WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La cohérence de la double conditionnalité des institutions de Bretton Woods

( Télécharger le fichier original )
par Cédric LAVERIE
Université Paris X - D.E.A. de Droit des Relations Economiques Internationales et Communautaires 2001
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy
B. Des divergences dans la convergence ?

L'ajustement structurel a été vu comme la panacée, du moins jusqu'au début des années 90. Il est apparu à cette période que les objectifs propres des deux institutions n'étaient pas forcément réalisables au niveau d'une politique commune.

Un premier biais se trouve au niveau du manque d'harmonisation qui provient pour une large part de ce que l'adéquation entre la politique au niveau macro-économique et la politique au niveau micro-économique est difficilement réalisable à cause de la connaissance insuffisante des rapports socio-économiques. En effet, la prévisibilité des conséquences macro-économiques sur les objectifs micro-économiques est très imparfaite (et inversement). Cela est dû à l'utilisation, par le Fonds et la Banque, de modèles mathématiques trop généraux et donc trop restrictifs dans leurs hypothèses qui entraînent souvent des corrélations erronées. De plus, l'information sur la structure socio-économique des pays en développement, indispensable à l'alimentation de ces modèles, est souvent limitée du fait du manque de moyens de ces pays.

Il existe quelques exemples simples de ce phénomène. Le FMI demande souvent la dévaluation de la monnaie des pays en ajustement pour favoriser la compétitivité des entreprises exportatrices. Cela semble être une mesure de bon sens économique mais les résultats peuvent être contraire en fonction de la structure socio-économique. En effet, la dévaluation aboutit aussi à une augmentation des prix de produits d'importation essentiels, pour l'agriculture par exemple, tels que les pièces de rechange, les engrais et le matériel agricole, ce qui peut porter un coup à la production locale et au développement des capacités productives de ces secteurs qui peuvent être prometteur pour l'action de la Banque. Il faut donc au préalable connaître la structure du secteur et sa dépendance aux importations, ce qui semble difficile à établir notamment dans des systèmes d'agriculture familiale. Un autre exemple concerne la privatisation des entreprises d'Etat ou parapubliques pour accroître leur efficience et leur compétitivité. En effet, certains secteurs (para)publics peuvent être gangrenés par une nomenklatura locale proche du pouvoir dont les salaires ne sont en fait qu'une rente et où l'entreprise n'a pas besoin d'être productive. Ces mesures sont donc théoriquement souhaitables. Mais cette politique de privatisation peut connaître des résultats inverses en remplaçant seulement le monopole étatique par des monopoles privés. En effet, un certain manque de transparence, que connaissent certains pays en développement, peut aboutir à prendre des nouveaux investisseurs privés locaux qui ne sont que la partie privée du pouvoir public en place. Il faut donc ici connaître la structure socio-économique de la relation entre le pouvoir politique et économique, ce qui semble également difficile en raison du manque de transparence des organisations hiérarchiques de certains pays en développement.

Ce biais pose des problèmes importants mais il résulte uniquement d'imprécisions dans la programmation et ne remet pas vraiment en cause la poursuite commune de l'ajustement structurel.

Un deuxième biais dans la convergence des objectifs des deux institutions de Bretton-Woods est plus grave car il concerne des divergences d'objectifs court terme - long terme.

Le démantèlement des services publics et de l'investissement public par le FMI pour réduire les déficits budgétaires (donc à court terme) peut entraîner des conséquences négatives sur le développement de certains secteurs économiques à potentiel (donc à moyen/long terme) pour la Banque.

Par exemple, la privatisation des banques publiques spécialisées dans certains secteurs et offrant des prêts préférentiels ou encore le dégraissage dans les services publics destinés à l'éducation ou à l'investissement dans certaines structures peut amener à compromettre le potentiel de ces secteurs.

Un autre exemple dans le sens inverse est la politique productiviste basée sur les secteurs exportateurs prônés par la Banque. En effet, de nombreux pays en développement sont concurrents sur les mêmes secteurs de matières premières. Et donc la logique productiviste de la Banque et la volonté de conquérir des parts de marché incitent à une concurrence internationale féroce qui amène inexorablement à des baisses de cours de ces matières. Lorsque la baisse de cours est proportionnellement plus grande que la hausse de production, ce qui arrive souvent, les revenus d'exportations du pays diminuent et de là même, la balance des paiements du pays se retrouve touchée.

On se retrouve donc ici devant une divergence grave entre les objectifs des deux institutions.

La logique de développement de la Banque et la logique de stabilité financière du Fonds, même insérées dans l'idéologie commune du libéralisme ou dans l'objectif commun de la réduction de la dette, montrent leurs limites en terme de compatibilité. En tant que vecteur de ces objectifs, les conditionnalités vont se trouver elles aussi tiraillées par ces divergences ce qui explique que il existe vraiment une double conditionnalité dans les programmes et non pas simplement une conditionnalité conjointe.

Une solution à ce problème peut être bien entendu une plus grande collaboration mais cela est il suffisant ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire