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Géostratégie des ressources naturelles et les conflits de la République du Congo 1990-2002 : rivalité de puissance et contrôle de l'énergie

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par Sédard-Roméo NGAKOSSO-OKO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en relations internationales, option diplomatie 2005
  

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REPERES CHRONOLOGIQUES

1483 : découverte de l'embouchure du Congo par Diego CAO ; Pierre SAVORGNAN De BRAZZA, italien naturalisé français, remonte son cours à la fin du XIXème siècle. 03 octobre 1880 : Pierre Savorgnan De BRAZZA, au nom du gouvernement français, et le roi MAKOKO signent le traité qui permit à la France de prendre possession du Congo.

1883 : le lieutenant CORDIER fonde la ville de Pointe-Noire.

1908 : sous l'appellation de Moyen-Congo, le Congo fait partie de l'AEF avec le Gabon, l'Oubangui-Chari, actuelle RCA, et le Tchad.

1910 : Brazzaville devient la capitale de l'AEF.

1939-1940 : Brazzaville devient la capitale de la France libre et le centre nerveux de toutes les stratégies pour sauver la mère patrie occupée par les nazis.

30 janvier-8 février 1944 : Conférence de Brazzaville réunissant autour du général De GAULLE et du commissaire aux colonies, PLEVEN, l'élite franco-africaine. Cette rencontre est un moment important dans la dynamique des indépendances des colonies françaises d'Afrique.

28 novembre 1958 : référendum sur l'autodétermination. Le Congo devient un territoire autonome dans le cadre de la Communauté Française.

15 août 1960 : proclamation de l'indépendance avec l'abbé Fulbert YOULOU comme premier Président. Le 20 septembre le pays devient membre de l'ONU.

1963 : révolution congolaise des «Trois Glorieuses», Alphonse MASSAMBADEBAT est porté au pouvoir. Il instaure un régime socialiste.

1968 : renversement du Président Alphonse MASSAMBA-DEBAT par l'armée. Le commandant Marien NGOUABI est porté au pouvoir. Il instaure la République Populaire du Congo avec un parti marxiste, le PCT.

1977 : assassinat du Président M. NGOUABI. Le général J. YHOMBI OPANGO arrive au pouvoir.

1979 : le Président YHOMBI OPANGO contraint à la démission, le colonel Denis SAS SOU NGUESSO arrive au pouvoir.

11 novembre 1987 : soulèvement des étudiants de l'Université Marien NGOUABI.

Février-juin 1991 : Conférence Nationale Souveraine.

Juin 1991 : début de la période de transition.

15 mars 1992 : référendum constitutionnel. Adoption d'une constitution inspirée du modèle semi-présidentiel de la Vème République française.

Juin 1992 : élections municipales et législatives.

Juillet-aout 1992 : premières élections présidentielles libres au suffrage universel direct, couronnées par la victoire du candidat Pascal LISSOUBA, au deuxième tour appuyé par le PCT, devant monsieur Bernard KOLELAS.

1er septembre 1992 : prestation de serment du nouveau Président et fin de la transition.

Novembre 1992 : basculement de la majorité à l'Assemblée du fait de l'accord entre le PCT et le MCDDI ; censure du gouvernement par la nouvelle majorité et dissolution de l'Assemblée Nationale par le Président de la République.

Mai 1993 : élections législatives anticipées et victoire de l'UPADS ; dénonciation de la fraude et contestation du scrutin par l'opposition ; en juin, la Cour Suprême ordonne la reprise du scrutin dans les circonscriptions litigieuses1.

Novembre 1993 janvier 1994 : première guerre civile du Congo. Elle oppose les Ninjas du MCDDI à une frange de l'armée, loyales au camp gouvernemental, épaulées par les forces de l'UPADS, Cocoyes, Mambas, Aubevillois, etc.

Mai 1997 : signature du «Pacte pour la paix» sous l'égide de l'UNESCO.

05 juin-15 octobre 1997 : deuxième guerre civile du Congo. Elle oppose les milices du parti au pouvoir aux Cobras du PCT.

07 juin 1997 : mise en place du Comité National de Médiation dirigé par M. Bernard KOLELAS.

10 juin 1997 : instauration de la médiation internationale par le Président gabonais, appuyé conjointement par l'ONU et l'OUA.

1Suite à ce contentieux, les circonscriptions de Dongou et de Mossaka n'étaient pas représentées à l'Assemblée Nationale.

07 juillet 1997 : en pleine guerre, un décret du ministre de l'intérieur annonce trois candidatures pour l'élection présidentielle : Messieurs Pascal LISOUBA, Bernard KOLELAS et André MILONGO.

18 juillet 1997 et 31 août 1997 : en pleine guerre, mise en place de la Cour Constitutionnelle devant un parlement composé de 15 députés sur 160 et prorogation du mandat présidentiel par cette nouvelle instance.

08 septembre 1997 : démission du premier ministre, M. David-Charles GANAO. Il est immédiatement remplacé par M. Bernard KOLELAS, jusqu'alors président du Comité national de Médiation.

15 septembre 1997 : achoppement de la médiation internationale à Libreville.

15 octobre 1997 et 24 octobre 1997 : fin des hostilités à l'issue de la victoire des forces du PCT sur celles de l'UPADS ; leur leader, le général Denis SASSOU NGUESSO, s'autoproclame chef de l'Etat ; promulgation de l'Acte fondamental, nouvelle base juridique du pays qui instaure une transition de trois ans flexible.

Décembre 1998-janvier 1999 : troisième guerre civile. Elle oppose les partisans du général Denis SASSOU N'GUESSO et les milices du régime déchu. Les hostilités ont lieu dans les provinces de la Bouenza, de la Lékoumou, du Pool et dans les quartiers Sud de Brazzaville.

16 novembre et 29 décembre 1999 : signatures successives des Accords de Brazzaville et de Pointe-Noire, mettant fin à la troisième guerre civile.

Mars-avril 2000 : Dialogue national sans exclusive.

Janvier-juillet 2002 : référendum constitutionnel (janvier) et série d'élections : présidentielles (mars, victoire du général Denis SASSOU NGUESSO, Chef de l'Etat depuis le 15 octobre 1997), législatives, municipales, régionales et sénatoriales (de mai à juillet).

09 août 2002 : message à la nation du Président de la République annonçant la fin de la période de transition et le retour des institutions démocratiques.

Carte n°01 : Carte détaillée de la République du Congo2.

2Mission économique du Congo, Ambassade de France, « La Carte détaillée de la République du Congo », rubrique «Présentation générale», http://www.izf.net, consulté le 09/03/2005.

INTRODUCTION GENERALE

La décennie 1990 est l'une des périodes marquantes de la dernière moitié du XXème siècle. Non seulement elle est le témoin de la fin du duopole américanosoviétique, mais aussi, depuis cette date, la scène internationale connaît d'autres mutations non moins importantes. Ces mutations sont aussi bien politiques, économiques, culturelles, sociales que financières, technologiques et sécuritaires à la clef desquelles se trouvent de multiples enjeux et défis, valables pour les pays industrialisés, ne concernent pas moins les jeunes Etats du Tiers-monde comme ceux d'Afrique, engagés dans la lutte contre la pauvreté et qui négocient leur intégration dans le monde moderne, ou encore victimes des conflits armés de très grande ampleur. Ces conflits armés semblent devenir l'élément d'identification et d'interprétation normative de la réalité politique, la stabilité devenant l'exception3 (Carte n°02 : la géographie des conflits armés africains 1990-2002, p. 03).

Il ressort de l'observation de cette carte que l'Afrique de l'Ouest paraît s'être durablement installée dans cette situation, l'Afrique Centrale et des Grands Lacs se trouvent au bord de l'effondrement général et passeraient aujourd'hui pour l'épicentre d'une implosion continentale4. Les coups de force, les guerres civiles, les interventions et les guerres interétatiques entremêlés forment désormais un écheveau difficile à comprendre et à expliquer, contribuant à délégitimer les constructions nationales et à rendre fictive la souveraineté des pays issus de ces espaces géographiques et les processus démocratiques qui y ont cours. La frontière n'est plus cette cloison étanche derrière laquelle l'Etat peut se barricader commodément. Désormais, elle est transpercée, à tout instant dans les deux sens, par les flux des acteurs divers et aux multiples ambitions. La maîtrise de ces flux devient un exercice de plus en plus difficile pour les Etats. La plupart des Etats de

3Nous renvoyons le lecteur aux ouvrages suivants : BONIFACE, Pascal, (dir.), Les Démocraties de basse intensité, Revue Internationale et Stratégique, n°14, Paris, Dunod, Eté 1994 ; RUFIN, Jean-Christophe, (dir.), Les conflits en Afrique, Revue Internationale et Stratégique, n°23, Paris, Arlea, Automne 1996 ; BONIFACE, Pascal, (dir.), L'Afrique entre guerre et paix, Revue Internationale et Stratégique, n°33, Paris, PUF, Printemps 1999.

4J.-F. BAYART, « L'Embrasement de l'Afrique subsaharienne », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°77, Paris, Automne 1997, pp : 155-464 ; R. POURTIER, « L'Afrique Centrale dans la tourmente. Les enjeux de la guerre au Congo et alentour », Tragédies africaines, Hérodote, n°111, Paris, La Découverte, 4ème trimestre 2003, pp : 11-39.

ces deux zones sont l'illustration du prototype même de ce qu'un courant de pensée conceptualise sous le terme de la perte du monopole étatique sur la scène internationale5.

Carte n°02 : la géographie des conflits armés africains 1990-20026

(c) NGAKOSSO-OKO Sédard-Roméo, janvier 2005.

De ce qui précède, les interrogations suivantes s'imposent. En effet, la recrudescence des conflits armés en terre africaine est-elle le fait du hasard ou résulte-elle de la téléologie normale des phénomènes sociaux ? Pourquoi les conflits semblent-ils choisir l'Afrique comme terre de prédilection ? Enfin, cette

5Entre autres, B. BADIE, La Fin des territoires, Paris, Fayard, 1995 ; Un Monde sans souveraineté. Essai sur l'utilité sociale du respect, Paris, Fayard, 1999 ; B. BADIE, M.-C., SMOUTS, Le Retournement du monde. Sociologie de la scène internationale, Paris, PFNSP-Dalloz, 1992 ; M.-C., SMOUTS, Les Nouvelles relations internationales, Paris, PFNSP, 2000.

6Carte réalisée par nous-mêmes à partir des informations obtenues dans F. NKUNDABANGUEZI, L'Union Européenne et la prévention des conflits en Afrique : concepts et instruments d'un nouvel acteur, Rapport du GRIP, 2000-2003, p. 15.

sismicité pour peu qu'elle semble récurrente et permanente d'une part, et particulièrement violente vu les dégâts enregistrés, la logistique et les stratégies de combats mis en oeuvre par les belligérants d'autre part, ne serait-elle pas l'oeuvre de groupuscules qui trouveraient quelques intérêts à les y entretenir ? Il devient plus que urgent de rechercher les logiques qui président à l'émergence et à l'évolution de situation analogue.

I. L'objet de l'étude

L'intellection de ce brasier matérialisé par l'Afrique est guidée par le potentiel énergétique que représente cette zone. Nous limiterons notre propos aux ressources naturelles auxquelles il est reconnu une portée stratégique dans le contexte des sociétés industrielles et post-industrielles : les hydrocarbones liquides, gazeux et solides, le bois et l'eau. En d'autres termes, ce sont des ressources qui entretiennent un lien direct avec la formation, l'augmentation, le perfectionnement et la pérennisation de la puissance des Etats modernes. Le champ géographique de l'étude correspond à l'Afrique du centre, précisément un pays de cette sous-région, le Congo-Brazzaville, pour la période allant de 1990 à 2002. L'année 1990 correspond au début du processus de libéralisation de la vie politique, lequel processus a connu de sérieuses difficultés quelques années après et n'a été véritablement restauré qu'en 2002. Ces deux dates représentent la rupture et l'instauration d'une nouvelle normalité. Avant de motiver ce choix, voyons d'abord ce que c'est que le Congo.

Quand Diégo CAO débarque à l'embouchure du fleuve Congo en 1483, le territoire actuel du Congo est partagé entre plusieurs royaumes satellites du Royaume Kongo. Le développement de la Traite donne à ces royaumes vassaux, notamment le Loango, situé sur la côte Atlantique, une influence politique d'envergure avant que l'abolition de ce commerce particulier n'entraîne le déclin ou l'éclatement de ces royaumes. Selon l'histoire, c'est à ce moment que De BRAZZA signe avec MAKOKO, souverain Tyo, les traités par lesquels la France a pris possession de ces territoires au XIXème siècle. En 1910, Brazzaville est déclarée

capitale de l'AEF, abrite le Conseil pour la Défense de l'Empire en 1940 et l'indépendance du Congo est proclamée le 15 août 1960.

Localisé dans la zone équatoriale de l'Afrique Centrale (Carte n°02. Situation et limites du Congo, p. 05), le Congo a une superficie de 342.000 km2. Il s'allonge sur la rive droite des fleuves Congo et Oubangui puis s'ouvre sur l'Océan Atlantique par une façade maritime. Il est limité au Nord et Nord-Ouest par la République du Cameroun et par la République Centrafricaine ; à l'Ouest par le Gabon et l'Océan Atlantique ; à l'Est par la RDC : c'est la frontière la plus longue et elle est fondamentalement faite d'eau, le long des deux fleuves mentionnés plus haut ; enfin au Sud, le Congo est frontalier à l'Angola par l'enclave de Cabinda.

