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Les conditions de vie des personnes agées en Cote d'Ivoire: Regard sur la maltraitance à  Adjame Village

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par Ahou Clémentine TANOH épse SAY
Cocody - DEA de sociologie 2007
  

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I.2. Revue documentaire

De nombreux auteurs ont déjà traité la question des problèmes se rapportant aux conditions de vie et à la maltraitance des personnes âgées, sous divers angles. Nous allons nous atteler à faire le point de ces écrits suivant une approche thématique. Quelques thèmes s'y rapportant vont être abordés : les théories psychosociologiques du vieillissement, la place et le rôle des personnes âgées, les conditions de vie des personnes âgées, la maltraitance des personnes âgées, la réaction des personnes âgées aux comportements maltraitants et la vieillesse rayonnante.

I.2.1 Les théories psychosociologiques du vieillissement

Il s'agit des théories de l'activité, du désengagement, de la continuité et du vieillissement du point de vue social.

Ces théories ramènent aux interactions de l'individu avec la société. La psychologie sociale permet d'étudier ces interactions à travers de multiples variables, tels que la solitude, la retraite, le niveau de vie et les activités. Le but de ces théories de la psychologie sociale du vieillissement, est d'élaborer des modèles susceptibles d'expliquer ou de prévoir les échanges entre l'individu et la société au cours du vieillissement.

La première théorie est celle de l'activité. Cette théorie a été initiée en 1953 par les chercheurs anglo-saxons R. J. Havighurst et M. Albrecht13(*). Son postulat de base est le suivant : il existe un lien significatif chez les personnes âgées entre les investissements sociaux ou relationnels et leur niveau de satisfaction devant la vie. En d'autres termes, la personne qui s'adapte le mieux à sa vieillesse est celle qui réussit à se maintenir active le plus longtemps possible et cherche à remplacer d'une manière ou d'une autre, des amis ou des personnes aimées, éloignées ou disparues. Cette théorie montre que c'est moins l'aspect quantitatif des activités ou des rôles, qui est important que les retombées positives des interactions qu'elles engendrent.

Malgré certains appuis empiriques, cette théorie comporte quelques lacunes : elle ne s'applique qu'aux " jeunes vieux " disposant d'un revenu correct. Elle ne concerne pas les " vieux-vieux " et les économiquement faibles. En outre, elle ne permet pas d'expliquer pourquoi il existe des groupes de personnes au niveau d'activité élevé et moral faible, et des personnes au niveau d'activité faible et au moral élevé. En vérité, cette théorie n'est cohérente que pour la population âgée la moins concernée par la vieillesse.

La seconde qui est la théorie du désengagement, est élaborée par des chercheurs de l'Université de Chicago. Elle part du principe qu'il y a un désengagement réciproque de l'individu et de la société. Suivant cette théorie, le vieillissement normal est caractérisé par une diminution des interactions entre l'individu vieillissant et le réseau social auquel il appartient. L'individu s'intéresse moins à la société (on ne lui demande pas de jouer un rôle précis). Ce désengagement nécessite l'intervention de variables psychologiques et sociologiques.

Le désengagement psychologique est caractérisé par un désengagement émotionnel de la personne envers les individus, des objets et envers son environnement, contingent d'une augmentation de la préoccupation de soi.

Le désengagement social résulterait d'une diminution des interactions entre la personne et son réseau social. L'une des critiques que suscite cette théorie est qu'elle ne semble valide que pour une fraction de personnes très âgées (80 ans et plus.)

Malgré les critiques, la théorie du désengagement a le mérite de montrer que les individus soumis au processus du vieillissement peuvent mettre en place des phénomènes d'adaptation différents de ceux de l'adulte actif. En d'autres termes, il est possible de rester heureux en vieillissant sans pour autant avoir accès à toutes les activités qui motivent les gens plus jeunes. Etre vieux ne veut pas forcement dire ne plus être jeune.

La troisième est la théorie de la continuité. Au lieu de voir la vieillesse comme une période à part, en fonction des rôles qu'un individu peut ou ne peut plus accomplir, cette théorie explique la vieillesse comme un prolongement de l'âge adulte. En se servant des compétences et des expériences du passé, le sujet va s'adapter aux changements du vieillissement normal. Cette phrase d'Ajuriaguerra, résume cette théorie : « on vieillit comme on a vécu »14(*)

Bien qu'il apporte quelques réponses aux faiblesses des théories du désengagement et de l'activité, ce modèle présente à son tour certaines limites. Tout d'abord, il est très difficile d'en vérifier la validité. Pour s'adapter au vieillissement, l'individu va le plus souvent adopter une multitude de petites modifications dans son existence, dont il est impossible d'apprécier le degré de continuité. Par ailleurs, si la persistance de certains comportements peut être efficace pour les uns, elle risque d'être totalement dysfonctionnelle pour d'autres.

Malgré ces imperfections, la théorie de la continuité aura permis de mettre l'accent sur l'incroyable diversité des façons de vieillir : en indiquant les liens qui existent entre la jeunesse, la maturité et le vieillissement.

La quatrième théorie est celle du vieillissement du point de vue social.

Celle-ci va se définir relativement aux rôles sociaux. Ainsi la retraite pourrait être vécue positivement si elle est désirée et si du point de vue chronologique, physique et psychologique, il n'y a pas de décalage relativement à l'activité ou l'inactivité.

Par contre, s'il y a un décalage, la personne peut se sentir rejetée et mise  hors de la société. De plus, à un âge souvent supérieur, un autre facteur peut accroître ce sentiment d'impuissance. Il s'agit du renversement des dépendances lorsque la personne âgée devient dépendante de ses enfants ou des plus jeunes, pour des raisons financières ou de santé.

Cette vision plus ou moins positive ou négative de la vieillesse est surtout déterminée par le rôle social que joue la personne âgée.

En définitive, aucune des théories ne rend compte à elle seule de l'ensemble des phénomènes menant un organisme jeune au vieillissement et à la mort. Toutes ces théories ne sont que des hypothèses. Elles partent d'une ou de plusieurs observations vraies. Elles ne font que décrire à leur niveau (génétique ou moléculaire, endocrinien ou immunitaire...) un même phénomène qui est le vieillissement.

A la suite de cette revue théorique, voyons à présent quelques analyses empiriques.

I.2.2 Place et rôle des personnes âgées

Suivant qu'il se trouve en Afrique ou en Occident, le vieillard a un statut socioculturel différent. Par conséquent, il joue un rôle spécifique en fonction de l'idée qu'on se fait de lui.

Louis Vincent Thomas (1989)15(*) à travers des attitudes collectives envers les vieillards : un problème de civilisation, a fait une étude comparative du vieillard en Afrique et en occident.

Selon lui, en Afrique, les vieillards sont peu nombreux et peu coûteux. Ils sont utiles à des travaux spéciaux et à l'éducation des enfants. Ici, les vieillards sont insérés dans la famille et le lignage où ils sont traités de sages.

En Occident, les vieillards sont très nombreux et coûtent chers. Les vieillards sont inutiles socialement et même encombrants. De ce fait, ils sont rejetés dans les hospices ou restent solitaires chez eux. Toute chose entraînant une fréquence du suicide délivrance ou de désespoir.

Si en Afrique, les vieillards meurent dans leurs maisons maternés et sécurisés par les femmes, en Occident, ils meurent seuls, le plus souvent à l'hospice ou à l'hôpital.

La mort du vieillard africain est le couronnement de sa vie. Son enterrement est plein de sens ; c'est une fête où la société se renouvelle et qui provoque un grand rassemblement. Son deuil est ainsi important et il a la possibilité de devenir un  ancêtre.

En Occident au contraire, la mort du vieillard est vide de sens et met un terme à une fin de vie dérisoire. Son enterrement est insignifiant, à tonalité affective neutre et sans incidence pour le groupe, si ce n'est une certaine libération. A contrario de la mort du vieillard africain, celle de l'Occident est vite oubliée avec un deuil vite liquidé.

Pour Touré (1984) également qui a fait cette étude comparative, dans la civilisation africaine, la vieillesse n'est pas une tare. Contrairement à l'africain, l'occidental redoute la vieillesse dans la mesure où l'on y devient inutile. Le mot " vieux " est refusé comme une injure. Des synonymes sont alors trouvés pour l'atténuer : personnes âgées, troisième âge. Ici, on n'est plus vieux, on n'est plus âgé, on appartient seulement à un âge. En Afrique, le mot " vieux " est accepté comme un honneur. Au sein des structures traditionnelles, les privilèges tels que le droit d'aînesse, le droit à la parole et la respectabilité, sont liés à la vieillesse. Ici, le vieux, c'est l'homme d'expériences, de savoir ; c'est l'aîné, c'est le doyen, le père, le grand-père. Alors qu'en Occident il est infantilisé.

Selon ce même auteur, les personnes âgées jouent quatre rôles principaux dans la société traditionnelle africaine.

Au plan économique, les personnes âgées sont chargées de la distribution équitable des terres.

Au plan culturel, elles sont dépositaires de la tradition orale.

Au plan politique et social, elles jouent le rôle de conseillers pour l'organisation de cérémonies diverses : baptême, initiation, mariage et funérailles. Ce sont aussi des sages à qui on a recours dans le règlement des conflits. Le rôle politique des vieillards se résume en ceci : « rien de sérieux ne s'entreprend ni ne se décide sans leur accord. »

Leur rôle culturel et éducatif est d'assurer l'éducation et l'enculturation des petits-enfants. Ce sont ainsi des éducateurs, des conseillers, des médiateurs et des diffuseurs de la tradition.

De nos jours, avec le renouvellement rapide des techniques et les besoins toujours accrus de productivité, la personne âgée est dépassée ; elle n'est plus une référence, un exemple, contrairement aux sociétés traditionnelles. Il lui est donné le statut de " vieux " qui a une connotation péjorative.

Les écrits des ces deux auteurs nous permettent d'apprécier l'utilité sociale et culturelle des personnes âgées dans l'Afrique traditionnelle. Ce n'est pas le cas pour celles des pays européens qui sont perçues comme des " déchets sociaux " n'ayant aucune participation sociale.

Et c'est pour illustrer cette représentation que la société occidentale a des vieillards, que Jean- marie Vetel16(*) écrit ceci :

En France on n'aime pas les gens qui ont l'air vieux. Alors qu'ils n'ont jamais été aussi nombreux, les vieillards font peur, parce qu'ils nous forcent à nous projeter dans notre propre vieillissement. Ce qui est demandé aux vieux, c'est de conserver au maximum les attributs de la jeunesse, la beauté, la santé, la forme physique. 

Quelques fois, la personne âgée peut donner l'impression de ne pas entendre, de ne plus voir ce qui se passe à l'extérieur. La société moderne véhicule des images négatives sur les " vieux " : personnes inutiles, acariâtres, avares, grincheuses, égocentriques, rigides. Elle donne aussi une image de mort, surtout pour la personne dépendante. Cette mort est rejetée ; tout le monde doit être jeune, beau et en bonne santé.

Les  vieillards  ne doivent pas manifester de déchéance, ne doivent pas être trop visibles dans le paysage social, surtout lorsque leurs corps ne correspondent plus aux normes en vigueur.

L'anthropologue Bernadette Puijalon, citée par Vetel, déclare même que :

 Les personnes âgées sont écartées dans des structures ghettos ! On les fait vivre dans une ambiance de pensionnat, avec une bouffe de pension. !

La société exprime également un refus de voir des individus vieillir, la mode étant à la jeunesse éternelle. Le " vieux " est représenté par les médias en bonne santé (publicité pour eau minérale) ou utilisant de la crème de soins pour atténuer les effets physiques du vieillissement. La personne âgée dépendante n'est que l'ombre d'elle-même, elle est presque honteuse, du fait que le monde présent lui reproche sa faiblesse, sa marginalité par rapport aux normes sociales de beauté éternelle.

L'image du vieillard  est ambivalente : il y a le " vieux " respectable, enrichissant, affectueux ; et puis celui qui est figé, intolérant, vulgaire et agressif.

Les points de vue de ces trois auteurs convergent vers la même réalité : la représentation qu'on se fait des personnes âgées, actuellement en Afrique, semble rejoindre, celle de l'Europe, eu égard au changement social qui s'est opéré au sein des sociétés africaines. Ceci explique l'attitude de rejet de la société vis-à-vis des personnes âgées. C'est cette attitude qui de nos jours, est entrain de prendre le pas sur les valeurs traditionnelles ; à telle enseigne qu'en lieu et place du prestige social dont jouissaient les personnes âgées, il est de plus en plus question de maltraitance.

Amadou Hampaté BÂ (1972) abonde dans le même sens quand il écrit que le principal responsable de la destruction des sociétés africaines, est la colonisation qui a été le tremplin par laquelle l'occident a nié toute la culture et l'histoire africaine. Pour elle, la seule connaissance valable, capable d'apporter la " lumière " aux sociétés africaines dites sauvages, s'acquiert dans les écoles conventionnelles. Celles-ci, dans le même temps, dépossèdent les vieillards de leur rôle central qu'est l'éducation. Car comme nous l'apprend l'auteur : 

La connaissance africaine est une connaissance globale, une connaissance vivante qui se transmettait régulièrement de génération en génération, par les rites d'initiation et par les différentes formes d'éducation traditionnelle. Cette transmission régulière s'est trouvée interrompue du fait d'une action extérieure, extra africaine : l'impact de la colonisation (...). Et c'est pourquoi les vieillards qui sont les derniers dépositaires, peuvent être comparés à de vastes bibliothèques dont les multiples rayons sont reliés entre eux par d'invisibles liens qui constituent précisément cette science de l'invisible authentifiée par les chaînes de transmission initiatique. La chaîne qui relie la vieille génération à la jeune génération a été rompue et de plus en plus, l'on note des conflits entre les deux. Or, le fonctionnement de la chaîne commandait aux jeunes, le respect à l'égard des aînés car comme dit le proverbe africain : c'est l'enfant qui sait laver sa main, qui mange en compagnie des vieux.

Dans ce contexte, apprécions les écrits sur les conditions de vie des personnes âgées.

I.2.3 Les conditions de vie des personnes âgées

Simone de Beauvoir (1970) a effectué une étude sur les conditions de vie de ceux qu'elle nomme les " vieux " (les personnes âgées) dans le monde et dans l'histoire.

A travers cette étude, cet auteur pose la question des relations qui existent entre les adultes, les jeunes gens et l'ancienne génération.

Pour De Beauvoir, le vieillard est de plus en plus éloigné des autres membres de la société. Ceci s'explique par le fait que le vieillard est caractérisé par  une exis, non par une praxis. Le vieux, n'étant plus en activité, les autres membres actifs de la société restent indifférents à sa présence. Cette situation est plus accrue dans le cas des personnes âgées masculines.

L'attitude de l'adulte ou du jeune à l'égard de son père âgé, se caractérise par le fait qu'il le manoeuvre. C'est une attitude hypocrite. Au fond, selon De Beauvoir, ce dernier ne sert à rien. Il est considéré comme un objet encombrant, inutile. Réciproquement, les filles comme dans la relation père fils, éprouvent souvent du ressentiment envers leur mère et leur attitude est analogue à celle des fils avec leur père. Toujours selon De Beauvoir :

Quand l'adulte n'a pas de lien personnel avec eux, les vieillards suscitent chez eux un mépris teinté de dégoût. La relation grand-père, petit- fils se caractérise par une réciproque affection. Cependant si beaucoup d'enfants chérissent leurs grands-parents, d'autres ont tendance à se rire d'eux, de  cet adulte déchu, affaibli et bizarre.

L'auteur révèle aussi que quand on s'intéresse aux personnes âgées, c'est dans un but lucratif à travers les cliniques, les maisons de repos et autres résidences.

De cette étude de De Beauvoir, une piste de recherche s'ouvre à nous : Quelle est l'attitude des adultes et des jeunes à l'égard de l'ancienne génération ?

En Finlande17(*), le Ministère des Affaires sociales et de la Santé a fait des publications sur les conditions de vie des personnes âgées. L'un des points abordés, concerne l'habitat et le cadre de vie.

Parlant de l'habitat et du cadre de vie, les auteurs de ces publications ont relevé que la très grande majorité des personnes âgées - soit 86% des plus de 75 ans - vivent dans des logements ordinaires. Par ailleurs, plus de 50% des femmes de plus de 75 ans et près d'un quart des hommes du même âge, vivent seuls. Certes dans les années 1990, beaucoup de logements de personnes âgées ont été réparés, convenablement équipés et adaptés. Toutefois, l'absence d'ascenseurs dans de nombreux immeubles est un grave problème. Les personnes âgées rencontrent aussi des difficultés quotidiennes dans les logements qui sont étroits pour celles qui utilisent des fauteuils roulants et d'autres accessoires dans leurs déplacements. En outre, une personne âgée sur quatre, estime que les magasins, la poste, la banque, la pharmacie et/ou les services de santé sont situés trop loin de chez elle. Toujours dans les années 1990, l'habitation dans un centre de logements et de services, s'est généralisée plus rapidement qu'aucune autre forme de services aux personnes âgées, remplaçant le soin en établissement.

Ces auteurs ont aussi montré que les personnes âgées soignées dans les établissements sont de moins en moins nombreuses, car elles y sont placées de manière prolongée à un âge de plus en plus avancé. Près de deux tiers des plus de 65 ans, sont domiciliées dans des villes ou communautés urbaines. Mais à la campagne, la proportion des retraités est nettement supérieure à celles des citadins à la retraite.

Ces auteurs ont eu le mérite d'analyser les conditions de vie des personnes âgées en termes de relation avec leurs proches parents, d'habitat et de cadre de vie. Ils nous renseignent donc sur leur situation sociale, dans certains pays européens. Mais ils ne nous instruisent pas sur la situation psychologique des personnes âgées, encore moins sur leur situation économique.

Ira Bruno (2006) a également mené une étude sur les conditions de vie des personnes âgées, sous le titre : Conditions de vie des personnes âgées et solidarité sociale et familiale à l'épreuve de la pauvreté en milieu urbain : le cas de la ville d'Abidjan. Selon lui, depuis le début des années 1980 que la crise socioéconomique affecte directement les moyens d'existence des populations, la catégorie sociale des personnes du troisième âge, est devenue de plus en plus vulnérable à la pauvreté.

A cet effet, il montre que le nombre de personnes âgées vivant en dessous du seuil de pauvreté qui est de 183 358 francs CFA par personne et par an, est de plus en plus croissant . Aussi, les ménages pauvres dirigés par les personnes âgées ont-ils augmenté en moins de deux décennies, passant de 11% de la population en 1985 à 36% en 2002.

Contrairement aux personnes âgées de la Finlande qui bénéficient des logements sociaux réhabilités et équipés par l'Etat, celles de la Côte d'Ivoire en général et d'Abidjan en particulier, sont à 36,99% locataires des maisons qu'elles habitent et à 6,69% logées par leurs familles.

C'est donc pour améliorer les conditions de vie de ces personnes âgées que l'auteur propose à travers son étude, la solidarité familiale et sociale comme solution. Toutefois, il reconnaît que dans le contexte actuel de crise économique et de changement social, l'entraide à l'égard des personnes âgées devient rare.

Dans un tel contexte, les personnes âgées sont de plus en plus livrées à elles mêmes et sujettes pour la plupart, à la maltraitance.

I.2.4 La maltraitance des personnes âgées

Ecouter et prévenir la maltraitance envers les personnes âgées  est le titre d'un article écrit par Robert Hugonot et Françoise Busby18(*). A travers cet écrit, ils font une analyse des maltraitances envers les personnes âgées.

Selon ces auteurs, la maltraitance des personnes âgées est restée jusqu'à une période récente, un phénomène méconnu, renié, ne faisant l'objet d'aucune étude ni, a fortiori, de prévention. La maltraitance des personnes âgées reste encore assez secrète et se développe tant en famille qu'en institution.

En famille : les recherches19(*) ont montré que la violence serait un mode de vie habituel dans 20% des familles, violence contre tous les êtres faibles de la famille : enfants, femmes, et personnes âgées. Aussi, plusieurs études ont-elles montré que les adules maltraitant leurs parents, ont souvent été eux-mêmes des enfants maltraités. Devenus adultes, les enfants maltraités silencieux, devant le pouvoir de leurs parents, se révèlent à leur tour maltraitants, quand avec l'avance en âge, leurs parents faiblissent physiquement et intellectuellement.

L'on peut à cet effet, citer l'étude de Jill E. Kurbin, Georgia Anetzberger et Craig Austin20(*). Sous le titre : Cycle intergénérationnel de violence, dans le cas de maltraitance d'enfants et de vieillards, ces auteurs ont fait un rapport sur les violences contre les personnes âgées (23 cas). Les maltraitants, ont tous dit avoir été victimes de violences, dans leur enfance.

Pour Hugonot (2003), c'est par l'épuisement de la tolérance que l'on arrive à la violence à l'égard des personnes âgées. Dans la relation avec les personnes âgées, il peut arriver que le comportement d'un des deux partenaires atteigne un tel niveau répétitif ou démesuré qu'il épuise la tolérance de l'autre. On peut alors entendre des propos tels que « je n'en pouvais plus, elle m'a épuisé, alors je l'ai giflée. ».C'est donc la tolérance qui craque et l'idée de rejet qui prend naissance.

Dans le couple âgé, poursuit l'auteur, la violence est le plus souvent liée à un renversement de pouvoir. Du fait de son affaiblissement intellectuel et de son âge plus élevé, le conjoint dominateur dépend désormais de celui qui était auparavant dominé, et qui devient souvent son soignant principal. 

La violence familiale à l'égard des personnes âgées est souvent liée aux traits du caractère et aux attitudes et comportements de ces dernières. Selon Hugonot, nous trouvons dans la littérature de nombreux portraits de vieillards odieux, tyranniques et provocateurs. Repliés sur leur "  argent ", tel Arpagon, ou naturellement hostiles à leur environnement familial ou social sur lequel ils rejettent leur refus de vieillir, de vivre une vie désormais trop longue et seul, incapables de faire le deuil de leur jeunesse ou d'assumer leur veuvage.

Cela donne par exemple l'image de  Tatie Danielle, personnage ambigu et méchant du film d'Etienne Chatiliez, devenant incontinente pour maltraiter les siens jusqu'au drame final.

Une autre image que donne l'auteur, est celle de La vieille dame des rues de Henri Ghein (1994) que Michel Drouin décrit dans sa préface comme une  atroce petite vieille misanthrope, hargneuse, rancunière et roublarde, douée d'un égoïsme pervers et sordide .

Ce sont encore les Cahiers déchirés de Monique Lange, dont le père était décrit par Bernard Pivot comme coléreux, injurieux, tyrannique et mythomane.

Il est important dans la présente étude, contrairement aux précédentes, d'indiquer les membres de leurs familles avec qui les personnes âgées entretiennent des relations cordiales ou conflictuelles d'une part ; et ceux qui sont géographiquement proches ou éloignés d'elles, d'autre part.

En institution : si la maltraitance en famille est secrète, cachée, et non dite, la maltraitance en institution, en occident, l'est plus encore parce que ceux qui y travaillent, opposent leur " esprit de corps " à la révélation de la vérité.

Ainsi, dans Vieillesse des pauvres, les chemins de l'hospice, cité par R. Hugonot, Nicolas Benoît Lapierre (1980) ne parle pas de violence, mais de la contrainte de la règle, de l'enfermement général derrière les hauts murs de l'asile. Dans ces institutions, on écoute des personnels qui dénoncent la rigidité administrative sans qu'il soit jamais question de violence que certains de ces personnels seraient susceptibles d'exercer.

Les premières études révélant la maltraitance en institution des personnes âgées remontent au début des années quatre-vingt. Aux Etats-Unis21(*), en 1983, Almendaris a découvert une  cavalcade de maltraitances en maisons de retraite. Pillemer, en 1989, parle de  découvertes décourageantes  dans ces établissements. Toujours au Etats-Unis, D.W. Moore, en 1989, publie une maltraitance passive à l'échelle massive.

Ces auteurs observent que le personnel se comporte de façon inappropriée, en travaillant dans des conditions stressantes et difficiles.

En Grande Bretagne22(*), M. Vousden en 1987, parle de personnes rançonnées (rackettées) dont la mort aurait été accélérée.

En 1989, P. Horrtosks23(*) fait l'analyse de douze services de long séjour. Ses conclusions :

Services trop grands, peu accueillants, sans protection de la vie privée des résidents, résidents trop nombreux, lits trop proches les uns des autres, mobiliers en mauvais état, pas de tapis ou moquette, vie privée menacée même quand l'équipe d'inspection est présente, malade lavé nue à la vue de tous, nourriture pauvre sans choix, heures trop précoces, absence de plan de soins, réduction du nombre d'infirmiers, diminution des interventions de médecins ou soignants spécialisés. »

L'auteur conclut en disant qu'il s'agit d'une  maltraitance passive à une échelle massive.

A cette longue liste, Hugonot ajoute les meurtres, les violences sexuelles, la familiarité, le ligotage, la contention physique, le vol.

Ces recherches relèvent deux catégories de maltraitance en institution. Dans la première catégorie, la maltraitance est liée au règlement de l'institution ou à leur absence, ainsi qu'à la gestion de l'établissement et aux consignes de la direction.

La seconde catégorie est liée aux attitudes des personnels et à leurs actes individuels.

Paul Paillat24(*) abonde dans le même sens quand il dit que les institutions conçues pour apporter la consolation aux personnes âgées s'avèrent un enfer pour elles. Il décrit l'hospice comme étant : 

Le mélange des valides et des grabataires dans de vastes salles, la séparation des ménages, l'abandon du mobilier personnel, la nourriture uniforme et mal conçue, l'insuffisance du contrôle médical, l'absence de formation du personnel, la séparation d'avec la vie sociale normale, sont autant d'atteintes au moral et l'équilibre physique et psychique des vieillards ainsi hébergés dans des locaux dont l'aspect est souvent sinistre où l'oisiveté accroît le sentiment d'inutilité. A la limite du pamphlet, certains ont qualifié de tels hospices d' " antichambre de la mort ", de " pourrissoirs ".

Ces différents écrits nous permettent de percevoir l'ampleur des actes de maltraitance que subissent les personnes âgées dans les pays développés. Ils mettent également en évidence des logiques sociales qui sou tendent cette maltraitance : l'épuisement de la tolérance (en famille) et les conditions difficiles de travail (en institution). C'est en cela que ces écrits constituent pour nous, un apport très appréciable dans le cadre de cette étude. Cependant, ces auteurs ne mentionnent pas la nécessité, voire l'urgence de connaître la psychologie des vieillards. Méconnaître cette psychologie, c'est faire obstacle aux aides proposées dans la mesure où les personnes chargées de s'occuper des aînés sociaux l'ignorent souvent.

Jean Charles Escribano (2007), met également à nu les conditions de vie humaines et la maltraitance des vieillards dans les maisons de retraite sensées être solidaires de la misère des vieillards. Ces maisons apparaissent pour les familles qui viennent y laisser les vieux parents "encombrants", comme une garderie en attendant que l'institution annonce leur mort qui est imminente, vu les traitements inhumains. Pour lui, les personnes âgées, même si elles sont atteintes de démence (Alzheimer), ont droit au respect et on doit leur concéder leur dignité humaine. Les maisons de retraite, loin d'être des mouroirs et des institutions totalitaires, doivent exercer leur rôle d'aide.

A ces deux types de " programmes " (le vieillard à la maison et le vieillard en institution), Paul Paillat privilégie celui qui maintient le vieillard à la maison.

En effet, il recentre le cadre familial comme le milieu de prédilection de l'épanouissement de l'être humain en général et en particulier des vieilles personnes. C'est pourquoi, il dit que :

L'une des règles d'or de la politique de la vieillesse devrait être de permettre à la personne âgée " de rester le plus longtemps possible dans son cadre familier " » car « toutes les expériences françaises et étrangères, toutes les enquêtes soulignent la valeur psychologique de l'attachement au foyer, fût-il misérable. Les médecins constatent une plus grande rapidité dans la convalescence selon que le malade rentre chez lui ou reste à l'hôpital.

Mais que faut- il entreprendre concrètement pour maintenir les vieillards dans le cadre familial ?

A cette interrogation, Paul Paillat répond que le programme doit viser l'octroi d'une allocation de loyer, d'une aide ménagère, d'une aide médicale et des services collectifs.

L'allocation de loyer a pour objectif dans un premier temps de permettre aux vieillards de payer leur loyer mais plus encore d'abandonner les logements devenus incommodes pour leur âge. Par exemple des vieilles personnes qui malgré leur état doivent rejoindre leur maison au 4e étage par l'escalier.

L'aide ménagère est une assistance que les personnes rémunérées par l'Etat apportent à domicile à des personnes âgées ; c'est un service domestique.

L'aide médicale consiste à un service de soins à domicile et à une hospitalisation à domicile.

Enfin, les services collectifs sont des aides apportées par le quartier aux personnes âgées. Parmi ces services, nous pouvons citer la fourniture de repas, le lavage et le raccommodage du linge, l'ouverture de foyers d'accueil.

Comme on le constate, ces aides, dans l'ensemble, reposent sur la satisfaction des besoins essentiels afin de sortir cette frange sociale de l'isolement. Toutefois, l'éthique à respecter, nous rappelle l'auteur, est celle de la dignité des personnes âgées : ne pas leur insinuer qu'elles sont des nécessiteuses.

Somme toute, les personnes âgées sont maltraitées tant en famille qu'en institution. Dans les deux cas, l'on dénote plusieurs catégories de maltraitances25(*). Les maltraitances les plus fréquentes sont d'ordre financier et psychologique (27% chacune).

Pour ce qui est du domaine financier, il s'agit non seulement de la rétention des pensions, des vols, des escroqueries, de l'héritage anticipé, de spoliation d'argent, de biens mobiliers et immobiliers, mais aussi, de vie aux crochets de l'aïeul.

Dans le domaine psychologique, les maltraitances vont de la menace d'abandon aux privations de visite et aux humiliations diverses. Elles concernent aussi les mauvais traitements psychologiques qui englobent le langage grossier, les injures, la cruauté mentale, les menaces, l'infantilisation et la dévalorisation (vieille, mémère), l'abus d'autorité (prendre des décisions à la place de la personne, par exemple), le chantage et l'abus social (ignorer la présence de la personne, avoir des préjugés...).

En plus, il existe d'autres formes de maltraitances26(*) telles que :

Les maltraitances physiques (15% des cas signalés) regroupent les brutalités, les coups, les gifles, les escarres non ou mal soignées.

Moins connues que les précédentes, mais très nombreuses (15%) sont les négligences d'aide à la vie quotidienne, volontaires ou non : lever, coucher, toilette, repas, marche. A ceux-ci, il faut ajouter les meurtres, les coups et blessures délibérés, les viols, le ligotage à un lit ou à une chaise, l'alimentation inadéquate, etc.

Les maltraitances médicamenteuses (4 à 5% des cas signalés) qui sont l'excès de médicaments, de neuroleptiques ou, à l'inverse, la privation de médicaments et de soins.

Par ailleurs, il faut noter la violation des droits des personnes âgées et leurs négligences actives (placement autoritaire, enfermement...) et passives (oubli, auto négligence).

Selon Robert Hugonot et Françoise Busby27(*), les victimes sont en majorité des femmes veuves (75%) vivant en famille. Les hommes (25%) sont maltraités par leurs conjointes, un membre de la famille ou encore par une tierce personne, compagne de "quelque temps", dame de compagnie abusive.

La moyenne d'âge des victimes est de 79 ans.

Quant aux maltraitants, ce sont en majorité des membres de la famille (52,9%). On trouve par ordre de fréquence : les fils, les filles, puis les cousins, les neveux, nièces, conjoints et, enfin les petits enfants, adultes ou adolescents.

Les professionnels soignants (infirmiers, aides soignants, aides ménagères, etc.) représentent 19,6% des maltraitants.

Les amis et voisins sont impliqués dans 12,4 % des cas.

Le maltraitant  type  est souvent un enfant du maltraité, la plupart du temps un homme (fils, gendre ou conjoint) dont la situation financière est précaire. Les descendants vivant aux crochets de l'aïeul sont plus facilement maltraitants.

L'épuisement physique et moral des aidants est un des premiers facteurs de maltraitance. A Cela s'ajoute l'ignorance des possibilités d'aide.

Face aux mauvais traitements qu'elles subissent, quelles réactions peut-on observer de la part des maltraités ?

I.2.5 Réaction des personnes âgées aux comportements maltraitants

Sous le titre Perceptions et réactions des personnes âgées aux comportements maltraitants, Hélène Thomas28(*) a mené une étude qualitative sur les perceptions et les réactions des personnes âgées face à des comportements négatifs, des atteintes ou des actes de maltraitance dont elles sont victimes en institution ou à leur domicile.

L'étude a porté sur ce que les personnes âgées (elles-mêmes ou leurs proches) considèrent comme des faits de maltraitance, qu'elles utilisent ou non ce terme.

La notion de maltraitance désigne dans cette étude, des comportements répétés et banalisés de violence, dans leur vie quotidienne. Les personnes qui en sont victimes déclarent que ces comportements leurs causent désagrément, douleur, chagrin, humiliation, honte, indignation ou colère....

En France par exemple, ces actes donnent lieu à des plaintes des personnes âgées contre leurs maltraitants. Ces motifs de plainte sont posés tant à domicile qu'en établissement.

Par ailleurs, en réaction à cette maltraitance, certaines personnes âgées exercent la violence contre elles-mêmes. C'est ainsi que des études de l'OMS29(*) (Organisation Mondiale de la Santé) ont montré que le taux de décès par suicide augmente nettement à partir de 70 ans.

D'autres par contre, garde le silence de la résignation. Elles donnent l'impression de consentir, parce qu'elles se taisent, alors que leur silence est celui de la résignation comme le souligne Hugonot30(*).

Les personnes incriminées, citées par l'auteur, sont aussi bien la direction et le personnel de l'établissement que les autres résidents ou les familles, ainsi que le voisinage, pour les personnes vivant à domicile. Ces dénoncés sont ainsi, des médecins libéraux des services hospitaliers, des tuteurs et curateurs, des aidants professionnels à domicile et des services sociaux, du personnel para médical, de la famille, des commerçants, etc.31(*).

Certes, ces différents écrits nous renseignent sur les conditions de vie liées aux mauvais traitements des personnes âgées au sein de leurs propres familles comme en institutions. Cependant, ils ne concernent que les personnes âgées des pays occidentaux en général. Ils ne prennent pas en compte celles des pays africains encore moins celles de la Côte d'Ivoire et singulièrement celles d'Adjamé-village, qui vivent des réalités socioculturelles différentes.

C'est cette insuffisance que nous voudrions palier dans notre étude, en analysant les conditions de vie des personnes âgées d'Adjamé-village, sous le regard de la maltraitance.

La vieillesse, dans la littérature n'est pas que désolation. Elle est aussi radieuse.

I.2.6 La vieillesse rayonnante

Les auteurs des discours sur la vieillesse rayonnante sont conscients que cette période de la vie entraîne des déclins. Mais il faut admettre ces déclins comme normaux et non comme pathologiques, appelant l'isolement social de la personne âgée. Ces discours plaident en faveur d'une indulgence. Ils exhortent à voir dans la vieillesse des aspects luisants. C'est dans un tel contexte que Hérault De Séchelles32(*), à la suite de sa visite à Buffon, s'exclame en disant :

Je vis une belle figure, noble et calme. Malgré son âge de 78 ans, on ne lui en donnerait que 60 ; et ce qu'il a de plus singulier, c'est que venant de passer 16 nuits sans fermer l'oeil, et dans des souffrances inouïes qui duraient encore, il était frais comme un enfant et tranquille comme en santé. On m'assure que tel était son caractère.

Jamais d'humeur, jamais d'impatience (...). Il était frisé, lorsque je le vis, quoiqu'il fût malade ; c'est là une de ses manies, et il en convient.

Ici, ce qui est captivant c'est que Hérault De Séchelles surmonte l'effet de la misère imposée par la maladie pour vanter la beauté, les qualités morales et psychiques du presque octogénaire ; son caractère stoïque qu'il affiche contre la souffrance. Il rompt ainsi la chaîne « vieillesse - hospice - déchéance » des XVIIe, XIXe, et XXe siècles.

Pour Ciceron33(*), c'est détourner l'attention que de focaliser tous les discours sur la perte de la force physique chez le vieillard. Pour cela, il émet quatre idées fortes en faveur de l'âge magnifique. Selon lui :

La vieillesse ne détourne pas des affaires, car il y a des activités qui conviennent aux vieillards, celles qui requièrent autorité et jugement. Le déclin physique ne gène : on ne demande pas à un vieillard d'être fort. Le renoncement aux plaisirs de la table, de l'amour est une libération plus qu'une punition, et laisse place à d'autres plaisirs, par exemple l'agriculture et la satisfaction de voir au jardin croître ses récoltes. 

Certes ! Avec l'étape de vieillesse, il y a des pertes avec lesquelles il va falloir compter, mais il y a aussi des gains qui appellent à une réorganisation ou une adaptation. Dans ce cas, pendant la période homérique par exemple, le Conseil des anciens et de la magistrature était composé de personnes âgées. Dans les pays occidentaux, on encourage les personnes âgées à demeurer actives en entretenant les jardins.

Robert Hugonot dans La vieillesse maltraitée34(*), écrit 

J'ai vu des vieillards heureux rassembler leurs souvenirs, leurs photos et écrire l'histoire de leur vie, de leur métier, de leur famille, de leur ville, les faire lire autour d'eux comme témoignage du temps passé. (...). J'ai vu des vieillards heureux de jouer dans leur famille un rôle grand-parental et arrière grand-parental.

Mais j'ai vu aussi des vieillards rapetissés, racornis, concentrés dans un espace réduit... Et d'autres errants dans la rue, un cabas à la main, une canne dans l'autre, cheminant lentement de l'épicier au boulanger, du boulanger au domicile, sans vivre rien d'autre que leur passivité. Et puis j'en ai vu d'autres, effrayés de vivre, pleurant au téléphone l'histoire des souffrances qu'ils endurent.

Cette étude sur la vieillesse rayonnante se présente comme un véritable plaidoyer que font ces auteurs en faveur d'une vieillesse heureuse. Ils n'ignorent pas les difficultés de tous ordres liées à la vieillesse. Cependant, celle-ci peut se vivre positivement si la société s'engage à intégrer les personnes âgées en son sein. Il est alors ici question, de la participation sociale et de l'utilité sociale des personnes âgées, en lieu et place de leur maltraitance. C'est dans ce contexte que s'inscrit notre étude. Nous voudrions analyser la réalité dialectique des conditions de vie des personnes âgées d'Adjamé-village, sous l'angle de la maltraitance.

Au total, ces écrits nous ont été d'une très grande utilité. Ils nous ont permis d'apprécier les conditions de vie et la maltraitance des personnes âgées, surtout dans les pays développés. Ces écrits ont constitué pour nous des cadres de références, essentiellement au niveau de l'orientation théorique, dans le sens de l'approche et de la compréhension du thème de maltraitance. Ceci nous a ouvert la voie d'une recherche empirique spécifique sur la maltraitance à Adjamé-village.

Quels sont les objectifs de la présente étude ?

* 13 Cités par Olivier De Ladoucette (1999), Bien vieillir, Bayard, Paris.

* 14 Idem, p109.

* 15 In Bianchi et al., La question du vieillissement - perspectives psychanalytiques, 1989

* 16 Cité par R. Marescotti (juin 2003), in « Le respect de la personne âgée en institution » [en ligne], http:// www.cec-formation-net.

* 17 http//pre 20031103.stm.fi/français

* 18 Allô maltraitance des personnes âgées (ALMA), http://www.asso.alma.free.fr

* 19 Robert Hugonot, La vieillesse maltraitée, 2003

* 20 Congrès de l'Institut National Américain du vieillissement, consacré aux « conflits familiaux et violences contre les vieux », en mai 1991.

* 21Cité par R. Hugonot, op. cit.

* 22 Idem

* 23 Idem

* 24 Paul Paillat (1963), Sociologie de la vieillesse, paris : PUF.

* 25 ALMA France, op. Cit.

* 26 Idem

* 27 Idem

* 28 Hélène Thomas et al. Drees, Etudes et Résultats, n° 370, janvier 2005

* 29 OMS, 2004

* 30 Op.cit. p131

* 31 ALMA, op. cit.

* 32 Cité par J.P, Bois (1963), Histoire de la vieillesse, Paris : PUF.

* 33 Cité par J.P, Bois (1963), Idem.

* 34 Op.cit

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe