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Géostratégie des ressources naturelles et les conflits de la République du Congo 1990-2002 : rivalité de puissance et contrôle de l'énergie

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par Sédard-Roméo NGAKOSSO-OKO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en relations internationales, option diplomatie 2005
  

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    UNIVERSITE DE YAOUNDE II
    THE UNI VERSITY OF YAOUNDE II

    Institut des Relations International Relations

    Internationales du Cameroun Institute of Cameroon

    (IRIC) (IRIC)

     

    ANNEE ACADEMIQUE 2004-2005

     
     
     

    GEOSTRATEGIE DES RESSOURCES NATURELLES ET LES CONFLITS DE LA
    REPUBLIQUE DU CONGO 1990-2002 : RIVALITE DE PUISSANCE ET
    CONTROLE DE L'ENERGIE.

     

    Mémoire de troisième cycle présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du
    Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en Relations Internationales,
    Option : Diplomatie
    Par
    NGAKOSSO-OKO Sédard-Roméo

    Avec l'encadrement du Sous la supervision du

    Docteur MVOMO ELA Wullson, Professeur PONDI Jean-Emmanuel,

    Enseignant permanent à l'IRIC. Maître de Conférences.

    Juillet 2005

     
     

    Cette étude a été réalisée grâce à une allocation (Programme de Bourse de Formation Initiale) de l'Agence Universitaire de la Francophonie en collaboration avec l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (Université de Yaoundé II) et la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis (Université du 07 novembre à Carthage, Tunisie).

    SOMMAIRE

    DEDICACE IV

    REMERCIEMENTS V

    ABREVIATIONS ET SIGLES VI

    LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET TABLEAUX VIII

    REPERES CHRONOLOGIQUES IX

    INTRODUCTION GENERALE 1

    PREMIERE PARTIE : GEOPOLITIQUE DES RESSOURCES NATURELLES ET
    CONFLICTUALITE 22

    Chapitre I. La géographie des ressources naturelles congolaises 24

    Section I. L'inventaire des ressources naturelles 24

    Section II. De la valorisation des ressources naturelles 34

    Chapitre II. Les guerres civiles congolaises de 1990 à 2002 et leurs conséquences43

    Section I. Les acteurs de l'échiquier congolais 43

    Section II. Les conséquences de la guerre 58

    DEUXIEME PARTIE : GEOSTRATEGIE DES RESSOURCES NATURELLES ET
    GOUVERNANCE 67

    Chapitre III. Les ressources naturelles dans la structuration des guerres 69

    Section I. Les ressources naturelles dans la lutte pour les rentes 69

    Section II. Les rivalités entre les multinationales 78

    Chapitre IV. La problématique de la gouvernance globale du Congo 91

    Section I. Plaidoyer pour une reconsidération du poids des ressources naturelles

    stratégiques dans la formation de la richesse nationale 91

    Section II. Pertinence et viabilité du processus de reconstruction post-conflit 98

    CONCLUSION GENERALE 108

    ANNEXES 115

    Série 1. Les arsenaux des protagonistes 116

    Série 2. Quelques dégâts matériels 123

    Série 3. Quelques documents administratifs 124

    BIBLIOGRAPHIE 132

    TABLE DES MATIERES 148

    DEDICACE

    A la mémoire de ma mère,
    Mme BORA Béatrice, épouse NGAKOSSO-OKO.

    REMERCIEMENTS

    Comme tout travail de cette envergure, l'ouvrage que voici est avant tout une somme de dettes. Notre reconnaissance va, en premier lieu, à nos encadreurs : le professeur Jean-Emmanuel PONDI, Directeur de l'IRIC, et le docteur Wullson MVOMO ELA, enseignant permanent à l'IRIC. Ils nous ont fait l'honneur de diriger cette étude. Les erreurs qui y subsistent n'en sont pas moins les nôtres.

    Ensuite, nous remercions très chaleureusement le corps enseignant et le corps administratif de l'IRIC pour avoir bien voulu nous encadrer et accompagner pendant toute notre formation à l'IRIC. Nous pensons particulièrement au professeur Laurent ZANG, Directeur adjoint de l'IRIC, chargé des études, au docteur Alain-Didier OLINGA, au docteur Pascal Charlemagne MESSANGANYAMDING, et à madame Corentie NYEGA du Service de la Scolarité.

    Nous remercions également tous ceux qui se sont efforcés de rendre fructueux

    le séjour que nous avons effectué en Tunisie d'octobre 2004 à mai 2005 grâce à une bourse de mobilité universitaire de l'AUF. Spécialement, le professeur Mohamed Saleh BEN AÏSSA, Doyen de la Faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis (Université du 07 novembre à Carthage) et le professeur Slim LAGHMANI. Ils nous ont accueilli, facilité le séjour et les conditions de travail. Nous pensons aussi à M. Alex BRAYLE et à Mme Bouthéïna BOUZIRI de l'AUF Tunis, pour les facilités d'accès à Internet et aux bases de données spécialisées de cette institution.

    Nous sommes aussi redevables aux aînés de la colonie congolaise au Cameroun : les professeurs Dieudonné KINKIELELE et Michel GUY-DIBY, Messieurs Serge ZONIABA, Guy Serge YOULOUKOUYA et Zéphirin Martial BOYEMBE pour le soutien et les encouragements à un moment où la tentation à la démission était paroxysmique.

    Nous ne saurions clore ce chapitre des remerciements sans témoigner notre gratitude à la promotion IRIC-diplomatie 2002-2005, pour l'ambiance, la compagnie et les échanges. Spécialement Messieurs Martial TCHENZENTE et Thomas-Didyme ONDOA MBAZOA qui, en outre, nous ont fait l'honneur et l'amitié de relire notre manuscrit.

    ABREVIATIONS ET SIGLES

    AEF : Afrique Equatoriale Française.

    AFP : Agence France Presse.

    AUF : Agence Universitaire de la Francophonie. BM : Banque Mondiale.

    CD : Compact Disc.

    CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale.

    CEMAC : Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale.

    CESA : Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique. CIB : Congolaise Industrielle des Bois.

    CFCO : Chemin de Fer Congo Océan.

    CNC : Centre National de Cinématographie.

    CORAF : Congolaise des Raffineries

    FLEC : Front de Libération de l'Enclave de Cabinda. FMI : Fonds Monétaire International.

    FNLA : Front National de Libération de l'Angola. GLNF : Grande Loge Nationale Française.

    GODF : Grand Orient de France.

    GRIP : Groupe de Recherche et d'Information sur la paix et la Sécurité.

    IFRI : Institut Français des Relations Internationales. INA : Institut National de l'Audiovisuel.

    IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun. IRIS : Institut des Relations Internationales et Stratégiques.

    MCDDI : Mouvement Congolais pour le Développement de la Démocratie Intégrale.

    MNR : Mouvement National de la Révolution. MW : Mégawatt.

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    ONU : Organisation des Nations Unies.

    OUA : Organisation de l'Unité Africaine.

    PIB : Produit Intérieur Brut.

    RFI : Radio France Internationale. RTBF : Radio Télévision Belge. PCT : Parti Congolais du Travail. PIB : Produit Intérieur Brut.

    PPTE : Pays Pauvres Très Endettés.

    PUF : Presses Universitaires de France.

    PUG : Presses Universitaires de Grenoble.

    RCA : République Centrafricaine.

    RDC : République Démocratique du Congo.

    RN2 : Route Nationale Numéro 2 (Route du Nord).

    SCBO : Société Congolaise des Bois de Ouésso (Groupe Danzel).

    SNBS : Société Nouvelle des Bois de la Sangha.

    UNESCO : United Nations Educational scientific and Cultural Organization. UNITA : Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola.

    UPADS : Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale.

    URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

    UE: Union Européenne.

    USA : United States of America. ZIC : Zone d'Intérêt Commun.

    LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET TABLEAUX

    Les Cartes

    Carte n°01. Carte détaillée de la République du Congo, p. XII.

    Carte n°02. La Géographie des conflits armés en Afrique 1990-2002, p. 03. Carte n°03. Situation et limites du Congo, p. 05.

    Carte n°04. Principales zones de culture au Congo, p. 32.

    Carte n°05. 1997 : la seconde guerre des milices, p. 57.

    Les graphiques

    Graphique n°01. Evolution de la production de banane plantain, arachide, paddy et maïs, p. 39.

    Graphique n°02. Evolution de la production de manioc, p. 39.

    Graphique n°03. Evolution de la production du café et du cacao, p. 40.

    Les Tableaux

    Tableau n°01. Les Principaux groupes ethniques, p. 06

    Tableau n°02. Les Principaux acteurs politiques : 1990-2002, pp : 08.

    Tableau n°03. Réserves de pétrole et production en 1999, p. 26.

    Tableau n°04. Réserves de gaz naturel et production en 1999, p.27.

    Tableau n°05. Etendue du potentiel hydraulique, p. 30.

    Tableau n°06. Electricité : capacités techniquement exploitables et capacités opérationnelles des pays africains, 1999, pp : 30-31.

    Tableau n°07. Evolution de la production pétrolière, 1969-2001, p. 38. Tableau n°08. Les Exportations pétrolières, 2001 & 2002, p. 38.

    Tableau n°09. Evolution de la production des grumes, 1990-1999, p. 41.

    Tableau n°10. Répartition de la production de pétrole entre le Congo et les multinationales de l'énergie, 1969-1996, p. 89.

    REPERES CHRONOLOGIQUES

    1483 : découverte de l'embouchure du Congo par Diego CAO ; Pierre SAVORGNAN De BRAZZA, italien naturalisé français, remonte son cours à la fin du XIXème siècle. 03 octobre 1880 : Pierre Savorgnan De BRAZZA, au nom du gouvernement français, et le roi MAKOKO signent le traité qui permit à la France de prendre possession du Congo.

    1883 : le lieutenant CORDIER fonde la ville de Pointe-Noire.

    1908 : sous l'appellation de Moyen-Congo, le Congo fait partie de l'AEF avec le Gabon, l'Oubangui-Chari, actuelle RCA, et le Tchad.

    1910 : Brazzaville devient la capitale de l'AEF.

    1939-1940 : Brazzaville devient la capitale de la France libre et le centre nerveux de toutes les stratégies pour sauver la mère patrie occupée par les nazis.

    30 janvier-8 février 1944 : Conférence de Brazzaville réunissant autour du général De GAULLE et du commissaire aux colonies, PLEVEN, l'élite franco-africaine. Cette rencontre est un moment important dans la dynamique des indépendances des colonies françaises d'Afrique.

    28 novembre 1958 : référendum sur l'autodétermination. Le Congo devient un territoire autonome dans le cadre de la Communauté Française.

    15 août 1960 : proclamation de l'indépendance avec l'abbé Fulbert YOULOU comme premier Président. Le 20 septembre le pays devient membre de l'ONU.

    1963 : révolution congolaise des «Trois Glorieuses», Alphonse MASSAMBADEBAT est porté au pouvoir. Il instaure un régime socialiste.

    1968 : renversement du Président Alphonse MASSAMBA-DEBAT par l'armée. Le commandant Marien NGOUABI est porté au pouvoir. Il instaure la République Populaire du Congo avec un parti marxiste, le PCT.

    1977 : assassinat du Président M. NGOUABI. Le général J. YHOMBI OPANGO arrive au pouvoir.

    1979 : le Président YHOMBI OPANGO contraint à la démission, le colonel Denis SAS SOU NGUESSO arrive au pouvoir.

    11 novembre 1987 : soulèvement des étudiants de l'Université Marien NGOUABI.

    Février-juin 1991 : Conférence Nationale Souveraine.

    Juin 1991 : début de la période de transition.

    15 mars 1992 : référendum constitutionnel. Adoption d'une constitution inspirée du modèle semi-présidentiel de la Vème République française.

    Juin 1992 : élections municipales et législatives.

    Juillet-aout 1992 : premières élections présidentielles libres au suffrage universel direct, couronnées par la victoire du candidat Pascal LISSOUBA, au deuxième tour appuyé par le PCT, devant monsieur Bernard KOLELAS.

    1er septembre 1992 : prestation de serment du nouveau Président et fin de la transition.

    Novembre 1992 : basculement de la majorité à l'Assemblée du fait de l'accord entre le PCT et le MCDDI ; censure du gouvernement par la nouvelle majorité et dissolution de l'Assemblée Nationale par le Président de la République.

    Mai 1993 : élections législatives anticipées et victoire de l'UPADS ; dénonciation de la fraude et contestation du scrutin par l'opposition ; en juin, la Cour Suprême ordonne la reprise du scrutin dans les circonscriptions litigieuses1.

    Novembre 1993 janvier 1994 : première guerre civile du Congo. Elle oppose les Ninjas du MCDDI à une frange de l'armée, loyales au camp gouvernemental, épaulées par les forces de l'UPADS, Cocoyes, Mambas, Aubevillois, etc.

    Mai 1997 : signature du «Pacte pour la paix» sous l'égide de l'UNESCO.

    05 juin-15 octobre 1997 : deuxième guerre civile du Congo. Elle oppose les milices du parti au pouvoir aux Cobras du PCT.

    07 juin 1997 : mise en place du Comité National de Médiation dirigé par M. Bernard KOLELAS.

    10 juin 1997 : instauration de la médiation internationale par le Président gabonais, appuyé conjointement par l'ONU et l'OUA.

    1Suite à ce contentieux, les circonscriptions de Dongou et de Mossaka n'étaient pas représentées à l'Assemblée Nationale.

    07 juillet 1997 : en pleine guerre, un décret du ministre de l'intérieur annonce trois candidatures pour l'élection présidentielle : Messieurs Pascal LISOUBA, Bernard KOLELAS et André MILONGO.

    18 juillet 1997 et 31 août 1997 : en pleine guerre, mise en place de la Cour Constitutionnelle devant un parlement composé de 15 députés sur 160 et prorogation du mandat présidentiel par cette nouvelle instance.

    08 septembre 1997 : démission du premier ministre, M. David-Charles GANAO. Il est immédiatement remplacé par M. Bernard KOLELAS, jusqu'alors président du Comité national de Médiation.

    15 septembre 1997 : achoppement de la médiation internationale à Libreville.

    15 octobre 1997 et 24 octobre 1997 : fin des hostilités à l'issue de la victoire des forces du PCT sur celles de l'UPADS ; leur leader, le général Denis SASSOU NGUESSO, s'autoproclame chef de l'Etat ; promulgation de l'Acte fondamental, nouvelle base juridique du pays qui instaure une transition de trois ans flexible.

    Décembre 1998-janvier 1999 : troisième guerre civile. Elle oppose les partisans du général Denis SASSOU N'GUESSO et les milices du régime déchu. Les hostilités ont lieu dans les provinces de la Bouenza, de la Lékoumou, du Pool et dans les quartiers Sud de Brazzaville.

    16 novembre et 29 décembre 1999 : signatures successives des Accords de Brazzaville et de Pointe-Noire, mettant fin à la troisième guerre civile.

    Mars-avril 2000 : Dialogue national sans exclusive.

    Janvier-juillet 2002 : référendum constitutionnel (janvier) et série d'élections : présidentielles (mars, victoire du général Denis SASSOU NGUESSO, Chef de l'Etat depuis le 15 octobre 1997), législatives, municipales, régionales et sénatoriales (de mai à juillet).

    09 août 2002 : message à la nation du Président de la République annonçant la fin de la période de transition et le retour des institutions démocratiques.

    Carte n°01 : Carte détaillée de la République du Congo2.

    2Mission économique du Congo, Ambassade de France, « La Carte détaillée de la République du Congo », rubrique «Présentation générale», http://www.izf.net, consulté le 09/03/2005.

    INTRODUCTION GENERALE

    La décennie 1990 est l'une des périodes marquantes de la dernière moitié du XXème siècle. Non seulement elle est le témoin de la fin du duopole américanosoviétique, mais aussi, depuis cette date, la scène internationale connaît d'autres mutations non moins importantes. Ces mutations sont aussi bien politiques, économiques, culturelles, sociales que financières, technologiques et sécuritaires à la clef desquelles se trouvent de multiples enjeux et défis, valables pour les pays industrialisés, ne concernent pas moins les jeunes Etats du Tiers-monde comme ceux d'Afrique, engagés dans la lutte contre la pauvreté et qui négocient leur intégration dans le monde moderne, ou encore victimes des conflits armés de très grande ampleur. Ces conflits armés semblent devenir l'élément d'identification et d'interprétation normative de la réalité politique, la stabilité devenant l'exception3 (Carte n°02 : la géographie des conflits armés africains 1990-2002, p. 03).

    Il ressort de l'observation de cette carte que l'Afrique de l'Ouest paraît s'être durablement installée dans cette situation, l'Afrique Centrale et des Grands Lacs se trouvent au bord de l'effondrement général et passeraient aujourd'hui pour l'épicentre d'une implosion continentale4. Les coups de force, les guerres civiles, les interventions et les guerres interétatiques entremêlés forment désormais un écheveau difficile à comprendre et à expliquer, contribuant à délégitimer les constructions nationales et à rendre fictive la souveraineté des pays issus de ces espaces géographiques et les processus démocratiques qui y ont cours. La frontière n'est plus cette cloison étanche derrière laquelle l'Etat peut se barricader commodément. Désormais, elle est transpercée, à tout instant dans les deux sens, par les flux des acteurs divers et aux multiples ambitions. La maîtrise de ces flux devient un exercice de plus en plus difficile pour les Etats. La plupart des Etats de

    3Nous renvoyons le lecteur aux ouvrages suivants : BONIFACE, Pascal, (dir.), Les Démocraties de basse intensité, Revue Internationale et Stratégique, n°14, Paris, Dunod, Eté 1994 ; RUFIN, Jean-Christophe, (dir.), Les conflits en Afrique, Revue Internationale et Stratégique, n°23, Paris, Arlea, Automne 1996 ; BONIFACE, Pascal, (dir.), L'Afrique entre guerre et paix, Revue Internationale et Stratégique, n°33, Paris, PUF, Printemps 1999.

    4J.-F. BAYART, « L'Embrasement de l'Afrique subsaharienne », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°77, Paris, Automne 1997, pp : 155-464 ; R. POURTIER, « L'Afrique Centrale dans la tourmente. Les enjeux de la guerre au Congo et alentour », Tragédies africaines, Hérodote, n°111, Paris, La Découverte, 4ème trimestre 2003, pp : 11-39.

    ces deux zones sont l'illustration du prototype même de ce qu'un courant de pensée conceptualise sous le terme de la perte du monopole étatique sur la scène internationale5.

    Carte n°02 : la géographie des conflits armés africains 1990-20026

    (c) NGAKOSSO-OKO Sédard-Roméo, janvier 2005.

    De ce qui précède, les interrogations suivantes s'imposent. En effet, la recrudescence des conflits armés en terre africaine est-elle le fait du hasard ou résulte-elle de la téléologie normale des phénomènes sociaux ? Pourquoi les conflits semblent-ils choisir l'Afrique comme terre de prédilection ? Enfin, cette

    5Entre autres, B. BADIE, La Fin des territoires, Paris, Fayard, 1995 ; Un Monde sans souveraineté. Essai sur l'utilité sociale du respect, Paris, Fayard, 1999 ; B. BADIE, M.-C., SMOUTS, Le Retournement du monde. Sociologie de la scène internationale, Paris, PFNSP-Dalloz, 1992 ; M.-C., SMOUTS, Les Nouvelles relations internationales, Paris, PFNSP, 2000.

    6Carte réalisée par nous-mêmes à partir des informations obtenues dans F. NKUNDABANGUEZI, L'Union Européenne et la prévention des conflits en Afrique : concepts et instruments d'un nouvel acteur, Rapport du GRIP, 2000-2003, p. 15.

    sismicité pour peu qu'elle semble récurrente et permanente d'une part, et particulièrement violente vu les dégâts enregistrés, la logistique et les stratégies de combats mis en oeuvre par les belligérants d'autre part, ne serait-elle pas l'oeuvre de groupuscules qui trouveraient quelques intérêts à les y entretenir ? Il devient plus que urgent de rechercher les logiques qui président à l'émergence et à l'évolution de situation analogue.

    I. L'objet de l'étude

    L'intellection de ce brasier matérialisé par l'Afrique est guidée par le potentiel énergétique que représente cette zone. Nous limiterons notre propos aux ressources naturelles auxquelles il est reconnu une portée stratégique dans le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles : les hydrocarbones liquides, gazeux et solides, le bois et l'eau. En d'autres termes, ce sont des ressources qui entretiennent un lien direct avec la formation, l'augmentation, le perfectionnement et la pérennisation de la puissance des Etats modernes. Le champ géographique de l'étude correspond à l'Afrique du centre, précisément un pays de cette sous-région, le Congo-Brazzaville, pour la période allant de 1990 à 2002. L'année 1990 correspond au début du processus de libéralisation de la vie politique, lequel processus a connu de sérieuses difficultés quelques années après et n'a été véritablement restauré qu'en 2002. Ces deux dates représentent la rupture et l'instauration d'une nouvelle normalité. Avant de motiver ce choix, voyons d'abord ce que c'est que le Congo.

    Quand Diégo CAO débarque à l'embouchure du fleuve Congo en 1483, le territoire actuel du Congo est partagé entre plusieurs royaumes satellites du Royaume Kongo. Le développement de la Traite donne à ces royaumes vassaux, notamment le Loango, situé sur la côte Atlantique, une influence politique d'envergure avant que l'abolition de ce commerce particulier n'entraîne le déclin ou l'éclatement de ces royaumes. Selon l'histoire, c'est à ce moment que De BRAZZA signe avec MAKOKO, souverain Tyo, les traités par lesquels la France a pris possession de ces territoires au XIXème siècle. En 1910, Brazzaville est déclarée

    capitale de l'AEF, abrite le Conseil pour la Défense de l'Empire en 1940 et l'indépendance du Congo est proclamée le 15 août 1960.

    Localisé dans la zone équatoriale de l'Afrique Centrale (Carte n°02. Situation et limites du Congo, p. 05), le Congo a une superficie de 342.000 km2. Il s'allonge sur la rive droite des fleuves Congo et Oubangui puis s'ouvre sur l'Océan Atlantique par une façade maritime. Il est limité au Nord et Nord-Ouest par la République du Cameroun et par la République Centrafricaine ; à l'Ouest par le Gabon et l'Océan Atlantique ; à l'Est par la RDC : c'est la frontière la plus longue et elle est fondamentalement faite d'eau, le long des deux fleuves mentionnés plus haut ; enfin au Sud, le Congo est frontalier à l'Angola par l'enclave de Cabinda.

    Carte n°03. Situation et frontières du Congo7

    (c) NGAKOSSO-OKO Sédard-Roméo, janvier 2005.

    7Carte réalisée par nous-mêmes à partir des éléments obtenus de l'Atlas, in COLECTIF, Dictionnaire hachette encyclopédique, Paris, Hachette Edition, 2002, pp : 1840-1841.

    Le Congo est divisé en dix régions administratives8. Sa population, environ 3.500.000 habitants aujourd'hui, est composée majoritairement de Bantous, divisés en plusieurs ethnies. Cette population comprend également quelques minorités, fondamentalement des Pygmées. Les rapports de force ont placé successivement ces différentes ethnies (Tableau n°01. Les principaux groupes ethniques du Congo, p. 06) au devant de la scène, sans toutefois que les groupements partisans s'identifient systématiquement à elles. Les Vilis ont été les premiers au contact des Occidentaux ; les Laris ont dominé partiellement la période précoloniale et les premières années de l'histoire contemporaine marquées par les présidences successives de l'abbé Fulbert YOULOU et d'Alphonse MASSAMBA-DEBAT, 1960- 1968 ; enfin, les Mbochis s'imposent depuis la prise du pouvoir par l'armée en 1968 avec la présidence du commandant Marien NGOUABI et les présidences alternatives du général Denis SASSOU N'GUESSO : 1979 à 1992, 1997-2002 et de 2002 à nos jours. La cohésion du pays dans le respect des équilibres ethniques apparaît comme le véritable enjeu de son histoire contemporaine, marquée par des convulsions répétées et des tentations autocratiques et néo-patrimonialistes des régimes.

    Tableau n°01 : les principaux groupes ethniques du Congo9

    Ethnies

    Proportion

    Localisation

    Kongos

    51,5 %

    Sud

    Tyos (Tékés)

    17,3 %

    Centre, Sud

    Mbochis

    11,5 %

    Nord

    Les Autres ethnies, les

    pygmées,...

    19,7 %

    Un peu partout

    En 1963, un mouvement populaire10 conduit à la chute du Président Fulbert YOULOU, un régime socialiste, le «Socialisme scientifique», fondé sur le parti

    8Ce sont : les Régions de la Likouala, Sangha, Cuvette Centrale, Cuvette Ouest et des Plateaux dans la partie septentrionale, et les Régions du Pool, Niari, de la Bouenza, de la Lékoumou et du Kouilou dans la partie méridionale. Voire supra, carte détaillée, page XII.

    9J. LECLERC, « Le Congo-Brazzaville dans L'aménagement linguistique dans le monde », rubrique «Congo- Brazzaville», http://www.tlfq.ulaval.ca, consulté le 19 mars 2005.

    10Sur cette révolution, Cf. F. BERNAULT, Démocraties ambiguës en Afrique Centrale, Congo-Brazzaville, Gabon : 1960-1965, Paris, Karthala, 1992, pp : 15-18 ; également : R. BOUTET, Les «Trois Glorieuses» ou la chute de Fulbert YOULOU, Dakar, Editions Chaka, 1990, p. 118 ; également : G. BALANDIER, Sociologie des Brazzavilles noires, Paris, Plon, 1985, p. 279 ; également : E. M'BOKOLO, P. SAINTENY, (dir.), Le Temps des partis uniques : Afrique, une histoire sonore 1960-2000 CD n° 03, Paris, RFI-INA, 2000

    unique se met en place. D'abord le MNR, ensuite le PCT, qui a perduré jusqu'en 1991, moment où le Président Denis SAS SOU NGUESSO se décide à ouvrir la Conférence Nationale Souveraine, dans un contexte international marqué par la chute du mur de Berlin et au plan interne par la pression conjuguée des Eglises et des syndicats. Ce forum a posé les bases du transfert de pouvoir conforme aux principes démocratiques en 199211. Mais, juste une année après cette alternance, le pays est caractérisé par l'instabilité institutionnelle et déchiré par la violence, des suites de l'engagement à fond des groupements partisans dans une série de conflits armés et de l'ouverture de la scène nationale aux influences régionales, internationales, commerciales et ésotériques. Cependant, pourquoi avons-nous choisi ce petit pays de 342.000 Km2 ?

    II. Justification de l'objet d'étude

    Ce choix s'explique d'abord par la situation géographique de ce pays, qui, d'un côté le fait appartenir à la fois au groupe de pays de la sous-région Afrique Centrale et au Golfe de Guinée, avant de le poser à cheval entre ces deux zones et la région des Grands Lacs. Ce choix se motive ensuite par le fait qu'il figure, en dépit de sa petite superficie, parmi les pays les mieux pourvus en ressources naturelles stratégiques aussi bien à l'échelle sous-régionale qu'africaine (Infra, p. 08, note 13 ; Tableau n°04 : réserves de gaz naturel et production en 1999, p.27 ; Tableau n°05 : étendue du potentiel hydraulique, p. 30 ; Tableau n°06, électricité : capacités techniquement exploitables et capacités opérationnelles des pays africains, 1999, pp : 30- 31).

    En effet, le Congo est arrosé sur plus de la moitié de son territoire par plusieurs cours d'eau dont le fleuve Congo est le plus important12. Stratégiquement, couplé à la façade maritime via le CFCO, ce fleuve est à la fois une ouverture vers

    11Jusqu'à cette date, les changements politiques avaient toujours procédé d'une action violente : le départ de l'abbé F. YOULOU, Président de la République depuis 1959 ; la démission du Président A. MASSAMBA DEBAT, 1968 ; l'assassinat du Président M. NGOUABI, 1977 ; et la démission du Président J. YHOMBI OPANGO, 1979.

    12Ce fleuve prend sa source dans la région des Grands Lacs. Il arrose Kisangani, Mossaka, Kinshasa et Brazzaville avant de se jeter dans l'Atlantique par un large estuaire. C'est le deuxième plus important fleuve au monde par sa superficie, 4371 kilomètres, et par son débit, 40.000 mètres cubes par seconde, après l'Amazonie.

    l'Océan Atlantique, une excellente voie de pénétration au coeur du continent et offre au Congo le plus grand port sur l'Atlantique de toute la zone située au sud de Dakar (Infra, p. 82, note 90).

    Le Congo dispose aussi d'une grande surface boisée. Son territoire est couvert aux trois cinquièmes par la forêt. C'est l'une des mieux pourvue en essences commercialisables et en même temps des plus importantes d'Afrique, à côté de celles de la RDC et du Cameroun (Infra, p. 28). Le Congo dispose également, d'un sous-sol riche. Il est signalé la présence des ressources diverses : les hydrocarbones solides comme l'uranium, qui, depuis une cinquantaine d'années, constitue un enjeu stratégique indéniable. C'est aussi le cas des mines d'or, de manganèse, de phosphates, de cuivre, de cobalt, de diamant, de nobium et surtout des gisements d'hydrocarbones liquides et gazeux, c'est-à-dire le pétrole et le gaz naturel13.

    Enfin, ce choix s'est imposé en raison de l'histoire mouvementée de ce pays : trois «guerres civiles» particulièrement meurtrières en l'espace d'une douzaine d'années opposant les principaux politiques (Tableau n°02 : les principaux acteurs de la vie politique congolaise : 1990-2002, p. 08). Ces guerres se caractérisent par une violence jamais égalée dans l'histoire contemporaine de ce pays. Mais, pourquoi porter une telle question à l'étude ?

    Tableau n°02. Les principaux acteurs de la vie politique congolaise : 1990-200214

    Partis politiques

    Zones de grande influence

    Leaders

    PCT

    Centre-Nord (Plateaux, Cuvette centrale&

    Brazzaville nord)

    Dénis SASSOU N'GUESSO

    UPADS

    Sud-ouest (Niari, Bouenza et Lékoumou & Brazzaville sud)

    Pascal LISSOUBA

    MCDDI

    Sud (région du Pool & Brazzaville sud)

    Bernard KOLELAS

    RDPS

    Sud (région du Kouilou & Brazzaville sud)

    Jean-Pierre T. TCHICAYA

    RDD

    Centre-Nord (Cuvette centrale, Cuvette ouest & Brazzaville nord)

    J. YHOMBI OPANGO

    UDR

    Sud (région du Pool & Brazzaville sud)

    André MILONGO

    UNDP

    Sangha

    Pierre NZE

    13En matière de production pétrolière, le Congo occupe la huitième place au niveau continental, la troisième en ce qui concerne l'Afrique au sud du Sahara : R. CESAIRE, «Mythes et réalités du pétrole», in GARAUD, Marie-France, (dir.), Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 118.

    14Tableau élaboré à partir de notre propre expérience de la scène politique congolaise.

    Intérêt de l'étude

    Les ressources naturelles sont devenues des agrégats indispensables à la civilisation moderne et contemporaine. Leur importance aujourd'hui est telle que la vie de l'homme est inenvisageable sans elles. Elles se trouvent au coeur de tous les enjeux internationaux de l'heure : culturels, sociaux, économiques, technologiques, diplomatiques, stratégiques, politiques et environnementaux. C'est dans cette optique qu'une réflexion approfondie sur ces entités est intéressante, surtout à une époque où les progrès scientifiques et technologiques ont modifié les rapports entre les hommes et entre les pays. Il est indispensable de prendre conscience des enjeux que représentent ces agrégats dans la définition et la configuration des rapports entre les Etats, dans la formation et l'expression de leur puissance dans le contexte industriel et post-industriel.

    Cette étude invite les pays détenteurs de telles ressources à les repenser sous une triple orientation. D'abord sous le prisme des innovations et progrès technologiques que le monde connaît actuellement, ensuite sous celui des avantages qu'ils sont susceptibles de tirer de leur valorisation et des risques qu'ils courent parce que leurs territoires abritent ces agrégats. Enfin, les enjeux inhérents à leur valorisation et les liens qui existent entre ces agrégats et les conflits armés depuis le dernier siècle du millénaire écoulé et qui se poursuivent avec le nouveau millénaire.

    Par ailleurs, cette étude nous interpelle personnellement. En effet, nous terminons notre formation à l'IRIC. La maîtrise des enjeux inhérents à la valorisation des ressources naturelles s'impose afin de répondre efficacement aux nombreuses exigences qui jalonneront notre parcours. Surtout dans le contexte de l'Afrique actuelle, marquée par des conflits armés et engagée contre la marginalisation économique. Mais, que sait-on aujourd'hui de l'émergence de la conflictualité en rapport avec ces agrégats en République du Congo ?

    Etat de la question

    Il s'agit de faire un tour d'horizon sur les études portant sur les guerres congolaises de 1990 à 2002. En effet, il existe une très peu abondante littérature sur

    cette question. Pour des raisons de compréhension, celle-ci est scindée en trois groupes de documents.

    Le premier groupe de documents est l'oeuvre des protagonistes nucléaires de l'échiquier congolais. Comme le montre le tableau ci-dessus (Supra, p. 08), d'un côté, il y a le PCT, devenu le parti au pouvoir, alternativement à l'issue de sa victoire militaire de 1997 sur l'UPADS et après sa victoire aux élections de 2002. De l'autre côté, il y a l'UPADS, ou le parti au pouvoir de 1992 à 1997. Dans ce groupe de documents, il y a principalement les archives gouvernementales congolaises. Le deuxième groupe est l'oeuvre des institutions. Essentiellement, nous évoquerons les rapports de missions de certaines Commissions de l'Assemblée Nationale et du Sénat français. Le dernier groupe de documents est quant à lui, constitué des essais, des monographies et des articles de revues.

    Dans le premier groupe de documents, l'auteur de Les Guerres civiles du Congo-Brazzaville : novembre 1993, janvier 1994 - 5 juin 1997, estime que ces crises armées ont été soigneusement commanditées15. Elles sont l'acte d'un pouvoir qui n'a pas su gérer les affaires de l'Etat, et, qui, craignant d'être sanctionné, a recouru à la violence armée systématique. Par ailleurs, si ce régime a pu en toute impunité se comporter comme en pays conquis en institutionnalisant la gestion tribale du pouvoir et la conversion en armes de la richesse nationale, c'est parce que la Communauté Internationale et les grandes puissances ne s'étaient pas dressées devant lui comme l'exigent les principes de gestion des Etats modernes.

    La particularité de ce document est qu'il contient des actes gouvernementaux authentiques sur la période qui concerne cette étude. Toutefois, il n'exprime que la vision de l'un des protagonistes du conflit, en l'occurrence le camp gouvernemental actuel, c'est-à-dire celui du PCT. Pour cela, il est partiel et partial.

    Le deuxième groupe de documents inaugure cependant une lecture originale des guerres du Congo en interrogeant l'histoire et les habitudes de la population. Le Rapport d'information n°376 : missions au Cameroun et au Congo de la

    15REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres civiles du Congo-Brazzaville : novembre 1993, janvier 1994, 5 juin 1997 T. I, sans lieu, sans date, 232 pages.

    Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées du Sénat français estime que la conflictualité au Congo s'inscrit dans une culture de la violence solidement ancrée dans les habitudes de la population et de ses dirigeants16. Illustrée par les dérives des différents régimes militaro-marxistesléninistes qui se sont succédés à la tête de l'Etat, cette violence a atteint son paroxysme avec l'assassinat du Président Marien NGOUABI en 1977. Il ressort de l'analyse de ce document que, entre 1990 et 2002, le Congo ne fait que renouer avec son passé profond, qui, comme un sort, il essayait de conjurer.

    Toujours dans ce deuxième groupe de documents, il y a le rapport de mission de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée Nationale française intitulé Le Congo-Brazzaville après la guerre civile : un pays à reconstruire17. A la lecture de ce document, il ressort que les conflits armés du Congo sont la consécration du choc des ambitions rivales des principaux animateurs de la scène nationale. Ces derniers se sont livrés à un affrontement permanent, passant par de continuels renversements d'alliances. Dans ce contexte, une vie politique sereine était impossible, car, cela affaiblissait considérablement le jeu démocratique.

    Enfin, dans le dernier groupe, il y a plusieurs contributions. D'abord celle d'Elizabeth DORRIER-APPRIL, « Jeunesse et ethnicités citadines à Brazzaville » qui dénie le caractère ethnique des violences qui ont suivi les élections de 1992 au Congo18. Elle montre que les violences de Brazzaville sont le fait de la manipulation, par les ténors politiques, d'une jeunesse largement citadine et massivement instruite, mais peu ethnicisée, et dont les débouchés professionnels sont nuls. En réalité, elle soulève la question de la mise à l'écart de la jeunesse dans la distribution de la richesse nationale. Au-delà du cas du Congo-Brazzaville

    16X. de VILLEPIN, (dir.), Missions au Cameroun et au Congo. Rapport d'information n°376, Sénat, Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées, Paris, 2001, 96 pages.

    17G. CHARASSE, (dir.), Le Congo-Brazzaville après la guerre civile : un pays à reconstruire, Assemblée Nationale, Commission des Affaires étrangères, Paris, 2001, 28 pages.

    18E. DORIER-APPRILL, « Jeunesse et ethnicités citadines à Brazzaville », in MUSANJI NGALASSO, Mwatha, (dir.), Démocratie : le pouvoir des mots, Politique africaine, n°64, décembre 1996, http://www.politiqueafricaine.com, consulté le 02 mai 2005.

    même, c'est la problématique de l'avenir des jeunes Africains scolarisés et sans emplois qui est posée.

    Il y a ensuite cette autre contribution de Patrick QUANTIN intitulée « Congo, on achève les transitions »19. L'auteur recherche et trouve les conditions de cette montée des hostilités dans la transition de 1991 à 1992. En effet, la Conférence Nationales Souveraine avait posé les conditions de mise en place d'un régime conçu pour succéder à trois décennies d'autoritarisme militaro-marxistes-léninistes. Mais, la transition qui avait pour mission de mettre sur pied ce régime a échoué. Elle a beaucoup plus été une transaction autour de la recomposition du bloc hégémonique de l'Etat avant de confirmer la tripolarisation de la scène politique nationale en un système d'alliances foncièrement instables et hostiles. Cette lecture se caractérise par sa promiscuité avec celle faite plus tôt par Guy MENGA dans son ouvrage paru en 1996, la Transition escamoté e20.

    Toujours au sein de cette dernière catégorie de documents, mention doit être fait des contributions de H. OSSEBI, de F. BERNAULT et de J. TONDA qui se déploient à partir d'un référent unique, la recherche de terrain. En effet, Ces spécialistes étaient sur le terrain au moment de la survenance des événements analysés. Cela confère à ces textes la connotation de contribution locale à l'interprétation globale des guerres du Congo et, de manière extensive, au contexte social de l'émergence de ces violences.

    Le premier dans son article intitulé «De la galère à la guerre : jeunes et «Cobras» dans les quartiers Nord de Brazzaville », fournit une analyse fondée sur l'observation du comportement des miliciens, les «Cobras», du général Denis SASSOU-NGUESSO21. Son étude conforte l'hypothèse de la violence juvénile succédant au monopole du parti-Etat, le PCT. Aussi, cette violence juvénile est-elle

    19P. QUANTIN, « Congo, on achève les transitions », in SINDJOUN, Luc, (dir.), Transition démocratique, milices et coups d 'Etats, la politique électorale au miroir du droit, hégémonie occidentale et démocratisation en Afrique, des juristes au-dessus de tout soupçons ? Polis, Volume 6, n°2, 1998, http://www.polis.sciencespobordeaux.fr, consulté le 08/12/2004.

    20Guy, MENGA, Congo-la transition escamotée, Paris, L'Harmattan, 2000, 210 pages.

    21H. OSSEBI, «De la galère à la guerre : jeunes et «Cobras» dans les quartiers Nord de Brazzaville », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, décembre 1998, http://www.politique-africaine.com, consulté le 02 mai 2005.

    en rupture avec l'orthodoxie définie par les états-majors politico-militaires pendant les hostilités. Elle est manifeste à travers les pillages et autres exactions dans la vocation des miliciens.

    Quant à elle, dans « Archaïsme colonial, modernité sorcière et territorialisation du politique à Brazzaville, 1959-1995 », Florence BERNAULT revient sur la trajectoire historique de l'ancienne capitale de l'AEF, Brazzaville22. Elle insiste sur l'origine coloniale de cette ville utilisée pour concentrer les populations locales, contrôler la dissidence et pour diffuser une idée spécifique du pouvoir colonial. Tout est en place depuis longtemps pour fournir le cadre des crises politiques successives : émeutes de 1959, Révolution de 1963, coups d'Etat de 1968 et surtout de 1977, soldé par l'assassinat du président en exercice. Tout cela bien avant les événements de 1990 qui mènent à la Conférence Nationale Souveraine et à la guerre civile qui a atteint un point de non retour en 1997. Il ressort que les guerres du Congo ne résultent pas de contradictions entre une culture politique archaïque et un espace urbain moderne, mais de l'articulation d'un système politique moderne et d'un espace archaïque, la cité coloniale.

    Pour terminer, « La guerre dans le «Camp Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la consommation/consumation » 23 de Joseph TONDA pose la problématique de l'instrumentalisation de l'ethnicité. Il s'attache à montrer comment la fabrication d'un groupe ethno-régional constitue le passage obligé de la stratégie de reconquête du pouvoir d'un des protagonistes de la guerre de 1997. Il parle de ce qui ce passe dans le «Camp-Nord», donc dans le fief du général Denis SASSOU-NGUESSO, avant de confirmer la centralité des pillages dans le comportement des miliciens. I1 démontre que la «vérité» de la guerre est dans le rapport des hommes aux choses.

    22F. BERNAULT, « Archaïsme colonial, modernité sorcière et territorialisation du politique à Brazzaville, 1 959-1995 », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, décembre 1998, http://www.politique-africaine.com, consulté le 02 mai 2005.

    23J. TONDA, « La guerre dans le «Camp Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la consommation/consumation », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, décembre 1998, http://www.politique-africaine.com, consulté le 02 mai 2005.

    La particularité des contributions de ce dernier groupe est qu'elles accordent une importance particulière aux modes d'actions populaires et à l'imaginaire qui accompagnent les comportements observés. Dans cette optique, la politique officielle et formelle, celle des institutions internationales, des gouvernements et des conférences diplomatiques, les enjeux économiques des multinationales et des entrepreneurs de moindre envergure ne sont pas abordés comme tels. C'est précisément la dimension économique de ces guerres qui sera mise en évidence.

    Objectif de l'étude

    Il s'agit de répondre, avec les outils des Sciences sociales et en prenant appui, autant que possible, sur des observations directes et indirectes, aux questionnements soulevés par les déstabilisations violentes successives observées au Congo-Brazzaville à l'issue de la Conférence Nationale Souveraine et qui ont conduit au renversement des institutions démocratiques. Afin de réaliser cet objectif, il sied de poser la problématique générale de l'étude.

    Problématique

    Le génie de l'homme ne lui a pas encore permis d'optimiser l'exploitation de la source d'énergie par excellence qu'est le soleil. Pour cela, il a dû se rabattre aux sources d'énergie fossiles, caractérisées par leur incapacité à se reproduire, par leur inégale distribution sur la planète et par leur centralité dans la vie de l'homme moderne. Les considérations précédentes justifient le fait que les régions du globe qui abritent de pareilles ressources sont dans la ligne de mire des politiques de puissance des acteurs majeurs du système international.

    En effet, ne peut-on pas envisager une lecture des guerres qui travaillent le champ social et politique congolais en relation avec les enjeux inhérents à la valorisation des ressources naturelles dont ce pays est pourvu ? Dans cette optique, n'existent-ils pas de liens entre l'émergence, l'amplification des conflits au Congo entre 1990 et 2002 et la découverte, la valorisation de ses champs pétrolifères, gaziers et de ses concessions de forêts primaires ? En d'autres termes, la

    conflictualité observée dans ce pays pendant cette période, est-elle étrangère à la montée en puissance de ces données géostratégiques ? Comme on peut le voir, une telle problématique doit reposer sur des hypothèses précises.

    VII. Hypothèses de l'étude

    Ce sont des réponses provisoires aux questions fondamentales de la recherche. Celles-ci pourront être confirmées ou infirmées au terme d'une analyse approfondie des faits. Les hypothèses de cette étude se déclinent ainsi qu'il suit.

    1. Les conflits armés du Congo-Brazzaville de 1990 à 2002 ont été particulièrement violents. Cette violence, manifeste à travers les conséquences qui en sont résultées, est inhérente au pragmatisme des acteurs dans la matérialisation de leurs desseins, à la modernité de la logistique et des stratégies de combat mis en oeuvre par les belligérants.

    2. Si les protagonistes ont pu se procurer une telle logistique militaire, et aussi, que des violences de cette envergure n'aient pas été dénoncées, c'est parce qu'il y'avait de gros intérêts en jeu, notamment ceux liés à la valorisation des ressources naturelles de ce pays. Par conséquent, il existe un lien entre la valorisation de ces agrégats, les trafics d'armes et ces guerres.

    3. On ne saurait réduire ces conflits à de simples affrontements internes. Le faire, est une attitude qui entame profondément toute tentative d'intelligibilisation de cette situation et ne permet pas de l'apprécier dans toute sa complexité. Les guerres du Congo ont une dimension internationale qu'on ne saurait nier.

    S'il était nécessaire d'exposer les hypothèses qui sous-tendent cette investigation, on ne saurait se dispenser de présenter le cadre théorique dans lequel elle va se déployer.

    VIII. Cadre théorique de l'étude

    Ce sont les diverses théories qui seront convoquées pour analyser cette série de crises armées. Ici, ces théories sont plus complémentaires qu'irréductiblement opposées. Dans ce sens qu'elles montrent les diverses facettes d'une seule réalité

    faite à la fois, à l'instar de toute réalité sociale, d'harmonie et de conflit, d'équilibre et de changement. Étant donné que les acteurs dont il faudra décrire les comportements sont soit des Etats, soit encore des entités transnationales ou subétatiques, on fera appel à la théorie réaliste (1) et à la théorie transnationaliste (2).

    1. Le réalisme

    Le réalisme est l'approche traditionnelle des relations internationales. Elle privilégie l'Etat et en fait l'acteur essentiel, voire exclusif24. Dans cette perspective ouverte par l'Etat et ses gouvernants, les relations internationales se définissent comme des relations entre sociétés politiques organisées dans le cadre d'un territoire déterminé. Parallèlement, l'histoire diplomatique est réduite à l'histoire des relations entre Etats, incarnée par les images de l'ambassadeur et du soldat.

    Depuis la fin de la Guerre Froide, la théorie réaliste est fortement contestée du fait de la perte de vitalité et de l'unicité de l'Etat sur la scène internationale vu la montée en puissance des acteurs transnationaux. Toutefois, s'il ne faut pas remettre en cause cet état de faits, il convient tout de même de relativiser cette affirmation. Car, la scène internationale reste encore en bien des points tributaire de la marque des acteurs étatiques. Ils sont affaiblis certes, mais ils restent incontournables25.

    Le réalisme permettra de comprendre le déploiement des acteurs étatiques. Toutefois, cette théorie ne pourra expliquer, seule, tous les paramètres indispensables à la compréhension du théâtre congolais. Pour cela, elle sera épaulée par la théorie transnationaliste.

    2. Le transnationalisme

    Le transnationalisme professe que la scène internationale n'est plus une arène spécifique aux Etats. A ces derniers, s'ajoutent dorénavant des forces

    24A. GAZANO, Les Relations internationales : les données, les acteurs et les règles, les enjeux et les défis, Paris, Gualino Editeur, 2001, pp : 22-23 ; également P. BRAILLARD, M.-R, DJALILI, Les Relations Internationales, Paris, PUF, 1988, p. 51.

    25B. JACQHIER, Relations internationale. Les Acteurs du système international, T. I, Grenoble, PUG, 1993, p. 139.

    transnationales et sub-étatiques, dont l'activité en perpétuel essor tend de plus en plus à effacer l'action des Etats. Les relations internationales se conçoivent comme des rapports sociaux qui dépassent le cadre intrinsèque des sociétés politiques organisées et déterminées pour mettre en présence des acteurs divers, relevant des sociétés politiques distinctes. Autrement dit, tout ce qui s'exerce par-dessus les frontières en dehors de l'action et du contrôle des Etats26. Le transnationalisme permettra de lire les logiques qui président au déploiement et à l'action des acteurs non étatiques dans l'échiquier congolais.

    Par ailleurs, les théories réaliste et transnationaliste ne suffisent pas pour comprendre cette situation complexe que sont les guerres répétées du Congo de 1990 à 2002. Pour cela, elles seront complétées par quelques autres méthodes ou approches chaque fois que les besoins de l'analyse et de l'interprétation l'exigeront. Essentiellement, nous convoquerons les méthodes Géopolitique (a) et géostratégique (b).

    a. La géopolitique

    Selon les mots de F. THUAL, la géopolitique est une méthode de lecture des situations. Elle permet d'«identifier les acteurs, analyser leurs motivations, décrire leurs intentions, repérer les alliances en gestation ou, au contraire, les alliances en voie de déconstruction, que ce soit au niveau local, régional, continental ou international»27.

    Dans cette étude, la géopolitique nous permettra de comprendre la volonté des Pays Développés de maîtriser et de sécuriser les sources et les voies de transit des approvisionnements en matières premières indispensables à leurs industries à l'échelle du globe. Elle nous permettra également de comprendre que la politique étrangère a cessé d'être la défense des intérêts politiques uniquement. De plus en plus, elle défend aussi des intérêts économiques, lesquels sous-tendent les nouvelles logiques d'affrontements.

    26B. JACQHIER, Opus citatum, pp : 130-139.

    27 F. THUAL, Géopolitique au quotidien. Apprendre à déchiffrer l'actualité, Paris, Dunod, 1993, p. 04.

    b. La géostratégie

    La géostratégie se comprend ici comme le poids des données générales de stratégies (géographie, climat, situation historique et politico-économique, démographie, etc.) dans la définition et la conduite des affaires étatiques. Son étude relève de la géopolitique, bien que son point de vue se réduise aux aspects militaires et leurs conséquences sur l'enjeu des ressources naturelles, fréquemment objet de conflits d'intérêt.

    Dans notre démarche, la géostratégie a un double objectif. D'une part, elle permettra de comprendre l'importance des ressources naturelles dans la militarisation des acteurs et dans la structuration de leurs alliances. D'autre part, elle aidera à déterminer le poids de ces mêmes agrégats dans la conception et dans la conduite des stratégies de guerre des belligérants.

    Toutefois, bien circonscrire le cadre théorique de cette étude passe aussi par la désignation et par la définition des concepts clefs.

    IX. Clarification des concepts

    Cette investigation s'articule autour de ces quatre concepts fondamentaux : les notions de conflit armé (1), puissance (2), ressources naturelles stratégiques (3) et de firme multinationale (4).

    1. La notion de conflit armé

    Le conflit est une interaction sociale qui met en jeu des comportements antagonistes. C'est une caractéristique de la vie sociale et encore plus de la vie politique et internationale. Selon Lewis COSER, il désigne des affrontements entre acteurs collectifs sur des valeurs, des statuts, des pouvoirs ou des ressources rares28. L'objectif de chaque protagoniste est de neutraliser ou d'affaiblir ses rivaux. Vu dans cette perspective, le conflit ne désigne pas forcément un affrontement armé.

    28L. COSER, Les Fonctions sociales du conflit, Paris, PUF, 1982.

    Dans cette étude, cette expression s'entendra comme un comportement qui recourt à la violence armée systématique, collective et organisée. Elle est synonyme d'affrontement armé, de guerre, de guerre civile et de guerre interétatique.

    2. La notion de puissance

    Cette notion s'entendra ici comme une posture qu'un acteur de la scène internationale peut adopter dans une situation précise et à un moment donné dans son commerce avec les autres acteurs en raison de l'accumulation d'un certain nombre de facteurs en sa faveur. Ainsi, il peut dissuader, persuader, susciter une attention particulière ou un ralliement à sa cause, imposer ses vues aux autres acteurs, etc. Les facteurs lui permettant d'adopter une telle posture sont d'origines diverses et ont des implications et applications variables dans la vie internationale, en fonction des situations et des acteurs en présence ; aussi, ne produisent-ils toujours pas les mêmes effets suivant que l'on change de vis-à-vis ou de situation29.

    3. La notion de ressources naturelles stratégiques

    Les ressources naturelles stratégiques sont des moyens qui se trouvent dans la nature, l'homme en dispose pour son usage. Elles « sont la propriété des peuples, l 'Etat légitime, représentant de ces derniers, en est le gérant »30 ; elles sont diverses et ont une importance variable dans le temps ; elles ont une valeur marchande et il leur est reconnu une portée stratégique du fait qu'elles sont indispensables dans le déploiement des économies modernes. Ce sont : les hydrocarbones solides, liquides et gazeux, les forêts primaires et l'eau.

    Cependant, à ce potentiel brut, correspond une capacité technique et financière réelle pour que ces ressources naturelles stratégiques soient valorisées. Ces ressources font l'objet de tractations multiformes entre les différents acteurs de la

    29On ne s'accorde généralement pas sur l'origine de ces facteurs. Traditionnellement on cite les facteurs d'origine naturelles, géographiques, économiques, démographiques, scientifico-technologiques, militaires, politiques, auxquels on peut ajouter bien d'autres. La liste n'est pas exhaustive.

    30D. ROSENBERG, Le Principe de la souveraineté des Etats sur les ressources naturelles, Paris, LGDJ, 1983, p. 24.

    scène internationale et sont au coeur de toutes les intrigues des relations internationales de l'heure : financiers, socio-économiques, politiques, scientificotechnologiques, militaires et environnementaux.

    4. La notion de firmes multinationales

    Ce sont des sociétés commerciales dont le siège social est situé dans un pays déterminé, mais qui exercent des activités en dehors de ce pays par le relais de filiales ou de succursales que contrôle et coordonne la société centrale31. Par conséquent, des firmes situées dans plusieurs Etats et dotées, à partir d'un centre unique, d'une stratégie globale, voire mondiale. Ces sociétés se caractérisent par leur autonomie vis-à-vis des systèmes économiques nationaux, un rattachement national, l'exercice des activités de production et de distribution dans plusieurs pays. Elles sont les principaux acteurs du système économique mondial. Leurs activités sont diverses et variées. La plus part du temps, ces firmes sont impliquées dans le processus de valorisation des ressources naturelles au moyen des partenariats avec les Etats qui abritent ces dernières.

    X. Méthodologie

    Notre cheminement a alterné réflexion théorique et travail empirique. Nous ne nous sommes pas dispensé de faire l'économie de tout ce qui jusqu'à présent est su, sur les conflits armés en Afrique, particulièrement sur ceux du Congo. Nous nous sommes appuyé pour cela sur deux types de supports.

    Le premier, essentiellement des documents, est composé d'une part des archives gouvernementales, des ouvrages, des monographies individuelles et collectives, des comptes rendus de missions, les synthèses de groupes de réflexion et les travaux académiques, et d'autre part des sources électroniques : Internet, les bases de données spécialisées, notamment celles de l'AUF, les films documentaires, CD audio et les photos.

    31R. VERNON, Les Entreprises multinationales, Paris, Hachette, 1973.

    Toujours dans la quête des résultats escomptés dans le cadre de cette investigation, nous avons également procédé par des causeries instructives avec quelques personnalités d'importance dans la dynamique de l'élaboration et de l'exécution de la décision dans les quartiers généraux des protagonistes pendant les hostilités32. Les mêmes causeries instructives ont été aussi possibles avec d'autres catégories de personnes non moins importantes : les victimes, combattants et réfugiés y compris des membres des ONG comme Médecins Sans Frontières, Catholic Relief Services, Secours Catholique et Caritas qui sont en relation avec nous. Ces organisations étaient particulièrement actives au Congo pendant ces conflits.

    Nous avons également bénéficié de l'expertise du CESA et du Conseil des Stratèges des trois armées tunisiennes sur des questions militaires. Ces instances nous ont fourni des illustrations de certains types d'armes et des informations relatives à l'interprétation des potentialités réelles de ces engins (Infra, Annexes, Série 01 : les arsenaux des protagonistes, pp : 116-122).

    Enfin, nous nous sommes appuyé sur nos propres souvenirs et notre propre expérience pour comprendre cette série de crises armées. En effet, nous avons vécu ces hostilités. Particulièrement celles de 1993-1994 et les premiers mois de celles de 1997.

    XI. Plan de l'étude

    L'ossature de ce travail est binaire, chaque partie comprenant deux chapitres. La première partie présentera les potentialités énergétiques et la conflictualité en République du Congo-Brazzaville. La seconde partie, après avoir focalisé l'attention sur le poids des ressources dans la structuration des stratégies des belligérants, posera la problématique de la gouvernance globale du Congo pour les années à venir.

    32Ces causeries ont eu lieu au Congo, au Cameroun, en Tunisie et en France.

    PREMIERE PARTIE :
    GEOPOLITIQUE DES RESSOURCES NATURELLES ET
    CONFLICTUALITE

    Pour l'Afrique Centrale et sa périphérie, la décennie 1990 a été une période très mouvementée33. Le Congo-Brazzaville, une composante de cette sphère géographique, ne fait pas exception à ce constat. Car, naguère présenté comme un modèle de transition démocratique en Afrique du fait d'une Conférence Nationale Souveraine suivie d'élections et conclue par une alternance au sommet de l'Etat, il était devenu à partir de 1993, le théâtre d'un conflit armé à rebondissement entre diverses milices se réclamant des principaux acteurs politiques avec en toile de fond, la mobilisation des ressources locales, régionales et internationales. Ces principaux acteurs politiques sont, soit en quête du pouvoir, le général Dénis SASSOU N'GUESSO ou monsieur Bernard KOLELAS et leurs alliés respectifs, soit encore en quête de stabilité du pouvoir, le Président Pascal LISSOUBA et ses alliés.

    Peut-on asseoir l'intelligibilité de ces événements sur la seule évolution interne de ce pays, par conséquent, les enjeux inhérents à l'exploitation de ses richesses économiques ne peuvent-ils pas dès lors se décider ? Autrement dit, n'existe-t-il pas un lien entre ces crises armées et la volonté de contrôler et de valoriser les ressources naturelles que compte le pays ?

    Répondre à cette série d'interrogations passera d'abord par certifier la présence au Congo des ressources naturelles qui correspondraient à des facteurs polémogènes (Chapitre I) ; cette réponse sera incomplète si elle ne permet pas dans un second temps de montrer que la série des guerres du Congo entre 1990 et 2002 est une réalité qui a existé et que l'on peut situer dans le temps (Chapitre II).

    33La guerre d'Angola qui se poursuit, les crises rwandaise et burundaise, les mutineries répétées en République Centrafricaine et les troubles ayant conduit au départ deux régimes politiques en 1997 : celui du Président MOBUTU au Zaïre et celui du Président Pascal LISSOUBA au Congo-Brazzaville.

    Chapitre I. La géographie des ressources naturelles congolaises

    En tant que continent, l'Afrique dispose d'importantes sources d'énergie. Mais, la distribution de ces dernières à travers tous les pays est très inégale. Les hydrocarbones liquides et gazeux sont concentrés dans le Nord et le long de la côte Ouest ; le potentiel hydroélectrique dans l'Est et au Centre ; enfin, les hydrocarbones solides dans le Sud principalement, mais aussi à l'Ouest et au Centre, où les forêts figurent également en bonne place. Le Congo appartient à la zone Centre (Supra, Carte n°03 : situation et limites du Congo, p. 05). Mais, quelle est sa spécificité dans cette répartition continentale des ressources naturelles ? Dans ce chapitre, il est question de déterminer leur nature (Section I) et de voir comment elles sont valorisées (Section II).

    Section I. L'inventaire des ressources naturelles

    Tout au long de cette section, notre mission consiste à dresser l'inventaire des ressources naturelles qui existent au Congo. L'objectif poursuivi est de les identifier, de les classifier et de les localiser sur le territoire national avant d'en déterminer les quantités disponibles en termes de réserves prouvées et de quantités produites annuellement. L'analyse se focalisera dans un premier temps sur les ressources naturelles stratégiques (A), pendant que le second moment se préoccupera de montrer que ces dernières sont loin d'être les seules ressources naturelles qu'on peut trouver au Congo (B).

    A. Les ressources naturelles stratégiques

    Cette expression englobe les matières premières auxquelles on reconnaît une importance cardinale dans les politiques de puissance des nations modernes, c'està-dire dans le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles. Elles se présentent sous plusieurs formes et sont indispensables pour le fonctionnement des industries, pour l'expansion et la prospérité des économies. Dans cette catégorie de

    matières premières, il y a les hydrocarbones liquides et gazeux (1), les hydrocarbones solides (2) et le potentiel forestier (3).

    1. Les hydrocarbones liquides et gazeux

    Cette expression désigne les matières premières d'origine organique composées à partir de molécules d'hydrogène et d'atomes de carbone se présentant sous les formes liquide et gazeuse. Ce sont les hydrocarbures : le pétrole et le gaz naturel. La présence de ces deux ressources est attestée au Congo depuis l'époque coloniale et il en est producteur depuis 1969.

    a. Le pétrole

    Le pétrole congolais est d'assez bonne qualité : densité entre 22° et 33° API, peu lourd et contenant très peu de souffre. Depuis 1994, ce secteur fait l'objet des réformes substantielles : promulgation d'un nouveau code ; l'évolution depuis 1996 du système de concession naguère à la mode, vers celui de partage de production, s'appliquant désormais à tous les nouveaux gisements explorés et forés ; enfin, augmentation de la part réservée à l'Etat à 32% contre de 17 % naguère.

    Le pétrole congolais est concentré sur la côte Atlantique. En terme de réserves prouvées à l'échelle continentale, le Congo occupe la septième place derrière la Libye, le Nigeria, l'Algérie, l'Egypte, l'Angola et le Gabon (Infra, tableau n°04 : réserves de pétrole et production en 1999, p. 26). Ces réserves doivent être reconsidérées actuellement. Car, au moment où nous écrivons ces lignes, les activités d'exploration ont officialisé l'existence de nouveaux champs pétrolifères dans l'off shore profond et très profond dans la ZIC, une zone coincée entre l'Angola et le Congo, et des gisements de tailles modestes sur terre ferme.

    Les principaux champs pétroliers valorisés depuis que le Congo produit le pétrole sont : Loango (1972) ; Likouala (1977) ; Yanga (1981) Sendji (1984) ; Tchibouéla (1987) ; Zatchi (1986/87) ; Tchendo (1991) ; Nkossa (1996) ; Kitina (1997) ; Kombi et Likala (1999) ; Tchibéli (2000) ; Kouakouala (2000) ; Mwafi et Foukanda (2001) ; M'boundi (2003) ; Ikalou, Moho et Bilondo en prévision 2005.

    Tableau n°03. Réserves de pétrole et production en 199934

    Pays

    Réserves à fin 1999 en millions de tonnes

    Rang

    Production 1999 en millions de tonnes par an

    Rang

    Afrique du Sud

    5

     

    1.1

     

    Algérie

    1. 235

    3 ème

    39.9

    3ème

    Angola

    730

    5 ème

    36.8

     

    Bénin

    1

     

    0.1

     

    Cameroun

    55

    8 ème

    4.8

     

    Congo

    212

    7 ème

    14.5

    6ème

    Congo RD

    26

     

    1.2

     

    Côte d'Ivoire

    14

     

    0.5

     

    Egypte

    412

    4 ème

    38.4

    4ème

    Ethiopie

    NA

     

    NA

     

    Gabon

    342

    6 ème

    17.0

    5ème

    Ghana

    2

     

    0.3

     

    Guinée Equatoriale

    1

     

    4.5

     

    Libye

    3. 892

    1 ème

    64.9

    2ème

    Maroc

    NA

     

    NA

     

    Nigeria

    3. 000

    2 ème

    95.6

    1er

    Sénégal

    NA

     

    NA

     

    Soudan

    36

    10 ème

    3.2

     

    Tunisie

    40

     

    3.9

     

    Total Afrique

    10 122

     

    326.7

     

    b. Le gaz naturel

    Contrairement à la situation dans la zone Afrique du Nord, la plupart du gaz
    sub-saharien en général et congolais en particulier, est mélangée au pétrole. Pour
    cette raison, il était simplement torché. Néanmoins, il existe des gisements de gaz
    naturel qui sont séparés des gisements de pétrole. A l'instar des gisements de
    pétrole, ceux de gaz naturel sont situés dans l'off shore, aux larges de Pointe-Noire.
    Comparativement au pétrole, le secteur du gaz reste encore très peu
    développé. Selon le tableau suivant (Tableau n°05 : réserves de gaz naturel
    récupérable et production en milliards de mètres cubes en 1999, p. 27),
    cette source
    d'énergie est pour l'instant sous exploitée. Néanmoins, le pétrole et le gaz naturel
    ne sont pas les seules ressources naturelles stratégiques que l'on trouve au Congo.
    Les autres ressources, si elles ne présentent pas actuellement la même importance
    que ces deux premières, ne doivent pas être négligées dans la politique de

    34World Energy Council, Potentiel de développement intégré de l'énergie au plan régional en Afrique, Document de travail 2003, rubriques «Géographie énergétique/pétrole», http://www.worldenergy.org, consulté le 10/02/2005.

    puissance des pays industriels. Ces autres ressources naturelles sont désignées dans cette étude à travers l'expression générique les hydrocarbones solides.

    Tableau n°04. Réserves de gaz naturel récupérable et production
    en milliards de mètres cubes en 199935

    Pays

    Réserves/fin 1999

    Rang

    Production/1999

    Rang

    Afrique du Sud

    19

     

    1.4

     

    Algérie

    4 522

    1er

    82.8

    1er

    Angola

    46

     

    0.6

     

    Bénin

    1

     

    ND

     

    Cameroun

    110

     

    5ème

    ND

     

    Congo

    91

    6ème

    ND

     

    Congo RD

    1

     
     
     

    Côte d'Ivoire

    30

     

    1.3

     

    Egypte

    1 223

    4ème

    15.5

    2ème

    Ethiopie

    25

     

    ND

     

    Gabon

    33

     

    0.1

     

    Ghana

    24

     

    ND

     

    Guinée Equatoriale

    37

     

    ND

     

    Libye

    1 313

    3ème

    6.1

    4ème

    Madagascar

    2

     

    ND

     

    Maroc

    1

     

    ND

     

    Mozambique

    57

     

    0.1

     

    Namibie

    85

     

    ND

     

    Nigeria

    3 515

    2ème

    7.0

    3ème

    Rwanda

    57

     

    ND

     

    Sénégal

    11

     

    ND

     

    Somalie

    6

     

    ND

     

    Soudan

    85

     

    ND

     

    Tanzanie

    28

     

    ND

     

    Tunisie

    78

     

    1.9

     

    Total Afrique

    11 400

     

    116.8

     

    2. Les hydrocarbones solides

    Ce sont toutes les autres ressources naturelles auxquelles est attachée une importance stratégique, composées d'atomes de carbone et de molécules d'hydrogène, qui se présentent sous la forme solide. Ce sont particulièrement les matières premières d'origine minière comme l'uranium qui sert simultanément dans la production de l'énergie électrique ou encore dans la construction des arsenaux stratégiques. C'est aussi le cas des autres matières premières comme l'étain et le cobalt, qui tous servent dans l'électronique de précision ou le guidage

    35World Energy Council, Potentiel de développement intégré de l'énergie au plan régional en Afrique, Document de travail 2003, rubriques «Géographie énergétique/gaz naturel», http://www.worldenergy.org, consulté le 10/02/2005.

    des vecteurs nucléaires ou balistiques. Enfin, c'est le cas de l'or et des diamants, qui en dehors de la fabrication des parures et autres objets relevant de l'esthétique, servent dans la mise au point des satellites artificiels. Ces ressources sont localisées dans les provinces de la Sangha et de la Cuvette-Ouest au Nord du pays. On les trouve également dans les régions du Niari et de la Lékoumou au Sud. Par ailleurs, à côté des hydrocarbones solides, il convient de mentionner la présence d'un impressionnant potentiel forestier.

    3. Le potentiel forestier36

    Le territoire congolais est couvert au trois cinquième par la forêt. Elle correspond à environ 205.000 km2 sur 342.000 km2, la superficie totale du pays, soit 21,5 millions d'hectares. Parmi ceux-ci, 12,7 millions peuvent être exploités à des finalités commerciales. Le reste représente des forêts inondées, sémi-inondées ou encore des terrains impropres à l'exploitation commerciale. Il existe deux principales régions de forêts naturelles.

    D'une part, il y a les forêts du Mayombe et du Chaillu au Sud. Les deux ont une superficie totale de 4,5 millions d'hectares et sont exploitées intensivement depuis l'époque coloniale. Les principales essences recherchées sont l'Okoumé et le Limba. D'autre part, il y a la grande forêt du nord avec une superficie totale de 17,3 millions d'hectares, dont 8,9 millions sont jugés exploitables. Depuis 1996, ces forêts prennent de plus en plus de l'importance dans la production du bois avec la possibilité d'évacuation par le Cameroun à travers le port de Douala, à travers le Sud et l'Est du Cameroun. Les essences recherchées sont le Sapelli et le Sipo. Toutefois, dans les forêts du Sud comme dans celles du Nord, il existe d'autres espèces : l'Ayous, le Bahia, l'Ebène, l'Iroko et le Niové.

    En dehors de ces forêts naturelles, il faut également mentionner la présence des forêts artificielles. Il s'agit d'environ 70.000 ha d'essences à croissance rapide. Notamment les eucalyptus mis en oeuvre dans la région de Pointe-Noire. Ces arbres sont utilisés comme matière première de pâte à papier. Cependant, il serait

    36Sources des chiffres dans cette section : Ambassade du Congo au Cameroun, Section Consulaire.

    incongru de conclure que les matières premières énumérées tout au long des sections précédentes sont les seules ressources naturelles qui existent au Congo.

    B. Les ressources naturelles non stratégiques

    Un inventaire approfondi signale la présence de bien d'autres ressources naturelles. Ces dernières, si elles ne sont pas indispensables au même titre que les précédentes, ont tout de même une importance relative dans les activités de l'homme moderne. C'est par exemple le cas des hydrocarbones solides non stratégiques (1), ou encore du potentiel hydraulique et du potentiel agricole (2), enfin du potentiel touristique (3).

    1. Les hydrocarbones solides

    Dans cette catégorie il y a le minerai de fer, les phosphates, de la bauxite, du zinc, du plomb, de l'alumine, du manganèse, du cuivre, du mercure, etc. Ces ressources, si elles ne sont pas classées stratégiques au même titre que celles précédemment citées, il faut tout de même reconnaître qu'elles sont indispensables pour la prospérité, la croissance des économies et de l'industrie modernes. Aucune de ces matières premières ne constitue, à l'heure actuelle, l'objet d'une exploitation industrielle. Quelques unes d'entre elles sont parfois exploitées artisanalement et commercialisées dans des circuits officieux.

    On trouve ces matières premières un peu partout dans le pays. Principalement dans le Sud-Ouest et dans le Nord-Ouest. Quant aux volumes réels des réserves prouvées, les sources consultées restent vagues, sinon muettes. Dans le cadre des ressources naturelles non stratégiques, on ne saurait faire l'économie du potentiel hydraulique et du potentiel agricole.

    2. Les potentiels hydraulique et agricole

    Le potentiel hydraulique est composé des affluents du fleuve Congo, lui-même étant le plus important cours d'eau du pays. Il faut distinguer les activités inhérentes à la pêche, aux moyens de communication et à la production de

    l'électricité. Le tableau suivant (Tableau n°05 : étendue du potentiel hydraulique, p. 30) résume l'envergure de cette ressource sur l'ensemble du territoire national.

    37

    Tableau n°05. Etendue du potentiel hydraulique

    superficie de la ZEE

    60 000 km2

    superficie du plateau continental

    10 000 km2

    longueur de la côte

    170 km

    superficie du réseau fluvial

    250 000 km2

    principaux fleuves

    Congo et Kouilou-Niari

    La pêche, artisanale ou industrielle, peut être pratiquée sur les espaces maritime et fluvial issus, successivement de l'Océan Atlantique, du fleuve Congo et de ses affluents. Couplé à la voie ferrée du CFCO, ce potentiel hydraulique peut également servir de courroie de transmission entre le Congo et ses voisins sous- régionaux enclavés38. En effet, les ports maritime et fluvial, respectivement de Pointe-Noire et de Brazzaville sont prédisposés à jouer un tel rôle. Le Congo peut aussi valoriser ce potentiel dans la production de l'énergie hydroélectrique. Comme l'indique le tableau en page suivante, la capacité techniquement exploitable au Congo est considérable (Tableau n°06 : électricité : capacités techniquement exploitables et capacités opérationnelles des pays africains, pp : 30-31). Cela est un atout indéniable. Mais, il n'en demeure pas moins que ce potentiel est encore très faiblement exploité.

    Tableau n°06. Electricité : capacités techniquement exploitables

    et capacités opérationnelles des pays africains, 1999 39

    Pays

    Cap. exploitables

    TWh/yr

    Cap. opérationnelles /
    MW

    Production en 1999 / GWh

    Afrique du Sud

    11

    653

    726

    Algérie

    5

    275

    203

    Angola

    90

    290

    1000

    Bénin

    1

    67

    170

    Burkina Faso

    N

    32

    125

    Burundi

    >1

    43

    98

    Cameroun

    115

    725

    2423

    37Mission Economique du Congo, Ambassade de France, « Etendue du potentiel hydraulique », rubrique «Présentation générale`', http://www.izf.net, site consulté le 09 mars 2005.

    38Notamment dans la desserte des pays comme la RCA, le Tchad et le Sud et l'Est du Cameroun.

    39World Energy Council, Potentiel de développement intégré de l'énergie au plan régional en Afrique, Document de travail 2003, rubriques «Géographie énergétique/hydroélectricité», http://www.worldenergy.org, consulté le 10/02/2005.

    Comores

    ND

    1

    2

    Congo

    >50

    89

    352

    Congo (R.D.)

    774

    2 440

    5 350

    Côte d'Ivoire

    >12

    614

    1 800

    Egypte

    >50

    2 810

    11 450

    Ethiopie

    >260

    398

    1 600

    Gabon

    80

    168

    830

    Ghana

    11

    1 072

    5 169

    Guinée

    19

    127

    414

    Guinée Equatoriale

    NP

    1

    2

    Kenya

    9

    600

    3 294

    Lesotho

    2

    79

    200

    Liberia

    11

    ND

    ND

    Madagascar

    180

    105

    510

    Malawi

    6

    283

    800

    Mali

    >5

    50

    243

    Mauritanie

    ND

    61

    26

    Maurice

    ND

    59

    30

    Maroc

    5

    1 175

    817

    Mozambique

    38

    2 180

    11 548

    Namibie

    9

    240

    854

    Niger

    >1

    ND

    ND

    Nigeria

    32

    1 938

    6 986

    Ouganda

    >7

    276

    1 600

    Réunion

    ND

    125

    486

    Rép. Centrafricaine

    3

    19

    81

    Rwanda

    ND

    27

    110

    São T. & Principe

    ND

    6

    20

    Sénégal

    4

    ND

    ND

    Sierra Leone

    7

    4

    24

    Somalie

    1

    5

    ND

    Soudan

    19

    303

    1 000

    Swaziland

    1

    41

    190

    Tanzanie

    20

    377

    1 748

    Togo

    2

    4

    6

    Tunisie

    N

    64

    90

    Zambie

    29

    1 674

    7 782

    Zimbabwe

    18

    670

    3 000

    Total Afrique

    >1 888

    20 170

    73 159

    Quant au potentiel agricole, il se résume essentiellement par la présence des terres très fertiles. Les terres sont couplées à un très bon climat et aux très bonnes conditions hydrographiques du fait de la proximité avec le bassin du Congo. Ces espaces de terres sont naturellement favorables aussi bien au développement des activités agricoles, qu'au développement de l'élevage à petite ou grande échelle. En effet, on peut y pratiquer les cultures comme la canne à sucre, le tabac, le café, le cacao, la banane, l'hévéa, le palmier à huile, etc. La carte suivante (Carte n°04 : les principales zones de cultures, p. 32) récapitule les avantages naturels du Congo pour certaines cultures. La valorisation de ces espaces de terres ne doit pas se

    résumer au développement de l'élevage et de l'agriculture. Car, ce sera là ignorer d'autres avantages non moins importants qu'ils peuvent procurer au pays. Par exemple les avantages inhérents au tourisme.

    Carte n°04. Les principales zones de cultures40

    3. Le potentiel touristique

    Les dix provinces du Congo offrent des paysages variés. Parmi, il y a trois parcs nationaux de très grande envergure : Nouabale-Ndoki, Odzala, et Konkouaty. Quelle est la spécificité de ces aires ?

    Le Parc national Nouabale-Ndoki est l'un des plus grands d'Afrique Centrale. Il a une superficie de 426.800 hectares et tire son nom de deux rivières,

    40FAO, «Les Principales zones de cultures du Congo», rubrique «Présentation générale», http://www.izf.net, consulté le 09/03/ 2005.

    Nouabale et Ndoki, qui l'arrosent. Situé dans la partie septentrionale du Congo, il abrite d'importantes populations de grands mammifères : éléphants, gorilles et chimpanzés. C'est également un écosystème intact et non perturbé : il n'a pas été habité par des agriculteurs depuis au moins 900 ans.

    Toujours situé dans la partie septentrionale du pays, le Parc national d'Odzala a une superficie de 13.000 km2. La forêt équatoriale qui l'occupe est non seulement vierge, mais aussi comporte de nombreuses salines qui permettent aux différentes catégories de visiteurs d'observer les espèces qui s'y trouvent. Ce parc est réputé pour ses éléphants, buffles de forêt, antilopes, sitatunga, bongos, gorilles, chimpanzés, cercopithèques, lions et léopards, hylochères et hyènes tachetées. On y recense actuellement plus de 100 espèces de mammifères, 15 espèces de primates, 430 espèces d'oiseaux et plus de 1500 espèces de plantes.

    Enfin, il y a le Parc national de Konkouaty qui, lui, est situé au Sud du pays. Il est irrigué par plusieurs rivières, parmi lesquelles la rivière Konkouaty de laquelle il tire son nom. Il possède plusieurs espèces animales et dispose d'un panorama magnifique pour les touristes, chercheurs...

    Dans l'ensemble, ces parcs possèdent un nombre important de campements bien équipés à partir desquels on peut effectuer des remontées des rivières comme la Mambili, Mboko, Maya, Lossi, Ekenia, Konkouaty, etc. Ces rivières correspondent également à des excellents circuits touristiques.

    Toutefois, à côté de ces grands parcs, coexistent d'autres, mais de petite et moyenne envergure. C'est le cas de la réserve de faune de la Léfini, située au Nord de Brazzaville, à l'Est de Djambala et au Sud de Gamboma ; la réserve de la LekoliPandaké, au Nord de Kellé ; la réserve de Mont Fouari et la réserve de NiangaNord, toutes deux situées à l'Ouest de Divénié dans la région du Niari.

    Par ailleurs, on se doit également de mentionner l'existence des autres sites touristiques à valeur historiques, liés aux anciens royaumes et à la colonisation. Dans la même optique, mention doit être faite des autres avantages touristiques qu'offrent tous les pays maritimes, fluviaux et forestiers. Comme on peut le voir, s'il était indispensable de présenter la spécificité du Congo dans la distribution des

    ressources naturelles, il n'est pas superfétatoire de voir comment ces dernières sont valorisées.

    Section II. De la valorisation des ressources naturelles

    Dans le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles, posséder des matières premières brutes, aussi importantes qu'elles puissent être, est certes un atout indéniable. Mais, cela est insuffisant pour se déclarer riche ou puissant. Car, maîtriser les technologies et posséder les capitaux indispensables pour valoriser ces agrégats sont aussi des paramètres qui comptent. Ces derniers échappent au Congo. C'est dans cette optique que le partenariat s'est imposé comme la seule alternative viable pour valoriser ces agrégats. Quels sont les partenaires du Congo dans cette entreprise (A) ? Quelle est leur incidence sur la vie nationale (B) ?

    A. Les consortiums engagés dans la valorisation des ressources naturelles

    Il s'agit des différents agents qui évoluent dans la chaîne de valorisation des ressources naturelles qui se trouvent sur le territoire congolais. La mission de cette sous-section est de les identifier d'après leur secteur d'activité et d'après leurs origines géographiques.

    1. Le secteur des hydrocarbones liquides et gazeux

    Il existe deux principales catégories d'acteurs qui opèrent dans ce secteur économique. Ce sont, d'une part, les compagnies nationales, c'est-à-dire appartenant à l'Etat congolais (a), et d'autre part les multinationales étrangères (b).

    a. Les compagnies nationales

    Au 31 décembre 2002, elles étaient au nombre de trois. Ce sont, d'une part, la CORAF et Hydrocongo qui, étaient en voie de privatisation, et d'autre part la SNPC qui venait d'être créée. Ces trois sociétés sont placées sous la tutelle du Ministère des hydrocarbures.

    La CORAF, basée à Pointe-Noire, est désormais une filiale du groupe SNPC. Elle est chargée de traiter le brut Djéno, mélange fourni par Totalfinaelf, ENI-Agip et par la SNPC. Elle traite aussi le brut d'importation, réceptionné au port de Pointe- Noire. Sa capacité de raffinage est de 21.000 baril/jour.

    HydroCongo, basée à Brazzaville et dont la privatisation était encore en cours en 2002 assurait en aval la distribution et la commercialisation des produits pétroliers provenant de la CORAF. Ses activités ont été rachetées par les consortiums Total, Chevron, Texaco et Puma Energy pour la partie distribution. En amont, elle assurait les activités d'exploration et de contrôle de production. Ces activités ont été reprises par la SNPC.

    Enfin, établissement public à caractère industriel et commercial, la SNPC a été créée par la loi n°98 du 23 avril 1998. Elle appartient à 100% à l'Etat congolais. Elle est dotée d'une personnalité morale et d'une autonomie financière. Elle détient les titres miniers et est chargée de commercialiser les parts de brut congolais issues des contrats de partage de production. Aussi, assure-t-elle auprès du gouvernement les fonctions de conseil, de coordination, de contrôle de l'exploration et de la production des champs d'hydrocarbures. Toutefois, le Congo ne dispose pas de capacités technologiques et financières exigées pour explorer et forer ses gisements pétroliers ou gaziers. C'est à ce niveau que le partenariat trouve tout son sens.

    b. Les partenaires étrangers

    Ce sont les multinationales de l'énergie évoluant aux côtés ou en parallèle avec les compagnies nationales dans le processus de valorisation des hydrocarbones liquides et gazeux. Ces sociétés multinationales sont originaires de la zone UE et la zone Amérique du nord.

    -- Les Firmes européennes

    Pour des raisons historiques et de connaissance privilégiée de terrain, le secteur pétrolier congolais était jusqu'à très récemment une chasse gardée de quelques compagnies européennes : Elf Aquitaine, qui a intégré depuis peu le

    consortium Total, et de l'italienne Agip Recherches SA, couplée à sa consoeur

    EN!.

    La première, Elf Aquitaine, y a commencé ses activités il y a un peu plus de trente ans aujourd'hui. C'est le premier opérateur pétrolier du pays avec 60% de la production. La seconde, Agip Recherches SA, y a presque le même record de longévité. Ce groupe développe son intérêt pour le Congo par ses recherches off shore, par la prise des parts dans l'exploitation de certains gisements et par la réalisation d'une centrale thermique qui consommerait ses gaz morts.

    -- Les Firmes américaines

    Elles commencent à arriver massivement vers la fin des années 1980, le démantèlement de l'Union Soviétique aidant, auquel on peut ajouter le fait qu'un certain nombre d'entre elles à court d'activité dans leurs domaines traditionnels ou n'ayant pas pu obtenir des ouvertures qu'elles espéraient ailleurs (Europe Centrale, Golfe persique ou du Mexique), ou encore inquiète de la montée fulgurante de l'anti-américanisme au Moyen Orient. Ces raisons les ont incité à venir voir ce qui se passait dans ce secteur en Afrique. Le Congo fait parti de ces nouvelles directions.

    On peut noter la présence de Occidental petroleum, Chevron et Texaco, qui interviennent comme co-opératrices, avec Totalfinaelf, dans la Zone d'Intérêt Commun Angola-Congo. A part ces trois compagnies, il convient aussi de mentionner la présence de CMS-Nomeco, Nuevo Energy, Tacoma, Exxon, Mobil, Heritage Oil, Burren Energy et Sasol. Mention doit être aussi faite des sociétés Perenco et Maurel & Prom qui ont repris des champs vieillissants. En dehors des américaines, il y a également un consortium anglo-néerlandais et un autre sud africain, respectivement la Royal Dutch Shell et Energy Africa. Ces compagnies, ajoutées aux groupes EN!, Agip Recherches et la SNPC se partagent les 40% restant de la production pétrolière au Congo. Mais, qu'en est-il des entreprises évoluant dans le secteur de la forêt ?

    2. Le secteur forestier

    Il y a très peu de temps encore, ce secteur ne comptait que des entreprises parapubliques. Mais, jusque là, les capitaux étrangers, surtout européens, demeuraient les plus importants. Cependant, dans le cadre des reformes macroéconomiques des bailleurs de fonds multilatéraux, la privatisation des anciennes entreprises parapubliques est en cours. L'Etat cède ses parts à des privés nationaux et internationaux. Ces cessions ont accru la pénétration des multinationales dans le secteur au point d'être présentement dominé par les multinationales européennes. Principalement, les multinationales françaises et allemandes. Pour la France, il est possible de remarquer, entre autres, la présence du groupe Rougier, consolidé par trois sociétés dont Mokabi, et les groupes Jean LALANNE, SNBS et Boisangha. Pour le compte de l'Allemagne, il y a les sociétés Wonneman, Teldmeyer et SCBO/Danzel. On y trouve également la CIB, société à capitaux germano-suisse et la société Man Fan Tai, pour la République Populaire de Chine. Mais, quelle est la contribution de toutes ces ressources naturelles dans la formation de la richesse nationale ?

    B. Les ressources naturelles dans la formation de la richesse nationale

    Cette sous-section poursuit un objectif majeur. Il s'agit de déterminer le poids des différentes ressources naturelles, dont les sous-sections précédentes ont fait remarquer qu'elles existent au Congo, dans la dynamique de capitalisation de la richesse nationale. Ce propos est limité rien qu'aux ressources naturelles qui sont effectivement valorisées : les hydrocarbones liquides et gazeux (1), l'agriculture et l'élevage (2), enfin les forêts (3).

    1. Les hydrocarbones liquides et gazeux : une écrasante participation41

    Le secteur des hydrocarbones liquides et gazeux occupe une place très importante dans l'économie du Congo. Il contribue à hauteur de 60% dans la

    41Mission économique du Congo, Ambassade de France, «La filière pétrolière au Congo», rubrique «Espace entreprise du Congo», http://www.izf.net, consulté le 10/02/2005.

    formation du PIB et à plus de 70% dans le financement du budget. Entre 1990 et 2002, comme l'illustre le tableau suivant, l'on constate que la production pétrolière a plus que doublé. Comme l'illustre le tableau ci-après, ce changement est ostentatoire à partir de 1990. Cette augmentation substantielle s'explique du fait de la découverte et de la mise en valeur de nouveaux gisements, à l'instar de Nkossa42, et par l'expansion de plus en plus croissante de l'activité de l'exploration.

    43

    Tableau n°07. Evolution de la production pétrolière en million de tonnes par an

    Années

    1969

    1980

    1990

    1996

    1997

    1998

    1999

    2000

    2001

    Production

    ND

    3,3

    8

    10,4

    11,9

    12,6

    13,2

    14,5

    12,8

    À lui tout seul, il représente 90% des exportations du pays. Les produits exportés sont le pétrole et le gaz naturel. Comme l'indique cet autre tableau, Taiwan reste le premier client congolais, suivi de la Corée du Nord et des USA. Avec une participation prédominante certes, il faut reconnaître que le pétrole n'est pas le seul secteur sur lequel repose l'économie congolaise.

    Tableau n°08. Les exportations de pétrole congolais, 2001 & 200244

    2001

    2002

    Ordre

    Pays

    %

    Valeur

    Ordre

    Pays

    %

    Valeur

    1.

    Taiwan

    39

    379.185

    1

    Taiwan

    26

    479.286

    2.

    USA

    21

    200.673

    2.

    Corée Nord

    10

    188.153

    3.

    Corée Nord

    16

    151.949

    3.

    USA

    9

    174.939

    4.

    Chine

    6

    57. 242

    4.

    Corée Sud

    8

    163.625

     

    2. L'agriculture : une participation marginale

    L'agriculture congolaise offre de réelles potentialités. Mais, elles sont encore inexploitées ou très peu exploitées. Le Congo ne cultive que 400.000 ha, soit

    42Nkossa est une première mondiale dans le développement des champs pétroliers et gaziers offshore opérée par Elf. Montant total de l'investissement : près de 10 milliards de franc CFA. A ce sujet, voir : Mission économique du Congo, Ambassade de France, «La filière pétrolière au Congo», rubrique «Espace entreprise du Congo», http://www.izf.net, consulté le 10/02/2005.

    43Mission économique du Congo, Ambassade de France, «La filière pétrolière au Congo», rubrique «Espace entreprise du Congo», http://www.izf.net, consulté le 10/02/2005.

    44I. PASSY, « Le commerce extérieur par pays en 2002 », rubrique «Espace entreprise du Congo», http://www.izf.net, consulté le 10/02/2005.

    seulement 1,2% de la surface totale du pays et 4,9% des superficies cultivables45. Actuellement, sa participation au PIB est très marginale : moins de 10%. C'est un secteur affaibli par des années d'économie centralisée puis par les guerres successives. Au Congo, l'agriculture est faite de deux façons. L'agriculture vivrière est souvent une activité de paysans dispersés et non structurés. Pour cela, les chiffres présentés dans les deux premiers graphiques ci-dessous sont à considérer avec précaution et ne donnent qu'une tendance.

    46

    Graphique n°01. Evolution de la production de bananes plantains, arachide, paddy et maïs

    47

    Graphique n°02. Evolution de la production de manioc

    Les grandes cultures industrielles sont la canne à sucre, mise en oeuvre par le groupe Vilgrain. En 2001 la production de sucre était de l'ordre de 480.000 à

    45M. FRECHET, «L'Agriculture, l'élevage, la pêche », rubrique «Espace entreprise du Congo», http://www.izf.net, consulté le 10/02/2005.

    46M. FRECHET, Article cité, http://www.izf.net, consulté le 10/02/2005.
    47M. FRECHET, Article cité, http://www.izf.net, consulté le 10/02/2005.

    500.000 tonnes. En dehors du sucre, il y a également l'eucalyptus, le palmier a huile, le café, le cacao et le tabac.

    Dans les années 1970-1980, le Congo exportait des produits agricoles comme : le café et le cacao, la banane et le palmier a huile. Le développement de l'activité pétrolière et l'absence d'une politique agricole cohérente ont entraîné l'abandon des productions agricoles dans les années 1990. Le graphique ci-après illustre, à titre indicatif, l'évolution de la production du café et du cacao au cours de la décennie 1990.

    Graphique n °03. Evolution des principales productions spéculatives : café et cacao48

    3. Les forêts : vers une nouvelle expansion ?

    Avant le début des activités pétrolières, le bois était la principale source de revenus du pays, avec les mêmes proportions actuelles de la participation du pétrole à la formation du P113 et au financement du budget. Depuis que le pays produit le pétrole, le secteur du bois est en perte de vitesse. Sa contribution au budget et à la formation du P113 ne fait que décroître. Elle oscille entre 1 et 5%.

    Cependant, au lendemain de la crise économique de 1985, résultant de la baisse simultanée des cours de pétrole et du taux de change du dollars, le gouvernement, soucieux de ne plus dépendre de la seule ressource pétrolière, avait assigné à la filière bois la mission de rejouer un rôle majeur. C'est ainsi que depuis 1990, le bois fait l'objet d'une attention renouvelée. Les signes qui attestent de cette

    48M. FRECHET, Article cité, http://www.izf.net, consulté le 10/02/2005.

    attention sont manifestes : nouveaux concessionnaires, nouveau code forestier, obligation de transformer 100% des grumes au Congo, augmentation des performances à l'exportation. Ainsi, de 4 % en 1995, la contribution de ce secteur dans le financement du budget est remontée à 7 % en 1996. Le tableau suivant (Tableau n°09 : évolution de production des grumes et de bois transformés en million de m3, p. 41)49 illustre l'évolution de production des grumes de 1990 à 1999.

    Tableau n°09. Evolution de production des grumes en million de m3 : 1990-1999

    Années

    1990

    1991

    1992

    1993

    1994

    1995

    1996

    1997

    1998

    1999

    Produits

    Grumes

    833.0000

    ND

    ND

    ND

    ND

    441.000

    560.000

    300.000

    550.000

    800.000

    Production de bois transformé en million de m3

    Sciages

    ND

    ND

    ND

    ND

    ND

    62 350

    69 112

    77 856

    87 981

    ND

    Placages
    déroulés

    ND

    ND

    ND

    ND

    ND

    44 885

    44 559

    40 464

    40 660

    ND

    Placages
    tranchés

    ND

    ND

    ND

    ND

    ND

    5 021

    4 998

    3 453

    2 837

    ND

    Total placages

    ND

    ND

    ND

    ND

    ND

    49 906

    49 559

    40 464

    43 497

    ND

    Contres
    plaqués

    ND

    ND

    ND

    ND

    ND

    3 305

    4 989

    4 415

    5 771

    ND

    - Remarques

    De ce qui précède, il ressort que les ressources naturelles auxquelles on reconnaît une importance particulière dans le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles sont considérables au Congo. Les forêts primaires qui n'ont pas encore été concédées aux compagnies forestières sont importantes ; les réserves d'hydrocarbones liquides et gazeux estimées récupérables avec une quasi-certitude à partir des données géologiques et des techniques de réservoirs connus forés aux conditions économiques et technologiques du moment sont aussi importantes. Ces quantités sont en mesure de soutenir les efforts de modernisation d'un acteur qui veut se faire une place respectable sur la scène internationale50. Dans l'attribution de nouveaux contrats pour l'exploration comme pour l'exploitation de nouveaux champs pétroliers, ou encore pour les nouvelles concessions de forêts primaires, les

    49Mission économique du Congo, Ambassade de France, « La Filière du bois au Congo », rubrique «Espace entreprise du Congo», http://.www.izt.net, consulté le 10/02/ 2005.

    50Selon nos propres calculs, au rythme actuel de production, entre 14,5 et 15,5 millions de tonnes de pétrole par an, et au cas où d'autres découvertes ne sont pas mise à jour, les sources congolaises seront encore fonctionnelles dans les 13 ou 15 années à venir. Les récentes campagnes d'exploration ont mises à jour de nouveaux gisements assez prometteurs. Ce qui ne fait que conforter l'importance du marché congolais.

    compagnies, aussi bien pétrolières que forestières (listées plus haut, pp : 34-3 7), se livrent à une véritable compétition entre elles. Pour cela, elles développent des campagnes de charmes destinées à susciter l'attention des autorités publiques et à montrer leur loyauté vis-à-vis de ces dernières.

    La rareté couplée à l'importance reconnue à ces agrégats dans la vie moderne, explique le fait que leur exploitation implique des enjeux immenses. Ceux-ci se résument en une compétition technologique de haut niveau afin de découvrir de nouveaux gisements et de les rendre exploitables à des coûts raisonnables ; une rivalité économique exacerbée où de tout temps s'opposent vendeurs et acheteurs, et les acheteurs entre eux poussés par la psychose de la pénurie ; des luttes d'influences, puisque l'approvisionnement en ressources énergétiques est un objectif stratégique majeur pour tout gouvernement, tant les vendeurs que les acheteurs le savent et sont prêts à négocier51. Enfin, ce n'est pas exclu que de pareilles attitudes débouchent sur des compromissions au plus haut niveau de l'élaboration de la décision politique entre les autorités du pays d'origine de ces multinationales et celles des pays qui abritent les sources d'hydrocarbones et les concessions de forêts primaires. Ce n'est pas non plus exclu que des guerres aient lieu pour conquérir, protéger et sécuriser les sources et les voies de transit des approvisionnements.

    Comme on peut le voir, dans ce genre d'exercice, il y a de gros risques de dérapages. Cependant, les guerres qui ont déchirées le Congo de 1990 à 2002 sont- elles sans lien avec les enjeux inhérents à la valorisation et au contrôle de ces ressources naturelles ? Avant de répondre à cette question, il sied d'abord de rappeler la structuration des guerres congolaises : leur nature, les acteurs, les enjeux, les zones des affrontements et les conséquences.

    51Pour le Gouvernement américain par exemple, les approvisionnements en hydrocarbure sont classés « objectif de sécurité nationale », Jihan El TAHRI, La Maison des SAOUD. Pétrole, islam, Palestine, Etats-Unis, ALEGRIA-ARTE France-BBC-WGBH, 2005.

    Chapitre II. Les guerres civiles congolaises de 1990 à 2002 et leurs conséquences

    L'objectif poursuivi par ce chapitre est de prouver la matérialité et la spécificité du conflit qui oppose les principaux ténors de la scène congolaise. En d'autres termes, il est question de montrer que la série des guerres du Congo de 1990 à 2002 n'est pas une pure création de l'esprit. Ainsi, s'il est indispensable d'identifier les acteurs et la nature des coups qu'ils se sont échangés (Section I), il ne l'est pas moins de se prononcer sur les conséquences issues de leurs confrontations (Section II).

    Section I. Les acteurs de l'échiquier congolais

    Selon le Dictionnaire hachette encyclopédique, la notion d'acteur renvoie à « toute personne qui prend une part active ou qui joue un rôle important » dans une situation donnée. Par acteur, nous entendons les entités ayant joué un rôle dans l'échiquier congolais. Le rôle joué se comprend comme toute implication directe ou indirecte dans les hostilités aux côtés de l'un ou l'autre des protagonistes ou encore dans le processus de résolution de cette série de guerres. Ainsi, faudra-t-il distinguer d'une part, les acteurs nucléaires ou de premier plan des acteurs secondaires (A), et d'autre part, la nature et les principaux endroits où ces acteurs se sont échangés des coups (B).

    A. Le marigot congolais

    Au sujet de la crise congolaise un périodique s'interrogeait en ces termes :

    « Quel lien mystérieux peut bien unir, au son du canon, un stratège pétrolier, un mercenaire franco-serbe, un pilote d'hélicoptère kirghiz, un fantassin angolais, un dignitaire franc-maçon, un conseiller en communication et un tailleur sénégalais ? Quel théâtre fût-il d'ombres, ose encore héberger une troupe aussi étrange ?

    52

    Bienvenue dans le marigot congolais [...] ».

    52V. HUGUEUX, «Le Brut et les truands», L'Express, 23/10/1997, http://www.lexpress.fr, consulté le 31/01/2005.

    Au-delà de l'ironie qu'elle véhicule, cette interrogation exprime la difficulté de cerner la série des conflits «congolo-congolais» et la nature des acteurs qu y ont pris part. Non seulement ces conflits sont une réalité complexe, mais aussi ils consacrent l'intervention des personnages divers jouant des rôles variés et poursuivant des intérêts qui ne vont pas toujours dans le même sens. La finalité de cette section est d'identifier et d'établir une hiérarchisation des protagonistes de ce théâtre. Cette entreprise est inspirée par la métaphore de la propagation des ondes. Chaque niveau d'onde correspond à une catégorie d'acteurs, à une échelle géographique et à un niveau d'interactions. L'appartenance ou la distance du noyau détermine la centralité ou le caractère secondaire du protagoniste.

    1. Les protagonistes nucléaires

    Ce sont les acteurs légitimes de la scène congolaise. Autrement dit, ce sont ceux là qui possèdent la nationalité congolaise. Ces acteurs sont : le général Denis SASSOU N'GUESSO, le Président Pascal LISSOUBA et monsieur Bernard KOLELAS, les trois figures emblématiques de la vie politique congolaise depuis près de trente ans. Ces acteurs sont épaulés par leurs milices respectives (Infra, p. 56). Les parcours individuels de ces personnalités interfèrent avec ceux des principales tribus du pays et des luttes politiques qui caractérisent son histoire contemporaine53.

    Ainsi, en est-il par exemple du général Dénis SASSOU N'GUESSO : militaire, homme politique, ancien Chef de l'Etat et un grand chef tribal. Il se rattache à l'ethnie Mbochi, localisée dans la partie septentrionale. Pendant qu'il dirigeait l'Etat entre 1979 et 1992, ce dernier a accumulé des antécédents vis-à-vis de ses adversaires actuels54. Quant au deuxième, monsieur Bernard KOLELAS, c'est un opposant mythique. Il a toujours été persécuté par les régimes militaro-marxistes-

    53Des portraits et l'enracinement ethnique de ces personnalités, voir F. BERNAULT, « Archaïsme colonial, modernité sorcière et territorialisation du politique à Brazzaville, 1959-1995 », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, 1998, http://www.politique-africaine.com.

    54Pour ces antécédents, voire J. TONDA, « La guerre dans le «Camp Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la consommation/consumation », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, 1998, http://www.politique-africaine.com.

    léninistes qui ont dirigé le pays. Son histoire se confond avec celle de l'ethnie Lari, un pan du grand groupe Kongo, ancrée dans la province du Pool. Cette province est le véritable foyer de contestation des différents régimes politiques du Congo contemporain. Monsieur Bernard KOLELAS se pose en leader politique, mais aussi en libérateur incontesté de cette tribu. Enfin, le Président Pascal LISSOUBA est un intellectuel d'envergure et un ancien premier ministre des années qui ont suivies les indépendances. Il n'a jamais pardonné au général Dénis SASSOU N'GUESSO le fait, d'abord, de l'avoir emprisonné à la fin des années 1970, avant de le contraindre à un exil qui l'a laissé longtemps hors de son pays natal et de la conduite de ses affaires. Il appartient à l'ethnie Nzabi, localisée dans la partie méridionale. Si ces acteurs remplissent tous la condition de la nationalité, il n'en demeure pas moins que dans le combat qui les oppose, ils ne disposent pas des mêmes atouts.

    En effet, les uns ont en charge la gestion de l'Etat. C'est le camp de l'UPADS. Tantôt il est couplé du PCT comme au temps de l'accord de gouvernement, entre juillet et octobre 1992 ; tantôt, il est en synergie avec le MCDDI, notamment à partir de la fin de l'année 1997.

    Dans le premier cas, cette entente a l'avantage de conforter la coalition présidentielle en lui octroyant une très bonne assise nationale et une majorité au parlement, indispensable pour gouverner. Poursuivant cette logique jusqu'au bout, cette coalition invalide l'idée d'une confrontation entre le Nord et le Sud tout en sapant la cohésion du camp Sud. Dans le second cas cependant, cette ligue a l'avantage de parachever l'unité du bloc Sud, auquel appartiennent les différents leaders de ces groupements politiques, le Président Pascal LISSOUBA et monsieur Bernard KOLELAS. Dans cette même optique, elle justifie relativement l'idée d'une opposition Nord Sud.

    Quand aux autres protagonistes, ils n'ont pas en charge la gestion de l'Etat. Ce sont d'une part, la ligue PCT-MCDDI entre octobre 1992 et février 1993, donc avant la dissolution de l'Assemblée Nationale, et d'autre part, entre février 1993 et mai 1997, donc peu avant les hostilités de juin 1997. Dans le premier cas, elle est fortifiée de sa capacité à représenter un contre poids réel à l'action

    gouvernementale55. Dans le second cas de figure, elle n'est qu'une opposition sans moyens véritables. Dans les deux cas, cette coalition à l'avantage stratégique d'entamer substantiellement l'unité du bloc Sud. Ainsi, invalide-t-elle l'idée d'un affrontement entre le Nord et le Sud.

    Comme on peut le voir, ce sont ces principales figures qui s'affrontent pendant toute cette période à travers un système de coalitions instables. On peut dire que ce qui se passe au Congo entre 1990 et 2002, est d'abord un problème interne. Dans ce sens que c'est un classique de la vie politique contemporaine de ce pays. Ces acteurs s'affrontent d'abord à travers un échange de coups loyaux et symboliques comme l'exigent les principes démocratiques définis par les institutions issues de la Conférence Nationale Souveraine. Ensuite, ce commerce de coups change viscéralement de forme. Non seulement il ignore l'orthodoxie institutionnelle, mais aussi, il le contredit jusqu'à transformer la scène nationale en une «zone grise». C'est à ce niveau que les acteurs secondaires entrent en j eu.

    2. Les acteurs secondaires

    Par acteurs secondaires, nous entendons toutes les autres entités qui ont joué un rôle dans l'échiquier congolais, et qui n'ont pas les attributs des protagonistes de premier plan. Toutefois, il faut le reconnaître qu'il y a ni homogénéité de nature, ni unité d'actions au sein de cette catégorie d'acteurs. Il s'y déploie plusieurs jeux à deux niveaux. Au niveau sous-régional, il y a le jeu des Etats et celui des acteurs non étatiques (a) et au niveau international, il y a l'activisme des firmes multinationales, des organisations internationales et des ordres ésotériques (b).

    a. Au niveau sous-régional

    - Le jeu des Etats

    Ce sont les Etats qui dominent le jeu à cette échelle. Si certains Etats s'affichent directement en prenant faits et causes pour l'un ou l'autre des

    55La constitution de cette période consacrait un régime semi-présidentiel, ce qui n'était pas sans poser de réelles difficultés à l'exécutif. D'ailleurs, le président de la république n'a pas tergiversé à déboulonner ce parlement qui lui était devenu inamical.

    protagonistes nucléaires, d'autres par contre paraissent discrets et ambigus dans leurs démarches. C'est le cas, successivement, avec l'Angola d'une part, et le Tchad et le Gabon d'autre part.

    L'intervention de l'Angola, matérialisée par un dispositif important, tant du point de vue logistique, des stratégies de combats que par celui des contingents de soldats engagés sur les théâtres, a été décisive dans l'issue des hostilités en faveur des forces du PCT, apparentées au général Dénis SASSOU N'GUESSO en octobre 1997. Elle n'a pas été discrète. Voici le mea culpa du leader du PCT au sujet de l'apport de l'Angola :

    « [...] Pendant toute la guerre, j'ai été comme ça. Il y'avait des moments de détresse, on recevait des coups très durs et les gens autour de moi commençaient à désespérer. Pas moi. Parfois, nous n'avions plus de munitions. Nos amis Angolais nous envoyaient du matériel par Kinshasa. Mais Laurent-Désiré KABILA le bloquait et refusait de le faire passer. LISSOUBA savait parfaitement

    56

    que nous n'avions plus de munitions ».

    Comparativement à celle de l'Angola, l'intervention du Tchad a été beaucoup plus discrète. Elle s'est illustrée par l'envoi du matériel, et surtout de quelques contingents de soldats pour épauler les forces du PCT. Enfin, dans la catégorie des ambigus et des mystérieux, figure le Gabon. Officiellement, ce pays abrite et soutient les efforts de la médiation internationale conjointe ONU/OUA, dont il a également la charge d'assumer la présidence. Officieusement, son territoire est une plaque tournante dans la livraison de la logistique militaire aux forces du PCT. Celles-ci ont notamment bénéficié, entre autres, des facilités aéroportuaires et routières gabonaises57. Cependant, ce ne sont pas les seules entités qui constituent la catégorie des acteurs secondaires relevant de la zone sous-régionale. A côté d'eux, il y a les acteurs sous-régionaux non étatiques.

    56A. TAHERI, « Congo-Brazzaville : cap sur la démocratie », entretien avec Denis, SASSOU NGUESSO, WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°81, Paris, Automne 1998, page 325 (le gras est de nous).

    57Sur le soutien de l'exécutif gabonais aux forces du PCT, cf. B. LUGAN, « l'Afrique qui bouge », in GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 18 ; également J.-F., BAYART, « L'Embrasement de l'Afrique subsaharienne », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°77, Paris, Automne 1997, p. 193.

    - Le jeu des acteurs non étatiques

    C'est toujours une sous-catégorie des acteurs secondaires impliqués dans les conflits congolais. Ces entités sont originaires de la sous-région et ne sont pas des Etats. Elles opèrent indistinctement dans différents Etats de cet espace géographique en fonction de leurs besoins et de leurs intérêts. Ce sont les milices, les individus, les réfugiés et les intermédiaires des agences spécialisées dans la fourniture de la logistique militaire. Ces entités ont évolué aux côtés des protagonistes centraux en remplissant des tâches diverses relevant du domaine de l'assistance de guerre.

    En illustration, on peut citer le cas, entre autres, des firmes sud africaines, Executive outcomes et Ebar Management and Trading, qui ont été une véritable plaque tournante, entre le camp gouvernemental et certaines multinationales de l'armement originaire des anciens pays du bloc de l'Est, en matière d'achat et de livraison de la logistique militaire. Toujours dans cette logique, mention doit être fait également de l'intervention des forces de l'UNITA et celles des FLEC aux côtés du même camp. Enfin, ce fut aussi le cas de l'intervention des résidus du Hutu power, des Interahmwés et des anciens éléments de la Division Spéciale Présidentielle (garde rapprochée du Président MOBUTU) officiellement réfugiés au Congo, mais qui ont été enrôlés par l'état major du PCT.

    b. Au niveau international

    - L'action des firmes multinationales

    L'épithète «grandes puissances industrielles» renvoie aux Pays Développés. Leur jeu est sous-traité par les sociétés multinationales détentrices de leur nationalité qui opéraient déjà ou qui étaient en voie de le faire au Congo.

    Dans le premier cas, c'est-à-dire, celles qui ont toujours eu une présence au Congo, il y a la France, avec le groupe Elf Aquitaine, et l'Italie, avec le consortium Agip Recherches S.A. et ENI. Ces multinationales, nous l'avons déjà vu, manifestent leurs intérêts au Congo dans le domaine des hydrocarbones liquides et gazeux. Cependant, on ne peut se départir de l'idée selon laquelle leur ombre est

    omniprésente dans tous les événements sanglants qui ont marqué ce pays depuis les indépendances, et particulièrement dans la série des crises de 1990 à 2002. Leur rôle a été complexe et ambigu aux côtés de l'un ou de l'autre des protagonistes nucléaires. Elles ont parfois servi de relais entre les marchands d'armes et les protagonistes ; elles se sont comportées en agences comptables des protagonistes pendant ces conflits. Le cas du groupe Elf Aquitaine est souvent cité en exemple pour étayer cette hypothèse58.

    Le second cas, c'est-à-dire, celui qui concerne les grandes puissances industrielles dont les multinationales étaient en train de s'installer au Congo, est cependant divisé en deux sous-groupes. D'un côté nous avons celles installées depuis peu, tandis que de l'autre côté il y a celles qui étaient en tractations avec les autorités pour obtenir des autorisations nécessaires à cet effet. Dans ces deux sous catégories, figurent essentiellement les sociétés anglo-saxonnes. En illustration, on peut citer les consortiums Occidental petroleum, Exxon et Mobil pour le compte des USA et la major anglo-néerlandaise, la Royal Dutch Shell. Dans leurs campagnes de charmes, indispensables pour montrer leur loyauté, ces sociétés ont servi de garantie pour mobiliser des fonds auprès des établissements bancaires au profit de l'un ou de l'autre des protagonistes, si elles ne le faisaient pas elles- mêmes directement. Evidement, pendant de pareils moments, on peut imaginer à quoi pouvaient servir ces sommes d'argent importantes, si ce n'était pour conforter les arsenaux. Les interventions de ces sociétés ont dépassé le cadre économique pour lequel elles ont déclaré leurs activités.

    Cependant, on ne peut se dispenser de savoir si les Etats dont les sociétés ci- dessus citées détiennent la nationalité ignoraient effectivement que ces dernières se livraient à ces pratiques peu orthodoxes pour faciliter leur positionnement ou pour se repositionner. Ceci est d'autant plus inquiétant quand nous nous représentons les liens que certaines d'entre elles entretiennent avec leurs Etats, à l'instar de la française Elf Aquitaine, dont l'un des anciens patrons, Loïk Le FLOCH-PRIGENT,

    58REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres civiles du Congo-Brazzaville : novembre 1993, janvier 1994, 5 juin 1997 T. I, sans lieu, sans date, pp : 206-207.

    a rappelé l'objet et les objectifs qui ont présidés à sa création et les missions qui lui ont été assignées lorsqu'il a été porté à la tête du groupe. Il dit en substance que ce groupe, créé dans les années 1960 est la propriété de l'Etat français. Pour cela, il en constitue l'un des bras séculiers. Sa mission est de « participer en tout temps à l'autonomie énergétique de la France »59.

    Il ressort que ce groupe est un instrument de souveraineté et de politique interne. Aussi, quand bien même le groupe disposerait de l'autonomie d'action et des moyens financiers, il apparaît tout de même très peu sûr que des décisions majeures, telle que décrites plus haut, soient prises à l'insu des politiques. A l'échelle internationale, ces acteurs ne sont pas les seuls qui se sont mêlés aux crises congolaises.

    - L'implication des sectes ésotériques

    C'est une autre dimension du conflit congolais. Cette dernière traduit le caractère peu ordinaire de certains acteurs nucléaires du fait de leur appartenance à des ordres initiatiques étrangers au pays et au continent. Il s'agit des confréries franc-maçonnes de la GLNF et la GODF. Ainsi, remarque-t-on que, ce sont non seulement des concitoyens qui s'affrontent pour faire prévaloir leurs intérêts, mais aussi des confrères suivant ces ordres. Les interventions successives des responsables et émissaires de ces organisations dépêchés auprès des protagonistes attestent de leur appartenance à ces organisations. Fondamentalement, ils ont invité, sans succès, les frères égarés à retrouver le chemin de la sagesse et de la raison. L'Express résume cette intervention en ces termes :

    « Rien, ni personne n'aura donc fait taire les canons. Pas même les émissaires francs-maçons de diverses obédiences envoyés auprès des deux frères égarés. Le compagnon LISSOUBA, initié à Besançon sous la bannière du Grand Orient, et le maître SASSOU, pilier d'une cousine sénégalaise de la Grande Loge de France, sont restés sourds aux appels à la sagesse. Qu'ils émanent du socialiste Guy

    59L. Le FLOCH-PRIGENT, « La Confession de Loïk Le FLOCH-PRIGENT », http://www.lexpress.fr, consulté le 31/01/2005 ; également, M. H., AUBERT, P. BRANA, R. BLUM, Pétrole et éthique : une conciliation possible ? T. 1, Paris, Assemblée Nationale, Commission des affaires étrangères, 1999, pp : 56-61.

    PENNE, jadis conseiller de François MITERRAND, de Fernand WIBAUX ou d'Omar BONGO, trois maçons de haut vol »60.

    Ceci traduit, d'une part, le caractère pluridimensionnel des personnalités qui animent la vie politique au Congo, de leurs affrontements, et montre d'autre part qu'il n y a pas toujours, comme on le croit souvent, de cloisonnement entre le mystique et la gestion de la cité. Ce sont les mêmes hommes qui se retrouvent des deux côtés. Le politique comme le mystique, apparaissent dans cette logique comme des dimensions constitutives de l'homme et de la vie sociale.

    Ce qui est très peu ordinaire dans le cas du conflit congolais, c'est que ces confréries, vu la violence des affrontements, sont parvenues à appuyer, proposer des services de médiations, conciliation et parfois proférer des menaces de sanctions vis-à-vis de leurs adeptes pour une situation qui d'emblée ne présente aucun lien avec leur mouvement. Il y a lieu de s'interroger sur les potentialités réelles de ces organisations dans la conduite des affaires d'Etat et sur la scène internationale.

    Il ressort que ces sociétés secrètes servent des causes nobles. Ici, elles aident les congolais à trouver une solution autre que celle des armes dans le conflit qui les dresse les uns contre les autres. Mais, ces organisations n'ont pas été les seules à s'investir dans cette voie de résolution pacifique du conflit.

    - Le jeu des organisations internationales

    Il est question contributions des organisations internationales dans la recherche d'une issue pacifique à la crise congolaise. Conjointement, l'ONU et l'OUA s'y étaient volontiers prêtées en s'impliquant dans la recherche des trajectoires de sortie de la violence qui, dorénavant, était la seule norme entre les frères congolais. Leur rôle a été direct et militait activement en faveur d'une solution pacifique au conflit en soutenant les efforts de la médiation internationale sous les auspices du Président gabonais.

    60V. HUGUEUX, «Le Brut et les truands», L'Express, 23/10/1997, http://www.lexpress.fr, consulté le 31/01/2005.

    En dépit de ce soutien, l'on sait que le conflit congolais s'est achevé par la façon la plus naturelle : la victoire de l'une des parties en conflit. Cela signifie que les frères congolais étaient très peu enclins à ce mode de résolution du différend qui les opposait. Une fois de plus, nous avons la confirmation de cette assertion qui stipule que la façon la plus simple de passer de la guerre à la paix, c'est la victoire. Les efforts de résolution pacifique par le biais de la médiation, du désarmement des milices et par le cessez-le-feu sont restés vains. D'autre part, les principaux animateurs de la vie publique congolaise sont restés sourds aux appels répétés de retour à la sagesse des plus hauts responsables des ordres initiatiques auxquels ils appartiennent.

    - Remarques

    La première remarque est relative à la motivation qui sous-tend le déploiement de toutes ces entités que nous venons d'identifier aux côtés de l'un ou de l'autre des protagonistes nucléaires. Comme on peut le constater, elles sont embrigadées dans des systèmes d'engagement formel ou informel. Ces embrigadements sont destinés à assurer davantage de coopération entre elles dans des domaines qu'elles ont eux- mêmes définies. Un tel mécanisme se met en place en vue de redresser le déséquilibre dans la distribution de la puissance afin de contrebalancer ou de s'opposer à une hégémonie que l'alliance veut dissuader ou affronter. Pour réaliser leurs desseins, elles se déplacent, changent de configuration et de noeuds de connexion autant que cela est nécessaire.

    Conséquence de la première, la deuxième observation est inhérente à la maturité des acteurs. En effet, ces embrigadements aux côtés des uns et des autres illustrent un modèle de solidarité entre, soit un Etat et une force sub-étatique, soit encore entre un Etat et un autre Etat. Ces solidarités prouvent que les acteurs sont désormais capables d'identifier leurs intérêts et de monter des stratagèmes hétéroclites pour les défendre. C'est ce que Marc-Louis ROPIVIA traduit à travers l'expression «l'Impérialisme Tropical Gondwanien» ; autrement dit, la capacité des acteurs africains à jouer avec le système international pour faire prévaloir leurs

    intérêts61. Cette vision récuse la prescription fatalitaire de la domination par l'Occident pour permettre à l'Afrique de jouer, sur la scène internationale, un rôle d'acteur qui tienne compte de ses propres intérêts.

    Enfin, la dernière observation qui se dégage de ce qui précède est que l'échiquier congolais met à jour un exemple de coopération informelle entre les bandes armées organisées, officiellement contestataires d'un ordre interne donné, et les Etats, acteurs à qui est dévolue la mission de réguler la vie à l'intérieur d'un espace territorial précis. Ce sont fondamentalement des Etats en déroute, en manque de légitimité et affaiblis qui font appel à de pareils mouvements pour maintenir le statu quo. S'il était indispensable de s'interroger sur l'identité des différents acteurs de l'épisode congolais, il n'est pas non plus superfétatoire de le faire sur la nature et la portée des coups que ces derniers se sont échangés.

    B. Nature et portée des coups échangés par les protagonistes

    Dans tout rapport de forces, les protagonistes sont appelés à s'échanger des coups. A un moment ou à un autre, ceux de l'échiquier congolais ont oscillé entre les coups loyaux et déloyaux (1), et ces coups ont été donnés dans divers endroits et à divers moments (2).

    1. Les coups loyaux et déloyaux

    Ces coups sont donnés de deux manières. La première manière, c'est quand les protagonistes respectent les règles du jeu démocratique telles qu'elles sont stipulées dans les textes officiels qui régissent et définissent ce qui est légal : ce sont les coups loyaux (a). La seconde manière, c'est quand les protagonistes ne tiennent plus compte de la légalité : dans ce cas, on parle des coups déloyaux (b).

    61M. L. ROPIVIA, «Géographie et politique en Afrique au XXIe siècle : concepts opératoires et stratégies d'insertion dans l'espace mondial », in COUTAU BEGARIE, Hervé, (dir.), Le Continent oublié, Revue stratégique, n°80, 2004, http://www.stratisc.org, Consulté le 10/03/ 2005.

    Mis de côté quelques incidents isolés comme ceux du 03 novembre 1992 à Brazzaville au Rond point du Centre Culturel Français et Rond point de Moungali, on peut dire que jusqu'à cette date, aucun des protagonistes ne s'était illustré en utilisant la force armée systématique62. Tous étaient convaincus du fait qu'un consensus politique était préférable à toute autre forme de résolution du litige et croyaient en une sorte de partage des responsabilités dans la gestion de l'Etat. Jusque là, les coups sont donnés à la régulière.

    C'est fut le cas lors de la conclusion de l'accord de gouvernement conjoint entre le PCT et l'UPADS, parti au pouvoir au détriment du MCDDI de monsieur Bernard KOLELAS entre les deux tours des présidentielles de 1992. Ce fut aussi le cas lors du basculement du groupe majoritaire à l'Assemblée Nationale, issue d'un nouveau rapprochement entre le PCT et le MCDDI ; ce dernier acte ayant immédiatement entraîné la censure du gouvernement et la dissolution de l'Assemblée Nationale.

    En effet, on constate que la constitution des alliances politiques, la censure du gouvernement par la nouvelle majorité à l'Assemblée et la dissolution de celle-ci, par le Président de la République, sont pratiquées selon l'orthodoxie des formes. Mais, cet équilibre ne subsistera pas aux incidents du 03 novembre plus haut signalés. Des épisodes similaires seront fréquents entre 1993 et mai 1997.

    En 1993, la situation était particulièrement difficile. Pour la première fois, elle a atteint un niveau sans précédent depuis 1990, avec en toile de fond une opposition systématique entre une frange de l'armée restée loyale au Président de la République, épaulée par les partisans de l'UPADS contre leurs homologues du MCDDI. C'est la première guerre civile. C'est à partir de juin 1997 que la situation a connu sa phase la plus critique. Pendant ces confrontations, les coups échangés n'étaient plus seulement loyaux.

    62Notamment quand quelques éléments de la garde présidentielle ont ouvert le feu sur la marche pacifique organisée par l'opposition. A propos, il a été démontré par la suite que les auteurs appartenaient à la garde personnelle du président de la république : Rapport d'enquête sur les événements du 30 novembre, in REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres du Congo-Brazzaville novembre 1993-janvier 1994, 05 juin-15 octobre 1997, T. I., Collection Documents pour l'Histoire, sans lieu, sans date, p. 21.

    Les coups de cette nature sont échangés à partir du moment où les protagonistes ont commencé à ignorer les règles du jeu démocratique telles que dictées par les institutions issues de la Conférence Nationale Souveraine. Précisément à partir de novembre 1993 dans l'épisode qui a opposé le MCDDI de monsieur Bernard KOLELAS au camp de l'exécutif, qui réalisait par la même occasion que le contrôle de l'armée lui échappait. Ce qui l'a conduit à mettre en place une armée parallèle, déclenchant ainsi un processus qui aura des conséquences désastreuses pour le pays. Car, les autres formations politiques, menacées, feront autant. Mais, de tous ces échanges de coups déloyaux, c'est incontestablement ceux de l'été 1997 qui ont été les plus dangereux. C'est à partir de ce moment que le conflit a acquis une autre dimension du fait de la mobilisation et de la militarisation massives des ressources locales épaulées par des adjuvants sous-régionaux et internationaux, ouvrant ainsi la scène nationale à des acteurs étrangers.

    Dès lors, les coups échangés vont redoubler de fréquence, de célérité et de violence. Les acteurs ne vont plus hésiter à recourir aux formes de violence les plus extrêmes et systématiques. Des simples armes comme les Winchesters ou fusils de chasse, des machettes, des mortiers à grains, les Kalachinikovs... en 1993-1994, on est arrivé à l'utilisation de l'artillerie lourde, des bombardiers et hélicoptères de combats ultramodernes ou hyper sophistiqués. Les coups ici sont à la fois d'une violence extrême et ignorent toute convention. Aussi, la condition de la nationalité n'est-elle plus de mise pour figurer au nombre des acteurs. Mais, sur quelles parties du territoire ces acteurs se sont-ils échangés coups ?

    2. Les grands foyers de la conflictualité

    Brazzaville reste incontestablement le véritable théâtre de l'expression de l'ensemble des batailles rangées qui ont opposées les groupements partisans militarisés et leurs alliés sous-régionaux, régionaux et internationaux. Ceci est valable, aussi bien sur le plan politique que sur le plan militaire.

    Les batailles militaires ont commencé très tôt, juste quelques mois après l'investiture du nouveau Président de la République. D'abord sous forme d'incidents mineurs qu'on peut qualifier de banals, à l'instar de la fusillade du 03 novembre 1992, déjà mentionnée plus haut (supra, p. 54, note 62). Ensuite, elles ont doublé d'intensité à partir de novembre 1993, où l'on a assisté véritablement à des affrontements systématiques. A cette époque, seules s'affrontent les milices présidentielles, les «Aubevillois», les «Zoulous», les «Cocoyes» et les «Mambas», toutes formées dans les camps d'Aubeville63 (220 places), de Mayenzé (400 places), de Moulouni (400 places) et de Tséképembé (300 places) d'une part, et les milices du maire de la ville de Brazzaville, les «Ninjas», d'autre part64. Les confrontations ont lieu en plein coeur de Brazzaville dans les vieux quartiers de Bacongo et de Makélékélé. Cette guerre a connu deux épisodes : du 03 au 08 novembre 1993, date à laquelle les belligérants consentent un premier cessez- le feu, avant de reprendre de nouveau le 09 décembre 1993 et se terminer définitivement le 30 janvier 1994 par un autre cessez-le feu. C'est le premier round des combats de Brazzaville. Il préfigure en bien des points tous les autres qui interviendront les années suivantes, notamment à partir de juin 1997.

    Toujours dans la ville autonome de Brazzaville, le deuxième round débute avec l'été 1997, précisément le 05 juin, sur fond de contradictions politiques. Les adversaires sont : les forces du PCT, loyales à leur leader dont la résidence privée venait d'être investie par une mixture de forces gouvernementales et de l'UPADS65. Les hostilités ont commencé dans le quartier de M'pila, ensuite se sont déportées progressivement vers le Centre-ville avant de s'élargir rapidement à toute la capitale et à l'ensemble du territoire national. Mais, les affrontements ne connaîtront pas partout les mêmes intensités. La carte ci-dessous illustre les grands

    63Aubeville, propriété du groupe Elf Aquitaine, n'était pas destiné à accueillir des activités militaires ; c'était un camp de plaisance. Le groupe a bien voulu le mettre à la disposition des autorités congolaises

    64Vraisemblablement, les dernières étaient appuyées par les forces du PCT, «Cobras», qui alors étaient alors liées au MCDDI par un accord politique.

    65Selon le compte-rendu du conseil des ministres tenu la veille du 05 juin, le leader du PCT est accusé de garder des éléments activement recherchés par la police. Certains, ses proches collaborateurs, sont impliqués dans les tueries d'Owando et d'Oyo, conséquentes à sa tournée préélectorale dans la partie nord du pays.

    foyers du conflit de 1997 et les grands axes de déplacement des populations pour la ville de Brazzaville.

    Dans les autres parties du territoire, les points sensibles ont été Owando pour le Nord, d'abord pendant le mois de mai, ensuite pendant les mois d'août et de septembre 1997. Le point disputé pendant ces deux derniers mois étant l'aéroport qui s'y trouve. Au Sud du pays, les batailles les plus rudes après celles de Brazzaville ont été enregistrées dans les provinces du Pool, de la Lékoumou, du Niari et de la Bouenza, même après 1999. Mais qu'en est-il exactement de l'ampleur des désastres de la série des guerres du Congo ?

    Carte n°04. 1997 : la seconde guerre des milices66.

    66Sources : E. & C. APPRIL, cité par H. OSSEBI, «De la galère à la guerre : jeunes et «Cobras» dans les quartiers Nord de Brazzaville », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congo dans la guerre, Politique africaine, n°72, Paris, Karthala, décembre 1998, http://www.politique-afrcaine.com, consulté le 02 mai 2005.

    Section II. Les conséquences de la guerre

    Les conséquences de cette série de crises armées sont très importantes. Pour mieux les apprécier, rappelons d'abord la composition des arsenaux des acteurs (A), ce qui permettra ensuite de se faire une idée des dégâts engendrés (B).

    A. La modernité de la logistique67

    Le qualificatif «moderne» est utilisé pour désigner aussi bien le niveau d'élaboration des stratégies de combats mises en oeuvre par les protagonistes que les différentes catégories d'armes constitutives des arsenaux de ces derniers. L'appréciation de cette modernité se fera suivant une double orientation : les moyens aériens (1) et les moyens au sol (2).

    1. Les moyens aériens

    Ce sont les avions mis en oeuvre par les différents acteurs pour effectuer des missions aéroportées comme le transport du matériel et des troupes (a) ou encore pour appuyer les unités de combat au sol (b).

    a. Pour le transport du matériel et des troupes

    Pour accomplir cette mission les protagonistes ont mis en oeuvre plusieurs types d'appareils, parmi lesquels l'Iliouchine 76 big et l'Antonov 24 (illustration, infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photos n°s 01 et 03, pp : 116 et 117).

    L'Iliouchine 76 big est un joyau technologique de la firme soviétique Ilyushin corporation. Il est spécialisé dans le transport des cargaisons lourdes et de gros gabarit : les pièces des centrales électriques, des pièces d'assemblage pour l'industrie pétrolière, des pièces et moteurs pour avions immobilisés, de satellites pour missions spatiales, etc. Possédé par le camp gouvernemental, cet appareil a été mis à contribution dans le transport du matériel militaire lourd et super lourd, dans

    67Les informations de cette section relatives aux caractéristiques et aux capacités opérationnelles des armes sont issues des entretiens que nous avons eus avec les stratèges militaires des trois armées tunisiennes et de l'expertise que nous avons sollicitée du CESA.

    le transport des hélicoptères68 de combat et de celui des produits alimentaires destinés aux combattants.

    Toujours d'origine soviétique, l'Antonov 24 est un appareil robuste et fiable. Sa spécificité c'est qu'il peut s'adapter à des aéroports de circonstance. Cet appareil a servi dans le transport des troupes, dans l'évacuation des blessés et dans le transport du matériel militaire léger. Il a été décisif dans le tournant de la guerre, notamment quand le camp du PCT est parvenu à contrôler la zone Nord avec ces deux aéroports : Ouésso et Owando. C'est avec ce type d'appareils qu'il a rallié l'Angola pour ouvrir le front Sud-ouest. C'est encore avec ce type d'appareil que s'opérait le ravitaillement du PCT par le biais des facilités aéroportuaires gabonaises. Enfin, c'est avec cet appareil que le camp gouvernemental ralliait ses positions et certaines places fortes de l'UNITA.

    A côté de l'Iliouchine 76 big et de l'Antonov 24, les belligérants ont mis à contribution d'autres appareils aériens.

    b. Pour l'appuis aux combats

    Il est question ici des appareils militaires aériens impliqués directement dans les combats. C'est le cas, entre autres, d'une part des Hélicoptères MI-24 ou le Hind, et de l'Hélicoptère Puma SA 330 L, et d'autre part des chasseurs bombardiers MIG-21 «Fishbed».

    D'origine soviétique, l'Hélicoptère MI-24 est un appareil de combat redoutable (illustration, infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photo n°04, p. 117). Il est équipé d'une mitrailleuse de 12,7 mm quadritube en tourelle, de 4 paniers de 62 roquettes ; de 4 paniers de 32 missiles anti-char AT-2 «Swatter» à guidage infrarouge. Le Hind est opérationnel dans la lutte anti-char, l'assaut terrestre, l'évacuation des blessés, des civils et dans les missions commandos. Il vole à une vitesse maximale de 320 km/h et à un plafond opérationnel de 4500 mètres. Son rayon d'action au combat est de 220 km. Possédé

    68Les hélicoptères étaient transportés en pièces détachées des lieux d'achat, les pays de l'ancien bloc de l'Est via le Caire, jusqu'à Pointe-Noire, où ils étaient ensuite assemblés dans les ateliers militaires.

    par le camp gouvernemental, il est entré en action, comme d'ailleurs tous les autres hélicoptères, à partir du mois d'août 1997, en bombardant massivement les positions adverses dans les quartiers Nord. Son entrée en action a procuré une avance indéniable au camp gouvernemental sur son adversaire.

    Quant à lui, le MIG-21 «Fishbed» est l'avion de combat soviétique le plus prolifique de l'après deuxième grande guerre (illustration, infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photo n°07, p. 119). Il appartient à la catégorie des chasseurs bombardiers. Comme armes, il possède un radar très performant, «Jay bird», spécialisé dans les recherches et les poursuites, un canon de 30 mm, deux missiles air-air AA-2 «Atoll» et de deux paniers d'environ 94 roquettes chacun.

    Au Congo, ce type d'appareil a été mis en oeuvre dans les dernières heures des hostilités par le camp du PCT avec l'aide de son allié le plus important, l'Angola. Il a forcé l'issue du conflit en faveur du PCT. Ces appareils militaires aériens spécialisés dans les combats ne sont qu'une catégorie des armes effectivement utilisées par les belligérants pendant les hostilités. Car, d'autres types d'armes étaient également de la partie.

    2. Les moyens au sol

    Il s'agit des moyens mis à la disposition des combattants afin de leur permettre de remplir les missions confiées par les Etats-majors. Ici, il faut distinguer la logistique utilisée pour se mouvoir (a) de celle destinée à combattre (b).

    a. Pour la mobilité des unités

    Pour la mobilité des unités au sol, les belligérants utilisaient les moyens de circonstance comme les véhicules administratifs et des particuliers réquisitionnés. Cela était visible les jours qui ont suivis le déclenchement des hostilités. Mais, il y'avait tout de même quelques véhicules spécialisés. C'est le cas par exemple des Jeeps et des camions d'une contenance de 20 tonnes de type Iveco, MB-508-D et Unimog, appartenant aux anciens stocks de l'OTAN. Ces véhicules furent recyclés avant d'être vendus au camp gouvernemental, lorsque est intervenu le premier

    cessez-le-feu. Les protagonistes ont profité de ce moment pour reconsidérer leurs potentiels de combat.

    b. Pour les combats

    En ce qui concerne les combats au sol proprement dits, plusieurs types d'armes ont été utilisés. Ceux-ci vont de la AK-47 aux mortiers, en passant par d'autres types de fusils mitrailleurs aussi sophistiqués que les MG-15, MG-34 et MG-42, le SA-80, les RPG et les M-249 (illustrations, infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photos n°s13 à 17, p. 122). Ce ne sont là que quelques uns des types d'armes réellement utilisés.

    A côté de ces fusils d'assaut figuraient également d'autres types d'armes, spécialisés dans l'appui des mouvements des fantassins ou encore destinés à baliser le terrain avant que ceux-ci ne commencent leurs opérations. C'est le cas, entre autres, des mortiers, des BM-21, des Tanks T-55 et T-72 dans la catégorie artillerie super lourde. C'est également le cas des BTR-80 et BTR-90 et les BRDM, dans la catégorie artillerie lourde (illustration, infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photo n°s09 à 12, pp : 120-12 1). Afin de se faire une idée de ces engins, il sied de présenter le Tank T-72 et le BM-21.

    Le Tank T-72 est un char de fabrication russe. Il est armé d'un canon de 125 mm, de 30 obus couplés à deux mitrailleuses : l'une de 12,7 mm et l'autre de 7,62 mm. Toutes les deux sont montées en tourelle. En outre, il dispose d'un important blindage et ne nécessite que deux personnes pour être opérationnel : un conducteurcanonier et un mitrailleur de tourelle.

    De fabrication soviétique, le BM-21 est la version moderne des «Orgues de STALINE». C'est une pièce d'artillerie redoutable et extrêmement pratique. Elle provoque un déluge de 42 roquettes en quelques fractions de secondes. Sa spécificité c'est qu'elle peut atteindre plusieurs cibles en même temps sur une distance de 5 à 20 kilomètres. Toutefois, la mobilité de sa tourelle lui permet d'améliorer substantiellement cette performance. Deux personnes, un tireur et

    conducteur, suffisent pour le mettre en marche. Les Tank T-72 et les BM-21 ont été mis en oeuvre aussi bien par le camp du PCT que par celui de l'UPADS.

    - Remarques

    La logistique militaire mise en oeuvre par les protagonistes de l'échiquier congolais est de fabrication soviétique ou encore des anciens pays de l'ancien bloc de l'Est. C'est dans ces pays que ces armes de guerre ont été achetées. C'est un problème de sécurité planétaire consécutif à l'effondrement de l'URSS. Sont dénoncées ici les facilités d'acquisition des armes de guerre particulièrement destructrices et meurtrières au sein de cet espace69.

    En outre, les armes mises en oeuvre par les acteurs congolais paraissent très sophistiquées, quand bien même elles ne sont pas à l'avant-garde de la technologie militaire de l'heure. On ne peut s'empêcher de soulever la problématique relative aux capacités financières des protagonistes. On ne s'imagine tout de même pas que les multinationales de l'armement leur ont offert tout ce matériel à titre gracieux ! En effet, comment les belligérants ont-ils procédé pour se procurer un tel équipement, qui, à l'heure actuelle représente une fortune énorme, si l'on s'en tient aux factures reproduites en fin de volume (Infra, Annexes, Série 03 : quelques documents administratifs, documents n°s 01 à 02, pp : 124-125) ? Quelles garanties ces derniers ont-ils pu produire pour convaincre les multinationales de l'armement ? Enfin, ces garanties n'entretiennent-elles pas un lien avec les ressources naturelles dont la présence est attestée sur le territoire congolais (Supra, pp : 24-33) ?

    La dernière observation montre que dans l'ensemble, ces moyens de combats ont permis aux protagonistes d'accroître leurs capacités opérationnelles : banalisation de la distance, amplification de la mobilité, des possibilités d'action et de manoeuvre. Les protagonistes pouvaient ainsi atteindre et détruire des cibles hétéroclites et très éloignées avec une précision inégalée et en un temps record.

    69T. D. ONDOA, Construction d'un espace de sécurité en Afrique Centrale post-Guerre Froide : entre action des Nations Unies et interventions des puissances étrangères, Mémoire de DESS en Relations internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2005, p. 161.

    Aussi, pouvaient-ils facilement se mouvoir à différentes échelles : sous-régionale, régionale et internationale pour d'éventuelles recherches d'adjuvants. Enfin, ils pouvaient agir sur de nombreux théâtres successivement ou alternativement. En tout état de cause, ces appareils ont contribué à rendre la guerre très sophistiquée, et donc plus cruelle, violente, meurtrière et destructrice.

    B. Les conséquences infrastructurelles et humaines

    Avec des arsenaux tels que présentés plus haut (supra, pp : 58-62 ; infra, Annexes série 01 : les arsenaux des protagonistes, pp : 116-122) et le fait que les campagnes aient eu lieu en pleine ville, cette série de guerres ne pouvait être que destructrice à une très grande échelle. L'utilisation de telles armes n'était pas destinée à en atténuer les conséquences. Il sera examiné l'envergure des désastres y relatifs au niveau de l'Etat (1), de sa population (2) et à une échelle élargie à ses voisins (3).

    1. Au niveau de l'Etat

    Au sortir de cette série de guerres un observateur stupéfait affirme que « l'état de Brazzaville évoque Berlin en 1945»70. L'Etat congolais a essuyé de très importantes pertes, qu'on ne saurait à l'heure actuelle évaluer à leur juste mesure. Car, chaque jour qui passe, on ne finit pas d'en découvrir de nouvelles, surtout des contrats souscrits par les dirigeants avec des partenaires étrangers. Généralement, ces engagements mobilisent sur des périodes importantes l'une ou l'autre des ressources naturelles que l'on trouve au Congo71. Cette politique de l'endettement, a laissé un héritage difficile pour les générations futures. Les sommes ainsi

    70F.-X., VERSCHAVE, Noire silence. Qui arrêtera la françafrique ? Paris, Les Arènes, 2000, pp : 61-62. Cet ouvrage a provoqué le courroux de certains dignitaires africains qui ont poursuivi son auteur pour «offense à chef d'Etat étranger».

    71Cette politique consistait soit, à hypothéquer les ressources naturelles non encore exploitées, soit en négociant directement avec les compagnies pétrolières présentent au Congo en gageant directement la part de la production qui revient au Congo, soit encore en la vendant très en deçà des cours du marché : Cf. REPUBLIQUE DU CONGO, Op. Cit., pp : 83-87. Également G. GAETNER, «Quand LISSOUBA bradait son pétrole », L'Express, 08/03/2001, http://www.lexpress.fr, site consulté le 31/01/2005 ; enfin voire, infra, Annexes, série 3, quelques documents administratifs, document n°s 04-06, p. 128 et p. 130.

    concoctées, à cause de leur caractère extrabudgétaire, étaient difficilement contrôlables. Soit, elles servaient l'effort de guerre, soit encore elles prenaient d'autres directions que celle du Trésor National. Dans les deux cas, c'est au détriment du peuple congolais. De pareils actes, portants sur des sommes colossales, ont tellement été récurrents qu'ils n'ont pas été sans incidence sur la dette globale du pays à la fin de l'année 1 99772. Ces guerres ont été désastreuses pour l'économie du pays, déjà pas très en point avant son déclenchement.

    Toujours au niveau de l'Etat, il faut également déplorer les pertes inhérentes à certaines de ses infrastructures, exceptées celles relevant du secteur pétrolier (infra, p. 82, note 89). Nous pensons au patrimoine administratif : bâtiments, voitures, mobiliers et archives. Etant donné le caractère urbain des campagnes, les bâtiments administratifs et les écoles étaient souvent fortifiés en caserne de fortune et servaient de quartier général. Par conséquent, ils devenaient des cibles potentielles. Les véhicules administratifs quant à eux, s'ils n'étaient pas réquisitionnés par des particuliers non combattants, ils l'étaient par des combattants des deux camps. Ceux-ci les utilisaient pour leurs besoins personnels : les pillages et les combats.

    Les dernières conséquences qu'il faut déplorer dans cette série sont la délégitimation et le renversement de l'autorité et des institutions légales. Cependant, l'Etat du Congo n'a pas seulement perdu ses infrastructures.

    2. Conséquences humaines

    On ne peut faire la guerre sans accuser de pertes, fussent-elles minimes. C'est tout a fait logique dans ce genre d'exercice, et le cas congolais ne constitue pas une exception. On ne peut s'empêcher de croire qu'au plan humain, des pertes ont été considérables. Le gouvernement avance les estimations suivantes : entre 3.000 à 4.000 morts, 300.000 déplacés et 15.000 habitations détruites, pour le seul conflit de 1993 ; entre 4.000 et 10.000 morts pour celui de 1997 et enfin, entre 2.000 à 3.000 morts, 200.000 déplacés et 30.000 habitations détruites pour celui de fin

    72Pour la même période, la dette interne approchait-elle les 650 milliards de francs CFA, tandis que la dette extérieure était estimée dans les 2780 milliards de CFA, environ 22,5% du PIB. Le Congo, incapable d'honorer les échéances à terme, la BM a déclaré sa dette « délinquante » en novembre 1997. Voire infra, p. 74, note 85.

    1998 à début 199973. Par ailleurs, les conséquences de cette guerre ne concernaient pas seulement le Congo.

    3. Conséquences à l'échelle sous-régionale

    A l'échelle sous-régionale la série des conflits congolais consacre l'interdépendance désormais en oeuvre entre certains Etats africains, mais aussi entre ces derniers et certains acteurs transnationaux du système sous-régional et international. Spécifiquement, ces conflits montrent que désormais la sous-région dispose de chefs de guerres, confortés de quelques milliers d'hommes (Hutu powers, Interahmwés, anciens éléments de la DST du Président MOBUTU, etc.) auxquels peu d'opportunités de réinsertion dans la vie civile s'offrent. Ces chefs de guerre se connaissent, sont solidaires, très actifs et particulièrement mobiles. Leur déploiement est assimilable à un ensemble de lignes entrelacées dont l'intersection forme des noeuds. Ils sont associés dans un faisceau d'échanges et d'obligations réciproques dont la dynamique vise la consolidation et la progression des activités des membres dans une ou plusieurs sphères sociopolitiques. Ces organisations constituent un véritable danger pour l'intégration, la sécurité et la circulation des biens et des personnes à l'échelle sous-régionale avant de représenter dans le même coup, un important facteur, latent, de déstabilisation des entités étatiques régulières.

    Enfin, cette série de conflits exprime la perte du monopole étatique de la contrainte armée. C'est un groupe privé, soutenu par des adjuvants hétéroclites qui a mis en déroute l' «armée nationale». Ces conflits révèlent, selon l'expression de ZARTMAN, un modèle d'Etat en faillite74. Cependant, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur le mobile des combats qui opposent ces différents acteurs. En effet, pourquoi s'affrontent-ils ?

    73REPUBLIQUE DU CONGO, Opus citatum, préface, p. 07.

    74W. I. ZARTMAN, De l'effondrement de l 'Etat. Désintégration et restauration de l'autorité légitime, Paris, Nouveaux Horizons, 1997, pp : 1-12.

    Cette première partie consacrée au traitement de la question centrale de cette investigation confirme que le Congo dispose de quantités importantes de ressources naturelles. Ces dernières sont d'origines diverses : minières, pétrolières, hydrauliques, forestières et touristiques. En effet, l'importance desdites ressources est manifeste en terme de quantités estimées récupérables avec une quasi certitude et en terme de quantités effectivement produites annuellement. Cependant, elles sont inégalement réparties sur l'ensemble du territoire national. Si les unes sont très valorisées, à l'instar des hydrocarbones liquides et gazeux, il n'en est pas de même des autres comme le bois, l'agriculture et les hydrocarbones solides qui le sont moins ou pas du tout. Toutefois, on ne saurait récuser la centralité de ces ressources naturelles dans la vie de l'homme moderne.

    Par ailleurs, on est tenté de croire qu'un tel potentiel aurait pu permettre à ce pays de poser les bases de son développement économique après avoir consolidé la cohésion et la coexistence pacifiques entre ses différentes ethnies. Mais, penser ainsi équivaut à très vite oublier que ce pays était pendant toute la décennie 1990 en proie à une série de crises armées prolongées. Ces guerres ont été violentes et ont généré de lourdes conséquences aux plans humain, infrastructurel et sous-régional.

    Conscient de cet état de faits, ne peut-on pas penser que les différentes ressources naturelles dont le Congo est pourvu ont, de quelque manière que ce soit, été d'un apport dans l'avènement des guerres qu'il a connu entre 1990 et 2002 ? En d'autres termes, dans quelle mesure ces agrégats, au lieu d'être un facteur de bonheur, de pacification et d'équilibre entre les Congolais, ont plutôt entraîné leur misère au point de faire à ce que ces derniers voient en leurs concitoyens des ennemis potentiels ?

    DEUXIEME PARTIE :
    GEOSTRATEGIE DES RESSOURCES NATURELLES ET
    GOUVERNANCE

    La première grande section consacrée au traitement de la problématique centrale montre que la présence sur le territoire de ce pays des ressources naturelles dont on reconnaît une importance stratégique dans le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles. Il en de même de l'effectivité de la série des guerres du Congo de 1990 à 2002 est à placer sous le sceau de l'évidence. Naturellement, la question suivante se pose : pourquoi ces guerres ?

    D'emblée, ce qui parait incompréhensible dans cette rivalité c'est que chaque belligérant voulait à tout prix s'approprier la victoire. Pour cela, non seulement il combattait avec une hargne et avec une véhémence hors pairs, mais aussi, il faisait recours aux moyens hétéroclites et fondamentalement destructeurs. La finalité de cette belligérance est-elle sans connexion avec les ambitions d'assurer le contrôle et de valoriser les ressources naturelles de ce pays par les différentes entités combattantes et leurs alliés respectifs ? Serait-ce toutes les ressources naturelles dont ce pays est pourvu qui entretiendraient un lien avec cette série de guerres ou seulement quelques unes d'entre elles ? Il convient de ne pas perdre de vue que le fait de disposer d'un accès privilégié aux dites ressources est une condition sine qua non, d'abord du développement social, économique et industriel, ensuite et par voie de conséquence, d'une certaine forme de richesse et de puissance sur les scènes nationale et internationale.

    Pour trouver des éléments de réponses à ces questions il convient, dans un premier temps de rechercher les fonctionnalités de ces agrégats dans la structuration des guerres du Congo (Chapitre III). Cette recherche débouchera dans un second moment sur l'ouverture du débat relatif, non seulement à l'avenir de ce pays à l'issue de ce drame, mais aussi après l'extinction des ressources naturelles sur lesquelles repose son économie présentement, autrement dit la problématique de la gouvernance globale au Congo (Chapitre IV).

    Chapitre III. Les ressources naturelles dans la structuration des guerres

    Ce chapitre consiste en une réflexion sur les ressources naturelles comprises comme des germes de situations conflictuelles. En effet, dans le cas de la série des conflits armés congolais de 1990 à 2002, peut-on dire qu'elles ont été décisives dans la survenance et dans le déploiement de cet état particulier des rapports humains ? Nous tenterons une réponse à cette interrogation en deux niveaux d'analyse. Le premier poursuivra un tel effort en recherchant l'opérationnalité de ces données dans la lutte pour les rentes (Section I). Le second tentera de situer ces agrégats dans les stratégies des multinationales de l'énergie impliquées dans cette circonstance (Section II).

    Section I. Les ressources naturelles dans la lutte pour les rentes

    Cette première section constitue les deux premiers niveaux de réponses que nous apporterons au questionnement spécifié plus haut. Ainsi, s'il paraît judicieux de déterminer la place de ces ressources dans les stratégies des acteurs nucléaires (A) ; il ne sera pas non plus superfétatoire de se prononcer sur leur place dans les plans de leurs adjuvants sous-régionaux (B).

    A. Fonctionnalité des ressources naturelles dans le jeu politique interne

    Il est question de déterminer la fonctionnalité des ressources naturelles stratégiques dans le jeu politique interne. En d'autres termes, quelle est la valeur de ces agrégats pour les animateurs de la scène nationale et dans la structuration de leurs politiques ? Tour à tour, il sera examiné la prise de conscience sur la centralité de ces agrégats (1) et le fait que ces agrégats sont un facteur prépondérant dans l'élaboration et la mise en oeuvre des stratégies des états-majors (2).

    1. La prise de conscience

    Quand le Président Pascal LISSOUBA prend les rênes de l'Etat en août 1992 à l'issue des premières élections libres de l'histoire contemporaine du Congo, la

    tâche qui l'attend n'est pas facile. L'Etat est en cessation de paiements et l'endettement est colossal75 ; l'armée est acquise à l'ancien président et les conditions de vie des populations deviennent de plus en plus précaires, amplifiées par le chômage toujours croissant. Conscient de cela, le nouvel exécutif desserre l'étau en jouant la carte des ressources naturelles stratégiques. Il met en concurrence le plus important opérateur pétrolier, le groupe Elf Aquitaine, avec les compagnies américaines parmi lesquelles Occidental Petroleum. Dans la foulée, il a obtenu la reconsidération de la part de production réservée à l'Etat congolais, de 17% à 33%, et la mutation du régime des concessions vers celui de partage de production. Si cette première action est une victoire, il n'en demeure pas moins qu'à terme, les négociations avec le FMI et la BM étaient inévitables en vue de la restructuration de la dette, de l'amélioration des performances économiques et éventuellement de l'admission du pays dans le giron des PPTE. Les considérations précédentes suscitent ces quelques observations.

    L'acte de l'exécutif confirme la prépondérance des hydrocarbones liquides et gazeux dans la vie de la nation comme nous l'avons déjà remarqué plus haut (supra, pp : 3 7-38). En mettant en concurrence le principal opérateur pétrolier, le gouvernement, et par ricochet les autres acteurs de la scène nationale, réalisent la centralité de cette ressource dans la stratégie d'approvisionnement de ce dernier, l'intérêt que d'autres sociétés multinationales affichent vis-à-vis du marché congolais et le caractère stratégique de cette ressource dans le jeu international. Notamment, ils se rendent compte de la possibilité de pouvoir jouer ou compter sur cette ressource pour atteindre leurs objectifs.

    75Selon les Rapports sur le développement dans le monde successifs de 1993 à 1999, le Congo faisait partie des pays gravement endettés, derrière l'Algérie, l'Irak et l'Angola. En 1997, cette dette est classée «délinquante» par la BM, Dépêche de l'AFP, 071646 du 07/11/1997. En 1999, elle était estimée à 2780 milliards de Francs CFA ; et le pays faisait partie des 41 pays très endettés. A ce sujet, confère : BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : investir dans la santé, Washington, 1993, page 337 ; également, BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : une infrastructure pour le développement, Washington, 1994, page 267 ; également, BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : le monde du travail dans une économie sans frontières, Washington, 1995, p. 274 ; également, WORLD BANK, World developpement repport : the states in a changing world, Washington, page 264 ; également, BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : le savoir-faire au service du développement, Washington, 1998-1999, p. 278.

    Aussi, l'intervention conjointe du FMI et de la BM montre-t-elle que bien avant l'avènement du nouveau régime, la situation générale du pays n'était pas des plus bonnes. Car, les revendications sociales étaient à l'ordre du jour. Autrement dit, cette atmosphère était déjà très favorable à l'installation d'une crise. Mais, il n'en demeure pas moins que les mesures d'accompagnement du PAS dictées par ces institutions (privatisation des entreprises publiques et déconcentration de la fonction publique suivies du gel des prêts multilatéraux avant l'aboutissement de ce processus) ont achevé de déboulonner une conjoncture combien déjà précaire, en rehaussant significativement le taux du chômage76. Ce désespoir touchait particulièrement la frange jeune de la population et la vulnérabilisait considérablement vis-à-vis des politiciens véreux et peu scrupuleux. Ces derniers pouvaient solliciter et obtenir son soutien à tout moment dans leurs stratégies de positionnement, dans les mouvements de conquête, de conservation ou de consolidation du pouvoir comme le souligne cet observateur :

    « I1 faut rappeler que, contrairement au conflit rwandais, les violences brazzavilloises de 1993-1994 n'ont pas engagé massivement toute la population, mais uniquement une frange de jeunes recrutés par les partis politiques parmi plusieurs générations de déclassés des quartiers : jeunes déscolarisés ou désoeuvrés, délinquants ou sinistrés. [ ...] On ne saurait donc, à propos des événements de cette année-là parler d'explosion de l'irrationnel ou d'irruption de l'ethnicité : les jeunes miliciens, en majorité âgés de 18 à 22 ans ont incontestablement été l'objet d'une manipulation, d'autant plus facile qu'elle a été menée à une époque où l'effondrement économique leur interdisait pratiquement tout

    77

    espoir d`accéder au statut social de leurs aînés ».

    C'est cette conjoncture qui, couplée à des effets pervers de l'intervention de ces instituions, conditionnera désormais le jeu des acteurs, aussi bien celui de ceux qui sont chargés de la gestion quotidienne de l'Etat, lesquels chercheront à consolider et à conserver cette posture, que pour ceux qui pensent le changement du statu quo. Mais, comment exprimer matériellement cette prépondérance des

    76J. SACHS, «FMI : le pompier pyromane», entretien avec John. R. McINTYRE, in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°80, Paris, Berger-Lévrault, Eté 1998, pp : 19-20.

    77E. DORIER APPRIL, « Jeunesse et ethnicités citadines à Brazzaville », in MUSANJI NGALASSO, Mwatha, (dir.), Démocratie : le pouvoir des mots, Politique africaine, n°64, décembre 1996, in http://www.poliqueafricaine.com, site consulté le 02 mai 2005.

    hydrocarbones liquides et gazeux dans la structuration des rapports politiques internes ?

    2. Un facteur prépondérant dans les stratégies des états-majors

    Toute entreprise, allant des plus banales comme manifester son intérêt pour une jeune fille, à la plus complexe, à l'instar de gagner une guerre, présuppose la mise en place d'une combinaison d'actions pour parvenir aux objectifs visés. Les acteurs nucléaires de l'échiquier congolais ne l'ont pas ignoré, car ils ont su déployer plusieurs stratégies pour exprimer leur volonté de capitaliser la victoire. Dans celles-ci, les ressources naturelles stratégiques, au premier rang desquelles les hydrocarbones liquides et gazeux d'une part, et le bois d'autre part, ont occupé une place centrale. Elles ont été d'un important apport dans la constitution, la maintenance des moyens de l'effort de guerre et dans la structuration des alliances78. C'est à partir de ce moment que le conflit congolais a changé de physionomie. Désormais, il met en évidence un facteur constitutif majeur de la privatisation de la guerre : l'importance des alliances commerciales et militaires. Celles-ci sont nouées par les belligérants avec de grandes compagnies internationales, forestières, minières ou pétrolières et avec des officines spécialisées dans le savoir-faire militaire. A un moment ou à un autre, toutes ces structures ont été sollicitées par les protagonistes et leur ont fourni les moyens de leur action, en contre partie de ces ressources.

    Ces solidarités ont contribué au développement des dettes gagées sur toutes sortes de produits, pétrole et bois notamment, avant de favoriser la militarisation croissante des acteurs nucléaires. Désormais, bénéficiant de revenus propres, chaque belligérant est devenu moins contrôlable. Ces ressources leur ont conféré l'autonomie d'action dans leurs différents mouvements de lutte pour la conquête ou pour la conservation du pouvoir. Toutefois, ce n'est là qu'un pan de

    78Notamment, afin de forcer les portes des divers secteurs d'activités, indispensables dans la mise en oeuvre et pour le déploiement de leurs stratégies : les milieux de la haute finance à travers les banques, les officines spécialisées dans la logistique et de l'assistance de guerre, etc.

    l'opérationnalité des ressources naturelles dans cette série de guerres. Car, à ces dernières, était lié en partie le destin de certains acteurs sous-régionaux.

    B. Les ressources naturelles stratégiques dans le jeu sous-régional

    A cette échelle, les alliances sont faites suivant un système d'enchevêtrement d'intérêts de plusieurs ordres. Parmi ceux-ci, les hydrocarbones liquides et gazeux de la ZIC Angola-Congo représentent les intérêts les plus déterminants. En effet, leur ombre apparaît certes en filigrane, mais domine en réalité les stratégies des acteurs. Ceux-ci se retrouvent dans un système où chacun, tout en servant les intérêts des autres, permet de trouver son propre compte. L'échiquier congolais consacre deux variantes de cette logique des alliances stratégiques. C'est le cas entre un Etat et une coalition de forces sub-étatiques pour combattre un Etat, et entre un Etat et des forces intra étatiques pour venir à bout d'une ligue de forces sub-étatiques. Par là, il faut reconnaître les rapprochements successifs entre les forces de l'UNITA et du FLEC avec celles de la coalition présidentielle à Brazzaville (1) et celui qui a mis les forces de PCT et celles du MPLA dans un même camp (2).

    1. L'intervention angolaise : au-delà de l'intégrité territoriale

    Si l'Angola intervient sur ce théâtre, c'est d'abord parce que le pouvoir en place au Congo accorde des facilités aux organisations rebelles vis-à-vis de l'Etat central angolais : l'UNITA et le FLEC. Ces mouvements se servaient du territoire congolais, soit comme base de repli ou d'attaque dans la lutte qui les oppose au gouvernement de Luanda, soit encore elles bénéficiaient des opportunités de transit par le territoire congolais79. L'on constate que pour l'Angola, il est question de résoudre un problème interne : le contrôle du territoire national. Equilibrer cette équation est une condition sine qua non à sa stabilité.

    Par ailleurs, on ignore souvent que les dernières grandes découvertes pétrolières et gazières réalisées en Afrique pendant cette décennie ont été faites aux

    79J. SAVOYE, « Pétrole et la guerre d'Angola », in, BONIFACE, Pascal, (dir.), Energie et relations internationales : Revue Internationale et Stratégique, n°29, Paris, Arlea, Printemps 1998, p. 188.

    larges de la ZIC, un espace maritime coincé entre le Congo et l'Angola (côté angolais aux larges de Cabinda80). Certains de ces gisements devaient faire l'objet d'une valorisation conjointe entre ces deux pays à partir de l'année 2000. A court terme, la valorisation de ces gisements devait consolider l'Angola dans sa posture de deuxième puissance productrice d'or noir dans la zone Sub-Saharienne après le Nigeria, et peut-être même lui permettre de rivaliser avec ce dernier à long terme. Dans cette optique, l'Angola avait besoin d'un allié sûr à Brazzaville. Le régime du Président Pascal LISSOUBA ne faisait pas l'affaire en aidant l'UNITA et le FLEC. Cette intervention couplée à celle réalisée antérieurement au Congo ex-Zaïre, peut être perçue comme un signal fort qui tend à conforter sa posture vis-à-vis de la poussée révolutionnaire ougando-rwandaise, particulièrement active à l'Est, et dont la destination finale pouvait bien être la côte Atlantique au fort potentiel pétrolier et gazier. Les pays de cette zone étaient à cette époque, soit déjà producteurs de l'or noir : l'Angola, le Gabon, le Congo et le Cameroun ; soit encore ils étaient en voie de le devenir : le Tchad et la Guinée équatoriale.

    Ce dernier aspect permet de comprendre les logiques qui ont prévalues aux interventions successives du Tchad et du Gabon. Le ciment fédérateur de cette coalition se trouve être la crainte du renouvellement des équilibres politiques, stratégiques, économiques et socioculturels dans la région, du fait d'une connexion qui aurait pu s'établir entre la poussée révolutionnaire issue des Grands Lacs, les rebellions angolaises et la coalition gouvernementale au Congo. A propos, quelques documents prouvent que les initiateurs de cette vague avaient reçu des appels à l'aide de Brazzaville :

    « Le 04 septembre dernier, LISSOUBA, arrivé sans crier gare à Paris, trouve porte close au Château. Semoncé au téléphone par CHIRAC, il réplique sur le ton de la dignité outragé. Coupable d'avoir boudé un sommet de chefs d'Etats à Libreville, l'ancien haut fonctionnaire de l'UNESCO, en mal d'alliés, entreprendra une vaine tournée fort peu francophile. Cap sur les « trois K » :

    81

    Kinshasa (Congo démocratique), Kigali (Rwanda) et Kampala (Ouganda) ».

    80La province de Cabinda représente plus de 50% des réserves pétrolières angolaises.

    81V. HUGUEUX, «Le Brut et les truands», L'Express, 23/10/1997, disponible sur le site Internet : http://www.lexpress.fr, consulté le, 31/01/2005 (le gras est de nous).

    Il apparaît clairement qu'en intervenant au Congo, l'Angola se consolide à la fois comme producteur pétrolier de premier plan en Afrique subsaharienne et comme une puissance militaire incontestable en mesure de protéger ses propres ressources naturelles et de jouer le rôle de gendarme au niveau sous-régional. Mais, qu'en est-il des interventions des entités sub-étatiques ?

    2. Les entités sub-étatiques : la logique des appuis réciproques et la logique des affaires

    L'intervention de ces entités obéit à deux grandes trajectoires. Ces entités sont là, soit pour épauler les belligérants dans l'aboutissement de leur cause tout en entretenant l'espoir que ceux-ci les aideront par la suite à imposer la leur, soit pour vendre leur savoir-faire guerrier aux protagonistes. Dans l'une comme dans l'autre trajectoire, les hydrocarbones liquides et gazeux occupent une fois de plus une place centrale. L'examen de chacune de ces trajectoires s'impose.

    a. La logique des appuis réciproques

    Cette logique correspond à un système de troc. En s'alliant chacun sert les autres et réalise en même temps ses propres buts. Elle est manifeste avec les acteurs qui contestent le pouvoir en place en Angola, à savoir le FLEC et l'UNITA. Par exemple, l'UNITA avaient dépêché auprès du camp gouvernemental congolais quelques-uns des ses Antonovs. En contrepartie, le pouvoir de Brazzaville lui garantissait des possibilités d'approvisionnement par les infrastructures congolaises de communication. Avec l'effondrement du régime du Président MOBUTU au Zaïre, la survie de ces deux mouvements était liée à ces infrastructures. Pour l'UNITA et pour le FLEC, intervenir au Congo apparaît d'abord comme une nécessité de rééquilibrer les bases de la distribution de la puissance dans la nouvelle configuration du rapport de force qui les oppose au gouvernement de Luanda après l'effondrement du régime du Président MOBUTU. Ces interventions s'expliquent ensuite par le poids de l'histoire conjuguée à des intérêts pétroliers.

    Historiquement, il faut y voir l'empreinte de l'ancien royaume Kongo qui comportait au XVIème siècle des régions situées dans le Congo actuel, l'ex-Zaïre et le Nord de l'Angola. Dans certaines régions de l'Angola à l'instar de Cabinda, la population est majoritairement Kongo. Celle-ci a fui la colonisation portugaise et s'est installée dans les deux Congos dans les années 1960, avant de tenter un retour sans succès en 1975, surtout celle qui était installée en RDC, avec le FNLA battu devant Luanda. Cette dernière vague a été réactivée à la fin des années soixante dix par le Zaïre. Pour cela l'Angola avait réactivé les sécessionnistes katangais.

    Or, une crainte analogue a de nouveau effleuré la conscience du gouvernement angolais avec le régime du Président LISSOUBA au Congo. Car, il voyait en lui un partenaire important de ce mouvement, qui de plus est lui aussi d'origine Kongo. Autrement dit, l'Angola craint toujours une sécession de cette région qui inclut en partie le Cabinda, c'est-à-dire plus de 50 % de ses réserves pétrolières. Il ressort que intervenir au Congo pour l'UNITA et le FLEC apparaît également comme une façon de rester solidaires aux leurs, malmenés par des usurpateurs venus du Nord (du Congo), qui, depuis près de quarante ans profitent énormément des hydrocarbones liquides et gazeux du Sud au détriment des autochtones. Dans cette optique, les épauler à conserver le contrôle des sources des hydrocarbones de l'empire des «étrangers» venus du Nord s'impose comme un devoir naturel. Cette même logique prévaut également en Angola où une oligarchie métisse, s'est érigée depuis l'indépendance en gestionnaire des richesses pétrolières du Nord au détriment des autochtones. Ce constat de P. NGANDU NKASHAMA est illustrateur de cet état de faits :

    « Chez les messianistes, aussi dominent, cette idée de la propriété de la terre et des richesses qui doivent revenir aux populations héritières des anciens royaumes et qui transcendent les frontières. Lorsque l'on découvre le pétrole au Nigeria, le groupe sur le sol duquel il est trouvé dit : ``il est à nous en tant que membre de l'ancien royaume». Et si le filon traverse les frontières de l'Etat, ceux de l'autre côté répondent : ``Nous sommes frères, ça nous appartient aussi, donc associons-nous. Cette donnée économique crée une idée nationale en contradiction avec le pouvoir en place. D'où les guerres. Même raisonnement pour le pétrole off shore de l'ancien royaume du Kongo (Angola, Zaïre, Congo). D'où le conflit entre SASSOUNGUESSO et LISSOUBA, en fonction du principe que ceux qui n'appartiennent pas

    à ce royaume n'ont aucun droit sur le pétrole. Et c'est pour cela que le Congo et

    82

    l'Angola s'entendent quand il s'agit de ce problème-là ».

    Vu sous ce prisme, il y a plusieurs dimensions qui justifient ces intrusions réciproques de l'UNITA et du FLEC dans le conflit congolais et vice-versa. Mais, ce qui est important et qui mérite d'être signalé ici reste la maîtrise de la richesse nationale matérialisée par les hydrocarbones liquides et gazeux. Mais, le paradigme des appuis réciproques, seul, ne suffit pas pour capter le sens de cet autre modèle d'alliance qui n'obéit plus à la logique du troc. C'est pour cela que nous convoquons la logique des affaires.

    b. La logique des affaires

    Elle correspond à la mise en place d'une nouvelle économie désignée officiellement par le vocable économie parallèle ou de guerre. Les entités qui interviennent dans cette catégorie sont, soit des intermédiaires des grandes multinationales de l'armement originaires des pays de l'ancien bloc de l'Est et sont basées en Afrique du Sud, soit encore des agences locales spécialisées dans le savoir-faire guerrier. En effet, hors de tout cadre institutionnel, cette logique permet aux belligérants, aidés par ces officines spécialisées, de privatiser les ressources de l'économie officielle. Elle consacre l'apparition d'intervenants nouveaux qui opèrent sur sollicitation et suppléent les insuffisances des forces légitimes ou de celles qui contestent l'Etat.

    La particularité sur la scène congolaise c'est que ces entités se comportent comme des entreprises ordinaires. Elles proposent des offres, localisent les marchés sur lesquels on peut trouver les produits demandés et ont des cahiers de charges (infra, Annexes, série 3 : quelques documents administratifs, documents n°S 01 et 02, pp. 124-125). Elles proposent un ensemble de prestations : logistique, encadrement et fourniture d'armes. Selon les mots de J.-F. BAYART, l'expression «mercenaire»

    82P. NGANDU NKASHAMA, «Le Pouvoir en Afrique », entretien, in GARAUD, Marie-France, (dir.), Afrique : acteur ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 36. On retrouve aussi un même argumentaire chez J. SAVOYE, « Pétrole et la guerre d'Angola », in BONIFACE, Pascal, (dir.), Energie et relations internationales : Revue Internationale et Stratégique, n°29, Paris, Arlea, Printemps 1998, pp : 176-177 ; 181 (le gras est de nous).

    est proscrite ; dorénavant on parle de «prestataires de services»83. Incontestablement, c'est avec des sommes d'argents obtenues avec la privatisation des ressources nationales que les belligérants se paient de tels services qui reviennent excessivement onéreux (infra, Annexes, série 3 : quelques documents administratifs, documents n°S 01 et 02, pp. 124-125). C'est toujours avec ces sommes d'argents que les protagonistes ont pu se procurer des armes de guerres ultramodernes (infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photos n°s 01 à17, pp : 116-122). Ces ressources permettent à tout mouvement qui le souhaite de s'équiper à bon compte.

    En effet, ce jeu des alliances dans la distribution de la puissance, était-il valable uniquement à l'échelle sous-régionale ou encore impliquait-il d'avantage d'autres entités, fondamentalement celles qui ne relèvent plus forcément de cet espace ? Sommes-nous autorisés à penser que certaines grandes nations industrialisées, au travers de leurs firmes multinationales, étaient-elles également engagées dans ce jeu ?

    Section II. Les rivalités entre les multinationales

    Contrairement à une certaine école qui professe l'inutilité de l'Afrique vis-à- vis du monde développé, cette section montrera à travers la problématique de l' «Afrique utile »84, que ce continent lui est d'un apport précieux. Cette importance est variable dans le temps, selon les domaines et selon les régions. L'objectif à atteindre ici est de savoir si le Congo est une zone de l'«Afrique utile». En effet, quelle est la spécificité du Congo au sein de ce concept de l'«Afrique utile » (A) ? Aussi, le drame congolais de 1990 à 2002 ne peut-il pas se comprendre comme un pan du grand jeu international relatif à la maîtrise des sources d'énergie (B) ?

    83J.-F., BAYART, « L'Embrasement de l'Afrique Subsaharienne », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°77, Paris, Automne 1997, p. 189.

    84Expression que nous empruntons à S. SMITH, «France-Afrique : la fin d'une époque », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°67, Paris, Printemps 1995, p. 267.

    A. Le Congo dans la problématique de l'``Afrique utile»

    Depuis les attentats du 11 septembre 2001, l'activité des analystes est orientée vers la lutte contre le terrorisme. Pour cela, certaines zones de la planète sont oubliées de fait en raison du peu de retentissement des études sur elle. L'Afrique fait partie de cette catégorie. Cet oubli de l'Afrique a suscité à AIRCADI de Saint Paul la réflexion suivante :

    « Le continent noir ne semble pas constituer une priorité pour les USA malgré l'intérêt initial qui lui fût porté par le président KENNEDY. L'action des USA est de type intermittent : gendarmes à éclipses, interventions sporadiques, le gouvernement américain pris dans un réseau de contradictions internes ne paraît pas avoir de politique africaine. Plus précisément, s'il intervient dans les périodes de tension au cours desquelles les intérêts occidentaux paraissent menacés, il a peut être mis en oeuvre des politiques, mais, n'a pu offrir aux USA eux-mêmes une mystique africaine »85.

    Si ces représentations ne sont pas sans rapport avec la réalité, on devrait se garder de croire que ce continent est inutile au reste du monde. En effet, certaines régions du continent sont d'une très grande utilité pour les grandes nations industrielles parce qu'elles personnifient plusieurs séries d'enjeux économiques. C'est cette opinion qui est conceptualisée à travers la problématique de l'` `Afrique utile». Autrement dit, certaines provinces indispensables pour l'expansion industrielle de l'Occident se trouvent en Afrique. C'est le cas du Golfe de Guinée, l'un des grands espaces forestiers, l'un des plus grands bassins pétroliers et aquatiques du monde. Une bonne partie des enjeux environnementaux, climatiques, énergétiques et économiques mondiaux d'aujourd'hui et de demain est liée à cet espace. Il est une composante de la géographie de l'` `Afrique utile».

    De fait, l'exploitation des ressources pétrolières dans cette zone a débuté au lendemain de la seconde Guerre Mondiale. D'abord avec l'Angola en 1956, elle s'est étendue l'année d'après avec le Gabon avant de s'élargir au Nigeria en 1958, et dans les deux Congos, successivement à la fin des années 1960 et début 1970. L'aventure s'est poursuivie enfin avec le Cameroun et très récemment à la Guinée Equatoriale et au Tchad. Les seules productions de ces pays gravitent, pour la

    85De St. P., AIRCADI, La Politique africaine des USA, mécanismes et conduite, Paris, Economica, 1984, p. IX.

    plupart, autour de 15 Mb/an, en dehors du Nigeria et de l'Angola qui sont des producteurs millionnaires.

    Les perspectives pétrolières dans le Golfe de Guinée se présentent sous les meilleurs auspices. En effet, avec des réserves estimées à 8,1 milliards de tonnes au début des années 90, soit 6 % des réserves mondiales prouvées, des coûts d'extraction du baril compris entre 5 et 7 dollars, contre 7 et 9 dollars en moyenne mondiale, coûts que les firmes pétrolières peuvent espérer faire encore baisser, grâce à l'utilisation massive d'une technologique de pointe. Cette région se présente déjà comme l'une des plus dynamiques en matière d'exploration pétrolière marine. Le constat de cet habitué à ces questions ne détrompe pas :

    « En effet, avec le progrès technologique et la possibilité de produire à plus de 1700 mètres de profondeur, voire bientôt 2000 mètres, l'Afrique de l'Ouest, avec le Golfe de Guinée, devient une province pétrolière qui présente un grand intérêt pour les compagnies internationales, en leur ouvrant un nouveau terrain de chasse ou de prospection, à côté de la mer Caspienne qui commence à s'ouvrir à l'exploitation étrangère. »86.

    Rien d'étonnant à ce que « l'Afrique soit dans les dix, vingt prochaines années, le champ de bataille le plus chaud, dans la répartition des nouveaux marchés pétroliers»87 dans le monde. La confirmation de ces données renforce la centralité de cette zone comme principale province pétrolière africaine et comme une zone internationale d'importance majeure. Cela, aussi bien pour les principaux partenaires que sont, entre autres, les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe Occidentale, qui y tirent une partie de leurs approvisionnements pétroliers, que pour les Etats riverains eux-mêmes et leurs quelques 200 millions d'habitants, pour lesquels la mer est, respectivement, un espace nourricier essentiel et une source de devises.

    86B. BENSAID, « L'Afrique subsaharienne : un continent endetté au potentiel pétrolier prometteur », in, GARAUD, Marie-France, (dir.), Afrique : acteur ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 133 (le gras est de nous).

    87A. D. OGOULAT, « La Commission du golfe de guinée, instrument du renouveau maritime au rôle fondamental que jouent les océans dans le processus d'affirmation des Etats dans le système international et sous-régional ? », in COUTAU- BEGARIE, Hervé, (dir.), « Le Continent oublié », éditorial, Revue stratégique, n°80, 2004, http://www.stratisc.org.

    1. La place du Congo dans la géopolitique des hydrocarbones

    Cette sous-section pose la problématique des avantages inhérents à l'exploitation des hydrocarbones au Congo. Pour cela, il sera examiné la place des approvisionnements par rapport aux pôles de consommation (a) et les autres possibilités offertes par ce pays dans le même domaine (b).

    a. Les approvisionnements par rapport aux pôles de consommation

    Les puits de pétrole congolais sont situés aux larges de l'Atlantique. Cela constitue un atout indéniable dans l'acheminement des approvisionnements vers les grands pôles de consommation : l'Europe occidentale ou l'Amérique du Nord. Il n'est pas nécessaire pour cela de transiter par les canaux et les détroits, ou encore de traverser des pays entiers par des oléoducs ou des gazoducs. Ces faits révisent considérablement à la baisse les coûts supplémentaires, en termes de droit de passage ou de transit des approvisionnements, avant de reconsidérer la problématique de la sûreté des convois, vu les actes de banditisme ou de sabotage dont sont souvent victimes les cargaisons en transit et les oléoducs ou les gazoducs. Car, les multinationales de l'énergie cherchent en général à maximiser leur production et leurs revenus. Aussi, cherchent-elles à réduire les risques d'interruption et de chantage aux redevances. Cette problématique trouve un écho très fort chez M. CHATELUS quand il dit que « le maillon le plus faible de la chaîne d'approvisionnement pétrolier n'est donc pas l'accès aux ressources et à la production de brut, mais les aléas du transit pétrolier et les ruptures éventuelles, par accident ou par diverses formes d'agression des voies de communication »88.

    Dans ce domaine, le Congo présente des atouts indéniables. D'abord, ses gisements de pétrole et de gaz naturel sont situés en off shore. Ce fait explique en partie pourquoi ils sont restés à l'abri des troubles politiques et sociaux qui ont

    88M. CHATELUS, « La Méditerranée orientale, la mer Noire et la géopolitique du transit des hydrocarbures », in BONIFACE, Pascal, (dir.), Energie et relations internationales, Revue Internationale et Stratégique, n°29, Paris, Arlea, Printemps 1998, p. 120.

    ravagé le pays89. Ensuite, les chargements peuvent se faire directement à partir du port de Pointe-Noire où un terminal a été aménagé à cet effet90. Ce port est la cheville ouvrière de la stratégie française des approvisionnements pétroliers en Afrique. Le trajet et la durée des convois des approvisionnements en provenance du Congo, comme d'ailleurs de toute la zone à laquelle il appartient, sont beaucoup plus prévisibles. Celui-ci se fait souvent en ligne relativement droite, aussi bien vers l'Amérique du Nord que vers l'Europe occidentale. Ce dernier aspect est très important, dans la mesure où il permet aux opérateurs pétroliers de rassurer les consommateurs sur les dates d'arrivée et de livraison effectives des produits. Cela accroît l'audience et le crédit de ces multinationales auprès de leurs clients ou de leurs gouvernements respectifs.

    Enfin, comparé aux pays du Golfe Arabo-persique, du Golfe du Mexique ou de l'Asie centrale, le Congo offre une fiscalité et des termes de contrat d'exploitation très favorables. Cet aspect est un avantage commun à la majorité des pays producteurs d'or noir d'Afrique situés au sud du Sahara. Pour terminer, le pétrole congolais est, non seulement d'assez bonne qualité, mais aussi présente des conditions attractives pour l'exploitation en raison de bonnes conditions de terrain, lequel ne présente pas une forte sismicité. En plus de ces avantages qui viennent d'être signalés et qui traduisent la spécificité du Congo dans la géopolitique des hydrocarbones liquides et gazeux, il convient d'ajouter qu'il existe d'autres possibilités alternatives.

    b. Des possibilités alternatives

    Ce sont les autres possibilités que le Congo est susceptible d'offrir aux multinationales du fait de sa situation géographique et de la diversité des matières

    89S'attaquer à ces installations exige de très hautes qualifications techniques, lesquels font souvent défaut aux protagonistes. Aussi, ces derniers comptaient-ils sur cette ressource pour réorganiser le pays.

    90Le Port Autonome de Pointe-Noire est le premier port en eau profonde au sud de Dakar. Il est très bien équipé, non seulement pour ce genre d'opération, mais aussi pour l'amarrage et le ravitaillement des tankers géants : il peut recevoir des navires ayant un tirant d'eau de 13,20 mètres, calant 34 pieds et mesurant 230 m de longueur ; il offre des conditions hydrologiques les plus favorables à l'implantation d'un port d'éclatement pour l'ensemble de la zone au regard de la nouvelle génération des porte-conteneurs. Il est en mesure de desservir simultanément le Congo et ses voisins. Pour plus d'informations, voire le site Internet : http://www.izf.net.

    premières issues de son sol et de son sous-sol. Cela est traduit ici par le vocable «possibilités alternatives». Concrètement, cela signifie qu'une multinationale pétrolière qui réussi son installation au Congo s'offre plusieurs autres avantages.

    Étant donné la diversité des ressources naturelles qu'il y a sur son sol, une très bonne assise pour une multinationale dans ce pays peut être une occasion pour cette dernière de diversifier ses activités à la longue, une fois son installation réussie. Ainsi, au lieu que ses activités portent sur un seul secteur comme celui du pétrole par exemple, elles pourront s'étendre à plusieurs secteurs à la fois : le bois, l'uranium, etc.

    Une installation réussie au Congo peut aussi s'interpréter comme une bonne base de départ pour une longue odyssée économique : la conquête des sous-régions Afrique Centrale, Afrique des Grands Lacs et le Golfe de Guinée. Cette conquête commencera par les pays avec lesquels le Congo possède des frontières communes, lesquels pays ont les mêmes potentialités que lui. C'est le cas, au niveau des frontières Sud et Ouest, respectivement de l'Angola et du Gabon, deuxième et troisième producteur de pétrole en Afrique subsaharienne. C'est également le cas avec son voisin de tout le long de la frontière Est et Sud-est, la RDC, qu'on qualifie de « scandale géologique »91. Il ressort de ce qui précède que le Congo est une pièce en mesure de structurer efficacement la stratégie des multinationales au sein de ces zones. Mais, peut-on estimer que ce qui se passe au Congo pendant la période qui concerne cette étude participe du grand jeu international sur la maîtrise des sources de l'énergie ?

    B. L'épisode congolais : un pan du jeu international pour la maîtrise des sources d'énergie ?

    Ici, l'objectif poursuivi est de savoir si la série des guerres congolaises de 1990 à 2002 participe du grand jeu international relatif la domestication des

    91B. DEBRE, « L'Afrique convoitée », in GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 91 ; également : B. LUGAN, « l'Afrique qui bouge », in, GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 18.

    ressources naturelles indispensables au fonctionnement des industries et des économies des grandes puissances. Tour à tour, il sera examiné la signification de la maîtrise des sources de l'énergie dans le contexte contemporain (1) et l'incidence des stratégies de positionnement et de repositionnement des multinationales sur les guerres du Congo (2).

    1. Le sens de la maîtrise des sources d'énergie

    Dans le contexte actuel, la maîtrise des sources de l'énergie se pose comme un facteur sans lequel le rayonnement, l'attractivité ou la crainte qu'un acteur international peut inspirer à ses homologues s'effondreraient comme un château de cartes. Ce diagnostic de M. BEDJAOUI ne fait que conforter ce constat :

    «Depuis toujours, le contrôle des marchés extérieurs et la recherche des sources d'approvisionnement en matières premières et en énergie, ont constitué la trame de l'histoire universelle. C'est pourquoi, il est peu de conflit, ou de tensions graves dans les relations internationales, sans racines économiques. C'est que le conflit, c'est-à-dire l'opposition d'intérêts, semble comme devoir faire inévitablement partie de l'essence même de l'économie qui, par définition, antagonise des agents dont les objectifs sont de se « gagner », de se « vaincre » les uns les autres. Il apparaît au surplus que les biens matériels sont des signes qui déterminent les niveaux de puissance ou les rapports de pouvoir, tant il est vrai qu'il n'est en fin de

    92

    compte de pouvoir qu'économique ».

    Cette affirmation montre que contrôler et maîtriser les sources et les voies de transit de ces agrégats se pose aux Pays Développés comme un impératif majeur à un triple point de vue.

    Primo, la maîtrise des sources de l'énergie est une politique de souveraineté. Elle a une incidence sur la politique interne et sur les ambitions externes d'un Etat. Au plan interne, cette maîtrise est synonyme de relance de l'industrie et facteur de stabilité sociale. Dans ce sens, elle contribue à la prospérité et à la stabilité de la nation. Au plan externe, la pérennisation de la posture actuelle des Pays Développés sur la scène internationale est étroitement liée à cette ressource.

    Secundo, tourner le dos à la maîtrise des sources de l'énergie est une démission. Par cet acte, l'Occident renoncerait désormais à exercer son influence

    92M. BEDJAOUI, Préface, D. ROSENBERG, Le Principe de la souveraineté des Etats sur les ressources naturelles, Paris, LGDJ, 1983, p. 20.

    sur le monde. Par conséquent, il renoncerait également à la prospérité économique qui la caractérise aujourd'hui. Cette attitude est inadmissible. Les seules alternatives viables qui se dessinent sont celles de s'assurer de la maîtrise des sources de production, de sécuriser les voies de transit des approvisionnements, de garder jalousement les sources qui sont sous contrôle en s'assurant que des intrus ne s'y aventurent, enfin d'aller chercher ces ressources là où elles se trouvent si la nécessité le recommande. Les propos de ce stratège américain traduisent cette détermination des grandes puissances :

    « Une grande puissance comme les USA ne peut accepter que ses réserves de pétrole soient confisquées. S'il le faut, ils sont prêts à intervenir en Arabie Saoudite pour prendre le contrôle des champs pétrolifères. Une grande puissance ne saurait se laisser prendre en otage de la sorte »93.

    Tertio, les idées de rupture ou de pénurie des approvisionnements et même de menace de rupture des approvisionnements correspondent à des attitudes qui peuvent engendrer d'importants changements dans les habitudes d'un Etat. Ces idées sont particulièrement dangereuses. Pour cela, elles sont redoutées par les grands pays consommateurs d'énergie. Pour conjurer ce genre d'attitudes, toutes les manoeuvres, même les plus mesquines et cyniques, ont souvent cours. Cependant, peut-on affirmer ou infirmer qu'une compétition était engagée pour la maîtrise des approvisionnements congolais entre 1990 et 2002 ?

    2. Les guerres du Congo et les stratégies de positionnement et de repositionnement des multinationales

    En considération de ce tout ce qui a été dit précédemment, un faisceau d'indices précis et concordants rend particulièrement apparent le fait que les ressources naturelles ne sont pas sans incidence sur les conflits armés qui ont déstabilisés le Congo sur fond de démocratisation. Ceci est vérifiable surtout en ce qui concerne les hydrocarbones liquides et gazeux d'une part, et le bois d'autre part. Ces agrégats ont pesé de tout leur poids dans la survenance et par la suite dans

    93H. KISSINGER, in Jihan El TAHRI, « La Maison des SAOUD : pétrole, islam, Palestine, Etats-Unis », film documentaire sur l'histoire de l'Arabie Saoudite, ALEGRIA-ARTE France-BBC-WGBH, 2005.

    la pérennisation de cette atmosphère. Pendant cette période, le Golfe de Guinée dans l'ensemble et spécialement l'Angola et le Congo entre autres, présentaient des perspectives pétrolières très intéressantes (infra, p. 104, note 109). Pour cela, il était dans les lignes de mire croisées des multinationales de l'énergie américaines (a) et européennes (b).

    a. Les multinationales américaines

    Elles sont animées par une forte volonté de prendre pieds dans cette zone aux potentialités multiples et prometteuses. Le Congo pouvait servir efficacement leur idéal, d'autant plus que les autorités de cette époque émettaient des signaux dans ce sens en ouvrant ce secteur, jusque là chasse gardée de quelques entreprises européennes, à la compétition internationale. En plus, le gouvernement congolais à cette époque était en négociation avec le FMI. Quand on se représente le poids des USA dans la validation des décisions de cette institution, cela représentait un avantage indéniable du côté des américaines. En effet, ces dernières pouvaient solliciter et obtenir l'appui du gouvernement fédéral afin de faciliter leur conquête du marché congolais. La porte parole de l'exécutif congolais de cette époque nous a confirmé lors d'une causerie qu'«on leur avait promis des entrées au Fonds Monétaire International et à la Banque Mondiale »94. Certaines multinationales américaines de l'énergie, comme Occidental Petroleum, ont effectivement posé pieds à terre. Sa présence au Congo est confirmée dans ces termes :

    « 1993 : quelques mois après avoir été élu président du Congo, LISSOUBA décide de vendre une grande partie des ressources pétrolières du pays à la compagnie américaine Occidental Petroleum (Oxy). Une convention est alors signée, le 28 avril, entre son gouvernement et le patron d'Occidental Petroleum Congo Inc., David MARTINS »95.

    Ces entreprises américaines, il faut le souligner, participent du redéploiement de la politique des approvisionnements énergétiques des USA. C'est ce qui ressort de l'examen du Livre vert, que le vice-président américain, Dick CHENEY, avait remis au président G. W. BUSH en 2001. Olivier GUEZ rappelle pour nous l'une des

    94Entretien avec Mme Albertine LIPOU-MASSALA, Tunis le 05 février 2005.

    95G. GAETNER, «Quand LISSOUBA bradait son pétrole », L'Express, 08/03/2001, in http://www.lexpress.fr, site consulté le, 31/01/2005.

    principales orientations de cette politique. En effet, ce redéploiement vise à « stimuler l'offre mondiale afin de diminuer la dépendance des USA vis-à-vis du Moyen Orient, particulièrement l'Arabie Saoudite ; pour cela, le gouvernement américain conduit une intense offensive diplomatique pour disposer davantage de ressources à l'étranger, avec deux cibles majeures : l'Afrique et la région de la Caspienne »96. Allant dans le même sens, W. KANSTEINER confirme l'engouement américain pour les approvisionnements pétroliers en provenance de l'Afrique en affirmant que « le pétrole africain fait partie de nos intérêts stratégiques et son importance ira croissant »97. Cette nouvelle ambition africaine de « l'hyper puissance » est résumée par Pierre TERZIAN dans ces termes :

    « La deuxième observation concerne l'avancée indéniable des sociétés américaines petites ou grandes en Afrique. Cette avancée tient, bien sûr, à l'attrait du sous-sol africain et au désir de diversification général déjà signalé ; mais elle constitue un phénomène général et l'Afrique ne constitue pas une exception. Le fait est que le potentiel pétrolier des zones les plus connues des USA s'épuise [...] Dans leur désir de percer dans l'international, elles n'hésitent pas à faire de la surenchère pour enlever tel ou tel autre bloc d'exploitation à des

    98

    opérateurs plus traditionnels et à y déployer un excès de zèle [...] »

    Comme on peut le voir, ce redéploiement de la politique d'approvisionnement énergétique des USA vers le continent africain n'est pas sans incidence sur les intérêts des opérateurs traditionnels de cet espace, les multinationales européennes de l'énergie.

    b. Les multinationales européennes de l'énergie

    Les multinationales européennes de l'énergie, au premier rang desquelles la française Elf Aquitaine, sont présentent au Congo depuis longtemps (Supra, pp : 35-36). Désormais, Elf Aquitaine devrait accepter le principe du partage du gâteau avec d'autres multinationales à un moment où de nouvelles perspectives se

    96O. GUEZ, « Le Grand jeu pétrolier de Washington », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°98, Paris, Hiver 2002- 2003, p. 347.

    97W. KANSTEINER, cité par O. GUEZ, article cité, p. 347. (W. KANSTEINER est le monsieur Afrique de l'administration BUSH).

    98P. TERZIAN, « La Nouvelle donne du pétrole africain », in GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique numéro 63, Paris, PUF, octobre 1998, page 139.

    présentaient dans ce secteur (infra, p. 104, note 109). Aussi, devrait-elles se faire à l'idée de reconsidérer le régime d'exploitation, qui venait d'évoluer du système des concessions vers celui de partage de production, lequel acte faisait passer la part de l'Etat congolais à 33%, contre 17 % initialement.

    L'Etat congolais devenait on ne peut plus entreprenant dans ce domaine. Cela paraissait très inquiétant, car ces mesures étaient prises par un exécutif élu, correspondaient aux premières décisions prises par cette nouvelle génération des dirigeants et étaient décidées sur fond de crise aiguë entre les nouvelles autorités de Brazzaville et l'ancienne puissance colonisatrice. Cela augurait des lendemains nettement moins meilleurs pour cette compagnie qui jusque là était en situation de monopole. Dans les stratégies de sécurisation et de maîtrise des sources d'approvisionnement en matières premières stratégiques comme les hydrocarbones liquides et gazeux, l'attitude de Brazzaville appartient à la catégorie des comportements redoutés et proscrits. Cette attitude augurait une série de menaces sérieuses aux intérêts de la France au Congo.

    La France est le premier partenaire économique du Congo. Le secteur dominant dans les échanges est celui des hydrocarbones liquides et gazeux. De 1969 à 1996, la répartition de la production pétrolière entre le Congo et la France se faisait de la manière suivante : 60% pour la le groupe Elf aquitaine (la France) contre 40% pour les tous autres opérateurs, dont 13% pour le Congo et les 27% restant pour les autres opérateurs99. Le tableau suivant récapitule la répartition de la production pétrolière entre les différents opérateurs suivant le principe de partage posé plus haut.

    Les intérêts de la France au Congo sont ensuite historiques. En effet, Brazzaville a été la capitale impériale de la colonisation française en Afrique centrale et le point de départ des stratégies militaires et politiques pour libérer la France de l'occupation allemande. Au regard de tout cela, il est très peu probable que la France ait vu d'un bon oeil cette poussée américaine dans ses places fortes.

    99Ambassade de France, Mission économique du Congo, «La filière pétrolière au Congo», http://www.izf.net, rubrique espace entreprise du Congo, consulté le 10/02/2005.

    Ainsi, le «syndrome de Fachoda» a changé de direction et semble maintenant concerner Washington100.

    Tableau n°10. Répartition des quantités de pétrole entre le Congo et les multinationales
    de l'énergie 1969-1996 (en millier de tonnes)101

    Années

    1969

    1980

    1990

    1996

    Production (en millions

    de tonnes)

    ND

    3,3

    8

    10,4

    Congo (13%)

    ND

    393,939

    162,5

    125

    Elf Aquitaine (60%)

    ND

    1818,181

    3000

    576,923

    Autres opérateurs (27%)

    ND

    818,181

    337,5

    259,615

    Ce qui est certain, c'est que le cas de la guerre civile au Congo consacre l'intervention des multinationales relevant du domaine pétrolier, en l'occurrence les américaines et les européennes, à des degrés divers dans un Etat souverain. Les indices convergent pour fonder l'interprétation selon laquelle les guerres du Congo de 1990 à 2002 peuvent également se comprendre comme les prémices de la matérialisation d'une campagne visant à s'emparer de fabuleuses richesses de ce pays et de toute la zone, au premier rang desquels les hydrocarbones liquides et gazeux.

    Cette interprétation est certes polémique. Mais, elle se fonde sur deux éléments indiscutables : la dépendance des Pays Développés vis-à-vis de leurs importations en or noir et autres ressources naturelles indispensables pour le fonctionnement de leurs industries et pour leur prestige sur la scène internationale. C'est là, l'une des rares faiblesses de ces nations qui, soit n'en disposent pas directement sur leurs propres territoires, soit encore ils en disposent, mais les coûts de mise en valeur sont tellement élevés que l'importation paraît comme la meilleur

    100C. PULIDO ESCANDELL, « Les Nouvelles tensions France-Etats-Unis dans le pré carré africain », in, BACH, Daniel et SINDJOUN, Luc, (dir.), Enjeux stratégiques et gestion des crises en Afrique, Polis, Volume 4, n°02, nov. 1997, in http://www.polis.sciencespobordeaux.fr, consulté le 29/09/2004 ; voire également : A. GUICHOUA, «Les Nouvelles politiques africaines de la France et des Etats-Unis vis-à-vis de l'Afrique Centrale et Orientale», in, BACH, Daniel et SINDJOUN, Luc, (dir.), Enjeux stratégiques et gestion des crises en Afrique, Polis, Vol.04, n°02, nov. 1997, in http://www.polis.sciencespobordeaux.fr, consulté le 29/09/2004 ; également, C. ATLAN, J. LAUSEIG, « Les Approches françaises et américaines du maintien de la paix en Afrique », in BACH, Daniel et SINDJOUN, Luc, (dir.), Enjeux stratégiques et gestion des crises en Afrique, Polis, Vol. 04, n°02, novembre 1997, in http://www.polis.sciencespobordeaux.fr, consulté 29/09/2004.

    101Les statistiques sur la production pétrolière sont issues du Tableau n°07 : évolution de la production pétrolière, cité en page 38. Les calculs (déductions) sont de nous-mêmes.

    alternative. Ce fait justifie, dans une certaine mesure, l'hypothèse d'une rivalité de puissance entre les USA qui veulent s'installer et la France, présente depuis longtemps dans la zone, et qui est très déterminée à conserver ses acquis.

    Comme on a pu le constater, l'aventure inhérente à la mise en valeur de certaines matières premières relevant de l'exploitation de la forêt, d'une part, et des hydrocarbones liquides et gazeux d'autre part, a commencé au Congo à l'époque coloniale et dans les dix premières années qui ont suivies les indépendances. Depuis lors, la production du Congo s'accroît on ne peut plus chaque jour. Ainsi, sommes-nous en droit de nous demander si ces agrégats ont été de quelques avantages que ce soit dans la vie des Congolais, d'autant plus qu'actuellement le pays se trouve au sortir d'une série de guerres qui a modifié profondément les équilibres internes et qui donne au pays l'image d'un chantier sous tous les aspects. Quelles sont les conditions de possibilité d'une telle reconstruction ? Comme on peut le voir, cette question thématise le problème de la gouvernance globale du Congo pour les années à venir.

    Chapitre IV. La problématique de la gouvernance globale du Congo

    En 2002, la guerre est terminée. Il est temps de reconstruire le pays. Pour être efficace, ce processus de reconstruction post-conflit, quelque soit sa physionomie, se doit de prendre en compte le caractère éphémère des agrégats sur lesquels se fonde la dynamique de capitalisation de la richesse nationale et la nécessité d'expérimenter d'autres alternatives pour relativiser leur empire sur ce processus102. Ce dernier chapitre consacré au traitement de la question centrale de cette étude consiste en une prospective sur l'avenir du Congo après la série des guerres de 1990-2002, avec et après l'ère des ressources naturelles stratégiques. La première section examinera le fondement et les conditions de possibilité d'une politique de relativisation du triumvirat du pétrole, du gaz naturel et du bois dans la formation de la richesse nationale (Section I). La seconde section se focalisera sur la pertinence et la viabilité de cette entreprise de reconsidération (Section II).

    Section I. Plaidoyer pour une reconsidération du poids des ressources

    naturelles stratégiques dans la formation de la richesse nationale

    Cette section pose la problématique de l'épuisement des ressources naturelles sur lesquelles repose la richesse nationale depuis quatre décennies environ et les enjeux inhérents à cet état de faits. Pour cela, il est judicieux de montrer que le bois, les hydrocarbones liquides et gazeux sont des données conjoncturelles (A), et que fonder la richesse nationale sur ces trois ressources, seules, est une stupidité car, en terme de ressources renouvelables, le Congo affiche des alternatives en mesure de soutenir durablement sa modernisation (B).

    A. Les ressources naturelles stratégiques : des données conjoncturelles

    1. Le principe de non renouvellement

    Les trois ressources naturelles sur laquelle repose la richesse nationale à savoir : le bois, les hydrocarbones liquide et gazeux sont des agrégats

    102Il est question de l'empire du pétrole, du gaz naturel et du bois.

    conjoncturels. Elles sont limitées dans le temps suivant une triple orientation. En terme de nombre de pièces disponibles à travers l'ensemble du territoire, en terme de durée de vie d'unités effectivement valorisées, enfin en tenant compte de cet autre aspect que les pièces valorisées ne sont pas renouvelables.

    Dans des termes plus clairs, la principale orientation signifie que le nombre de gisements d'hydrocarbones disponibles à travers l'ensemble du territoire congolais est loin d'être infini. Ceci est vrai également pour les concessions de forêts primaires. Autrement dit, les unités existantes sont limitées, on peut les compter et les cartographier avec le temps. Cela signifie aussi qu'après avoir découvert et valorisé toutes les unités disponibles, il n'y aura plus rien à découvrir et à valoriser à terme.

    La mineure se décline en trois paramètres. D'abord, elle correspond à la période pendant laquelle on peut véritablement tirer profit des unités valorisées, qu'il s'agisse indifféremment d'un gisement d'hydrocarbones liquides ou gazeux, ou encore des espaces de forêts primaires. Cela signifie aussi qu'après avoir extrait le maximum de pièces qui constitue un gisement de pétrole ou une concession de forêt primaire, ils s'épuisent progressivement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à y extraire. Ainsi, en passant d'une unité à une autre, on réduit progressivement, jusqu'à l'épuisement complet, le nombre de gisements gazier, pétrolier ou de concessions de forêts.

    Ce dernier aspect paraîtrait incomplet s'il ne lui était pas annexé le fait que même les technologies les plus avisées de l'heure ne sont, non seulement pas capables de quantifier avec certitude le volume de pièces qu'on peut extraire d'un gisement d'hydrocarbones ou une d'une concession de forêt primaire, mais aussi d'évaluer leurs contenances réelles. Le langage consacré utilise le verbe «estimer» ou son substantif «estimation». Enfin, à tout cela il faut ajouter le fait qu'un Etat, technologiquement défaillant comme le Congo, ne dispose pas de capacité réelle à la fois pour contrôler et maîtriser les filières dont relèvent ces matières premières. Par exemple, il lui est difficile de contrôler sa filière pétrole : le rythme de la production, les quantités effectivement produites, la fréquence et les volumes des

    cargaisons. Tout dans ce domaine est soumis au bon vouloir des compagnies exploitantes. Comme on peut le voir, il se dessine des opportunités de farder.

    La dernière orientation correspond au fait que le renouvellement de ces agrégats ne dépend pas des subterfuges humains. Leur processus de régénération est soumis au bon vouloir de la nature, exceptée bien sûr le secteur de la forêt où on peut procéder par le reboisement pour renouveler la ressource.

    - Remarque

    Il ressort qu'avec les hydrocarbones liquides et gazeux associés au bois, on se retrouve dans le domaine de l'incertitude. Il semble stupéfiant que de pareilles industries, en l'occurrence pétrolière, qui reposent sur la science, la technique et la technologie se satisfassent des données incroyablement peu fiables, rendant tout travail de prévision extrêmement difficile et aléatoire. Ceci devient beaucoup plus inquiétant encore quand il faut subordonner l'avenir de tout un peuple à ces agrégats capricieux. Mais, cela n'est qu'une des dimensions qui faussent les efforts de prévision. En effet, ces dernières se compliquent de plus en plus avec les conditions de commercialisation de ces agrégats sur le marché international.

    2. Le principe de fluctuation des données fondamentales du marché

    Lorsque l'on compare les performances économiques et le taux de croissance des pays producteurs de pétrole avec ceux des pays qui en sont dépourvus, force est de constater que leurs résultats sont moins bons en général. Cette contre performance tient moins à la nature même de cette ressource et des recettes qu'elle procure qu'à la gestion de celle-ci. Le cas du Congo illustre parfaitement cet aspect.

    En effet, si la production pétrolière engendre des flux financiers unitaires considérables, il n'en demeure pas moins que ceux-ci sont souvent irréguliers parce que subordonnés aux cours, très instables, sur le marché international. Aussi, ces flux financiers unitaires plus ou moins considérables vont-ils plus ou moins directement dans les mains de l'Etat, c'est-à-dire de ses dirigeants. D'où, une plus grande responsabilité de ces derniers, comme la Conférence Nationale Souveraine

    l'avait déjà souligné, dans la gestion qui en résulte. La gestion des flux financiers engendrés par ces ressources a été non seulement très chaotique, mais aussi n'a pas toujours servi les objectifs de développement du pays. Ces raisons confirment le caractère aléatoire de cette ressource, renforçant ainsi l'idée selon laquelle c'est un grand danger pour un pays que d'asseoir l'essentiel de la dynamique de formation de sa richesse sur de pareilles ressources.

    La problématique soulevée ici est celle de la prévisibilité, de la régularité et de la stabilité des contreparties financières générées par ces ressources. Car, on ne saurait dire, non pas seulement avec certitude, mais aussi avec probabilité, la hauteur de leur contribution dans la formation de la richesse nationale si l'on s'en tient, bien sûr, à ces aspects. D'où, dans l'intérêt de la nation dans son ensemble, il convient d'asseoir le processus de formation de la richesse nationale sur des ressources renouvelables et prévisibles.

    B. Un paradigme de redéploiement du processus de formation de la richesse nationale

    Présentement, il est question de poser les conditions de possibilité d'un modèle de politique de création de la richesse nationale avec une faible emprise des ressources naturelles non renouvelables. Une telle entreprise consistera à mettre à contribution tout le potentiel économique renouvelable du pays. Dans cette optique, il sied de distinguer les filières renouvelables qui sont faiblement valorisées et qui méritent d'être renforcées (1) de celles qu'on pourra aménager ou créer (2).

    1. Du renforcement des secteurs renouvelables faiblement valorisés

    Le premier chapitre consacré au traitement de la problématique centrale a permis de constater que le territoire congolais présente plusieurs potentialités économiques (supra, pp : 24-34). Celles-ci sont encore très peu exploitées ou pas du tout. C'est précisément le cas de la filière agricole et de la filière élevage (Supra, pp : 30 ; infra, p. 95). C'est aussi le cas avec le potentiel touristique et le potentiel hydraulique (supra, pp : 29-30). Certes, la volonté de relance de ces

    activités est manifeste et a un écho très fort auprès des autorités locales appuyées par des partenaires locaux et étrangers, par exemple dans le domaine de l'agriculture et de l'élevage. La conduite de cette opération est assurée par Agricongo qui joue un rôle d'interface, c'est-à-dire d'accueil, de conseil, de formation, d'animation des activités de recherche, d'adaptation et de suivi socio- économique des filières et des opérateurs. Depuis peu, des opérations de relance financées par le gouvernement congolais et divers bailleurs de fonds bi et multilatéraux visent à développer une production maraîchère périurbaine.

    Dans le volet agriculture, les cultures visées sont, entre autres, les agrumes : mangues, bananes, ananas, litchis, etc. Dans le volet élevage, l'objectif visé est renforcer et d'exploiter au maximum le potentiel du pays en la matière. Le cheptel bovin est encore très peu important et exposé aux maladies diverses. Il diminue d'une année à l'autre : 70.000 têtes dans les années 1982 à 1986, 60.000 en 1990 contre moins de 50.000 actuellement103. L'élevage organisé est encore embryonnaire à l'exception des essais effectués actuellement par Agricongo. Cette tendance à la baisse incite les autorités à orienter les efforts vers d'autres espèces animales (ovins, caprins, porcins) dont les troupeaux restent en deçà des besoins nationaux. Mais, on ne peut s'empêcher de reconnaître dans l'ensemble que ces initiatives peinent véritablement à être mise en oeuvre et à produire des résultats concrets.

    Toutefois, certains secteurs sont en train de connaître une véritable renaissance. C'est le cas de la production de l'hydroélectricité. En effet, les anciennes installations sont en train d'être réfectionnées. Il s'agit de la centrale hydroélectrique du Djoué, 14 mégawatts. Construite sur la rivière Djoué, en bordure de Brazzaville et dotée de deux turbines, elle a été mise en service en 1953. L'autre unité à renforcer est la centrale hydroélectrique de Moukoukoulou, 70 mégawatts. Mise en service en 1978 sur la rivière Bouenza, à équidistance de Brazzaville et Pointe-Noire, elle est dotée de quatre turbines.

    103Ambassade du Congo au Cameroun, Section Consulaire.

    La grande nouveauté dans le secteur de la production de l'hydroélectricité reste le projet de barrage d'Imboulou, 120 mégawatts. Avec l'appui de la Chine, les travaux ont commencé il y a quelques années déjà. Théoriquement, il ne sera pas opérationnel avant l'année 2008. L'objectif poursuivi par ce projet est de couvrir le marché national dans un premier moment. Car, la production locale est loin de couvrir tous les besoins nationaux en électricité. Ainsi, le Congo importe-t-il encore une bonne partie de son électricité de la RDC. Dans un second moment, cette politique envisage la conquête de certains pays de la zone CEMAC. C'est-à-dire que dans les prochaines années, le Congo pourra fournir de l'électricité à certains de ses voisins. Notamment, ceux avec lesquels il est engagé dans le processus de l'intégration sous-régional : Le Cameroun, le Gabon, la RCA, la Guinée Equatoriale. Qu'en est-il du développement de nouveaux secteurs ?

    2. Vers la mise en valeur de nouveaux secteurs

    Il s'agit des secteurs économiques qui ont commencés à s'illustrer voici quelques années déjà ou qui vont connaître un essor dans les prochaines années. Parmi ces nouveaux secteurs figure en bonne place celui des forêts, notamment, les domaines situés dans l'aval de l'exploitation du bois (a) ; toujours dans cette catégorie des secteurs économiques émergents, il y a également les hydrocarbones solides (b).

    a. Les domaines de la filière du bois

    Le programme de valorisation des domaines de l'aval du bois coïncide avec la reconstruction du pays après les événements sociopolitiques de 1990 à 2002. Pour cela, on peut l'inscrire dans la droite ligne de la stratégie de diversification des sources de production de la richesse nationale et de la réduction de la prépondérance des hydrocarbones liquides et gazeux dans ce processus.

    Le premier objectif à atteindre au terme de ce programme est de transformer 600.000 m3 de grumes localement. Ceci vise, entre autres, à augmenter la valeur du bois et de ses sous produits à l'exportation. Le second objectif consiste en la mise

    en oeuvre d'un plan d'aménagement durable dans l'exploitation et la gestion des forêts. Il se focalise essentiellement sur la stabilisation de l'exploitation forestière et le renouvellement de la ressource. Dans la catégorie de nouveaux secteurs mis en oeuvre ou susceptibles de l'être, l'aval du bois n'a pas le monopole.

    b. Les hydrocarbones solides : un secteur à l'avenir prometteur

    Entre 1990 et 2002, aucun produit relevant de ce secteur ne faisait l'objet d'une exploitation commerciale. En 2005, ce statu quo subsiste toujours. Depuis peu, des tractations ont régulièrement cours pour valoriser des ressources naturelles issues de ce secteur.

    La priorité est orientée d'abord vers la rentabilisation des gisements de minerais de fer situés dans la province de la Sangha. Cette ressource fera l'objet d'une exploitation commerciale dans des délais imminents. C'est également le cas des mines de potasses de Mfoati, dans la Lékoumou, qui devront de nouveau reprendre de l'activité, conformément à un protocole qui vient d'être avalisé entre les autorités congolaises et un consortium de firmes sud africaines. C'est enfin le cas avec les diamants, à propos duquel le Congo est en train de négocier activement son entrée au processus de Kimberley. A court terme, la stratégie du gouvernement de diversifier les secteurs porteurs de l'économie s'applique à ces ressources. A long terme, elle visera les autres ressources de ce secteur : l'uranium, le cuivre, l'alumine et bien d'autres encore.

    - Remarque

    De ce qui précède il ressort que le Congo, si il le souhaite, peut s'offrir une alternative à l'empire du bois, des hydrocarbones liquides et gazeux sur l'économie nationale. Cette alternative peut reposer, à court terme sur les ressources naturelles non renouvelables comme les hydrocarbones solides, et à long terme sur les ressources naturelles renouvelables comme le bois, l'exploitation du potentiel touristique, hydraulique, agricole et au développement de l'élevage.

    En outre, la section précédente nous a permis de constater que les évolutions récentes imposent de reconnaître que les autorités congolaises sont sensibilisées du fait que les ressources naturelles, dites «stratégiques» dans cette étude, sont éphémères et que les guerres successives de la décennie 1990 ont causé beaucoup de tort au pays et à son processus de modernisation. C'est pour cela qu'elles essaient de mettre sur pied une politique de formation de la richesse nationale incluant le maximum des ressources que compte le pays pour assurer le bien être de la population. On ne saurait se dispenser de savoir si cette politique de reconsidération des sources de la richesse nationale post-conflit présente quelques indices de viabilité.

    Section II. Pertinence et viabilité du processus de reconstruction post- conflit

    La finalité poursuivie par cette section est de ressortir les chances de réussite de cette entreprise de reconsidération des sources de la richesse nationale. En effet, pour qu'elle produise réellement les effets attendus, elle ne saurait exclure d'une part, un volet installation des conditions de retour à la paix et la mise en place d'un très bon mécanisme de redistribution de la richesse nationale (A), et d'autre part, de poser clairement la problématique de la sécurité et de l'avenir du Congo avec les ressources naturelles stratégiques (B).

    A. L'équation interne : l'enjeu sécuritaire

    Pour être confiant en la capacité des Congolais à entreprendre tout en extirpant de ce cauchemar de ces dernières années le nécessaire travail de guérison, il est impérieux d'engager une pédagogie en direction de tous ces jeunes qui ont trouvé une raison de s'intégrer dans la société depuis que la violence est devenue un argument politique. Si à cet effort de retour à la paix est lié la relance des activités économiques (1), il n'en demeure pas moins que la problématique de la sécurité au Congo ne devrait plus se poser uniquement comme une simple équation interne (2).

    1. Le retour à la paix : une épineuse question

    Le retour à la paix est une problématique très importante dans le contexte actuel du Congo. Par conséquent, sa pertinence et sa viabilité devraient présenter des garanties satisfaisantes, étant donné que sur elle repose désormais le destin, non seulement de toute la population congolaise, mais aussi, en partie, celui des voisins avec lesquels le Congo est engagé depuis peu dans la dynamique de l'intégration.

    En effet, le processus destiné à réinstaurer cette atmosphère est engagé dès octobre 1997, c'est-à-dire quelques temps après la victoire des forces du PCT sur celles de l'UPADS. Elle a connu des temps forts : le forum national du 15 octobre 1997 qui a consacré la promulgation de l'Acte fondamental, la nouvelle base juridique du pays ; les accords de Pointe-Noire et de Brazzaville des 16 novembre et 29 décembre 1999 ; le dialogue national sans exclusive et toutes les autres étapes qui ont conduit à la série des élections de 2002. Le retour à la paix est destiné à susciter la confiance en la capacité des Congolais à entreprendre tout en leur permettant de se soustraire du cauchemar de ces douze dernières années.

    On peut convenir que les dés sont jetés avec les Accord du 16 novembre à Pointe-Noire et le 29 décembre 1999 à Brazzaville. Signés par toutes les parties en conflit, ces Accords ont relancé le processus de la restauration de l'État de droit et du retour aux institutions démocratiques. Ils consacrent, entre autres, la fin de la guerre, le retour des déplacés, l'amnistie des belligérants, la réinsertion des combattants, la libération des personnes encore détenues : miliciens, militaires et autres. Aussi, stipulent-ils que les combattants militaires de carrière doivent rejoindre leur corps d'origine. Les étapes de Pointe-Noire et de Brazzaville sont très significatives dans ce processus de pacification et de réinstauration d'une nouvelle atmosphère sociale et politique au Congo. Car, les militaires, les miliciens et divers autres mouvements engagés dans le conflit ont décidé de tourner le dos à l'affrontement et de renouer avec la vie ordinaire.

    Cependant, les autres entrepreneurs politiques adversaires du pouvoir actuel depuis leur exil en Occident -- l'ancien Président de la République, monsieur Bernard KOLELAS ou encore monsieur NGUILA MOUNGOUNGA-NKOMBO -- ont

    jusqu'alors rejeté toutes ces initiatives de pacification. Si le premier continue toujours de se considérer comme le chef d'État «constitutionnel » du Congo, en refusant de reconnaître l'actuel exécutif, le deuxième, plus radical encore rejette simplement la validité de ces accords de paix, avant de problématiser, la légitimité des chefs de guerre (leurs propres partisans) qui ont participé aux dits Accords.

    La deuxième étape de ce processus a été le dialogue national sans exclusive d'avril 2002, sous l'égide du gouvernement et du médiateur international, le Président El Hadj Omar BONGO ONDIMBA, le chef de l'Etat gabonais. Vaste espace de concertation, ce dialogue national se voulait sans exclusive, parce que ouvert à l'ensemble des composantes et des sensibilités de toute la société : aussi bien à l'élite, aux politiques, à la société civile qu'aux populations rurales104. Centré exclusivement sur le projet de constitution, il a visé à en améliorer les termes, non à débattre de la légitimité du pouvoir issu de la guerre du 05 juin 1997, reconnu aussi bien par la grande majorité des Congolais que par la Communauté Internationale, sauf par l'opposition en exil, laquelle n'a d'ailleurs pas été conviée à cette concertation105. Commencé dans les districts puis les chefs-lieux de régions, il a culminé à Brazzaville en une réunion qui a synthétisé, au palais du Parlement, les propositions d'amélioration du texte présenté par le gouvernement.

    Enfin, l'autre grande étape c'est successivement la préparation et la tenue de la série des élections de 2002 qui aux présidentielles, ont confirmé la victoire du général SASSOU N'GUESSO à la tête de l'Etat depuis octobre 1997. Parallèlement à tout cela, il faut reconnaître qu'un impressionnant travail de pédagogie est désormais orienté dans le sens de la promotion d'une véritable culture de la paix, particulièrement, en direction de tous ces jeunes qui ont servi jadis en qualité de

    104Cependant, les autres entrepreneurs politiques plus haut cités n'étaient pas conviés.

    105L'opposition en exil a bien voulu prendre part à ces assises. Mais, cela n'était pas de l'avis des organisateurs, le gouvernement en place à Brazzaville. La conséquence de cet acte c'est qu'elle n'a jamais accepté les décisions issues de cette concertation, a refusé de reconnaître les institutions en place à Brazzaville et continue de se considérer comme le gouvernement légal du Congo. La question qui s'impose ici, la problématique d'un véritable retour à la paix au Congo, ne doit-elle pas rassembler autour d'une même table tous les acteurs de la scène politique nationale, y compris ceux qui sont en exil ? Indéniablement, ces exclusions ont une incidence sur la paix, car il y a lieu de craindre l'instrumentalisation des chefs de guerre restés sur place par cette opposition. C'est effectivement ce qui est en train de se passer avec le pasteur NTUMI dans la région du Pool.

    milicien auprès des entrepreneurs politiques. L'objectif poursuivit ici consiste à leur faire comprendre que la période des turbulences est passée et que désormais la tâche qui s'impose à eux consiste à travailler la main dans la main afin de négocier leur place et celle de leur pays dans le concert des peuples et des nations du XXIème siècle.

    Aujourd'hui, cette dynamique de pacification semble convaincre bon nombre de personnes qui étaient d'abord pessimistes. La convergence de diverses initiatives en faveur de la paix rend peu à peu cette dynamique irréversible. Les ex-miliciens sortent progressivement de leurs maquis dans les régions sud du pays et promettent solennellement de ne plus faire la guerre, le pays est de nouveau en grâce avec la communauté financière internationale avec laquelle il vient de conclure un accord, qui à terme, pourra le confirmer dans le giron des PPTE.

    Si on ne peut pas encore affirmer qu'il existe une paix véritable au Congo, il sied de mentionner que beaucoup d'efforts sont déployés dans ce sens. C'est dans cette optique que, comparé à la majorité des pays qui ont connu une situation similaire, le cas du Congo paraît singulier. Car, aujourd'hui, l'on croirait à peine l'idée que ce pays sort d'une série de conflits armés particulièrement violents et qui ont profondément bouleversés les habitudes des populations et des institutions. La paix est certes là, tangible et le chemin pour l'instaurer est tracé. Mais, elle paraît encore très fragile et demande à être consolidée. Car, certains aspects de ce retour à la paix restent encore en suspens.

    Il reste en effet en suspens la question du désarmement et de la réinsertion des jeunes qui ont jadis servi en qualité de miliciens auprès des entrepreneurs politiques. Depuis le printemps 2003, le processus de retour à la paix dans le Département du Pool piétine. Les plans d'aide, qu'ils soient pour la réinsertion des ex-combattants ou pour le retour des populations déplacées dans leurs villages d'origine ne sont toujours pas opérationnels. Le Pool reste une zone d'insécurité. Les incidents multiples ciblant les trains de fret et de passagers entre Pointe-Noire et Brazzaville perturbent les activités économiques tant dans la capitale que dans le Pool. Les acteurs humanitaires présents dans la zone sont à plusieurs reprises

    victimes de pressions, d'intimidations, de vols et de violences de la part d'excombattants. C'est également le cas avec l'affaire des disparus du Beach qui n'est pas toujours pas réglée et qui ne cesse de saper l'équilibre entre les ethnies106 ; l'épineuse question de la redistribution équitable de la richesse nationale entre tous les ayants droits reste encore un véritable cauchemar.

    En outre, des coups d'Etats sont désamorcés régulièrement ; les questions liées au statut des anciens chefs de guerres et politiques, aussi bien ceux qui sont sur place que ceux qui sont en exil restent entières ; de temps à autres, des affrontements continuent dans certaines provinces du pays, comme dans le Pool, avec pour corollaires des villages détruits, des déplacements de populations sans compter des dizaines de morts et d'autres sortes d'exactions. Dans ces conditions, on constate que c'est très difficile d'attirer les investisseurs, lesquels se soucient avant tout de la prospérité de leurs affaires et de la sécurité de leurs avoirs. Cependant, doit-on continuer à concevoir la sécurité du Congo comme une question interne (quand bien même les véritables menaces proviendraient de l'intérieur), et par conséquent minimiser cette problématique au plan sous- régional ?

    2. La stabilité du Congo : une question de sécurité sous-régionale ?

    La problématique du retour à la paix au Congo ne devait plus être envisagée uniquement comme une question interne. Il en est de même de celle de la sécurité de ses voisins immédiats, fondamentalement ceux de la CEMAC. Car, cette investigation permet de constater que les conflits qui ont secoués ce pays ont eu ou menacé d'avoir des conséquences au-delà de cette échelle107. Ceci est d'autant plus dangereux parce que ces pays sont engagés dans une dynamique de synchronisation

    106En mai 1999, les 353 Congolais réfugiés à Kinshasa regagnent Brazzaville à l'initiative du HCR. Cependant, plusieurs d'entre eux ont disparu sans laisser de traces. Vraisemblablement, ils ont été enlevés et tués. Ils sont soupçonnés d'être des miliciens Ninjas. Depuis, les familles des disparus réclament des éclaircissements. Un procès est en cours actuellement pour retracer la vérité.

    107Notamment, ces conflits compliquaient la situation en Angola, le principe de l'unité de ce pays était gravement en jeu ; aussi, ces conflits menaçaient-ils les équilibres stratégiques de la sous-région avec des risques d'y introduire de nouveaux acteurs avant d'étendre le conflit à d'autres pays (Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, etc.) par l'effet domino.

    des habitudes politiques, stratégiques, économiques, sociales et culturelles. Or, la réussite d'une telle entreprise nécessite que la zone soit dégagée de facteurs susceptibles de remettre sérieusement en question la mobilité des individus et celle des biens. Ces raisons justifient qu'une pareille problématique mérite d'être posée désormais au plus haut niveau de l'élaboration de la décision politique et militaire dans le cadre des commissions spécialisées réunissant tous les Etats de la sous- région, notamment ceux de la CEMAC ou même de la CEEAC. L'effet recherché ici est de trouver, en dehors des réponses qu'un Etat peut apporter au niveau national, une solution analogue, sinon complémentaire, à ce même problème au niveau sous- régional.

    Dans cette optique, il est possible de remarquer que ce problème sécuritaire est désormais pris en compte directement dans le cadre de la CEMAC par les ministres de l'intérieur des pays membres. En effet, ceux-ci ou leurs experts se réunissent régulièrement pour porter à l'étude tel ou tel aspect lié à cette problématique. Mais, on doit souligner la nécessité pour ces commissions de dépasser ces cadres de concertations théoriques pour parvenir à une coopération effective et à la mise sur pied des unités sur le terrain. C'est là, un des défis majeur qui se pose à cet espace géographique pour les années à venir. Cependant, à ce niveau de la progression de l'analyse, une interrogation subsiste. En effet, le Congo a-t-il encore un avenir avec les ressources naturelles stratégiques ?

    B. L'avenir des ressources naturelles stratégiques au Congo

    1. Encore un bel avenir ?

    Le pays attire les pétroliers du monde en raison des importantes découvertes réalisées au cours des années récentes dans l'off shore profond et très profond. L'activité d'exploration est nettement moins avancée encore, mais le taux de succès rencontré et la taille exceptionnelle des premières découvertes laissent entrevoir de très forts espoirs108. C'est ici qu'intervient le facteur structurel. Car, l'industrie

    108Il s'agit des gisements suivants : Nkossa, Kitina et Mboundi.

    pétrolière et gazière a accompli une révolution technologique dont le public n'a pas encore mesuré l'ampleur et les conséquences.

    Aujourd'hui, grâce aux procédés développés depuis une quinzaine d'années (la sismique 3D, le forage à déport, etc.), non seulement on découvre de plus en plus de gisements et l'on produit chaque jour davantage, mais aussi on peut désormais opérer sur des gisements de taille modeste en on shore, inexploitables hier, car pas rentables économiquement.

    Désormais, on peut explorer, forer et extraire de l'or noir à plus de 3.000 mètres sous la colonne d'eau. En l'état actuel des réserves, la ressource est encore importante (Supra, Tableau n° 04 : réserves de gaz naturel et production en 1999, p.27 ; Tableau n° 05 : étendue du potentiel hydraulique, p. 30). Selon nos propres calculs, si le rythme actuel de production est maintenu, c'est-à-dire entre 13 et 14 millions de tonnes par an ou légèrement reconsidéré à la hausse, le Congo pourra encore produire de l'or noir dans les dix ou quinze prochaines années. Or, d'après les explorations récentes il se trouve que de la Côte d'Ivoire au Cap, 112 puits ont été forés par plus de deux cents mètres de profondeur d'eau. Parmi, 18 découvertes sont jugées économiquement rentables. De ces 18 découvertes, 15 sont situées dans la ZIC, aux larges des côtes angolaises et congolaises109. La pression des compagnies occidentales pour prendre pied dans ce nouvel eldorado se fait de plus en plus forte110. Ainsi, cette ressource pourra-t-elle encore jouer un rôle cardinal dans l'économie du pays, tant que les autres mécanismes ne produisent pas d'effets concrets pour remettre en cause son imposante contribution dans la dynamique de formation de la richesse nationale. Ce n'est pas si tôt qu'elles perdront cette centralité.

    109COLLECTIF, « Golfe de Guinée : situation et perspectives énergétiques », in GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, pp : 140-143.

    110A. D. OGOULAT, Article cité, http://www.stratisc.org, Consulté le 10/03/2005.

    2. Quelques observations

    Ce n'est pas certain qu'à l'heure actuelle, le génie de l'homme soit parvenu à trouver les moyens de substituer durablement la prépondérance des ressources naturelles, dont nous avons dit dans cette étude qu'elles étaient stratégiques, dans la vie de l'homme moderne par une ou plusieurs autres ressources. Cela est particulièrement vrai des hydrocarbones liquides et gazeux, qui apparaissent comme les plus stratégiques de toutes.

    En effet, la ressource de laquelle peut résulter un tel exploit est incontestablement le soleil. Or, scientifiquement, un tel projet présente à l'heure actuelle très peu d'engouement au niveau de la communauté des chercheurs, et la technologie disponible en la matière est encore très onéreuse. Ceci est très loin d'être une priorité pour le Congo, comme d'ailleurs pour tous les autres pays du Tiers-monde, confrontés à l'extrême pauvreté et plusieurs autres maux qui prennent le pas sur cette question.

    Il ressort d'un côté que les hydrocarbones liquides et gazeux resteront encore longtemps des agrégats indispensables à la civilisation moderne. Par conséquent, leur importance ira croissante. Ce constat ne fait que confirmer la centralité de ces agrégats, successivement dans les projections de puissance de certains acteurs système international, avec au premier rang les multinationales de l'énergie et dans la formulation des grands enjeux planétaires de l'heure.

    « La richesse des nations modernes, et donc leur rayonnement international, repose sur la capacité à maîtriser les sources d'énergies nécessaires à la bonne marche de leur économie. Charbon, pétrole, uranium, fleuves, forêts [... ] constituent aujourd'hui un enjeu tout aussi valorisé et disputé que l'étaient hier certaines matières premières (terres à blé, pâtures, épices, or et argent) »111

    Sans être un nouveau Moyen-Orient, l'Afrique, notamment ses provinces pétrolières est déjà et deviendra encore plus un acteur significatif de la scène pétrolière mondiale. Ainsi, les pays faibles, comme le Congo, sur le territoire desquels la présence de telles ressources est attestée se retrouvent dans la ligne de

    111J.P. PAUWELS et C. SWARTTENBROEK, «Union Européenne et approvisionnement énergétique : perspectives d'avenir », BONIFACE, Pascal, (dir.), Revue Internationale et Stratégique, n°29, Energie et relations internationales, Paris, Arlea, Printemps 1998, p. 99.

    mire des Pays Industrialisés à travers leurs firmes multinationales. Les ressources naturelles de ce pays sont importantes, tant en termes de réserves prouvées, que de quantité effectivement produites. On ne saurait, sans être accusé de mauvaise foi et de manque de cohérence, en soutenant l'idée selon laquelle les réserves prouvées et les quantités effectivement produites desdites ressources ne sont pas en mesure de soutenir les efforts de modernisation d'un acteur qui veut se faire une place sur la scène internationale. Ce n'est pas exclu qu'une compétition telle que celle observée dans cette étude (entre les compagnies américaines et européenne de l'énergie, etc.) se répète. Dans cette optique, il y a lieu de craindre des ingérences, des conflits d'intérêts et des guerres.

    Par ailleurs, il est également possible de constater que ce n'est pas certain que les années qui vont suivre consacrent de nouvelles découvertes de gisements «éléphants» comme par le passé au Congo. Ce n'est pas non plus certain qu'elles n'en consacrent pas du tout. Nous sommes ici dans le domaine de l'incertitude. Ces considérations ne font que renforcer l'urgence de penser et de mettre en oeuvre des stratégies de la création de la richesse avec une faible prégnance de ces agrégats.

    Au terme de la seconde partie consacrée à cette investigation il ressort que de par la nature même de leur métier, les multinationales de l'énergie se doivent de disposer des capacités d'information sur les intentions des gouvernements avec lesquels elles sont liées par des accords et d'anticipation sur les éventuels risques pour la stabilité locale ou pour la sécurité de leurs investissements. Les sommes colossales en jeu expliquent pourquoi elles tentent d'influer sur le cours de certains événements politiques dans les pays où elles sont déjà installées ou dans ceux où elles comptent le faire.

    Cependant, si leurs moeurs semblent s'être assagies dans d'autres zones, comme au Moyen-Orient et surtout en Amérique Latine, où elles ont été accusées d'être à l'origine de toutes les crises sociales et politiques des années 1960 et 1970112, il semble qu'elles n'ont pas encore renoncé à jouer ce rôle d'acteur occulte en Afrique. Le cas du Congo, objet de cette investigation, en est une illustration.

    En effet, il existe une forte interaction entre la préoccupation de disposer des sources d'énergie et les conflits que ce pays a connu. Ceux-ci sont conséquents à la rivalité exacerbée à laquelle se livrent les acteurs qui opèrent dans ce domaine. Leur capacité à mobiliser des sommes importantes leur permet de se donner des moyens d'agir directement ou indirectement. Aussi, le secteur stratégique dans lequel elles évoluent leur permet de disposer de liens spéciaux et de véritables moyens pour influencer, aussi bien les gouvernements dont elles ont la nationalité, que ceux des pays avec lesquels elles sont en intelligence commerciale, dans un sens favorable à leurs intérêts.

    Si, dans les deux cas, la distance qui sépare cette attitude de l'ingérence paraît déjà très étroite, elle l'est encore beaucoup plus dans le second, où des incursions dans le domaine de la souveraineté ont cours régulièrement. Doit-on justifier ces errements, parfois dignes des pratiques nazies, par le besoin de sécurisation des capitaux investis ou à investir, fussent-ils colossaux ?

    112P. BRAILLARD, DJALILI, M.-R., Les Relations Internationales, Paris, PUF, 1988, pp. 51-53.

    CONCLUSION GENERALE

    La fin de la confrontation Est-Ouest, consécutive à la désintégration de l'URSS, avait suscité un immense espoir de paix à travers le monde au début des années 1990. De fait, la plupart des conflits liés à cette situation ont depuis cette période connu un règlement satisfaisant. Par exemple la résolution de certains conflits africains, telle la guerre entre l'Erythrée et l'Ethiopie, la guerre civile du Mozambique et la confrontation entre la République Sud-africaine et les Etats de la «ligne de front». Or, moins d'une décennie après ce processus de recomposition géopolitique d'envergure, la paix demeure toujours illusoire dans plusieurs régions du monde. Parmi ces espaces géographiques voués à la conflictualité, il y a l'Afrique subsaharienne. En ce début de XXIe siècle, elle offre le spectacle d'une sismicité généralisée particulièrement violente qui refuse obstinément de quitter la scène. Rares sont les parties du continent Noir qui semblent véritablement échapper à cette logique.

    Les conflits du Congo de 1990 à 2002, principal objet de cette investigation, ne sont pas étrangers à ce contexte. La rivalité entre les protagonistes s'y est s'exprimée sous des formes diverses, avec une préférence pour l'affrontement armé direct. Les acteurs nucléaires sont appuyés par des partisans nationaux et par des adjuvants sous-régionaux, régionaux et internationaux. Entre eux, les alliances sont circonstancielles et interchangeables au gré des intérêts. Ces conflits apparaissent comme l'illustration même de cette logique versatile des intérêts de certaines grandes puissances, qui, de ce fait, l'a exposé à un processus de déstabilisation, dont les conséquences ont été imprévisibles. L'onde de choc de la rivalité a menacé au passage la paix et la sécurité sous-régionales.

    Ces conflits traduisent la complexité du jeu des puissances dans leurs désirs d'exploiter au mieux de leurs intérêts les ressources énergétiques, de les protéger et de maîtriser les rythmes de production ; les compromis nécessaires entre producteurs et acheteurs et le caractère essentiel du lien entre l'énergie et le développement social et économique. Dans ces affrontements, il y a un enjeu apparent, celui du contrôle des ressources naturelles, particulièrement les ressources pétrolières et gazières.

    Au Congo, le développement du secteur des hydrocarbones liquides et gazeux prend de plus en plus une importance particulière, même si ce pays ne peut prétendre constituer une alternative de quelque ordre que ce soit dans ce domaine. Ses réserves avérées ne représentent qu'environ un dixième de celles du continent. Mais, elles sont directement accessibles pour les multinationales occidentales, car situées en off shore. Or, l'exploration de l'off shore profond et très profond ne fait que commencer. Déjà, les premières recherches ont mis à jour de très excellentes perspectives d'avenir. Ces considérations l'exposent à un processus de déstabilisation dont l'un des objectifs est le contrôle de l'énergie. En effet, les entreprises et les Etats inscrivent leurs actions autour et le long des fractures géopolitiques induites par les rivalités entre les acteurs nucléaires. Tous les faits indiquent que les stratégies des acteurs les plus importants sont celles de la France et des USA d'une part, et de l'Angola d'autre part.

    Côté américain, pour la période allant de 1990 à 2002, la volonté de diversification des sources de pétrole est plus que jamais d'actualité. Les USA veulent réduire leur dépendance par rapport au Moyen-Orient. Le continent africain, de par sa situation géographique, est considéré par les États-Unis et l'Europe comme une source de pétrole privilégiée. Les États-Unis en particulier déploient depuis 1996 des efforts considérables pour multiplier les livraisons de pétrole en provenance du Golfe de Guinée. En témoignent par exemple, les visites du secrétaire d'État Colin POWELL en Angola et au Gabon en septembre 2002, de l'assistant du secrétaire d'État pour les Affaires africaines, Walter KANSTEINER, au Nigeria puis à São Tome et Principe. Ainsi, étaient particulièrement visés la plupart des producteurs de pétrole d'Afrique subsaharienne : le Nigeria, l'Angola, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Congo-Brazzaville qui développent déjà leur production, et le Tchad, le Cameroun et le Soudan qui sont en train de rattraper leur retard.

    La France par contre, n'est pas sans intérêts au Congo. Les intérêts les plus déterminants relèvent du secteur des hydrocarbones liquides et gazeux (supra, pp : 89-90). C'est ici un intérêt stratégique qui est étendu à une bonne partie de la côte

    Atlantique. Il est très peu probable que ce pays ait vu d'un bon oeil cette offensive américaine dans ses places fortes traditionnelles.

    Enfin, l'Angola était préoccupé à trouver une solution viable au différend qui l'oppose au FLEC et à l'UNITA, tout comme il redoutait l'instauration de nouveaux équilibres dans la région. Cette dernière attitude est contraire à sa volonté de s'affirmer comme une puissance militaire sous-régionale d'importance, en mesure de sécuriser ses richesses et celles de ses voisins, avant d'améliorer significativement sa posture de deuxième puissance pétrolière de la zone après le Nigeria.

    Comme on peut le voir, ces acteurs défendent sans scrupules les positions qui correspondent à leurs intérêts. Pour cela, ils ont des responsabilités identifiables dans le développement de ces situations belliqueuses. Mais, il n'en demeure pas moins que les guerres qui ont lieu au Congo sont d'abord des processus de crise nourris de la logique interne des enjeux sociaux, engageant dans l'affrontement non pas des étrangers mais des proches. Une scène des combats à Brazzaville, décrite par J. TONDA de l'Université de Brazzaville, illustre cette thèse de la primauté de la dimension sociale de la guerre :

    « Durant une journée de juillet 1997, les combattants des milices rivales décidèrent, apparemment sans prendre l'avis des directions politiques, un cessez- le-feu durant lequel ils purent accélérer les pillages sans être perturbés par les armes. Ils pactisèrent même en reprochant à leurs chefs de les envoyer se faire tuer tandis que ceux-ci avaient mis leurs enfants à l'abri à l'étranger. La conscience d'une condition commune de classe fut vive, en ces heures, dans cette population qui désigna par le pillage en commun du Centre-ville, centre du pouvoir politique, mais aussi du pouvoir économique, l'objet fondamental du différend de classe : le rapport inégal « aux choses des Blancs » ; objet de toutes les envies, de tous les fantasmes et donc des frustrations explosives. »113.

    Ce type de situation attire l'attention. Son dévoilement oblige à prendre des distances par rapport à des interprétations qui verraient dans les mobilisations politiques, aussi bien pacifiques que violentes, le seul résultat de l'instrumentalisation de l'ethnicité ou de la jeunesse, ou d'autres clivages encore,

    113J. TONDA, « La guerre dans le «Camp Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la consommation/consumation », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congo dans la guerre, Politique africaine, n°72, 1998, http://www.politique-africaine.com, consulté le 02 mai 2005.

    par les entrepreneurs politiques ou encore des politiques par les multinationales. Cette autonomie relative des logiques de la violence montre les limites des appareils politiques, ceux des États comme ceux des entités qui contestent l'Etat. Elle explique par la même occasion la difficulté de mettre en oeuvre des protocoles de retour à la paix. I1 en est de même de la persistance de la violence qu'on observe encore aujourd'hui en périphérie de Brazzaville et dans certaines provinces du pays. Cela suggère que l'Etat dont il est question ici n'est pas une instance de contrôle de la violence physique sur un territoire, c'est un Etat qui n'est ne s'impose pas par sa capacité à satisfaire les besoins primaires de sa population. Dans ces conditions, un véritable retour à la paix civile devrait d'abord chercher son expression dans les agencements locaux de la circulation de la richesse nationale. En d'autres termes, le retour à la paix repose sur la capacité des décideurs à répercuter l'ensemble de la richesse de la nation sur toutes les composantes de la société.

    L'utilisation des revenus pétroliers, principale richesse de la nation, par les pouvoirs en place suscite les interrogations croissantes de l'opinion publique en raison de leur faible impact, sur la vie quotidienne des citoyens et sur le développement économique. Un audit récent des comptes de la SNPC par les consultants MCKENZIE et Arthur ANDERSEN, a révélé que des sommes importantes n'étaient pas reversées au Trésor national. D'où, le développement du militantisme des ONG autour de l'Eglise catholique114. Cette institution a engagé une action en faveur de la transparence dans l'utilisation des revenus pétroliers, qui s'est concrétisée par la publication en juin 2002, d'une déclaration officielle des évêques sur la gestion de la rente pétrolière.

    On ne peut espérer une paix pérenne si la question de l'emploi et de l'insertion des jeunes n'est pas résolue. Car, il n'est de développement durable que s'il ne

    114Cette démarche pose la nécessité d'amorcer le débat public sur l'opacité de la gestion des revenus pétroliers. Une publicité de la gestion de ces revenus est importante dans la mesure où elle permet de placer le gouvernement et les compagnies pétrolières sous le regard critique de la population locale et de la Communauté Internationale. Cette démarche vise la transparence et la bonne gestion.

    s'appuie sur les éléments les plus valides et les plus énergiques de la société : les jeunes. Ce problème de la jeunesse apparaît comme l'un des défis majeurs du Congo de notre époque.

    Si l'Afrique en général est hors jeu du point de vue des échanges entre les nations à l'heure actuelle, cette réalité ne s'applique pas toujours à toutes les régions et à tous les produits issus de ce continent. Car, il existe des régions qui suscitent un tel intérêt qu'aujourd'hui, elles sont le point de convergence de toutes les stratégies de puissance de certains acteurs influents de la scène internationale. Loin d'être hors jeu, les régions utiles du continent sont un enjeu de confrontation entre les puissances occidentales et entre ces dernières et certaines puissances à vocation continentale, l'Afrique du Sud, l'Angola et le Nigeria.

    Ainsi, ce qu'on ne semble pas vouloir admettre, c'est que l'Afrique est revenue au centre des préoccupations des puissances industrielles. Parmi les ressources qui sont à l'origine d'un tel regain d'intérêt du continent par les puissances industrielles figurent en bonne place les hydrocarbones liquides et gazeux. En effet, le gaz naturel et pétrole couvrent désormais les deux tiers de la demande énergétique mondiale. Dans ce sens, il est une matière première stratégique de première importance qui satisfait à lui seul 40% des besoins en énergie de la planète. Il présente de plus une particularité fondamentale : c'est la source quasi unique de carburants pour les voitures, les camions, les bateaux et les avions. Sans pétrole, l'activité économique s'arrête, les armées sont paralysées. Le pétrole est donc une ressource vitale pour les États. Dans cette optique, le pétrole et le gaz naturel sont un enjeu potentiel de guerre.

    Il semble aujourd'hui admis que l'Afrique, sans être un nouveau Moyen- Orient, est déjà et deviendra encore plus à moyen terme un acteur significatif de la scène pétrolière mondiale. Si l'exploitation pétrolière de ce continent est relativement récente par rapport aux autres grandes zones que sont les USA, la Russie, le Moyen-Orient ou l'Amérique du Sud, il bénéficie de plusieurs atouts qui devraient favoriser son essor, notamment pour sa partie subsaharienne. Tout d'abord les progrès techniques, notamment au niveau de l'exploitation offshore,

    rendent désormais très facilement exploitables, et à des conditions économiques compétitives, les gisements situés dans le golfe de Guinée. Le pétrole produit est de très bonne qualité et cette région jouit d'un excellent positionnement par rapport aux marchés consommateurs : Europe et Etats-Unis. Ainsi, les pays d'Afrique sur le territoire desquels la présence de telles ressources est attestée se retrouvent dans la ligne de mire des firmes multinationales occidentales, justifiant l'hypothèse d'une Afrique victime de la convoitise de ses multiples richesses. Ainsi, la conflictualité observée dans ces régions de l' «Afrique utile» s'explique partiellement par des motivations de positionnement, de repositionnement et par la détermination des firmes multinationales de vouloir toujours conquérir de nouveaux marchés et de réaliser des profits à tous les coups.

    Toutefois, si l'aventurisme des multinationales pétrolières n'est pas exempt de reproches, les hypothèses de la rivalité de puissance et de contrôle global de l'énergie ont pour effets pervers de présenter les politiques congolais comme de simples marionnettes et d'absoudre à bon compte leurs errements et leur incapacité à proposer des projets de développement viables. Dans un tel contexte, leurs responsabilités ne peuvent être que difficilement ou partiellement mises sur la sellette. D'autres paramètres, à l'instar des questions ethniques depuis la Traite des Noirs115, les luttes de positionnement des politiques, la monopolisation de l'appareil étatique et de sa richesse par des groupes ethno-régionaux qui ont toujours été en toile de fond des crises successives que ce pays a connues depuis son indépendance, sont également des facteurs déterminants dans l'avènement de cette situation.

    115Pendant la Traite, certaines ethnies étaient utilisées pour faciliter l'assujettissement de plusieurs autres. Cet état de faits a généré des rancunes qui ont perduré avec le temps, lesquels expliquent partiellement les conflits actuels par le désir de vengeance. A ce sujet, Cf. Y. LACOSTE, «Géopolitique des tragédies africaines», Hérodote, n°111, Tragédies africaines, Paris, La Découverte, 4ème trimestre 2003, pp : 3-4.

    ANNEXES

    Série 1. Les arsenaux des protagonistes

    (Sources des illustrations : CESA et le Conseil des Stratèges des trois armées Tunisiennes).

    Photo n°01 : Iliouchine 76

    L'Iliouchine 76 big est un joyau technologique de la firme soviétique Ilyushin Corporation. Il est spécialisé dans le transport des cargaisons lourdes et de gros gabarit. Possédé par le camp gouvernemental, cet appareil a été mis à contribution dans le transport du matériel militaire lourd et super lourd, dans le transport des hélicoptères de combat (en pièces détachées des lieux d'achat vers Pointe-Noire où ils ont été monté dans les ateliers militaires) et de celui des produits alimentaires destinés aux combattants.

    Photo n°02 : Hercule C-130

    Le Hercule C-130 est de fabrication américaine. Comme l' Iliouchine 76, il est spécialisé dans le transport des cargaisons lourdes et de gros gabarit : les pièces des centrales électriques, des pièces d'assemblage pour l'industrie pétrolière, des pièces et moteurs pour avions immobilisés, de satellites pour missions spatiales, etc. Possédé par le camp gouvernemental, il a joué le même rôle l'Iliouchine 76.

    Photo n°03 : Antonov 24

    D'origine soviétique, l'Antonov 24 peut s'adapter à des aéroports de circonstance et remplir des missions hétéroclites : évacuation des blessés, transport du matériel militaire léger, des troupes, etc. Il a été décisif dans le tournant de la guerre : c'est avec ce type d'appareils que le camp du PCT, via l'Angola, est parvenu à ouvrir le front Sud-ouest ; c'est encore avec ce type d'appareil que s'opérait le ravitaillement du PCT par le biais des facilités aéroportuaires gabonaises ; enfin, c'est avec cet appareil que le camp gouvernemental commerçait avec l'UNITA.

    Photo n°04 : hélicoptère MI-24

    D'origine soviétique, l'Hélicoptère MI-24 est un appareil de combat redoutable. Possédé par le camp gouvernemental, il est entré en action, comme d'ailleurs tous les autres hélicoptères ci-dessous, à partir du mois d'août 1997 en bombardant massivement les positions adverses dans les quartiers Nord. Il est équipé d'une mitrailleuse de 12,7 mm quadritube en tourelle, de 4 paniers de 62 roquettes ; de 4 paniers de 32 missiles anti-char AT2 «Swatter» à guidage infrarouge. Le Hind est opérationnel dans la lutte anti-char, l'assaut terrestre, l'évacuation des blessés, des civils et dans les missions commandos. Il vole à une vitesse maximale de 320 km/h et à un plafond opérationnel de 4500 mètres. Son rayon d'action au combat est de 220 km. Son entrée en action a procuré une avance indéniable au camp gouvernemental sur son adversaire.

    Photo n°05 : hélicoptère Puma 330 L

    Photo n°06 : hélicoptère Super Puma

    L'hélicoptère Puma 330 L et l'hélicoptère Super Puma sont de fabrication française. A quelques exceptions, ils ont les mêmes capacités opérationnelles que l'hélicoptère MI 24 déjà présenté plus haut, photo n°04. Ces appareils ont été utilisés par le camp gouvernemental dans les mêmes circonstances que l'hélicoptère MI-24.

    Photo n°07 : bombardier MIG 21

    Le MIG-21 «Fishbed» est l'avion de combat soviétique le plus prolifique de l'après deuxième grande guerre. Il appartient à la catégorie des chasseurs bombardiers. Comme armes, il possède un radar très performant, «Jay bird», spécialisé dans les recherches et les poursuites, un canon de 30 mm, deux missiles air-air AA-2 «Atoll» et de deux paniers d'environ 94 roquettes chacun. Ce type d'appareil a été mis en oeuvre dans les dernières heures des hostilités par le camp du PCT avec l'aide de son allié le plus important, l'Angola. Il a forcé l'issue du conflit en faveur des forces du PCT.

    Photo n°08 : Eagle

    Véhicule blindé spécialisé dans la facilitation des communications entre les différentes unités combattantes et les centres de décisions. Il a été aligné par le camp gouvernemental. Toutefois, il peut aussi remplir d'autres missions : évacuation des blessés, transport des troupes, etc. Comme le BRDM 2 NTC et le BTR 90 ci-dessous, il figurait au nombre des véhicules qui étaient venus attaquer la résidence privée de l'ancien chef de l'Etat, le leader des forces du PCT, le 05 juin 1997.

    Photo n°09 : BRDM 2 NTC

    Photo n°10 : BTR 90

    Le BRDM 2 NTC et le BTR 90 sont spécialisés dans l'appui des mouvements des fantassins ou encore destinés à baliser le terrain avant que ceux-ci ne commencent leurs opérations. Ces engins font partie de la catégorie artillerie lourde.

    Photo n°11 : Tank T-55

    Le Tank T-55 est un char de fabrication russe. Il est armé d'un canon de 125 mm, de 30 obus couplés à deux mitrailleuses montées en tourelles : l'une de 12,7 mm et l'autre de 7,62 mm. Il dispose d'un important blindage et ne nécessite que deux personnes pour être opérationnel : un conducteur-canonier et un mitrailleur de tourelle.

    Photo n°12 : BM 21

    De fabrication soviétique, le BM-21 est la version moderne des «Orgues de STALINE». C'est une pièce d'artillerie redoutable et extrêmement pratique. Elle provoque un déluge de 42 roquettes en quelques fractions de secondes. Sa spécificité c'est qu'elle peut atteindre plusieurs cibles en même temps. Deux personnes, un tireur et conducteur, suffisent pour le mettre en marche. Le BM 21 a été mis en oeuvre par les deux camps.

    Dans la catégorie des armes individuelles, les principaux types utilisés par les deux parties vont de la AK-47 aux mortiers, en passant par d'autres types de fusils mitrailleurs aussi sophistiqués que les MG-15, MG-34 et MG-42, le SA-80, les RPG et les M-249. Les photos ci-dessous illustrent quelques unes d'entre elles.

    Photo n°13 : AK-47

    Photo n°14 : SA-80

    Photo n°16 : M-249

    Photo n°17 : RPG

    Série 2. Quelques dégâts matériels (Sources : Médecins Sans Frontières)

    Photo n°01 : habitation détruite (un village de la province du Pool)

    Photo n°02 : habitation détruite (un village de la province du Pool)

    Photo n°02 : habitation détruite (un village de la province du Pool)

    Série 3. Quelques documents administratifs

    (Sources : REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres du Congo-Brazzaville : novembre 1993- janvier 1994, 05 juin-15 octobre 1997, T. I. Collection Documents pour l'Histoire, sans lieu, sans date, 232 pages)

    Document n°01 : extrait du cahier de charges d'un prestataire de services liés à la guerre.

    Document n°02 : facture de livraison des appareils militaires au gouvernement congolais.

    Document n°03 : fiche d'information d'un élu local au Président de la République.

    Document n°04 : garantie de prêt gageant les ressources naturelles du pays.

    Document n°05 : garantie de prêt.

    Document n°06 : contrat de prêt gageant les ressources naturelles du pays.

    Document n°07 : prise de contact entre le leader du PCT et le président Elf aquitaine.

    131

    Document n°08 : proposition de service de communication.

    BIBLIOGRAPHIE

    A. Les Ouvrages

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    *AMIN, Samir, COQUERY-VIDROVITCH, Catherine, Histoire économique du

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    *BERNAULT, Florence, Démocratie ambiguës en Afrique Centrale, Congo-

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    *REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres du Congo-Brazzaville : novembre 1993- janvier 1994, 05 juin-15 octobre 1997, T. II., Collection Documents pour l'Histoire, sans lieu, sans date, 996 pages.

    2. Ouvrages annexes

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    *BRAILLARD, Philippe, DJALILI, Mohammad-Reza, Les Relations Internationales, Paris, PUF, Collection que sais-je ? 1988, 128 pages.

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    *ZARTMAN, I. William, (dir.), De l'effondrement de l 'Etat. Désintégration et restauration de l'autorité légitime, Paris, Nouveaux Horizons, 1997, 314 pages.

    3. Ouvrages méthodologiques

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    *JUAN, Salvador, Méthodes de recherches en sciences socio humaines. Approches critiques des techniques, Paris, PUF, 1ère édition, 1999, 304 pages.

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    B. Les Périodiques

    1. Les articles de revues

    a. Les articles spécialisés

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    b. Les articles annexes

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    *SAVOYE, Jean, « Pétrole et la guerre d'Angola », in BONIFACE, Pascal (dir.), Energie et relations internationales, Revue Internationale et Stratégique, n°29, Paris, Arlea, Printemps 1998, 216 pages, pp : 176-189.

    *SMITH, Stephen, « France-Afrique : la fin d'une époque », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°67, Paris, Printemps 1995, 440 pages, pp : 265- 283.

    *TERZIAN, Pierre, « La Nouvelle donne du pétrole africain », in GARAUD, Marie- France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique numéro 63, Paris, PUF, octobre 1998, 156 pages, pp : 134-139.

    *VILLEPIN (de), Xavier, « La Politique française en Afrique à l'aube du nouveau siècle », in BONIFACE, Pascal (dir.), Une Voie venue d'Afrique, Revue Internationale et Stratégique, n°46, Paris, PUF, Eté 2002, 216 pages, pp : 143-148.

    2. Les interviews dans les revues

    *« Quels nouveaux outils pour repenser le développement avec l'Afrique ? », entretien avec Michel ROCARD, in BONIFACE, Pascal (dir.), Une Voie venue d'Afrique, Revue Internationale et stratégique, n°46, Paris, Eté 2002, 216 pages, pp : 89-96.

    *« L'Afrique et la France : quelles perspectives ? Rénover les relations franco africaines », entretien avec Denis TILLINAC, in BONIFACE, Pascal (dir.), Une

    Voie venue d'Afrique, Revue Internationale et stratégique, n°46, Paris, Eté 2002, 216 pages, pp : 137-142.

    *« La France et la sécurité de l'Afrique », entretien avec Paul QUILES, in

    BONIFACE, Pascal (dir.), L'Afrique entre guerre et paix, Revue Internationale et

    stratégique, n°33, Paris, PUF, Printemps 1999, 280 pages, pp : 218-221.

    *« Grands Lacs : les clés d'une guerre sans fin », entretien avec Gérard PRUNIER,

    in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°82, Paris, Hiver 1998-99,

    488 pages, pp. 363-376.

    *« Congo-Brazzaville : cap sur la démocratie », entretien avec Denis SASSOUNGUESSO, in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°81, Paris, Automne 1998, 504 pages, pp : 311-328.

    *« FMI : le pompier pyromane », entretien avec Jeffrey SACHS, in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°80, Paris, Eté 1998, 456 pages, pp : 09- 25.

    *«L'Avenir du Pétrole », entretien avec Pierre TERZIAN, in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°80, Paris, Eté 1998, 456 pages, pp : 145-156.

    *« Le Pouvoir en Afrique », entretien avec Pius NGANDU-NKASHAMA, in GARAUD, Marie-France, (dir.), L'Afrique acteur ou enjeu ? Géopolitique numéro 63, Paris, PUF, octobre 1998, 156 pages, pp : 30-37.

    3. Les mensuels, les hebdomadaires et les quotidiens

    *GAETNER, Gilles, «Quand LISSOUBA bradait son pétrole », L'Express, 08/03/2001, in http://www.lexpress.fr.

    *HUGUEUX, Vincent, « Les Sacrifiés de Brazza », L'Express, 22/07/1999, in http://www.lexpress.fr.

    *HUGUEUX, Vincent, « Le Brut et les truands », L'Express, 23/10/1997, in http://www.lexpress.fr.

    *Le FLOCK-PRIGENT, Loïk, « La Confession de Le FLOCK-PRIGENT », L'Express, 12/12/1996, in http://www.lexpress.fr.

    *LISSOUBA, Pascal, « TARALLO m 'a proposé des armes», Le Figaro, 19/12/2001.

    *SMITH, Stephen, « Le Professeur follamour et les vendeurs d'armes », L'Autre Afrique, 18-24 février 1998.

    C. Thèses et mémoires

    *MVOMO ELA, Wullson, Conflits ethniques et stratégies indirectes en Afrique centrale. La France et les Etats Unis dans les guerres du Congo-Zaïre et du Rwanda de 1993 à 1997, Mémoire de DEA en stratégie, Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris, Sorbonne, 2001, 202 pages.

    *ONDOA, Thomas Didyme, Construction d'un espace de sécurité en Afrique Centrale post-Guerre Froide : entre action des Nations Unies et interventions des puissances étrangères, Mémoire de DESS en Relations internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2005, 166 pages.

    D. Brochures et rapports de missions

    *AUBERT, Marie-Hélène, BRANA, Pierre, BLUM, Roland, Pétrole et éthique : une conciliation possible ? T. I, Paris, Assemblée Nationale, Commission des affaires étrangères, 1999, 228 pages.

    *AUBERT, Marie-Hélène, BRANA, Pierre, BLUM, Roland, Pétrole et éthique : une conciliation possible ? T. II, Paris, Assemblée Nationale, Commission des affaires étrangères, 1999, 302 pages.

    *BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : investir dans la santé, Washington, 1993, 340 pages.

    *BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : une infrastructure pour le développement, Washington, 1994, 278 pages.

    *BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : le monde du

    travail dans une économie sans frontières, Washington, 1995, 290 pages. *BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : le savoir-

    faire au service du développement, Washington, 1998-1999, 280 pages.

    *CHARASSE, Gérard (dir.), Le Congo-Brazzaville après la guerre civile : un pays à reconstruire, Assemblée Nationale, Commission des Affaires étrangères, Paris, 200, 28 pages.

    *NKUNBAGENZI, Félix, L'Union Européenne et la prévention des conflits en Afrique : concepts et instruments d 'un nouvel acteur, rapport du GRIP, 2 000- 2003, 70 pages.

    *VILLEPIN, Xavier De, (dir.), Missions au Cameroun et au Congo. Rapport d'information n°376, Sénat, Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées, Paris, 2001, 96 pages.

    *WORLD BANK, World development report: the State in a changing world, Washington, 1997, 280 pages.

    *World Energy Council, Potentiel de développement intégré de l'énergie au plan régional en Afrique, Document de travail 2003, rubriques «Géographie énergétique/pétrole», http://www.worldenergy.org.

    *World Energy Council, Potentiel de développement intégré de l'énergie au plan régional en Afrique, Document de travail 2003, rubriques «Géographie énergétique/gaz naturel», http://www.worldenergy.org.

    *World Energy Council, Potentiel de développement intégré de l'énergie au plan régional en Afrique, Document de travail 2003, rubriques «Géographie énergétique/hydroélectricité», http://www.worldenergy.org.

    E. Documents audiovisuels

    *El TAHRI, Jihan, La Maison des SAOUD, pétrole, islam, Palestine, Etats-Unis, ALEGRIA-ARTE France-BBC-WGBH, 2005, 103»25'.

    *LEPETIT, Jean-François, Le Monde selon Georges Walker BUSH, Flach Film MMIV, France 2, RTBF, TSR, CNC & SBS, septembre 2004, 92»32'.

    *M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), Le Temps des indépendances, in

    Afrique une histoire sonore 1960-2000 CD n° 01, Paris, RFI-INA, 2000, 71»55'.
    *M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), Les Indépendances, in Afrique

    une histoire sonore 1960-2000 CD n° 02, Paris, RFI-INA, 2000, 73»02'.

    *M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), Le Temps des partis uniques, in

    Afrique une histoire sonore 1960-2000 CD n° 03, Paris, RFI-INA, 2000, 72»31'.
    *M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), Vers la démocratie, in Afrique une

    histoire sonore 1960-2000 CD n° 04, Paris, RFI-INA, 2000, 71»28'.

    *M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), La Baule et après, Afrique une histoire sonore 1960-2000 CD n° 05, Paris, RFI-INA, 2000, 72»00'.

    *M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), L'Unité africaine : une longue marche, in Afrique une histoire sonore 1960-2000 CD n° 06, Paris, RFI-INA, 2000, 72»12'.

    *M'BOKOLO, Elikia et SAINTENY Philippe (dir.), Les Relations franco-africaines,
    Afrique une histoire sonore 1960-2000 CD n° 07, Paris, RFI-INA, 2000, 73»08'.

    F. Les Usuels

    *CANTO-SPERBER, Monique (dir.), Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale, Paris, PUF, 3èmeédition, 2001, 1840 pages.

    *COLECTIF, Le Dictionnaire hachette encyclopédique, Paris, Hachette Edition, 2002, 1860 pages.

    *MONTBRIAL, Thierry de, et KLEIN, Jean, (dir.), Dictionnaire de la stratégie,

    Paris, PUF, Collection Grands dictionnaires, 1ère édition, 2000, 624 pages. *SMOUTS Marie-Claude, BATTISTELA, Dario, VENESSON, Pascal, Dictionnaire

    des relations internationales, Paris, Dalloz, 2003, 506 pages.

    TABLE DES MATIERES

    DEDICACE IV

    REMERCIEMENTS V

    ABREVIATIONS ET SIGLES VI

    LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET TABLEAUX VIII

    REPERES CHRONOLOGIQUES IX

    INTRODUCTION GENERALE 1

    I. L'objet de l'étude 4

    II. Justification de l'objet d'étude 7

    III. Intérêt de l'étude 9

    IV. Etat de la question 9

    V. Objectif de l'étude 14

    VI. Problématique 14

    VII. Hypothèses de l'étude 15

    VIII. Cadre théorique de l'étude 15

    1. Le réalisme 16

    2. Le transnationalisme 16

    a. La géopolitique 17

    b. La géostratégie 18

    IX. Clarification des concepts 18

    1. La notion de conflit armé 18

    2. La notion de puissance 19

    3. La notion de ressources naturelles stratégiques 19

    4. La notion de firmes multinationales 20

    X. Méthodologie 20

    XI. Plan de l'étude 21

    PREMIERE PARTIE : GEOPOLITIQUE DES RESSOURCES NATURELLES ET
    CONFLICTUALITE 22

    Chapitre I. La géographie des ressources naturelles congolaises 24

    Section I. L'inventaire des ressources naturelles 24

    A. Les ressources naturelles stratégiques 24

    1. Les hydrocarbones liquides et gazeux 25

    a. Le pétrole 25

    b. Le gaz naturel 26

    2. Les hydrocarbones solides 27

    3. Le potentiel forestier 28

    B. Les ressources naturelles non stratégiques 29

    1. Les hydrocarbones solides 29

    2. Les potentiels hydraulique et agricole 29

    3. Le potentiel touristique 32

    Section II. De la valorisation des ressources naturelles 34

    A. Les consortiums engagés dans la valorisation des ressources naturelles 34

    1. Le secteur des hydrocarbones liquides et gazeux 34

    a. Les compagnies nationales 34

    b. Les partenaires étrangers 35

    -- Les Firmes européennes 35

    -- Les Firmes américaines 36

    2. Le secteur forestier 37

    B. Les ressources naturelles dans la formation de la richesse nationale 37

    1. Les hydrocarbones liquides et gazeux : une écrasante participation 37

    2. L'agriculture : une participation marginale 38

    3. Les forêts : vers une nouvelle expansion ? 40

    - Remarques 41

    Chapitre II. Les guerres civiles congolaises de 1990 à 2002 et leurs
    conséquences 43

    Section I. Les acteurs de l'échiquier congolais 43

    A. Le marigot congolais 43

    1. Les protagonistes nucléaires 44

    2. Les acteurs secondaires 46

    a. Au niveau sous-régional 46

    - Le jeu des Etats 46

    - Le jeu des acteurs non étatiques 48

    b. Au niveau international 48

    - L'action des firmes multinationales 48

    - L'implication des sectes ésotériques 50

    - Le jeu des organisations internationales 51

    - Remarques 52

    B. Nature et portée des coups échangés par les protagonistes 53

    1. Les coups loyaux et déloyaux 53

    a. Les coups loyaux 54

    b. Les coups déloyaux 55

    2. Les grands foyers de la conflictualité 55

    Section II. Les conséquences de la guerre 58

    A. La modernité de la logistique 58

    1. Les moyens aériens 58

    a. Pour le transport du matériel et des troupes 58

    b. Pour l'appuis aux combats 59

    2. Les moyens au sol 60

    a. Pour la mobilité des unités 60

    b. Pour les combats 61

    - Remarques 62

    B. Les conséquences infrastructurelles et humaines 63

    1. Au niveau de l'Etat 63

    2. Conséquences humaines 64

    3. Conséquences à l'échelle sous-régionale 65

    DEUXIEME PARTIE : GEOSTRATEGIE DES RESSOURCES NATURELLES ET
    GOUVERNANCE 67

    Chapitre III. Les ressources naturelles dans la structuration des guerres 69

    Section I. Les ressources naturelles dans la lutte pour les rentes 69

    A. Fonctionnalité des ressources naturelles dans le jeu politique interne 69

    1. La prise de conscience 69

    2. Un facteur prépondérant dans les stratégies des états-majors 72

    B. Les ressources naturelles stratégiques dans le jeu sous-régional 73

    1. L'intervention angolaise : au-delà de l'intégrité territoriale 73

    2. Les entités sub-étatiques : la logique des appuis réciproques et la logique

    des affaires 75

    a. La logique des appuis réciproques 75

    b. La logique des affaires 77

    Section II. Les rivalités entre les multinationales 78

    A. Le Congo dans la problématique de l'` `Afrique utile» 79

    1. La place du Congo dans la géopolitique des hydrocarbones 81

    a. Les approvisionnements par rapport aux pôles de consommation 81

    b. Des possibilités alternatives 82

    B. L'épisode congolais : un pan du jeu international pour la maîtrise des

    sources d'énergie ? 83

    1. Le sens de la maîtrise des sources d'énergie 84

    2. Les guerres du Congo et les stratégies de positionnement et de

    repositionnement des multinationales 85

    a. Les multinationales américaines 86

    b. Les multinationales européennes de l'énergie 87

    Chapitre IV. La problématique de la gouvernance globale du Congo 91

    Section I. Plaidoyer pour une reconsidération du poids des ressources

    naturelles stratégiques dans la formation de la richesse nationale 91

    A. Les ressources naturelles stratégiques : des données conjoncturelles 91

    1. Le principe de non renouvellement 91

    - Remarque 93

    2. Le principe de fluctuation des données fondamentales du marché 93

    B. Un paradigme de redéploiement du processus de formation de la richesse

    nationale 94

    1. Du renforcement des secteurs renouvelables faiblement valorisés 94

    2. Vers la mise en valeur de nouveaux secteurs 96

    a. Les domaines de la filière du bois 96

    b. Les hydrocarbones solides : un secteur à l'avenir prometteur 97

    - Remarque 97

    Section II. Pertinence et viabilité du processus de reconstruction post-conflit98

    A. L'équation interne : l'enjeu sécuritaire 98

    1. Le retour à la paix : une épineuse question 99

    2. La stabilité du Congo : une question de sécurité sous-régionale ? 102

    B. L'avenir des ressources naturelles stratégiques au Congo 103

    1. Encore un bel avenir ? 103

    2. Quelques observations 105

    CONCLUSION GENERALE 108

    ANNEXES 115

    Série 1. Les arsenaux des protagonistes 116

    Série 2. Quelques dégâts matériels 123

    Série 3. Quelques documents administratifs 124

    BIBLIOGRAPHIE 132

    A. Les Ouvrages 133

    1. Ouvrages spécialisés 133

    2. Ouvrages annexes 133

    3. Ouvrages méthodologiques 136

    B. Les Périodiques 137

    1. Les articles de revues 137

    a. Les articles spécialisés 137

    b. Les articles annexes 139

    2. Les interviews dans les revues 143

    3. Les mensuels, les hebdomadaires et les quotidiens 144

    C. Thèses et mémoires 145

    D. Brochures et rapports de missions 145

    E. Documents audiovisuels 146

    F. Les Usuels 147

    TABLE DES MATIERES 148






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