Carte n°03. Situation et frontières du Congo7

(c) NGAKOSSO-OKO Sédard-Roméo, janvier 2005.

7Carte réalisée par nous-mêmes à partir des éléments obtenus de l'Atlas, in COLECTIF, Dictionnaire hachette encyclopédique, Paris, Hachette Edition, 2002, pp : 1840-1841.

Le Congo est divisé en dix régions administratives8. Sa population, environ 3.500.000 habitants aujourd'hui, est composée majoritairement de Bantous, divisés en plusieurs ethnies. Cette population comprend également quelques minorités, fondamentalement des Pygmées. Les rapports de force ont placé successivement ces différentes ethnies (Tableau n°01. Les principaux groupes ethniques du Congo, p. 06) au devant de la scène, sans toutefois que les groupements partisans s'identifient systématiquement à elles. Les Vilis ont été les premiers au contact des Occidentaux ; les Laris ont dominé partiellement la période précoloniale et les premières années de l'histoire contemporaine marquées par les présidences successives de l'abbé Fulbert YOULOU et d'Alphonse MASSAMBA-DEBAT, 1960- 1968 ; enfin, les Mbochis s'imposent depuis la prise du pouvoir par l'armée en 1968 avec la présidence du commandant Marien NGOUABI et les présidences alternatives du général Denis SASSOU N'GUESSO : 1979 à 1992, 1997-2002 et de 2002 à nos jours. La cohésion du pays dans le respect des équilibres ethniques apparaît comme le véritable enjeu de son histoire contemporaine, marquée par des convulsions répétées et des tentations autocratiques et néo-patrimonialistes des régimes.

Tableau n°01 : les principaux groupes ethniques du Congo9

Ethnies

Proportion

Localisation

Kongos

51,5 %

Sud

Tyos (Tékés)

17,3 %

Centre, Sud

Mbochis

11,5 %

Nord

Les Autres ethnies, les

pygmées,...

19,7 %

Un peu partout

En 1963, un mouvement populaire10 conduit à la chute du Président Fulbert YOULOU, un régime socialiste, le «Socialisme scientifique», fondé sur le parti

8Ce sont : les Régions de la Likouala, Sangha, Cuvette Centrale, Cuvette Ouest et des Plateaux dans la partie septentrionale, et les Régions du Pool, Niari, de la Bouenza, de la Lékoumou et du Kouilou dans la partie méridionale. Voire supra, carte détaillée, page XII.

9J. LECLERC, « Le Congo-Brazzaville dans L'aménagement linguistique dans le monde », rubrique «Congo- Brazzaville», http://www.tlfq.ulaval.ca, consulté le 19 mars 2005.

10Sur cette révolution, Cf. F. BERNAULT, Démocraties ambiguës en Afrique Centrale, Congo-Brazzaville, Gabon : 1960-1965, Paris, Karthala, 1992, pp : 15-18 ; également : R. BOUTET, Les «Trois Glorieuses» ou la chute de Fulbert YOULOU, Dakar, Editions Chaka, 1990, p. 118 ; également : G. BALANDIER, Sociologie des Brazzavilles noires, Paris, Plon, 1985, p. 279 ; également : E. M'BOKOLO, P. SAINTENY, (dir.), Le Temps des partis uniques : Afrique, une histoire sonore 1960-2000 CD n° 03, Paris, RFI-INA, 2000

unique se met en place. D'abord le MNR, ensuite le PCT, qui a perduré jusqu'en 1991, moment où le Président Denis SAS SOU NGUESSO se décide à ouvrir la Conférence Nationale Souveraine, dans un contexte international marqué par la chute du mur de Berlin et au plan interne par la pression conjuguée des Eglises et des syndicats. Ce forum a posé les bases du transfert de pouvoir conforme aux principes démocratiques en 199211. Mais, juste une année après cette alternance, le pays est caractérisé par l'instabilité institutionnelle et déchiré par la violence, des suites de l'engagement à fond des groupements partisans dans une série de conflits armés et de l'ouverture de la scène nationale aux influences régionales, internationales, commerciales et ésotériques. Cependant, pourquoi avons-nous choisi ce petit pays de 342.000 Km2 ?

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo