Chapitre II
LES ENJEUX DE LA POLITIQUE DE CONSERVATION EN AFRIQUE
ORIENTALE
Depuis la création des aires protégées en
Afrique de l'Est, celles-ci font face à trois grands défis
économiques. D'abord, les bénéfices qu'elles procurent
sont rarement reconnus, de sorte qu'il est difficile pour les responsables de
déterminer un bon équilibre entre les coûts et les revenus.
En plus, ces responsables sont incapables d'expliquer comment l'augmentation
des investissements en matière de conservation pourrait entraîner
un accroissement des avantages pour les populations vivant autour des espaces
protégés et pour les autres habitants du pays.
Ensuite, la répartition des bénéfices est
en général une question particulièrement importante qui
n'est pas prise en compte par les modèles actuels de gestion de ces
espaces. Enfin, un fort accroissement des investissements dans les zones
protégées, venus en général de l'extérieur,
n'est utile que s'il s'inscrit dans un ensemble de mesures de
développement local, ce qui n'est pas le cas pour le moment.
Face à ces défis, on remarque qu'il y a une
dichotomie entre les intérêts de l'Etat, soutenu aveuglement par
les ONG de protection de la nature, et ceux des populations locales victimes de
la politique de création des espaces protégés; ce qui nous
amène à étudier les avantages et les défis de ces
zones en Afrique orientale.
2.1 Importance des aires protégées dans
la vie socio-économique
Quand on aborde le sujet de savoir l'impact lié
à la gestion des espaces protégés dans la vie
socio-économique d'un pays ou d'une région, certains pensent (et
c'est vrai) immédiatement aux avantages liés au tourisme, mais
aussi aux changements sociaux qui peuvent avoir lieu au sein des populations de
ce pays ou de cette région suite aux contacts permanents avec les
étrangers.
Par ailleurs, d'autres avantages (indirects cette fois-ci)
peuvent être évoqués. C'est notamment le cas de la lutte
contre l'érosion dans les zones montagneuses ( le cas du Rwanda et du
Burundi), permise par le maintien des forêts d'altitude,
l'éducation et la recherche dans le domaine de l'environnement, de la
biologie, etc., et enfin les valeurs esthétiques et culturelles que
représentent les différents sites touristiques aux yeux des
populations locales. En ce qui concerne notre travail, nos allons nous
intéresser sur les bénéfices directs, c'est-àdire
le tourisme et aux motivations d'ordre social liées à la
création des aires protégées.
2.1.1 Le développement du tourisme lié aux
aires protégées
Pour P. Dabrowski (1994), « la conservation de la
nature et le tourisme, au sens où nous les entendons aujourd'hui,
remontent à la première moitié du 19ème
siècle et se sont développés dans une large mesure en
parallèle. » Le même auteur précise que leur
origine commune était liée aux sentiments que les personnes
pouvaient ressentir à l'égard de la nature
sauvage puisque celle-ci devenait de plus en plus un lieu
privilégié pour certaines activités
récréatives. Depuis lors, la nature est devenue une valeur en soi
et la recherche du contact avec celle-ci une des causes du développement
du tourisme.
A l'heure actuelle, le tourisme est considéré
comme l'un des secteurs économiques les plus puissants au monde et dont
la croissance est la plus spectaculaire durant ces dernières
décennies. « Les recettes qui en sont tirées sont
passées de 18 milliards de $ en 1970, à plus de 100 en 1980, et
atteignaient près de 350 milliards en 1993. La part de cette
activité dans le commerce mondial est aussi en constante progression, et
atteignait près de 8,5 % en 1992. Les entrées de touristes dans
les pays d'arrivée sont, eux, passés de 166 millions en 1970
à plus de 500 millions en 1993. » (UNESCO, 1994)
Au regard de toutes ces statistiques, on est tenté de
savoir ce que c'est le tourisme et à quoi ressembleraient les ressources
touristiques d'un pays donné. Le « tourisme » peut,
en peu de mots, être défini comme « l'ensemble des
relations et des faits constitués par le déplacement et le
séjour des personnes hors de leur horizon habituel pour autant que ce
déplacement et ce séjour soient réalisés comme une
activité de loisir et de consommation. » Le tourisme est donc
l'une des activités du loisir (fin de semaines, longs congés,
fêtes, vacances, loisirs artistiques, sportifs, etc.)
Les « ressources touristiques », quant
à elles, constituent « l'ensemble des éléments
à mettre en oeuvre pour développer le tourisme:
aménagement des sites touristiques, infrastructures d'accueil, agences
de voyages, réseaux et moyens de transports, bureaux d'information de
publicité et de propagande, réglementation, définition des
circuits touristiques, activités culturelles et folkloriques, personnel
d'hôtels et de gestion des potentialités. » (Nduwayezu
J.D., 1990) Un « touriste » est défini enfin comme un
voyageur qui réside dans un pays autre que celui dans lequel il est
habituellement hôte et cela pour une période minimum de 24
heures.
En somme, le tourisme est couramment considéré
comme l'un des secteurs les plus susceptibles de contribuer au
développement d'un pays, ce qui nous amène à
étudier son évolution en Afrique orientale tout en
considérant les atouts et les défis de chaque pays, mais aussi
leurs différences en matière d'orientation des politiques de son
développement. Il faut noter que nous allons nous consacrer sur le
tourisme lié aux zones protégées terrestres (Parcs
nationaux et réserves de faune).
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