2.2.1.1 Cas du Parc National des Volcans
Créé en 1925 par l'administration coloniale
belge, le Parc National des Birunga (ou des Volcans) est la partie rwandaise de
l'ancien Parc Albert d'avant l'indépendance qui s'étendait sur le
Rwanda et le Congo, au pied des volcans Sabyinyo, Gahinga et Muhabura. C'est
une zone de terres volcaniques extrêmement fertiles mais dotée,
malheureusement, d'un hydrographique pauvre à cause de son substrat
volcanique (Jost C., 1987).
Depuis sa mise en réserve, ce parc a constamment
été la cible des activités de défrichement à
la recherche de nouvelles terres agricoles. Cette pratique avait pris une
grande ampleur dans les années 1950 au moment où un vaste
réseau d'adduction d'eau fut réalisé par
1 Un processus que les deux pays ignorent depuis un
certain temps
le Fonds du Bien-être Indigène (F.B.I.) dans cette
région mieux réputée pour sa fertilité mais
dépourvue de ressources aquifères par excellence.
Dès cette époque, plus précisément
au début des années 60, l'occupation
accélérée de cette région devint spectaculaire
suite à l'installation d'un paysannat, à vocation
pyrèthricole, dans les communes limitrophes du Parc à savoir
Kinigi, Mukingo et Nkuli dans la préfecture de Ruhengeri, puis Mutura
dans la préfecture de Gisenyi. La forêt qui couvrait
originellement environ 34.000 ha en 1958 recula à un rythme de 5 %
annuellement, perdant ainsi entre 17.470 et 18.000 ha jusqu'en 1973. En juin
1973, date de la création de l'Office Rwandais du Tourisme et des Parcs
Nationaux, les mesures draconiennes furent prises par le gouvernement pour
protéger le parc mais le rythme des défrichements quoique
ralenti, n'a pas empêché que la forêt détruite entre
1973 et 1975 ait été d'environ 1000 ha.
Malgré le défrichement partiel de la
région au cours de la période d'après le génocide
jusqu'au retour massif des nouveaux réfugiés, en novembre 1996,
le piémont de la chaîne volcanique enregistre aujourd'hui des
densités brutes supérieures à 400 habitants/km2
et le grignotage du parc est peut-être, loin d'être terminé
étant donné que toute la population riveraine de ce parc est
employée dans l'agriculture et que pire encore, l'exploitation agricole
familiale dans la région est inférieure à 0,39 ha comme le
révèle l'enquête menée par le Ministère de
l'agriculture à la fin des années 80. C'est d'ailleurs dans ce
genre de situations qu'on serait même tenté de dire que les
agressions des agriculteurs contre les aires protégées sont
légitimes.
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