X. Méthodologie
Notre cheminement a alterné réflexion
théorique et travail empirique. Nous ne nous sommes pas dispensé
de faire l'économie de tout ce qui jusqu'à présent est su,
sur les conflits armés en Afrique, particulièrement sur ceux du
Congo. Nous nous sommes appuyé pour cela sur deux types de supports.
Le premier, essentiellement des documents, est composé
d'une part des archives gouvernementales, des ouvrages, des monographies
individuelles et collectives, des comptes rendus de missions, les
synthèses de groupes de réflexion et les travaux
académiques, et d'autre part des sources électroniques :
Internet, les bases de données spécialisées, notamment
celles de l'AUF, les films documentaires, CD audio et les photos.
31R. VERNON, Les Entreprises multinationales,
Paris, Hachette, 1973.
Toujours dans la quête des résultats
escomptés dans le cadre de cette investigation, nous avons
également procédé par des causeries instructives avec
quelques personnalités d'importance dans la dynamique de
l'élaboration et de l'exécution de la décision dans les
quartiers généraux des protagonistes pendant les
hostilités32. Les mêmes causeries instructives ont
été aussi possibles avec d'autres catégories de personnes
non moins importantes : les victimes, combattants et réfugiés y
compris des membres des ONG comme Médecins Sans Frontières,
Catholic Relief Services, Secours Catholique et Caritas qui sont en relation
avec nous. Ces organisations étaient particulièrement actives au
Congo pendant ces conflits.
Nous avons également bénéficié de
l'expertise du CESA et du Conseil des Stratèges des trois armées
tunisiennes sur des questions militaires. Ces instances nous ont fourni des
illustrations de certains types d'armes et des informations relatives à
l'interprétation des potentialités réelles de ces engins
(Infra, Annexes, Série 01 : les arsenaux des protagonistes, pp :
116-122).
Enfin, nous nous sommes appuyé sur nos propres
souvenirs et notre propre expérience pour comprendre cette série
de crises armées. En effet, nous avons vécu ces
hostilités. Particulièrement celles de 1993-1994 et les premiers
mois de celles de 1997.
XI. Plan de l'étude
L'ossature de ce travail est binaire, chaque partie comprenant
deux chapitres. La première partie présentera les
potentialités énergétiques et la conflictualité en
République du Congo-Brazzaville. La seconde partie, après avoir
focalisé l'attention sur le poids des ressources dans la structuration
des stratégies des belligérants, posera la problématique
de la gouvernance globale du Congo pour les années à venir.
32Ces causeries ont eu lieu au Congo, au Cameroun, en
Tunisie et en France.
PREMIERE PARTIE : GEOPOLITIQUE DES RESSOURCES NATURELLES
ET CONFLICTUALITE
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Pour l'Afrique Centrale et sa périphérie, la
décennie 1990 a été une période très
mouvementée33. Le Congo-Brazzaville, une composante de cette
sphère géographique, ne fait pas exception à ce constat.
Car, naguère présenté comme un modèle de transition
démocratique en Afrique du fait d'une Conférence Nationale
Souveraine suivie d'élections et conclue par une alternance au sommet de
l'Etat, il était devenu à partir de 1993, le théâtre
d'un conflit armé à rebondissement entre diverses milices se
réclamant des principaux acteurs politiques avec en toile de fond, la
mobilisation des ressources locales, régionales et internationales. Ces
principaux acteurs politiques sont, soit en quête du pouvoir, le
général Dénis SASSOU N'GUESSO ou monsieur Bernard KOLELAS
et leurs alliés respectifs, soit encore en quête de
stabilité du pouvoir, le Président Pascal LISSOUBA et ses
alliés.
Peut-on asseoir l'intelligibilité de ces
événements sur la seule évolution interne de ce pays, par
conséquent, les enjeux inhérents à l'exploitation de ses
richesses économiques ne peuvent-ils pas dès lors se
décider ? Autrement dit, n'existe-t-il pas un lien entre ces crises
armées et la volonté de contrôler et de valoriser les
ressources naturelles que compte le pays ?
Répondre à cette série d'interrogations
passera d'abord par certifier la présence au Congo des ressources
naturelles qui correspondraient à des facteurs polémogènes
(Chapitre I) ; cette réponse sera incomplète si elle ne permet
pas dans un second temps de montrer que la série des guerres du Congo
entre 1990 et 2002 est une réalité qui a existé et que
l'on peut situer dans le temps (Chapitre II).
33La guerre d'Angola qui se poursuit, les crises
rwandaise et burundaise, les mutineries répétées en
République Centrafricaine et les troubles ayant conduit au départ
deux régimes politiques en 1997 : celui du Président MOBUTU au
Zaïre et celui du Président Pascal LISSOUBA au
Congo-Brazzaville.
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