INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS
AIR : Accord d'Intégration
Régionale
ALENA : Accord de Libre Echange Nord
Américain
BRVM : Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières
CEAO : Communauté des Etats de
l'Afrique de l'Ouest
CEDEAO : Communauté Economique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest
CIMA : Conférence Interafricaine des
Marchés d'Assurance
CIPRES : Conférence Interafricaine de
Prévoyance Sociale
CNUCED : Conférence des Nations Unies
sur le Commerce et le Développement
CREPMF : Conseil Régional de l
'Epargne Publique et des Marchés Financiers
FBCF : Formation Brute de Capital
Fixe
FCFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine
IDE : Investissement Direct Etranger
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique
OMC : Organisation Mondiale du
Commerce
PIB : Produit Intérieur Brut
TEC : Tarif Extérieur Commun
UDEAC : Union Douanière des Etats de
l'Afrique Centrale
UEMOA : Union Economique et monétaire
Ouest Africaine
$ US : dollar Etats-Unis
YAMEOGO Gaston i GPE
8
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
NOTE DE SYNTHESE
Avec la baisse drastique de l'aide et les effets pervers de la
dette, le financement extérieur du développement pourrait
s'appuyer fortement sur les investissements directs étrangers (IDE). A
ce titre, les accords d'intégration régionale vont chercher
à attirer ces capitaux étrangers. Toutefois, les effets de
l'intégration sur les IDE ne sont pas évidents dans le cas
particulier des accords Sud-Sud. C'est pourquoi cette étude s'attache
d'une part à déterminer les effets de l'UEMOA sur les flux d'IDE
entrant dans la zone et d'autre part à établir le lien existant
entre les IDE et l'investissement total dans chaque pays.
L'estimation d'un modèle d'IDE sur données de
panel, prenant en compte l'ensemble des pays membres de l'UEMOA sauf la
Guinée Bissau, a permis de montrer que l'intégration
économique exerce un effet positif et significatif sur les flux d'IDE
entrant dans la zone. Il se dégage également que les variables
d'efficience économique comme le capital humain et les infrastructures
physiques n'ont pas d'effet significatif sur les flux d'IDE entrant. En outre,
l'estimation d'un modèle d'investissement incorporant les IDE
révèle que ces derniers ont un effet mitigé sur la
formation du capital dans la plupart des pays membres, confirmant ainsi les
résultats de l'analyse statistique précédemment
conduite.
Dés lors, il apparaît la nécessité
pour les autorités des pays membres d'engager individuellement et
collectivement un certain nombre de mesures afin d'assurer un financement sain
du développement. Ainsi, la politique d'intégration doit
être renforcée et consolidée. A ce titre, nous
suggérons l'élargissement des compétences de l'UEMOA dans
le domaine politique en vue de mieux assurer la paix et la
sécurité dans la sous-région, de même que
l'effectivité des mesures communautaires. Aussi, les politiques
sectorielles doivent-elles connaître une mise en oeuvre effective afin de
contribuer à l'amélioration de la qualité des ressources
humaines et la disponibilité à moindre coût des
infrastructures économiques. Par ailleurs, une politique agressive
d'attraction des IDE pourrait être conduite au Togo et au Bénin
alors que le Mali et le Niger gagneraient à privilégier un
financement extérieur du développement basé sur l'aide et
la dette. Les trois autres pays (Burkina Faso, Côte d'Ivoire et
Sénégal) pourraient combiner les deux politiques.
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
TABLE DES MATIERES
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS i
NOTE DE SYNTHESE ii
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DE L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER
DANS L'UEMOA3
I.1. Les facteurs explicatifs de l'attraction des IDE 3
I.1.1. Les motivations économiques de l'IDE 3
I.1.1.1. Les principales motivations de l'IDE 3
I.1.1.2. Les autres facteurs explicatifs 4
I.1.2. Revue de littérature : l'intégration
régionale et l'incitation à l'investissement 5
I.2. Caractéristiques de l'UEMOA 6
I.2.1. Les chantiers d'intégration de l'UEMOA 7
I.2.1.1. La surveillance multilatérale des politiques
macroéconomiques 7
I.2.2.2. Les politiques sectorielles communes 9
I.2.2.3. L'union douanière et le marché financier
régional 9
CHAPITRE II : ANALYSE QUANTITATIVE DES FLUX D'IDE DANS LA ZONE
UEMOA 11
II.1. Analyse descriptive des flux d'IDE 11
II.2.1. Evolution des IDE 11
II.2.2 flux d'IDE et formation du capital 13
II.2. Analyse économétrique 14
II.2.1. L'UEMOA et les flux d'IDE entrants 14
II.2.1.1. Présentation du modèle 14
II.2.1.2. Résultats empiriques 15
II.2.2. Les IDE et l'investissement total dans l'UEMOA 17
II.2.2.1. Modèle et source de données 17
II.2.2.2. Résultats empiriques 17
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE 19
BIBLIOGRAPHIE I
ANNEXES III
YAMEOGO Gaston iii GPE
8
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : TAUX D'INFLATION (%) 7
TABLEAU 2 : TAUX DE CROISSANCE REEL DU PIB (EN %) 8
TABLEAU 3 : FLUX MOYEN D 'IDE ENTRANT (MILLIONS DE $ US)
12
TABLEAU 4 : LES RESULTATS DES ESTIMATIONS 16
TABLEAU 5 : RES UL TA TS DES ESTIMATIONS DU MODELE
D'INVESTISSEMENT 17
TABLEAU 6 : COEFFICIENTS DE LONG TERME 18
LISTE DES GRAPHIQUES
GRAPHIQUE 1 : E VOL UTION DU NOMBRE DE LIGNES TELEPHONIQUES
POUR 1000 PERSONNES 9
GRAPHIQUE 2 : E VOL UTION DES EXPORTATIONS
INTRA-COMMUNAUTAIRES 10
GRAPHIQUE 3 : E VOLUTION DES FLUX D 'IDE ENTRANT DANS L
'UEMOA 11
GRAPHIQUE 4 : REPARTITION DES FLUX D 'IDE ENTRANT PAR PAYS
(EN MILLIONS DE $ US) 12
GRAPHIQUE 5 : PART MOYENNE DES FLUX D 'IDE ENTRANT DANS LA
FBCF 13
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
INTRODUCTION GENERALE
« Les tentatives d'unions douanières et
économiques, les efforts qui visent à intégrer
économiquement des pays politiquement indépendants semblent aller
dans le bon sens (M. NORRO, EURO 3190)1. Ainsi, les années 90
ont été marquées par une nouvelle vague de
régionalisme caractérisée par le passage d'un
modèle fermé à un régionalisme plus ouvert, par le
démantèlement d'autres barrières en dehors de la
réduction des tarifs douaniers (intégration en profondeur) et par
la prolifération des accords Nord-Sud dans lesquels des pays à
revenu élevé et des pays en développement sont des
partenaires à part entière. Le continent africain et plus
particulièrement la sous - région ouest africaine n'est pas
restée en marge de ce processus. Il est alors constaté un regain
important de régionalisme notamment après la création de
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995.
La création de l'Union Africaine, l'avènement du
Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), la
naissance en janvier 1994 de l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA) sous les cendres de la Communauté Economique de
l'Afrique de l'Ouest (CEAO) s'inscrivent dans cette logique. L'UEMOA, qui
compte huit Etats membres, couvre une superficie de 3 509 125 km2
pour une population de 67 millions d'habitants. Des principaux objectifs
poursuivis par l'Union, il ressort clairement la volonté affirmée
des Etats de promouvoir individuellement et collectivement le
développement durable. A cet effet, il apparaît sans doute la
nécessité d'accroître les échanges commerciaux
intra-communautaires ainsi que des niveaux d'investissement importants.
S'agissant du développement du commerce
intra-régional, ceci devrait accélérer la croissance et la
convergence des revenus au sein de l'Union. En effet, l'intégration des
marchés devrait permettre de créer des pôles de croissance
qui créeraient, à leur tour, suffisamment d'ouverture pour les
pays membres moins développés.
Quant à l'accroissement des investissements, la
littérature économique enseigne que l'exiguïté des
marchés nationaux n'est pas à même de stimuler la formation
du capital. Ainsi, l'élargissement des marchés encourage les
investissements privés transfrontaliers et l'investissement direct
étranger (IDE). Au demeurant, la mise en oeuvre de politiques
commerciales et macroéconomiques appropriées permettrait de
mettre en place des projets industriels et des unités de prestations de
services de taille optimale qui se prêtent aux économies
d'échelle.
A l'heure où la question du financement du
développement se pose avec acuité, les motivations des IDE dans
le cadre d'un ensemble intégré doivent constituer une
préoccupation majeure. En effet, les IDE peuvent rompre le cercle
infernal du sous- développement dans un contexte marqué par
l'insuffisance du capital au niveau interne, la baisse drastique de l'aide et
les effets pervers de l'endettement. L'expérience du
développement des pays émergents d'Asie, communément
appelés « dragons », constitue une illustration frappante.
D'ailleurs, du moment où l'Union est en phase de négociation
d'un
1 Cité par G. YAMEOGO (2000)
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
accord de partenariat économique avec l'Union
Européenne dans le cadre de l'accord de Cotonou, il apparaît
opportun d'évaluer sa capacité à attirer les
investissements en provenance de l'étranger, seul gage de
préservation et de renforcement du tissu industriel de la zone.
Par ailleurs, au regard du niveau atteint dans la mise en
oeuvre des différents chantiers d'intégration de l'UEMOA
conjugué aux avantages existant dans les domaines monétaire et
financier, il était suffisamment indiqué que les motivations pour
les IDE soient plus fortes dans la zone. Or, ceci ne semble pas être
corroboré par les faits. D'où la nécessité
d'établir la relation existant entre les flux d'IDE entrants et les
efforts accomplis en matière d'intégration des économies
des pays membres ainsi que le rôle que joue ce dernier dans la formation
du capital.
En outre, plusieurs études ont tenté de
définir les déterminants des IDE dans la zone UEMOA à
travers une estimation sur données de panel. La méthode
d'estimation utilisée était basée sur les effets fixes et
aléatoires. Or, les développements économétriques
récents sur les données de panels ont aboutit au modèle
mixte (mixed model) qui combinent à la fois les deux effets et fournit
des estimateurs plus efficaces. La présente étude contribuera
donc à mieux affiner la méthode d'approche en vue
d'améliorer la qualité des résultats.
L'objectif principal de cette étude est d'enrichir les
travaux précédents, à travers l'examen de l'impact de
l'intégration économique de l'UEMOA sur les flux de capitaux
étrangers au niveau de l'Union ainsi que leur contribution à la
formation intérieure de capital. Les objectifs spécifiques sont
les suivants :
· Examiner les conséquences de l'intégration
économique sur l'investissement direct étranger ;
· Etablir le lien existant entre les flux d'IDE et
l'investissement dans la zone.
Pour atteindre ces objectifs, nous formulons les
hypothèses suivantes :
1. Si les réformes entreprises dans le cadre de
l'intégration sont effectivement mises en oeuvre, on devrait observer un
accroissement des flux d'IDE dans l'Union ;
2. Les IDE exercent un effet positif sur la formation du capital
dans les pays membres de l'espace UEMOA.
Après avoir cerné la problématique des
IDE dans la zone UEMOA (chapitre I), la vérification des
hypothèses ci-dessus formulées procédera par une analyse
quantitative essentiellement basée sur les méthodes statistique
et économétrique (chapitre II).
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DE L'INVESTISSEMENT DIRECT
ETRANGER DANS L'UEMOA
Pour cerner la problématique de l'IDE dans l'UEMOA, il
est important de voir d'abord les éléments explicatifs de
l'attraction des IDE selon la littérature économique et ensuite
le niveau atteint par l'Union au regard de ces caractéristiques.
I.1. Les facteurs explicatifs de l'attraction des
IDE
Nous distinguerons les mobiles purement économiques
des autres types de motivations.
I.1.1. Les motivations économiques de l'IDE
I.1.1.1. Les principales motivations de l'IDE
La littérature économique fait état de trois
motivations principales de l'IDE. Il s'agit de la recherche de
débouchés, la recherche de ressources ou d'actifs et la recherche
de l'efficience.
> La recherche de débouchés.
L'IDE est traditionnellement le fait des entreprises multinationales
qui contrôlent et gèrent des établissements de production
situés dans au moins deux pays. Ainsi, l'IDE se révèle
principalement comme un outil grâce auquel une entreprise étend
ses frontières territoriales à l'étranger. A ce titre,
l'importance de la recherche de débouchés comme
déterminant de l'IDE est évidente. Diverses études
empiriques ont montré que la taille et la croissance des marchés
du pays hôte sont parmi les plus importants facteurs explicatifs des IDE
(E. BEAULIEU et alii). En fait, un vaste marché et une forte croissance
économique augmentent l'attrait des IDE pour un pays car la taille
supérieure du marché lui permet d'exploiter des économies
d'échelle et de réaliser de meilleurs profits.
> Recherche de ressources ou d'actifs.
C'est la plus importante motivation des IDE en ce qui concerne les
économies en développement. En effet, L'IDE orienté vers
la recherche de ressources s'explique par la disponibilité de richesses
naturelles dans les pays hôtes. Cependant, la part de l'IDE
orientée vers la recherche de ressources par rapport aux flux totaux
d'IDE à l'échelle mondiale a diminué
considérablement. La part du secteur primaire des stocks d'IDE sortant
des plus grands pays investisseurs était inférieure à 5%
dans la première moitié des années 1990 (CNUCED, 1998).
> Recherche de l'efficience. Le
désir de tirer parti des différences dans les coûts de
main-d'oeuvre et les technologies s'est révélé ces
dernières années comme une importante motivation de l'IDE. C'est
ce qui explique d'ailleurs l'émergence de chaînes de production
géographiquement dispersées à travers le monde. Mais, au
delà du coût de la main d'oeuvre, d'autres facteurs
déterminent les flux d'IDE orientés vers la recherche de
l'efficience. Il s'agit de la différence de coût entre
emplacements, la qualité de l'infrastructure et des services aux
entreprises, la facilité de faire des affaires et la
disponibilité des compétences et des technologies. Ainsi, cette
motivation ne s'explique pas seulement par le bas niveau des salaires mais
plutôt par une combinaison entre le niveau des salaires et la
productivité des travailleurs.
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
I.1.1.2. Les autres facteurs explicatifs
Outre les facteurs économiques, d'autres motifs sont
couramment évoqués à savoir la stabilité
macroéconomique, le risque-pays et les politiques gouvernementales. La
présente sous- section examine tour à tour chacun de ces
déterminants.
> Stabilité
macroéconomique2. Selon Brewer (1993), si la taille
du marché est un important facteur explicatif de l'IDE, l'environnement
macroéconomique, comme les politiques monétaire et
budgétaire qui stimulent ou freinent la croissance, en est aussi un
déterminant non négligeable. Il est connu que les variables
macroéconomiques influent indirectement sur l'IDE, car elles offrent de
l'information sur l'état et la stabilité prévisibles de
l'économie. Par exemple, dans son article-enquête, De Mello Jr.
(1997) signale que les apports d'IDE sont sensibles aux contraintes de la
balance des paiements et à la performance macroéconomique en
général. De même, Bajo et Rivero (1994) et Wang et Swain
(1995) utilisent des variables macroéconomiques comme l'inflation ou les
taux d'intérêt réels comme substituts du degré de
stabilité macroéconomique et des attentes liées à
une économie. Wang et Swain (1995) notent d'importantes
répercussions négatives des taux d'intérêt internes
sur l'apport d'IDE en Chine et en Hongrie durant les périodes 1978-1992
et 1968-1992 respectivement. Les données empiriques fournies par Bajo et
Rivero (1994) montrent un effet hautement significatif de l'inflation sur les
apports d'IDE.
> Risque-pays. L'absence de droits de
propriété et contractuels protégés décourage
l'investissement (Olson, 1982; Weingast, 1993)3. Ainsi, la
présence ou non du risque d'être exproprié et de
mécanisme établi pour régler pacifiquement les
différends justifient dans une certaine mesure l'orientation
géographique des IDE. Du reste, le respect des contrats, la corruption
et la qualité de la bureaucratie constituent des facteurs non
négligeables dans la décision des investisseurs. Knack et Keefer
(1995)4 constatent que les institutions protégeant les droits
de propriété sont cruciales pour la croissance économique
et l'investissement. Les pays mal notés dans ces domaines attireront
moins de capitaux internationaux.
> Politiques gouvernementales. Outre les
facteurs ci-dessus évoqués, il faut noter que les
infrastructures, les politiques fiscales et réglementaires contribuent
à expliquer l'attrait des IDE dans un pays. L'infrastructure qui existe
dans un pays influe sur le coût d'y faire des affaires et, par
conséquent, peut avoir une incidence sur les décisions des
entreprises de s'installer dans un territoire donné. Concernant les
politiques fiscales et la réglementation, il faut dire qu'elles peuvent
être d'importants facteurs de décisions d'investissement des
entreprises. Ainsi, la privatisation est par exemple un déterminant
primordial des flux d'IDE dans les pays qui mettent en oeuvre de telles
politiques. C'est un exemple extrême de la façon dont la
réglementation influe sur le choix du lieu où investir.
Si les facteurs ci-dessus évoqués sont
importants pour expliquer les mouvements des IDE, il n'en demeure pas moins que
la coordination des politiques dans le cadre d'un ensemble
intégré jouerait également un rôle primordial.
2 Ce point est largement inspiré d'E. Beaulieu et alii
3 Cité par E. Beaulieu et alii
4 Cité par E. Beaulieu et alii
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
I.1.2. Revue de littérature : l'intégration
régionale et l'incitation à l'investissement
L'intégration régionale peut affecter les
incitations à l'investissement si les changements de politique
augmentent les perspectives de retour sur investissement ou s'ils font baisser
les coûts. BALDWIN et FORSLID (1996), à travers une étude
sur la perspective du marché unique européen, indiquent que le
taux de rendement du capital peut croître dans tous les pays en cours
d'intégration quelle que soit l'abondance du capital. Ils soulignent que
l'intégration régionale réduit habituellement les
coûts de transaction des produits marchands plus que ceux des produits
non marchands orientant ainsi l'offre et la demande vers le premier type de
produit. Et comme les produits marchands ont généralement une
plus forte intensité en capital, la libéralisation aura pour
effet d'augmenter la demande en capital et donc d'accroître le rendement
de celui-ci. Le taux de rendement élevé augmente alors le montant
du capital que l'on souhaite utiliser, ce qui fait augmenter l'investissement.
En outre, une plus forte concurrence dans les secteurs marchands peut
générer une amélioration de l'efficacité et une
plus grande demande d'intrants dans ces secteurs de telle sorte à faire
croître la demande relative de capital. L'intégration peut
également influer sur le prix des biens d'équipement à
travers la baisse des droits de douane et les coûts de transaction sur
les importations de ces biens, toute chose à même d'augmenter le
taux de rendement et l'accumulation.
Ces arguments avancés ont moins de chance de se
produire dans les pays à faible revenu comme ceux de l'UEMOA. En effet,
à cause des mesures de protection, les biens d'équipement dans
ces pays étaient déjà faiblement taxés et le tissu
industriel est très léger. Dans un tel contexte, il pourrait
même en résulter une baisse de la demande de capital et
d'investissement.
Toutefois, l'intégration qui va au-delà de
l'union douanière peut amener l'efficacité du secteur financier
et stimuler l'investissement à travers la réduction des taux de
prêts bancaires et le coût du financement (SCHIFF & WINTERS,
2003). Cet argument qui semble avantageux pour les petits pays et au cas
particulier de l'UEMOA reste modéré selon certains analystes si
les pays considérés ont les mêmes dotations factorielles et
les mêmes structures de production. Il en est de même s'ils sont
sensibles aux mêmes chocs.
Au regard de ce qui précède, l'argument selon
lequel l'intégration économique augmentera l'investissement est
plus vraisemblable dans le cas des accords Nord-Sud que Sud-Sud. L'augmentation
des investissements reste donc conditionnée par la réalisation
d'un certain nombre de conditions. Au demeurant, DE MELO, MONTENEGRO et
PANAGARIYA (1993) relèvent que les accords d'intégration
africaine comme la CEAO et l'Union Douanière des Etats de l'Afrique
Centrale (UDEAC) ont connu une hausse de leur taux d'investissement
après la mise en oeuvre du processus d'intégration.
Il convient toutefois de souligner que bien que les IDE soient
liés aux mêmes facteurs que tous les investissements, ils
répondent à des caractéristiques propres. Selon la
Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement
(CNUCED), il y a investissement direct étranger lorsqu'un investisseur
basé dans un pays, le pays d'origine, acquiert un actif dans un
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
autre pays (pays d'accueil) avec l'intention de le
gérer. L'UEMOA souligne que n'est pas considérée comme
investissement direct la seule participation, lorsqu'elle n'excède pas
20% dans le capital de cette société5.
Les accords d'intégration régionale (AIR) vont
chercher particulièrement à attirer les IDE pour la simple raison
que des marchés plus vastes, plus de concurrence et une plus grande
crédibilité politique attireront davantage les investissements ;
ce qui fera augmenter l'intensité du capital dans la production et
contribuer à encourager le progrès technique (SCHIFF et WINTER,
2003). Ainsi, la vente sur les marchés nationaux peut être un
élément essentiel dans le choix des investisseurs internationaux
mais la condition nécessaire à ce type d'investissement est que
le marché national ne soit pas facilement accessible de
l'extérieur du bloc intégré. Les IDE qui touchent aux
politiques protectionnistes ont été analysés par BHAGWATI
(1987) qui fait la distinction entre les IDE « quid pro quo » et les
IDE de « contournement ». Ainsi, les IDE de contournement sont ceux
ayant pour but de contourner les barrières douanières. Quant aux
IDE qui pro quo, ils sont effectués non pas pour contourner les
barrières douanières mais pour prévenir le risque de
protection. Dans ce cas, selon l'auteur, les IDE qui s'accompagnent de
transfert de technologie représentent en quelque sorte un cadeau fait au
pays hôte pour qu'il laisse entrer les produits du pays investisseur.
Les IDE sont également attirés par les facteurs
locaux de production comme la disponibilité d'une main d'oeuvre locale.
Cette raison est d'autant plus plausible s'il s'agit d'un accord Nord-Sud. En
effet, une firme installée dans le pays en développement peut
profiter d'intrants à bon marché tout en ayant accès
à l'économie du pays développé. Cet argument a
été prouvé dans l'Accord de Libre Echange Nord
Américain (ALENA) où le Mexique a connu un afflux d'IDE
certainement à cause des vastes marchés des Etats-Unis et du
Canada.
Enfin, la recherche d'une répartition efficace de leurs
opérations dans les pays membres par les firmes pourrait être un
facteur d'attrait des IDE grâce à l'intégration
régionale. A ce titre, si les dotations factorielles des pays membres
sont différentes, l'intégration pourrait susciter des IDE
verticaux. Cette affirmation s'adapte le plus aux accords Nord-Sud. En effet,
avec un accord préférentiel garanti au marché du Nord, le
pays du Sud pourrait attirer les activités à haute
intensité de main d'oeuvre.
En somme, l'intégration régionale peut
accroître les incitations à investir dans les pays membres car le
processus de coordination des politiques et d'ouverture des marchés ne
sont pas en contradiction avec les facteurs explicatifs des IDE
évoqués plus haut. Il convient donc de s'interroger sur le niveau
atteint par les pays membres de l'UEMOA.
I.2. Caractéristiques de l'UEMOA
Il s'agit d'examiner dans cette section les reformes entreprises
par l'UEMOA dans le cadre de l'intégration économique et leurs
effets sur certains déterminants des IDE.
5 Règlement n°09/1 998/CM/UEMOA relatif aux relations
financières extérieures des Etats membres de l'Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
I.2.1. Les chantiers d'intégration de
l'UEMOA
Le traité de l'UEMOA, signé en janvier 1994 et
entré en vigueur le 1er août de la même
année, vise la création d'une union douanière, la
convergence des politiques économiques et la conduite de politiques
sectorielles communes.
I.2.1.1. La surveillance multilatérale des
politiques macroéconomiques
La surveillance multilatérale repose sur les objectifs
définis dans le pacte de convergence, de stabilité, de croissance
et de solidarité à travers l'Acte Additionnel n°04/99 et
modifié suivant l'Acte Additionnel n°03/2003. Il s'agit d'abord
d'observer une phase de convergence des économies des pays membres du
1er janvier 2000 au 31 décembre 2008 (nouvel horizon de
convergence) et ensuite une phase de stabilité commençant le
1er janvier 2009. Deux types de critères de convergence
à savoir ceux dits de premier rang et d'autres dits de second rang sont
à respecter par les Etats. Le critère clé est le ratio du
solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal qui doit
être supérieur ou égal à 0%.
Les performances de chaque pays dans l'observation de ces
critères ressort à travers le tableau de l'annexe 1. Comme on
peut le constater, les performances sont faibles pour l'ensemble des pays. Nous
examinerons le cas spécifique de l'inflation et la croissance
économique qui sont des déterminants clés en
matière d'IDE.
L'inflation en glissement annuel est contenue
autour de 3% dans les pays membres de l'Union. En effet, la variation relative
du niveau général des prix se situe à 0,4% en moyenne en
2004 au sein de l'Union contre une très forte variation de 14,4% pour
les autres pays de la CEDEAO hors UEMOA. Toutefois, ce taux plafond de 3% a
été dépassé en 2005 à cause de
l'augmentation des prix des denrées alimentaires et du carburant dans
les pays membres (7,9% au Niger et 5% au Burkina Faso).
Tableau 1 : taux d'inflation (%)
Pays
|
2004
|
2005 (e)
|
2006 (f)
|
2007 (f)
|
Bénin
|
0,9
|
4,7
|
3,4
|
1,8
|
Burkina Faso
|
-0,4
|
5
|
4,2
|
1,5
|
Côte d'Ivoire
|
1,6
|
4,7
|
3
|
2,4
|
Guinée Bissau
|
3
|
2
|
2
|
2
|
Mali
|
-2,8
|
5
|
-0,8
|
1,4
|
Niger
|
0,2
|
7,9
|
2,7
|
2,2
|
Sénégal
|
0,5
|
2,3
|
2,5
|
2
|
Togo
|
1,2
|
1,7
|
2
|
2,3
|
Moyenne UEMOA
|
0,4
|
4,4
|
2,6
|
2
|
Moyenne autres pays CEDEAO
|
14,4
|
16
|
8,1
|
7,3
|
Source : Perspectives Economique en Afrique
2006 (BAD & Centre de Développement de l'OCDE)
S'agissant de la croissance du PIB
réel des économies des pays membres de l'UEMOA, son taux
s'est situé à 3,5% en moyenne entre 1997 et 2003, soit un peu en
deçà du taux enregistré par les pays de la CEDEAO hors
UEMOA (tableau 2). Au Burkina Faso, les estimations de la croissance ont
atteint 5,4% en 2005 contre seulement 2,3% pour la Guinée Bissau. La
croissance du PIB par habitant est encore plus faible quant on sait que le taux
de croissance de la population se situe en moyenne à plus de 3% dans la
zone. D'ailleurs, l'évolution de la croissance ne laisse entrevoir aucun
signe de convergence des économies. En effet, la théorie de la
convergence économique postule que si les pays qui tirent de
l'arrière (ceux qui ont des
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
niveaux inférieurs de productivité et de revenu
réel) appliquent des politiques micro- économiques et
macro-économiques appropriées, ils devraient pouvoir hausser leur
revenu réel plus rapidement que le pays qui se situe en tête du
peloton (le meneur sur les plans de la technologie et de la
productivité). Il en est ainsi parce qu'ils bénéficient
des avantages6 découlant de leur retard.7 Au
demeurant, on s'attendrait à une croissance plus forte dans les pays
sahéliens plus pauvres (Burkina Faso, Mali, Niger) par rapport aux pays
de la façade maritime (Côte d'Ivoire, Sénégal et
Bénin) relativement plus industrialisés.
Tableau 2 : Taux de croissance réel du PIB (en
%)
Pays
|
1997-2003
|
2004
|
2005 (e8)
|
2006 (p)
|
2007 (p)
|
Bénin
|
4,9
|
3,4
|
4
|
4,6
|
4,7
|
Burkina Faso
|
5,4
|
4,6
|
5,4
|
7,6
|
5,9
|
Côte d'Ivoire
|
1
|
1,6
|
1
|
1,9
|
2,4
|
Guinée Bissau
|
-1,8
|
4,3
|
2,3
|
2,6
|
3,1
|
Mali
|
5,6
|
2,2
|
5,4
|
5,5
|
5,4
|
Niger
|
4,1
|
-0,6
|
4,5
|
4
|
3,7
|
Sénégal
|
4,9
|
6
|
5
|
5,2
|
5,9
|
Togo
|
1,8
|
2,9
|
3
|
3
|
3
|
Moyenne UEMOA
|
3,5
|
3
|
3,7
|
4,4
|
4,4
|
Moyenne autres pays CEDEAO
|
3,9
|
5,8
|
4,7
|
5,7
|
6
|
Source : Perspectives Economiques en
Afrique 2006 (BAD & Centre de Développement de l'OCDE)
Les faibles résultats enregistrés s'expliquent
par certains facteurs comme le manque de vigueur de l'activité
économique, la forte vulnérabilité aux chocs
extérieurs, l'insuffisance de l'assainissement des finances publiques,
la lenteur dans la mise en oeuvre des politiques sectorielles et des reformes
structurelles ainsi que la persistance des tensions sociopolitiques et des
conflits armés dans certains pays de l'Union9.
6 L'expression « avantage du retard » est parfois
utilisée lorsqu'on évoque cette possibilité de
bénéficier d'investissements et de moyens technologiques
étrangers, qui devraient (du moins en théorie) permettre aux pays
pauvres de se développer plus rapidement que ne l'ont fait les pays
aujourd'hui industrialisés.
7 Ashfaq Ahmad et alii (1 996)
8 (e) désigne estimation et (p) désigne
prévision.
9 Cf. conférence prononcée par le professeur
Lambert Galadjo BAMBA sous le thème : l'intégration
économique et monétaire et convergence des politiques
macroéconomiques dans la zone UEMOA au profit des auditeurs de la
8ème promotion du programme GPE Abidjan en 2006
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
I.2.2.2. Les politiques sectorielles communes
L'harmonisation des politiques sectorielles devrait permettre
l'émergence dans la zone d'unités de production
compétitives. Ainsi, les secteurs retenus sont principalement les
ressources humaines, l'aménagement du territoire, l'environnement, les
transports et télécommunications, l'agriculture, l'énergie
l'industrie et les mines. Des politiques communes ont été
adoptées dans la plupart de ces secteurs avec le respect du principe de
subsidiarité10. Toutefois, il est observé une certaine
lenteur dans la mise en oeuvre de ces politiques sectorielles. En
conséquence, la zone UEMOA reste marquée par la faiblesse du
niveau des infrastructures économiques. En témoigne,
l'évolution de cet indicateur des télécommunications
retenu dans notre analyse comme proxy des infrastructures.
Graphique 1 : Evolution du nombre de lignes
téléphoniques pour 1000 personnes
Source : world tables
Même si le graphique indique une amélioration des
infrastructures de téléphone dans la plupart des pays (la
Côte d'ivoire et le Sénégal connaissent une
évolution à la baisse), le niveau reste faible comparativement
à ceux atteints par d'autres pays. Or, l'on sait bien toute l'importance
de la communication pour un investisseur étranger.
I.2.2.3. L'union douanière et le marché
financier régional
L'union douanière est une étape de
l'intégration marquée par une libre circulation des biens et
services à l'intérieur de l'union et la mise en place d'un tarif
extérieur commun pour ce qui est des échanges de même
nature avec les pays tiers. Elle permet généralement une
intensification des relations commerciales entre les pays membres et la
réalisation des économies d'échelle. La mise en oeuvre de
l'union douanière de l'UEMOA s'est traduite par une
libéralisation des échanges entre les pays membres à
travers l'Acte additionnel N°04/96
10 Le principe de subsidiarité consiste à
réserver uniquement à l'échelon supérieur, ici
l'UEMOA, ce que l'échelon inférieur, les Etats membres de
l'UEMOA, ne pourrait effectuer que de manière moins efficace.
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
et celui N°04/9 8 qui ont permis une exonération
de tout droit et taxe des produits du cru et de l'artisanat traditionnel et
l'élimination totale de droit d'entrée aux produits originaires
agréés depuis le 1er janvier 2000. S'agissant des
échanges avec les pays tiers, il a été institué un
tarif extérieur commun (TEC) à travers le Règlement
N°02/97/CM/UEMOA. Le TEC est entré en vigueur le 1er
janvier 2000.
En termes de résultat, les exportations intra-zone qui
connaissaient une évolution à la baisse entre 1990 et 1995 se
sont inscrites à la hausse après la création de l'UEMOA
(cf. graphique2).Toutefois, la circulation des marchandises connaît
« des entraves non tarifaires consistant notamment en des obstacles
techniques et administratifs imposés aux produits communautaires et en
la multiplicité des barrages sur les corridors de l'union »11
Graphique 2 : Evolution des exportations
intra-communautaires
Source : Africa Development Indicators 2006
S'agissant du marché financier, il vient renforcer le
secteur financier et rentre dans le même cadre que la création de
la Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurance (CIMA) en
1992 et de la Conférence Interafricaine de Prévoyance Sociale
(CIPRES) dont le traité est entré en vigueur en octobre 1995. Une
autorité de marché à savoir le Conseil Régional de
l'Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) assure la
réglementation, l'agrément des acteurs et des opérations
par appel public à l'épargne. La Bourse Régionale des
Valeurs Mobilières (BRVM) assure la confrontation des ordres, la
cotation des valeurs et la diffusion des informations de marché. Dans le
cadre de son fonctionnement, le montant émis des actions
s'élève à 1 millions d'euros et celui des obligations
à 94 millions d'euro au titre de l'année 2003. Cela traduit dans
une certaine mesure l'ouverture économique de la zone.
Après l'examen des caractéristiques de l'UEMOA
et les facteurs d'attraction des IDE à travers la littérature
économique, il est indiqué de procéder à une
analyse empirique des IDE dans ce contexte.
11 Rapport annuel de la commission sur le fonctionnement et
l'évolution de l'Union présenté à la
10ème réunion de la Conférence des Chefs d'Etat
et de Gouvernement de l'UEMOA à Niamey le 27 mars 2006.
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
CHAPITRE II : ANALYSE QUANTITATIVE DES FLUX D'IDE DANS
LA ZONE UEMOA
La libéralisation des économies des pays membres
de l'UEMOA, engagée à travers la mise en oeuvre des programmes
d'ajustement structurels et les reformes entreprises dans le cadre de la
coordination des politiques économiques au sein de l'Union, devrait
exercer un effet stimulateur sur les IDE. Ce chapitre procède dans un
premier temps à une analyse de l'évolution des flux d'IDE et,
dans un second temps, se consacre à une investigation plus
poussée des mouvements d'IDE à travers une approche
économétrique.
II.1. Analyse descriptive des flux d'IDE
II.2.1. Evolution des IDE
Les flux d'IDE entrants au sein de l'UEMOA ont connu une
évolution en dents de scie entre 1990 et 2005. Le niveau le plus bas a
été enregistré en 1991 avec près de 156,5 millions
de dollars US alors que le plus important pic est intervenu en 1997 pour 732
millions de dollars. Du reste, la tendance est à la hausse durant toute
la période.
Graphique 3 : Evolution des flux d'IDE
entrant dans l'UEMOA
Source: World Investment Report 2006 (CNUCED)
En moyenne, les flux d'IDE sont passés de 202,62
millions de dollars sur la période 1990- 1994 à 517,66 millions
entre 1995 et 2000 pour se situer à 551,88 millions au cours de la
période 2000-2005.
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
Tableau 3 : Flux moyen d'IDE entrant
(millions de $ US)
Pays BENIN
|
1990-1994
55,16
|
1995-1999
21,44
|
2000-2005
41,11
|
BURKINA FASO
|
5,14
|
9,63
|
17,89
|
CÔTE D'IVOIRE
|
85,74
|
320,02
|
226,72
|
GUINEE BISSAU
|
2,73
|
3,54
|
3,39
|
MALI
|
1,34
|
47,11
|
140,04
|
NIGER
|
20,31
|
6,49
|
13,17
|
SENEGAL
|
27,43
|
86,19
|
59,41
|
TOGO
|
4,77
|
23,24
|
50,13
|
total UEMOA
|
202,62
|
517,66
|
551,88
|
Taux de croissance UEMOA (%)
|
|
155,48
|
6,61
|
Source: World Investment report 2006 (CNUCED)
Cette tendance haussière observée au cours des
périodes sous revue avec une très forte croissance entre
1990-1994 et 1995-1999 (155,48%) laisse entrevoir un effet positif lié
à l'élargissement des marchés nationaux dû à
la création de l'UEMOA en 1994. Cette affirmation reste toutefois
modérée car les hausses observées pourraient
également être attribuables aux mesures de privatisations prises
par certains pays ainsi qu'aux effets de la dévaluation du franc CFA. A
cela il faut ajouter les efforts de gouvernance dans certains pays.
Graphique 4 : Répartition des flux
d'IDE entrant par pays (en millions de $ US)
Source : World Investment Report 2006
Au sein de la zone UEMOA, la Côte d'Ivoire est la
principale destination des IDE. L'importance accrue des flux d'IDE dans
l'économie ivoirienne reflète les liens de plus en plus
étroits qui existent entre celle-ci en matière de commerce et
d'investissement, la spécialisation plus poussée de la production
et les relations commerciales plus développées avec les pays de
l'extérieur de l'Union. A cela il faut ajouter l'abondance des
ressources naturelles en dépit de la situation de conflit que
connaît le pays depuis septembre 2002. La
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
part contributive du Mali est également importante
durant la période 2000 à 2005 et cela est lié aux besoins
d'investissement dans les sites aurifères. La Guinée Bissau, le
Niger et le Burkina Faso ont attiré moins de capitaux au cours de la
période.
II.2.2 flux d'IDE et formation du capital
Pour apprécier la contribution des IDE à la
formation intérieure du capital, il est indiqué d'analyser la
tendance de la part des IDE dans la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF).
Graphique 5 : Part moyenne des flux d'IDE
entrant dans la FBCF
Source : calculs faits par nous à partir des World Tables
de la Banque Mondiale
Le rôle des IDE dans la formation intérieure de
capital est très faible dans les économies des pays
membres12 de l'UEMOA. En témoigne, la petitesse des parts
moyennes des flux d'IDE dans la FBCF des pays considérés
(confère les valeurs de l'axe des ordonnées). Toutefois, il est
observé une croissance régulière de la contribution des
IDE dans la formation intérieure de capital au Burkina Faso, en
Côte d'Ivoire, au Mali et au Togo. Cela ne traduit pas pour autant une
meilleure performance pour ces pays car l'on constate pour la plupart une
baisse relative de la FBCF durant la période 2000-2005. Le Bénin
connaît une situation particulière avec un pic exceptionnel durant
la période 1990-1994. Il est vrai que ce pays a enregistré un
afflux d'IDE relativement important durant cette période mais la
faiblesse de la part moyenne des IDE au cours des autres périodes
s'explique largement par un doublement de l'investissement total à
partir de 1998.
L'analyse statistique tend à montrer un effet positif
de l'intégration sur les flux d'IDE dans l'UEMOA et une faible
contribution de celui-ci à la formation du capital au niveau des pays
membres. Du reste, l'approche économétrique apportera davantage
de précision.
12 Le Niger n'a pas été pris en compte pour faute
de disponibilité de données
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
II.2. Analyse économétrique
Cette partie nous permettra de mesurer d'une part l'effet de
l'intégration de l'UEMOA sur les IDE et d'autre part d'apprécier
l'impact des IDE sur l'investissement total dans chacun des pays membres.
II.2.1. L'UEMOA et les flux d'IDE entrants
II.2.1.1. Présentation du modèle
Au regard des facteurs explicatifs des IDE
développés au chapitre1, notre modèle d'IDE se focalisera
essentiellement sur les motivations économiques.
II.2.1.1.1. présentation des variables
La variable endogène (IDE). Il s'agit des
flux d'IDE entrant dans les pays membres de l'Union.
Les variables exogènes retenues dans le
modèle sont les suivantes :
Le Produit Intérieur Brut
(PIB). De nombreuses études empiriques ont
évalué la taille du marché à l'aide du PIB. En
général, plus un marché est grand, plus la demande de
biens sur ce marché est élevée. Il devrait donc exister
une relation positive entre le PIB et les IDE.
L'inflation (INF). Il est connu que
les variables macroéconomiques influent indirectement sur l'IDE car
elles offrent de l'information sur l'état et la stabilité
prévisible de l'économie. L'inflation est
considérée dans ce modèle comme un substitut du
degré de stabilité macroéconomique et des attentes
liées à une économie. La théorie économique
enseigne qu'un niveau d'inflation élevé décourage les
investisseurs. La relation attendue de cette variable est donc
négative.
Le capital humain (DA). Le capital
humain peut être considéré comme un substitut de
l'efficience recherchée par les investisseurs. En effet, plus un pays
dispose de ressources humaines de qualité et à moindre
coût, mieux il attirera les IDE. Dans notre étude nous
considérerons le degré d'alphabétisation des adultes de
plus de 15 ans comme un proxy de cette variable. La relation attendue entre les
IDE et le capital humain est positive.
Les infrastructures (INFRA). Les
infrastructures physiques dans un pays permettent d'atteindre l'objectif
d'efficience recherché par les investisseurs. Nous utiliserons le nombre
de lignes téléphoniques pour 1000 personnes dans un pays comme
proxy de cette variable. La relation attendue est positive.
Le degré d'ouverture (DO).
L'ouverture économique d'un pays se mesure à travers sa
participation aux échanges internationaux. Ainsi, nous utiliserons le
commerce total (exportations plus importations) rapporté au PIB pour
traduire e degré d'ouverture économique. L'effet de la
libéralisation économique entreprise par les pays membres de
l'UEMOA depuis les années 80 devrait stimuler les mouvements d'IDE dans
la zone. La relation attendue est donc positive.
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
L'intégration économique
(UEMOA). La variable UEMOA est une variable muette qui nous
permettra de capter l'effet des mesures d'intégration économique
sur les flux d'IDE dans l'espace communautaire. Elle prendra la valeur « 0
» de 1990 à 1994, année de la création de l'UEMOA et
la valeur « 1 » de 1995 à 2004. Le choix de l'année de
rupture (1994) s'explique par le fait qu'une simple annonce de création
d'une institution d'intégration régionale renforce la
crédibilité des pays membres et la confiance des investisseurs.
L'effet attendu de cette variable est positif. Toutefois, il dépendra de
la pertinence, de l'efficacité et de l'effectivité des politiques
d'intégration sur les économies en présence.
La relation économétrique ainsi
spécifiée est la suivante :
IDEit = /J0 + /J1PIBit +
/J2INFit + /J3INFRAit + /J4DOit + /J5CHit + /J6UEMOA +
uit
Les f3i sont des coefficients à estimer et JLi est le
terme d'erreur ; i désigne le pays considéré et t
l'année d'observation de la variable. Les signes attendus des
coefficients sont tels que : f31>0, f32<0, f33>0, f34>0, f35>0,
et f36>0.
II.2.1.1.2. Source des données et méthode
d'estimation
Notre analyse repose sur une approche par les données
de panel qui sont une combinaison de séries temporelles et de coupes
transversales. L'avantage d'une telle approche est de capter les effets
dynamiques dans le comportement des pays et d'engendrer un faible niveau de
colinéarité entre les variables (DOUKOURE, 2004).
Les données utilisées dans l'analyse couvrent la
période 1990 à 2004 (soit une période de 15 ans) et prend
en compte l'ensemble des pays membres de l'UEMOA sauf la Guinée Bissau.
Ce dernier a intégré l'Union en 1997 alors que le processus
était déjà en marche. Aussi, se pose-t-il un
problème de disponibilité et de qualité des
données. Les données de l'estimation proviennent du rapport sur
l'investissement dans le monde 2006 de la CNUCED, des World Tables et du site
Internet de l'Université de Sherbrooke au Canada. Il est utilisé
une méthode d'estimation sur données de panel récemment
développé à savoir le modèle mixte (mixed model)
qui est à la fois une combinaison des effets fixes et aléatoires.
L'avantage d'une telle démarche est qu'elle permet d'éviter les
tests de spécification traditionnels qu'exigent les données de
panel. Les estimations ont été faites à l'aide du logiciel
STATA.9.2.
II.2.1.2. Résultats empiriques
Les résultats des estimations avec la méthode du
Maximum de Vraisemblance sont donnés par le tableau suivant extrait de
STATA.
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
Tableau 4 : les résultats des
estimations
ide
|
Mixed-effects REML regression
Wald chi2(6)
Log restricted-likelihood = -506.67978 Coef. Std. Err. z
|
Number of obs = 95
= 236.17
Prob > chi2 = 0.0000
P>|z| [95% Conf. Interval]
|
Pib
|
2.51e-08*
|
2.21e-09
|
11.36
|
0.000
|
2.08e-08
|
2.95e-08
|
inf
|
1.285474**
|
.6234694
|
2.06
|
0.039
|
.0634962
|
2.507451
|
do
|
135.9787*
|
42.0677
|
3.23
|
0.001
|
53.52753
|
218.4299
|
da
|
-.7712366
|
.6183512
|
-1.25
|
0.212
|
-1.983183
|
.4407094
|
infra
|
-2.10361
|
1.545117
|
-1.36
|
0.173
|
-5.131985
|
.924764
|
uemoa
|
52.931*
|
12.1522
|
4.36
|
0.000
|
29.11313
|
76.74888
|
cons
|
-109.2398*
|
20.84774
|
-5.24
|
0.000
|
-150.1007
|
-68.37904
|
Random-effects Parameters Estimate Std. Err. [95% Conf.
Interval]
sd (Residual) 48.26934 3.501826 41.87151 55.644
Comme le montre le tableau, l'effet du PIB sur l'IDE est
positif et statistiquement significatif. Il en est de même pour le
degré d'ouverture et l'UEMOA. Ces résultats sont robustes et
reflètent à la fois nos attentes et les résultats
trouvés dans la documentation. Le coefficient du degré
d'ouverture laisse croire que le commerce et l'investissement sont des
compléments et non des substituts.
En revanche, l'inflation exerce un effet positif et
significatif sur les IDE. Ce résultat contraire à nos attentes
est couramment rencontré dans les études antérieures
portant sur la zone UEMOA (HOMEVOR ; 2005). Le niveau d'inflation au cours de
la période d'analyse parait faible quant on sait qu'une inflation
élevée est habituellement le signe d'une économie en
croissance selon l'optique keynésienne et illustrée par la courbe
de Phillips. On pourrait donc imaginer qu'il existe un niveau d'inflation
optimal plus élevé par rapport à celui
considéré dans la période d'analyse et
toléré par les investisseurs.
Aussi, le capital humain et les infrastructures exercent-ils
un effet négatif et non significatif sur les IDE. Ce qui laisse supposer
que le niveau du capital humain et les infrastructures, toute chose
égale par ailleurs, ne sont pas des facteurs critiques d'attraction des
IDE dans l'espace UEMOA. Il est évident qu'à l'image des autres
pays africains, les IDE sont essentiellement dus à l'abondance de
ressources naturelles. S'agissant du capital humain, plusieurs travaux ont
aboutit à la conclusion que ce n'est pas le niveau de formation qui
importe mais plutôt une combinaison entre une qualification
élevée et un bas niveau de salaire (E. Beaulieu et alii).
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
II.2.2. Les IDE et l'investissement total dans l'UEMOA
II.2.2.1. Modèle et source de données
Pour apprécier l'apport des IDE dans la formation du
capital pour chacun des pays membres de l'Union, nous utiliserons un
modèle élaboré par Manuel R. Agosin et Ricardo Mayer
adapté au cas particulier des pays en développement. Il s'agit du
modèle suivant :
RINVt = a0 + a1RIDEt + a2DRIDE + a3DDRIDE +a4DRINV +
a5DDRINV + a6DTPIB + a7DDTPIB + it
Où RINV= ratio FBCF/PIB ; RIDE= ratio IDE/PIB ; TPIB= taux
de croissance du PIB
DRIDE, DRINV, DTPIB désignent respectivement les
variables RIDE, RINV et TPIB retardées d'une période. DDRIDE,
DDRINV et DDTPIB sont les mêmes variables retardées de deux
périodes. L'avantage d'une telle spécification est de permettre
de mesurer à la fois les effets à court et long terme des IDE sur
l'investissement total.
Ce modèle a été appliqué à
chacun des 7 pays membres de l'UEMOA sur des données provenant de la
Banque Mondiale. La période considérée est 1970-2004
suivant les pays.
II.2.2.2. Résultats empiriques
L'estimation à l'aide du logiciel SPSS 11.0 for Windows a
donné les résultats suivants : Tableau 5 :
Résultats des estimations du modèle
d'investissement
Variable dépendante RINV
|
BENIN
|
BURKINA
|
COTE D'IVOIRE
|
MALI
|
NIGER
|
SENEGAL
|
TOGO
|
RIDE
|
0,149
|
-0,033
|
0,423
|
-0,385
|
-0,404
|
-0,074
|
0,795
|
|
(0,491)
|
(-0,016)
|
(0,815)
|
(-0,721)
|
(-0,759)
|
(-0,261)
|
(1,323)
|
DRIDE
|
0,00235
|
1,712
|
-0,599
|
0,389
|
-0,028
|
-0,172
|
0,194
|
|
(0,078)
|
(0,911)
|
(-1,053)
|
(0,629)
|
(-0,051)
|
(-0,651)
|
(0,291)
|
DDRIDE
|
0,003
|
0,194
|
-0,028
|
-0,737
|
0,184
|
0,28
|
-0,011
|
|
(0,121)
|
(0,104)
|
(-0,056)
|
(-1,766)
|
(0,387)
|
(1,051)
|
(-0,016)
|
DRINV
|
0,811
|
0,840
|
1,037
|
0,677
|
0,666
|
0,64
|
0,389
|
|
(4,184)
|
(3,524)
|
(4,271)
|
(2,901)
|
(2,649)
|
(3,143)
|
(1,552)
|
DDRINV
|
-0,135
|
-0,0097
|
-0,18
|
0,246
|
-0,125
|
0,48
|
0,226
|
|
(-0,939)
|
(-0,413)
|
(-0,782)
|
(1,075)
|
(-0,628)
|
(2,177)
|
(0,988)
|
DTPIB
|
0,0048
|
0,089
|
0,022
|
-0,051
|
0,077
|
-0,019
|
0,124
|
|
(0,385)
|
(0,675)
|
(0,185)
|
(-0,524)
|
(0,884)
|
(-0,307)
|
(1,156)
|
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
DDTPIB
|
0,423 (2,943)
|
-0,286 (-2,077)
|
0,164 (1,668)
|
0,181 (1,857)
|
0,08 (0,961)
|
-0,018 (-0,307)
|
0,034 (0,352)
|
C
|
3,162
|
5,399
|
1,772
|
1,938
|
4,729
|
-1,039
|
4,866
|
|
(1,450)
|
(2,049)
|
(1,408)
|
(0,69)
|
(3,316)
|
(-0,686)
|
(1,021)
|
R2 Ajusté
|
0,71
|
0,65
|
0,88
|
0,59
|
0,42
|
0,79
|
0,20
|
F
|
7,864
|
7,06
|
33,347
|
7,485
|
3,279
|
18,448
|
1,792
|
NB : Les éléments qui sont dans les
parenthèses désignent les statistiques t de Student.
Les résultats des estimations montrent qu'à
court terme, les IDE exercent un effet positif sur l'investissement total au
Bénin, en Côte d'Ivoire et au Togo. Par contre un effet
opposé est observé au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au
Sénégal. Ainsi, aucun pays n'enregistre un effet significatif
à court terme (confère t de Student). On pourrait donc imaginer
que les IDE exercent un effet de substitution sur l'investissement domestique.
Les privatisations déjà évoquées justifient
pleinement cette thèse.
Quant aux effets de long terme, ils peuvent être
appréciés à l'aide du tableau suivant : Tableau 6
: coefficients de long terme
pays
|
Béni n
|
Burkina
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Niger
|
Sénégal
|
Togo
|
Coefficient
(áLT) 13
|
0,48
|
11 ,04
|
-1,43
|
-9,5
|
-0,5
|
-0,28
|
2,5
|
Si áLT >1, cela signifie qu'à long
terme, un accroissement des IDE entraîne un accroissement plus que
proportionnel de l'investissement total. Cette situation est observée au
Burkina Faso et au Togo. Ces deux pays enregistrent donc à long terme un
accroissement de
l'investissement total par le fait des IDE. Par ailleurs, il
apparaît au Bénin un accroissement moins que proportionnel de
l'investissement total (áLT <1). La Côte d'Ivoire,
le Mali, le Niger et le Sénégal enregistrent un effet
négatif des IDE sur l'investissement total à long terme.
Au regard de ces résultats, seuls le Togo et le
Bénin sont assurés d'un effet positif des IDE sur
l'investissement à court et à long terme. Le Mali et le Niger
observent quant à eux un effet négatif dans les deux cas.
Au terme de ce chapitre, on constate que les résultats de
l'analyse statistique sont confirmés par ceux de l'approche
économétrique.
13 Les coefficients sont nos propres calculs à partir de
la formule suivante : aLT= (a1 + a2 + a3)/ [1-(a4 + a5)]
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE
ECONOMIQUE
Cette étude nous a permis de mieux cerner la relation
entre l'intégration économique de l'UEMOA et les flux d'IDE
entrant dans l'Union. Il ressort de l'analyse économétrique que
l'intégration économique exerce un effet positif et significatif
sur les IDE. Le test de stabilité du modèle avec 1994 comme point
de rupture aboutit à la conclusion que celui-ci est instable, traduisant
ainsi un changement positif et significatif des flux d'IDE entrant après
la création de l'UEMOA. L'hypothèse H1 est donc
vérifiée. Le rôle de l'intégration
étant déterminant pour attirer les IDE, les gouvernants
gagneraient à consolider et à renforcer ce processus. Cela
passerait par une meilleure application des mesures communautaires dans les
pays membres. A ce titre, nous estimons que la seule compétence
économique reconnue aux autorités de l'Union n'assure pas une
meilleure lisibilité de ses actions. Nous suggérons donc que les
compétences de la commission soient élargies dans le domaine
politique afin que celle-ci puisse disposer d'une institution supranationale
forte et puissante. On pourrait alors envisager un transfert des
compétences du Conseil de l'Entente à l'UEMOA. Cela permettra de
mieux assurer la paix et la sécurité dans la zone et
d'améliorer la confiance des investisseurs.
L'étude a également révélé
que les capacités humaines et les infrastructures évoluent en
sens inverse des IDE. Ce constat, s'il est avéré, devrait
interpeller les décideurs à repenser les politiques publiques en
la matière. En effet, le cas du capital humain est
particulièrement pressant dans la zone. « Pour être rentables
d'un point de vue économique, l'éducation et la formation doivent
répondre à l'évolution constante des besoins du
marché du travail -- autrement dit, inculquer aux diplômés
les connaissances et compétences dont a besoin un pays à chaque
étape de son développement économique»14.
Comme on peut le constater, le contenu des formations semble s'inscrire en
déphasage avec l'exigence d'une économie moderne. L'exemple des
pays d'Asie nous enseigne qu'une vision de long terme de la
société voulue et désirée doit être
dégagée en vue d'orienter les bras frais de demain dans le sens
d'une spécialisation plus poussée en matière de formation.
De ce fait, la Commission pourrait aller plus loin dans le cadre de ses bourses
d'excellence en visant le renforcement des capacités des jeunes
diplômés dans de prestigieuses écoles
spécialisées à travers le monde. Il apparaît
dés lors, la nécessité d'une mise en oeuvre effective des
politiques sectorielles de l'Union.
S'agissant du lien entre les IDE et l'investissement, le
principal enseignement que l'on tire de cette étude est que
l'affirmation selon laquelle les IDE exercent un effet positif sur
la formation du capital n'est pas vraie dans tous les cas.
L'hypothèse H2 est donc rejetée. Les
14 Banque Mondiale « Au-delà de la croissance
économique ».
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
investigations économétriques permettent en
effet de distinguer trois groupes de pays. D'abord, le goupe1 (Bénin et
Togo) dans lequel il existe une relation de complémentarité entre
les IDE et l'investissement total à court et à long terme.
Dès lors, les autorités de ces pays pourraient mener une
politique active et discriminatoire au profit des IDE. Ainsi, une nette
amélioration du climat des affaires s'impose (conditions de
création d'entreprise favorables aux étrangers, allègement
de la fiscalité etc.). Ensuite dans le groupe 2 (Mali et Niger), il y a
un effet de substitution entre les IDE et l'investissement total. Le
financement du développement dans ces pays gagnerait à être
orienté vers l'aide et la dette. Enfin au niveau du groupe 3 (Burkina
Faso, Côte d'Ivoire et Sénégal) l'effet des IDE sur
l'investissement est imprécis. Ce groupe de pays pourrait conjuguer une
politique active d'attraction des IDE à une politique d'aide et
d'endettement bien ciblée.
Toutefois, les résultats auxquels nous sommes parvenus
doivent être nuancés, notamment en ce qui concerne la relation
entre l'intégration économique de l'UEMOA et les flux d'IDE
entrant. En effet, le modèle retenu n'incorpore pas certains
déterminants des IDE comme le risque-pays et le climat des affaires pour
faute de disponibilité de données statistiques. La prise en
compte de ces facteurs pourra changer les résultats des estimations.
Aussi, s'agissant du modèle d'investissement utilisé, la plupart
des coefficients estimés ne sont pas significatifs, traduisant ainsi une
faible robustesse des résultats.
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
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INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
ANNEXES
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