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Intégration économique et stimulation de l'investissement direct étranger : cas de l'UEMOA

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par Gaston YAMEOGO
Université de Cocody - Abidjan - DESS Hautes Etudes en Gestion de la Politique Economique 2007
  

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INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER :
Cas de l'UEMOA

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AIR : Accord d'Intégration Régionale

ALENA : Accord de Libre Echange Nord Américain

BRVM : Bourse Régionale des Valeurs Mobilières

CEAO : Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CIMA : Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurance

CIPRES : Conférence Interafricaine de Prévoyance Sociale

CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

CREPMF : Conseil Régional de l 'Epargne Publique et des Marchés Financiers

FBCF : Formation Brute de Capital Fixe

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

IDE : Investissement Direct Etranger

NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

PIB : Produit Intérieur Brut

TEC : Tarif Extérieur Commun

UDEAC : Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale

UEMOA : Union Economique et monétaire Ouest Africaine

$ US : dollar Etats-Unis

YAMEOGO Gaston i GPE 8

INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER :
Cas de l'UEMOA

NOTE DE SYNTHESE

Avec la baisse drastique de l'aide et les effets pervers de la dette, le financement extérieur du développement pourrait s'appuyer fortement sur les investissements directs étrangers (IDE). A ce titre, les accords d'intégration régionale vont chercher à attirer ces capitaux étrangers. Toutefois, les effets de l'intégration sur les IDE ne sont pas évidents dans le cas particulier des accords Sud-Sud. C'est pourquoi cette étude s'attache d'une part à déterminer les effets de l'UEMOA sur les flux d'IDE entrant dans la zone et d'autre part à établir le lien existant entre les IDE et l'investissement total dans chaque pays.

L'estimation d'un modèle d'IDE sur données de panel, prenant en compte l'ensemble des pays membres de l'UEMOA sauf la Guinée Bissau, a permis de montrer que l'intégration économique exerce un effet positif et significatif sur les flux d'IDE entrant dans la zone. Il se dégage également que les variables d'efficience économique comme le capital humain et les infrastructures physiques n'ont pas d'effet significatif sur les flux d'IDE entrant. En outre, l'estimation d'un modèle d'investissement incorporant les IDE révèle que ces derniers ont un effet mitigé sur la formation du capital dans la plupart des pays membres, confirmant ainsi les résultats de l'analyse statistique précédemment conduite.

Dés lors, il apparaît la nécessité pour les autorités des pays membres d'engager individuellement et collectivement un certain nombre de mesures afin d'assurer un financement sain du développement. Ainsi, la politique d'intégration doit être renforcée et consolidée. A ce titre, nous suggérons l'élargissement des compétences de l'UEMOA dans le domaine politique en vue de mieux assurer la paix et la sécurité dans la sous-région, de même que l'effectivité des mesures communautaires. Aussi, les politiques sectorielles doivent-elles connaître une mise en oeuvre effective afin de contribuer à l'amélioration de la qualité des ressources humaines et la disponibilité à moindre coût des infrastructures économiques. Par ailleurs, une politique agressive d'attraction des IDE pourrait être conduite au Togo et au Bénin alors que le Mali et le Niger gagneraient à privilégier un financement extérieur du développement basé sur l'aide et la dette. Les trois autres pays (Burkina Faso, Côte d'Ivoire et Sénégal) pourraient combiner les deux politiques.

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Cas de l'UEMOA

TABLE DES MATIERES

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS i

NOTE DE SYNTHESE ii

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DE L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER DANS L'UEMOA3

I.1. Les facteurs explicatifs de l'attraction des IDE 3

I.1.1. Les motivations économiques de l'IDE 3

I.1.1.1. Les principales motivations de l'IDE 3

I.1.1.2. Les autres facteurs explicatifs 4

I.1.2. Revue de littérature : l'intégration régionale et l'incitation à l'investissement 5

I.2. Caractéristiques de l'UEMOA 6

I.2.1. Les chantiers d'intégration de l'UEMOA 7

I.2.1.1. La surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques 7

I.2.2.2. Les politiques sectorielles communes 9

I.2.2.3. L'union douanière et le marché financier régional 9

CHAPITRE II : ANALYSE QUANTITATIVE DES FLUX D'IDE DANS LA ZONE UEMOA 11

II.1. Analyse descriptive des flux d'IDE 11

II.2.1. Evolution des IDE 11

II.2.2 flux d'IDE et formation du capital 13

II.2. Analyse économétrique 14

II.2.1. L'UEMOA et les flux d'IDE entrants 14

II.2.1.1. Présentation du modèle 14

II.2.1.2. Résultats empiriques 15

II.2.2. Les IDE et l'investissement total dans l'UEMOA 17

II.2.2.1. Modèle et source de données 17

II.2.2.2. Résultats empiriques 17

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE 19

BIBLIOGRAPHIE I

ANNEXES III

YAMEOGO Gaston iii GPE 8

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Cas de l'UEMOA

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : TAUX D'INFLATION (%) 7

TABLEAU 2 : TAUX DE CROISSANCE REEL DU PIB (EN %) 8

TABLEAU 3 : FLUX MOYEN D 'IDE ENTRANT (MILLIONS DE $ US) 12

TABLEAU 4 : LES RESULTATS DES ESTIMATIONS 16

TABLEAU 5 : RES UL TA TS DES ESTIMATIONS DU MODELE D'INVESTISSEMENT 17

TABLEAU 6 : COEFFICIENTS DE LONG TERME 18

LISTE DES GRAPHIQUES

GRAPHIQUE 1 : E VOL UTION DU NOMBRE DE LIGNES TELEPHONIQUES POUR 1000 PERSONNES 9

GRAPHIQUE 2 : E VOL UTION DES EXPORTATIONS INTRA-COMMUNAUTAIRES 10

GRAPHIQUE 3 : E VOLUTION DES FLUX D 'IDE ENTRANT DANS L 'UEMOA 11

GRAPHIQUE 4 : REPARTITION DES FLUX D 'IDE ENTRANT PAR PAYS (EN MILLIONS DE $ US) 12

GRAPHIQUE 5 : PART MOYENNE DES FLUX D 'IDE ENTRANT DANS LA FBCF 13

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Cas de l'UEMOA

INTRODUCTION GENERALE

« Les tentatives d'unions douanières et économiques, les efforts qui visent à intégrer économiquement des pays politiquement indépendants semblent aller dans le bon sens (M. NORRO, EURO 3190)1. Ainsi, les années 90 ont été marquées par une nouvelle vague de régionalisme caractérisée par le passage d'un modèle fermé à un régionalisme plus ouvert, par le démantèlement d'autres barrières en dehors de la réduction des tarifs douaniers (intégration en profondeur) et par la prolifération des accords Nord-Sud dans lesquels des pays à revenu élevé et des pays en développement sont des partenaires à part entière. Le continent africain et plus particulièrement la sous - région ouest africaine n'est pas restée en marge de ce processus. Il est alors constaté un regain important de régionalisme notamment après la création de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995.

La création de l'Union Africaine, l'avènement du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), la naissance en janvier 1994 de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) sous les cendres de la Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO) s'inscrivent dans cette logique. L'UEMOA, qui compte huit Etats membres, couvre une superficie de 3 509 125 km2 pour une population de 67 millions d'habitants. Des principaux objectifs poursuivis par l'Union, il ressort clairement la volonté affirmée des Etats de promouvoir individuellement et collectivement le développement durable. A cet effet, il apparaît sans doute la nécessité d'accroître les échanges commerciaux intra-communautaires ainsi que des niveaux d'investissement importants.

S'agissant du développement du commerce intra-régional, ceci devrait accélérer la croissance et la convergence des revenus au sein de l'Union. En effet, l'intégration des marchés devrait permettre de créer des pôles de croissance qui créeraient, à leur tour, suffisamment d'ouverture pour les pays membres moins développés.

Quant à l'accroissement des investissements, la littérature économique enseigne que l'exiguïté des marchés nationaux n'est pas à même de stimuler la formation du capital. Ainsi, l'élargissement des marchés encourage les investissements privés transfrontaliers et l'investissement direct étranger (IDE). Au demeurant, la mise en oeuvre de politiques commerciales et macroéconomiques appropriées permettrait de mettre en place des projets industriels et des unités de prestations de services de taille optimale qui se prêtent aux économies d'échelle.

A l'heure où la question du financement du développement se pose avec acuité, les motivations des IDE dans le cadre d'un ensemble intégré doivent constituer une préoccupation majeure. En effet, les IDE peuvent rompre le cercle infernal du sous- développement dans un contexte marqué par l'insuffisance du capital au niveau interne, la baisse drastique de l'aide et les effets pervers de l'endettement. L'expérience du développement des pays émergents d'Asie, communément appelés « dragons », constitue une illustration frappante. D'ailleurs, du moment où l'Union est en phase de négociation d'un

1 Cité par G. YAMEOGO (2000)

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Cas de l'UEMOA

accord de partenariat économique avec l'Union Européenne dans le cadre de l'accord de Cotonou, il apparaît opportun d'évaluer sa capacité à attirer les investissements en provenance de l'étranger, seul gage de préservation et de renforcement du tissu industriel de la zone.

Par ailleurs, au regard du niveau atteint dans la mise en oeuvre des différents chantiers d'intégration de l'UEMOA conjugué aux avantages existant dans les domaines monétaire et financier, il était suffisamment indiqué que les motivations pour les IDE soient plus fortes dans la zone. Or, ceci ne semble pas être corroboré par les faits. D'où la nécessité d'établir la relation existant entre les flux d'IDE entrants et les efforts accomplis en matière d'intégration des économies des pays membres ainsi que le rôle que joue ce dernier dans la formation du capital.

En outre, plusieurs études ont tenté de définir les déterminants des IDE dans la zone UEMOA à travers une estimation sur données de panel. La méthode d'estimation utilisée était basée sur les effets fixes et aléatoires. Or, les développements économétriques récents sur les données de panels ont aboutit au modèle mixte (mixed model) qui combinent à la fois les deux effets et fournit des estimateurs plus efficaces. La présente étude contribuera donc à mieux affiner la méthode d'approche en vue d'améliorer la qualité des résultats.

L'objectif principal de cette étude est d'enrichir les travaux précédents, à travers l'examen de l'impact de l'intégration économique de l'UEMOA sur les flux de capitaux étrangers au niveau de l'Union ainsi que leur contribution à la formation intérieure de capital. Les objectifs spécifiques sont les suivants :

· Examiner les conséquences de l'intégration économique sur l'investissement direct étranger ;

· Etablir le lien existant entre les flux d'IDE et l'investissement dans la zone.

Pour atteindre ces objectifs, nous formulons les hypothèses suivantes :

1. Si les réformes entreprises dans le cadre de l'intégration sont effectivement mises en oeuvre, on devrait observer un accroissement des flux d'IDE dans l'Union ;

2. Les IDE exercent un effet positif sur la formation du capital dans les pays membres de l'espace UEMOA.

Après avoir cerné la problématique des IDE dans la zone UEMOA (chapitre I), la vérification des hypothèses ci-dessus formulées procédera par une analyse quantitative essentiellement basée sur les méthodes statistique et économétrique (chapitre II).

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Cas de l'UEMOA

CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DE L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER DANS L'UEMOA

Pour cerner la problématique de l'IDE dans l'UEMOA, il est important de voir d'abord les éléments explicatifs de l'attraction des IDE selon la littérature économique et ensuite le niveau atteint par l'Union au regard de ces caractéristiques.

I.1. Les facteurs explicatifs de l'attraction des IDE

Nous distinguerons les mobiles purement économiques des autres types de motivations.

I.1.1. Les motivations économiques de l'IDE

I.1.1.1. Les principales motivations de l'IDE

La littérature économique fait état de trois motivations principales de l'IDE. Il s'agit de la recherche de débouchés, la recherche de ressources ou d'actifs et la recherche de l'efficience.

> La recherche de débouchés. L'IDE est traditionnellement le fait des entreprises multinationales qui contrôlent et gèrent des établissements de production situés dans au moins deux pays. Ainsi, l'IDE se révèle principalement comme un outil grâce auquel une entreprise étend ses frontières territoriales à l'étranger. A ce titre, l'importance de la recherche de débouchés comme déterminant de l'IDE est évidente. Diverses études empiriques ont montré que la taille et la croissance des marchés du pays hôte sont parmi les plus importants facteurs explicatifs des IDE (E. BEAULIEU et alii). En fait, un vaste marché et une forte croissance économique augmentent l'attrait des IDE pour un pays car la taille supérieure du marché lui permet d'exploiter des économies d'échelle et de réaliser de meilleurs profits.

> Recherche de ressources ou d'actifs. C'est la plus importante motivation des IDE en ce qui concerne les économies en développement. En effet, L'IDE orienté vers la recherche de ressources s'explique par la disponibilité de richesses naturelles dans les pays hôtes. Cependant, la part de l'IDE orientée vers la recherche de ressources par rapport aux flux totaux d'IDE à l'échelle mondiale a diminué considérablement. La part du secteur primaire des stocks d'IDE sortant des plus grands pays investisseurs était inférieure à 5% dans la première moitié des années 1990 (CNUCED, 1998).

> Recherche de l'efficience. Le désir de tirer parti des différences dans les coûts de main-d'oeuvre et les technologies s'est révélé ces dernières années comme une importante motivation de l'IDE. C'est ce qui explique d'ailleurs l'émergence de chaînes de production géographiquement dispersées à travers le monde. Mais, au delà du coût de la main d'oeuvre, d'autres facteurs déterminent les flux d'IDE orientés vers la recherche de l'efficience. Il s'agit de la différence de coût entre emplacements, la qualité de l'infrastructure et des services aux entreprises, la facilité de faire des affaires et la disponibilité des compétences et des technologies. Ainsi, cette motivation ne s'explique pas seulement par le bas niveau des salaires mais plutôt par une combinaison entre le niveau des salaires et la productivité des travailleurs.

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Cas de l'UEMOA

I.1.1.2. Les autres facteurs explicatifs

Outre les facteurs économiques, d'autres motifs sont couramment évoqués à savoir la stabilité macroéconomique, le risque-pays et les politiques gouvernementales. La présente sous- section examine tour à tour chacun de ces déterminants.

> Stabilité macroéconomique2. Selon Brewer (1993), si la taille du marché est un important facteur explicatif de l'IDE, l'environnement macroéconomique, comme les politiques monétaire et budgétaire qui stimulent ou freinent la croissance, en est aussi un déterminant non négligeable. Il est connu que les variables macroéconomiques influent indirectement sur l'IDE, car elles offrent de l'information sur l'état et la stabilité prévisibles de l'économie. Par exemple, dans son article-enquête, De Mello Jr. (1997) signale que les apports d'IDE sont sensibles aux contraintes de la balance des paiements et à la performance macroéconomique en général. De même, Bajo et Rivero (1994) et Wang et Swain (1995) utilisent des variables macroéconomiques comme l'inflation ou les taux d'intérêt réels comme substituts du degré de stabilité macroéconomique et des attentes liées à une économie. Wang et Swain (1995) notent d'importantes répercussions négatives des taux d'intérêt internes sur l'apport d'IDE en Chine et en Hongrie durant les périodes 1978-1992 et 1968-1992 respectivement. Les données empiriques fournies par Bajo et Rivero (1994) montrent un effet hautement significatif de l'inflation sur les apports d'IDE.

> Risque-pays. L'absence de droits de propriété et contractuels protégés décourage l'investissement (Olson, 1982; Weingast, 1993)3. Ainsi, la présence ou non du risque d'être exproprié et de mécanisme établi pour régler pacifiquement les différends justifient dans une certaine mesure l'orientation géographique des IDE. Du reste, le respect des contrats, la corruption et la qualité de la bureaucratie constituent des facteurs non négligeables dans la décision des investisseurs. Knack et Keefer (1995)4 constatent que les institutions protégeant les droits de propriété sont cruciales pour la croissance économique et l'investissement. Les pays mal notés dans ces domaines attireront moins de capitaux internationaux.

> Politiques gouvernementales. Outre les facteurs ci-dessus évoqués, il faut noter que les infrastructures, les politiques fiscales et réglementaires contribuent à expliquer l'attrait des IDE dans un pays. L'infrastructure qui existe dans un pays influe sur le coût d'y faire des affaires et, par conséquent, peut avoir une incidence sur les décisions des entreprises de s'installer dans un territoire donné. Concernant les politiques fiscales et la réglementation, il faut dire qu'elles peuvent être d'importants facteurs de décisions d'investissement des entreprises. Ainsi, la privatisation est par exemple un déterminant primordial des flux d'IDE dans les pays qui mettent en oeuvre de telles politiques. C'est un exemple extrême de la façon dont la réglementation influe sur le choix du lieu où investir.

Si les facteurs ci-dessus évoqués sont importants pour expliquer les mouvements des IDE, il n'en demeure pas moins que la coordination des politiques dans le cadre d'un ensemble intégré jouerait également un rôle primordial.

2 Ce point est largement inspiré d'E. Beaulieu et alii

3 Cité par E. Beaulieu et alii

4 Cité par E. Beaulieu et alii

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Cas de l'UEMOA

I.1.2. Revue de littérature : l'intégration régionale et l'incitation à l'investissement

L'intégration régionale peut affecter les incitations à l'investissement si les changements de politique augmentent les perspectives de retour sur investissement ou s'ils font baisser les coûts. BALDWIN et FORSLID (1996), à travers une étude sur la perspective du marché unique européen, indiquent que le taux de rendement du capital peut croître dans tous les pays en cours d'intégration quelle que soit l'abondance du capital. Ils soulignent que l'intégration régionale réduit habituellement les coûts de transaction des produits marchands plus que ceux des produits non marchands orientant ainsi l'offre et la demande vers le premier type de produit. Et comme les produits marchands ont généralement une plus forte intensité en capital, la libéralisation aura pour effet d'augmenter la demande en capital et donc d'accroître le rendement de celui-ci. Le taux de rendement élevé augmente alors le montant du capital que l'on souhaite utiliser, ce qui fait augmenter l'investissement. En outre, une plus forte concurrence dans les secteurs marchands peut générer une amélioration de l'efficacité et une plus grande demande d'intrants dans ces secteurs de telle sorte à faire croître la demande relative de capital. L'intégration peut également influer sur le prix des biens d'équipement à travers la baisse des droits de douane et les coûts de transaction sur les importations de ces biens, toute chose à même d'augmenter le taux de rendement et l'accumulation.

Ces arguments avancés ont moins de chance de se produire dans les pays à faible revenu comme ceux de l'UEMOA. En effet, à cause des mesures de protection, les biens d'équipement dans ces pays étaient déjà faiblement taxés et le tissu industriel est très léger. Dans un tel contexte, il pourrait même en résulter une baisse de la demande de capital et d'investissement.

Toutefois, l'intégration qui va au-delà de l'union douanière peut amener l'efficacité du secteur financier et stimuler l'investissement à travers la réduction des taux de prêts bancaires et le coût du financement (SCHIFF & WINTERS, 2003). Cet argument qui semble avantageux pour les petits pays et au cas particulier de l'UEMOA reste modéré selon certains analystes si les pays considérés ont les mêmes dotations factorielles et les mêmes structures de production. Il en est de même s'ils sont sensibles aux mêmes chocs.

Au regard de ce qui précède, l'argument selon lequel l'intégration économique augmentera l'investissement est plus vraisemblable dans le cas des accords Nord-Sud que Sud-Sud. L'augmentation des investissements reste donc conditionnée par la réalisation d'un certain nombre de conditions. Au demeurant, DE MELO, MONTENEGRO et PANAGARIYA (1993) relèvent que les accords d'intégration africaine comme la CEAO et l'Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale (UDEAC) ont connu une hausse de leur taux d'investissement après la mise en oeuvre du processus d'intégration.

Il convient toutefois de souligner que bien que les IDE soient liés aux mêmes facteurs que tous les investissements, ils répondent à des caractéristiques propres. Selon la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), il y a investissement direct étranger lorsqu'un investisseur basé dans un pays, le pays d'origine, acquiert un actif dans un

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Cas de l'UEMOA

autre pays (pays d'accueil) avec l'intention de le gérer. L'UEMOA souligne que n'est pas considérée comme investissement direct la seule participation, lorsqu'elle n'excède pas 20% dans le capital de cette société5.

Les accords d'intégration régionale (AIR) vont chercher particulièrement à attirer les IDE pour la simple raison que des marchés plus vastes, plus de concurrence et une plus grande crédibilité politique attireront davantage les investissements ; ce qui fera augmenter l'intensité du capital dans la production et contribuer à encourager le progrès technique (SCHIFF et WINTER, 2003). Ainsi, la vente sur les marchés nationaux peut être un élément essentiel dans le choix des investisseurs internationaux mais la condition nécessaire à ce type d'investissement est que le marché national ne soit pas facilement accessible de l'extérieur du bloc intégré. Les IDE qui touchent aux politiques protectionnistes ont été analysés par BHAGWATI (1987) qui fait la distinction entre les IDE « quid pro quo » et les IDE de « contournement ». Ainsi, les IDE de contournement sont ceux ayant pour but de contourner les barrières douanières. Quant aux IDE qui pro quo, ils sont effectués non pas pour contourner les barrières douanières mais pour prévenir le risque de protection. Dans ce cas, selon l'auteur, les IDE qui s'accompagnent de transfert de technologie représentent en quelque sorte un cadeau fait au pays hôte pour qu'il laisse entrer les produits du pays investisseur.

Les IDE sont également attirés par les facteurs locaux de production comme la disponibilité d'une main d'oeuvre locale. Cette raison est d'autant plus plausible s'il s'agit d'un accord Nord-Sud. En effet, une firme installée dans le pays en développement peut profiter d'intrants à bon marché tout en ayant accès à l'économie du pays développé. Cet argument a été prouvé dans l'Accord de Libre Echange Nord Américain (ALENA) où le Mexique a connu un afflux d'IDE certainement à cause des vastes marchés des Etats-Unis et du Canada.

Enfin, la recherche d'une répartition efficace de leurs opérations dans les pays membres par les firmes pourrait être un facteur d'attrait des IDE grâce à l'intégration régionale. A ce titre, si les dotations factorielles des pays membres sont différentes, l'intégration pourrait susciter des IDE verticaux. Cette affirmation s'adapte le plus aux accords Nord-Sud. En effet, avec un accord préférentiel garanti au marché du Nord, le pays du Sud pourrait attirer les activités à haute intensité de main d'oeuvre.

En somme, l'intégration régionale peut accroître les incitations à investir dans les pays membres car le processus de coordination des politiques et d'ouverture des marchés ne sont pas en contradiction avec les facteurs explicatifs des IDE évoqués plus haut. Il convient donc de s'interroger sur le niveau atteint par les pays membres de l'UEMOA.

I.2. Caractéristiques de l'UEMOA

Il s'agit d'examiner dans cette section les reformes entreprises par l'UEMOA dans le cadre de l'intégration économique et leurs effets sur certains déterminants des IDE.

5 Règlement n°09/1 998/CM/UEMOA relatif aux relations financières extérieures des Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

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Cas de l'UEMOA

I.2.1. Les chantiers d'intégration de l'UEMOA

Le traité de l'UEMOA, signé en janvier 1994 et entré en vigueur le 1er août de la même année, vise la création d'une union douanière, la convergence des politiques économiques et la conduite de politiques sectorielles communes.

I.2.1.1. La surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques

La surveillance multilatérale repose sur les objectifs définis dans le pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité à travers l'Acte Additionnel n°04/99 et modifié suivant l'Acte Additionnel n°03/2003. Il s'agit d'abord d'observer une phase de convergence des économies des pays membres du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2008 (nouvel horizon de convergence) et ensuite une phase de stabilité commençant le 1er janvier 2009. Deux types de critères de convergence à savoir ceux dits de premier rang et d'autres dits de second rang sont à respecter par les Etats. Le critère clé est le ratio du solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal qui doit être supérieur ou égal à 0%.

Les performances de chaque pays dans l'observation de ces critères ressort à travers le tableau de l'annexe 1. Comme on peut le constater, les performances sont faibles pour l'ensemble des pays. Nous examinerons le cas spécifique de l'inflation et la croissance économique qui sont des déterminants clés en matière d'IDE.

L'inflation en glissement annuel est contenue autour de 3% dans les pays membres de l'Union. En effet, la variation relative du niveau général des prix se situe à 0,4% en moyenne en 2004 au sein de l'Union contre une très forte variation de 14,4% pour les autres pays de la CEDEAO hors UEMOA. Toutefois, ce taux plafond de 3% a été dépassé en 2005 à cause de l'augmentation des prix des denrées alimentaires et du carburant dans les pays membres (7,9% au Niger et 5% au Burkina Faso).

Tableau 1 : taux d'inflation (%)

Pays

2004

2005 (e)

2006 (f)

2007 (f)

Bénin

0,9

4,7

3,4

1,8

Burkina Faso

-0,4

5

4,2

1,5

Côte d'Ivoire

1,6

4,7

3

2,4

Guinée Bissau

3

2

2

2

Mali

-2,8

5

-0,8

1,4

Niger

0,2

7,9

2,7

2,2

Sénégal

0,5

2,3

2,5

2

Togo

1,2

1,7

2

2,3

Moyenne UEMOA

0,4

4,4

2,6

2

Moyenne autres pays CEDEAO

14,4

16

8,1

7,3

Source : Perspectives Economique en Afrique 2006 (BAD & Centre de Développement de l'OCDE)

S'agissant de la croissance du PIB réel des économies des pays membres de l'UEMOA, son taux s'est situé à 3,5% en moyenne entre 1997 et 2003, soit un peu en deçà du taux enregistré par les pays de la CEDEAO hors UEMOA (tableau 2). Au Burkina Faso, les estimations de la croissance ont atteint 5,4% en 2005 contre seulement 2,3% pour la Guinée Bissau. La croissance du PIB par habitant est encore plus faible quant on sait que le taux de croissance de la population se situe en moyenne à plus de 3% dans la zone. D'ailleurs, l'évolution de la croissance ne laisse entrevoir aucun signe de convergence des économies. En effet, la théorie de la convergence économique postule que si les pays qui tirent de l'arrière (ceux qui ont des

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Cas de l'UEMOA

niveaux inférieurs de productivité et de revenu réel) appliquent des politiques micro- économiques et macro-économiques appropriées, ils devraient pouvoir hausser leur revenu réel plus rapidement que le pays qui se situe en tête du peloton (le meneur sur les plans de la technologie et de la productivité). Il en est ainsi parce qu'ils bénéficient des avantages6 découlant de leur retard.7 Au demeurant, on s'attendrait à une croissance plus forte dans les pays sahéliens plus pauvres (Burkina Faso, Mali, Niger) par rapport aux pays de la façade maritime (Côte d'Ivoire, Sénégal et Bénin) relativement plus industrialisés.

Tableau 2 : Taux de croissance réel du PIB (en %)

Pays

1997-2003

2004

2005 (e8)

2006 (p)

2007 (p)

Bénin

4,9

3,4

4

4,6

4,7

Burkina Faso

5,4

4,6

5,4

7,6

5,9

Côte d'Ivoire

1

1,6

1

1,9

2,4

Guinée Bissau

-1,8

4,3

2,3

2,6

3,1

Mali

5,6

2,2

5,4

5,5

5,4

Niger

4,1

-0,6

4,5

4

3,7

Sénégal

4,9

6

5

5,2

5,9

Togo

1,8

2,9

3

3

3

Moyenne UEMOA

3,5

3

3,7

4,4

4,4

Moyenne autres pays CEDEAO

3,9

5,8

4,7

5,7

6

Source : Perspectives Economiques en Afrique 2006 (BAD & Centre de Développement de l'OCDE)

Les faibles résultats enregistrés s'expliquent par certains facteurs comme le manque de vigueur de l'activité économique, la forte vulnérabilité aux chocs extérieurs, l'insuffisance de l'assainissement des finances publiques, la lenteur dans la mise en oeuvre des politiques sectorielles et des reformes structurelles ainsi que la persistance des tensions sociopolitiques et des conflits armés dans certains pays de l'Union9.

6 L'expression « avantage du retard » est parfois utilisée lorsqu'on évoque cette possibilité de bénéficier d'investissements et de moyens technologiques étrangers, qui devraient (du moins en théorie) permettre aux pays pauvres de se développer plus rapidement que ne l'ont fait les pays aujourd'hui industrialisés.

7 Ashfaq Ahmad et alii (1 996)

8 (e) désigne estimation et (p) désigne prévision.

9 Cf. conférence prononcée par le professeur Lambert Galadjo BAMBA sous le thème : l'intégration économique et monétaire et convergence des politiques macroéconomiques dans la zone UEMOA au profit des auditeurs de la 8ème promotion du programme GPE Abidjan en 2006

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Cas de l'UEMOA

I.2.2.2. Les politiques sectorielles communes

L'harmonisation des politiques sectorielles devrait permettre l'émergence dans la zone d'unités de production compétitives. Ainsi, les secteurs retenus sont principalement les ressources humaines, l'aménagement du territoire, l'environnement, les transports et télécommunications, l'agriculture, l'énergie l'industrie et les mines. Des politiques communes ont été adoptées dans la plupart de ces secteurs avec le respect du principe de subsidiarité10. Toutefois, il est observé une certaine lenteur dans la mise en oeuvre de ces politiques sectorielles. En conséquence, la zone UEMOA reste marquée par la faiblesse du niveau des infrastructures économiques. En témoigne, l'évolution de cet indicateur des télécommunications retenu dans notre analyse comme proxy des infrastructures.

Graphique 1 : Evolution du nombre de lignes téléphoniques pour 1000 personnes

Source : world tables

Même si le graphique indique une amélioration des infrastructures de téléphone dans la plupart des pays (la Côte d'ivoire et le Sénégal connaissent une évolution à la baisse), le niveau reste faible comparativement à ceux atteints par d'autres pays. Or, l'on sait bien toute l'importance de la communication pour un investisseur étranger.

I.2.2.3. L'union douanière et le marché financier régional

L'union douanière est une étape de l'intégration marquée par une libre circulation des biens et services à l'intérieur de l'union et la mise en place d'un tarif extérieur commun pour ce qui est des échanges de même nature avec les pays tiers. Elle permet généralement une intensification des relations commerciales entre les pays membres et la réalisation des économies d'échelle. La mise en oeuvre de l'union douanière de l'UEMOA s'est traduite par une libéralisation des échanges entre les pays membres à travers l'Acte additionnel N°04/96

10 Le principe de subsidiarité consiste à réserver uniquement à l'échelon supérieur, ici l'UEMOA, ce que l'échelon inférieur, les Etats membres de l'UEMOA, ne pourrait effectuer que de manière moins efficace.

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et celui N°04/9 8 qui ont permis une exonération de tout droit et taxe des produits du cru et de l'artisanat traditionnel et l'élimination totale de droit d'entrée aux produits originaires agréés depuis le 1er janvier 2000. S'agissant des échanges avec les pays tiers, il a été institué un tarif extérieur commun (TEC) à travers le Règlement N°02/97/CM/UEMOA. Le TEC est entré en vigueur le 1er janvier 2000.

En termes de résultat, les exportations intra-zone qui connaissaient une évolution à la baisse entre 1990 et 1995 se sont inscrites à la hausse après la création de l'UEMOA (cf. graphique2).Toutefois, la circulation des marchandises connaît « des entraves non tarifaires consistant notamment en des obstacles techniques et administratifs imposés aux produits communautaires et en la multiplicité des barrages sur les corridors de l'union »11

Graphique 2 : Evolution des exportations intra-communautaires

Source : Africa Development Indicators 2006

S'agissant du marché financier, il vient renforcer le secteur financier et rentre dans le même cadre que la création de la Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurance (CIMA) en 1992 et de la Conférence Interafricaine de Prévoyance Sociale (CIPRES) dont le traité est entré en vigueur en octobre 1995. Une autorité de marché à savoir le Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) assure la réglementation, l'agrément des acteurs et des opérations par appel public à l'épargne. La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) assure la confrontation des ordres, la cotation des valeurs et la diffusion des informations de marché. Dans le cadre de son fonctionnement, le montant émis des actions s'élève à 1 millions d'euros et celui des obligations à 94 millions d'euro au titre de l'année 2003. Cela traduit dans une certaine mesure l'ouverture économique de la zone.

Après l'examen des caractéristiques de l'UEMOA et les facteurs d'attraction des IDE à travers la littérature économique, il est indiqué de procéder à une analyse empirique des IDE dans ce contexte.

11 Rapport annuel de la commission sur le fonctionnement et l'évolution de l'Union présenté à la 10ème réunion de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UEMOA à Niamey le 27 mars 2006.

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CHAPITRE II : ANALYSE QUANTITATIVE DES FLUX D'IDE DANS LA ZONE UEMOA

La libéralisation des économies des pays membres de l'UEMOA, engagée à travers la mise en oeuvre des programmes d'ajustement structurels et les reformes entreprises dans le cadre de la coordination des politiques économiques au sein de l'Union, devrait exercer un effet stimulateur sur les IDE. Ce chapitre procède dans un premier temps à une analyse de l'évolution des flux d'IDE et, dans un second temps, se consacre à une investigation plus poussée des mouvements d'IDE à travers une approche économétrique.

II.1. Analyse descriptive des flux d'IDE

II.2.1. Evolution des IDE

Les flux d'IDE entrants au sein de l'UEMOA ont connu une évolution en dents de scie entre 1990 et 2005. Le niveau le plus bas a été enregistré en 1991 avec près de 156,5 millions de dollars US alors que le plus important pic est intervenu en 1997 pour 732 millions de dollars. Du reste, la tendance est à la hausse durant toute la période.

Graphique 3 : Evolution des flux d'IDE entrant dans l'UEMOA

Source: World Investment Report 2006 (CNUCED)

En moyenne, les flux d'IDE sont passés de 202,62 millions de dollars sur la période 1990- 1994 à 517,66 millions entre 1995 et 2000 pour se situer à 551,88 millions au cours de la période 2000-2005.

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Tableau 3 : Flux moyen d'IDE entrant (millions de $ US)

Pays BENIN

1990-1994

55,16

1995-1999

21,44

2000-2005

41,11

BURKINA FASO

5,14

9,63

17,89

CÔTE D'IVOIRE

85,74

320,02

226,72

GUINEE BISSAU

2,73

3,54

3,39

MALI

1,34

47,11

140,04

NIGER

20,31

6,49

13,17

SENEGAL

27,43

86,19

59,41

TOGO

4,77

23,24

50,13

total UEMOA

202,62

517,66

551,88

Taux de croissance UEMOA (%)

 

155,48

6,61

Source: World Investment report 2006 (CNUCED)

Cette tendance haussière observée au cours des périodes sous revue avec une très forte croissance entre 1990-1994 et 1995-1999 (155,48%) laisse entrevoir un effet positif lié à l'élargissement des marchés nationaux dû à la création de l'UEMOA en 1994. Cette affirmation reste toutefois modérée car les hausses observées pourraient également être attribuables aux mesures de privatisations prises par certains pays ainsi qu'aux effets de la dévaluation du franc CFA. A cela il faut ajouter les efforts de gouvernance dans certains pays.

Graphique 4 : Répartition des flux d'IDE entrant par pays (en millions de $ US)

Source : World Investment Report 2006

Au sein de la zone UEMOA, la Côte d'Ivoire est la principale destination des IDE. L'importance accrue des flux d'IDE dans l'économie ivoirienne reflète les liens de plus en plus étroits qui existent entre celle-ci en matière de commerce et d'investissement, la spécialisation plus poussée de la production et les relations commerciales plus développées avec les pays de l'extérieur de l'Union. A cela il faut ajouter l'abondance des ressources naturelles en dépit de la situation de conflit que connaît le pays depuis septembre 2002. La

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part contributive du Mali est également importante durant la période 2000 à 2005 et cela est lié aux besoins d'investissement dans les sites aurifères. La Guinée Bissau, le Niger et le Burkina Faso ont attiré moins de capitaux au cours de la période.

II.2.2 flux d'IDE et formation du capital

Pour apprécier la contribution des IDE à la formation intérieure du capital, il est indiqué d'analyser la tendance de la part des IDE dans la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF).

Graphique 5 : Part moyenne des flux d'IDE entrant dans la FBCF

Source : calculs faits par nous à partir des World Tables de la Banque Mondiale

Le rôle des IDE dans la formation intérieure de capital est très faible dans les économies des pays membres12 de l'UEMOA. En témoigne, la petitesse des parts moyennes des flux d'IDE dans la FBCF des pays considérés (confère les valeurs de l'axe des ordonnées). Toutefois, il est observé une croissance régulière de la contribution des IDE dans la formation intérieure de capital au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Mali et au Togo. Cela ne traduit pas pour autant une meilleure performance pour ces pays car l'on constate pour la plupart une baisse relative de la FBCF durant la période 2000-2005. Le Bénin connaît une situation particulière avec un pic exceptionnel durant la période 1990-1994. Il est vrai que ce pays a enregistré un afflux d'IDE relativement important durant cette période mais la faiblesse de la part moyenne des IDE au cours des autres périodes s'explique largement par un doublement de l'investissement total à partir de 1998.

L'analyse statistique tend à montrer un effet positif de l'intégration sur les flux d'IDE dans l'UEMOA et une faible contribution de celui-ci à la formation du capital au niveau des pays membres. Du reste, l'approche économétrique apportera davantage de précision.

12 Le Niger n'a pas été pris en compte pour faute de disponibilité de données

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II.2. Analyse économétrique

Cette partie nous permettra de mesurer d'une part l'effet de l'intégration de l'UEMOA sur les IDE et d'autre part d'apprécier l'impact des IDE sur l'investissement total dans chacun des pays membres.

II.2.1. L'UEMOA et les flux d'IDE entrants

II.2.1.1. Présentation du modèle

Au regard des facteurs explicatifs des IDE développés au chapitre1, notre modèle d'IDE se focalisera essentiellement sur les motivations économiques.

II.2.1.1.1. présentation des variables

La variable endogène (IDE). Il s'agit des flux d'IDE entrant dans les pays membres de l'Union.

Les variables exogènes retenues dans le modèle sont les suivantes :

Le Produit Intérieur Brut (PIB). De nombreuses études empiriques ont évalué la taille du marché à l'aide du PIB. En général, plus un marché est grand, plus la demande de biens sur ce marché est élevée. Il devrait donc exister une relation positive entre le PIB et les IDE.

L'inflation (INF). Il est connu que les variables macroéconomiques influent indirectement sur l'IDE car elles offrent de l'information sur l'état et la stabilité prévisible de l'économie. L'inflation est considérée dans ce modèle comme un substitut du degré de stabilité macroéconomique et des attentes liées à une économie. La théorie économique enseigne qu'un niveau d'inflation élevé décourage les investisseurs. La relation attendue de cette variable est donc négative.

Le capital humain (DA). Le capital humain peut être considéré comme un substitut de l'efficience recherchée par les investisseurs. En effet, plus un pays dispose de ressources humaines de qualité et à moindre coût, mieux il attirera les IDE. Dans notre étude nous considérerons le degré d'alphabétisation des adultes de plus de 15 ans comme un proxy de cette variable. La relation attendue entre les IDE et le capital humain est positive.

Les infrastructures (INFRA). Les infrastructures physiques dans un pays permettent d'atteindre l'objectif d'efficience recherché par les investisseurs. Nous utiliserons le nombre de lignes téléphoniques pour 1000 personnes dans un pays comme proxy de cette variable. La relation attendue est positive.

Le degré d'ouverture (DO). L'ouverture économique d'un pays se mesure à travers sa participation aux échanges internationaux. Ainsi, nous utiliserons le commerce total (exportations plus importations) rapporté au PIB pour traduire e degré d'ouverture économique. L'effet de la libéralisation économique entreprise par les pays membres de l'UEMOA depuis les années 80 devrait stimuler les mouvements d'IDE dans la zone. La relation attendue est donc positive.

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L'intégration économique (UEMOA). La variable UEMOA est une variable muette qui nous permettra de capter l'effet des mesures d'intégration économique sur les flux d'IDE dans l'espace communautaire. Elle prendra la valeur « 0 » de 1990 à 1994, année de la création de l'UEMOA et la valeur « 1 » de 1995 à 2004. Le choix de l'année de rupture (1994) s'explique par le fait qu'une simple annonce de création d'une institution d'intégration régionale renforce la crédibilité des pays membres et la confiance des investisseurs. L'effet attendu de cette variable est positif. Toutefois, il dépendra de la pertinence, de l'efficacité et de l'effectivité des politiques d'intégration sur les économies en présence.

La relation économétrique ainsi spécifiée est la suivante :

IDEit = /J0 + /J1PIBit + /J2INFit + /J3INFRAit + /J4DOit + /J5CHit + /J6UEMOA + uit

Les f3i sont des coefficients à estimer et JLi est le terme d'erreur ; i désigne le pays considéré et t l'année d'observation de la variable. Les signes attendus des coefficients sont tels que : f31>0, f32<0, f33>0, f34>0, f35>0, et f36>0.

II.2.1.1.2. Source des données et méthode d'estimation

Notre analyse repose sur une approche par les données de panel qui sont une combinaison de séries temporelles et de coupes transversales. L'avantage d'une telle approche est de capter les effets dynamiques dans le comportement des pays et d'engendrer un faible niveau de colinéarité entre les variables (DOUKOURE, 2004).

Les données utilisées dans l'analyse couvrent la période 1990 à 2004 (soit une période de 15 ans) et prend en compte l'ensemble des pays membres de l'UEMOA sauf la Guinée Bissau. Ce dernier a intégré l'Union en 1997 alors que le processus était déjà en marche. Aussi, se pose-t-il un problème de disponibilité et de qualité des données. Les données de l'estimation proviennent du rapport sur l'investissement dans le monde 2006 de la CNUCED, des World Tables et du site Internet de l'Université de Sherbrooke au Canada. Il est utilisé une méthode d'estimation sur données de panel récemment développé à savoir le modèle mixte (mixed model) qui est à la fois une combinaison des effets fixes et aléatoires. L'avantage d'une telle démarche est qu'elle permet d'éviter les tests de spécification traditionnels qu'exigent les données de panel. Les estimations ont été faites à l'aide du logiciel STATA.9.2.

II.2.1.2. Résultats empiriques

Les résultats des estimations avec la méthode du Maximum de Vraisemblance sont donnés par le tableau suivant extrait de STATA.

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Tableau 4 : les résultats des estimations

ide

Mixed-effects REML regression

Wald chi2(6)

Log restricted-likelihood = -506.67978 Coef. Std. Err. z

Number of obs = 95

= 236.17

Prob > chi2 = 0.0000

P>|z| [95% Conf. Interval]

Pib

2.51e-08*

2.21e-09

11.36

0.000

2.08e-08

2.95e-08

inf

1.285474**

.6234694

2.06

0.039

.0634962

2.507451

do

135.9787*

42.0677

3.23

0.001

53.52753

218.4299

da

-.7712366

.6183512

-1.25

0.212

-1.983183

.4407094

infra

-2.10361

1.545117

-1.36

0.173

-5.131985

.924764

uemoa

52.931*

12.1522

4.36

0.000

29.11313

76.74888

cons

-109.2398*

20.84774

-5.24

0.000

-150.1007

-68.37904

Random-effects Parameters Estimate Std. Err. [95% Conf. Interval]

sd (Residual) 48.26934 3.501826 41.87151 55.644

Comme le montre le tableau, l'effet du PIB sur l'IDE est positif et statistiquement significatif. Il en est de même pour le degré d'ouverture et l'UEMOA. Ces résultats sont robustes et reflètent à la fois nos attentes et les résultats trouvés dans la documentation. Le coefficient du degré d'ouverture laisse croire que le commerce et l'investissement sont des compléments et non des substituts.

En revanche, l'inflation exerce un effet positif et significatif sur les IDE. Ce résultat contraire à nos attentes est couramment rencontré dans les études antérieures portant sur la zone UEMOA (HOMEVOR ; 2005). Le niveau d'inflation au cours de la période d'analyse parait faible quant on sait qu'une inflation élevée est habituellement le signe d'une économie en croissance selon l'optique keynésienne et illustrée par la courbe de Phillips. On pourrait donc imaginer qu'il existe un niveau d'inflation optimal plus élevé par rapport à celui considéré dans la période d'analyse et toléré par les investisseurs.

Aussi, le capital humain et les infrastructures exercent-ils un effet négatif et non significatif sur les IDE. Ce qui laisse supposer que le niveau du capital humain et les infrastructures, toute chose égale par ailleurs, ne sont pas des facteurs critiques d'attraction des IDE dans l'espace UEMOA. Il est évident qu'à l'image des autres pays africains, les IDE sont essentiellement dus à l'abondance de ressources naturelles. S'agissant du capital humain, plusieurs travaux ont aboutit à la conclusion que ce n'est pas le niveau de formation qui importe mais plutôt une combinaison entre une qualification élevée et un bas niveau de salaire (E. Beaulieu et alii).

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II.2.2. Les IDE et l'investissement total dans l'UEMOA

II.2.2.1. Modèle et source de données

Pour apprécier l'apport des IDE dans la formation du capital pour chacun des pays membres de l'Union, nous utiliserons un modèle élaboré par Manuel R. Agosin et Ricardo Mayer adapté au cas particulier des pays en développement. Il s'agit du modèle suivant :

RINVt = a0 + a1RIDEt + a2DRIDE + a3DDRIDE +a4DRINV + a5DDRINV + a6DTPIB + a7DDTPIB + it

Où RINV= ratio FBCF/PIB ; RIDE= ratio IDE/PIB ; TPIB= taux de croissance du PIB

DRIDE, DRINV, DTPIB désignent respectivement les variables RIDE, RINV et TPIB retardées d'une période. DDRIDE, DDRINV et DDTPIB sont les mêmes variables retardées de deux périodes. L'avantage d'une telle spécification est de permettre de mesurer à la fois les effets à court et long terme des IDE sur l'investissement total.

Ce modèle a été appliqué à chacun des 7 pays membres de l'UEMOA sur des données provenant de la Banque Mondiale. La période considérée est 1970-2004 suivant les pays.

II.2.2.2. Résultats empiriques

L'estimation à l'aide du logiciel SPSS 11.0 for Windows a donné les résultats suivants : Tableau 5 : Résultats des estimations du modèle d'investissement

Variable dépendante RINV

BENIN

BURKINA

COTE
D'IVOIRE

MALI

NIGER

SENEGAL

TOGO

RIDE

0,149

-0,033

0,423

-0,385

-0,404

-0,074

0,795

 

(0,491)

(-0,016)

(0,815)

(-0,721)

(-0,759)

(-0,261)

(1,323)

DRIDE

0,00235

1,712

-0,599

0,389

-0,028

-0,172

0,194

 

(0,078)

(0,911)

(-1,053)

(0,629)

(-0,051)

(-0,651)

(0,291)

DDRIDE

0,003

0,194

-0,028

-0,737

0,184

0,28

-0,011

 

(0,121)

(0,104)

(-0,056)

(-1,766)

(0,387)

(1,051)

(-0,016)

DRINV

0,811

0,840

1,037

0,677

0,666

0,64

0,389

 

(4,184)

(3,524)

(4,271)

(2,901)

(2,649)

(3,143)

(1,552)

DDRINV

-0,135

-0,0097

-0,18

0,246

-0,125

0,48

0,226

 

(-0,939)

(-0,413)

(-0,782)

(1,075)

(-0,628)

(2,177)

(0,988)

DTPIB

0,0048

0,089

0,022

-0,051

0,077

-0,019

0,124

 

(0,385)

(0,675)

(0,185)

(-0,524)

(0,884)

(-0,307)

(1,156)

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DDTPIB

0,423
(2,943)

-0,286
(-2,077)

0,164
(1,668)

0,181
(1,857)

0,08
(0,961)

-0,018
(-0,307)

0,034
(0,352)

C

3,162

5,399

1,772

1,938

4,729

-1,039

4,866

 

(1,450)

(2,049)

(1,408)

(0,69)

(3,316)

(-0,686)

(1,021)

R2 Ajusté

0,71

0,65

0,88

0,59

0,42

0,79

0,20

F

7,864

7,06

33,347

7,485

3,279

18,448

1,792

NB : Les éléments qui sont dans les parenthèses désignent les statistiques t de Student.

Les résultats des estimations montrent qu'à court terme, les IDE exercent un effet positif sur l'investissement total au Bénin, en Côte d'Ivoire et au Togo. Par contre un effet opposé est observé au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Sénégal. Ainsi, aucun pays n'enregistre un effet significatif à court terme (confère t de Student). On pourrait donc imaginer que les IDE exercent un effet de substitution sur l'investissement domestique. Les privatisations déjà évoquées justifient pleinement cette thèse.

Quant aux effets de long terme, ils peuvent être appréciés à l'aide du tableau suivant : Tableau 6 : coefficients de long terme

pays

Béni n

Burkina

Côte d'Ivoire

Mali

Niger

Sénégal

Togo

Coefficient

(áLT) 13

0,48

11 ,04

-1,43

-9,5

-0,5

-0,28

2,5

Si áLT >1, cela signifie qu'à long terme, un accroissement des IDE entraîne un accroissement plus que proportionnel de l'investissement total. Cette situation est observée au Burkina Faso et au Togo. Ces deux pays enregistrent donc à long terme un accroissement de

l'investissement total par le fait des IDE. Par ailleurs, il apparaît au Bénin un accroissement moins que proportionnel de l'investissement total (áLT <1). La Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger et le Sénégal enregistrent un effet négatif des IDE sur l'investissement total à long terme.

Au regard de ces résultats, seuls le Togo et le Bénin sont assurés d'un effet positif des IDE sur l'investissement à court et à long terme. Le Mali et le Niger observent quant à eux un effet négatif dans les deux cas.

Au terme de ce chapitre, on constate que les résultats de l'analyse statistique sont confirmés par ceux de l'approche économétrique.

13 Les coefficients sont nos propres calculs à partir de la formule suivante : aLT= (a1 + a2 + a3)/ [1-(a4 + a5)]

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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE

ECONOMIQUE

Cette étude nous a permis de mieux cerner la relation entre l'intégration économique de l'UEMOA et les flux d'IDE entrant dans l'Union. Il ressort de l'analyse économétrique que l'intégration économique exerce un effet positif et significatif sur les IDE. Le test de stabilité du modèle avec 1994 comme point de rupture aboutit à la conclusion que celui-ci est instable, traduisant ainsi un changement positif et significatif des flux d'IDE entrant après la création de l'UEMOA. L'hypothèse H1 est donc vérifiée. Le rôle de l'intégration étant déterminant pour attirer les IDE, les gouvernants gagneraient à consolider et à renforcer ce processus. Cela passerait par une meilleure application des mesures communautaires dans les pays membres. A ce titre, nous estimons que la seule compétence économique reconnue aux autorités de l'Union n'assure pas une meilleure lisibilité de ses actions. Nous suggérons donc que les compétences de la commission soient élargies dans le domaine politique afin que celle-ci puisse disposer d'une institution supranationale forte et puissante. On pourrait alors envisager un transfert des compétences du Conseil de l'Entente à l'UEMOA. Cela permettra de mieux assurer la paix et la sécurité dans la zone et d'améliorer la confiance des investisseurs.

L'étude a également révélé que les capacités humaines et les infrastructures évoluent en sens inverse des IDE. Ce constat, s'il est avéré, devrait interpeller les décideurs à repenser les politiques publiques en la matière. En effet, le cas du capital humain est particulièrement pressant dans la zone. « Pour être rentables d'un point de vue économique, l'éducation et la formation doivent répondre à l'évolution constante des besoins du marché du travail -- autrement dit, inculquer aux diplômés les connaissances et compétences dont a besoin un pays à chaque étape de son développement économique»14. Comme on peut le constater, le contenu des formations semble s'inscrire en déphasage avec l'exigence d'une économie moderne. L'exemple des pays d'Asie nous enseigne qu'une vision de long terme de la société voulue et désirée doit être dégagée en vue d'orienter les bras frais de demain dans le sens d'une spécialisation plus poussée en matière de formation. De ce fait, la Commission pourrait aller plus loin dans le cadre de ses bourses d'excellence en visant le renforcement des capacités des jeunes diplômés dans de prestigieuses écoles spécialisées à travers le monde. Il apparaît dés lors, la nécessité d'une mise en oeuvre effective des politiques sectorielles de l'Union.

S'agissant du lien entre les IDE et l'investissement, le principal enseignement que l'on tire de
cette étude est que l'affirmation selon laquelle les IDE exercent un effet positif sur la
formation du capital n'est pas vraie dans tous les cas. L'hypothèse H2 est donc rejetée. Les

14 Banque Mondiale « Au-delà de la croissance économique ».

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investigations économétriques permettent en effet de distinguer trois groupes de pays. D'abord, le goupe1 (Bénin et Togo) dans lequel il existe une relation de complémentarité entre les IDE et l'investissement total à court et à long terme. Dès lors, les autorités de ces pays pourraient mener une politique active et discriminatoire au profit des IDE. Ainsi, une nette amélioration du climat des affaires s'impose (conditions de création d'entreprise favorables aux étrangers, allègement de la fiscalité etc.). Ensuite dans le groupe 2 (Mali et Niger), il y a un effet de substitution entre les IDE et l'investissement total. Le financement du développement dans ces pays gagnerait à être orienté vers l'aide et la dette. Enfin au niveau du groupe 3 (Burkina Faso, Côte d'Ivoire et Sénégal) l'effet des IDE sur l'investissement est imprécis. Ce groupe de pays pourrait conjuguer une politique active d'attraction des IDE à une politique d'aide et d'endettement bien ciblée.

Toutefois, les résultats auxquels nous sommes parvenus doivent être nuancés, notamment en ce qui concerne la relation entre l'intégration économique de l'UEMOA et les flux d'IDE entrant. En effet, le modèle retenu n'incorpore pas certains déterminants des IDE comme le risque-pays et le climat des affaires pour faute de disponibilité de données statistiques. La prise en compte de ces facteurs pourra changer les résultats des estimations. Aussi, s'agissant du modèle d'investissement utilisé, la plupart des coefficients estimés ne sont pas significatifs, traduisant ainsi une faible robustesse des résultats.

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ANNEXES






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon