1.2 L'aire protégée comme outil de gestion de
l'environnement et/ou d'aménagement du territoire
Dans le cadre de ce travail, l'étude d'une aire
protégée fait allusion à deux domaines d'action de la
« géographie appliquée »,
à savoir la « gestion de l'environnement »
et l' « aménagement du territoire. » Dans ce
contexte, ce sont les portions de la surface du globe qui sont
étudiées parce que la géographie s'est toujours
intéressée à l'étude des lieux. Parfois, ce sont la
taille, l'échelle de ces éléments qui la
préoccupent, ce qui amène à penser sur les
différents modes de délimitation de la surface terrestre en lieu,
en région ou en pays. Souvent c'est la nature de ces lieux et leur
contenu qui sont étudiés comme c'est le cas pour notre
travail.
Ainsi, les termes d'espace, de
territoire, de milieu ou
d'environnement correspondent tous à des divisions de
l'étendue terrestre et ont pourtant des significations très
variées selon les différentes disciplines scientifiques. Ceci
nous pousse à donner quelques définitions à
caractère géographique afin d'éviter toute confusion lors
de l'utilisation ultérieure de l'un ou de l'autre de ces termes dans ce
travail. Pour y arriver, nous nous sommes servis d'un certain nombre d'ouvrages
de géographie mais surtout du dictionnaire récent de
géographie écrit par P. Baud et all. (1998).1 Les
définitions qui seront retenues pour cette étude sont les
suivantes:
- Milieu: dans une perspective de
géographie physique, le concept pose peu de problèmes. On parle
alors de « milieu physique » ou « milieu naturel
» qui dépend de l'interaction des phénomènes
relevant de trois facteurs: les facteurs climatiques, les facteurs
édaphiques et les facteurs biotiques. Mais certains auteurs refusent le
terme de « milieu naturel » car la connotation de
virginité qu'il implique est en contradiction avec la
réalité.
Dans un sens plus large, on parle également de «
milieu géographique »,
c'est-à-dire un « espace marqué par une combinaison de
caractéristiques naturelles, sociales, économiques voire
culturelles présentant une certaine homogénéité.
L'homme est donc pris en compte dans la mesure où, sans gommer le milieu
naturel, il le modifie, l'aménage ou l'exploite de façon à
créer des compositions originales. » (Baud P. et all., idem).
Selon toujours cet auteur, le milieu géographique est donc la
synthèse entre le milieu physique et l'espace humain d'où est le
plus préférable dans notre démarche.
- Espace: en géographie, l'espace est,
au sens plus banal du terme, un « lieu » ou une «
portion délimitée », donc cartographiable, de
l'étendue terrestre. Cette acception du terme a été
souvent employée par la géographie classique en raison de son
caractère neutre. Ainsi, les géographes parlent d'espace
boisé ou d'espace montagnard et décrivent les espaces urbains,
ruraux ou culturels. Mais plus tard les géographes ont proposé
une acception plus particulière et plus moderne à savoir l'
« espace géographique. » Cette nouvelle acception,
apparue dans les années 70 pour concurrencer la notion de milieu, est
définie comme « un espace aménagé, modelé,
le produit des sociétés. C'est donc l'espace vécu par
l'homme. » Ce terme sera d'ailleurs le plus utilisé par
rapport à celui de milieu géographique.
- Territoire: on peut donner en
première approche trois sens du mot territoire. Le premier
désigne un « découpage administratif », le
second parle d' « une étendue correspondant à un espace
national » et le troisième, le plus utilisé par les
géographes, désigne un « espace socialisé,
approprié par ses habitants, quelle que soit sa taille. » Un
territoire est donc l'oeuvre des hommes. Mais cette définition pose aux
géographes plusieurs problèmes, le premier étant sa
polysémie. En effet, mis à la mode au début des
années 80, ce terme a été utilisé dans son sens le
plus neutre, voire comme l'équivalent d'espace. C'est ainsi que P. Baud
et all. (idem) précisent que l'aménagement du territoire a
longtemps été compris comme le simple aménagement d'un
espace national, ce qui ne tenait pas forcément compte des voeux des
habitants. Mais l'on donne de plus en plus au territoire le sens d'un espace
socialisé et
1 Baud P. et all. (1998), Dictionnaire de
géographie. Paris, Hatier, 509p.
approprié. La « territorialité
» étant l'appropriation d'un territoire, alors que le «
territorialisme » peut être
considéré comme le rejet de l'autre dans un territoire qui est
sacralisé.
- Environnement: d'origine anglo-saxonne pour
désigner le sens écologique de cadre de vie, la notion
d'environnement a posé, depuis les années 70, des
problèmes sémantiques pour les géographes français
même si elle apparaît pour la première fois dans la
littérature française depuis 1942. A cette époque
l'environnement était synonyme au milieu géographique,
c'est-àdire dans le milieu construit par l'homme. Aujourd'hui, le terme
a évolué et l'environnement est envisagé
comme « le cadre de vie des êtres vivants, à la fois
fragile, précieux, et à préserver. » On voit
bien ici que le terme a pris une perspective d'analyse de type
écologique. Mais dans le cadre général on peut retenir la
définition proposée par les travaux de la communauté
européenne. Selon ces travaux, l'environnement est envisagé comme
« l'ensemble des éléments qui, dans la complexité
de leurs relations, constituent le cadre, le milieu, les conditions de vie pour
l'homme. » ( Veyret Y.; P. Pech, 1993) Ce terme très
général désigne l'environnement social, économique
et naturel.
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