1.1.3 Le rôle des organisations internationales de
protection de la nature dans la promotion des aires protégées
L'influence des instances internationales de conservation de
la nature est aujourd'hui connue grâce aux différentes aides
financières, techniques et mêmes matérielles qu'elles
apportent aux différents gouvernements, surtout ceux des pays en voie de
développement, ainsi qu'aux autres associations régionales ou
locales qui s'intéressent à la politique de conservation. Tout
commence en 1948 lorsque, sous l'égide des Nations Unies ainsi que
diverses autres institutions, apparut l'UICN dont le sigle signifia
successivement: Union Internationale pour la Protection de la Nature, puis
Union Internationale pour la Conservation de la Nature, puis Alliance Mondiale
de la Nature, et enfin depuis 1988, Union Mondiale pour la Nature (Ramade F.,
op. cit.; Sournia G., op. cit.).
Dès cette époque (d'après la guerre)
jusqu'à nos jours, cette organisation a joué un rôle
remarquable dans la création des grands parcs nationaux dans les Etats
du Sud où elle présente en tant que conseiller en matière
de conservation mais aussi en tant que bailleur de fonds. C'est d'ailleurs pour
cette raison qu'elle est aujourd'hui considérée comme
l'autorité suprême en matière de prise des décisions
dans ce domaine grâce à ses interventions dans plusieurs pays au
monde. C'est ainsi que dans le but de collecter des fonds destinés aux
financements des projets à caractère international,
principalement dans les pays pauvres, l'UICN avait créé,
dès 1961, le Fonds Mondial pour la Nature (WWF: World Wildlife Fund for
nature), un organisme très connu grâce à ses
démonstrations publicitaires à la télévision et
dans les journaux, ses manifestations médiatiques et scientifiques
à travers des séminaires et colloques sur la politique de
conservation, et un réseau très perfectionné à
travers le monde. Son siège régional en Afrique orientale est
à Nairobi.
Après à peu près 30 ans de cohabitation
(entre 1960 et 1990), les deux organisations ont décidé de se
séparer1, et depuis les années 1990 chacune
organisation est considérée comme une institution à part
entière même si elles défendent les mêmes
intérêts. Aujourd'hui, le WWF se définit comme
«...l'organisation indépendante pour la conservation de la
nature la plus importante et la plus expérimentée du globe, avec
plus de 4,7 millions d'adhérents et un réseau mondial qui compte
aujourd'hui 24 organisations nationales, 5 organisations associées et 26
bureaux régionaux. » (Sournia G., op. cit.) A l'heure
actuelle, cette organisation intervient dans plus de 130 pays ( en particulier
dans les pays du Sud là où les ressources naturelles sont encore
abondantes, et où son influence se fait entendre sans beaucoup de
problèmes) grâce à un réseau très
organisé réunissant plusieurs participants dont près de 70
Etats membres, 130 organismes de droit public et plus de 500 ONG de protection
de la nature.
Quant à l'UICN, l'organisation qui a plus
d'expérience au travers de ses interventions en matière de
conservation et surtout de son ancienneté, le même auteur
précise qu'elle a actuellement pour mission « d'offrir des
connaissances et des conseils pour l'utilisation durable des ressources
naturelles de la planète. Ses avis orientent les Etats, les Agences
d'aide, les ONG, les communautés locales; elle aide à
l'élaboration des conventions internationales et des lois nationales
dans le domaine de la conservation. »
Parmi les réalisations de cette organisation, on peut
citer notamment le document publié en 1980 en collaboration avec le PNUE
et le WWF, qui explique la nouvelle « Stratégie Mondiale de la
Conservation. » C'est dans ce document en effet, que cette
organisation reconnaît pour la première fois
l'intérêt d'associer les populations autochtones à la
gestion des aires protégées en proposant le mariage entre le
concept de développement et la politique de conservation au travers les
Projets Intégrés de Développement et de Conservation. On
note également les différents travaux de la « Commission
des Parcs Nationaux et des Aires Protégées » de cette
organisation qui, depuis les années 1960, s'attachent à
réglementer les différentes catégories d'aires
protégées sous forme d'une classification à
l'échelle internationale. La première version de cette
catégorie d'aires protégées a été produite
en 1973, puis modifiée en 1978 pour comporter 10 catégories. La
dernière version, approuvée en 1992, puis
réapprouvée en 1994, ne comporte plus que 6 catégories
(voir annexe n° 1).
Par ailleurs, en vue d'être en possession de toutes les
informations nécessaires sur la situation générale des
ressources naturelles dans le monde, l'UICN a créé deux grands
Centres Mondiaux d'Information. Il s'agit du Centre Mondial de Surveillance
Continue de la Nature (CMSC) qui a son siège à Cambridge en
Angleterre et le Centre Mondial du Droit de l'Environnement situé
à Bonn en Allemagne. Le rôle primordial de ceux centres est
d'être les premiers dépositaires des données
actualisées sur l'état de la biodiversité, sur les parcs
nationaux et réserves analogues et sur les lois disponibles et
applicables dans le domaine de la gestion des ressources naturelles. Les
données sont connues grâce à une multitude de
correspondances via les bureaux régionaux et nationaux
créés au milieu des années 1980. C'est ainsi que
l'organisation publie périodiquement des documents de
référence tels les « Red Data Books » (un
ouvrage sur l'état et les priorités en termes de conservation de
certaines espèces-clès: les éléphants par exemple),
la liste des Nations Unies des Parcs
1 Elles avaient le même siège principal
à Gland (Suisse)
nationaux et des aires protégées, les
revues de gestion des aires protégées, etc. (Sournia G., op.
cit.).
Enfin, l'UICN, en collaboration avec les autres instances
internationales dont le WWF, a été l'un des initiateurs de
nombreuses conférences et signatures des conventions en matière
de conservation ou de gestion du patrimoine mondial culturel (voir annexe
n° 2). Parmi les plus connues, on peut citer la Convention sur le commerce
international des espèces animales en voie de disparition (CITES) ou la
Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le
Développement qui s'est tenue à Rio en 1992, sans oublier celle
qui vient de s'achever à Johannesburg sur le développement
durable.
En dehors de l'UICN et son fils le WWF, il y a d'autres
organismes qui s'intéressent, d'une façon ou d'une autre,
à la politique de conservation dans le monde et dont leur rôle
reste non négligeable. On peut évoquer en premier lieu l'UNESCO
avec ses deux programmes relatifs, l'un rapport avec la Convention du
Patrimoine mondial (naturel et culturel) et l'autre aux Réserves de la
Biosphère depuis le lancement du Programme de l'Homme et la
Biosphère (Man And Biosphere: MAB) en 1970; puis la FAO et son Plan
Forestier Tropical (PAFT) visant la conservation et l'aménagement des
forêts tropicales, sans oublier bien sûr la Banque Mondiale et ses
Plans Nationaux d'Action Environnementale, les fameux PNAE des années
1980 (au milieu de cette décennie). En ce qui concerne la Banque
mondiale, il faut noter que cette institution donne un appui scientifique et
financier à une soixantaine de projets (sur 137 à son actif)
consacrés à la gestion des ressources naturelles dans le
monde.
Toutes ces organisations ont apporté (et apportent
toujours) des financements énormes à la campagne de
création des aires protégées dans le monde de telle sorte
qu'il existe aujourd'hui plus de 8.500 aires protégées, toutes
catégories confondues, réparties dans plus de 130 pays et
couvrant près de 5 % des terres émergées de la
planète.
Cependant, il sied de signaler que la plupart de ces
organisations exercent une pression sur les pays pauvres afin que ces derniers
prennent des décisions environnementales qui leur sont favorables, et
cela au détriment des intérêts des populations autochtones
comme nous le verrons dans les pages suivantes pour le cas de l'Afrique
orientale.
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