l'arrosent. Situé dans la partie
septentrionale du Congo, il abrite d'importantes populations de grands
mammifères : éléphants, gorilles et chimpanzés.
C'est également un écosystème intact et non
perturbé : il n'a pas été habité par des
agriculteurs depuis au moins 900 ans.
Toujours situé dans la partie septentrionale du pays,
le Parc national d'Odzala a une superficie de 13.000
km2. La forêt équatoriale qui l'occupe est non
seulement vierge, mais aussi comporte de nombreuses salines qui permettent aux
différentes catégories de visiteurs d'observer les espèces
qui s'y trouvent. Ce parc est réputé pour ses
éléphants, buffles de forêt, antilopes, sitatunga, bongos,
gorilles, chimpanzés, cercopithèques, lions et léopards,
hylochères et hyènes tachetées. On y recense actuellement
plus de 100 espèces de mammifères, 15 espèces de primates,
430 espèces d'oiseaux et plus de 1500 espèces de plantes.
Enfin, il y a le Parc national de Konkouaty
qui, lui, est situé au Sud du pays. Il est irrigué par plusieurs
rivières, parmi lesquelles la rivière Konkouaty de laquelle il
tire son nom. Il possède plusieurs espèces animales et dispose
d'un panorama magnifique pour les touristes, chercheurs...
Dans l'ensemble, ces parcs possèdent un nombre
important de campements bien équipés à partir desquels on
peut effectuer des remontées des rivières comme la Mambili,
Mboko, Maya, Lossi, Ekenia, Konkouaty, etc. Ces rivières correspondent
également à des excellents circuits touristiques.
Toutefois, à côté de ces grands parcs,
coexistent d'autres, mais de petite et moyenne envergure. C'est le cas de la
réserve de faune de la Léfini, située au Nord de
Brazzaville, à l'Est de Djambala et au Sud de Gamboma ; la
réserve de la LekoliPandaké, au Nord de Kellé ; la
réserve de Mont Fouari et la réserve de NiangaNord, toutes deux
situées à l'Ouest de Divénié dans la région
du Niari.
Par ailleurs, on se doit également de mentionner
l'existence des autres sites touristiques à valeur historiques,
liés aux anciens royaumes et à la colonisation. Dans la
même optique, mention doit être faite des autres avantages
touristiques qu'offrent tous les pays maritimes, fluviaux et forestiers. Comme
on peut le voir, s'il était indispensable de présenter la
spécificité du Congo dans la distribution des
ressources naturelles, il n'est pas superfétatoire de voir
comment ces dernières sont valorisées.
Section II. De la valorisation des ressources
naturelles
Dans le contexte des sociétés industrielles et
post-industrielles, posséder des matières premières
brutes, aussi importantes qu'elles puissent être, est certes un atout
indéniable. Mais, cela est insuffisant pour se déclarer riche ou
puissant. Car, maîtriser les technologies et posséder les capitaux
indispensables pour valoriser ces agrégats sont aussi des
paramètres qui comptent. Ces derniers échappent au Congo. C'est
dans cette optique que le partenariat s'est imposé comme la seule
alternative viable pour valoriser ces agrégats. Quels sont les
partenaires du Congo dans cette entreprise (A) ? Quelle est leur incidence sur
la vie nationale (B) ?
A. Les consortiums engagés dans la valorisation des
ressources naturelles
Il s'agit des différents agents qui évoluent
dans la chaîne de valorisation des ressources naturelles qui se trouvent
sur le territoire congolais. La mission de cette sous-section est de les
identifier d'après leur secteur d'activité et d'après
leurs origines géographiques.
1. Le secteur des hydrocarbones liquides et gazeux
Il existe deux principales catégories d'acteurs qui
opèrent dans ce secteur économique. Ce sont, d'une part, les
compagnies nationales, c'est-à-dire appartenant à l'Etat
congolais (a), et d'autre part les multinationales étrangères
(b).
a. Les compagnies nationales
Au 31 décembre 2002, elles étaient au nombre de
trois. Ce sont, d'une part, la CORAF et
Hydrocongo qui, étaient en voie de privatisation, et
d'autre part la SNPC qui venait d'être
créée. Ces trois sociétés sont placées sous
la tutelle du Ministère des hydrocarbures.
La CORAF, basée à Pointe-Noire,
est désormais une filiale du groupe SNPC. Elle est
chargée de traiter le brut Djéno, mélange fourni par
Totalfinaelf, ENI-Agip et par la
SNPC. Elle traite aussi le brut d'importation,
réceptionné au port de Pointe- Noire. Sa capacité de
raffinage est de 21.000 baril/jour.
HydroCongo, basée à Brazzaville
et dont la privatisation était encore en cours en 2002 assurait en aval
la distribution et la commercialisation des produits pétroliers
provenant de la CORAF. Ses activités ont
été rachetées par les consortiums Total,
Chevron, Texaco et Puma
Energy pour la partie distribution. En amont, elle assurait les
activités d'exploration et de contrôle de production. Ces
activités ont été reprises par la
SNPC.
Enfin, établissement public à caractère
industriel et commercial, la SNPC a été
créée par la loi n°98 du 23 avril 1998. Elle appartient
à 100% à l'Etat congolais. Elle est dotée d'une
personnalité morale et d'une autonomie financière. Elle
détient les titres miniers et est chargée de commercialiser les
parts de brut congolais issues des contrats de partage de production. Aussi,
assure-t-elle auprès du gouvernement les fonctions de conseil, de
coordination, de contrôle de l'exploration et de la production des champs
d'hydrocarbures. Toutefois, le Congo ne dispose pas de capacités
technologiques et financières exigées pour explorer et forer ses
gisements pétroliers ou gaziers. C'est à ce niveau que le
partenariat trouve tout son sens.
b. Les partenaires étrangers
Ce sont les multinationales de l'énergie
évoluant aux côtés ou en parallèle avec les
compagnies nationales dans le processus de valorisation des hydrocarbones
liquides et gazeux. Ces sociétés multinationales sont originaires
de la zone UE et la zone Amérique du nord.
-- Les Firmes européennes
Pour des raisons historiques et de connaissance
privilégiée de terrain, le secteur pétrolier congolais
était jusqu'à très récemment une chasse
gardée de quelques compagnies européennes : Elf
Aquitaine, qui a intégré depuis peu le
consortium Total, et de l'italienne Agip Recherches
SA, couplée à sa consoeur
EN!.
La première, Elf Aquitaine, y a
commencé ses activités il y a un peu plus de trente ans
aujourd'hui. C'est le premier opérateur pétrolier du pays avec
60% de la production. La seconde, Agip Recherches SA, y a
presque le même record de longévité. Ce groupe
développe son intérêt pour le Congo par ses recherches
off shore, par la prise des parts dans l'exploitation de certains
gisements et par la réalisation d'une centrale thermique qui
consommerait ses gaz morts.
-- Les Firmes américaines
Elles commencent à arriver massivement vers la fin des
années 1980, le démantèlement de l'Union Soviétique
aidant, auquel on peut ajouter le fait qu'un certain nombre d'entre elles
à court d'activité dans leurs domaines traditionnels ou n'ayant
pas pu obtenir des ouvertures qu'elles espéraient ailleurs (Europe
Centrale, Golfe persique ou du Mexique), ou encore inquiète de la
montée fulgurante de l'anti-américanisme au Moyen Orient. Ces
raisons les ont incité à venir voir ce qui se passait dans ce
secteur en Afrique. Le Congo fait parti de ces nouvelles directions.
On peut noter la présence de Occidental
petroleum, Chevron et Texaco, qui
interviennent comme co-opératrices, avec Totalfinaelf, dans la Zone
d'Intérêt Commun Angola-Congo. A part ces trois compagnies, il
convient aussi de mentionner la présence de CMS-Nomeco,
Nuevo Energy, Tacoma, Exxon,
Mobil, Heritage Oil, Burren Energy
et Sasol. Mention doit être aussi faite des
sociétés Perenco et Maurel &
Prom qui ont repris des champs vieillissants. En dehors des
américaines, il y a également un consortium
anglo-néerlandais et un autre sud africain, respectivement la
Royal Dutch Shell et Energy Africa. Ces
compagnies, ajoutées aux groupes EN!, Agip
Recherches et la SNPC se partagent les 40% restant de
la production pétrolière au Congo. Mais, qu'en est-il des
entreprises évoluant dans le secteur de la forêt ?
2. Le secteur forestier
Il y a très peu de temps encore, ce secteur ne comptait
que des entreprises parapubliques. Mais, jusque là, les capitaux
étrangers, surtout européens, demeuraient les plus importants.
Cependant, dans le cadre des reformes macroéconomiques des bailleurs de
fonds multilatéraux, la privatisation des anciennes entreprises
parapubliques est en cours. L'Etat cède ses parts à des
privés nationaux et internationaux. Ces cessions ont accru la
pénétration des multinationales dans le secteur au point
d'être présentement dominé par les multinationales
européennes. Principalement, les multinationales françaises et
allemandes. Pour la France, il est possible de remarquer, entre autres, la
présence du groupe Rougier, consolidé par trois
sociétés dont Mokabi, et les groupes
Jean LALANNE, SNBS et
Boisangha. Pour le compte de l'Allemagne, il y a les
sociétés Wonneman, Teldmeyer et
SCBO/Danzel. On y trouve également la
CIB, société à capitaux germano-suisse et
la société Man Fan Tai, pour la
République Populaire de Chine. Mais, quelle est la contribution de
toutes ces ressources naturelles dans la formation de la richesse nationale
?
B. Les ressources naturelles dans la formation de la
richesse nationale
Cette sous-section poursuit un objectif majeur. Il s'agit de
déterminer le poids des différentes ressources naturelles, dont
les sous-sections précédentes ont fait remarquer qu'elles
existent au Congo, dans la dynamique de capitalisation de la richesse
nationale. Ce propos est limité rien qu'aux ressources naturelles qui
sont effectivement valorisées : les hydrocarbones liquides et gazeux
(1), l'agriculture et l'élevage (2), enfin les forêts (3).
1. Les hydrocarbones liquides et gazeux : une
écrasante participation41
Le secteur des hydrocarbones liquides et gazeux occupe une place
très importante dans l'économie du Congo. Il contribue à
hauteur de 60% dans la
41Mission économique du Congo, Ambassade de
France, «La filière pétrolière au
Congo», rubrique «Espace entreprise du Congo»,
http://www.izf.net,
consulté le 10/02/2005.
formation du PIB et à plus de 70% dans le financement
du budget. Entre 1990 et 2002, comme l'illustre le tableau suivant, l'on
constate que la production pétrolière a plus que doublé.
Comme l'illustre le tableau ci-après, ce changement est ostentatoire
à partir de 1990. Cette augmentation substantielle s'explique du fait de
la découverte et de la mise en valeur de nouveaux gisements, à
l'instar de Nkossa42, et par l'expansion de plus en plus
croissante de l'activité de l'exploration.
43
Tableau n°07. Evolution de la production
pétrolière en million de tonnes par an
|
Années
|
1969
|
1980
|
1990
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Production
|
ND
|
3,3
|
8
|
10,4
|
11,9
|
12,6
|
13,2
|
14,5
|
12,8
|
À lui tout seul, il représente 90% des
exportations du pays. Les produits exportés sont le pétrole et le
gaz naturel. Comme l'indique cet autre tableau, Taiwan reste le premier client
congolais, suivi de la Corée du Nord et des USA. Avec une participation
prédominante certes, il faut reconnaître que le pétrole
n'est pas le seul secteur sur lequel repose l'économie congolaise.
Tableau n°08. Les exportations de pétrole
congolais, 2001 & 200244
|
2001
|
2002
|
Ordre
|
Pays
|
%
|
Valeur
|
Ordre
|
Pays
|
%
|
Valeur
|
1.
|
Taiwan
|
39
|
379.185
|
1
|
Taiwan
|
26
|
479.286
|
2.
|
USA
|
21
|
200.673
|
2.
|
Corée Nord
|
10
|
188.153
|
3.
|
Corée Nord
|
16
|
151.949
|
3.
|
USA
|
9
|
174.939
|
4.
|
Chine
|
6
|
57. 242
|
4.
|
Corée Sud
|
8
|
163.625
|
|
2. L'agriculture : une participation marginale
L'agriculture congolaise offre de réelles
potentialités. Mais, elles sont encore inexploitées ou
très peu exploitées. Le Congo ne cultive que 400.000 ha, soit
42Nkossa est une première mondiale
dans le développement des champs pétroliers et gaziers
offshore opérée par Elf. Montant total de
l'investissement : près de 10 milliards de franc CFA. A ce sujet, voir :
Mission économique du Congo, Ambassade de France, «La
filière pétrolière au Congo», rubrique
«Espace entreprise du Congo»,
http://www.izf.net,
consulté le 10/02/2005.
43Mission économique du Congo, Ambassade de
France, «La filière pétrolière au
Congo», rubrique «Espace entreprise du Congo»,
http://www.izf.net,
consulté le 10/02/2005.
44I. PASSY, « Le commerce extérieur
par pays en 2002 », rubrique «Espace entreprise du Congo»,
http://www.izf.net,
consulté le 10/02/2005.
seulement 1,2% de la surface totale du pays et 4,9% des
superficies cultivables45. Actuellement, sa participation au PIB est
très marginale : moins de 10%. C'est un secteur affaibli par des
années d'économie centralisée puis par les guerres
successives. Au Congo, l'agriculture est faite de deux façons.
L'agriculture vivrière est souvent une activité de paysans
dispersés et non structurés. Pour cela, les chiffres
présentés dans les deux premiers graphiques ci-dessous sont
à considérer avec précaution et ne donnent qu'une
tendance.
46
Graphique n°01. Evolution de la production de
bananes plantains, arachide, paddy et maïs
47
Graphique n°02. Evolution de la production de
manioc
Les grandes cultures industrielles sont la canne à sucre,
mise en oeuvre par le groupe Vilgrain. En 2001 la production de sucre
était de l'ordre de 480.000 à
45M. FRECHET, «L'Agriculture,
l'élevage, la pêche », rubrique «Espace entreprise
du Congo»,
http://www.izf.net,
consulté le 10/02/2005.
46M. FRECHET, Article cité,
http://www.izf.net,
consulté le 10/02/2005.
47M. FRECHET, Article
cité,
http://www.izf.net,
consulté le 10/02/2005.
500.000 tonnes. En dehors du sucre, il y a également
l'eucalyptus, le palmier a huile, le café, le cacao et le tabac.
Dans les années 1970-1980, le Congo exportait des
produits agricoles comme : le café et le cacao, la banane et le palmier
a huile. Le développement de l'activité pétrolière
et l'absence d'une politique agricole cohérente ont
entraîné l'abandon des productions agricoles dans les
années 1990. Le graphique ci-après illustre, à titre
indicatif, l'évolution de la production du café et du cacao au
cours de la décennie 1990.
Graphique n °03. Evolution des principales
productions spéculatives : café et
cacao48
3. Les forêts : vers une nouvelle expansion ?
Avant le début des activités
pétrolières, le bois était la principale source de revenus
du pays, avec les mêmes proportions actuelles de la participation du
pétrole à la formation du P113 et au financement du budget.
Depuis que le pays produit le pétrole, le secteur du bois est en perte
de vitesse. Sa contribution au budget et à la formation du P113 ne fait
que décroître. Elle oscille entre 1 et 5%.
Cependant, au lendemain de la crise économique de 1985,
résultant de la baisse simultanée des cours de pétrole et
du taux de change du dollars, le gouvernement, soucieux de ne plus
dépendre de la seule ressource pétrolière, avait
assigné à la filière bois la mission de rejouer un
rôle majeur. C'est ainsi que depuis 1990, le bois fait l'objet d'une
attention renouvelée. Les signes qui attestent de cette
48M. FRECHET, Article cité,
http://www.izf.net,
consulté le 10/02/2005.
attention sont manifestes : nouveaux concessionnaires, nouveau
code forestier, obligation de transformer 100% des grumes au Congo,
augmentation des performances à l'exportation. Ainsi, de 4 % en 1995, la
contribution de ce secteur dans le financement du budget est remontée
à 7 % en 1996. Le tableau suivant (Tableau n°09 :
évolution de production des grumes et de bois transformés en
million de m3, p. 41)49 illustre l'évolution
de production des grumes de 1990 à 1999.
Tableau n°09. Evolution de production des grumes en
million de m3 : 1990-1999
|
Années
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
Produits
|
Grumes
|
833.0000
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
441.000
|
560.000
|
300.000
|
550.000
|
800.000
|
Production de bois transformé en million de
m3
|
Sciages
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
62 350
|
69 112
|
77 856
|
87 981
|
ND
|
Placages déroulés
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
44 885
|
44 559
|
40 464
|
40 660
|
ND
|
Placages tranchés
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
5 021
|
4 998
|
3 453
|
2 837
|
ND
|
Total placages
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
49 906
|
49 559
|
40 464
|
43 497
|
ND
|
Contres plaqués
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
3 305
|
4 989
|
4 415
|
5 771
|
ND
|
- Remarques
De ce qui précède, il ressort que les ressources
naturelles auxquelles on reconnaît une importance particulière
dans le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles
sont considérables au Congo. Les forêts primaires qui n'ont pas
encore été concédées aux compagnies
forestières sont importantes ; les réserves d'hydrocarbones
liquides et gazeux estimées récupérables avec une
quasi-certitude à partir des données géologiques et des
techniques de réservoirs connus forés aux conditions
économiques et technologiques du moment sont aussi importantes. Ces
quantités sont en mesure de soutenir les efforts de modernisation d'un
acteur qui veut se faire une place respectable sur la scène
internationale50. Dans l'attribution de nouveaux contrats pour
l'exploration comme pour l'exploitation de nouveaux champs pétroliers,
ou encore pour les nouvelles concessions de forêts primaires, les
49Mission économique du Congo, Ambassade de
France, « La Filière du bois au Congo », rubrique
«Espace entreprise du Congo», http://.www.izt.net,
consulté le 10/02/ 2005.
50Selon nos propres calculs, au rythme actuel de
production, entre 14,5 et 15,5 millions de tonnes de pétrole par an, et
au cas où d'autres découvertes ne sont pas mise à jour,
les sources congolaises seront encore fonctionnelles dans les 13 ou 15
années à venir. Les récentes campagnes d'exploration ont
mises à jour de nouveaux gisements assez prometteurs. Ce qui ne fait que
conforter l'importance du marché congolais.
compagnies, aussi bien pétrolières que
forestières (listées plus haut, pp : 34-3 7), se livrent
à une véritable compétition entre elles. Pour cela, elles
développent des campagnes de charmes destinées à susciter
l'attention des autorités publiques et à montrer leur
loyauté vis-à-vis de ces dernières.
La rareté couplée à l'importance reconnue
à ces agrégats dans la vie moderne, explique le fait que leur
exploitation implique des enjeux immenses. Ceux-ci se résument en une
compétition technologique de haut niveau afin de découvrir de
nouveaux gisements et de les rendre exploitables à des coûts
raisonnables ; une rivalité économique exacerbée où
de tout temps s'opposent vendeurs et acheteurs, et les acheteurs entre eux
poussés par la psychose de la pénurie ; des luttes d'influences,
puisque l'approvisionnement en ressources énergétiques est un
objectif stratégique majeur pour tout gouvernement, tant les vendeurs
que les acheteurs le savent et sont prêts à
négocier51. Enfin, ce n'est pas exclu que de pareilles
attitudes débouchent sur des compromissions au plus haut niveau de
l'élaboration de la décision politique entre les autorités
du pays d'origine de ces multinationales et celles des pays qui abritent les
sources d'hydrocarbones et les concessions de forêts primaires. Ce n'est
pas non plus exclu que des guerres aient lieu pour conquérir,
protéger et sécuriser les sources et les voies de transit des
approvisionnements.
Comme on peut le voir, dans ce genre d'exercice, il y a de
gros risques de dérapages. Cependant, les guerres qui ont
déchirées le Congo de 1990 à 2002 sont- elles sans lien
avec les enjeux inhérents à la valorisation et au contrôle
de ces ressources naturelles ? Avant de répondre à cette
question, il sied d'abord de rappeler la structuration des guerres congolaises
: leur nature, les acteurs, les enjeux, les zones des affrontements et les
conséquences.
51Pour le Gouvernement américain par
exemple, les approvisionnements en hydrocarbure sont classés «
objectif de sécurité nationale », Jihan El TAHRI, La
Maison des SAOUD. Pétrole, islam, Palestine, Etats-Unis,
ALEGRIA-ARTE France-BBC-WGBH, 2005.
Chapitre II. Les guerres civiles congolaises de 1990
à 2002 et leurs conséquences
L'objectif poursuivi par ce chapitre est de prouver la
matérialité et la spécificité du conflit qui oppose
les principaux ténors de la scène congolaise. En d'autres termes,
il est question de montrer que la série des guerres du Congo de 1990
à 2002 n'est pas une pure création de l'esprit. Ainsi, s'il est
indispensable d'identifier les acteurs et la nature des coups qu'ils se sont
échangés (Section I), il ne l'est pas moins de se prononcer sur
les conséquences issues de leurs confrontations (Section II).
Section I. Les acteurs de l'échiquier
congolais
Selon le Dictionnaire hachette encyclopédique,
la notion d'acteur renvoie à « toute personne qui prend une
part active ou qui joue un rôle important » dans une situation
donnée. Par acteur, nous entendons les entités ayant joué
un rôle dans l'échiquier congolais. Le rôle joué se
comprend comme toute implication directe ou indirecte dans les
hostilités aux côtés de l'un ou l'autre des protagonistes
ou encore dans le processus de résolution de cette série de
guerres. Ainsi, faudra-t-il distinguer d'une part, les acteurs
nucléaires ou de premier plan des acteurs secondaires (A), et d'autre
part, la nature et les principaux endroits où ces acteurs se sont
échangés des coups (B).
A. Le marigot congolais
Au sujet de la crise congolaise un périodique
s'interrogeait en ces termes :
« Quel lien mystérieux peut bien unir, au son
du canon, un stratège pétrolier, un mercenaire franco-serbe, un
pilote d'hélicoptère kirghiz, un fantassin angolais, un
dignitaire franc-maçon, un conseiller en communication et un tailleur
sénégalais ? Quel théâtre fût-il d'ombres, ose
encore héberger une troupe aussi étrange ?
52
Bienvenue dans le marigot congolais [...] ».
52V. HUGUEUX, «Le Brut et les
truands», L'Express, 23/10/1997,
http://www.lexpress.fr,
consulté le 31/01/2005.
Au-delà de l'ironie qu'elle véhicule, cette
interrogation exprime la difficulté de cerner la série des
conflits «congolo-congolais» et la nature des acteurs qu y ont pris
part. Non seulement ces conflits sont une réalité complexe, mais
aussi ils consacrent l'intervention des personnages divers jouant des
rôles variés et poursuivant des intérêts qui ne vont
pas toujours dans le même sens. La finalité de cette section est
d'identifier et d'établir une hiérarchisation des protagonistes
de ce théâtre. Cette entreprise est inspirée par la
métaphore de la propagation des ondes. Chaque niveau d'onde correspond
à une catégorie d'acteurs, à une échelle
géographique et à un niveau d'interactions. L'appartenance ou la
distance du noyau détermine la centralité ou le caractère
secondaire du protagoniste.
1. Les protagonistes nucléaires
Ce sont les acteurs légitimes de la scène
congolaise. Autrement dit, ce sont ceux là qui possèdent la
nationalité congolaise. Ces acteurs sont : le général
Denis SASSOU N'GUESSO, le Président Pascal LISSOUBA et monsieur Bernard
KOLELAS, les trois figures emblématiques de la vie politique congolaise
depuis près de trente ans. Ces acteurs sont épaulés par
leurs milices respectives (Infra, p. 56). Les parcours individuels de
ces personnalités interfèrent avec ceux des principales tribus du
pays et des luttes politiques qui caractérisent son histoire
contemporaine53.
Ainsi, en est-il par exemple du général
Dénis SASSOU N'GUESSO : militaire, homme politique, ancien Chef de
l'Etat et un grand chef tribal. Il se rattache à l'ethnie
Mbochi, localisée dans la partie septentrionale. Pendant qu'il
dirigeait l'Etat entre 1979 et 1992, ce dernier a accumulé des
antécédents vis-à-vis de ses adversaires
actuels54. Quant au deuxième, monsieur Bernard KOLELAS, c'est
un opposant mythique. Il a toujours été persécuté
par les régimes militaro-marxistes-
53Des portraits et l'enracinement ethnique de ces
personnalités, voir F. BERNAULT, « Archaïsme colonial,
modernité sorcière et territorialisation du politique à
Brazzaville, 1959-1995 », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux
Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, 1998,
http://www.politique-africaine.com.
54Pour ces antécédents, voire J.
TONDA, « La guerre dans le «Camp Nord» au Congo-Brazzaville
: ethnicité et ethos de la consommation/consumation », in
QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la guerre, Politique
africaine, n°72, 1998,
http://www.politique-africaine.com.
léninistes qui ont dirigé le pays. Son histoire
se confond avec celle de l'ethnie Lari, un pan du grand groupe
Kongo, ancrée dans la province du Pool. Cette province est le
véritable foyer de contestation des différents régimes
politiques du Congo contemporain. Monsieur Bernard KOLELAS se pose en leader
politique, mais aussi en libérateur incontesté de cette tribu.
Enfin, le Président Pascal LISSOUBA est un intellectuel d'envergure et
un ancien premier ministre des années qui ont suivies les
indépendances. Il n'a jamais pardonné au général
Dénis SASSOU N'GUESSO le fait, d'abord, de l'avoir emprisonné
à la fin des années 1970, avant de le contraindre à un
exil qui l'a laissé longtemps hors de son pays natal et de la conduite
de ses affaires. Il appartient à l'ethnie Nzabi,
localisée dans la partie méridionale. Si ces acteurs remplissent
tous la condition de la nationalité, il n'en demeure pas moins que dans
le combat qui les oppose, ils ne disposent pas des mêmes atouts.
En effet, les uns ont en charge la gestion de l'Etat. C'est le
camp de l'UPADS. Tantôt il est couplé du PCT comme au temps de
l'accord de gouvernement, entre juillet et octobre 1992 ; tantôt, il est
en synergie avec le MCDDI, notamment à partir de la fin de
l'année 1997.
Dans le premier cas, cette entente a l'avantage de conforter
la coalition présidentielle en lui octroyant une très bonne
assise nationale et une majorité au parlement, indispensable pour
gouverner. Poursuivant cette logique jusqu'au bout, cette coalition invalide
l'idée d'une confrontation entre le Nord et le Sud tout en sapant la
cohésion du camp Sud. Dans le second cas cependant, cette ligue a
l'avantage de parachever l'unité du bloc Sud, auquel appartiennent les
différents leaders de ces groupements politiques, le Président
Pascal LISSOUBA et monsieur Bernard KOLELAS. Dans cette même optique,
elle justifie relativement l'idée d'une opposition Nord Sud.
Quand aux autres protagonistes, ils n'ont pas en charge la
gestion de l'Etat. Ce sont d'une part, la ligue PCT-MCDDI entre octobre 1992 et
février 1993, donc avant la dissolution de l'Assemblée Nationale,
et d'autre part, entre février 1993 et mai 1997, donc peu avant les
hostilités de juin 1997. Dans le premier cas, elle est fortifiée
de sa capacité à représenter un contre poids réel
à l'action
gouvernementale55. Dans le second cas de figure,
elle n'est qu'une opposition sans moyens véritables. Dans les deux cas,
cette coalition à l'avantage stratégique d'entamer
substantiellement l'unité du bloc Sud. Ainsi, invalide-t-elle
l'idée d'un affrontement entre le Nord et le Sud.
Comme on peut le voir, ce sont ces principales figures qui
s'affrontent pendant toute cette période à travers un
système de coalitions instables. On peut dire que ce qui se passe au
Congo entre 1990 et 2002, est d'abord un problème interne. Dans ce sens
que c'est un classique de la vie politique contemporaine de ce pays. Ces
acteurs s'affrontent d'abord à travers un échange de coups loyaux
et symboliques comme l'exigent les principes démocratiques
définis par les institutions issues de la Conférence Nationale
Souveraine. Ensuite, ce commerce de coups change viscéralement de forme.
Non seulement il ignore l'orthodoxie institutionnelle, mais aussi, il le
contredit jusqu'à transformer la scène nationale en une
«zone grise». C'est à ce niveau que les acteurs secondaires
entrent en j eu.
2. Les acteurs secondaires
Par acteurs secondaires, nous entendons toutes les autres
entités qui ont joué un rôle dans l'échiquier
congolais, et qui n'ont pas les attributs des protagonistes de premier plan.
Toutefois, il faut le reconnaître qu'il y a ni
homogénéité de nature, ni unité d'actions au sein
de cette catégorie d'acteurs. Il s'y déploie plusieurs jeux
à deux niveaux. Au niveau sous-régional, il y a le jeu des Etats
et celui des acteurs non étatiques (a) et au niveau international, il y
a l'activisme des firmes multinationales, des organisations internationales et
des ordres ésotériques (b).
a. Au niveau sous-régional
- Le jeu des Etats
Ce sont les Etats qui dominent le jeu à cette
échelle. Si certains Etats s'affichent directement en prenant faits et
causes pour l'un ou l'autre des
55La constitution de cette période
consacrait un régime semi-présidentiel, ce qui n'était pas
sans poser de réelles difficultés à l'exécutif.
D'ailleurs, le président de la république n'a pas
tergiversé à déboulonner ce parlement qui lui était
devenu inamical.
protagonistes nucléaires, d'autres par contre
paraissent discrets et ambigus dans leurs démarches. C'est le cas,
successivement, avec l'Angola d'une part, et le Tchad et le Gabon d'autre
part.
L'intervention de l'Angola, matérialisée par un
dispositif important, tant du point de vue logistique, des stratégies de
combats que par celui des contingents de soldats engagés sur les
théâtres, a été décisive dans l'issue des
hostilités en faveur des forces du PCT, apparentées au
général Dénis SASSOU N'GUESSO en octobre 1997. Elle n'a
pas été discrète. Voici le mea culpa du leader du
PCT au sujet de l'apport de l'Angola :
« [...] Pendant toute la guerre, j'ai
été comme ça. Il y'avait des moments de détresse,
on recevait des coups très durs et les gens autour de moi
commençaient à désespérer. Pas moi.
Parfois, nous n'avions plus de munitions. Nos amis Angolais nous
envoyaient du matériel par Kinshasa. Mais Laurent-Désiré
KABILA le bloquait et refusait de le faire passer. LISSOUBA savait
parfaitement
56
que nous n'avions plus de munitions ».
Comparativement à celle de l'Angola, l'intervention du
Tchad a été beaucoup plus discrète. Elle s'est
illustrée par l'envoi du matériel, et surtout de quelques
contingents de soldats pour épauler les forces du PCT. Enfin, dans la
catégorie des ambigus et des mystérieux, figure le Gabon.
Officiellement, ce pays abrite et soutient les efforts de la médiation
internationale conjointe ONU/OUA, dont il a également la charge
d'assumer la présidence. Officieusement, son territoire est une plaque
tournante dans la livraison de la logistique militaire aux forces du PCT.
Celles-ci ont notamment bénéficié, entre autres, des
facilités aéroportuaires et routières
gabonaises57. Cependant, ce ne sont pas les seules entités
qui constituent la catégorie des acteurs secondaires relevant de la zone
sous-régionale. A côté d'eux, il y a les acteurs
sous-régionaux non étatiques.
56A. TAHERI, « Congo-Brazzaville : cap sur
la démocratie », entretien avec Denis, SASSOU NGUESSO, WAJMAN,
Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°81, Paris, Automne
1998, page 325 (le gras est de nous).
57Sur le soutien de l'exécutif gabonais aux
forces du PCT, cf. B. LUGAN, « l'Afrique qui bouge », in
GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ?
Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 18 ;
également J.-F., BAYART, « L'Embrasement de l'Afrique
subsaharienne », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique
Internationale, n°77, Paris, Automne 1997, p. 193.
- Le jeu des acteurs non étatiques
C'est toujours une sous-catégorie des acteurs
secondaires impliqués dans les conflits congolais. Ces entités
sont originaires de la sous-région et ne sont pas des Etats. Elles
opèrent indistinctement dans différents Etats de cet espace
géographique en fonction de leurs besoins et de leurs
intérêts. Ce sont les milices, les individus, les
réfugiés et les intermédiaires des agences
spécialisées dans la fourniture de la logistique militaire. Ces
entités ont évolué aux côtés des
protagonistes centraux en remplissant des tâches diverses relevant du
domaine de l'assistance de guerre.
En illustration, on peut citer le cas, entre autres, des
firmes sud africaines, Executive outcomes et Ebar
Management and Trading, qui ont été une véritable
plaque tournante, entre le camp gouvernemental et certaines multinationales de
l'armement originaire des anciens pays du bloc de l'Est, en matière
d'achat et de livraison de la logistique militaire. Toujours dans cette
logique, mention doit être fait également de l'intervention des
forces de l'UNITA et celles des FLEC aux
côtés du même camp. Enfin, ce fut aussi le cas de
l'intervention des résidus du Hutu power, des
Interahmwés et des anciens
éléments de la Division Spéciale Présidentielle
(garde rapprochée du Président MOBUTU) officiellement
réfugiés au Congo, mais qui ont été
enrôlés par l'état major du PCT.
b. Au niveau international
- L'action des firmes multinationales
L'épithète «grandes puissances
industrielles» renvoie aux Pays Développés. Leur jeu est
sous-traité par les sociétés multinationales
détentrices de leur nationalité qui opéraient
déjà ou qui étaient en voie de le faire au Congo.
Dans le premier cas, c'est-à-dire, celles qui ont
toujours eu une présence au Congo, il y a la France, avec le groupe
Elf Aquitaine, et l'Italie, avec le consortium Agip
Recherches S.A. et ENI. Ces multinationales, nous
l'avons déjà vu, manifestent leurs intérêts au Congo
dans le domaine des hydrocarbones liquides et gazeux. Cependant, on ne peut se
départir de l'idée selon laquelle leur ombre est
omniprésente dans tous les événements
sanglants qui ont marqué ce pays depuis les indépendances, et
particulièrement dans la série des crises de 1990 à 2002.
Leur rôle a été complexe et ambigu aux côtés
de l'un ou de l'autre des protagonistes nucléaires. Elles ont parfois
servi de relais entre les marchands d'armes et les protagonistes ; elles se
sont comportées en agences comptables des protagonistes pendant ces
conflits. Le cas du groupe Elf Aquitaine est souvent
cité en exemple pour étayer cette
hypothèse58.
Le second cas, c'est-à-dire, celui qui concerne les
grandes puissances industrielles dont les multinationales étaient en
train de s'installer au Congo, est cependant divisé en deux
sous-groupes. D'un côté nous avons celles installées depuis
peu, tandis que de l'autre côté il y a celles qui étaient
en tractations avec les autorités pour obtenir des autorisations
nécessaires à cet effet. Dans ces deux sous catégories,
figurent essentiellement les sociétés anglo-saxonnes. En
illustration, on peut citer les consortiums Occidental
petroleum, Exxon et Mobil pour le
compte des USA et la major anglo-néerlandaise, la Royal Dutch
Shell. Dans leurs campagnes de charmes, indispensables pour montrer
leur loyauté, ces sociétés ont servi de garantie pour
mobiliser des fonds auprès des établissements bancaires au profit
de l'un ou de l'autre des protagonistes, si elles ne le faisaient pas elles-
mêmes directement. Evidement, pendant de pareils moments, on peut
imaginer à quoi pouvaient servir ces sommes d'argent importantes, si ce
n'était pour conforter les arsenaux. Les interventions de ces
sociétés ont dépassé le cadre économique
pour lequel elles ont déclaré leurs activités.
Cependant, on ne peut se dispenser de savoir si les Etats dont
les sociétés ci- dessus citées détiennent la
nationalité ignoraient effectivement que ces dernières se
livraient à ces pratiques peu orthodoxes pour faciliter leur
positionnement ou pour se repositionner. Ceci est d'autant plus
inquiétant quand nous nous représentons les liens que certaines
d'entre elles entretiennent avec leurs Etats, à l'instar de la
française Elf Aquitaine, dont l'un des anciens patrons,
Loïk Le FLOCH-PRIGENT,
58REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres civiles du
Congo-Brazzaville : novembre 1993, janvier 1994, 5 juin
1997 T. I, sans lieu, sans date, pp : 206-207.
a rappelé l'objet et les objectifs qui ont
présidés à sa création et les missions qui lui ont
été assignées lorsqu'il a été porté
à la tête du groupe. Il dit en substance que ce groupe,
créé dans les années 1960 est la propriété
de l'Etat français. Pour cela, il en constitue l'un des bras
séculiers. Sa mission est de « participer en tout temps
à l'autonomie énergétique de la France
»59.
Il ressort que ce groupe est un instrument de
souveraineté et de politique interne. Aussi, quand bien même le
groupe disposerait de l'autonomie d'action et des moyens financiers, il
apparaît tout de même très peu sûr que des
décisions majeures, telle que décrites plus haut, soient prises
à l'insu des politiques. A l'échelle internationale, ces acteurs
ne sont pas les seuls qui se sont mêlés aux crises congolaises.
- L'implication des sectes
ésotériques
C'est une autre dimension du conflit congolais. Cette
dernière traduit le caractère peu ordinaire de certains acteurs
nucléaires du fait de leur appartenance à des ordres initiatiques
étrangers au pays et au continent. Il s'agit des confréries
franc-maçonnes de la GLNF et la GODF. Ainsi, remarque-t-on que, ce sont
non seulement des concitoyens qui s'affrontent pour faire prévaloir
leurs intérêts, mais aussi des confrères suivant ces
ordres. Les interventions successives des responsables et émissaires de
ces organisations dépêchés auprès des protagonistes
attestent de leur appartenance à ces organisations. Fondamentalement,
ils ont invité, sans succès, les frères
égarés à retrouver le chemin de la sagesse et de la
raison. L'Express résume cette intervention en ces termes :
« Rien, ni personne n'aura donc fait taire les
canons. Pas même les émissaires francs-maçons de diverses
obédiences envoyés auprès des deux frères
égarés. Le compagnon LISSOUBA, initié à
Besançon sous la bannière du Grand Orient, et le maître
SASSOU, pilier d'une cousine sénégalaise de la Grande Loge de
France, sont restés sourds aux appels à la sagesse. Qu'ils
émanent du socialiste Guy
59L. Le FLOCH-PRIGENT, « La Confession de
Loïk Le FLOCH-PRIGENT »,
http://www.lexpress.fr,
consulté le 31/01/2005 ; également, M. H., AUBERT, P. BRANA, R.
BLUM, Pétrole et éthique : une conciliation possible ?
T. 1, Paris, Assemblée Nationale, Commission des affaires
étrangères, 1999, pp : 56-61.
PENNE, jadis conseiller de François MITERRAND, de
Fernand WIBAUX ou d'Omar BONGO, trois maçons de haut vol
»60.
Ceci traduit, d'une part, le caractère
pluridimensionnel des personnalités qui animent la vie politique au
Congo, de leurs affrontements, et montre d'autre part qu'il n y a pas toujours,
comme on le croit souvent, de cloisonnement entre le mystique et la gestion de
la cité. Ce sont les mêmes hommes qui se retrouvent des deux
côtés. Le politique comme le mystique, apparaissent dans cette
logique comme des dimensions constitutives de l'homme et de la vie sociale.
Ce qui est très peu ordinaire dans le cas du conflit
congolais, c'est que ces confréries, vu la violence des affrontements,
sont parvenues à appuyer, proposer des services de médiations,
conciliation et parfois proférer des menaces de sanctions
vis-à-vis de leurs adeptes pour une situation qui d'emblée ne
présente aucun lien avec leur mouvement. Il y a lieu de s'interroger sur
les potentialités réelles de ces organisations dans la conduite
des affaires d'Etat et sur la scène internationale.
Il ressort que ces sociétés secrètes
servent des causes nobles. Ici, elles aident les congolais à trouver une
solution autre que celle des armes dans le conflit qui les dresse les uns
contre les autres. Mais, ces organisations n'ont pas été les
seules à s'investir dans cette voie de résolution pacifique du
conflit.
- Le jeu des organisations internationales
Il est question contributions des organisations
internationales dans la recherche d'une issue pacifique à la crise
congolaise. Conjointement, l'ONU et l'OUA s'y étaient volontiers
prêtées en s'impliquant dans la recherche des trajectoires de
sortie de la violence qui, dorénavant, était la seule norme entre
les frères congolais. Leur rôle a été direct et
militait activement en faveur d'une solution pacifique au conflit en soutenant
les efforts de la médiation internationale sous les auspices du
Président gabonais.
60V. HUGUEUX, «Le Brut et les
truands», L'Express, 23/10/1997,
http://www.lexpress.fr,
consulté le 31/01/2005.
En dépit de ce soutien, l'on sait que le conflit
congolais s'est achevé par la façon la plus naturelle : la
victoire de l'une des parties en conflit. Cela signifie que les frères
congolais étaient très peu enclins à ce mode de
résolution du différend qui les opposait. Une fois de plus, nous
avons la confirmation de cette assertion qui stipule que la façon la
plus simple de passer de la guerre à la paix, c'est la victoire. Les
efforts de résolution pacifique par le biais de la médiation, du
désarmement des milices et par le cessez-le-feu sont restés
vains. D'autre part, les principaux animateurs de la vie publique congolaise
sont restés sourds aux appels répétés de retour
à la sagesse des plus hauts responsables des ordres initiatiques
auxquels ils appartiennent.
- Remarques
La première remarque est relative à la
motivation qui sous-tend le déploiement de toutes ces entités que
nous venons d'identifier aux côtés de l'un ou de l'autre des
protagonistes nucléaires. Comme on peut le constater, elles sont
embrigadées dans des systèmes d'engagement formel ou informel.
Ces embrigadements sont destinés à assurer davantage de
coopération entre elles dans des domaines qu'elles ont eux- mêmes
définies. Un tel mécanisme se met en place en vue de redresser le
déséquilibre dans la distribution de la puissance afin de
contrebalancer ou de s'opposer à une hégémonie que
l'alliance veut dissuader ou affronter. Pour réaliser leurs desseins,
elles se déplacent, changent de configuration et de noeuds de connexion
autant que cela est nécessaire.
Conséquence de la première, la deuxième
observation est inhérente à la maturité des acteurs. En
effet, ces embrigadements aux côtés des uns et des autres
illustrent un modèle de solidarité entre, soit un Etat et une
force sub-étatique, soit encore entre un Etat et un autre Etat. Ces
solidarités prouvent que les acteurs sont désormais capables
d'identifier leurs intérêts et de monter des stratagèmes
hétéroclites pour les défendre. C'est ce que Marc-Louis
ROPIVIA traduit à travers l'expression «l'Impérialisme
Tropical Gondwanien» ; autrement dit, la capacité des acteurs
africains à jouer avec le système international pour faire
prévaloir leurs
intérêts61. Cette vision récuse
la prescription fatalitaire de la domination par l'Occident pour permettre
à l'Afrique de jouer, sur la scène internationale, un rôle
d'acteur qui tienne compte de ses propres intérêts.
Enfin, la dernière observation qui se dégage de
ce qui précède est que l'échiquier congolais met à
jour un exemple de coopération informelle entre les bandes armées
organisées, officiellement contestataires d'un ordre interne
donné, et les Etats, acteurs à qui est dévolue la mission
de réguler la vie à l'intérieur d'un espace territorial
précis. Ce sont fondamentalement des Etats en déroute, en manque
de légitimité et affaiblis qui font appel à de pareils
mouvements pour maintenir le statu quo. S'il était
indispensable de s'interroger sur l'identité des différents
acteurs de l'épisode congolais, il n'est pas non plus
superfétatoire de le faire sur la nature et la portée des coups
que ces derniers se sont échangés.
B. Nature et portée des coups échangés
par les protagonistes
Dans tout rapport de forces, les protagonistes sont
appelés à s'échanger des coups. A un moment ou à un
autre, ceux de l'échiquier congolais ont oscillé entre les coups
loyaux et déloyaux (1), et ces coups ont été donnés
dans divers endroits et à divers moments (2).
1. Les coups loyaux et déloyaux
Ces coups sont donnés de deux manières. La
première manière, c'est quand les protagonistes respectent les
règles du jeu démocratique telles qu'elles sont stipulées
dans les textes officiels qui régissent et définissent ce qui est
légal : ce sont les coups loyaux (a). La seconde manière, c'est
quand les protagonistes ne tiennent plus compte de la légalité :
dans ce cas, on parle des coups déloyaux (b).
61M. L. ROPIVIA, «Géographie et
politique en Afrique au XXIe siècle : concepts
opératoires et stratégies d'insertion dans l'espace mondial
», in COUTAU BEGARIE, Hervé, (dir.), Le Continent
oublié, Revue stratégique, n°80,
2004,
http://www.stratisc.org,
Consulté le 10/03/ 2005.
Mis de côté quelques incidents isolés
comme ceux du 03 novembre 1992 à Brazzaville au Rond point du Centre
Culturel Français et Rond point de Moungali, on peut dire que
jusqu'à cette date, aucun des protagonistes ne s'était
illustré en utilisant la force armée
systématique62. Tous étaient convaincus du fait qu'un
consensus politique était préférable à toute autre
forme de résolution du litige et croyaient en une sorte de partage des
responsabilités dans la gestion de l'Etat. Jusque là, les coups
sont donnés à la régulière.
C'est fut le cas lors de la conclusion de l'accord de
gouvernement conjoint entre le PCT et l'UPADS, parti au pouvoir au
détriment du MCDDI de monsieur Bernard KOLELAS entre les deux tours des
présidentielles de 1992. Ce fut aussi le cas lors du basculement du
groupe majoritaire à l'Assemblée Nationale, issue d'un nouveau
rapprochement entre le PCT et le MCDDI ; ce dernier acte ayant
immédiatement entraîné la censure du gouvernement et la
dissolution de l'Assemblée Nationale.
En effet, on constate que la constitution des alliances
politiques, la censure du gouvernement par la nouvelle majorité à
l'Assemblée et la dissolution de celle-ci, par le Président de la
République, sont pratiquées selon l'orthodoxie des formes. Mais,
cet équilibre ne subsistera pas aux incidents du 03 novembre plus haut
signalés. Des épisodes similaires seront fréquents entre
1993 et mai 1997.
En 1993, la situation était particulièrement
difficile. Pour la première fois, elle a atteint un niveau sans
précédent depuis 1990, avec en toile de fond une opposition
systématique entre une frange de l'armée restée loyale au
Président de la République, épaulée par les
partisans de l'UPADS contre leurs homologues du MCDDI. C'est la première
guerre civile. C'est à partir de juin 1997 que la situation a connu sa
phase la plus critique. Pendant ces confrontations, les coups
échangés n'étaient plus seulement loyaux.
62Notamment quand quelques éléments
de la garde présidentielle ont ouvert le feu sur la marche pacifique
organisée par l'opposition. A propos, il a été
démontré par la suite que les auteurs appartenaient à la
garde personnelle du président de la république : Rapport
d'enquête sur les événements du 30 novembre, in REPUBLIQUE
DU CONGO, Les Guerres du Congo-Brazzaville novembre 1993-janvier 1994, 05
juin-15 octobre 1997, T. I., Collection Documents pour l'Histoire, sans
lieu, sans date, p. 21.
Les coups de cette nature sont échangés à
partir du moment où les protagonistes ont commencé à
ignorer les règles du jeu démocratique telles que dictées
par les institutions issues de la Conférence Nationale Souveraine.
Précisément à partir de novembre 1993 dans
l'épisode qui a opposé le MCDDI de monsieur Bernard KOLELAS au
camp de l'exécutif, qui réalisait par la même occasion que
le contrôle de l'armée lui échappait. Ce qui l'a conduit
à mettre en place une armée parallèle, déclenchant
ainsi un processus qui aura des conséquences désastreuses pour le
pays. Car, les autres formations politiques, menacées, feront autant.
Mais, de tous ces échanges de coups déloyaux, c'est
incontestablement ceux de l'été 1997 qui ont été
les plus dangereux. C'est à partir de ce moment que le conflit a acquis
une autre dimension du fait de la mobilisation et de la militarisation massives
des ressources locales épaulées par des adjuvants
sous-régionaux et internationaux, ouvrant ainsi la scène
nationale à des acteurs étrangers.
Dès lors, les coups échangés vont
redoubler de fréquence, de célérité et de violence.
Les acteurs ne vont plus hésiter à recourir aux formes de
violence les plus extrêmes et systématiques. Des simples armes
comme les Winchesters ou fusils de chasse, des machettes, des mortiers
à grains, les Kalachinikovs... en 1993-1994, on est arrivé
à l'utilisation de l'artillerie lourde, des bombardiers et
hélicoptères de combats ultramodernes ou hyper
sophistiqués. Les coups ici sont à la fois d'une violence
extrême et ignorent toute convention. Aussi, la condition de la
nationalité n'est-elle plus de mise pour figurer au nombre des acteurs.
Mais, sur quelles parties du territoire ces acteurs se sont-ils
échangés coups ?
2. Les grands foyers de la conflictualité
Brazzaville reste incontestablement le véritable
théâtre de l'expression de l'ensemble des batailles rangées
qui ont opposées les groupements partisans militarisés et leurs
alliés sous-régionaux, régionaux et internationaux. Ceci
est valable, aussi bien sur le plan politique que sur le plan militaire.
Les batailles militaires ont commencé très
tôt, juste quelques mois après l'investiture du nouveau
Président de la République. D'abord sous forme d'incidents
mineurs qu'on peut qualifier de banals, à l'instar de la fusillade du 03
novembre 1992, déjà mentionnée plus haut (supra, p.
54, note 62). Ensuite, elles ont doublé d'intensité à
partir de novembre 1993, où l'on a assisté véritablement
à des affrontements systématiques. A cette époque, seules
s'affrontent les milices présidentielles, les
«Aubevillois», les «Zoulous», les
«Cocoyes» et les «Mambas», toutes
formées dans les camps d'Aubeville63 (220 places), de
Mayenzé (400 places), de Moulouni (400 places) et de
Tséképembé (300 places) d'une part, et les milices du
maire de la ville de Brazzaville, les «Ninjas», d'autre
part64. Les confrontations ont lieu en plein coeur de Brazzaville
dans les vieux quartiers de Bacongo et de
Makélékélé. Cette guerre a connu deux
épisodes : du 03 au 08 novembre 1993, date à laquelle les
belligérants consentent un premier cessez- le feu, avant de reprendre de
nouveau le 09 décembre 1993 et se terminer définitivement le 30
janvier 1994 par un autre cessez-le feu. C'est le premier round des
combats de Brazzaville. Il préfigure en bien des points tous les autres
qui interviendront les années suivantes, notamment à partir de
juin 1997.
Toujours dans la ville autonome de Brazzaville, le
deuxième round débute avec l'été 1997,
précisément le 05 juin, sur fond de contradictions politiques.
Les adversaires sont : les forces du PCT, loyales à leur leader dont la
résidence privée venait d'être investie par une mixture de
forces gouvernementales et de l'UPADS65. Les hostilités ont
commencé dans le quartier de M'pila, ensuite se sont
déportées progressivement vers le Centre-ville avant de
s'élargir rapidement à toute la capitale et à l'ensemble
du territoire national. Mais, les affrontements ne connaîtront pas
partout les mêmes intensités. La carte ci-dessous illustre les
grands
63Aubeville, propriété du groupe Elf
Aquitaine, n'était pas destiné à accueillir des
activités militaires ; c'était un camp de plaisance. Le groupe a
bien voulu le mettre à la disposition des autorités
congolaises
64Vraisemblablement, les dernières
étaient appuyées par les forces du PCT,
«Cobras», qui alors étaient alors liées au
MCDDI par un accord politique.
65Selon le compte-rendu du conseil des ministres
tenu la veille du 05 juin, le leader du PCT est accusé de garder des
éléments activement recherchés par la police. Certains,
ses proches collaborateurs, sont impliqués dans les tueries d'Owando et
d'Oyo, conséquentes à sa tournée
préélectorale dans la partie nord du pays.
foyers du conflit de 1997 et les grands axes de
déplacement des populations pour la ville de Brazzaville.
Dans les autres parties du territoire, les points sensibles
ont été Owando pour le Nord, d'abord pendant le mois de mai,
ensuite pendant les mois d'août et de septembre 1997. Le point
disputé pendant ces deux derniers mois étant l'aéroport
qui s'y trouve. Au Sud du pays, les batailles les plus rudes après
celles de Brazzaville ont été enregistrées dans les
provinces du Pool, de la Lékoumou, du Niari et de la Bouenza, même
après 1999. Mais qu'en est-il exactement de l'ampleur des
désastres de la série des guerres du Congo ?
Carte n°04. 1997 : la seconde guerre des
milices66.
66Sources : E. & C. APPRIL, cité par H.
OSSEBI, «De la galère à la guerre : jeunes et
«Cobras» dans les quartiers Nord de Brazzaville », in
QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congo dans la guerre, Politique
africaine, n°72, Paris, Karthala, décembre 1998,
http://www.politique-afrcaine.com,
consulté le 02 mai 2005.
Section II. Les conséquences de la guerre
Les conséquences de cette série de crises
armées sont très importantes. Pour mieux les apprécier,
rappelons d'abord la composition des arsenaux des acteurs (A), ce qui permettra
ensuite de se faire une idée des dégâts engendrés
(B).
A. La modernité de la logistique67
Le qualificatif «moderne» est utilisé pour
désigner aussi bien le niveau d'élaboration des stratégies
de combats mises en oeuvre par les protagonistes que les différentes
catégories d'armes constitutives des arsenaux de ces derniers.
L'appréciation de cette modernité se fera suivant une double
orientation : les moyens aériens (1) et les moyens au sol (2).
1. Les moyens aériens
Ce sont les avions mis en oeuvre par les différents
acteurs pour effectuer des missions aéroportées comme le
transport du matériel et des troupes (a) ou encore pour appuyer les
unités de combat au sol (b).
a. Pour le transport du matériel et des
troupes
Pour accomplir cette mission les protagonistes ont mis en
oeuvre plusieurs types d'appareils, parmi lesquels l'Iliouchine 76 big
et l'Antonov 24 (illustration, infra, Annexes,
série 01 : les arsenaux des protagonistes, photos n°s 01
et 03, pp : 116 et 117).
L'Iliouchine 76 big est un joyau
technologique de la firme soviétique Ilyushin corporation. Il est
spécialisé dans le transport des cargaisons lourdes et de gros
gabarit : les pièces des centrales électriques, des pièces
d'assemblage pour l'industrie pétrolière, des pièces et
moteurs pour avions immobilisés, de satellites pour missions spatiales,
etc. Possédé par le camp gouvernemental, cet appareil a
été mis à contribution dans le transport du
matériel militaire lourd et super lourd, dans
67Les informations de cette section relatives aux
caractéristiques et aux capacités opérationnelles des
armes sont issues des entretiens que nous avons eus avec les stratèges
militaires des trois armées tunisiennes et de l'expertise que nous avons
sollicitée du CESA.
le transport des hélicoptères68 de
combat et de celui des produits alimentaires destinés aux
combattants.
Toujours d'origine soviétique, l'Antonov 24
est un appareil robuste et fiable. Sa spécificité c'est
qu'il peut s'adapter à des aéroports de circonstance. Cet
appareil a servi dans le transport des troupes, dans l'évacuation des
blessés et dans le transport du matériel militaire léger.
Il a été décisif dans le tournant de la guerre, notamment
quand le camp du PCT est parvenu à contrôler la zone Nord avec ces
deux aéroports : Ouésso et Owando. C'est avec ce type d'appareils
qu'il a rallié l'Angola pour ouvrir le front Sud-ouest. C'est encore
avec ce type d'appareil que s'opérait le ravitaillement du PCT par le
biais des facilités aéroportuaires gabonaises. Enfin, c'est avec
cet appareil que le camp gouvernemental ralliait ses positions et certaines
places fortes de l'UNITA.
A côté de l'Iliouchine 76 big et
de l'Antonov 24, les belligérants ont mis à
contribution d'autres appareils aériens.
b. Pour l'appuis aux combats
Il est question ici des appareils militaires aériens
impliqués directement dans les combats. C'est le cas, entre autres,
d'une part des Hélicoptères MI-24 ou le
Hind, et de l'Hélicoptère Puma SA 330
L, et d'autre part des chasseurs bombardiers MIG-21
«Fishbed».
D'origine soviétique, l'Hélicoptère
MI-24 est un appareil de combat redoutable (illustration,
infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photo
n°04, p. 117). Il est équipé d'une mitrailleuse de 12,7
mm quadritube en tourelle, de 4 paniers de 62 roquettes ; de 4 paniers de 32
missiles anti-char AT-2 «Swatter» à guidage infrarouge. Le
Hind est opérationnel dans la lutte anti-char, l'assaut
terrestre, l'évacuation des blessés, des civils et dans les
missions commandos. Il vole à une vitesse maximale de 320 km/h et
à un plafond opérationnel de 4500 mètres. Son rayon
d'action au combat est de 220 km. Possédé
68Les hélicoptères étaient
transportés en pièces détachées des lieux d'achat,
les pays de l'ancien bloc de l'Est via le Caire, jusqu'à
Pointe-Noire, où ils étaient ensuite assemblés dans les
ateliers militaires.
par le camp gouvernemental, il est entré en action,
comme d'ailleurs tous les autres hélicoptères, à partir du
mois d'août 1997, en bombardant massivement les positions adverses dans
les quartiers Nord. Son entrée en action a procuré une avance
indéniable au camp gouvernemental sur son adversaire.
Quant à lui, le MIG-21 «Fishbed»
est l'avion de combat soviétique le plus prolifique de
l'après deuxième grande guerre (illustration, infra, Annexes,
série 01 : les arsenaux des protagonistes, photo n°07, p.
119). Il appartient à la catégorie des chasseurs
bombardiers. Comme armes, il possède un radar très performant,
«Jay bird», spécialisé dans les recherches et les
poursuites, un canon de 30 mm, deux missiles air-air AA-2 «Atoll» et
de deux paniers d'environ 94 roquettes chacun.
Au Congo, ce type d'appareil a été mis en oeuvre
dans les dernières heures des hostilités par le camp du PCT avec
l'aide de son allié le plus important, l'Angola. Il a
forcé l'issue du conflit en faveur du PCT. Ces appareils militaires
aériens spécialisés dans les combats ne sont qu'une
catégorie des armes effectivement utilisées par les
belligérants pendant les hostilités. Car, d'autres types d'armes
étaient également de la partie.
2. Les moyens au sol
Il s'agit des moyens mis à la disposition des
combattants afin de leur permettre de remplir les missions confiées par
les Etats-majors. Ici, il faut distinguer la logistique utilisée pour se
mouvoir (a) de celle destinée à combattre (b).
a. Pour la mobilité des unités
Pour la mobilité des unités au sol, les
belligérants utilisaient les moyens de circonstance comme les
véhicules administratifs et des particuliers
réquisitionnés. Cela était visible les jours qui ont
suivis le déclenchement des hostilités. Mais, il y'avait tout de
même quelques véhicules spécialisés. C'est le cas
par exemple des Jeeps et des camions d'une contenance de 20
tonnes de type Iveco, MB-508-D et
Unimog, appartenant aux anciens stocks de l'OTAN. Ces
véhicules furent recyclés avant d'être vendus au camp
gouvernemental, lorsque est intervenu le premier
cessez-le-feu. Les protagonistes ont profité de ce moment
pour reconsidérer leurs potentiels de combat.
b. Pour les combats
En ce qui concerne les combats au sol proprement dits,
plusieurs types d'armes ont été utilisés. Ceux-ci vont de
la AK-47 aux mortiers, en passant par d'autres types de fusils
mitrailleurs aussi sophistiqués que les MG-15,
MG-34 et MG-42, le SA-80,
les RPG et les M-249 (illustrations,
infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photos
n°s13 à 17, p. 122). Ce ne sont là que
quelques uns des types d'armes réellement utilisés.
A côté de ces fusils d'assaut figuraient
également d'autres types d'armes, spécialisés dans l'appui
des mouvements des fantassins ou encore destinés à baliser le
terrain avant que ceux-ci ne commencent leurs opérations. C'est le cas,
entre autres, des mortiers, des BM-21, des
Tanks T-55 et T-72 dans la catégorie
artillerie super lourde. C'est également le cas des
BTR-80 et BTR-90 et les
BRDM, dans la catégorie artillerie lourde
(illustration, infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des
protagonistes, photo n°s09 à 12, pp : 120-12 1).
Afin de se faire une idée de ces engins, il sied de présenter le
Tank T-72 et le BM-21.
Le Tank T-72 est un char de fabrication
russe. Il est armé d'un canon de 125 mm, de 30 obus
couplés à deux mitrailleuses : l'une de 12,7 mm et l'autre de
7,62 mm. Toutes les deux sont montées en tourelle. En outre, il dispose
d'un important blindage et ne nécessite que deux personnes pour
être opérationnel : un conducteurcanonier et un mitrailleur de
tourelle.
De fabrication soviétique, le BM-21
est la version moderne des «Orgues de STALINE».
C'est une pièce d'artillerie redoutable et extrêmement pratique.
Elle provoque un déluge de 42 roquettes en quelques fractions de
secondes. Sa spécificité c'est qu'elle peut atteindre plusieurs
cibles en même temps sur une distance de 5 à 20 kilomètres.
Toutefois, la mobilité de sa tourelle lui permet d'améliorer
substantiellement cette performance. Deux personnes, un tireur et
conducteur, suffisent pour le mettre en marche. Les Tank
T-72 et les BM-21 ont été mis
en oeuvre aussi bien par le camp du PCT que par celui de l'UPADS.
- Remarques
La logistique militaire mise en oeuvre par les protagonistes
de l'échiquier congolais est de fabrication soviétique ou encore
des anciens pays de l'ancien bloc de l'Est. C'est dans ces pays que ces armes
de guerre ont été achetées. C'est un problème de
sécurité planétaire consécutif à
l'effondrement de l'URSS. Sont dénoncées ici les facilités
d'acquisition des armes de guerre particulièrement destructrices et
meurtrières au sein de cet espace69.
En outre, les armes mises en oeuvre par les acteurs congolais
paraissent très sophistiquées, quand bien même elles ne
sont pas à l'avant-garde de la technologie militaire de l'heure. On ne
peut s'empêcher de soulever la problématique relative aux
capacités financières des protagonistes. On ne s'imagine tout de
même pas que les multinationales de l'armement leur ont offert tout ce
matériel à titre gracieux ! En effet, comment les
belligérants ont-ils procédé pour se procurer un tel
équipement, qui, à l'heure actuelle représente une fortune
énorme, si l'on s'en tient aux factures reproduites en fin de volume
(Infra, Annexes, Série 03 : quelques documents administratifs,
documents n°s 01 à 02, pp : 124-125) ? Quelles
garanties ces derniers ont-ils pu produire pour convaincre les multinationales
de l'armement ? Enfin, ces garanties n'entretiennent-elles pas un lien avec les
ressources naturelles dont la présence est attestée sur le
territoire congolais (Supra, pp : 24-33) ?
La dernière observation montre que dans l'ensemble, ces
moyens de combats ont permis aux protagonistes d'accroître leurs
capacités opérationnelles : banalisation de la distance,
amplification de la mobilité, des possibilités d'action et de
manoeuvre. Les protagonistes pouvaient ainsi atteindre et détruire des
cibles hétéroclites et très éloignées avec
une précision inégalée et en un temps record.
69T. D. ONDOA, Construction d'un espace de
sécurité en Afrique Centrale post-Guerre Froide : entre action
des Nations Unies et interventions des puissances
étrangères, Mémoire de DESS en Relations
internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2005, p. 161.
Aussi, pouvaient-ils facilement se mouvoir à
différentes échelles : sous-régionale, régionale et
internationale pour d'éventuelles recherches d'adjuvants. Enfin, ils
pouvaient agir sur de nombreux théâtres successivement ou
alternativement. En tout état de cause, ces appareils ont
contribué à rendre la guerre très sophistiquée, et
donc plus cruelle, violente, meurtrière et destructrice.
B. Les conséquences infrastructurelles et
humaines
Avec des arsenaux tels que présentés plus haut
(supra, pp : 58-62 ; infra, Annexes série 01 : les arsenaux des
protagonistes, pp : 116-122) et le fait que les campagnes aient eu lieu en
pleine ville, cette série de guerres ne pouvait être que
destructrice à une très grande échelle. L'utilisation de
telles armes n'était pas destinée à en atténuer les
conséquences. Il sera examiné l'envergure des désastres y
relatifs au niveau de l'Etat (1), de sa population (2) et à une
échelle élargie à ses voisins (3).
1. Au niveau de l'Etat
Au sortir de cette série de guerres un observateur
stupéfait affirme que « l'état de Brazzaville
évoque Berlin en 1945»70. L'Etat congolais a
essuyé de très importantes pertes, qu'on ne saurait à
l'heure actuelle évaluer à leur juste mesure. Car, chaque jour
qui passe, on ne finit pas d'en découvrir de nouvelles, surtout des
contrats souscrits par les dirigeants avec des partenaires étrangers.
Généralement, ces engagements mobilisent sur des périodes
importantes l'une ou l'autre des ressources naturelles que l'on trouve au
Congo71. Cette politique de l'endettement, a laissé un
héritage difficile pour les générations futures. Les
sommes ainsi
70F.-X., VERSCHAVE, Noire silence. Qui
arrêtera la françafrique ? Paris, Les Arènes, 2000, pp
: 61-62. Cet ouvrage a provoqué le courroux de certains dignitaires
africains qui ont poursuivi son auteur pour «offense à chef d'Etat
étranger».
71Cette politique consistait soit, à
hypothéquer les ressources naturelles non encore exploitées, soit
en négociant directement avec les compagnies pétrolières
présentent au Congo en gageant directement la part de la production qui
revient au Congo, soit encore en la vendant très en deçà
des cours du marché : Cf. REPUBLIQUE DU CONGO, Op. Cit., pp :
83-87. Également G. GAETNER, «Quand LISSOUBA bradait son
pétrole », L'Express, 08/03/2001,
http://www.lexpress.fr, site
consulté le 31/01/2005 ; enfin voire, infra, Annexes, série 3,
quelques documents administratifs, document n°s 04-06, p. 128
et p. 130.
concoctées, à cause de leur caractère
extrabudgétaire, étaient difficilement contrôlables. Soit,
elles servaient l'effort de guerre, soit encore elles prenaient d'autres
directions que celle du Trésor National. Dans les deux cas, c'est au
détriment du peuple congolais. De pareils actes, portants sur des sommes
colossales, ont tellement été récurrents qu'ils n'ont pas
été sans incidence sur la dette globale du pays à la fin
de l'année 1 99772. Ces guerres ont été
désastreuses pour l'économie du pays, déjà pas
très en point avant son déclenchement.
Toujours au niveau de l'Etat, il faut également
déplorer les pertes inhérentes à certaines de ses
infrastructures, exceptées celles relevant du secteur pétrolier
(infra, p. 82, note 89). Nous pensons au patrimoine administratif :
bâtiments, voitures, mobiliers et archives. Etant donné le
caractère urbain des campagnes, les bâtiments administratifs et
les écoles étaient souvent fortifiés en caserne de fortune
et servaient de quartier général. Par conséquent, ils
devenaient des cibles potentielles. Les véhicules administratifs quant
à eux, s'ils n'étaient pas réquisitionnés par des
particuliers non combattants, ils l'étaient par des combattants des deux
camps. Ceux-ci les utilisaient pour leurs besoins personnels : les pillages et
les combats.
Les dernières conséquences qu'il faut
déplorer dans cette série sont la délégitimation et
le renversement de l'autorité et des institutions légales.
Cependant, l'Etat du Congo n'a pas seulement perdu ses infrastructures.
2. Conséquences humaines
On ne peut faire la guerre sans accuser de pertes,
fussent-elles minimes. C'est tout a fait logique dans ce genre d'exercice, et
le cas congolais ne constitue pas une exception. On ne peut s'empêcher de
croire qu'au plan humain, des pertes ont été
considérables. Le gouvernement avance les estimations suivantes : entre
3.000 à 4.000 morts, 300.000 déplacés et 15.000
habitations détruites, pour le seul conflit de 1993 ; entre 4.000 et
10.000 morts pour celui de 1997 et enfin, entre 2.000 à 3.000 morts,
200.000 déplacés et 30.000 habitations détruites pour
celui de fin
72Pour la même période, la dette
interne approchait-elle les 650 milliards de francs CFA, tandis que la dette
extérieure était estimée dans les 2780 milliards de CFA,
environ 22,5% du PIB. Le Congo, incapable d'honorer les échéances
à terme, la BM a déclaré sa dette «
délinquante » en novembre 1997. Voire infra, p. 74, note
85.
1998 à début 199973. Par ailleurs, les
conséquences de cette guerre ne concernaient pas seulement le Congo.
3. Conséquences à l'échelle
sous-régionale
A l'échelle sous-régionale la série des
conflits congolais consacre l'interdépendance désormais en oeuvre
entre certains Etats africains, mais aussi entre ces derniers et certains
acteurs transnationaux du système sous-régional et international.
Spécifiquement, ces conflits montrent que désormais la
sous-région dispose de chefs de guerres, confortés de quelques
milliers d'hommes (Hutu powers, Interahmwés, anciens
éléments de la DST du Président MOBUTU, etc.) auxquels peu
d'opportunités de réinsertion dans la vie civile s'offrent. Ces
chefs de guerre se connaissent, sont solidaires, très actifs et
particulièrement mobiles. Leur déploiement est assimilable
à un ensemble de lignes entrelacées dont l'intersection forme des
noeuds. Ils sont associés dans un faisceau d'échanges et
d'obligations réciproques dont la dynamique vise la consolidation et la
progression des activités des membres dans une ou plusieurs
sphères sociopolitiques. Ces organisations constituent un
véritable danger pour l'intégration, la sécurité et
la circulation des biens et des personnes à l'échelle
sous-régionale avant de représenter dans le même coup, un
important facteur, latent, de déstabilisation des entités
étatiques régulières.
Enfin, cette série de conflits exprime la perte du
monopole étatique de la contrainte armée. C'est un groupe
privé, soutenu par des adjuvants hétéroclites qui a mis en
déroute l' «armée nationale». Ces conflits
révèlent, selon l'expression de ZARTMAN, un modèle d'Etat
en faillite74. Cependant, on ne peut s'empêcher de
s'interroger sur le mobile des combats qui opposent ces différents
acteurs. En effet, pourquoi s'affrontent-ils ?
73REPUBLIQUE DU CONGO, Opus citatum,
préface, p. 07.
74W. I. ZARTMAN, De l'effondrement de l 'Etat.
Désintégration et restauration de l'autorité
légitime, Paris, Nouveaux Horizons, 1997, pp : 1-12.
Cette première partie consacrée au traitement de
la question centrale de cette investigation confirme que le Congo dispose de
quantités importantes de ressources naturelles. Ces dernières
sont d'origines diverses : minières, pétrolières,
hydrauliques, forestières et touristiques. En effet, l'importance
desdites ressources est manifeste en terme de quantités estimées
récupérables avec une quasi certitude et en terme de
quantités effectivement produites annuellement. Cependant, elles sont
inégalement réparties sur l'ensemble du territoire national. Si
les unes sont très valorisées, à l'instar des
hydrocarbones liquides et gazeux, il n'en est pas de même des autres
comme le bois, l'agriculture et les hydrocarbones solides qui le sont moins ou
pas du tout. Toutefois, on ne saurait récuser la centralité de
ces ressources naturelles dans la vie de l'homme moderne.
Par ailleurs, on est tenté de croire qu'un tel
potentiel aurait pu permettre à ce pays de poser les bases de son
développement économique après avoir consolidé la
cohésion et la coexistence pacifiques entre ses différentes
ethnies. Mais, penser ainsi équivaut à très vite oublier
que ce pays était pendant toute la décennie 1990 en proie
à une série de crises armées prolongées. Ces
guerres ont été violentes et ont généré de
lourdes conséquences aux plans humain, infrastructurel et
sous-régional.
Conscient de cet état de faits, ne peut-on pas penser
que les différentes ressources naturelles dont le Congo est pourvu ont,
de quelque manière que ce soit, été d'un apport dans
l'avènement des guerres qu'il a connu entre 1990 et 2002 ? En d'autres
termes, dans quelle mesure ces agrégats, au lieu d'être un facteur
de bonheur, de pacification et d'équilibre entre les Congolais, ont
plutôt entraîné leur misère au point de faire
à ce que ces derniers voient en leurs concitoyens des ennemis potentiels
?
DEUXIEME PARTIE : GEOSTRATEGIE DES RESSOURCES NATURELLES
ET GOUVERNANCE
|
La première grande section consacrée au
traitement de la problématique centrale montre que la présence
sur le territoire de ce pays des ressources naturelles dont on reconnaît
une importance stratégique dans le contexte des sociétés
industrielles et post-industrielles. Il en de même de
l'effectivité de la série des guerres du Congo de 1990 à
2002 est à placer sous le sceau de l'évidence. Naturellement, la
question suivante se pose : pourquoi ces guerres ?
D'emblée, ce qui parait incompréhensible dans
cette rivalité c'est que chaque belligérant voulait à tout
prix s'approprier la victoire. Pour cela, non seulement il combattait avec une
hargne et avec une véhémence hors pairs, mais aussi, il faisait
recours aux moyens hétéroclites et fondamentalement destructeurs.
La finalité de cette belligérance est-elle sans connexion avec
les ambitions d'assurer le contrôle et de valoriser les ressources
naturelles de ce pays par les différentes entités combattantes et
leurs alliés respectifs ? Serait-ce toutes les ressources naturelles
dont ce pays est pourvu qui entretiendraient un lien avec cette série de
guerres ou seulement quelques unes d'entre elles ? Il convient de ne pas perdre
de vue que le fait de disposer d'un accès privilégié aux
dites ressources est une condition sine qua non, d'abord du
développement social, économique et industriel, ensuite et par
voie de conséquence, d'une certaine forme de richesse et de puissance
sur les scènes nationale et internationale.
Pour trouver des éléments de réponses
à ces questions il convient, dans un premier temps de rechercher les
fonctionnalités de ces agrégats dans la structuration des guerres
du Congo (Chapitre III). Cette recherche débouchera dans un second
moment sur l'ouverture du débat relatif, non seulement à l'avenir
de ce pays à l'issue de ce drame, mais aussi après l'extinction
des ressources naturelles sur lesquelles repose son économie
présentement, autrement dit la problématique de la gouvernance
globale au Congo (Chapitre IV).
Chapitre III. Les ressources naturelles dans la
structuration des guerres
Ce chapitre consiste en une réflexion sur les
ressources naturelles comprises comme des germes de situations conflictuelles.
En effet, dans le cas de la série des conflits armés congolais de
1990 à 2002, peut-on dire qu'elles ont été
décisives dans la survenance et dans le déploiement de cet
état particulier des rapports humains ? Nous tenterons une
réponse à cette interrogation en deux niveaux d'analyse. Le
premier poursuivra un tel effort en recherchant l'opérationnalité
de ces données dans la lutte pour les rentes (Section I). Le second
tentera de situer ces agrégats dans les stratégies des
multinationales de l'énergie impliquées dans cette circonstance
(Section II).
Section I. Les ressources naturelles dans la lutte pour
les rentes
Cette première section constitue les deux premiers
niveaux de réponses que nous apporterons au questionnement
spécifié plus haut. Ainsi, s'il paraît judicieux de
déterminer la place de ces ressources dans les stratégies des
acteurs nucléaires (A) ; il ne sera pas non plus superfétatoire
de se prononcer sur leur place dans les plans de leurs adjuvants
sous-régionaux (B).
A. Fonctionnalité des ressources naturelles dans le
jeu politique interne
Il est question de déterminer la fonctionnalité
des ressources naturelles stratégiques dans le jeu politique interne. En
d'autres termes, quelle est la valeur de ces agrégats pour les
animateurs de la scène nationale et dans la structuration de leurs
politiques ? Tour à tour, il sera examiné la prise de conscience
sur la centralité de ces agrégats (1) et le fait que ces
agrégats sont un facteur prépondérant dans
l'élaboration et la mise en oeuvre des stratégies des
états-majors (2).
1. La prise de conscience
Quand le Président Pascal LISSOUBA prend les rênes
de l'Etat en août 1992 à l'issue des premières
élections libres de l'histoire contemporaine du Congo, la
tâche qui l'attend n'est pas facile. L'Etat est en
cessation de paiements et l'endettement est colossal75 ;
l'armée est acquise à l'ancien président et les conditions
de vie des populations deviennent de plus en plus précaires,
amplifiées par le chômage toujours croissant. Conscient de cela,
le nouvel exécutif desserre l'étau en jouant la carte des
ressources naturelles stratégiques. Il met en concurrence le plus
important opérateur pétrolier, le groupe Elf
Aquitaine, avec les compagnies américaines parmi lesquelles
Occidental Petroleum. Dans la foulée, il a obtenu la
reconsidération de la part de production réservée à
l'Etat congolais, de 17% à 33%, et la mutation du régime des
concessions vers celui de partage de production. Si cette première
action est une victoire, il n'en demeure pas moins qu'à terme, les
négociations avec le FMI et la BM étaient inévitables en
vue de la restructuration de la dette, de l'amélioration des
performances économiques et éventuellement de l'admission du pays
dans le giron des PPTE. Les considérations précédentes
suscitent ces quelques observations.
L'acte de l'exécutif confirme la
prépondérance des hydrocarbones liquides et gazeux dans la vie de
la nation comme nous l'avons déjà remarqué plus haut
(supra, pp : 3 7-38). En mettant en concurrence le principal
opérateur pétrolier, le gouvernement, et par ricochet les autres
acteurs de la scène nationale, réalisent la centralité de
cette ressource dans la stratégie d'approvisionnement de ce dernier,
l'intérêt que d'autres sociétés multinationales
affichent vis-à-vis du marché congolais et le caractère
stratégique de cette ressource dans le jeu international. Notamment, ils
se rendent compte de la possibilité de pouvoir jouer ou compter sur
cette ressource pour atteindre leurs objectifs.
75Selon les Rapports sur le développement
dans le monde successifs de 1993 à 1999, le Congo faisait partie des
pays gravement endettés, derrière l'Algérie, l'Irak et
l'Angola. En 1997, cette dette est classée
«délinquante» par la BM, Dépêche de l'AFP, 071646
du 07/11/1997. En 1999, elle était estimée à 2780
milliards de Francs CFA ; et le pays faisait partie des 41 pays très
endettés. A ce sujet, confère : BANQUE MONDIALE, Rapport sur
le développement dans le monde : investir dans la santé,
Washington, 1993, page 337 ; également, BANQUE MONDIALE, Rapport sur
le développement dans le monde : une infrastructure pour le
développement, Washington, 1994, page 267 ; également,
BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : le
monde du travail dans une économie sans frontières,
Washington, 1995, p. 274 ; également, WORLD BANK, World
developpement repport : the states in a changing world, Washington, page
264 ; également, BANQUE MONDIALE, Rapport sur le
développement dans le monde : le savoir-faire au service du
développement, Washington, 1998-1999, p. 278.
Aussi, l'intervention conjointe du FMI et de la BM
montre-t-elle que bien avant l'avènement du nouveau régime, la
situation générale du pays n'était pas des plus bonnes.
Car, les revendications sociales étaient à l'ordre du jour.
Autrement dit, cette atmosphère était déjà
très favorable à l'installation d'une crise. Mais, il n'en
demeure pas moins que les mesures d'accompagnement du PAS dictées par
ces institutions (privatisation des entreprises publiques et
déconcentration de la fonction publique suivies du gel des prêts
multilatéraux avant l'aboutissement de ce processus) ont achevé
de déboulonner une conjoncture combien déjà
précaire, en rehaussant significativement le taux du
chômage76. Ce désespoir touchait
particulièrement la frange jeune de la population et la
vulnérabilisait considérablement vis-à-vis des politiciens
véreux et peu scrupuleux. Ces derniers pouvaient solliciter et obtenir
son soutien à tout moment dans leurs stratégies de
positionnement, dans les mouvements de conquête, de conservation ou de
consolidation du pouvoir comme le souligne cet observateur :
« I1 faut rappeler que, contrairement au conflit
rwandais, les violences brazzavilloises de 1993-1994 n'ont pas engagé
massivement toute la population, mais uniquement une frange de jeunes
recrutés par les partis politiques parmi plusieurs
générations de déclassés des quartiers : jeunes
déscolarisés ou désoeuvrés, délinquants ou
sinistrés. [ ...] On ne saurait donc, à propos des
événements de cette année-là parler d'explosion de
l'irrationnel ou d'irruption de l'ethnicité : les jeunes miliciens, en
majorité âgés de 18 à 22 ans ont incontestablement
été l'objet d'une manipulation, d'autant plus facile qu'elle a
été menée à une époque où
l'effondrement économique leur interdisait pratiquement tout
77
espoir d`accéder au statut social de leurs
aînés ».
C'est cette conjoncture qui, couplée à des
effets pervers de l'intervention de ces instituions, conditionnera
désormais le jeu des acteurs, aussi bien celui de ceux qui sont
chargés de la gestion quotidienne de l'Etat, lesquels chercheront
à consolider et à conserver cette posture, que pour ceux qui
pensent le changement du statu quo. Mais, comment exprimer
matériellement cette prépondérance des
76J. SACHS, «FMI : le pompier
pyromane», entretien avec John. R. McINTYRE, in WAJMAN, Patrick,
(dir.), Politique Internationale, n°80, Paris,
Berger-Lévrault, Eté 1998, pp : 19-20.
77E. DORIER APPRIL, « Jeunesse et
ethnicités citadines à Brazzaville », in MUSANJI
NGALASSO, Mwatha, (dir.), Démocratie : le pouvoir des mots,
Politique africaine, n°64, décembre 1996, in
http://www.poliqueafricaine.com,
site consulté le 02 mai 2005.
hydrocarbones liquides et gazeux dans la structuration des
rapports politiques internes ?
2. Un facteur prépondérant dans les
stratégies des états-majors
Toute entreprise, allant des plus banales comme manifester son
intérêt pour une jeune fille, à la plus complexe, à
l'instar de gagner une guerre, présuppose la mise en place
d'une combinaison d'actions pour parvenir aux objectifs visés. Les
acteurs nucléaires de l'échiquier congolais ne l'ont pas
ignoré, car ils ont su déployer plusieurs stratégies pour
exprimer leur volonté de capitaliser la victoire. Dans celles-ci, les
ressources naturelles stratégiques, au premier rang desquelles les
hydrocarbones liquides et gazeux d'une part, et le bois d'autre part, ont
occupé une place centrale. Elles ont été d'un important
apport dans la constitution, la maintenance des moyens de l'effort de guerre et
dans la structuration des alliances78. C'est à partir de ce
moment que le conflit congolais a changé de physionomie.
Désormais, il met en évidence un facteur constitutif majeur de la
privatisation de la guerre : l'importance des alliances commerciales et
militaires. Celles-ci sont nouées par les belligérants avec de
grandes compagnies internationales, forestières, minières ou
pétrolières et avec des officines spécialisées dans
le savoir-faire militaire. A un moment ou à un autre, toutes ces
structures ont été sollicitées par les protagonistes et
leur ont fourni les moyens de leur action, en contre partie de ces
ressources.
Ces solidarités ont contribué au
développement des dettes gagées sur toutes sortes de produits,
pétrole et bois notamment, avant de favoriser la militarisation
croissante des acteurs nucléaires. Désormais,
bénéficiant de revenus propres, chaque belligérant est
devenu moins contrôlable. Ces ressources leur ont conféré
l'autonomie d'action dans leurs différents mouvements de lutte pour la
conquête ou pour la conservation du pouvoir. Toutefois, ce n'est
là qu'un pan de
78Notamment, afin de forcer les portes des divers
secteurs d'activités, indispensables dans la mise en oeuvre et pour le
déploiement de leurs stratégies : les milieux de la haute finance
à travers les banques, les officines spécialisées dans la
logistique et de l'assistance de guerre, etc.
l'opérationnalité des ressources naturelles dans
cette série de guerres. Car, à ces dernières, était
lié en partie le destin de certains acteurs sous-régionaux.
B. Les ressources naturelles stratégiques dans le
jeu sous-régional
A cette échelle, les alliances sont faites suivant un
système d'enchevêtrement d'intérêts de plusieurs
ordres. Parmi ceux-ci, les hydrocarbones liquides et gazeux de la ZIC
Angola-Congo représentent les intérêts les plus
déterminants. En effet, leur ombre apparaît certes en filigrane,
mais domine en réalité les stratégies des acteurs. Ceux-ci
se retrouvent dans un système où chacun, tout en servant les
intérêts des autres, permet de trouver son propre compte.
L'échiquier congolais consacre deux variantes de cette logique des
alliances stratégiques. C'est le cas entre un Etat et une coalition de
forces sub-étatiques pour combattre un Etat, et entre un Etat et des
forces intra étatiques pour venir à bout d'une ligue de forces
sub-étatiques. Par là, il faut reconnaître les
rapprochements successifs entre les forces de l'UNITA et du FLEC avec celles de
la coalition présidentielle à Brazzaville (1) et celui qui a mis
les forces de PCT et celles du MPLA dans un même camp (2).
1. L'intervention angolaise : au-delà de
l'intégrité territoriale
Si l'Angola intervient sur ce théâtre, c'est
d'abord parce que le pouvoir en place au Congo accorde des facilités aux
organisations rebelles vis-à-vis de l'Etat central angolais : l'UNITA et
le FLEC. Ces mouvements se servaient du territoire congolais, soit comme base
de repli ou d'attaque dans la lutte qui les oppose au gouvernement de Luanda,
soit encore elles bénéficiaient des opportunités de
transit par le territoire congolais79. L'on constate que pour
l'Angola, il est question de résoudre un problème interne : le
contrôle du territoire national. Equilibrer cette équation est une
condition sine qua non à sa stabilité.
Par ailleurs, on ignore souvent que les dernières
grandes découvertes pétrolières et gazières
réalisées en Afrique pendant cette décennie ont
été faites aux
79J. SAVOYE, « Pétrole et la guerre
d'Angola », in, BONIFACE, Pascal, (dir.), Energie et relations
internationales : Revue Internationale et Stratégique,
n°29, Paris, Arlea, Printemps 1998, p. 188.
larges de la ZIC, un espace maritime coincé entre le
Congo et l'Angola (côté angolais aux larges de
Cabinda80). Certains de ces gisements devaient faire l'objet d'une
valorisation conjointe entre ces deux pays à partir de l'année
2000. A court terme, la valorisation de ces gisements devait consolider
l'Angola dans sa posture de deuxième puissance productrice d'or noir
dans la zone Sub-Saharienne après le Nigeria, et peut-être
même lui permettre de rivaliser avec ce dernier à long terme. Dans
cette optique, l'Angola avait besoin d'un allié sûr à
Brazzaville. Le régime du Président Pascal LISSOUBA ne faisait
pas l'affaire en aidant l'UNITA et le FLEC. Cette intervention couplée
à celle réalisée antérieurement au Congo
ex-Zaïre, peut être perçue comme un signal fort qui tend
à conforter sa posture vis-à-vis de la poussée
révolutionnaire ougando-rwandaise, particulièrement active
à l'Est, et dont la destination finale pouvait bien être la
côte Atlantique au fort potentiel pétrolier et gazier. Les pays de
cette zone étaient à cette époque, soit déjà
producteurs de l'or noir : l'Angola, le Gabon, le Congo et le Cameroun ; soit
encore ils étaient en voie de le devenir : le Tchad et la Guinée
équatoriale.
Ce dernier aspect permet de comprendre les logiques qui ont
prévalues aux interventions successives du Tchad et du Gabon. Le ciment
fédérateur de cette coalition se trouve être la crainte du
renouvellement des équilibres politiques, stratégiques,
économiques et socioculturels dans la région, du fait d'une
connexion qui aurait pu s'établir entre la poussée
révolutionnaire issue des Grands Lacs, les rebellions angolaises et la
coalition gouvernementale au Congo. A propos, quelques documents prouvent que
les initiateurs de cette vague avaient reçu des appels à l'aide
de Brazzaville :
« Le 04 septembre dernier, LISSOUBA, arrivé
sans crier gare à Paris, trouve porte close au Château.
Semoncé au téléphone par CHIRAC, il réplique sur le
ton de la dignité outragé. Coupable d'avoir boudé un
sommet de chefs d'Etats à Libreville, l'ancien haut
fonctionnaire de l'UNESCO, en mal d'alliés, entreprendra une vaine
tournée fort peu francophile. Cap sur les « trois K »
:
81
Kinshasa (Congo démocratique), Kigali (Rwanda)
et Kampala (Ouganda) ».
80La province de Cabinda représente plus de 50%
des réserves pétrolières angolaises.
81V. HUGUEUX, «Le Brut et les
truands», L'Express, 23/10/1997, disponible sur le site
Internet :
http://www.lexpress.fr,
consulté le, 31/01/2005 (le gras est de nous).
Il apparaît clairement qu'en intervenant au Congo,
l'Angola se consolide à la fois comme producteur pétrolier de
premier plan en Afrique subsaharienne et comme une puissance militaire
incontestable en mesure de protéger ses propres ressources naturelles et
de jouer le rôle de gendarme au niveau sous-régional. Mais, qu'en
est-il des interventions des entités sub-étatiques ?
2. Les entités sub-étatiques : la logique des
appuis réciproques et la logique des affaires
L'intervention de ces entités obéit à
deux grandes trajectoires. Ces entités sont là, soit pour
épauler les belligérants dans l'aboutissement de leur cause tout
en entretenant l'espoir que ceux-ci les aideront par la suite à imposer
la leur, soit pour vendre leur savoir-faire guerrier aux protagonistes. Dans
l'une comme dans l'autre trajectoire, les hydrocarbones liquides et gazeux
occupent une fois de plus une place centrale. L'examen de chacune de ces
trajectoires s'impose.
a. La logique des appuis réciproques
Cette logique correspond à un système de troc.
En s'alliant chacun sert les autres et réalise en même temps ses
propres buts. Elle est manifeste avec les acteurs qui contestent le pouvoir en
place en Angola, à savoir le FLEC et l'UNITA. Par exemple, l'UNITA
avaient dépêché auprès du camp gouvernemental
congolais quelques-uns des ses Antonovs. En contrepartie, le
pouvoir de Brazzaville lui garantissait des possibilités
d'approvisionnement par les infrastructures congolaises de communication. Avec
l'effondrement du régime du Président MOBUTU au Zaïre, la
survie de ces deux mouvements était liée à ces
infrastructures. Pour l'UNITA et pour le FLEC, intervenir au Congo
apparaît d'abord comme une nécessité de
rééquilibrer les bases de la distribution de la puissance dans la
nouvelle configuration du rapport de force qui les oppose au gouvernement de
Luanda après l'effondrement du régime du Président MOBUTU.
Ces interventions s'expliquent ensuite par le poids de l'histoire
conjuguée à des intérêts pétroliers.
Historiquement, il faut y voir l'empreinte de l'ancien royaume
Kongo qui comportait au XVIème siècle des
régions situées dans le Congo actuel, l'ex-Zaïre et le Nord
de l'Angola. Dans certaines régions de l'Angola à l'instar de
Cabinda, la population est majoritairement Kongo. Celle-ci a fui la
colonisation portugaise et s'est installée dans les deux Congos dans les
années 1960, avant de tenter un retour sans succès en 1975,
surtout celle qui était installée en RDC, avec le FNLA battu
devant Luanda. Cette dernière vague a été
réactivée à la fin des années soixante dix par le
Zaïre. Pour cela l'Angola avait réactivé les
sécessionnistes katangais.
Or, une crainte analogue a de nouveau effleuré la
conscience du gouvernement angolais avec le régime du Président
LISSOUBA au Congo. Car, il voyait en lui un partenaire important de ce
mouvement, qui de plus est lui aussi d'origine Kongo. Autrement dit,
l'Angola craint toujours une sécession de cette région qui inclut
en partie le Cabinda, c'est-à-dire plus de 50 % de ses réserves
pétrolières. Il ressort que intervenir au Congo pour l'UNITA et
le FLEC apparaît également comme une façon de rester
solidaires aux leurs, malmenés par des usurpateurs venus du Nord (du
Congo), qui, depuis près de quarante ans profitent
énormément des hydrocarbones liquides et gazeux du Sud au
détriment des autochtones. Dans cette optique, les épauler
à conserver le contrôle des sources des hydrocarbones de l'empire
des «étrangers» venus du Nord s'impose comme un devoir
naturel. Cette même logique prévaut également en Angola
où une oligarchie métisse, s'est érigée depuis
l'indépendance en gestionnaire des richesses pétrolières
du Nord au détriment des autochtones. Ce constat de P. NGANDU NKASHAMA
est illustrateur de cet état de faits :
« Chez les messianistes, aussi dominent,
cette idée de la propriété de la terre et des richesses
qui doivent revenir aux populations héritières des anciens
royaumes et qui transcendent les frontières. Lorsque l'on
découvre le pétrole au Nigeria, le groupe sur le sol duquel il
est trouvé dit : ``il est à nous en tant que membre de l'ancien
royaume». Et si le filon traverse les frontières de l'Etat, ceux de
l'autre côté répondent : ``Nous sommes frères,
ça nous appartient aussi, donc associons-nous. Cette donnée
économique crée une idée nationale en contradiction avec
le pouvoir en place. D'où les guerres. Même raisonnement
pour le pétrole off shore de l'ancien royaume du Kongo (Angola,
Zaïre, Congo). D'où le conflit entre SASSOUNGUESSO et LISSOUBA, en
fonction du principe que ceux qui n'appartiennent pas
à ce royaume n'ont aucun droit sur le
pétrole. Et c'est pour cela que le Congo et
82
l'Angola s'entendent quand il s'agit de ce
problème-là ».
Vu sous ce prisme, il y a plusieurs dimensions qui justifient
ces intrusions réciproques de l'UNITA et du FLEC dans le conflit
congolais et vice-versa. Mais, ce qui est important et qui mérite
d'être signalé ici reste la maîtrise de la richesse
nationale matérialisée par les hydrocarbones liquides et gazeux.
Mais, le paradigme des appuis réciproques, seul, ne suffit pas pour
capter le sens de cet autre modèle d'alliance qui n'obéit plus
à la logique du troc. C'est pour cela que nous convoquons la logique des
affaires.
b. La logique des affaires
Elle correspond à la mise en place d'une nouvelle
économie désignée officiellement par le vocable
économie parallèle ou de guerre. Les entités qui
interviennent dans cette catégorie sont, soit des intermédiaires
des grandes multinationales de l'armement originaires des pays de l'ancien bloc
de l'Est et sont basées en Afrique du Sud, soit encore des agences
locales spécialisées dans le savoir-faire guerrier. En effet,
hors de tout cadre institutionnel, cette logique permet aux
belligérants, aidés par ces officines spécialisées,
de privatiser les ressources de l'économie officielle. Elle consacre
l'apparition d'intervenants nouveaux qui opèrent sur sollicitation et
suppléent les insuffisances des forces légitimes ou de celles qui
contestent l'Etat.
La particularité sur la scène congolaise c'est
que ces entités se comportent comme des entreprises ordinaires. Elles
proposent des offres, localisent les marchés sur lesquels on peut
trouver les produits demandés et ont des cahiers de charges (infra,
Annexes, série 3 : quelques documents administratifs, documents
n°S 01 et 02, pp. 124-125). Elles proposent un
ensemble de prestations : logistique, encadrement et fourniture d'armes. Selon
les mots de J.-F. BAYART, l'expression «mercenaire»
82P. NGANDU NKASHAMA, «Le Pouvoir en
Afrique », entretien, in GARAUD, Marie-France, (dir.), Afrique :
acteur ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF,
octobre 1998, p. 36. On retrouve aussi un même argumentaire chez J.
SAVOYE, « Pétrole et la guerre d'Angola », in
BONIFACE, Pascal, (dir.), Energie et relations internationales :
Revue Internationale et Stratégique, n°29, Paris, Arlea,
Printemps 1998, pp : 176-177 ; 181 (le gras est de nous).
est proscrite ; dorénavant on parle de
«prestataires de services»83. Incontestablement, c'est
avec des sommes d'argents obtenues avec la privatisation des ressources
nationales que les belligérants se paient de tels services qui
reviennent excessivement onéreux (infra, Annexes, série 3 :
quelques documents administratifs, documents n°S 01 et
02, pp. 124-125). C'est toujours avec ces sommes d'argents que les
protagonistes ont pu se procurer des armes de guerres ultramodernes (infra,
Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photos
n°s 01 à17, pp : 116-122). Ces ressources
permettent à tout mouvement qui le souhaite de s'équiper à
bon compte.
En effet, ce jeu des alliances dans la distribution de la
puissance, était-il valable uniquement à l'échelle
sous-régionale ou encore impliquait-il d'avantage d'autres
entités, fondamentalement celles qui ne relèvent plus
forcément de cet espace ? Sommes-nous autorisés à penser
que certaines grandes nations industrialisées, au travers de leurs
firmes multinationales, étaient-elles également engagées
dans ce jeu ?
Section II. Les rivalités entre les
multinationales
Contrairement à une certaine école qui professe
l'inutilité de l'Afrique vis-à- vis du monde
développé, cette section montrera à travers la
problématique de l' «Afrique utile »84,
que ce continent lui est d'un apport précieux. Cette importance est
variable dans le temps, selon les domaines et selon les régions.
L'objectif à atteindre ici est de savoir si le Congo est une zone de
l'«Afrique utile». En effet, quelle est la
spécificité du Congo au sein de ce concept de l'«Afrique
utile » (A) ? Aussi, le drame congolais de 1990 à 2002 ne
peut-il pas se comprendre comme un pan du grand jeu international relatif
à la maîtrise des sources d'énergie (B) ?
83J.-F., BAYART, « L'Embrasement de l'Afrique
Subsaharienne », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique
Internationale, n°77, Paris, Automne 1997, p. 189.
84Expression que nous empruntons à S. SMITH,
«France-Afrique : la fin d'une époque », in WAJMAN,
Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°67, Paris, Printemps
1995, p. 267.
A. Le Congo dans la problématique de l'``Afrique
utile»
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, l'activité
des analystes est orientée vers la lutte contre le terrorisme. Pour
cela, certaines zones de la planète sont oubliées de fait en
raison du peu de retentissement des études sur elle. L'Afrique fait
partie de cette catégorie. Cet oubli de l'Afrique a suscité
à AIRCADI de Saint Paul la réflexion suivante :
« Le continent noir ne semble pas constituer une
priorité pour les USA malgré l'intérêt initial qui
lui fût porté par le président KENNEDY. L'action des USA
est de type intermittent : gendarmes à éclipses, interventions
sporadiques, le gouvernement américain pris dans un réseau de
contradictions internes ne paraît pas avoir de politique africaine. Plus
précisément, s'il intervient dans les périodes de tension
au cours desquelles les intérêts occidentaux paraissent
menacés, il a peut être mis en oeuvre des politiques, mais, n'a pu
offrir aux USA eux-mêmes une mystique africaine
»85.
Si ces représentations ne sont pas sans rapport avec la
réalité, on devrait se garder de croire que ce continent est
inutile au reste du monde. En effet, certaines régions du continent sont
d'une très grande utilité pour les grandes nations industrielles
parce qu'elles personnifient plusieurs séries d'enjeux
économiques. C'est cette opinion qui est conceptualisée à
travers la problématique de l'` `Afrique utile». Autrement dit,
certaines provinces indispensables pour l'expansion industrielle de l'Occident
se trouvent en Afrique. C'est le cas du Golfe de Guinée, l'un des grands
espaces forestiers, l'un des plus grands bassins pétroliers et
aquatiques du monde. Une bonne partie des enjeux environnementaux, climatiques,
énergétiques et économiques mondiaux d'aujourd'hui et de
demain est liée à cet espace. Il est une composante de la
géographie de l'` `Afrique utile».
De fait, l'exploitation des ressources
pétrolières dans cette zone a débuté au lendemain
de la seconde Guerre Mondiale. D'abord avec l'Angola en 1956, elle s'est
étendue l'année d'après avec le Gabon avant de
s'élargir au Nigeria en 1958, et dans les deux Congos, successivement
à la fin des années 1960 et début 1970. L'aventure s'est
poursuivie enfin avec le Cameroun et très récemment à la
Guinée Equatoriale et au Tchad. Les seules productions de ces pays
gravitent, pour la
85De St. P., AIRCADI, La Politique africaine des
USA, mécanismes et conduite, Paris, Economica, 1984, p.
IX.
plupart, autour de 15 Mb/an, en dehors du Nigeria et de l'Angola
qui sont des producteurs millionnaires.
Les perspectives pétrolières dans le Golfe de
Guinée se présentent sous les meilleurs auspices. En effet, avec
des réserves estimées à 8,1 milliards de tonnes au
début des années 90, soit 6 % des réserves mondiales
prouvées, des coûts d'extraction du baril compris entre 5 et 7
dollars, contre 7 et 9 dollars en moyenne mondiale, coûts que les firmes
pétrolières peuvent espérer faire encore baisser,
grâce à l'utilisation massive d'une technologique de pointe. Cette
région se présente déjà comme l'une des plus
dynamiques en matière d'exploration pétrolière marine. Le
constat de cet habitué à ces questions ne détrompe pas
:
« En effet, avec le progrès technologique et
la possibilité de produire à plus de 1700 mètres de
profondeur, voire bientôt 2000 mètres, l'Afrique de
l'Ouest, avec le Golfe de Guinée, devient une province
pétrolière qui présente un grand intérêt pour
les compagnies internationales, en leur ouvrant un nouveau terrain de chasse ou
de prospection, à côté de la mer Caspienne qui
commence à s'ouvrir à l'exploitation étrangère.
»86.
Rien d'étonnant à ce que « l'Afrique
soit dans les dix, vingt prochaines années, le champ de
bataille le plus chaud, dans la répartition des nouveaux
marchés pétroliers»87 dans le monde. La
confirmation de ces données renforce la centralité de cette zone
comme principale province pétrolière africaine et comme une zone
internationale d'importance majeure. Cela, aussi bien pour les principaux
partenaires que sont, entre autres, les Etats-Unis d'Amérique et
l'Europe Occidentale, qui y tirent une partie de leurs approvisionnements
pétroliers, que pour les Etats riverains eux-mêmes et leurs
quelques 200 millions d'habitants, pour lesquels la mer est, respectivement, un
espace nourricier essentiel et une source de devises.
86B. BENSAID, « L'Afrique subsaharienne :
un continent endetté au potentiel pétrolier prometteur
», in, GARAUD, Marie-France, (dir.), Afrique : acteur ou
enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998,
p. 133 (le gras est de nous).
87A. D. OGOULAT, « La Commission du golfe
de guinée, instrument du renouveau maritime au rôle fondamental
que jouent les océans dans le processus d'affirmation des Etats dans le
système international et sous-régional ? », in COUTAU-
BEGARIE, Hervé, (dir.), « Le Continent oublié
», éditorial, Revue stratégique,
n°80, 2004,
http://www.stratisc.org.
1. La place du Congo dans la géopolitique des
hydrocarbones
Cette sous-section pose la problématique des avantages
inhérents à l'exploitation des hydrocarbones au Congo. Pour cela,
il sera examiné la place des approvisionnements par rapport aux
pôles de consommation (a) et les autres possibilités offertes par
ce pays dans le même domaine (b).
a. Les approvisionnements par rapport aux pôles de
consommation
Les puits de pétrole congolais sont situés aux
larges de l'Atlantique. Cela constitue un atout indéniable dans
l'acheminement des approvisionnements vers les grands pôles de
consommation : l'Europe occidentale ou l'Amérique du Nord. Il n'est pas
nécessaire pour cela de transiter par les canaux et les détroits,
ou encore de traverser des pays entiers par des oléoducs ou des
gazoducs. Ces faits révisent considérablement à la baisse
les coûts supplémentaires, en termes de droit de passage ou de
transit des approvisionnements, avant de reconsidérer la
problématique de la sûreté des convois, vu les actes de
banditisme ou de sabotage dont sont souvent victimes les cargaisons en transit
et les oléoducs ou les gazoducs. Car, les multinationales de
l'énergie cherchent en général à maximiser leur
production et leurs revenus. Aussi, cherchent-elles à réduire les
risques d'interruption et de chantage aux redevances. Cette
problématique trouve un écho très fort chez M. CHATELUS
quand il dit que « le maillon le plus faible de la chaîne
d'approvisionnement pétrolier n'est donc pas l'accès aux
ressources et à la production de brut, mais les aléas du transit
pétrolier et les ruptures éventuelles, par accident ou par
diverses formes d'agression des voies de communication
»88.
Dans ce domaine, le Congo présente des atouts
indéniables. D'abord, ses gisements de pétrole et de gaz naturel
sont situés en off shore. Ce fait explique en partie pourquoi
ils sont restés à l'abri des troubles politiques et sociaux qui
ont
88M. CHATELUS, « La
Méditerranée orientale, la mer Noire et la géopolitique du
transit des hydrocarbures », in BONIFACE, Pascal, (dir.), Energie
et relations internationales, Revue Internationale et
Stratégique, n°29, Paris, Arlea, Printemps 1998, p. 120.
ravagé le pays89. Ensuite, les chargements
peuvent se faire directement à partir du port de Pointe-Noire où
un terminal a été aménagé à cet
effet90. Ce port est la cheville ouvrière de la
stratégie française des approvisionnements pétroliers en
Afrique. Le trajet et la durée des convois des approvisionnements en
provenance du Congo, comme d'ailleurs de toute la zone à laquelle il
appartient, sont beaucoup plus prévisibles. Celui-ci se fait souvent en
ligne relativement droite, aussi bien vers l'Amérique du Nord que vers
l'Europe occidentale. Ce dernier aspect est très important, dans la
mesure où il permet aux opérateurs pétroliers de rassurer
les consommateurs sur les dates d'arrivée et de livraison effectives des
produits. Cela accroît l'audience et le crédit de ces
multinationales auprès de leurs clients ou de leurs gouvernements
respectifs.
Enfin, comparé aux pays du Golfe Arabo-persique, du
Golfe du Mexique ou de l'Asie centrale, le Congo offre une fiscalité et
des termes de contrat d'exploitation très favorables. Cet aspect est un
avantage commun à la majorité des pays producteurs d'or noir
d'Afrique situés au sud du Sahara. Pour terminer, le pétrole
congolais est, non seulement d'assez bonne qualité, mais aussi
présente des conditions attractives pour l'exploitation en raison de
bonnes conditions de terrain, lequel ne présente pas une forte
sismicité. En plus de ces avantages qui viennent d'être
signalés et qui traduisent la spécificité du Congo dans la
géopolitique des hydrocarbones liquides et gazeux, il convient d'ajouter
qu'il existe d'autres possibilités alternatives.
b. Des possibilités alternatives
Ce sont les autres possibilités que le Congo est
susceptible d'offrir aux multinationales du fait de sa situation
géographique et de la diversité des matières
89S'attaquer à ces installations exige de
très hautes qualifications techniques, lesquels font souvent
défaut aux protagonistes. Aussi, ces derniers comptaient-ils sur cette
ressource pour réorganiser le pays.
90Le Port Autonome de Pointe-Noire est le premier
port en eau profonde au sud de Dakar. Il est très bien
équipé, non seulement pour ce genre d'opération, mais
aussi pour l'amarrage et le ravitaillement des tankers géants : il peut
recevoir des navires ayant un tirant d'eau de 13,20 mètres, calant 34
pieds et mesurant 230 m de longueur ; il offre des conditions hydrologiques les
plus favorables à l'implantation d'un port d'éclatement pour
l'ensemble de la zone au regard de la nouvelle génération des
porte-conteneurs. Il est en mesure de desservir simultanément le Congo
et ses voisins. Pour plus d'informations, voire le site Internet :
http://www.izf.net.
premières issues de son sol et de son sous-sol. Cela
est traduit ici par le vocable «possibilités alternatives».
Concrètement, cela signifie qu'une multinationale
pétrolière qui réussi son installation au Congo s'offre
plusieurs autres avantages.
Étant donné la diversité des ressources
naturelles qu'il y a sur son sol, une très bonne assise pour une
multinationale dans ce pays peut être une occasion pour cette
dernière de diversifier ses activités à la longue, une
fois son installation réussie. Ainsi, au lieu que ses activités
portent sur un seul secteur comme celui du pétrole par exemple, elles
pourront s'étendre à plusieurs secteurs à la fois : le
bois, l'uranium, etc.
Une installation réussie au Congo peut aussi
s'interpréter comme une bonne base de départ pour une longue
odyssée économique : la conquête des sous-régions
Afrique Centrale, Afrique des Grands Lacs et le Golfe de Guinée. Cette
conquête commencera par les pays avec lesquels le Congo possède
des frontières communes, lesquels pays ont les mêmes
potentialités que lui. C'est le cas, au niveau des frontières Sud
et Ouest, respectivement de l'Angola et du Gabon, deuxième et
troisième producteur de pétrole en Afrique subsaharienne. C'est
également le cas avec son voisin de tout le long de la frontière
Est et Sud-est, la RDC, qu'on qualifie de « scandale géologique
»91. Il ressort de ce qui précède que le
Congo est une pièce en mesure de structurer efficacement la
stratégie des multinationales au sein de ces zones. Mais, peut-on
estimer que ce qui se passe au Congo pendant la période qui concerne
cette étude participe du grand jeu international sur la maîtrise
des sources de l'énergie ?
B. L'épisode congolais : un pan du jeu international
pour la maîtrise des sources d'énergie ?
Ici, l'objectif poursuivi est de savoir si la série des
guerres congolaises de 1990 à 2002 participe du grand jeu international
relatif la domestication des
91B. DEBRE, « L'Afrique convoitée
», in GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu
? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 91 ;
également : B. LUGAN, « l'Afrique qui bouge », in,
GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ?
Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 18.
ressources naturelles indispensables au fonctionnement des
industries et des économies des grandes puissances. Tour à tour,
il sera examiné la signification de la maîtrise des sources de
l'énergie dans le contexte contemporain (1) et l'incidence des
stratégies de positionnement et de repositionnement des multinationales
sur les guerres du Congo (2).
1. Le sens de la maîtrise des sources
d'énergie
Dans le contexte actuel, la maîtrise des sources de
l'énergie se pose comme un facteur sans lequel le rayonnement,
l'attractivité ou la crainte qu'un acteur international peut inspirer
à ses homologues s'effondreraient comme un château de cartes. Ce
diagnostic de M. BEDJAOUI ne fait que conforter ce constat :
«Depuis toujours, le contrôle des
marchés extérieurs et la recherche des sources
d'approvisionnement en matières premières et en énergie,
ont constitué la trame de l'histoire universelle. C'est pourquoi, il est
peu de conflit, ou de tensions graves dans les relations internationales, sans
racines économiques. C'est que le conflit, c'est-à-dire
l'opposition d'intérêts, semble comme devoir faire
inévitablement partie de l'essence même de l'économie qui,
par définition, antagonise des agents dont les objectifs sont de se
« gagner », de se « vaincre » les uns les autres. Il
apparaît au surplus que les biens matériels sont des signes qui
déterminent les niveaux de puissance ou les rapports de pouvoir, tant il
est vrai qu'il n'est en fin de
92
compte de pouvoir qu'économique ».
Cette affirmation montre que contrôler et
maîtriser les sources et les voies de transit de ces agrégats se
pose aux Pays Développés comme un impératif majeur
à un triple point de vue.
Primo, la maîtrise des sources de
l'énergie est une politique de souveraineté. Elle a une incidence
sur la politique interne et sur les ambitions externes d'un Etat. Au plan
interne, cette maîtrise est synonyme de relance de l'industrie et facteur
de stabilité sociale. Dans ce sens, elle contribue à la
prospérité et à la stabilité de la nation. Au plan
externe, la pérennisation de la posture actuelle des Pays
Développés sur la scène internationale est
étroitement liée à cette ressource.
Secundo, tourner le dos à la maîtrise
des sources de l'énergie est une démission. Par cet acte,
l'Occident renoncerait désormais à exercer son influence
92M. BEDJAOUI, Préface, D. ROSENBERG, Le
Principe de la souveraineté des Etats sur les ressources
naturelles, Paris, LGDJ, 1983, p. 20.
sur le monde. Par conséquent, il renoncerait
également à la prospérité économique qui la
caractérise aujourd'hui. Cette attitude est inadmissible. Les seules
alternatives viables qui se dessinent sont celles de s'assurer de la
maîtrise des sources de production, de sécuriser les voies de
transit des approvisionnements, de garder jalousement les sources qui sont sous
contrôle en s'assurant que des intrus ne s'y aventurent, enfin d'aller
chercher ces ressources là où elles se trouvent si la
nécessité le recommande. Les propos de ce stratège
américain traduisent cette détermination des grandes puissances
:
« Une grande puissance comme les USA ne peut accepter
que ses réserves de pétrole soient confisquées. S'il le
faut, ils sont prêts à intervenir en Arabie Saoudite pour prendre
le contrôle des champs pétrolifères. Une grande puissance
ne saurait se laisser prendre en otage de la sorte »93.
Tertio, les idées de rupture ou de
pénurie des approvisionnements et même de menace de rupture des
approvisionnements correspondent à des attitudes qui peuvent engendrer
d'importants changements dans les habitudes d'un Etat. Ces idées sont
particulièrement dangereuses. Pour cela, elles sont redoutées par
les grands pays consommateurs d'énergie. Pour conjurer ce genre
d'attitudes, toutes les manoeuvres, même les plus mesquines et cyniques,
ont souvent cours. Cependant, peut-on affirmer ou infirmer qu'une
compétition était engagée pour la maîtrise des
approvisionnements congolais entre 1990 et 2002 ?
2. Les guerres du Congo et les stratégies de
positionnement et de repositionnement des multinationales
En considération de ce tout ce qui a été
dit précédemment, un faisceau d'indices précis et
concordants rend particulièrement apparent le fait que les ressources
naturelles ne sont pas sans incidence sur les conflits armés qui ont
déstabilisés le Congo sur fond de démocratisation. Ceci
est vérifiable surtout en ce qui concerne les hydrocarbones liquides et
gazeux d'une part, et le bois d'autre part. Ces agrégats ont pesé
de tout leur poids dans la survenance et par la suite dans
93H. KISSINGER, in Jihan El TAHRI, « La
Maison des SAOUD : pétrole, islam, Palestine, Etats-Unis
», film documentaire sur l'histoire de l'Arabie Saoudite,
ALEGRIA-ARTE France-BBC-WGBH, 2005.
la pérennisation de cette atmosphère. Pendant
cette période, le Golfe de Guinée dans l'ensemble et
spécialement l'Angola et le Congo entre autres, présentaient des
perspectives pétrolières très intéressantes
(infra, p. 104, note 109). Pour cela, il était dans les lignes
de mire croisées des multinationales de l'énergie
américaines (a) et européennes (b).
a. Les multinationales américaines
Elles sont animées par une forte volonté de
prendre pieds dans cette zone aux potentialités multiples et
prometteuses. Le Congo pouvait servir efficacement leur idéal, d'autant
plus que les autorités de cette époque émettaient des
signaux dans ce sens en ouvrant ce secteur, jusque là chasse
gardée de quelques entreprises européennes, à la
compétition internationale. En plus, le gouvernement congolais à
cette époque était en négociation avec le FMI. Quand on se
représente le poids des USA dans la validation des décisions de
cette institution, cela représentait un avantage indéniable du
côté des américaines. En effet, ces dernières
pouvaient solliciter et obtenir l'appui du gouvernement fédéral
afin de faciliter leur conquête du marché congolais. La porte
parole de l'exécutif congolais de cette époque nous a
confirmé lors d'une causerie qu'«on leur avait promis des
entrées au Fonds Monétaire International et à la Banque
Mondiale »94. Certaines multinationales américaines
de l'énergie, comme Occidental Petroleum, ont
effectivement posé pieds à terre. Sa présence au Congo est
confirmée dans ces termes :
« 1993 : quelques mois après avoir
été élu président du Congo, LISSOUBA décide
de vendre une grande partie des ressources pétrolières du pays
à la compagnie américaine Occidental Petroleum (Oxy). Une
convention est alors signée, le 28 avril, entre son gouvernement et le
patron d'Occidental Petroleum Congo Inc., David MARTINS
»95.
Ces entreprises américaines, il faut le souligner,
participent du redéploiement de la politique des approvisionnements
énergétiques des USA. C'est ce qui ressort de l'examen du
Livre vert, que le vice-président américain, Dick
CHENEY, avait remis au président G. W. BUSH en 2001. Olivier GUEZ
rappelle pour nous l'une des
94Entretien avec Mme Albertine LIPOU-MASSALA, Tunis le
05 février 2005.
95G. GAETNER, «Quand LISSOUBA bradait son
pétrole », L'Express, 08/03/2001, in
http://www.lexpress.fr, site
consulté le, 31/01/2005.
principales orientations de cette politique. En effet, ce
redéploiement vise à « stimuler l'offre mondiale afin de
diminuer la dépendance des USA vis-à-vis du Moyen Orient,
particulièrement l'Arabie Saoudite ; pour cela, le gouvernement
américain conduit une intense offensive diplomatique pour disposer
davantage de ressources à l'étranger, avec deux cibles majeures :
l'Afrique et la région de la Caspienne »96. Allant
dans le même sens, W. KANSTEINER confirme l'engouement américain
pour les approvisionnements pétroliers en provenance de l'Afrique en
affirmant que « le pétrole africain fait partie de nos
intérêts stratégiques et son importance ira croissant
»97. Cette nouvelle ambition africaine de «
l'hyper puissance » est résumée par Pierre TERZIAN dans
ces termes :
« La deuxième observation concerne
l'avancée indéniable des sociétés
américaines petites ou grandes en Afrique. Cette avancée tient,
bien sûr, à l'attrait du sous-sol africain et au désir de
diversification général déjà signalé ; mais
elle constitue un phénomène général et l'Afrique ne
constitue pas une exception. Le fait est que le potentiel pétrolier des
zones les plus connues des USA s'épuise [...] Dans leur désir de
percer dans l'international, elles n'hésitent pas à faire de la
surenchère pour enlever tel ou tel autre bloc d'exploitation à
des
98
opérateurs plus traditionnels et à y
déployer un excès de zèle [...] »
Comme on peut le voir, ce redéploiement de la politique
d'approvisionnement énergétique des USA vers le continent
africain n'est pas sans incidence sur les intérêts des
opérateurs traditionnels de cet espace, les multinationales
européennes de l'énergie.
b. Les multinationales européennes de
l'énergie
Les multinationales européennes de l'énergie, au
premier rang desquelles la française Elf Aquitaine,
sont présentent au Congo depuis longtemps (Supra, pp : 35-36).
Désormais, Elf Aquitaine devrait accepter le principe
du partage du gâteau avec d'autres multinationales à un moment
où de nouvelles perspectives se
96O. GUEZ, « Le Grand jeu pétrolier de
Washington », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique
Internationale, n°98, Paris, Hiver 2002- 2003, p. 347.
97W. KANSTEINER, cité par O. GUEZ, article
cité, p. 347. (W. KANSTEINER est le monsieur Afrique de
l'administration BUSH).
98P. TERZIAN, « La Nouvelle donne du
pétrole africain », in GARAUD, Marie-France, (dir.),
L'Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique numéro
63, Paris, PUF, octobre 1998, page 139.
présentaient dans ce secteur (infra, p. 104, note
109). Aussi, devrait-elles se faire à l'idée de
reconsidérer le régime d'exploitation, qui venait
d'évoluer du système des concessions vers celui de partage de
production, lequel acte faisait passer la part de l'Etat congolais à
33%, contre 17 % initialement.
L'Etat congolais devenait on ne peut plus entreprenant dans ce
domaine. Cela paraissait très inquiétant, car ces mesures
étaient prises par un exécutif élu, correspondaient aux
premières décisions prises par cette nouvelle
génération des dirigeants et étaient
décidées sur fond de crise aiguë entre les nouvelles
autorités de Brazzaville et l'ancienne puissance colonisatrice. Cela
augurait des lendemains nettement moins meilleurs pour cette compagnie qui
jusque là était en situation de monopole. Dans les
stratégies de sécurisation et de maîtrise des sources
d'approvisionnement en matières premières stratégiques
comme les hydrocarbones liquides et gazeux, l'attitude de Brazzaville
appartient à la catégorie des comportements redoutés et
proscrits. Cette attitude augurait une série de menaces sérieuses
aux intérêts de la France au Congo.
La France est le premier partenaire économique du
Congo. Le secteur dominant dans les échanges est celui des hydrocarbones
liquides et gazeux. De 1969 à 1996, la répartition de la
production pétrolière entre le Congo et la France se faisait de
la manière suivante : 60% pour la le groupe Elf
aquitaine (la France) contre 40% pour les tous autres
opérateurs, dont 13% pour le Congo et les 27% restant pour les autres
opérateurs99. Le tableau suivant récapitule la
répartition de la production pétrolière entre les
différents opérateurs suivant le principe de partage posé
plus haut.
Les intérêts de la France au Congo sont ensuite
historiques. En effet, Brazzaville a été la capitale
impériale de la colonisation française en Afrique centrale et le
point de départ des stratégies militaires et politiques pour
libérer la France de l'occupation allemande. Au regard de tout cela, il
est très peu probable que la France ait vu d'un bon oeil cette
poussée américaine dans ses places fortes.
99Ambassade de France, Mission économique du
Congo, «La filière pétrolière au
Congo»,
http://www.izf.net, rubrique
espace entreprise du Congo, consulté le 10/02/2005.
Ainsi, le «syndrome de Fachoda» a changé de
direction et semble maintenant concerner Washington100.
Tableau n°10. Répartition des
quantités de pétrole entre le Congo et les multinationales de
l'énergie 1969-1996 (en millier de tonnes)101
|
Années
|
1969
|
1980
|
1990
|
1996
|
Production (en millions
de tonnes)
|
ND
|
3,3
|
8
|
10,4
|
Congo (13%)
|
ND
|
393,939
|
162,5
|
125
|
Elf Aquitaine (60%)
|
ND
|
1818,181
|
3000
|
576,923
|
Autres opérateurs (27%)
|
ND
|
818,181
|
337,5
|
259,615
|
Ce qui est certain, c'est que le cas de la guerre civile au
Congo consacre l'intervention des multinationales relevant du domaine
pétrolier, en l'occurrence les américaines et les
européennes, à des degrés divers dans un Etat souverain.
Les indices convergent pour fonder l'interprétation selon laquelle les
guerres du Congo de 1990 à 2002 peuvent également se comprendre
comme les prémices de la matérialisation d'une campagne visant
à s'emparer de fabuleuses richesses de ce pays et de toute la zone, au
premier rang desquels les hydrocarbones liquides et gazeux.
Cette interprétation est certes polémique. Mais,
elle se fonde sur deux éléments indiscutables : la
dépendance des Pays Développés vis-à-vis de leurs
importations en or noir et autres ressources naturelles indispensables pour le
fonctionnement de leurs industries et pour leur prestige sur la scène
internationale. C'est là, l'une des rares faiblesses de ces nations qui,
soit n'en disposent pas directement sur leurs propres territoires, soit encore
ils en disposent, mais les coûts de mise en valeur sont tellement
élevés que l'importation paraît comme la meilleur
100C. PULIDO ESCANDELL, « Les Nouvelles
tensions France-Etats-Unis dans le pré carré africain
», in, BACH, Daniel et SINDJOUN, Luc, (dir.), Enjeux
stratégiques et gestion des crises en Afrique, Polis, Volume 4,
n°02, nov. 1997, in
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr,
consulté le 29/09/2004 ; voire également : A. GUICHOUA,
«Les Nouvelles politiques africaines de la France et des Etats-Unis
vis-à-vis de l'Afrique Centrale et Orientale», in, BACH,
Daniel et SINDJOUN, Luc, (dir.), Enjeux stratégiques et gestion des
crises en Afrique, Polis, Vol.04, n°02, nov. 1997, in
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr,
consulté le 29/09/2004 ; également, C. ATLAN, J. LAUSEIG,
« Les Approches françaises et américaines du maintien de
la paix en Afrique », in BACH, Daniel et SINDJOUN, Luc, (dir.),
Enjeux stratégiques et gestion des crises en Afrique, Polis,
Vol. 04, n°02, novembre 1997, in
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr,
consulté 29/09/2004.
101Les statistiques sur la production
pétrolière sont issues du Tableau n°07 : évolution de
la production pétrolière, cité en page 38. Les calculs
(déductions) sont de nous-mêmes.
alternative. Ce fait justifie, dans une certaine mesure,
l'hypothèse d'une rivalité de puissance entre les USA qui veulent
s'installer et la France, présente depuis longtemps dans la zone, et qui
est très déterminée à conserver ses acquis.
Comme on a pu le constater, l'aventure inhérente
à la mise en valeur de certaines matières premières
relevant de l'exploitation de la forêt, d'une part, et des hydrocarbones
liquides et gazeux d'autre part, a commencé au Congo à
l'époque coloniale et dans les dix premières années qui
ont suivies les indépendances. Depuis lors, la production du Congo
s'accroît on ne peut plus chaque jour. Ainsi, sommes-nous en droit de
nous demander si ces agrégats ont été de quelques
avantages que ce soit dans la vie des Congolais, d'autant plus qu'actuellement
le pays se trouve au sortir d'une série de guerres qui a modifié
profondément les équilibres internes et qui donne au pays l'image
d'un chantier sous tous les aspects. Quelles sont les conditions de
possibilité d'une telle reconstruction ? Comme on peut le voir, cette
question thématise le problème de la gouvernance globale du Congo
pour les années à venir.
Chapitre IV. La problématique de la gouvernance
globale du Congo
En 2002, la guerre est terminée. Il est temps de
reconstruire le pays. Pour être efficace, ce processus de reconstruction
post-conflit, quelque soit sa physionomie, se doit de prendre en compte le
caractère éphémère des agrégats sur lesquels
se fonde la dynamique de capitalisation de la richesse nationale et la
nécessité d'expérimenter d'autres alternatives pour
relativiser leur empire sur ce processus102. Ce dernier chapitre
consacré au traitement de la question centrale de cette étude
consiste en une prospective sur l'avenir du Congo après la série
des guerres de 1990-2002, avec et après l'ère des ressources
naturelles stratégiques. La première section examinera le
fondement et les conditions de possibilité d'une politique de
relativisation du triumvirat du pétrole, du gaz naturel et du
bois dans la formation de la richesse nationale (Section I). La seconde section
se focalisera sur la pertinence et la viabilité de cette entreprise de
reconsidération (Section II).
Section I. Plaidoyer pour une reconsidération du
poids des ressources
naturelles stratégiques dans la formation de la
richesse nationale
Cette section pose la problématique de
l'épuisement des ressources naturelles sur lesquelles repose la richesse
nationale depuis quatre décennies environ et les enjeux inhérents
à cet état de faits. Pour cela, il est judicieux de montrer que
le bois, les hydrocarbones liquides et gazeux sont des données
conjoncturelles (A), et que fonder la richesse nationale sur ces trois
ressources, seules, est une stupidité car, en terme de ressources
renouvelables, le Congo affiche des alternatives en mesure de soutenir
durablement sa modernisation (B).
A. Les ressources naturelles stratégiques : des
données conjoncturelles
1. Le principe de non renouvellement
Les trois ressources naturelles sur laquelle repose la richesse
nationale à savoir : le bois, les hydrocarbones liquide et gazeux sont
des agrégats
102Il est question de l'empire du pétrole, du
gaz naturel et du bois.
conjoncturels. Elles sont limitées dans le temps
suivant une triple orientation. En terme de nombre de pièces disponibles
à travers l'ensemble du territoire, en terme de durée de vie
d'unités effectivement valorisées, enfin en tenant compte de cet
autre aspect que les pièces valorisées ne sont pas
renouvelables.
Dans des termes plus clairs, la principale orientation
signifie que le nombre de gisements d'hydrocarbones disponibles à
travers l'ensemble du territoire congolais est loin d'être infini. Ceci
est vrai également pour les concessions de forêts primaires.
Autrement dit, les unités existantes sont limitées, on peut les
compter et les cartographier avec le temps. Cela signifie aussi qu'après
avoir découvert et valorisé toutes les unités disponibles,
il n'y aura plus rien à découvrir et à valoriser à
terme.
La mineure se décline en trois paramètres.
D'abord, elle correspond à la période pendant laquelle on peut
véritablement tirer profit des unités valorisées, qu'il
s'agisse indifféremment d'un gisement d'hydrocarbones liquides ou
gazeux, ou encore des espaces de forêts primaires. Cela signifie aussi
qu'après avoir extrait le maximum de pièces qui constitue un
gisement de pétrole ou une concession de forêt primaire, ils
s'épuisent progressivement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien
à y extraire. Ainsi, en passant d'une unité à une autre,
on réduit progressivement, jusqu'à l'épuisement complet,
le nombre de gisements gazier, pétrolier ou de concessions de
forêts.
Ce dernier aspect paraîtrait incomplet s'il ne lui
était pas annexé le fait que même les technologies les plus
avisées de l'heure ne sont, non seulement pas capables de quantifier
avec certitude le volume de pièces qu'on peut extraire d'un gisement
d'hydrocarbones ou une d'une concession de forêt primaire, mais aussi
d'évaluer leurs contenances réelles. Le langage consacré
utilise le verbe «estimer» ou son substantif «estimation».
Enfin, à tout cela il faut ajouter le fait qu'un Etat, technologiquement
défaillant comme le Congo, ne dispose pas de capacité
réelle à la fois pour contrôler et maîtriser les
filières dont relèvent ces matières premières. Par
exemple, il lui est difficile de contrôler sa filière
pétrole : le rythme de la production, les quantités effectivement
produites, la fréquence et les volumes des
cargaisons. Tout dans ce domaine est soumis au bon vouloir des
compagnies exploitantes. Comme on peut le voir, il se dessine des
opportunités de farder.
La dernière orientation correspond au fait que le
renouvellement de ces agrégats ne dépend pas des subterfuges
humains. Leur processus de régénération est soumis au bon
vouloir de la nature, exceptée bien sûr le secteur de la
forêt où on peut procéder par le reboisement pour
renouveler la ressource.
- Remarque
Il ressort qu'avec les hydrocarbones liquides et gazeux
associés au bois, on se retrouve dans le domaine de l'incertitude. Il
semble stupéfiant que de pareilles industries, en l'occurrence
pétrolière, qui reposent sur la science, la technique et la
technologie se satisfassent des données incroyablement peu fiables,
rendant tout travail de prévision extrêmement difficile et
aléatoire. Ceci devient beaucoup plus inquiétant encore quand il
faut subordonner l'avenir de tout un peuple à ces agrégats
capricieux. Mais, cela n'est qu'une des dimensions qui faussent les efforts de
prévision. En effet, ces dernières se compliquent de plus en plus
avec les conditions de commercialisation de ces agrégats sur le
marché international.
2. Le principe de fluctuation des données
fondamentales du marché
Lorsque l'on compare les performances économiques et le
taux de croissance des pays producteurs de pétrole avec ceux des pays
qui en sont dépourvus, force est de constater que leurs résultats
sont moins bons en général. Cette contre performance tient moins
à la nature même de cette ressource et des recettes qu'elle
procure qu'à la gestion de celle-ci. Le cas du Congo illustre
parfaitement cet aspect.
En effet, si la production pétrolière engendre
des flux financiers unitaires considérables, il n'en demeure pas moins
que ceux-ci sont souvent irréguliers parce que subordonnés aux
cours, très instables, sur le marché international. Aussi, ces
flux financiers unitaires plus ou moins considérables vont-ils plus ou
moins directement dans les mains de l'Etat, c'est-à-dire de ses
dirigeants. D'où, une plus grande responsabilité de ces derniers,
comme la Conférence Nationale Souveraine
l'avait déjà souligné, dans la gestion
qui en résulte. La gestion des flux financiers engendrés par ces
ressources a été non seulement très chaotique, mais aussi
n'a pas toujours servi les objectifs de développement du pays. Ces
raisons confirment le caractère aléatoire de cette ressource,
renforçant ainsi l'idée selon laquelle c'est un grand danger pour
un pays que d'asseoir l'essentiel de la dynamique de formation de sa richesse
sur de pareilles ressources.
La problématique soulevée ici est celle de la
prévisibilité, de la régularité et de la
stabilité des contreparties financières
générées par ces ressources. Car, on ne saurait dire, non
pas seulement avec certitude, mais aussi avec probabilité, la hauteur de
leur contribution dans la formation de la richesse nationale si l'on s'en
tient, bien sûr, à ces aspects. D'où, dans
l'intérêt de la nation dans son ensemble, il convient d'asseoir le
processus de formation de la richesse nationale sur des ressources
renouvelables et prévisibles.
B. Un paradigme de redéploiement du processus de
formation de la richesse nationale
Présentement, il est question de poser les conditions
de possibilité d'un modèle de politique de création de la
richesse nationale avec une faible emprise des ressources naturelles non
renouvelables. Une telle entreprise consistera à mettre à
contribution tout le potentiel économique renouvelable du pays. Dans
cette optique, il sied de distinguer les filières renouvelables qui sont
faiblement valorisées et qui méritent d'être
renforcées (1) de celles qu'on pourra aménager ou créer
(2).
1. Du renforcement des secteurs renouvelables faiblement
valorisés
Le premier chapitre consacré au traitement de la
problématique centrale a permis de constater que le territoire congolais
présente plusieurs potentialités économiques (supra,
pp : 24-34). Celles-ci sont encore très peu exploitées ou
pas du tout. C'est précisément le cas de la filière
agricole et de la filière élevage (Supra, pp : 30 ; infra, p.
95). C'est aussi le cas avec le potentiel touristique et le potentiel
hydraulique (supra, pp : 29-30). Certes, la volonté de relance
de ces
activités est manifeste et a un écho très
fort auprès des autorités locales appuyées par des
partenaires locaux et étrangers, par exemple dans le domaine de
l'agriculture et de l'élevage. La conduite de cette opération est
assurée par Agricongo qui joue un rôle
d'interface, c'est-à-dire d'accueil, de conseil, de formation,
d'animation des activités de recherche, d'adaptation et de suivi socio-
économique des filières et des opérateurs. Depuis peu, des
opérations de relance financées par le gouvernement congolais et
divers bailleurs de fonds bi et multilatéraux visent à
développer une production maraîchère périurbaine.
Dans le volet agriculture, les cultures visées sont,
entre autres, les agrumes : mangues, bananes, ananas, litchis, etc. Dans le
volet élevage, l'objectif visé est renforcer et d'exploiter au
maximum le potentiel du pays en la matière. Le cheptel bovin est encore
très peu important et exposé aux maladies diverses. Il diminue
d'une année à l'autre : 70.000 têtes dans les années
1982 à 1986, 60.000 en 1990 contre moins de 50.000
actuellement103. L'élevage organisé est encore
embryonnaire à l'exception des essais effectués actuellement par
Agricongo. Cette tendance à la baisse incite les
autorités à orienter les efforts vers d'autres espèces
animales (ovins, caprins, porcins) dont les troupeaux restent en
deçà des besoins nationaux. Mais, on ne peut s'empêcher de
reconnaître dans l'ensemble que ces initiatives peinent
véritablement à être mise en oeuvre et à produire
des résultats concrets.
Toutefois, certains secteurs sont en train de connaître
une véritable renaissance. C'est le cas de la production de
l'hydroélectricité. En effet, les anciennes installations sont en
train d'être réfectionnées. Il s'agit de la centrale
hydroélectrique du Djoué, 14 mégawatts. Construite sur la
rivière Djoué, en bordure de Brazzaville et dotée de deux
turbines, elle a été mise en service en 1953. L'autre
unité à renforcer est la centrale hydroélectrique de
Moukoukoulou, 70 mégawatts. Mise en service en 1978 sur la
rivière Bouenza, à équidistance de Brazzaville et
Pointe-Noire, elle est dotée de quatre turbines.
103Ambassade du Congo au Cameroun, Section
Consulaire.
La grande nouveauté dans le secteur de la production de
l'hydroélectricité reste le projet de barrage d'Imboulou, 120
mégawatts. Avec l'appui de la Chine, les travaux ont commencé il
y a quelques années déjà. Théoriquement, il ne sera
pas opérationnel avant l'année 2008. L'objectif poursuivi par ce
projet est de couvrir le marché national dans un premier moment. Car, la
production locale est loin de couvrir tous les besoins nationaux en
électricité. Ainsi, le Congo importe-t-il encore une bonne partie
de son électricité de la RDC. Dans un second moment, cette
politique envisage la conquête de certains pays de la zone CEMAC.
C'est-à-dire que dans les prochaines années, le Congo pourra
fournir de l'électricité à certains de ses voisins.
Notamment, ceux avec lesquels il est engagé dans le processus de
l'intégration sous-régional : Le Cameroun, le Gabon, la RCA, la
Guinée Equatoriale. Qu'en est-il du développement de nouveaux
secteurs ?
2. Vers la mise en valeur de nouveaux secteurs
Il s'agit des secteurs économiques qui ont
commencés à s'illustrer voici quelques années
déjà ou qui vont connaître un essor dans les prochaines
années. Parmi ces nouveaux secteurs figure en bonne place celui des
forêts, notamment, les domaines situés dans l'aval de
l'exploitation du bois (a) ; toujours dans cette catégorie des secteurs
économiques émergents, il y a également les hydrocarbones
solides (b).
a. Les domaines de la filière du bois
Le programme de valorisation des domaines de l'aval du bois
coïncide avec la reconstruction du pays après les
événements sociopolitiques de 1990 à 2002. Pour cela, on
peut l'inscrire dans la droite ligne de la stratégie de diversification
des sources de production de la richesse nationale et de la réduction de
la prépondérance des hydrocarbones liquides et gazeux dans ce
processus.
Le premier objectif à atteindre au terme de ce
programme est de transformer 600.000 m3 de grumes localement. Ceci
vise, entre autres, à augmenter la valeur du bois et de ses sous
produits à l'exportation. Le second objectif consiste en la mise
en oeuvre d'un plan d'aménagement durable dans
l'exploitation et la gestion des forêts. Il se focalise essentiellement
sur la stabilisation de l'exploitation forestière et le renouvellement
de la ressource. Dans la catégorie de nouveaux secteurs mis en oeuvre ou
susceptibles de l'être, l'aval du bois n'a pas le monopole.
b. Les hydrocarbones solides : un secteur à
l'avenir prometteur
Entre 1990 et 2002, aucun produit relevant de ce secteur ne
faisait l'objet d'une exploitation commerciale. En 2005, ce statu quo
subsiste toujours. Depuis peu, des tractations ont régulièrement
cours pour valoriser des ressources naturelles issues de ce secteur.
La priorité est orientée d'abord vers la
rentabilisation des gisements de minerais de fer situés dans la province
de la Sangha. Cette ressource fera l'objet d'une exploitation commerciale dans
des délais imminents. C'est également le cas des mines de
potasses de Mfoati, dans la Lékoumou, qui devront de nouveau reprendre
de l'activité, conformément à un protocole qui vient
d'être avalisé entre les autorités congolaises et un
consortium de firmes sud africaines. C'est enfin le cas avec les diamants,
à propos duquel le Congo est en train de négocier activement son
entrée au processus de Kimberley. A court terme, la stratégie du
gouvernement de diversifier les secteurs porteurs de l'économie
s'applique à ces ressources. A long terme, elle visera les autres
ressources de ce secteur : l'uranium, le cuivre, l'alumine et bien d'autres
encore.
- Remarque
De ce qui précède il ressort que le Congo, si il
le souhaite, peut s'offrir une alternative à l'empire du bois, des
hydrocarbones liquides et gazeux sur l'économie nationale. Cette
alternative peut reposer, à court terme sur les ressources naturelles
non renouvelables comme les hydrocarbones solides, et à long terme sur
les ressources naturelles renouvelables comme le bois, l'exploitation du
potentiel touristique, hydraulique, agricole et au développement de
l'élevage.
En outre, la section précédente nous a permis de
constater que les évolutions récentes imposent de
reconnaître que les autorités congolaises sont
sensibilisées du fait que les ressources naturelles, dites
«stratégiques» dans cette étude, sont
éphémères et que les guerres successives de la
décennie 1990 ont causé beaucoup de tort au pays et à son
processus de modernisation. C'est pour cela qu'elles essaient de mettre sur
pied une politique de formation de la richesse nationale incluant le maximum
des ressources que compte le pays pour assurer le bien être de la
population. On ne saurait se dispenser de savoir si cette politique de
reconsidération des sources de la richesse nationale post-conflit
présente quelques indices de viabilité.
Section II. Pertinence et viabilité du processus
de reconstruction post- conflit
La finalité poursuivie par cette section est de
ressortir les chances de réussite de cette entreprise de
reconsidération des sources de la richesse nationale. En effet, pour
qu'elle produise réellement les effets attendus, elle ne saurait exclure
d'une part, un volet installation des conditions de retour à la paix et
la mise en place d'un très bon mécanisme de redistribution de la
richesse nationale (A), et d'autre part, de poser clairement la
problématique de la sécurité et de l'avenir du Congo avec
les ressources naturelles stratégiques (B).
A. L'équation interne : l'enjeu
sécuritaire
Pour être confiant en la capacité des Congolais
à entreprendre tout en extirpant de ce cauchemar de ces dernières
années le nécessaire travail de guérison, il est
impérieux d'engager une pédagogie en direction de tous ces jeunes
qui ont trouvé une raison de s'intégrer dans la
société depuis que la violence est devenue un argument politique.
Si à cet effort de retour à la paix est lié la relance des
activités économiques (1), il n'en demeure pas moins que la
problématique de la sécurité au Congo ne devrait plus se
poser uniquement comme une simple équation interne (2).
1. Le retour à la paix : une épineuse
question
Le retour à la paix est une problématique
très importante dans le contexte actuel du Congo. Par conséquent,
sa pertinence et sa viabilité devraient présenter des garanties
satisfaisantes, étant donné que sur elle repose désormais
le destin, non seulement de toute la population congolaise, mais aussi, en
partie, celui des voisins avec lesquels le Congo est engagé depuis peu
dans la dynamique de l'intégration.
En effet, le processus destiné à
réinstaurer cette atmosphère est engagé dès octobre
1997, c'est-à-dire quelques temps après la victoire des forces du
PCT sur celles de l'UPADS. Elle a connu des temps forts : le forum national du
15 octobre 1997 qui a consacré la promulgation de l'Acte fondamental, la
nouvelle base juridique du pays ; les accords de Pointe-Noire et de Brazzaville
des 16 novembre et 29 décembre 1999 ; le dialogue national sans
exclusive et toutes les autres étapes qui ont conduit à la
série des élections de 2002. Le retour à la paix est
destiné à susciter la confiance en la capacité des
Congolais à entreprendre tout en leur permettant de se soustraire du
cauchemar de ces douze dernières années.
On peut convenir que les dés sont jetés avec les
Accord du 16 novembre à Pointe-Noire et le 29 décembre 1999
à Brazzaville. Signés par toutes les parties en conflit, ces
Accords ont relancé le processus de la restauration de l'État de
droit et du retour aux institutions démocratiques. Ils consacrent, entre
autres, la fin de la guerre, le retour des déplacés, l'amnistie
des belligérants, la réinsertion des combattants, la
libération des personnes encore détenues : miliciens, militaires
et autres. Aussi, stipulent-ils que les combattants militaires de
carrière doivent rejoindre leur corps d'origine. Les étapes de
Pointe-Noire et de Brazzaville sont très significatives dans ce
processus de pacification et de réinstauration d'une nouvelle
atmosphère sociale et politique au Congo. Car, les militaires, les
miliciens et divers autres mouvements engagés dans le conflit ont
décidé de tourner le dos à l'affrontement et de renouer
avec la vie ordinaire.
Cependant, les autres entrepreneurs politiques adversaires du
pouvoir actuel depuis leur exil en Occident -- l'ancien Président de la
République, monsieur Bernard KOLELAS ou encore monsieur NGUILA
MOUNGOUNGA-NKOMBO -- ont
jusqu'alors rejeté toutes ces initiatives de
pacification. Si le premier continue toujours de se considérer comme le
chef d'État «constitutionnel » du Congo, en refusant de
reconnaître l'actuel exécutif, le deuxième, plus radical
encore rejette simplement la validité de ces accords de paix, avant de
problématiser, la légitimité des chefs de guerre (leurs
propres partisans) qui ont participé aux dits Accords.
La deuxième étape de ce processus a
été le dialogue national sans exclusive d'avril 2002, sous
l'égide du gouvernement et du médiateur international, le
Président El Hadj Omar BONGO ONDIMBA, le chef de l'Etat gabonais. Vaste
espace de concertation, ce dialogue national se voulait sans exclusive, parce
que ouvert à l'ensemble des composantes et des sensibilités de
toute la société : aussi bien à l'élite, aux
politiques, à la société civile qu'aux populations
rurales104. Centré exclusivement sur le projet de
constitution, il a visé à en améliorer les termes, non
à débattre de la légitimité du pouvoir issu de la
guerre du 05 juin 1997, reconnu aussi bien par la grande majorité des
Congolais que par la Communauté Internationale, sauf par l'opposition en
exil, laquelle n'a d'ailleurs pas été conviée à
cette concertation105. Commencé dans les districts puis les
chefs-lieux de régions, il a culminé à Brazzaville en une
réunion qui a synthétisé, au palais du Parlement, les
propositions d'amélioration du texte présenté par le
gouvernement.
Enfin, l'autre grande étape c'est successivement la
préparation et la tenue de la série des élections de 2002
qui aux présidentielles, ont confirmé la victoire du
général SASSOU N'GUESSO à la tête de l'Etat depuis
octobre 1997. Parallèlement à tout cela, il faut
reconnaître qu'un impressionnant travail de pédagogie est
désormais orienté dans le sens de la promotion d'une
véritable culture de la paix, particulièrement, en direction de
tous ces jeunes qui ont servi jadis en qualité de
104Cependant, les autres entrepreneurs politiques plus
haut cités n'étaient pas conviés.
105L'opposition en exil a bien voulu prendre part
à ces assises. Mais, cela n'était pas de l'avis des
organisateurs, le gouvernement en place à Brazzaville. La
conséquence de cet acte c'est qu'elle n'a jamais accepté les
décisions issues de cette concertation, a refusé de
reconnaître les institutions en place à Brazzaville et continue de
se considérer comme le gouvernement légal du Congo. La question
qui s'impose ici, la problématique d'un véritable retour à
la paix au Congo, ne doit-elle pas rassembler autour d'une même table
tous les acteurs de la scène politique nationale, y compris ceux qui
sont en exil ? Indéniablement, ces exclusions ont une incidence sur la
paix, car il y a lieu de craindre l'instrumentalisation des chefs de guerre
restés sur place par cette opposition. C'est effectivement ce qui est en
train de se passer avec le pasteur NTUMI dans la région du Pool.
milicien auprès des entrepreneurs politiques.
L'objectif poursuivit ici consiste à leur faire comprendre que la
période des turbulences est passée et que désormais la
tâche qui s'impose à eux consiste à travailler la main dans
la main afin de négocier leur place et celle de leur pays dans le
concert des peuples et des nations du XXIème
siècle.
Aujourd'hui, cette dynamique de pacification semble convaincre
bon nombre de personnes qui étaient d'abord pessimistes. La convergence
de diverses initiatives en faveur de la paix rend peu à peu cette
dynamique irréversible. Les ex-miliciens sortent progressivement de
leurs maquis dans les régions sud du pays et promettent solennellement
de ne plus faire la guerre, le pays est de nouveau en grâce avec la
communauté financière internationale avec laquelle il vient de
conclure un accord, qui à terme, pourra le confirmer dans le giron des
PPTE.
Si on ne peut pas encore affirmer qu'il existe une paix
véritable au Congo, il sied de mentionner que beaucoup d'efforts sont
déployés dans ce sens. C'est dans cette optique que,
comparé à la majorité des pays qui ont connu une situation
similaire, le cas du Congo paraît singulier. Car, aujourd'hui, l'on
croirait à peine l'idée que ce pays sort d'une série de
conflits armés particulièrement violents et qui ont
profondément bouleversés les habitudes des populations et des
institutions. La paix est certes là, tangible et le chemin pour
l'instaurer est tracé. Mais, elle paraît encore très
fragile et demande à être consolidée. Car, certains aspects
de ce retour à la paix restent encore en suspens.
Il reste en effet en suspens la question du désarmement
et de la réinsertion des jeunes qui ont jadis servi en qualité de
miliciens auprès des entrepreneurs politiques. Depuis le printemps 2003,
le processus de retour à la paix dans le Département du Pool
piétine. Les plans d'aide, qu'ils soient pour la réinsertion des
ex-combattants ou pour le retour des populations déplacées dans
leurs villages d'origine ne sont toujours pas opérationnels. Le Pool
reste une zone d'insécurité. Les incidents multiples ciblant les
trains de fret et de passagers entre Pointe-Noire et Brazzaville perturbent les
activités économiques tant dans la capitale que dans le Pool. Les
acteurs humanitaires présents dans la zone sont à plusieurs
reprises
victimes de pressions, d'intimidations, de vols et de
violences de la part d'excombattants. C'est également le cas avec
l'affaire des disparus du Beach qui n'est pas toujours pas
réglée et qui ne cesse de saper l'équilibre entre les
ethnies106 ; l'épineuse question de la redistribution
équitable de la richesse nationale entre tous les ayants droits reste
encore un véritable cauchemar.
En outre, des coups d'Etats sont désamorcés
régulièrement ; les questions liées au statut des anciens
chefs de guerres et politiques, aussi bien ceux qui sont sur place que ceux qui
sont en exil restent entières ; de temps à autres, des
affrontements continuent dans certaines provinces du pays, comme dans le Pool,
avec pour corollaires des villages détruits, des déplacements de
populations sans compter des dizaines de morts et d'autres sortes d'exactions.
Dans ces conditions, on constate que c'est très difficile d'attirer les
investisseurs, lesquels se soucient avant tout de la prospérité
de leurs affaires et de la sécurité de leurs avoirs. Cependant,
doit-on continuer à concevoir la sécurité du Congo comme
une question interne (quand bien même les véritables menaces
proviendraient de l'intérieur), et par conséquent minimiser cette
problématique au plan sous- régional ?
2. La stabilité du Congo : une question de
sécurité sous-régionale ?
La problématique du retour à la paix au Congo ne
devait plus être envisagée uniquement comme une question interne.
Il en est de même de celle de la sécurité de ses voisins
immédiats, fondamentalement ceux de la CEMAC. Car, cette investigation
permet de constater que les conflits qui ont secoués ce pays ont eu ou
menacé d'avoir des conséquences au-delà de cette
échelle107. Ceci est d'autant plus dangereux parce que ces
pays sont engagés dans une dynamique de synchronisation
106En mai 1999, les 353 Congolais
réfugiés à Kinshasa regagnent Brazzaville à
l'initiative du HCR. Cependant, plusieurs d'entre eux ont disparu sans laisser
de traces. Vraisemblablement, ils ont été enlevés et
tués. Ils sont soupçonnés d'être des miliciens
Ninjas. Depuis, les familles des disparus réclament des
éclaircissements. Un procès est en cours actuellement pour
retracer la vérité.
107Notamment, ces conflits compliquaient la
situation en Angola, le principe de l'unité de ce pays était
gravement en jeu ; aussi, ces conflits menaçaient-ils les
équilibres stratégiques de la sous-région avec des risques
d'y introduire de nouveaux acteurs avant d'étendre le conflit à
d'autres pays (Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, etc.) par l'effet
domino.
des habitudes politiques, stratégiques,
économiques, sociales et culturelles. Or, la réussite d'une telle
entreprise nécessite que la zone soit dégagée de facteurs
susceptibles de remettre sérieusement en question la mobilité des
individus et celle des biens. Ces raisons justifient qu'une pareille
problématique mérite d'être posée désormais
au plus haut niveau de l'élaboration de la décision politique et
militaire dans le cadre des commissions spécialisées
réunissant tous les Etats de la sous- région, notamment ceux de
la CEMAC ou même de la CEEAC. L'effet recherché ici est de
trouver, en dehors des réponses qu'un Etat peut apporter au niveau
national, une solution analogue, sinon complémentaire, à ce
même problème au niveau sous- régional.
Dans cette optique, il est possible de remarquer que ce
problème sécuritaire est désormais pris en compte
directement dans le cadre de la CEMAC par les ministres de l'intérieur
des pays membres. En effet, ceux-ci ou leurs experts se réunissent
régulièrement pour porter à l'étude tel ou tel
aspect lié à cette problématique. Mais, on doit souligner
la nécessité pour ces commissions de dépasser ces cadres
de concertations théoriques pour parvenir à une
coopération effective et à la mise sur pied des unités sur
le terrain. C'est là, un des défis majeur qui se pose à
cet espace géographique pour les années à venir.
Cependant, à ce niveau de la progression de l'analyse, une interrogation
subsiste. En effet, le Congo a-t-il encore un avenir avec les ressources
naturelles stratégiques ?
B. L'avenir des ressources naturelles stratégiques
au Congo
1. Encore un bel avenir ?
Le pays attire les pétroliers du monde en raison des
importantes découvertes réalisées au cours des
années récentes dans l'off shore profond et très
profond. L'activité d'exploration est nettement moins avancée
encore, mais le taux de succès rencontré et la taille
exceptionnelle des premières découvertes laissent entrevoir de
très forts espoirs108. C'est ici qu'intervient le facteur
structurel. Car, l'industrie
108Il s'agit des gisements suivants : Nkossa, Kitina
et Mboundi.
pétrolière et gazière a accompli une
révolution technologique dont le public n'a pas encore mesuré
l'ampleur et les conséquences.
Aujourd'hui, grâce aux procédés
développés depuis une quinzaine d'années (la sismique 3D,
le forage à déport, etc.), non seulement on découvre de
plus en plus de gisements et l'on produit chaque jour davantage, mais aussi on
peut désormais opérer sur des gisements de taille modeste en
on shore, inexploitables hier, car pas rentables
économiquement.
Désormais, on peut explorer, forer et extraire de l'or
noir à plus de 3.000 mètres sous la colonne d'eau. En
l'état actuel des réserves, la ressource est encore importante
(Supra, Tableau n° 04 : réserves de gaz naturel et
production en 1999, p.27 ; Tableau n° 05 : étendue du potentiel
hydraulique, p. 30). Selon nos propres calculs, si le rythme actuel de
production est maintenu, c'est-à-dire entre 13 et 14 millions de tonnes
par an ou légèrement reconsidéré à la
hausse, le Congo pourra encore produire de l'or noir dans les dix ou quinze
prochaines années. Or, d'après les explorations récentes
il se trouve que de la Côte d'Ivoire au Cap, 112 puits ont
été forés par plus de deux cents mètres de
profondeur d'eau. Parmi, 18 découvertes sont jugées
économiquement rentables. De ces 18 découvertes, 15 sont
situées dans la ZIC, aux larges des côtes angolaises et
congolaises109. La pression des compagnies occidentales pour prendre
pied dans ce nouvel eldorado se fait de plus en plus
forte110. Ainsi, cette ressource pourra-t-elle encore jouer un
rôle cardinal dans l'économie du pays, tant que les autres
mécanismes ne produisent pas d'effets concrets pour remettre en cause
son imposante contribution dans la dynamique de formation de la richesse
nationale. Ce n'est pas si tôt qu'elles perdront cette
centralité.
109COLLECTIF, « Golfe de Guinée :
situation et perspectives énergétiques », in GARAUD,
Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ?
Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, pp :
140-143.
110A. D. OGOULAT, Article cité,
http://www.stratisc.org,
Consulté le 10/03/2005.
2. Quelques observations
Ce n'est pas certain qu'à l'heure actuelle, le
génie de l'homme soit parvenu à trouver les moyens de substituer
durablement la prépondérance des ressources naturelles, dont nous
avons dit dans cette étude qu'elles étaient stratégiques,
dans la vie de l'homme moderne par une ou plusieurs autres ressources. Cela est
particulièrement vrai des hydrocarbones liquides et gazeux, qui
apparaissent comme les plus stratégiques de toutes.
En effet, la ressource de laquelle peut résulter un tel
exploit est incontestablement le soleil. Or, scientifiquement, un tel projet
présente à l'heure actuelle très peu d'engouement au
niveau de la communauté des chercheurs, et la technologie disponible en
la matière est encore très onéreuse. Ceci est très
loin d'être une priorité pour le Congo, comme d'ailleurs pour tous
les autres pays du Tiers-monde, confrontés à l'extrême
pauvreté et plusieurs autres maux qui prennent le pas sur cette
question.
Il ressort d'un côté que les hydrocarbones
liquides et gazeux resteront encore longtemps des agrégats
indispensables à la civilisation moderne. Par conséquent, leur
importance ira croissante. Ce constat ne fait que confirmer la
centralité de ces agrégats, successivement dans les projections
de puissance de certains acteurs système international, avec au premier
rang les multinationales de l'énergie et dans la formulation des grands
enjeux planétaires de l'heure.
« La richesse des nations modernes, et donc leur
rayonnement international, repose sur la capacité à
maîtriser les sources d'énergies nécessaires à la
bonne marche de leur économie. Charbon, pétrole, uranium,
fleuves, forêts [... ] constituent aujourd'hui un enjeu tout aussi
valorisé et disputé que l'étaient hier certaines
matières premières (terres à blé, pâtures,
épices, or et argent) »111
Sans être un nouveau Moyen-Orient, l'Afrique, notamment
ses provinces pétrolières est déjà et deviendra
encore plus un acteur significatif de la scène pétrolière
mondiale. Ainsi, les pays faibles, comme le Congo, sur le territoire desquels
la présence de telles ressources est attestée se retrouvent dans
la ligne de
111J.P. PAUWELS et C. SWARTTENBROEK,
«Union Européenne et approvisionnement
énergétique : perspectives d'avenir », BONIFACE,
Pascal, (dir.), Revue Internationale et Stratégique, n°29,
Energie et relations internationales, Paris, Arlea, Printemps 1998, p.
99.
mire des Pays Industrialisés à travers leurs
firmes multinationales. Les ressources naturelles de ce pays sont importantes,
tant en termes de réserves prouvées, que de quantité
effectivement produites. On ne saurait, sans être accusé de
mauvaise foi et de manque de cohérence, en soutenant l'idée selon
laquelle les réserves prouvées et les quantités
effectivement produites desdites ressources ne sont pas en mesure de soutenir
les efforts de modernisation d'un acteur qui veut se faire une place sur la
scène internationale. Ce n'est pas exclu qu'une compétition telle
que celle observée dans cette étude (entre les compagnies
américaines et européenne de l'énergie, etc.) se
répète. Dans cette optique, il y a lieu de craindre des
ingérences, des conflits d'intérêts et des guerres.
Par ailleurs, il est également possible de constater
que ce n'est pas certain que les années qui vont suivre consacrent de
nouvelles découvertes de gisements «éléphants»
comme par le passé au Congo. Ce n'est pas non plus certain qu'elles n'en
consacrent pas du tout. Nous sommes ici dans le domaine de l'incertitude. Ces
considérations ne font que renforcer l'urgence de penser et de mettre en
oeuvre des stratégies de la création de la richesse avec une
faible prégnance de ces agrégats.
Au terme de la seconde partie consacrée à cette
investigation il ressort que de par la nature même de leur métier,
les multinationales de l'énergie se doivent de disposer des
capacités d'information sur les intentions des gouvernements avec
lesquels elles sont liées par des accords et d'anticipation sur les
éventuels risques pour la stabilité locale ou pour la
sécurité de leurs investissements. Les sommes colossales en jeu
expliquent pourquoi elles tentent d'influer sur le cours de certains
événements politiques dans les pays où elles sont
déjà installées ou dans ceux où elles comptent le
faire.
Cependant, si leurs moeurs semblent s'être assagies dans
d'autres zones, comme au Moyen-Orient et surtout en Amérique Latine,
où elles ont été accusées d'être à
l'origine de toutes les crises sociales et politiques des années 1960 et
1970112, il semble qu'elles n'ont pas encore renoncé à
jouer ce rôle d'acteur occulte en Afrique. Le cas du Congo, objet de
cette investigation, en est une illustration.
En effet, il existe une forte interaction entre la
préoccupation de disposer des sources d'énergie et les conflits
que ce pays a connu. Ceux-ci sont conséquents à la
rivalité exacerbée à laquelle se livrent les acteurs qui
opèrent dans ce domaine. Leur capacité à mobiliser des
sommes importantes leur permet de se donner des moyens d'agir directement ou
indirectement. Aussi, le secteur stratégique dans lequel elles
évoluent leur permet de disposer de liens spéciaux et de
véritables moyens pour influencer, aussi bien les gouvernements dont
elles ont la nationalité, que ceux des pays avec lesquels elles sont en
intelligence commerciale, dans un sens favorable à leurs
intérêts.
Si, dans les deux cas, la distance qui sépare cette
attitude de l'ingérence paraît déjà très
étroite, elle l'est encore beaucoup plus dans le second, où des
incursions dans le domaine de la souveraineté ont cours
régulièrement. Doit-on justifier ces errements, parfois dignes
des pratiques nazies, par le besoin de sécurisation des capitaux
investis ou à investir, fussent-ils colossaux ?
112P. BRAILLARD, DJALILI, M.-R., Les Relations
Internationales, Paris, PUF, 1988, pp. 51-53.
La fin de la confrontation Est-Ouest, consécutive
à la désintégration de l'URSS, avait suscité un
immense espoir de paix à travers le monde au début des
années 1990. De fait, la plupart des conflits liés à cette
situation ont depuis cette période connu un règlement
satisfaisant. Par exemple la résolution de certains conflits africains,
telle la guerre entre l'Erythrée et l'Ethiopie, la guerre civile du
Mozambique et la confrontation entre la République Sud-africaine et les
Etats de la «ligne de front». Or, moins d'une décennie
après ce processus de recomposition géopolitique d'envergure, la
paix demeure toujours illusoire dans plusieurs régions du monde. Parmi
ces espaces géographiques voués à la
conflictualité, il y a l'Afrique subsaharienne. En ce début de
XXIe siècle, elle offre le spectacle d'une sismicité
généralisée particulièrement violente qui refuse
obstinément de quitter la scène. Rares sont les parties du
continent Noir qui semblent véritablement échapper à cette
logique.
Les conflits du Congo de 1990 à 2002, principal objet
de cette investigation, ne sont pas étrangers à ce contexte. La
rivalité entre les protagonistes s'y est s'exprimée sous des
formes diverses, avec une préférence pour l'affrontement
armé direct. Les acteurs nucléaires sont appuyés par des
partisans nationaux et par des adjuvants sous-régionaux,
régionaux et internationaux. Entre eux, les alliances sont
circonstancielles et interchangeables au gré des intérêts.
Ces conflits apparaissent comme l'illustration même de cette logique
versatile des intérêts de certaines grandes puissances, qui, de ce
fait, l'a exposé à un processus de déstabilisation, dont
les conséquences ont été imprévisibles. L'onde de
choc de la rivalité a menacé au passage la paix et la
sécurité sous-régionales.
Ces conflits traduisent la complexité du jeu des
puissances dans leurs désirs d'exploiter au mieux de leurs
intérêts les ressources énergétiques, de les
protéger et de maîtriser les rythmes de production ; les compromis
nécessaires entre producteurs et acheteurs et le caractère
essentiel du lien entre l'énergie et le développement social et
économique. Dans ces affrontements, il y a un enjeu apparent, celui du
contrôle des ressources naturelles, particulièrement les
ressources pétrolières et gazières.
Au Congo, le développement du secteur des hydrocarbones
liquides et gazeux prend de plus en plus une importance particulière,
même si ce pays ne peut prétendre constituer une alternative de
quelque ordre que ce soit dans ce domaine. Ses réserves
avérées ne représentent qu'environ un dixième de
celles du continent. Mais, elles sont directement accessibles pour les
multinationales occidentales, car situées en off shore. Or,
l'exploration de l'off shore profond et très profond ne fait
que commencer. Déjà, les premières recherches ont mis
à jour de très excellentes perspectives d'avenir. Ces
considérations l'exposent à un processus de
déstabilisation dont l'un des objectifs est le contrôle de
l'énergie. En effet, les entreprises et les Etats inscrivent leurs
actions autour et le long des fractures géopolitiques induites par les
rivalités entre les acteurs nucléaires. Tous les faits indiquent
que les stratégies des acteurs les plus importants sont celles de la
France et des USA d'une part, et de l'Angola d'autre part.
Côté américain, pour la période
allant de 1990 à 2002, la volonté de diversification des sources
de pétrole est plus que jamais d'actualité. Les USA veulent
réduire leur dépendance par rapport au Moyen-Orient. Le continent
africain, de par sa situation géographique, est considéré
par les États-Unis et l'Europe comme une source de pétrole
privilégiée. Les États-Unis en particulier
déploient depuis 1996 des efforts considérables pour multiplier
les livraisons de pétrole en provenance du Golfe de Guinée. En
témoignent par exemple, les visites du secrétaire d'État
Colin POWELL en Angola et au Gabon en septembre 2002, de l'assistant du
secrétaire d'État pour les Affaires africaines, Walter
KANSTEINER, au Nigeria puis à São Tome et Principe. Ainsi,
étaient particulièrement visés la plupart des producteurs
de pétrole d'Afrique subsaharienne : le Nigeria, l'Angola, le Gabon, la
Guinée équatoriale et le Congo-Brazzaville qui développent
déjà leur production, et le Tchad, le Cameroun et le Soudan qui
sont en train de rattraper leur retard.
La France par contre, n'est pas sans intérêts au
Congo. Les intérêts les plus déterminants relèvent
du secteur des hydrocarbones liquides et gazeux (supra, pp : 89-90).
C'est ici un intérêt stratégique qui est étendu
à une bonne partie de la côte
Atlantique. Il est très peu probable que ce pays ait vu
d'un bon oeil cette offensive américaine dans ses places fortes
traditionnelles.
Enfin, l'Angola était préoccupé à
trouver une solution viable au différend qui l'oppose au FLEC et
à l'UNITA, tout comme il redoutait l'instauration de nouveaux
équilibres dans la région. Cette dernière attitude est
contraire à sa volonté de s'affirmer comme une puissance
militaire sous-régionale d'importance, en mesure de sécuriser ses
richesses et celles de ses voisins, avant d'améliorer significativement
sa posture de deuxième puissance pétrolière de la zone
après le Nigeria.
Comme on peut le voir, ces acteurs défendent sans
scrupules les positions qui correspondent à leurs intérêts.
Pour cela, ils ont des responsabilités identifiables dans le
développement de ces situations belliqueuses. Mais, il n'en demeure pas
moins que les guerres qui ont lieu au Congo sont d'abord des processus de crise
nourris de la logique interne des enjeux sociaux, engageant dans l'affrontement
non pas des étrangers mais des proches. Une scène des combats
à Brazzaville, décrite par J. TONDA de l'Université de
Brazzaville, illustre cette thèse de la primauté de la dimension
sociale de la guerre :
« Durant une journée de juillet 1997, les
combattants des milices rivales décidèrent, apparemment sans
prendre l'avis des directions politiques, un cessez- le-feu durant lequel ils
purent accélérer les pillages sans être perturbés
par les armes. Ils pactisèrent même en reprochant à leurs
chefs de les envoyer se faire tuer tandis que ceux-ci avaient mis leurs enfants
à l'abri à l'étranger. La conscience d'une condition
commune de classe fut vive, en ces heures, dans cette population qui
désigna par le pillage en commun du Centre-ville, centre du pouvoir
politique, mais aussi du pouvoir économique, l'objet fondamental du
différend de classe : le rapport inégal « aux choses des
Blancs » ; objet de toutes les envies, de tous les fantasmes et donc des
frustrations explosives. »113.
Ce type de situation attire l'attention. Son
dévoilement oblige à prendre des distances par rapport à
des interprétations qui verraient dans les mobilisations politiques,
aussi bien pacifiques que violentes, le seul résultat de
l'instrumentalisation de l'ethnicité ou de la jeunesse, ou d'autres
clivages encore,
113J. TONDA, « La guerre dans le
«Camp Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la
consommation/consumation », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux
Congo dans la guerre, Politique africaine, n°72, 1998,
http://www.politique-africaine.com,
consulté le 02 mai 2005.
par les entrepreneurs politiques ou encore des politiques par
les multinationales. Cette autonomie relative des logiques de la violence
montre les limites des appareils politiques, ceux des États comme ceux
des entités qui contestent l'Etat. Elle explique par la même
occasion la difficulté de mettre en oeuvre des protocoles de retour
à la paix. I1 en est de même de la persistance de la violence
qu'on observe encore aujourd'hui en périphérie de Brazzaville et
dans certaines provinces du pays. Cela suggère que l'Etat dont il est
question ici n'est pas une instance de contrôle de la violence physique
sur un territoire, c'est un Etat qui n'est ne s'impose pas par sa
capacité à satisfaire les besoins primaires de sa population.
Dans ces conditions, un véritable retour à la paix civile devrait
d'abord chercher son expression dans les agencements locaux de la circulation
de la richesse nationale. En d'autres termes, le retour à la paix repose
sur la capacité des décideurs à répercuter
l'ensemble de la richesse de la nation sur toutes les composantes de la
société.
L'utilisation des revenus pétroliers, principale
richesse de la nation, par les pouvoirs en place suscite les interrogations
croissantes de l'opinion publique en raison de leur faible impact, sur la vie
quotidienne des citoyens et sur le développement économique. Un
audit récent des comptes de la SNPC par les consultants MCKENZIE et
Arthur ANDERSEN, a révélé que des sommes importantes
n'étaient pas reversées au Trésor national. D'où,
le développement du militantisme des ONG autour de l'Eglise
catholique114. Cette institution a engagé une action en
faveur de la transparence dans l'utilisation des revenus pétroliers, qui
s'est concrétisée par la publication en juin 2002, d'une
déclaration officielle des évêques sur la gestion de la
rente pétrolière.
On ne peut espérer une paix pérenne si la
question de l'emploi et de l'insertion des jeunes n'est pas résolue.
Car, il n'est de développement durable que s'il ne
114Cette démarche pose la
nécessité d'amorcer le débat public sur l'opacité
de la gestion des revenus pétroliers. Une publicité de la gestion
de ces revenus est importante dans la mesure où elle permet de placer le
gouvernement et les compagnies pétrolières sous le regard
critique de la population locale et de la Communauté Internationale.
Cette démarche vise la transparence et la bonne gestion.
s'appuie sur les éléments les plus valides et
les plus énergiques de la société : les jeunes. Ce
problème de la jeunesse apparaît comme l'un des défis
majeurs du Congo de notre époque.
Si l'Afrique en général est hors jeu du point de
vue des échanges entre les nations à l'heure actuelle, cette
réalité ne s'applique pas toujours à toutes les
régions et à tous les produits issus de ce continent. Car, il
existe des régions qui suscitent un tel intérêt
qu'aujourd'hui, elles sont le point de convergence de toutes les
stratégies de puissance de certains acteurs influents de la scène
internationale. Loin d'être hors jeu, les régions utiles du
continent sont un enjeu de confrontation entre les puissances occidentales et
entre ces dernières et certaines puissances à vocation
continentale, l'Afrique du Sud, l'Angola et le Nigeria.
Ainsi, ce qu'on ne semble pas vouloir admettre, c'est que
l'Afrique est revenue au centre des préoccupations des puissances
industrielles. Parmi les ressources qui sont à l'origine d'un tel regain
d'intérêt du continent par les puissances industrielles figurent
en bonne place les hydrocarbones liquides et gazeux. En effet, le gaz naturel
et pétrole couvrent désormais les deux tiers de la demande
énergétique mondiale. Dans ce sens, il est une matière
première stratégique de première importance qui satisfait
à lui seul 40% des besoins en énergie de la planète. Il
présente de plus une particularité fondamentale : c'est la source
quasi unique de carburants pour les voitures, les camions, les bateaux et les
avions. Sans pétrole, l'activité économique
s'arrête, les armées sont paralysées. Le pétrole est
donc une ressource vitale pour les États. Dans cette optique, le
pétrole et le gaz naturel sont un enjeu potentiel de guerre.
Il semble aujourd'hui admis que l'Afrique, sans être un
nouveau Moyen- Orient, est déjà et deviendra encore plus à
moyen terme un acteur significatif de la scène pétrolière
mondiale. Si l'exploitation pétrolière de ce continent est
relativement récente par rapport aux autres grandes zones que sont les
USA, la Russie, le Moyen-Orient ou l'Amérique du Sud, il
bénéficie de plusieurs atouts qui devraient favoriser son essor,
notamment pour sa partie subsaharienne. Tout d'abord les progrès
techniques, notamment au niveau de l'exploitation offshore,
rendent désormais très facilement exploitables,
et à des conditions économiques compétitives, les
gisements situés dans le golfe de Guinée. Le pétrole
produit est de très bonne qualité et cette région jouit
d'un excellent positionnement par rapport aux marchés consommateurs :
Europe et Etats-Unis. Ainsi, les pays d'Afrique sur le territoire desquels la
présence de telles ressources est attestée se retrouvent dans la
ligne de mire des firmes multinationales occidentales, justifiant
l'hypothèse d'une Afrique victime de la convoitise de ses multiples
richesses. Ainsi, la conflictualité observée dans ces
régions de l' «Afrique utile» s'explique partiellement par des
motivations de positionnement, de repositionnement et par la
détermination des firmes multinationales de vouloir toujours
conquérir de nouveaux marchés et de réaliser des profits
à tous les coups.
Toutefois, si l'aventurisme des multinationales
pétrolières n'est pas exempt de reproches, les hypothèses
de la rivalité de puissance et de contrôle global de
l'énergie ont pour effets pervers de présenter les politiques
congolais comme de simples marionnettes et d'absoudre à bon compte leurs
errements et leur incapacité à proposer des projets de
développement viables. Dans un tel contexte, leurs
responsabilités ne peuvent être que difficilement ou partiellement
mises sur la sellette. D'autres paramètres, à l'instar des
questions ethniques depuis la Traite des Noirs115, les luttes de
positionnement des politiques, la monopolisation de l'appareil étatique
et de sa richesse par des groupes ethno-régionaux qui ont toujours
été en toile de fond des crises successives que ce pays a connues
depuis son indépendance, sont également des facteurs
déterminants dans l'avènement de cette situation.
115Pendant la Traite, certaines ethnies
étaient utilisées pour faciliter l'assujettissement de plusieurs
autres. Cet état de faits a généré des rancunes qui
ont perduré avec le temps, lesquels expliquent partiellement les
conflits actuels par le désir de vengeance. A ce sujet, Cf. Y. LACOSTE,
«Géopolitique des tragédies africaines»,
Hérodote, n°111, Tragédies africaines,
Paris, La Découverte, 4ème trimestre 2003, pp :
3-4.
Série 1. Les arsenaux des protagonistes
(Sources des illustrations : CESA et le Conseil des
Stratèges des trois armées Tunisiennes).
Photo n°01 : Iliouchine 76
L'Iliouchine 76 big est un joyau technologique de la firme
soviétique Ilyushin Corporation. Il est
spécialisé dans le transport des cargaisons lourdes et de gros
gabarit. Possédé par le camp gouvernemental, cet appareil a
été mis à contribution dans le transport du
matériel militaire lourd et super lourd, dans le transport des
hélicoptères de combat (en pièces détachées
des lieux d'achat vers Pointe-Noire où ils ont été
monté dans les ateliers militaires) et de celui des produits
alimentaires destinés aux combattants.
Photo n°02 : Hercule C-130
Le Hercule C-130 est de fabrication américaine. Comme
l' Iliouchine 76, il est spécialisé dans le transport des
cargaisons lourdes et de gros gabarit : les pièces des centrales
électriques, des pièces d'assemblage pour l'industrie
pétrolière, des pièces et moteurs pour avions
immobilisés, de satellites pour missions spatiales, etc.
Possédé par le camp gouvernemental, il a joué le
même rôle l'Iliouchine 76.
Photo n°03 : Antonov 24
D'origine soviétique, l'Antonov 24 peut s'adapter
à des aéroports de circonstance et remplir des missions
hétéroclites : évacuation des blessés, transport du
matériel militaire léger, des troupes, etc. Il a
été décisif dans le tournant de la guerre : c'est avec ce
type d'appareils que le camp du PCT, via l'Angola, est parvenu à ouvrir
le front Sud-ouest ; c'est encore avec ce type d'appareil que s'opérait
le ravitaillement du PCT par le biais des facilités
aéroportuaires gabonaises ; enfin, c'est avec cet appareil que le camp
gouvernemental commerçait avec l'UNITA.
Photo n°04 : hélicoptère MI-24
D'origine soviétique, l'Hélicoptère
MI-24 est un appareil de combat redoutable.
Possédé par le camp gouvernemental, il est entré en
action, comme d'ailleurs tous les autres hélicoptères ci-dessous,
à partir du mois d'août 1997 en bombardant massivement les
positions adverses dans les quartiers Nord. Il est équipé d'une
mitrailleuse de 12,7 mm quadritube en tourelle, de 4 paniers de 62 roquettes ;
de 4 paniers de 32 missiles anti-char AT2 «Swatter» à guidage
infrarouge. Le Hind est opérationnel dans la lutte anti-char, l'assaut
terrestre, l'évacuation des blessés, des civils et dans les
missions commandos. Il vole à une vitesse maximale de 320 km/h et
à un plafond opérationnel de 4500 mètres. Son rayon
d'action au combat est de 220 km. Son entrée en action a procuré
une avance indéniable au camp gouvernemental sur son adversaire.
Photo n°05 : hélicoptère Puma 330
L
Photo n°06 : hélicoptère Super Puma
L'hélicoptère Puma 330 L et
l'hélicoptère Super Puma sont de fabrication française. A
quelques exceptions, ils ont les mêmes capacités
opérationnelles que l'hélicoptère MI 24 déjà
présenté plus haut, photo
n°04. Ces appareils ont été
utilisés par le camp gouvernemental dans les mêmes circonstances
que l'hélicoptère MI-24.
Photo n°07 : bombardier MIG 21
Le MIG-21 «Fishbed» est l'avion de
combat soviétique le plus prolifique de l'après deuxième
grande guerre. Il appartient à la catégorie des chasseurs
bombardiers. Comme armes, il possède un radar très performant,
«Jay bird», spécialisé dans les recherches et les
poursuites, un canon de 30 mm, deux missiles air-air AA-2 «Atoll» et
de deux paniers d'environ 94 roquettes chacun. Ce type d'appareil a
été mis en oeuvre dans les dernières heures des
hostilités par le camp du PCT avec l'aide de son allié le plus
important, l'Angola. Il a forcé l'issue du conflit en faveur des forces
du PCT.
Photo n°08 : Eagle
Véhicule blindé spécialisé dans la
facilitation des communications entre les différentes unités
combattantes et les centres de décisions. Il a été
aligné par le camp gouvernemental. Toutefois, il peut aussi remplir
d'autres missions : évacuation des blessés, transport des
troupes, etc. Comme le BRDM 2 NTC et le BTR 90 ci-dessous, il figurait au
nombre des véhicules qui étaient venus attaquer la
résidence privée de l'ancien chef de l'Etat, le leader des forces
du PCT, le 05 juin 1997.
Photo n°09 : BRDM 2 NTC
Photo n°10 : BTR 90
Le BRDM 2 NTC et le BTR 90
sont spécialisés dans l'appui des mouvements des fantassins ou
encore destinés à baliser le terrain avant que ceux-ci ne
commencent leurs opérations. Ces engins font partie de la
catégorie artillerie lourde.
Photo n°11 : Tank T-55
Le Tank T-55 est un char de fabrication
russe. Il est armé d'un canon de 125 mm, de 30 obus
couplés à deux mitrailleuses montées en tourelles : l'une
de 12,7 mm et l'autre de 7,62 mm. Il dispose d'un important blindage et ne
nécessite que deux personnes pour être opérationnel : un
conducteur-canonier et un mitrailleur de tourelle.
Photo n°12 : BM 21
De fabrication soviétique, le BM-21
est la version moderne des «Orgues de STALINE».
C'est une pièce d'artillerie redoutable et extrêmement pratique.
Elle provoque un déluge de 42 roquettes en quelques fractions de
secondes. Sa spécificité c'est qu'elle peut atteindre plusieurs
cibles en même temps. Deux personnes, un tireur et conducteur, suffisent
pour le mettre en marche. Le BM 21 a été mis en
oeuvre par les deux camps.
Dans la catégorie des armes individuelles, les
principaux types utilisés par les deux parties vont de la
AK-47 aux mortiers, en passant par d'autres types de fusils
mitrailleurs aussi sophistiqués que les MG-15,
MG-34 et MG-42, le SA-80,
les RPG et les M-249. Les photos ci-dessous
illustrent quelques unes d'entre elles.
Photo n°13 : AK-47
Photo n°14 : SA-80
Photo n°16 : M-249
Photo n°17 : RPG
Série 2. Quelques dégâts
matériels (Sources : Médecins Sans Frontières)
Photo n°01 : habitation détruite (un
village de la province du Pool)
Photo n°02 : habitation détruite (un
village de la province du Pool)
Photo n°02 : habitation détruite (un
village de la province du Pool)
Série 3. Quelques documents administratifs
(Sources : REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres du
Congo-Brazzaville : novembre 1993- janvier 1994, 05 juin-15 octobre 1997,
T. I. Collection Documents pour l'Histoire, sans lieu, sans date, 232 pages)
Document n°01 : extrait du cahier de charges
d'un prestataire de services liés à la guerre.
Document n°02 : facture de livraison des
appareils militaires au gouvernement congolais.
Document n°03 : fiche d'information d'un
élu local au Président de la République.
Document n°04 : garantie de prêt
gageant les ressources naturelles du pays.
Document n°05 : garantie de
prêt.
Document n°06 : contrat de prêt gageant
les ressources naturelles du pays.
Document n°07 : prise de contact entre le
leader du PCT et le président Elf aquitaine.
131
Document n°08 : proposition de service de
communication.
A. Les Ouvrages
1. Ouvrages spécialisés
*AMIN, Samir, COQUERY-VIDROVITCH, Catherine, Histoire
économique du
Congo 1880-1968. Du Congo français à l'Union
douanière et économique
d'Afrique Centrale, Dakar, IFAN et Paris, Editions
Anthropos, 1969, 206 pages.
*BERNAULT, Florence, Démocratie
ambiguës en Afrique Centrale, Congo-
Brazzaville, Gabon : 1960-1965, Paris, Karthala,
Collection Les Afriques, 1992,
428 pages.
*COQUERY-VIDROVITCH, Catherine, Le Congo au temps des
compagnies concessionnaires, 1898-1930, Paris, Mouton, 598 pages.
*LISSOUBA, Pascal, Congo : Les fruits de la passion
partagée, Paris, Odilon Média, 1997, 252 pages.
*MENGA, Guy, Congo-la transition escamotée,
Paris, L'Harmattan, 2000, 210 pages.
*SASSOU N'GUESSO, Denis, Le Manguier, le fleuve et la
souris, Paris, Jean-Claude Lattes, 1997, 184 pages.
*REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres du Congo-Brazzaville
novembre 1993- janvier 1994, 05 juin-15 octobre 1997, T. I., Collection
Documents pour l'Histoire, sans lieu, sans date, 232 pages.
*REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres du Congo-Brazzaville :
novembre 1993- janvier 1994, 05 juin-15 octobre 1997, T. II., Collection
Documents pour l'Histoire, sans lieu, sans date, 996 pages.
2. Ouvrages annexes
*AIRCADI, de Saint Paul, La Politique africaine des USA,
mécanismes et conduite, Paris, Economica, 1984, 352, pages.
*AMSELLE, Jean-Loup et M'BOKOLO, Elikia, Au Coeur de
l'ethnie. Ethnies,
tribalismes et États en Afrique, Paris, La
Découverte, 1986, 226 pages. *ANYANG-NYONGO, Peter, L'Afrique, la
longue marche vers la démocratie, Paris,
Editions Publisud, 1988, 254 pages.
*BADIE, Bertrand, La Fin des territoires, Paris, Fayard,
Collection l'Essence du politique, 1995, 280 pages.
*BADIE, Bertrand, Un monde sans souveraineté. Essai
sur l'utilité sociale du
respect, Paris, Fayard, Collection l'Essence du
politique, 1999, 306 pages. *BADIE, Bertrand, SMOUTS, Marie-Claude, Le
Retournement du monde :
sociologie de la scène internationale, Paris,
PFNSP & Dalloz, 1992, 254 pages. *BONIFACE, Pascal, (dir.), Morale et
relations internationales, Paris, IRIS-PUF, 1ère
édition, Collection Enjeux stratégiques, 2000, 184
pages.
*BONIFACE, Pascal, Les Guerres de demain, Paris, Seuil,
2001, 224 pages. *BONIFACE, Pascal, Le Monde contemporain : grandes lignes
de partage, Paris, PUF, Collection Premier Cycle, 1ère
édition, 2001, 256 pages.
*BOURRELIER, Paul-H., Le Mobile. La planète ou l'enjeu
des ressources naturelles, Paris, Economica, 1989, 610 pages.
*BRAILLARD, Philippe, DJALILI, Mohammad-Reza, Les Relations
Internationales, Paris, PUF, Collection que sais-je ? 1988, 128 pages.
*BRETTON, Philipe, Les Relations internationales
contemporaines, Paris, LITEC, 1993, 392 pages.
*COLSON, Bruno, Le Tiers Monde dans la pensée
stratégique américaine, Paris,
Economica et Institut de Stratégie Comparée,
1994,
http://www.stratic.org.
*COSER, Lewis, Les Fonctions du conflit social, Paris, PUF, 1982,
1ère édition, 184
pages.
*COQUERY-VIDROVITCH, Catherine, Afrique Noire : permanence et
rupture, Paris, l'Harmattan, 1992, 2ème édition,
450 pages.
*EBOUSSI-BOULAGA, Fabien, Les Conférences Nationales
en Afrique noire : une affaire à suivre, Paris, Karthala, 1992, 220
pages.
*FORGET, Philippe et POLYCARTE, Gilles, Les
Réseaux. Essai d'anthropologie philosophique, Paris, Economica,
Collection Bibliothèque Stratégique, 1997, disponible sur le site
Internet :
http://www.stratic.org.
*GANDOLFI, Alain, Perestroïka et le tiers-monde,
Paris, PUF, 1ère édition, 1992, 240 pages.
*GAZANO, Antoine, Les Relations internationales : les
données, les acteurs et les règles, les enjeux et les
défis, Paris, Gualino Editeur, Collection Mémentos, 2001,
228 pages.
*GOYET, Francis, Rhétorique de la tribu,
rhétorique de l 'Etat, Paris, PUF, Collection Recherches
politiques, 1ère édition, 1994, 234 pages.
*JACQHIER, Bernard, Relations internationales. Les
acteurs du système international, tome 1, Grenoble, PUG, 1993, 176
pages.
*KISSINGER, Henry, La Nouvelle puissance
américaine, Paris, Fayard, 2003, 398 pages.
*MELANDRI, Pierre et VAISSE, Justin, L'Empire du milieu. Les
Etats Unis et le monde après la Guerre Froide, Paris, Odile Jacob,
2001, 560 pages.
*MERLE, Marcel, La Politique étrangère,
Paris, PUF, 1984, 224 pages.
*MERLE, Marcel, Les Acteurs dans les relations
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*MONROY, Michel et FOURNIER, Anne, Figures du conflit,
Paris, PUF, 1ème édition, 1997, 232 pages.
*OPPETIT, Bruno, Théorie de l'arbitrage, Paris,
PUF, 1ère édition, 1998, 128 pages. *SINDJOUN, Luc,
Sociologie des relations internationales africaines, Paris, Karthala,
2002, 248 pages.
*ROSENBERG, David, Le Principe de la souveraineté des
Etats sur les ressources naturelles, Paris, LGDJ, 1983, 398 pages.
*SCHELLING Thomas, La Stratégie du conflit,
Paris, PUF, Collection Perspectives Internationales, 1986, 320 pages.
*SERFATY, Simon, Politique étrangère des USA de
TRUMAN à REAGAN, Paris, PUF, 1ère édition, 1986, 256
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*SMITH, Stephen, et GLASER, Antoine, Ces Messieurs Afrique.
Le Paris village du continent noir, Paris, Calmann-Lévy, 1992, 236
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*SMOUTS, Marie-Claude, Les Nouvelles relations
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*TEDGA, Paul, Ouverture démocratique en Afrique
Noire ? Paris, L'Harmattan, 1991, 256 pages.
*THERY, Hervé, (dir.), L 'Etat et les
stratégies du territoire, Paris, CNRS, 1981, 244 pages.
*VERSCHAVE, François-Xavier, La Françafrique.
Le plus grand scandale de la république, Paris, Stock, 1999, 380
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*VERSCHAVE, François-Xavier, Noir silence. Qui
arrêtera la Françafrique ? Paris, Les Arènes, 2000,
600 pages.
*VERSCHAVE, François-Xavier, Noir procès.
Offense à chefs d'Etat, Paris, Les Arènes, 2001, 394
pages.
*VERNON, Raymond, Les Entreprises multinationales,
Paris, Hachette, 1973, 352 pages.
*YAMEOGO, Hermann, Repenser l 'Etat africain : ses dimensions
et prérogatives, Paris, l'Harmattan, 1993, 256 pages.
*ZORGBIBE, Charles, Relations Internationales, Paris,
PUF, 5ème édition, 1994, 624 pages.
*ZARTMAN, I. William, (dir.), De l'effondrement de l
'Etat. Désintégration et restauration de
l'autorité légitime, Paris, Nouveaux Horizons, 1997, 314
pages.
3. Ouvrages méthodologiques
*BAUD, Michel, L'Art de la thèse, Paris, La
Découverte, 2001, 200 pages. *CHAUPRADE, Aymeric,
Géopolitique : constantes et changements dans l'histoire,
Paris, Ellipses, 2001, 912 pages.
*GRAVITZ, Madeleine, Méthode de recherche en Sciences
sociales, Paris, Dalloz, 1996, 1140 pages.
*JUAN, Salvador, Méthodes de recherches en sciences
socio humaines. Approches critiques des techniques, Paris, PUF,
1ère édition, 1999, 304 pages.
*LACOSTE, Yves, Question de géopolitique : l'islam, la
mer, l'Afrique, Paris, LGF, 1988, 256 pages.
*MACE, Gordon et PETRY, François, Guide
d'élaboration d'un projet de
recherche en Sciences sociales, Paris, Deboeck
Université, 1999, 134 pages. *THUAL, François,
Géopolitique au quotidien. Apprendre à
déchiffrer l'actualité,
Paris, Dunod, 1993, Collection IRIS-Dunod, 200 pages.
B. Les Périodiques
1. Les articles de revues
a. Les articles spécialisés
*BERNAULT, Florence, «
Archaïsme colonial, modernité sorcière et
territorialisation du politique à Brazzaville, 1959-1999 », in
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africaine, n°72, 1998,
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*DORIER-APPRILL, Elizabeth, « Jeunesse et
ethnicités citadines à Brazzaville », in MUSANJI
NGALASSO, Mwatha (dir.), Démocratie : le pouvoir des mots,
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http://politique-africaine.com.
*FAO, «Les Principales zones de cultures du Congo
», rubrique «Espace entreprise du Congo»,
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*FRECHET, Marc, «L'Agriculture, l'élevage, la
pêche », rubrique «Espace entreprise du Congo»,
http://www.izf.net.
*JOANNIDIS, Marie et CHAMPIN, Christophe, «
République Démocratique du Congo : le dossier d'un conflit
régional », in BONIFACE, Pascal (dir.), L'Afrique entre
guerre et paix, Revue Internationale et Stratégique,
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*LACOSTE, Yves, «Géopolitique des
tragédies africaines», Hérodote, n°111,
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*LECLERC, Jean, « Le Congo-Brazzaville dans
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*POURTIER, Roland, « L'Afrique Centrale dans la
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*QUANTIN, Patrick, « Les Congos dans la guerre :
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*TONDA, Joseph, « La guerre dans le «Camp
Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la
consommation/consumation », in Patrick, QUANTIN, (dir.), Les Deux
Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, 1998, pp :
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b. Les articles annexes
*ANGO ELA, Paul, « La Coopération militaire
franco-africaine et la nouvelle donne des conflits en Afrique », in
RUFIN, Jean-Christophe, (dir.), Les conflits en Afrique, Revue
Internationale et Stratégique, n°23, Paris, Arlea, Automne
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*ALMOND, Mark, « Les USA et l'Afrique centrale
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? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, 156
pages, pp : 76-83.
*ATLAN, Catherine & LAUSEIG, Jérôme,
« Les Approches françaises et américaines du maintien de
la paix en Afrique », in BACH, Daniel & SINDJOUN, Luc (dir.),
Enjeux stratégiques et gestion des crises en Afrique, Polis,
Vol.04, n°02, novembre 1997,
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr.
*BACH, Daniel et SINDJOUN, Luc, «Ordre et
désordre en Afrique», in, BACH, Daniel et SINDJOUN, Luc
(dir.), Enjeux stratégiques et gestion des crises en Afrique,
Polis, Vol.4, n°2, nov. 1997,
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr.
*BAYART, Jean-François, «L'Afrique invisible
», in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale,
n°70, Paris, Automne 1997, 420 pages, pp : 287-300.
*BAYART, Jean-François, « L'Embrasement de
l'Afrique Subsaharienne », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique
Internationale, n°77, Paris, Automne 1997, 464 pages, pp : 155-464.
*BENSAIDE, Bernard, « L'Afrique subsaharienne : un
continent endetté au potentiel pétrolier prometteur »,
in GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique
acteur ou enjeu ? Géopolitique,
n°63, Paris, PUF, octobre 1998, 156 pages, pp :
123-133.
*BLUSTEIN, Paul, « Réinventer le FMI
», in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique
Internationale, n°98, Paris, Hiver 2002-2003, 478
pages, pp : 253-262. *BOUTHELIER, Anthony, « Riche Afrique et les
entreprises françaises », in
BONIFACE, Pascal (dir.), Une voie venue d'Afrique,
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*SMITH, Stephen, « France-Afrique : la fin d'une
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*TERZIAN, Pierre, « La Nouvelle donne du
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*VILLEPIN (de), Xavier, « La Politique
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Revue Internationale et Stratégique, n°46, Paris, PUF,
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2. Les interviews dans les revues
*« Quels nouveaux outils pour repenser le
développement avec l'Afrique ? », entretien avec Michel
ROCARD, in BONIFACE, Pascal (dir.), Une Voie venue d'Afrique, Revue
Internationale et stratégique, n°46, Paris, Eté 2002,
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*« L'Afrique et la France : quelles perspectives ?
Rénover les relations franco africaines », entretien avec
Denis TILLINAC, in BONIFACE, Pascal (dir.), Une
Voie venue d'Afrique, Revue Internationale et
stratégique, n°46, Paris, Eté 2002, 216 pages, pp :
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*« La France et la sécurité de l'Afrique
», entretien avec Paul QUILES, in
BONIFACE, Pascal (dir.), L'Afrique entre guerre et
paix, Revue Internationale et
stratégique, n°33, Paris, PUF, Printemps 1999,
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*« Grands Lacs : les clés d'une guerre sans fin
», entretien avec Gérard PRUNIER,
in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale,
n°82, Paris, Hiver 1998-99,
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*« Congo-Brazzaville : cap sur la démocratie
», entretien avec Denis SASSOUNGUESSO, in WAJMAN, Patrick, (dir.),
Politique Internationale, n°81, Paris, Automne 1998, 504 pages, pp
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*« FMI : le pompier pyromane », entretien
avec Jeffrey SACHS, in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique
Internationale, n°80, Paris, Eté 1998, 456 pages, pp : 09-
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*«L'Avenir du Pétrole », entretien avec
Pierre TERZIAN, in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale,
n°80, Paris, Eté 1998, 456 pages, pp : 145-156.
*« Le Pouvoir en Afrique », entretien avec
Pius NGANDU-NKASHAMA, in GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou
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3. Les mensuels, les hebdomadaires et les
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*HUGUEUX, Vincent, « Les Sacrifiés de Brazza
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*Le FLOCK-PRIGENT, Loïk, « La Confession
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*ONDOA, Thomas Didyme, Construction d'un espace de
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internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2005, 166 pages.
D. Brochures et rapports de missions
*AUBERT, Marie-Hélène, BRANA, Pierre, BLUM,
Roland, Pétrole et éthique : une conciliation possible ?
T. I, Paris, Assemblée Nationale, Commission des affaires
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*AUBERT, Marie-Hélène, BRANA, Pierre, BLUM,
Roland, Pétrole et éthique : une conciliation possible ?
T. II, Paris, Assemblée Nationale, Commission des affaires
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*BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le
monde : investir dans la santé, Washington, 1993, 340 pages.
*BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le
monde : une infrastructure pour le développement, Washington, 1994,
278 pages.
*BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans
le monde : le monde du
travail dans une économie sans frontières,
Washington, 1995, 290 pages. *BANQUE MONDIALE, Rapport sur le
développement dans le monde : le savoir-
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*CHARASSE, Gérard (dir.), Le Congo-Brazzaville
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Assemblée Nationale, Commission des Affaires étrangères,
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*NKUNBAGENZI, Félix, L'Union Européenne et
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*World Energy Council, Potentiel de développement
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*World Energy Council, Potentiel de développement
intégré de l'énergie au plan régional en
Afrique, Document de travail 2003, rubriques «Géographie
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http://www.worldenergy.org.
*World Energy Council, Potentiel de développement
intégré de l'énergie au plan régional en
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E. Documents audiovisuels
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*LEPETIT, Jean-François, Le Monde selon Georges Walker
BUSH, Flach Film MMIV, France 2, RTBF, TSR, CNC & SBS, septembre 2004,
92»32'.
*M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), Le Temps des
indépendances, in
Afrique une histoire sonore 1960-2000 CD n° 01,
Paris, RFI-INA, 2000, 71»55'.
*M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe
(dir.), Les Indépendances, in Afrique
une histoire sonore 1960-2000 CD n° 02, Paris,
RFI-INA, 2000, 73»02'.
*M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), Le Temps des
partis uniques, in
Afrique une histoire sonore 1960-2000 CD n° 03,
Paris, RFI-INA, 2000, 72»31'.
*M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe
(dir.), Vers la démocratie, in Afrique une
histoire sonore 1960-2000 CD n° 04, Paris, RFI-INA,
2000, 71»28'.
*M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), La Baule et
après, Afrique une histoire sonore 1960-2000 CD n° 05,
Paris, RFI-INA, 2000, 72»00'.
*M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.),
L'Unité africaine : une longue marche, in Afrique une
histoire sonore 1960-2000 CD n° 06, Paris, RFI-INA, 2000,
72»12'.
*M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), Les
Relations franco-africaines,
Afrique une histoire sonore 1960-2000
CD n° 07, Paris, RFI-INA, 2000, 73»08'.
F. Les Usuels
*CANTO-SPERBER, Monique (dir.), Dictionnaire d'éthique
et de philosophie morale, Paris, PUF,
3èmeédition, 2001, 1840 pages.
*COLECTIF, Le Dictionnaire hachette
encyclopédique, Paris, Hachette Edition, 2002, 1860 pages.
*MONTBRIAL, Thierry de, et KLEIN, Jean, (dir.),
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Paris, PUF, Collection Grands dictionnaires,
1ère édition, 2000, 624 pages. *SMOUTS Marie-Claude,
BATTISTELA, Dario, VENESSON, Pascal, Dictionnaire
des relations internationales, Paris, Dalloz, 2003, 506
pages.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE IV
REMERCIEMENTS V
ABREVIATIONS ET SIGLES VI
LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET TABLEAUX VIII
REPERES CHRONOLOGIQUES IX
INTRODUCTION GENERALE 1
I. L'objet de l'étude 4
II. Justification de l'objet d'étude 7
III. Intérêt de l'étude 9
IV. Etat de la question 9
V. Objectif de l'étude 14
VI. Problématique 14
VII. Hypothèses de l'étude 15
VIII. Cadre théorique de l'étude 15
1. Le réalisme 16
2. Le transnationalisme 16
a. La géopolitique 17
b. La géostratégie 18
IX. Clarification des concepts 18
1. La notion de conflit armé 18
2. La notion de puissance 19
3. La notion de ressources naturelles stratégiques 19
4. La notion de firmes multinationales 20
X. Méthodologie 20
XI. Plan de l'étude 21
PREMIERE PARTIE : GEOPOLITIQUE DES RESSOURCES NATURELLES
ET
CONFLICTUALITE 22
Chapitre I. La géographie des ressources
naturelles congolaises 24
Section I. L'inventaire des ressources naturelles
24
A. Les ressources naturelles stratégiques 24
1. Les hydrocarbones liquides et gazeux 25
a. Le pétrole 25
b. Le gaz naturel 26
2. Les hydrocarbones solides 27
3. Le potentiel forestier 28
B. Les ressources naturelles non stratégiques 29
1. Les hydrocarbones solides 29
2. Les potentiels hydraulique et agricole 29
3. Le potentiel touristique 32
Section II. De la valorisation des ressources naturelles
34
A. Les consortiums engagés dans la valorisation des
ressources naturelles 34
1. Le secteur des hydrocarbones liquides et gazeux 34
a. Les compagnies nationales 34
b. Les partenaires étrangers 35
-- Les Firmes européennes 35
-- Les Firmes américaines 36
2. Le secteur forestier 37
B. Les ressources naturelles dans la formation de la richesse
nationale 37
1. Les hydrocarbones liquides et gazeux : une écrasante
participation 37
2. L'agriculture : une participation marginale 38
3. Les forêts : vers une nouvelle expansion ? 40
- Remarques 41
Chapitre II. Les guerres civiles congolaises de 1990
à 2002 et leurs
conséquences 43
Section I. Les acteurs de l'échiquier congolais
43
A. Le marigot congolais 43
1. Les protagonistes nucléaires 44
2. Les acteurs secondaires 46
a. Au niveau sous-régional 46
- Le jeu des Etats 46
- Le jeu des acteurs non étatiques 48
b. Au niveau international 48
- L'action des firmes multinationales 48
- L'implication des sectes ésotériques 50
- Le jeu des organisations internationales 51
- Remarques 52
B. Nature et portée des coups échangés par
les protagonistes 53
1. Les coups loyaux et déloyaux 53
a. Les coups loyaux 54
b. Les coups déloyaux 55
2. Les grands foyers de la conflictualité 55
Section II. Les conséquences de la guerre
58
A. La modernité de la logistique 58
1. Les moyens aériens 58
a. Pour le transport du matériel et des troupes 58
b. Pour l'appuis aux combats 59
2. Les moyens au sol 60
a. Pour la mobilité des unités 60
b. Pour les combats 61
- Remarques 62
B. Les conséquences infrastructurelles et humaines 63
1. Au niveau de l'Etat 63
2. Conséquences humaines 64
3. Conséquences à l'échelle
sous-régionale 65
DEUXIEME PARTIE : GEOSTRATEGIE DES RESSOURCES NATURELLES
ET
GOUVERNANCE 67
Chapitre III. Les ressources naturelles dans la
structuration des guerres 69
Section I. Les ressources naturelles dans la lutte pour
les rentes 69
A. Fonctionnalité des ressources naturelles dans le jeu
politique interne 69
1. La prise de conscience 69
2. Un facteur prépondérant dans les
stratégies des états-majors 72
B. Les ressources naturelles stratégiques dans le jeu
sous-régional 73
1. L'intervention angolaise : au-delà de
l'intégrité territoriale 73
2. Les entités sub-étatiques : la logique des
appuis réciproques et la logique
des affaires 75
a. La logique des appuis réciproques 75
b. La logique des affaires 77
Section II. Les rivalités entre les
multinationales 78
A. Le Congo dans la problématique de l'` `Afrique
utile» 79
1. La place du Congo dans la géopolitique des
hydrocarbones 81
a. Les approvisionnements par rapport aux pôles de
consommation 81
b. Des possibilités alternatives 82
B. L'épisode congolais : un pan du jeu international pour
la maîtrise des
sources d'énergie ? 83
1. Le sens de la maîtrise des sources d'énergie
84
2. Les guerres du Congo et les stratégies de
positionnement et de
repositionnement des multinationales 85
a. Les multinationales américaines 86
b. Les multinationales européennes de l'énergie
87
Chapitre IV. La problématique de la gouvernance
globale du Congo 91
Section I. Plaidoyer pour une reconsidération du
poids des ressources
naturelles stratégiques dans la formation de la
richesse nationale 91
A. Les ressources naturelles stratégiques : des
données conjoncturelles 91
1. Le principe de non renouvellement 91
- Remarque 93
2. Le principe de fluctuation des données fondamentales
du marché 93
B. Un paradigme de redéploiement du processus de formation
de la richesse
nationale 94
1. Du renforcement des secteurs renouvelables faiblement
valorisés 94
2. Vers la mise en valeur de nouveaux secteurs 96
a. Les domaines de la filière du bois 96
b. Les hydrocarbones solides : un secteur à l'avenir
prometteur 97
- Remarque 97
Section II. Pertinence et viabilité du processus
de reconstruction post-conflit98
A. L'équation interne : l'enjeu sécuritaire 98
1. Le retour à la paix : une épineuse question
99
2. La stabilité du Congo : une question de
sécurité sous-régionale ? 102
B. L'avenir des ressources naturelles stratégiques au
Congo 103
1. Encore un bel avenir ? 103
2. Quelques observations 105
CONCLUSION GENERALE 108
ANNEXES 115
Série 1. Les arsenaux des protagonistes 116
Série 2. Quelques dégâts matériels
123
Série 3. Quelques documents administratifs 124
BIBLIOGRAPHIE 132
A. Les Ouvrages 133
1. Ouvrages spécialisés 133
2. Ouvrages annexes 133
3. Ouvrages méthodologiques 136
B. Les Périodiques 137
1. Les articles de revues 137
a. Les articles spécialisés 137
b. Les articles annexes 139
2. Les interviews dans les revues 143
3. Les mensuels, les hebdomadaires et les quotidiens 144
C. Thèses et mémoires 145
D. Brochures et rapports de missions 145
E. Documents audiovisuels 146
F. Les Usuels 147
TABLE DES MATIERES 148