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Mise en oeuvre par le Benin des résolutions issues de la Quatrième Conférence Internationale des Démocraties Nouvelles ou Rétablies: bilan et perpectives.

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par Abdou Karim MONSIA
Université d'Abomey-Calavi ( Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature) ENAM - Diplome du 1er Cycle de l'ENAM-BENIN. Option Diplomatie et Relations Internationales. 2008
  

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Paragraphe 2 : Revue de littérature et méthodologie adoptée

A- Revue de littérature

Cette revue de littérature sera essentiellement consacrée à la clarification des principaux concepts de notre travail. Cette clarification nous permettra de faire le point de nos connaissances, et nous servira de base théorique pour ce travail.

1 - LA SOCIETE CIVILE

La notion de société civile est ambiguë. Elle a connu dans son histoire un renversement complet de sens. De l'Antiquité au XVII ème siècle, la société civile est opposée à l'État de nature, elle signifie toute société politiquement organisée. Venant du latin, les termes civitas, societas civilis ou encore res publica resteront longtemps synonymes. Ce n'est qu'après la Révolution française et la conception unitaire de l'Etat-nation imposée par elle que la notion de société civile est opposée à l'État, pour signifier ce qui relève du domaine privé, de la société sans l'État. Des traces de cette ambiguïté demeurent dans le vocabulaire. Les adjectifs « civil » et « civique » ont la même racine. Le concept de société civile trouve sa formulation systématique en 1821 dans Les Principes de la philosophie du droit de Hegel. En introduisant ce concept, Hegel prenait acte du changement le plus significatif de la modernité politique: la séparation de la « vie civile » et de la « vie politique », de la société et de l'État; changement concomitant à la révolution industrielle (montée de la culture bourgeoise, importance et autonomie accrue de la sphère économique) et politiquement consacré par l'effondrement de l'Ancien Régime.

Quant au terme « société », du latin « societas », on peut lire les synonymes ci-après : civilisation, culturelle, état, humanité. Cette intrusion dans l'univers sémantique des termes a permis de préciser le sens de l'expression « société civile ». La société civile peut vouloir dire l'ensemble des citoyens d'un Etat qui, pétris de patriotisme, conscients de leur identité propre, s'unissent sur la base de lois définies et s'emploient à édifier une Nation développée, libre et prospère oû chacun s'épanouit et se réalise sans barbarie ni chauvinisme. Autrement dit, la « société civile » compte tenu de l'immensité des tâches à accomplir n'est concevable que

comme : « un rassemblement volontaire de tous les citoyens conscients, véritables forces patriotiques, méthodiquement organisés en groupes de pression. Ceux-ci agissant comme porte-voix des sans voix se détermineront à contenir les dérapages politico administratifs, à contrer les excentricités idéologiques et dogmatiques, à combattre les exactions militaires , à s'opposer enfin à toutes sortes d'excès, susceptibles de menacer l'ordre, la paix et la cohésion sociale »3 .

Elle sera également définit comme « une auto-organisation indépendante de l'Etat dont les éléments constitutifs s'engagent volontairement dans l'action publique en vue de poursuivre des intérêts individuels, de groupe ou nationaux, dans un contexte légalement défini de relations Etat et société »4. Dans cette pluralité de définitions, nous adopterons celle- ci qui présente les quatre caractéristiques principales qui seront utiles dans la mise en oeuvre des stratégies visant à son renforcement si on veut qu'elle contribue au processus de consolidation de la démocratie :

a) Le pluralisme: la société civile est faite d'un vaste complexe d'organisations et d'institutions autonomes, formelles ou informelles, au-delà de la famille, simple ou étendue, du clan, de la tribu ou de l'ethnie, mais en deçà de l'Etat. Ces composantes de la société civile sont de toute nature (économique, développementale, professionnelle, culturelle, intellectuelle, civique, sociale, etc.).

b) L'autonomie signifie que les institutions de la société civile ne doivent pas être confondues avec celles de l'Etat et avec celles de la société politique (partis politiques, alliances inter partis, leadership politique et parlements).

c) L'existence d'un cadre légal permettant l'auto-organisation et définissant les termes des relations Etat et société et garantissant de ce fait l'autonomie de l'un par rapport à l'autre et aussi celle des groupes sociaux entre eux, de même que leur pluralisme, cette base institutionnelle de la société civile pouvant varier d'un Etat à un autre.

d) L'identité des acteurs sociaux et les buts vers lesquels leurs activités (collectives et individuelles et qui ont leurs propres règles), formelles et informelles sont orientées, définissent le caractère et l'organisation de la société civile.

3 Jean-Baptiste Elias ; Communication sur Démocratie, Société Civile et Gouvernance en Afrique (1998) ; p5.

4 Idem, p8.

La société civile ainsi caractérisée a des fonctions motrices et développantes pour la démocratie. En effet, une société civile vigoureuse et dynamique de par ses caractéristiques intrinsèques va contribuer de manière déterminante à travers sept (07) diverses fonctions, au processus d'établissement et de consolidation de la démocratie :

Une fonction de régulation et de contrôle de l'Etat ; une fonction de mobilisation multi-sectorielle ; une fonction de re-socialisation et de réconciliation ; une fonction de complémentarité par rapport aux partis politiques ; une fonction éducative ; une fonction de communication et d'information ; une fonction de recrutement et de formation des leaders.

2 - LA BONNE GOUVERNANCE

Le terme de gouvernance est apparu à la fin des années 80 dans le vocabulaire de la Banque Mondiale, à l'occasion de bilans sur la politique d'ajustement structurel menée depuis 1980. Confrontés aux échecs répétés des programmes économiques d'inspiration néo-libérale mis en place par les institutions financières internationales dans un ensemble de pays en développement, les experts incriminent le cadre politico institutionnel défaillant de ces pays et recommandent d'agir en amont sur leur mode de gouvernement. Selon les experts, ce sont ces distorsions d'ordre politique qui sont à l'origine de la plupart des problèmes économiques rencontrés en Afrique, en Amérique Latine, en Europe orientale ou encore dans les pays de l'Est.

Les institutions financières internationales ont en effet pris conscience qu'il était impossible de tout régler par des réformes économiques et de continuer à reléguer les questions politiques et sociales au second plan dans le débat sur le développement. Peu à peu, il est apparu qu'aucun projet économique ne pouvait aboutir sans une légitimité politique et une efficacité minimum des institutions politiques. Le politique a donc bien vite été perçu comme un obstacle au bon fonctionnement des marchés et d'une manière générale à la progression du libéralisme dans ces pays.

Pour s'occuper de questions d'ordre politique, la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI) et les Banques régionales de développement ont cependant dû contourner un obstacle de taille, celui de leur statut qui leur interdit expressément d'intervenir dans le champ politique. Pour pouvoir agir sur des questions hors de leur compétence, mais ayant des incidences fortes sur le succès des programmes de prêt, les institutions financières

internationales ont fait appel à la notion de gouvernance. Celle-ci présente l'avantage de libeller en termes techniques des problèmes éminemment politiques et donc d'éviter de parler de " réforme de l'Etat " ou de " changement social et politique ". Les organismes de prêt internationaux ont ainsi trouvé une parade leur permettant d'échapper aux critiques les accusant d'outrepasser leurs compétences ou condamnant leur ingérence dans la politique intérieure et l'administration des pays emprunteurs.

Un volet " bonne gouvernance " a donc été introduit dans les programmes des organismes internationaux de financement. Des réformes institutionnelles ont été préconisées au côté des programmes économiques néo-libéraux et justifiées par la poursuite du développement économique ; ces réformes ont été promues non pas pour que s'affirment les considérations sociales et politiques sur l'économique mais bien pour rendre ces programmes plus efficaces. Ceci parce qu'une gestion du secteur public, efficace et transparente, est un point crucial de l'efficacité, à la fois des marchés et des interventions gouvernementales, et partant de là du développement économique.

La gouvernance n'a jamais fait l'objet de définition précise dans le contexte des politiques de développement. La Banque Mondiale traduit la gouvernance comme " la manière par laquelle le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales d'un pays au service du développement ". Le Comité d'aide au développement de l'OCDE, dont les travaux se sont inscrits dans la mouvance de ceux de la Banque Mondiale, la définit comme " l'utilisation de l'autorité politique et l'exercice du contrôle en rapport avec la gestion des ressources d'une société en vue du développement économique et social ".

La bonne gouvernance, c'est également « la gestion responsable et transparente des ressources humaines, naturelles, économiques et financières pour un développement équitable et durable » (art.9 Convention ACP-UE).

Les participants à la Conférence Economique Nationale tenue au Bénin du 09 septembre au 14 décembre 1996 ont défini la bonne gouvernance comme suit : « Intimement liée à la Démocratie, au développement et aux valeurs culturelles, la bonne gouvernance est la bonne gestion des ressources de la société aussi bien matérielles, humaines que financières, donc un mouvement participatif. Elle permet la rigueur dans la gestion des biens publics et abouti à la création des richesses. Elle ne doit pas s'appliquer au seul Etat, mais à la société dans sa globalité avec tous les acteurs sociaux. Elle ne doit pas être liée aux seuls problèmes

de corruption et de détournement, mais doit embrasser tous les acteurs de la vie sociale, en particulier les comportements, l'éducation et la formation, les structures et l'organisation... ».

Pour le Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs (MAEP), « la bonne gouvernance implique l'existence de procédures de prise de décision claires au niveau des pouvoirs publics, des institutions transparentes et responsables, la primauté du droit dans la gestion et la répartition des ressources, le renforcement des capacités pour l'élaboration et la mise en oeuvre des mesures visant en particulier à prévenir et à combattre la corruption ». Nous retiendrons dans l'optique de notre travail, cette définition du MAEP.

3 - LE DEVELOPPEMENT

Le concept de développement n'est pas un mythe, il est un concept réel aux définitions variées et évolutives. Selon Castoriadis, philosophe Grec, tentant de cerner la genèse historique des significations qui s'attaquent au terme développement, il le définit comme se référant à un "processus de réalisation du virtuel" qui associe développement et idée de maturité.

Avec Descartes émerge au 17e siècle une compréhension moderne du développement. Compréhension essentiellement liée à la croyance dans les pouvoirs illimités de la raison humaine qu'il inaugure en démontrant que le monde physique peut être connu à travers le langage mathématique. L'idée est transposée par la bourgeoisie au domaine de la production et crée la croissance illimitée de la production, but ultime de la vie humaine grâce à l'application de la science à l'industrie. Ainsi, naît l'idéologie du progrès. Dès lors, le développement notamment économique et social est compris comme celui qui consiste à sortir de tout état défini. La maturité réside ici dans la capacité à croître sans fin. Depuis l'avènement des Pays en Développement, la terminologie a successivement signifiée, industrialisation, urbanisation, croissance économique, développement politique, modernisation.

Pour David Apter, le développement est compris comme un " processus très général d'extension universelle. Il concerne tous les changements, qu'ils tiennent à une modification de la stratification sociale, ou à une nouvelle répartition des rôles sociaux. Il résulte aussi de la prolifération et de l'intégration des rôles fonctionnels d'une communauté".

Aujourd'hui le concept connaît des évolutions, c'est ainsi que l'on parle d'éco- développement, de développement durable, de développement humain authentique.

Le concept éco-développement est de Sachs (1987). Il est compris comme un développement respectueux de l'environnement et adapté aux ressources de la population.

Le développement durable vise à rendre durable le développement et ce faisant, à préserver les générations montantes du chômage ; autrement dit à préserver d'une génération à l'autre le stock de capital nécessaire pour assurer le bien être des générations présentes et futures. (Coméliau, 1990).

Le développement durable est le développement qui satisfait les besoins de la génération actuelle sans priver les générations futures de la possibilité de satisfaire leurs propres besoins. (CNUED, Rio de Janeiro 1992).

Le développement durable est la traduction de l'expression anglaise " sustainable developpement".

L'adjectif "sustainable" est aussi traduit par soutenable, acceptable, viable, raisonné afin de prendre en compte la dimension éthique et l'inscription dans le temps de cette notion.

L'expression " développement durable " qualifie, pour chaque acteur concerné, un développement respectant simultanément l'efficacité économique, l'équité sociale et le respect de l'environnement. Le développement ne peut être durable que s'il est à la fois économique, social et environnemental.

Il doit s'appuyer sur trois piliers : un pilier économique, qui vise des objectifs de croissance et d'efficacité économiques ; un pilier social, qui vise à satisfaire les besoins humains et à répondre à des objectifs d'équité et de cohésion sociale. Il englobe notamment les questions de santé, de logement, de consommation, d'éducation, d'emploi, de culture et un pilier environnemental, qui vise à préserver, améliorer et valoriser l'environnement et les ressources naturelles sur le long terme.

Selon la définition de l'UNESCO, le développement peut être « considéré comme une série de transformations plus ou moins linéaires, progressant, grâce aux évolutions technologiques, des modes de production primitifs, vers d'autres formes plus sophistiquées,

des dures épreuves de la vie quotidienne vers une vie plus confortable ». (ABC des Nations Unies, New York : ONU, 1998)

Cette définition semble concilier les deux écoles « quantitativiste » et « qualitativiste» du développement et se trouve en harmonie avec celle donnée par Lahsen ABDELMALKI et Claude COURLET (1988) selon laquelle le développement est l'ensemble des « changements qualitatifs et structurels nécessaires pour accompagner la croissance du produit net et plus largement du bien-être ». C'est aussi l'approche du PNUD avec l'adoption de l'Indice de Développement Humain Durable.

Le développement est un processus qui met en oeuvre des dispositions intellectuelles, culturelles de l'homme (facteur qualitatif) et une certaine organisation matérielle des biens et de la société (facteur quantitatif). Le processus de transformations matérielles et structurelles s'opère sous l'effet des dispositions intellectuelles et culturelles de l'homme dans une société donnée. Au regard de cela, le facteur déterminant dans ce processus est le facteur humain, c'est-à-dire qualitatif et tout développement s'opère à partir de cela.

La définition de l'UNESCO à savoir : le développement peut- être « considéré comme une série de transformations plus ou moins linéaires, progressant, grâce aux évolutions technologiques, des modes de production primitifs, vers d'autres formes plus sophistiquées, des dures épreuves de la vie quotidienne vers une vie plus confortable » sera retenue pour cette étude.

4 - LA DEMOCRATIE

Le mot démocratie vient de deux racines grecques," démos " qui signifie peuple et " kratos " qui veut dire règne ou pouvoir. La démocratie signifierait alors le pouvoir du peuple. Elle est conforme à la nature humaine en ce sens qu'elle est un système de valeur universelle fondé sur la reconnaissance du caractère inaliénable de la dignité et l'égale valeur de tous les humains.

Le mot démocratie a des définitions multiples. Mais, cette surcharge sémantique apparaît à la science politique comme inhérente à la notion même de Démocratie. C'est qu'en effet la démocratie n'est pas seulement une manière d'être des institutions, elle est plus encore peut-être une exigence morale. Or cette exigence n'est pas définissable dans l'abstrait, car son

contenu est déterminé à la fois par l'insatisfaction que procure une situation présente et par l'image de ce que serait un ordre politico-social meilleur. Il en résulte que le sens du mot démocratie varie selon le milieu et le moment dans lequel il est employé et selon le contexte doctrinal dans lequel il se trouve.

Que cette dualité du terme soit génératrice d'équivoque, c'est incontestable. Mais, à exclure l'ambiguïté pour élaborer une définition scientifique, sans bavure, on risquerait de ne pas rendre compte du dynamisme qui est inclus dans l'idée démocratique et fait d'elle l'un des facteurs les plus puissants d'évolution des sociétés. Toute l'histoire prouve que la démocratie réalisée n'est jamais qu'un moment du mouvement démocratique. Un mouvement qui jamais ne s'arrête, car pour les hommes qui le suscitent, la démocratie c'est le Bien. Ainsi, elle n'est pas seulement une formule d'organisation politique ou une modalité d'aménagement des rapports sociaux ; elle est une valeur. Et c'est cette valeur, - l'inaliénable vocation des hommes à prendre en charge leur destin, tant individuel que collectif- qui constitue l'unité profonde de ce que, pour la clarté de l'analyse, on appelle les différentes conceptions de la démocratie.

C'est pourquoi, il n'apparaît pas que ce serait une bonne méthode que de les isoler pour les décrire en les opposant. En réalité, elles s'enchaînent les unes aux autres comme autant d'incarnations de l'idée démocratique qui se fait de plus en plus exigeante au fur et à mesure que ses impératifs sont satisfaits. Certes, cet enrichissement du concept ne va pas sans altération du principe initial ; mais en fait, ce qui diffère c'est la méthode utilisée par les gouvernants pour réaliser la démocratie, ce n'est pas l'attente des hommes qui placent en elle l'espoir d'une vie meilleure.

5 - LA PAIX

Selon le dictionnaire Le Robert, le mot paix traduit les rapports entre personnes qui ne sont pas en conflit. La paix n'implique pas de relations positives entre personnes. Elle désigne plutôt des rapports calmes, qui peuvent d'ailleurs n'être que de pure forme. La paix désigne également un état de calme, de tranquillité sociale caractérisée à la fois par l'ordre intérieur dans chaque groupe, et par l'absence de conflit armé entre groupe. La paix est également définit comme étant le commencement de la compréhension mutuelle, du respect et de l'appréciation de l'autre en tant que différent de nous. La paix positive, c'est la coexistence des esprits et des coeurs. Cette définition de la paix positive vaut tout autant pour la paix

entre groupes, nations, blocs, etc., que pour la paix entre individus. (Bâtir la paix. Dominique Pire. Verviers, Belgique, Gérard & Cie, Coll. Marabout, 1966, p. 61).

Comme concept voisin, nous avons la paix romaine (PAX ROMANA). C'est la paix que faisait régner la civilisation romaine, elle était opposée au chaos menaçant de la barbarie. Maintien de la paix et règlement pacifique des conflits.

Ses concepts relèvent de la problématique de la sécurité collective, c'est-à-dire d'un régime visant à garantir multilatéralement, par un dispositif juridique, l'indépendance politique et l'intégrité territoriale de chacun des Etats de la communauté internationale. Impliquant un sens à la fois dynamique et statique, le maintien de la paix englobe l'idée de restauration aussi bien que de préservation de celle-ci et, de ce fait, peut exiger le recours à des moyens coercitifs autant que préventifs. A première vue, le règlement pacifique des différends semble ne devoir être qu'une simple modalité préventive du maintien de la paix. La réalité est plus complexe. D'une part la pratique des Organisations internationales de sécurité collective (ONU, SDN) révèle que les procédures de règlement pacifique sont souvent utilisées postérieurement au recours à la force. D'autre part, le règlement des différents a une finalité curative en principe, alors que celle du maintien de la paix est normalement conservatoire.

6 - LA SECURITE

Le concept de sécurité est à l'origine de la théorie moderne de l'Etat puisque la première mission de celui-ci est de protéger les membres de la collectivité qui, en retour, lui prêtent allégeance. La monopolisation de la violence par l'Etat a pour finalité d'interdire son exercice afin de mettre fin à l'anarchie et à la loi du plus fort. Chez Hobbes, la sécurité est l'équivalent de la paix civile à l'ombre de laquelle les protagonistes du "contrat social" jouissent de leurs droits naturels. Avec l'émergence de l'Etat-nation, le concept a fait corps avec l'Etat, incarnation des intérêts collectifs de la communauté nationale. Le caractère conflictuel des relations internationales et l'animosité qu'entretiennent les Etats entre eux ont créé les besoins de la sécurité de l'Etat et de la sécurité nationale menacée par des Etats étrangers. Le concept de sécurité est par conséquent devenu constitutif de la discipline des Relations Internationales qui l'a toujours rattaché à la notion d'Etat au centre de la problématique de l'approche "réaliste" construite sur les catégories de puissance, d'intérêt national, d'ennemis, d'alliances stratégiques, etc.

Depuis deux ou trois décennies, le monde a profondément changé au niveau des relations entre les Etats et les peuples, particulièrement au Nord où la guerre semble être tombée en désuétude, surtout depuis la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'exUnion Soviétique. De nombreux acteurs non-étatiques ont un rôle de plus en plus grand sur la scène mondiale (firmes transnationales, ONG, opinion internationale...), contribuant à élargir le concept de sécurité à toute activité sociale, le libérant de son cadre strictement militaire pour le relier à la démocratie et à la bonne gouvernance nationale et internationale.

Malgré la rigueur à laquelle prétendent les "réalistes", le concept de sécurité est peu défini par cette école de pensée, ou plutôt limité à la défense militaire de l'Etat potentiellement menacé par d'autres Etats, ce qui renvoie au modèle westphalien, juxtaposition de souverainetés nationales entretenant entre elles des relations tantôt amicales tantôt agressives. Ce modèle, dont les deux éléments constitutifs sont le soldat et le diplomate, a été miné par les flux transnationaux portés par des forces qui lui ont fait perdre sa cohérence structurelle. Ces forces de nature économique, religieuse, écologique... se manifestent en dehors du contrôle des Etats et ignorent la frontière territoriale (Cf. R.O. Keohane et J. Nye, "Transnational Relations in World Politics ", Cambridge, Harvard University Press, 1972).

Avec l'approfondissement des rapports transnationaux, la notion de sécurité semble dépassée dans son acception traditionnelle. Son intérêt exclusif pour l'Etat, organe personnifié au nom duquel parle une bureaucratie qui le coupe de la population, la rend inadaptée aux évolutions des mentalités et des aspirations des gens. Il y a eu comme une prise de conscience pour le rejet de l'Etat comme une institution sacrée au-dessus des hommes, insensible à leurs besoins. La bureaucratie définissait les critères de sécurité de l'Etat et désignait des ennemis potentiels, se trouvant aussi à l'intérieur des frontières. L'obsession de la sûreté de l'Etat dresse celui-ci contre une partie des membres de la Nation suspectée d'être infectée par des ennemis, d'où la répression et la méfiance des gouvernants vis-à-vis des gouvernés.

Nous retiendrons finalement la définition de Hobbes à savoir : la sécurité est l'équivalent de la paix civile à l'ombre de laquelle les protagonistes du "contrat social" jouissent de leurs droits naturels.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery