3. Etiologie
La PPR est une maladie virale dont l'agent étiologique
est le Virus de la Peste des Petits Ruminants (PPRV). C'est un virus à
ARN, à symétrie hélicoïdale, enveloppé
(BOURDIN et LAURENT-VAUTIER, 1967), de la famille des Paramyxoviridae, du genre
Morbillivirus, qui comprend quatre virus (GIBBS et al, 1979).
La fiche signalétique du virus s'établit comme
suit (LEFEVRE, 1987) : subphyla : Ribo vira
classe : Ribohelica
ordre : Sagovirales
famille : Paramyxoviridae genre : Morbillivirus
avec le virus morbilleux, le virus de la maladie de Carré
et le virus de la Peste Bovine.
Tous ces virus présentent entre eux de grandes
relations antigéniques, mises en évidence par des tests de
protection croisée. Ces relations sont particulièrement
étroites entre le virus de la Peste Bovine et celui de la PPR.
Comme tous les Morbillivirus, le virus de la PPR est
relativement peu résistant en milieu extérieur, ce qui implique
un contact étroit pour sa transmission. Il est excrété
précocement dès l'apparition de l'hyperthermie, dans les
sécrétions conjonctivales, le jetage et la salive et, plus
tardivement, dans les fèces, ce qui explique sa grande
contagiosité (LEFEVRE, 1991).
4. Transmission et épizootiologie
La transmission se fait par voie aérienne, et la porte
d'entrée du virus est la muqueuse naso-pharyngée. Les animaux
infectés excrètent de grandes quantités de virus par le
jetage, les larmes, la salive et les matières fécales. De
très fines gouttelettes de matières virulentes se forment
à partir de ces sécrétions et excrétions et
contaminent l'air ambiant. La toux et les éternuements contribuent
à la formation de ces gouttelettes. Les animaux s'infectent en les
inhalant, d'où la transmission rapide de la maladie quand le contact
entre les animaux est étroit. D'autres ources de contaminations sont
représentées par l'eau, les aliments, les mangeoires, les
abreuvoirs et les
Prévalence de la peste des petits ruminants au Niger :
enquête sérologique dans les régions de Niamey, Tahoua et
Tillabéry
2008
GAGARA H. Mariama
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litières souillées par les matières
virulentes. Néanmoins, la contamination à partir de ces sources
n'est que de courte durée, car le virus de la PPR, tout comme celui de
Peste Bovine, ne survit pas longtemps dans le milieu extérieur en raison
de sa très grande fragilité (FAO, 2000). Par ailleurs, il
n'existe pas de porteur chronique, l'évolution se faisant soit vers la
mort, soit vers la guérison avec une immunité de longue
durée, voire de toute la vie économique de l'animal.
L'espèce et la race jouent un rôle important :
les chèvres sont nettement plus sensibles que les moutons, et parmi
elles, les races guinéennes (chèvres naines d'Afrique de l'Ouest,
chèvres Kirdi, chèvres des lagunes) sont plus sensibles que les
races Sahéliennes (LEFEVRE, 1991).
La PPR évolue sous forme épizootique avec une
mortalité élevée, de l'ordre de 70 à 80 p. cent
dans les pays côtiers du continent africain, de la Mauritanie au
Bénin, selon un cycle d'apparition, dans les villages, de quatre
à cinq ans, délai qui correspond à la reconstitution d'une
population réceptive. En revanche, dans les pays sahéliens de
l'Afrique occidentale et centrale (Mali, Niger, Tchad), la PPR est de type
enzootique : infections inapparentes avec une mortalité faible, mais qui
touche la plus part des animaux (au Tchad, près de 70 p. cent des
chèvres présentent des anticorps anti PPR). Cette relative
résistance des chèvres Sahéliennes pourrait s'expliquer
par le fait que les virus de la famille des Paramyxoviridae sont, à
température égale, plus stables en atmosphère sèche
qu'en atmosphère humide. Ce phénomène entraînerait
une persistance et une circulation du virus plus longue dans les troupeaux.
Deux conséquences sont alors possibles :
· à court terme, un contact précoce des
jeunes avec le virus alors qu'ils sont encore protégés par les
anticorps d'origine maternelle ;
· à long terme, une sélection des races et
l'acquisition d'une résistance génétique sinon à
l'infection, du moins à ses manifestations cliniques.
Il en ressort que dans les régions arides ou
semi-arides où la PPR évolue de manière enzootique, les
foyers n'apparaissent que rarement et uniquement quand d'autres facteurs
viennent affaiblir les animaux. Par ailleurs, il faut signaler le rôle
joué par la PPR dans l'épizootologie de la Peste Bovine.
Après une atteinte par la PPR, les petits ruminants sont
protégés contre la Peste Bovine, ce qui signifie que dans les
régions où les deux maladies coexistent, les moutons et les
chèvres n'interviennent pas (ou très peu) dans la transmission du
virus bovipestique, contrairement à ce qui se passe dans les pays
où la PPR n'existe pas (LEFEVRE, 1991).
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