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Le baccalauréat: Un rite de passage dans une société moderne occidentale comme la France ?

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par Abdou Khadre LO
Université de Caen Basse-Normandie - Maîtrise de Sociologie 2000
  

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A. LES PREMIERS RITES DE PASSAGE SCOLAIRES

1. La maternelle 

Pour beaucoup de sociologues, en passant de la petite enfance à l'enfance, on accède simultanément, après la phase de reconnaissance mutuelle, à celle de discrimination du bien et du mal.

La notion de loi morale s'élabore dans la ritualisation de l'approbation et de la réprobation des actions de l'enfant. Apprentissage moral et apprentissage de la sociabilité sont conjoints.

Pour les sociologues, l'enfant avant trois ans est incapable d'attention prolongée et de jeu réellement organisé, saisi qu'il est par l'emportement ludique, forme d'excitation désordonnée.

Vers quatre ans les activités parallèles ou solitaires de l'enfant commencent à être remplacées par des activités associatives qui font intervenir le rite de reconnaissance des échelles de dominance et de leadership.

Et comme le pense Claude Rivière1(*), on ne saurait assez souligner ce que l'on sait portant banal : la propension des enfants au ritualisme : ils aiment la régularité, les gestes répétitifs et les habitudes de la vie quotidienne.

Les enfants n'aiment pas la fantaisie ; ce qui peut faire déraper l'expression totale et complète d'un rite amorcé.

Et dans le contexte européen (et plus précisément français ) actuel, on ne saurait nier le rôle du développement des jardins d'enfants et des écoles maternelles qui sont comme l'écrit Rivière « des sanctuaires de ritualité, dans le processus de socialisation de l'enfant »2(*)

La maternelle est donc en quelque sorte, le premier lieu d'intériorisation des normes et valeurs de la société environnante. L'enfant y est soumis à un code établi, structuré par des normes qui sont de véritables schèmes (E. Kant) de perception et d'action et qui intériorisées peu à peu, forment un « habitus primaire » pour parler comme Bourdieu. Un habitus nécessaire à l'enfant pour la suite de sa scolarité.

2. L'entrée à « la petite école ».

Des chercheurs comme Piaget soulignent que ne s'instaurent pas avant six ou sept ans des relations véritablement réciproques, fondées sur des comportements socialisés.

A cet âge, les capacités mentales et émotionnelles rendent possibles une discipline et un perfectionnement des schèmes moteurs.

C'est pourquoi, pense Rivière, on envoie les enfants à l'école où la ritualisation à caractère d'exécution devient plus formelle tout en engageant la coopération entre instituteurs, enfants et pairs de la classe.

En effet, avec le début de l'obligation de la scolarité, s'opère un passage du niveau enfantin au premier degré de l'enseignement, un passage aussi de l'oral à l'écrit.

Autrefois, le passage de la culture orale à la culture écrite relevait du domaine religieux et des clercs, en ce que l'apprentissage de la lecture s'opérait par confrontation aux « écritures ».

Nous avons vu que depuis la révolution française, il ne reste rien de cette coloration religieuse initiale.

Par ailleurs, l'accès à l'école n'est pas une nouveauté pour l'enfant, la plupart ayant fréquenté la maternelle et appris quelques rudiments de lecture.

En fait ce que les sociologues analysent ici, comme une procédure de différenciation sociale, les ethnologues le saisissent comme un rite de passage.

Très souvent, pour ne pas dire toujours, on dira à l'enfant : « tu n'es plus un bébé, tu es entré à la grande école ».

Donc il s'agit bien d'un point de passage décisif entre un avant : le monde des petits, et un après : le monde des grands. On fait passer l'individu d'une situation à une autre tout aussi déterminée. C'est en cela qu'il y a passage, car on introduit l'idée selon laquelle on quitte un état pour accéder à un autre, l'idée étant, pour parler comme Arnold Van Gennep1(*), qu'on sort d'un monde antérieur pour entrer dans un monde nouveau. Ici le monde antérieur est le monde de la non scolarité ou le monde de l'enfance.

Donc la lecture et l'écriture consacrent une différence. L'enfant a une identité autre et un nouveau rapport au monde issu de la maîtrise des mots et de l'écriture. L'école devient un sanctuaire. En effet, franchir le seuil de l'école et a fortiori de la classe, comporte une dimension quasi irréversible, du moins jusqu'au prochain son de cloche. Durant un temps précis, les enfants sont dépendants de cet espace sanctuaire.

Françoise Pujol 2(*), étudiante en licence d'anthropologie sociale écrit à ce propos « seules de petites excursions courtes et individuelles à l'extérieur de la classe sont permises et ceci comme des parenthèses ne devant jamais prendre le dessus sur la soumission à l'espace-classe. De plus, les passages qui se font d'un espace à un autre, ou d'un temps à autre, à l'intérieur même de l'ensemble scolaire, sont marqués par des rituels.

Ainsi le son de la cloche marque t-il le passage de l'espace et du temps studieux à l'espèce et au temps de la récréation et inversement. Ces distinctions entre divers temps espaces scolaires sont d'ailleurs plus marquées au cours préparatoire qu'à la maternelle.

A la maternelle, les règles sont souvent moins strictes et l'entrée en classe par exemple se fait à l'appel des enfants dans la cour, sans nécessité de constituer des rangs. En outre la différence entre maternelle entre classe et cour est plus une différence de degré que de nature : les activités que l'on fait en classe correspondent souvent à ce qu'on appelle des « jeux éducatifs ».

L'entrée en cours préparatoire, elle semble correspondre à l'apprentissage de la distinction entre « travail et jeu ».

Ainsi de l'école primaire va partir une scolarité que C. Rivière considérera comme fortement ritualisée car obligatoire, sélective et théâtralisée. Le but étant à chaque nouvelle année scolaire de passer dans la classe supérieure.

Donc tout le cursus scolaire sera ponctué par la sélection par les examens, les tests, les travaux écrits, les notes, les moyennes avec éventuellement un dispositif de repêchage qui pour parler comme Rivière entrent comme éléments du « rite de passage final que constitue la promotion en classe supérieure ».

Cette sélection est cependant vécue différemment une fois que l'élève doit passer le baccalauréat qui est un examen beaucoup plus théâtralisé.

* 1 Rivière. Cl, Les rites profanes, Presses Universitaires de France, 1995.

* 2 ibid, p.85.

* 1 Van gennep. A, Les rites de passage, Paris, Nourry, 1909.

* 2 Pujol. F., Rites éducatifs et de passage : La situation dans le cadre des premières années de scolarisation, Note de recherche de licence d'anthropologie sociale, Univ. De Paris V, 1993, 30p. ronoété.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand