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De la problematique de la prise en charge des femmes et filles congolaises victimes des violences sexuelles, enquete mene en Ituri

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par Lydia KAVUO MUHIWA
Universite de Kinshasa, RDC - Licence en sociologie 2008
  

Disponible en mode multipage

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    A Dieu Créateur de toute chose et Accompagnateur de tous les projets,

    A notre père Eli Kamala Mukanirwa ;

    A notre mère Hélène Mbambu Kamala ;

    A papa Salomon Banamuhere B ;

    A nos frères Arcène Mwaka et Nelson Paluku ;

    A nos soeurs et frères, cousines et cousins, tantes et oncles, nièces et neveux, belles soeurs et beaux frères,

    A notre futur époux ;

    A toutes les femmes victimes des violences sexuelles en Ituri et dans tout le Congo,

    Que ce travail, fruit d'endurance, serve d'enseignement à notre postérité.

    Lydia Kavuo MUHIWA

    AVANT-PROPOS

    Le présent travail de fin d'études est l'expression de notre endurance sur le parcours gracieux de notre apprentissage et formation intellectuels à l'Université de Kinshasa (UNIKIN), lesquels ne seraient possibles si nous n'avions pas bénéficié des encouragements, assistance et encadrement de plusieurs bonnes volontés envers lesquelles nous voudrions aujourd'hui témoigner de notre sincère gratitude.

    Nous pensons au Professeur H. NTUMBA LUKUNGA qui a toujours accepté, en dépit de ses multiples et lourdes charges de diriger ce travail qui n'est pas le premier. Sa façon de nous traiter en fille (enfant) et étudiante reste à jamais marquer dans notre mémoire. Il en est de même du Chef de travaux Jean Pierre MPIANA qui, malgré ses occupations et surtout pour sa grande volonté de se rendre disponible, au delà du temps très minime impartie, au delà de la précarité existentielle à la quelle le corps scientifique est confronté, s'est rendu disponible pour nous apporter des remarques et conseils dans la réalisation finale de notre travail.

    Nos remerciements vont également à l'endroit de tous les professeurs, chefs de travaux et assistants de la faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques en général, et ceux du Département de Sociologie et Anthropologie particulier, pour avoir contribué efficacement à notre formation.

    Que tous nos amis, connaissances, compagnons de lutte, grandes familles « les compagnons de Néhémie » et « tous les membres du Centre d'Etude Politique » et surtout celle qui a été pour nous plus qu'une amie, mais bien une soeur, de tous les temps Erby BIKAYI OBEL, trouve leur compte dans ce travail.

    0. INTRODUCTION

    La femme congolaise, mère, épouse, maîtresse de maison s'activant pour la survie de sa famille mériterait mieux que d'être ligotée par la coutume en temps de paix ou de servir de cette natte de combattants en temps de guerre.

    Les violences faites à la femme paraissent être une constance, une nécessité, un exutoire de la société. Violences légères, raisonnables, acceptables, phénomène social d'activités courantes et banales parce que les représentations sociales sur la femme se perçoivent dans les comportements des auteurs. De ces faits, aucun caractère antisocial n'est relevé. Elle serait, d'après ces représentations et imageries sociales, un être irresponsable qu'il faut encadrer, éduquer corriger, quel que soit son âge, sinon pour son propre bien, en tout cas pour celui de la société. Mais aussi violences graves et dramatiques. Torture, coups et blessures, sévices entraînant l'altération de la santé, la mutilation, l'infirmité permanente voir la mort. Ceci en temps de paix. Surviennent alors les guerres et la situation prend une nouvelles dimension, absurdes, démesurée. Et pourtant que  n'apporte-t-elle pas, cette femme à la société1(*).

    Telle est la situation de la femme en R.D.Congo en général, et de celle du District de l'Ituri en particulier. La belligérance qui s'est incrustée au cours de ces dix dernières années dans ce District de la Province Orientale s'est avérée désastreuse, particulièrement en ce qui concerne les violences sexuelles orchestrées à l'endroit de la femme. Cette dernière a constitué la cible et a été (est) victime de viol de tous les groupes armés qui se sont affrontés ou qui s'affrontent encore en Ituri.

    Le présent mémoire cherche à voir dans quelle mesure l'aide psychosociale apportée a la femme victime de viol aurait une influence effective sur elle en la réhabilitant dans son statut et en la reclassant dans son environnement social. Aussi, nous a-t-il semblé important de détecter les causes, les conséquences voire les acteurs des violences en vue de lutter efficacement contre l'impunité.

    0.1. ETAT DE LA QUESTION

    La recherche scientifique passe pour une oeuvre collective, même s'il arrive souvent que des études isolées soient entreprises par des chercheurs individuels évoluant seuls2(*). C'est en partant de cette pensée que nous avons parcouru quelques travaux ayant des accointances avec notre étude.

    Faisons remarquer, d'entrée de jeu, que lorsqu'on s'intéresse à la question de la violence faite à la femme, spécifiquement au viol dont elle est victime de la part des groupes armés au cours de ces dix dernières années, on est surpris par l'indigence de travaux s'y rapportant surtout dans le monde universitaire. Notre exploration dans ce domaine nous a mise en présence de quelques études qui ont été réalisées par des organismes publics ou privés : ministères, Nations Unies (Monuc), ONG, églises, etc. Sans prétention à l'exhaustivité, nous allons passer en revue quelques-unes de ces études à l'effet de situer notre propos.

    Le ministère des Affaires Sociales et Familles de la République Démocratique du Congo a commandité et publié une étude sur la situation des lois coutumières et les droits des femmes dans les territoires contrôlés par le gouvernement. Cette étude avait été menée par le professeur Pierre Gambembo Gawiya, bénéficiant de l'appui financier de l'UNICEF et présenter dans l'ouvrage intitulé « la femme dans la tourmente des guerres en RDCongo ».

    Les résultats de ces enquêtes fournissaient un tableau sur les violences prédominantes notamment : les propos injurieux, la prostitution, les coup et blessures, les avortements, le viol, le refus de paiement des avantages sociaux aux femmes travailleuses et tant d'autres choses. Ces violences sont à la base des urgences psychologiques, des dommages physiques et socio-économiques graves. Mais par ignorance ou conditionnées par le poids des coutumes, rares sont les victimes qui portent plainte au tribunal. Dans le plus part des cas, un arrangement à l'amiable est trouvé3(*).

    Cette cruauté quasi-naturelle à l'endroit de la femme s'est renforcée avec l'irruption de la guerre en RDC depuis 1996, et particulièrement avec la guerre de 1998, comme nous le fait remarquer MINANI BIHUZO. Cet auteur fait savoir que les violences sexuelles exercées par les groupes armés sont devenues une pratique courante. Des jeunes filles sont enlevées par des hommes armés, maintenues en détention et réduites en esclavage sexuel, violées, obligées d'accomplir des travaux domestiques et de se soumettre aux mariages forcés avec les membres des diverses factions, et parfois jusqu'au paiement d'une rançon exigée par les milices. Les auteurs des viols sont souvent connus, mais ni la police, ni les autorités judiciaires ne donnent sérieusement suite au cas de viol. Plusieurs auteurs des massacres et des crimes politiques se sont retrouvés dans les institutions de la transition. Les femmes doivent crier haut et faire voir qu'aucune paix durable ne peut être construite sur l'impunité4(*).

    Dans son rapport adressé au Secrétaire Général de l'ONU sur les graves événements survenus dans le District de l'Ituri, la Monuc établit que plusieurs femmes, dont le nombre est impossible à déterminer, ont été enlevées, les unes pour être gardées comme « épouses de guerre » ou esclaves sexuelles, les autres pour être violées ou soumises à des sévices sexuels avant d'être relâchées.5(*)

    Ces violences exercées sur les femmes en période de conflits, fait remarquer le CICR, sont ainsi utilisées comme armes de guerre. Le viol en temps de conflit est un crime qui ne peut jamais être justifié en tant que moyen de guerre, de démonstration de puissance, récompense pour l'armée victorieuse ou leçon pour les vaincus, incapables de protéger leurs femmes. 6(*)

    Pour mettre fin à l'imputé institutionnalisée qui entoure cette pratique abominable, les Nations Unies, au dire de BANZA M.L et HEMEDI, C, ont pris certaines mesures dont la qualification comme crime contre l'humanité des actes de viol et autres abus sexuels, y compris la prostitution, la grossesse forcée ainsi que l'esclavage sexuel lorsqu'ils s'inscrivent dans une campagne systématique et de grande envergure visant une population donnée.7(*)

    Ces études nous dressent un tableau macabre des violences faites à la femme en Ituri. Au-delà des mesures prises par les instances internationales et nationales pour endiguer ce fléau, il sied d'indiquer que plusieurs partenaires sociaux travaillent à la réinsertion de ces femmes violées et violentées dans leur environnement social. En effet, depuis quelques temps les Ong, les églises et autres humanitaires sont à pied d'oeuvre en Ituri dans la perspective de prise en charge psychosociale des femmes victimes de violence sexuelle à travers plusieurs actions qu'ils mènent en faveur de ces femmes. Cette prise en charge psychosociale est capitale dans la mesure où elle vise recréer l'équilibre psychique et social de la femme rompu par le viol. L'objectif ultime étant d'obtenir la catharsis psychosociale de la femme pour qu'elle s'accepte et que la société l'accepte comme membre à part entière.

    C'est pourquoi, nous nous proposons à travers cette étude, d'évaluer l'efficacité des actions de prise en charge psychosociale menées par les humanitaires opérant en Ituri. Notre effort sera d'analyser les perceptions dont s'en font les femmes violées qui en sont bénéficiaires.

    0.2. PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE

    Au cours des cinq années de conflit armé en République Démocratique du Congo, des dizaines de milliers de femmes et de filles ont été victimes de crimes de violence sexuelle dans la partie Est du pays. En Ituri par exemple, le rapport de Human Rights Watch établit qu'en deux années et demi (juin 2003 - janvier 2005) plus de 3500 femmes dont l'âge varie entre 8 mois et 88 ans ont été victimes de la violences sexuelles.8(*) Ces milliers des femmes et jeunes filles ont soit subi des viols collectifs (de fois en public en présence des époux, enfants et frères) soit ont été enlevées par des combattants pour servir d'esclaves sexuelles pendant de longues périodes. D'autres ont été mutilées ou grièvement blessées par des objets introduits dans leur vagin. D'autres encore qui s'étaient défendues lors de l'agression ont été tuées.

    Toutes les forces et groupes armés qui ont opéré en Ituri se sont rendus coupables de ces violences sexuelles. Il s'agit notamment des milices hema, lendu et ngiti ; du Rassemblement Congolais pour la Démocratie - Kisangani - Mouvement de Libération (RCD-ML), du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), de l'Union des Patriotes Congolais (UPC) et du Front Nationaliste Intégrationniste (FNI) dans la région d'Ituri. Mêmes les éléments des forces gouvernementales aussi bien de l'ancienne armée, les Forces Armées Congolaises (FAC) que de la nouvelle armée nationale connue sous le nom de Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) se sont également rendus coupables d'abus sexuels.

    L'accord de Sun City signé en 2002 en Afrique qui symbolisait la fin de la guerre en RDC n'a pas arrêté les violences sexuelles à l'endroit de la femme en Ituri. Dans certains coins de ce District, les femmes ont continué à payer le frais. Les combattants, et même certains civils ont persisté dans leur entreprise de séquestration sexuelle à l'endroit des femmes tendant à élever cette pratique rétrograde à une culture. Si les traumatismes psychiques endurés par les femmes violées sont durs et complexes, les conséquences sociales de viols sont encore à redouter. En effet, une fille ou une femme qui a subi un viol est l'objet de stigmatisation, de l'exclusion sociale et se trouve être mise au ban de la communauté. Elle représente le déshonneur pour sa famille, pour le clan et pour toute la communauté bien qu'elle ne soit en rien coupable. C'est pourquoi une femme célibataire violée aura des difficultés à trouver un époux si le crime est connu. Une femme mariée est susceptible d'être rejetée par son mari ou sa belle-famille et endure des humiliations quotidiennes si elle n'est pas tout simplement renvoyée du foyer.

    Tout ceci aggrave la situation des femmes victimes de la violence sexuelle. En effet, la stigmatisation et l'exclusion dont elles sont objet à la suite du viol qu'elles ont subi les placent en situation de paria et peuvent les incapaciter à exercer toute activité au sein de la société. C'est pourquoi en Ituri, quelques organismes se sont activés pour apporter une assistance psychosociale à toutes celles-là dont l'intimité a été agressée par le viol à l'effet d'assurer leur réintégration sociale. Au nombre de ces organismes citons le Médecin Sans Frontière (MSF), le Comité International de la Croix Rouge (CICR), le Centre d'Intervention Psychosociale... Ces organismes et ONG, par diverses actions, travaillent à la réinsertion sociale des femmes victimes de viols aussi bien par les soins médicaux qu'ils apportent, la réconciliation avec la famille que par la poursuite judiciaire des violeurs qu'ils organisent en faveur de victimes.

    Ces actions louables en soi sont limitées dans certaines zones urbaines du district de l'Ituri. Les milieux ruraux sont souvent abandonnés ou redoutées par les humanitaires à cause de l'insécurité qui y prévaut. Et même dans les centres urbains, comme la ville de Bunia, où sont menées ces actions, elles ne semblent pas répondre totalement aux aspirations des bénéficiaires. Les entretiens que nous avons eus au cours de notre séjour à Bunia en novembre 2006 avec quelques femmes victimes de violence sexuelle nous ont révélé que ces dernières n'avaient pas une appréciation positive de l'assistance psychosociale leur apportée par ces différents organismes qui interviennent dans ce domaine.

    Nous avons réalisé que ces femmes bénéficiaires de l'assistance psychosociale avaient une autre conception de leur situation et de la manière d'y remédier. C'est pourquoi, nous avons résolu d'entreprendre la présente étude afin d'évaluer l'efficacité des actions menées par les organismes d'assistance psychosociale aux les femmes victimes de la violence sexuelle à Bunia.

    En termes interrogatifs, nous nous sommes posée les questions de savoir si l'assistance psychosociale aux femmes victimes de la violence sexuelle de Bunia était efficace? ? Si cette assistance psychosociale est efficace, à quoi est dû le sentiment d'insatisfaction qu'éprouvent les bénéficiaires, c'est -à- dire les femmes victimes de la violence sexuelle ? C'est autour de ces questions que nous allons formuler nos hypothèses de recherche.

    0.3. HYPOTHESE

    Au regard de la problématique formulé ci-haut, nous formulons l'hypothèse selon laquelle l'assistance psychosociale apportée aux victimes de la violence sexuelle de Bunia serait efficace, c'est-à-dire aurait atteint ses objectifs tels qu'arrêtés par les humanitaires qui interviennent dans ce domaine.

    En outre, le sentiment d'insatisfaction relevé dans le chef des bénéficiaires serait dû à la non prise en compte des dimensions socioculturelles par les organismes d'assistance psychosociale. En effet, la plupart de ces organismes se limitent aux aspects économiques ignorant les considérations d'ordre culturel d'intégration sociale.

    C'est cette hypothèse que nous allons vérifiée dans ce travail.

    04. METHODOLOGIE UTILISEE

    O4.1 Méthode utilisée

    Pour le traitement des données utiles à la rédaction de notre travail, nous devons nous appuyer sur une méthode. Avant de préciser la méthode qui va guider nos réflexions dans ce travail, disons un mot sur ce qu'est une méthode.

    Etymologiquement, méthode signifie « poursuite », « voie », « chemin ». Albert Muluma définit la méthode comme un ensemble des règles et des principes qui organisent le mouvement d'ensemble de la connaissance, c'est-à-dire les relations entre l'objet de recherche et des techniques et le niveau de la théorie et des concepts. Ces relations sont du type dialectique et non mécanique entre les informations, matière première ou produit semis finis du procès de connaissance, et les théorie et concepts qui en sont les produits finis.9(*)

    Partant de ces précisions, nous avons opté pour la méthode structuro fonctionnaliste. Cette dernière prend son point de départ dans la société globale. Elle répond à la question fondamentale suivante : « comment une société peut-elle se maintenir et subsister malgré la circulation complète de ses membres à chaque nouvelle génération ? »

    La réponse qu'il apporte est la suivante : la société persiste car elle se dote des moyens ; ce sont les structures sociales qui lui permettent de répondre aux besoins de ses membres ainsi qu'à ses propres besoins : les structuro fonctionnalistes considèrent qu'il s'agit des « pre-requisites» de toute vie sociale organisée.10(*)

    Avec cette méthode, nous n'avons pas l'intention de raconter des récits ou des faits observés mais plutôt d'en connaître la contribution à la survie de la société dans laquelle ils se déroulent. Concrètement, nous cherchons à voir comment les organismes d'assistance sociale entant que structures contribuent à la réinsertion des femmes victimes de la violence sexuelle à Bunia.

    Nous considérons que Bunia est une société globale en déséquilibre suite aux différents conflits armés qui y sévissent. Pour rétablir cet équilibre, la société globale Bunia s'est dotée des structures dont le rôle est de contribuer à sa survie en tant que société. Au nombre de ces structures qui permettent à la société Bunia de s'autoréguler en dépit du déséquilibre qu'elle a connu figurent ces organismes d'assistance psychosociale dont le rôle est d'assurer la réinsertion des femmes victimes de la violence sexuelle.

    Pour rendre vivante cette méthode, nous sommes descendue sur terrain pour nous enquérir de la vraie situation des victimes des violences sexuelles.

    Notre enquête s'est appuyée sur d'une démarche relative à l'anthropologie sociale dans le sens que nos avons été obligée d'étudier la mentalité des habitants et avons été informée des coutumes.

    O4.2 Techniques d'enquête

    Rappelons que les techniques sont des instruments, des procédés opératoires pour récolter les données sur terrain. Elles ont un ensemble des moyens et des procédés qui permettent à un chercheur de rassembler des informations originales ou de seconde main sur un sujet donné.11(*)

    Dans le cadre de ce travail, nous avons utilisé principalement l'observation directe. Lofland, définit l'observation directe comme suit : « être là, pour fins d'analyse ». Spradley en présente le but comme étant « la description d'une culture du point de vue de ses participants »12(*)

    Cette technique s'est concrétisée sous différentes étapes dont les suivantes :

    Vérification : ayant pour but d'attester l'existence réelle des cas des viols et des actions d'assistance psychosociale par les organismes humanitaires.

    Mesure : il est ici question de vérifier si ces actions d'assistance psychosociale sont permanentes ou sporadiques et voir si les bénéficiaires de ces actions ont été réellement réintégrées socialement.

    Explication : trouver les facteurs à la base de la persistance du sentiment d'insatisfaction chez la plupart des bénéficiaires de l'assistance psychosociale.

    L'observation était complétée par l'entretien libre. Grâce à l'entretien libre, nous avons eu des échanges avec les femmes bénéficiaires de l'assistance psychosociale sur le jugement qu'elles portent sur les différentes actions y afférentes.

    0.5. CHOIX ET INTERET DU SUJET

    L'ampleur du phénomène de la violence sexuelle en RDC et particulièrement dans la partie Nord-Est plus précisément en ITURI est inquiétante. C'est un grave problème de société qui affecte des milliers des personnes chaque année. La femme en est victime et en souffre sur différents aspects et impunité générale en résulte en est un autre.

    Bien sûr la guerre est un facteur aggravant, mais ce n'est pas le seul. D'où la prise de conscience de cette situation à tous les niveaux pourrait permettre le changement des attitudes, l'amélioration du bien être et l'harmonisation des rapports entre l'homme et la femme afin de construire un monde de paix et de respect de droits.

    Pour ce qui concerne notre travail, il revêt un double intérêt : pratique et théorique.

    · Sur le plan pratique : notre travail constitue un cri d'alarme lancé aux organismes de prise en charge psychosociale des femmes victimes de violence sexuelle afin qu'ils améliorent leurs actions pour une réinsertion effective et totale des bénéficiaires dans leur société.

    · Sur le plan scientifique : toute personne intéressé à la situation psychosociale de la femme et de la jeune fille victimes des violences sexuelles trouvera des analyses utiles au travers de cette étude. Car, non seulement elle propose des pistes de solutions durables mais également, ouvre des perspectives pour des recherches intéressantes dans ce domaine.

    0.5 DELIMITATION DU SUJET

    Notre étude couvre la période allant de 1998 à 2007. Cette période est caractérisée par l'exacerbation de la violence sexuelle à l'endroit de la femme en Ituri.

    Dans l'espace, notre étude concerne les violences sexuelles commises dans la ville de Bunia et ses environs, c'est-à-dire quelques villages adjacents à la ville de Bunia notamment Komanda, Nyakunde, Marabo, Balazana et Rwampara. C'est dans de cette région que les violences ont été le plus commises.

    0.6. DIFFICULTES RENCONTREES

    Pour ce qui est des difficultés, nous avons rencontrées plusieurs difficultés que nous ne saurons pas étaler en détail. A titre indicatif, nous pouvons signaler que :

    · les trajets à parcourir étaient très longs dans un climat d'insécurité ;

    · plusieurs séances ont été reportées sinon annulées à cause de la méfiance des enquêtées qui pourtant avaient accepté de nous accorder l'interview ;

    · le sujet étant très sensible, la plupart des enquêtées s'en méfiaient et nous fournissaient carrément des fausses informations ;

    · les difficultés financières et matérielles ne nous ont pas permis d'accéder à toutes les sources d'informations.

    0.6. SUBDIVISION DU TRAVAIL

    Outre l'introduction et la conclusion, ce travail compte trois chapitres, il s'agit de :

    Le premier étale les généralités où il est question de définir des concepts clés et présenter le milieu d'étude : ITURI.

    Le deuxième chapitre esquisse un aperçu général sur les conflits en Ituri, dresse un tableau sur les violences sexuelles et leurs conséquences.

    Enfin, le troisième chapitre expose les résultats de nos enquêtes.

    CHAPITRE I : DES GENERALITES

    I.1. DEFINITION DES CONCEPTS

    1.1. Guerre

    Le dictionnaire « le nouveau petit robert » définit la guerre comme une lutte armée entre groupes sociaux considérés comme un phénomène social, c'est un mal qui déshonore le genre humain13(*).

    Le dictionnaire de l'Académie française voit dans la guerre une « querelle » ou un «un différent entre deux Princes, entre deux États Souverains, qui se poursuit par la voie des armes».
    La guerre est une mise en oeuvre de l'hostilité, entre au moins deux belligérants adverses, se traduisant obligatoirement par des combats armés, plus ou moins dévastateurs, impliquant indirectement ou directement des tiers. Elle (la guerre) qualifie donc tous les conflits, ayant pour principales caractéristiques, la force physique, les armes, la tactique, la stratégie ou la mort de certains de ses participants ( soldats) ou de tiers (civils, employés et membres des associations d' aide humanitaire, etc.).14(*)

    Pour notre part, surtout dans le cadre de cette étude, c'est une mise en oeuvre de l'hostilité, entre au moins deux belligérants adverses, se traduisant obligatoirement par des combats armés, plus ou moins dévastateurs, impliquant indirectement ou directement la mort des tiers.

    1.2. La violence

    1. Définition

    Etymologiquement, le mot violence vient du latin vis qui signifie la force. Un comportement coléreux, agressif, brutal, peut être perçu comme violent, et peut devenir violent. La violence caractérise l'agressivité. Le dictionnaire Wikipédia définit la violence comme est un terme général employé pour décrire un comportement agressif, non amical, non pacifiste, belligérant, ennemi, autrement dit une contrainte imposée, qui provoque la douleur, la peine.15(*)

    Pour sa part, le dictionnaire « Le Nouveau petit Robert » définit la violence comme une action exercée sur quelqu'un ou le fait de le faire agir contre sa volonté en employant la force ou l'intimidation16(*). Elle se définit aussi comme étant un moyen de contrôle et d'oppression qui peut inclure la force, la coercition et les pressions affectives, sociales ou économique, aussi bien que les préjudices physiques. Elle peut être ouverte, sous la forme d'une agression physique ou d'une menace avec arme, elle peut aussi être cachée, sous une force d'intimidation, de menace, de persécution, de tromperie, ou autres formes de pression psychologique ou sociale17(*).

    Pour notre travail, nous définissons la violence comme un acte qu'on commet sur une personne contre son gré et qui produit une peine ou une douleur physique, morale ou psychique.

    2. Typologie

    La violence peut être :

    · verbale : des insultes, des mots qui blessent ;

    · physique : des gestes violents qui font mal, des gifles, coups de poings, coups de pieds, armes blanches, armes à feu;

    · sexuelle : une personne, consciente d'avoir un ascendant (hiérarchique, parental, physique, psychologie) impose à une autre des actes sexuels non désirés ;

    · symbolique : une situation de domination légitime ou non d'une personne sur une autre, d'un groupe de personnes sur un autre, mais mal vécue par l'une des deux parties. Exemples : autoritarisme d'une hiérarchie d'entreprise ou d'armée, organisation politique d'un pays, vie de famille mal vécue par un membre de la famille ;

    · conjugale : quand le comportement d'un conjoint est identifiable à l'une des violences décrites ci-dessus sur l'autre conjoint ;

    · Raciste : quand la victime d'une forme de violence est choisie par le violeur uniquement sur des critères "raciaux" ou nationaux ;

    · froide : terme parfois utilisé pour l'opposer à la violence « chaude », agressive. Consiste à contraindre autrui à demeurer dans une situation de souffrance (séquestration, par exemple) ;

    · sur soi-même : action de ne pas tenir compte de tous ses besoin dans ses actions. Donc d'accepter des tâches qui nous écrasent. (Par ex : aller à un barbecue alors que la semaine a été dure et que l'on préférerait passer l'après-midi en famille et pas au barbecue).

    · éducative : on entend par "violence éducative" les violences sur enfants perpétrées à des fins dites d'éducation.

    1.3. Violence sexuelle

    Par violence sexuelle on entend un grand nombre d'actes sexuels forcés. Le viol, l'exploitation et les abus en sont les types les plus courants. En général, le viol est défini comme un rapport sexuel avec une autre personne sans son consentement, en utilisant la force, la menace, la peur ou la coercition. La définition de la violence sexuelle selon la cour pénale internationale est : « la pénétration de toute partie du corps de la victime par tout objet ou toute partie du corps par la force, la menace de force, la coercition, la mise en profit d'un contexte coercitif ou à l'encontre d'une personne incapable de donner son consentement authentique. Les violences sexuelles sont des actes exercées par toute personne en position de pouvoir, d'autorité, de contrôle, y compris le mari, le partenaire intime ou une personne chargé de surveillance. L'UNICEF définit la violence sexuelle comme un acte ou une tentative un commentaire ou une avance à caractère sexuel, avec ou sans contact physique commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou dans certaine cas notamment ceux des enfants ,une manipulation affective ou un chantage. Il s'agit d'un acte visant à assujettir une personne à son désir propre par un abus de pouvoir, l'utilisation de la force ou de la contrainte ou sous la menace, l'implicite ou explicite.

    Nous considérons la violence sexuelle comme tout acte sexuel avec une autre personne sans son propre consentement, en utilisant la force les menaces, la peur ou la coercition.


    Ces définitions génériques renferment plusieurs formes d'agressions sexuelles qui méritent d'être spécifiées. Ainsi en est-il de l'harcèlement sexuel, de l'exhibition sexuelle, des agressions sexuelles autres que le viol et du viol.

    1 Le harcèlement sexuel

    C'est le  "fait de harceler autrui en usant d'ordres, de menaces ou de contraintes, dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle, par une personne abusant de l'autorité que lui confèrent ses fonctions".

    2 L'exhibition sexuelle

    Peut être définie comme  "l'exécution en public ou dans un lieu accessible à la vue de tous, d'actes sexuels normaux ou anormaux, sur soi-même ou la personne d'autrui, et susceptibles par leur publicité d'outrager la pudeur d'autrui".
     
      L'exécution d'actes sexuels visibles, normaux ou anormaux comprend :
     - l'exécution active : masturbation, coït sous toutes ses formes,
     - l'exécution passive : tels qu'exhibition d'une partie du corps à caractère sexuel.
    La nudité en elle-même, exposée sans volonté de mettre seulement en exergue une partie à caractère sexuel n'est pas constitutive du fait délictuel.

    De plus, l'élément public doit être recherché :
     - rapports sexuels consentis entre 2 personnes dans une chambre d'hôtel dont la porte est entrouverte => exhibition sexuelle.
     - idem dans une voiture (lieu privé) dont les vitres laissent deviner ce qui se passe à l'intérieur.

    En revanche, l'exhibition dans un cercle fermé dans lequel, par définition, aucune personne étrangère n'est admise ne constitue pas une exhibition sexuelle.


    L'exhibition sexuelle ainsi définie prend une toute autre dimension lorsqu'elle est effectuée à l'intention d'un mineur de 15 ans ou lorsque ce mineur est employé par un majeur comme objet d'exhibition ou comme spectateur de relations sexuelles entre adultes. Tel est cas des enfants de moins de 15 ans qui sont contraints d'assister au viol de leurs mères ou soeurs par les éléments des groupes armés qui opèrent en Ituri.

    3 Les agressions sexuelles autres que le viol

     Ces agressions sexuelles peuvent être définis comme tout "acte, attouchements illicites ou impudiques exercés avec ou sans violence sur une personne non consentante ou ne pouvant y consentir en public ou non et susceptibles d'offenser la pudeur de cette personne".
     
    Elles impliquent  un acte matériel sur la personne de la victime, qu'il y ait ou non violence : l'absence de consentement :
     - refus (souvent avec violence),
     - contrainte (sous la menace d'une arme, chantage par personne ayant autorité, etc...),
     - vulnérabilité psychique,
     - minorité.

    4 Le viol

    Le viol est défini comme "tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature que ce soit, commis sur la personne d'autrui, par violence, contrainte ou surprise. Aucune sorte de pénétration sexuelle n'est exclue de cette définition. Il peut s'agir d'une pénétration d'un objet quelconque dans un orifice sexuel, ou d'une pénétration d'un objet sexuel dans un orifice quelconque.
    "Autrui" présuppose qu'il peut s'agir d'un homme ou d'une femme, d'une fillette ou d'un garçonnet.
    "Violence, contrainte ou surprise" présuppose l'absence de consentement.

    1.4. Femme

    La femme est définie par le dictionnaire « le nouveau petit Robert » comme un être humain appartenant au sexe capable de concevoir les enfants à partir d'un ovule fécondé et/ou la femelle de l'espèce humaine .C'est aussi un être humain de sexe féminin lorsque son âge permet d'envisager sa sexualité et le plus souvent, après la nubilité et à l'âge adulte, sociologiquement lié à l'âge où le mariage est possible18(*).

    Selon le dictionnaire Larousse être épouse, c'est être femme d'un homme, être soumise à celui-ci, défendre ses idées, ses opinions et son rang social, satisfaire à ses besoins, etc. Isabelle Droy définit la femme comme un instrument pour la reproduction physique du groupe, pour la formation des rapports sociaux fondamentaux, pour la reproduction agricole.19(*)

    En somme, disons avec Claude LEVI STRAUSS, que la femme est un message d'un groupe social à un autre, elle est comme un langage à l'intérieur de ces groupements. Mais à la différence des mots, qui ne sont que des signes, de là l'importance du choix de particulier au sein du groupe qui le reçoit20(*).

    Partant de cela, nous décrivons la femme comme étant une véritable mère dans notre société qui lutte au quotidien pour la survie de ses enfants. Celle qui dès l'aube, va au marché, au travail, à la rivière, au champs pour chercher le bien être de la famille. Elle n'est pas à définir seulement par rapport à la maternité, la dépossession de soi, l'ascèse et le désir passionné.

    1.5. Conflit

    Il y a une diversité de définitions du concept « conflit ». Nous reprendrons ici celles qui cadrent avec la perspective de ce travail. Le dictionnaire  « le nouveau petit Robert » définit le conflit comme une rencontre d'éléments des sentiments contraires qui s'opposent cela peut encore être une contestation entre deux puissances qui discutent un droit21(*).

    Pour Alain Touraine, le conflit c'est une relation antagoniste entre deux ou plusieurs personnes dont l'une au moins tend à dominer le champ social de leurs apports. L'existence d'un conflit suppose en effet deux conditions apparemment opposée : d'une part, des acteurs ou plus généralement des unités d'action délimitée par les frontières et qui ne peuvent donc être des « forces » purement abstraites, de l'autre, une interdépendance de ces unités qui constituent les éléments d'un système.

    Pour notre part, nous considérons le conflit comme une relations antagoniques entre deux ou plusieurs individus dont l'enjeu est le changement des rapports de force entre ces individus par rapport à un objet donné.

    1.6. Traumatisme

    Ce concept est défini comme un ensemble des troubles physique ou psychiques provoqués dans l'organisme par le tourment qui est une émotion violente qui modifie la personnalité d'un sujet en la sensibilisant aux émotions de même nature22(*).

    Le traumatisme apparaît comme une version extrême des situations stressantes. C'est un état de perturbation mentale ou émotionnelle comme également sans le nom de choc. La personne en situation tourmentante est incapable de faire face à ce qui lui arrive et de réagir comme elle le ferait dans d'autre situation. Contrairement au stress, ou à la crise, un traumatisme est un passé, les souvenirs de l'événement qui persistent et les effets émotionnels se font sentir pendant des mois voire des années sans aide. L'événement traumatisant marque les gens pour le reste de leur vie.

    Pour notre travail, nous allons utiliser ce concept pour expliquer un choc psychologique profond qu'une personne peut avoir suite à des situations troublantes.

    1.7Assistance psychosociale

    L'assistance psychosociale est un ensemble d'activités visant à soigner et éventuellement à résoudre les problèmes découlant d'une souffrance psychique ou sociale rencontrée par des individus et pouvant se manifester par des symptômes comme la dépression, l'anxiété ou éventuellement par des troubles du comportement. Ces activités sont conçues comme des moyens permettant d'améliorer les reliances, les relations de chaque personne et de chaque groupe avec son environnement social. L'assistance psychosociale repose sur l'utilisation réfléchie des relations humaines d'un individu afin de réduire ses troubles affectifs et sociaux.

    I.2. PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE : ITURI

    I.2.1. SITUATION GÉOGRAPHIQUE

    L'Ituri est l'un des quatre districts de la province oriental une des provinces de la République Démocratique du Congo à la frontière avec l'Ouganda et le Soudan. Localisé au Nord-Est du pays, il se situe entre le 1° et 3°, 40° de latitude au Nord et 28° et 31, 15° de longitude et est borné au Nord par le Soudan et le district du Nord Uélé, à l'Est par l'Ouganda, au sud par la province du Nord Kivu et à l'ouest par les district de Haut-Uélé et de la Tshopo.

    Cette entité administrative, d'une superficie de 65652 km2 soit 2,8% de la superficie nationale, se distingue par son dynamisme démographique (8% de la population nationale), ses vocations agricoles, pastorales, forestières, minières et lacustres.

    La population du District de l'Ituri est estimée entre 3,5 et 5,5 millions d'habitants (le recensement le plus récent remonte à plusieurs années). Elle est administrativement répartie sur cinq territoires administratifs : Aru, Djugu, Mahagi et Mambasa.

    Les territoires de Wamba, Faradje et Watsa formaient autrefois avec les territoires cités plus haut, le district du Kibali-Ituri, mais depuis 1955, ils font partie du district du Haut- uélé.

    I.2.2. POPULATION DE L'ITURI

    Dans ce point, il sera question de passer en revue les caractéristiques et l'implantation du peuple de l'Ituri.

    Les documents officiels fournis par l'Administration du district de l'Ituri établissent que la population est répartie entre 18 groupes ethniques, dont : les Lendu et leur sous-groupe des Ngiti ou Lendu du Sud, les Hema et leur sous-groupe des Hema du Nord ou Gegere; les Bira, les Alur, les Ndo Okebo, les Lugbara, les Mambissa et les Nyali. L'effectif de chacun de ces groupes varie considérablement selon les estimations, mais les Alur considèrent que leur groupe est le plus nombreux et pourrait représenter jusqu'à 25 % de la population de l'Ituri, les Lendu venant en deuxième position.

    a).Occupation spatiale des peuples

    Au cours de l'histoire de l'Afrique, les populations ont entrepris des migrations de grande envergure. Lors de ces migrations qui ont eu lieu au 16e siècle, certains peuples n'ont pas continué leur itinéraire et se sont installés en Ituri . C'est pourquoi, on y rencontre des groupes fort hétérogènes : des Bantous, des Nilotiques, des Soudanais et des Pygmées.

    - Les Pygmées

    Considères comme les premiers occupants de l'Ituri voire du Congo, ils se sont éparpillés dans les trois provinces du pays (les Aska dans la province de l'Equateur, le Bastwa dans l'Ituri les Mbuti dans la forêt d'Irumu).

    - Les soudanais

    Constitués par les Walendu, les Mabendi, les Lugbara et les kaliko. Quant aux walese, de souche soudanaise, ils habitent la forêt équatoriale et sont fortement bantouistes.

    Les soudanais du nord à savoir les Lugbara et les kaliko habitent d'Aru, ils sont agriculteurs et éleveurs. Ce peuple partage la frontière avec l'Ouganda et le Soudan où se trouvent leurs frères avec qui ils ont les mêmes us et coutumes. Cette proximité permet des relations tant sociales qu'économiques.

    - les bantous

    Ceux-ci sont représentés par les bira qui vivent dans les régions de savane, les Bila dans la foret, les nyali de Kilo et de Chabi, les Bombo et les Ndaka du territoire de mambasa.

    Les Bira s'adonnent à l`agriculture d'autosubsistance et au petit élevage. Voisins des pasteurs Hema et par complémentarité, certains Bira pratiquent l'élévge de gros bétails. Les Nyali seraient arrivés en Ituri après les pygmées. Suite à des nombreuses migrations, ils s'enfoncèrent vers la forêt (ceux de kilo) où ils cultivent les bananeraies. Les bombos et les Ndaka auraient une parenté avec les Nyali et les Budu du territoire de Wamba.

    -les nilotiques

    Les peuples nilotiques de l'Ituri comprennent les Alur, les Hema, les Kakwa et les Mambisa. Les Alur sont des agro pasteurs et habitent le territoire de Mahagi. Ceux installés près du lac, se livrent à la pêche. Les hema anciennement pasteurs de tradition retrouvent aujourd'hui repartis sur trois territoires (Irumu, Mahagi et Djugu).

    Les Hema de Mahagi ont perdu leur langue et ont fusionné la culture alur.

    Quant à ceux de Djugu, eux aussi parlent le kilendu au détriment de Kinyoro et ont pour activité principale l'agriculture et le petit élevage (chèvre, mouton, porc et volaille).

    La tradition d'élevage de bovin a presque disparu suite à l'absence de terrain pour les pâturages et à antagonisme entre agriculteurs et éleveurs.Les Hema d'Irumu demeurent des pasteurs de gros bétail.

    Les rapports entre ces différents groupes, particulièrement entre Hema et Lendu sont caractérisés par des tensions permanentes. Sous le régime colonial belge, en effet, les Hema ont bénéficié d'un favoritisme qui leur a notamment ouvert les portes des séminaires et de l'école publique et qui leur a facilité l'accès à des postes de cadre, tandis que les Lendu étaient systématiquement traités comme des travailleurs manuels. Par ce « favoritisme ethnique » qu'il pratiquait dans quasiment tous les domaines, y compris dans les rangs de l'administration et au sein du clergé catholique, la puissance coloniale a creusé les inégalités sociales entre les divers groupes ethniques de la région. Et lorsqu'elle s'est retirée du Congo, elle a laissé derrière elle en Ituri une élite hema.

    Ces luttes pour le pouvoir et ces préjugés ethniques sont venus se greffer sur la question foncière. Dans le territoire de Djugu, la plus grande partie des terres des collectivités lendu des Walendu-Pitsi et des Walendu-Djatsi, sont divisées en concessions appartenant à quelques membres privilégiés de la communauté hema qui emploient des ouvriers lendu. Dans les zones plus pauvres et dans les zones rurales, les communautés hema et lendu vivaient généralement en bonne intelligence et les mariages interethniques étaient fréquents.Les concessions qui appartenaient à des étrangers (les colons) et se trouvaient dans des collectivités lendu, principalement dans le territoire de Djugu, étaient exploitées dans le cadre d'un accord entre le colon et la collectivité aux termes duquel le concessionnaire était autorisé à exploiter la terre moyennant paiement d'une redevance spéciale au chef coutumier de la collectivité. Lorsqu'ils ont été forcés de partir dans le cadre de la « zaïrianisation » en 1973, les concessionnaires étrangers ont chargé des gérants hema de gérer leurs concessions, avec l'espoir de revenir sur place une fois que la zaïrianisation serait passée. Au bout d'un certain temps, comme les concessionnaires étrangers n'étaient toujours pas autorisés à revenir au Zaïre, les gérants ont fait mettre les concessions à leur propre nom. Ce phénomène s'est accéléré avec la nomination par le Président Mobutu, en 1969, d'un Ministre de l'agriculture hema, Zbo Kalugi, qui a joué un rôle considérable dans l'attribution de concessions aux Hema de l'Ituri. Tout cela a créé chez les Lendu l'impression que les Hema constituaient une classe riche et instruite qui, non contente d'avoir accumulé de façon inique terres et commerces, avait mis la main sur l'administration et s'ouvrait ainsi un accès toujours plus large à l'argent, à l'éducation et au pouvoir politique.

    I.2.3. LES RESSOURCES HUMAINES

    D'après le rapport annuel de l'administration du territoire 1997, la population de l'Ituri était estimée à environ 3.500.000 âmes. Cette population qui a évolué à un taux de 3,5 %, est passée d'environ 2.500.000 en 1990 à environ 3500.000 en 1997. La ville de Bunia, chef lieu du District, qui comptait environ 100 000 habitants avant le conflit, en compterait maintenant le double en raison de l'afflux de personnes déplacées fuyant les hostilités.

    Toutes les races de peuples présentes en RDC (bantous, nilotiques, soudanais, pygmées), se retrouvent dans ce district, faisant aussi le brassage des cultures.

    A part les tribus citées ci haut, l'Ituri a aussi connu au cours de temps en mouvement remarqué des populations venant d'autres coins du Congo et aussi de l'étranger. Ce mouvement restreint a commencé avec la colonisation belge qui a apporté non seulement un changement démographique, mais aussi un don presque dans tous les domaines de la vie.

    Après l'indépendance, les phénomènes migratoires étaient vraiment visible et ont permis à l'Ituri d'accueillir les hommes des toutes et tribus.

    I.2.4. LES RESSOURCES NATURELLES

    Outre ses forêts, son agriculture - notamment ses plantations de café - et un commerce frontalier actif, l'Ituri possède le gisement aurifère de Kilo Moto, qui est l'un des plus grands du monde. Et des gisements de pétrole qui pourraient se révéler importants ont été découverts récemment dans le bassin du lac Albert. Tout cela explique que la lutte pour le contrôle de villes richement dotées en ressources naturelles comme Mongbwalu, Gety et Mabanga (or) et Haru, Mahagi, Tchomia et Kasenyi (bois, pêche, droits de douane), à laquelle se livrent les groupes armés et leurs alliés respectifs - l'Ouganda, le Rwanda et le Gouvernement de Kinshasa - ait été un facteur déterminant de perpétuation de la crise, car ces ressources naturelles procurent des profits considérables à ceux qui en contrôlent la production et l'exportation.

    CHAPITRE II. CONFLIT, GUERRE ET VIOLENCE SEXUELLE EN

    ITURI

    II.1 CONFLITS EN ITURI

    II.1.1 ORIGINES

    Au cours de dix dernières années, de 1996 à 2007, le district d'Ituri a été le théâtre de la violence armée d'une rare intensité. Celle-ci résulte du conflit ethno-tribal qui oppose depuis des années les Hema et les Lendu, conflit auquel s'est ajouté la guerre d' « agression-rébellion » ayant mis face à face l'armée gouvernementale avec les rebelles congolais soutenus par les armées ruandaises et ougandaises.

    Dans ces conflits et guerres où s'entremèlent les enjeux politiques et économiques, plusieurs groupes armés se sont affrontés causant des conséquences dramatiques aussi bien sur le plan humanitaire, social, économique qu'environnemental.

    Nous ferons le point sur les causes du conflit dans le premier point. Dans le deuxième point, nous décrirons brièvement la manifestation de ce conflit et dans le troisième point nous présenterons les conséquences de ces conflits et particulièrement les violences faites à la femme.

    En effet, un lien existe entre les conflits armés et les problèmes ethniques, et ce principalement suite au fait qu'en Afrique et précisément au Congo, la recherche du pouvoir est le plus souvent liée à la recherche de la richesse.

    Ainsi donc, les personnes qui développent l'ambition de donner les institutions de l'Etat visent généralement un enrichissement personnel. Et s'il faut revenir à la période du début des conflits (1996-1997), nos dirigeants se sont appuyés sur la force des armes pour accéder au pouvoir, certains s'appuyaient sur leur appartenance à ethnique majoritaire ou dominante. D'où, l'intérêt que l'on peut y tirer et celui d'aboutir à des tensions entre groupes ethniques concurrents ainsi que sur des conflits armés.

    Une chose est vraie, l'adhésion facile au projet de conquête du territoire congolais en 1996-1997 par les armées des pays voisins afin de renverser le président Mobutu du pouvoir trouve son explication dans cet état des choses.

    II.1.2 CAUSES DES CONFLITS

    A la lecture de plusieurs ouvrages, il s'avère que le conflit qui oppose les Hema et les Lendu est d'origine foncière. La compréhension de ce conflit appelle à ce que nous fassions une rétrospective sur les dynamiques migratoires qui ont conduit au peuplement du territoire d'Ituri.

    II.1.a) les causes lointaines du conflit Hema-Lendu

    Avant de donner en détails sur les différentes causes, il est utile de parler de l'identité Hema-Lendu.

    1. Les Lendu :

    De souche soudanaise, les lendu tirent leur origine de la région des Haut Plateaux du soudan Oriental, précisément de Ngbaladja (colline située entre Soudan et Ethiopie) et de Kandju où ils habitaient initialement. Les lendu ont été repoussés progressivement vers le sud par les peuples nilotiques et ont pénétré en RDC par le nord de l'Ituri, précisément par l'actuel territoire de Mahagi où ils ont trouvé et repoussé les Nyali (bantu) vers l'ouest.

    Là ils se sont installés et se sont adonnés à la culture de produits vivriers, notamment la patate douce, le haricot, le sorgho, etc.

    Sur ce territoire ainsi conquis, les lendu connaîtront une forte expansion démographie à telle enseigne qu'à ce jour, sur cinq territoires qui forment le district de l'Ituri, les lendus en occupent trois ( Irumu, Djugu et Mahagi) aux côtés d'autres peuples. Ils sont appelés tantôt Ngiti (dans le territoire d'Irumu), tantôt bale (dans le territoire de Djugu), selon leur situation géographique.

    2. Les Hema 

    Les hema sont des nilotiques. Ils sont arrivés dans le district de l'Ituri vers le 18e siècle, en provenance des Hauts- Plateaux du sud-est Ethiopien et sont passés par l'Ouganda pour atteindre la RDC.

    Peuple agro pasteur, les hema élèvent aussi bien le petit bétail (chèvre, mouton, porc et volaille) que le gros bétail (vache). Il sied de noter que les épidémies bovines et le manque de pâturage ont amenuisé le cheptel de sorte qu'à ce jour un grand nombre de ces pasteurs traditionnels pratiquent activement l'agriculture.

    Organisés en 16 collectivités chefferies, les Hema se retrouvent dans un seul territoire (Mahagi) tandis qu'ils partagent deux autres avec les Lendu (Djugu et irumu) sur les cinq que compte l'Ituri.

    Cette coexistence de ces deux peuples qui doivent exploiter les mêmes ressources foncières pour exercer leurs activités (agriculture pour les uns et l'élevage pour les autres) constitue un facteur de tension permanente dans ce district de la Province Orientale.

    Déjà en 1940, l'incorporation d'autorité des villages Lendu de Lokpa et de Nombe dans la chefferie de Banyangu de hema sud, par la décision de l'autorité coloniale n°227 du 27 Novembre 1940 a dû suscité de fortes tensions entre les deux communautés.

    Après l'indépendance, l'annexion des plusieurs villages Lendu de la plaine de Semliki au secteur des hema sud par l'autorité de la province de Kibali-Ituri en 1966, a eu de rebondissements en 1979, 1981, 1992, etc.23(*)

    Dans le territoire de Djugu, les contentieux fonciers caractérisés par la recherche et l'acquisition anarchique des concessions foncières, ainsi que l'exiguïté des terres face à l'explosion démographique toujours galopante constitue la cause principale de conflit.

    A ces causes lointaines il faut ajouter :

    · Le rôle négatif joué par le pouvoir colonial dans l'intégration communautaire en favorisant la discrimination des certains groupes ethniques au profit des autres ;

    · La mauvaise gouvernance de pouvoir politique et des régimes passés ;

    · La politique de clientélisme ou de favoritisme développée par certaines églises et organisations non gouvernementales24(*).

    b).les causes immédiates de ces conflits

    Le plus récent de ces conflits, qui s'est accompagné d'innombrables actes de violence, a son origine dans un litige foncier survenu en 1998, lorsque certains concessionnaires hema ont profité de l'affaiblissement de l'appareil d'État pour agrandir leurs concessions au détriment des agriculteurs - principalement lendu - installés au voisinage de ces concessions. Lorsque les agents de la force publique sont venus les expulser de leurs terres, ces agriculteurs se sont révoltés et ont commencé à ravager les concessions des concessionnaires hema. Parties du nord de Bunia, les violences se sont progressivement étendues à l'ensemble du district de l'Ituri. De surcroît, au fur et à mesure de sa progression sur le terrain, le conflit s'est transformé en affrontement entre deux communautés, les Hema et les Lendu.

    Ce conflit en Ituri entre Hema et Lendu a été exacerbé par l'implication des armées étrangères, des groupes rebelles et des forces gouvernementales de la RDCongo, comme le montrent la plupart des rapports des organismes internationaux. Selon la MONUC, « l'armée ougandaise (UPDF), déployée dans l'Ituri depuis la fin de 1998, a attisé le conflit en apportant son appui, au moins au début, à certains notables hema et, selon certains rapports, en bombardant plusieurs centaines de villages lendu. Certaines chefferies coutumières lendu ont alors organisé des milices d'autodéfense. Convaincus de l'existence d'un complot hema contre eux, les Lendu ont lancé ces milices à l'assaut de villages hema au seul motif qu'ils étaient peuplés de Hema. Les Lendu ont également reçu des appuis extérieurs pour s'organiser, tant de la part de parties congolaises (Gouvernement d'avant la transition, mouvements rebelles, etc.) que de certains officiers ougandais. »

    Selon le Rapporteur spécial de l'ONU, Roberto GARRETON le conflit en Ituri, faussement présenté comme un affrontement tribal, une violence ethnique ciblée, est un fait politique et a été déclenchée par la présence ougandaise dans la région. La présence des militaires de l'armée ougandaise contrôlant la région en y installant une administration acquise à leurs intérêts, a contribué à détruire le district. Le trafic exagéré d'armes lourdes et légères , les conflits de Leadership et de positionnement et/ ou le repositionnement ethno-tribal qui se manifestera visiblement avec la présence des troupes rebelles aujourd'hui actif en partis politiques, nous citons le Rassemblement Congolais pour la démocratie- Kisangani mouvement de libération (RCD-KML), le Mouvement de Libération du Congo (MLC), et autres, ont provoqué la culture de violence, de haine, des assassinats, d'actes de génocide, de cannibalisme sans oublier les vols, les pillages.25(*)

    Human Rights Watch désigne le Général de brigade James KAZINI, alors commandant en chef des militaires de l'UPDF au Congo, parmi les promoteurs ou complices de la tragédie en Ituri. Ce général de brigade s'est lancé dans l'aventure de création d'une nouvelle province l'Ituri, avec Bunia comme capitale, et, ensuite a nommé un HEMA pour la diriger, consacrant ainsi les appréhensions relatives à l'engagement de l'Ouganda aux côtés d'une ethnie les Hema, contre d'autres ethnies, particulièrement les Lendu.26(*) En même temps, un autre rapport de Human Rights watch du mois de Janvier 2001, renseignait que «... alors que l'ampleur du conflit Hema-Lendu devenait, évidente, les soldats de l'UPDF (Ugandan People's Defense Force) ont continué à former des recrues des deux côtés ».

    Plusieurs groupes armés vont être créés et la guerre va prendre une ampleur autre que son début. Parmi ces groupes, armées citons l'UPC de Thomas Lubanga, l'UPI, le PUSIC, le FNI et les FAPC. Toutes ces milices locales ont bénéficié du soutien de armées régulières et de mouvements rebelles et ont commis de graves exactions sur les populations de l'Ituri., Lorsque l'Union des Patriotes Congolais (UPC), une milice hema, a pris le contrôle de Bunia, d'abord en août 2002 puis en mai 2003, elle a mis en oeuvre une politique de nettoyage ethnique visant à « nettoyer » la ville de ses habitants lendu et bira et de sa communauté nande « non originaire », cette dernière communauté se trouvant en situation de rivalité commerciale avec les hommes d'affaires hema. Plusieurs centaines de villages lendu ont été attaqués et complètement détruits par des hélicoptères de l'armée ougandaise agissant de liaison avec des milices hema au sol.

    Ces conflits ont commencé en 1999 et vont rependre en août 2000, faisant près de 10.000 victimes, et entraîné le déplacement d'environ 50.000 personnes. En résumé, cela aurait fait, depuis 1999, plus de 15.000 victimes et entraîne le déplacement de près de 175.000 personnes, dont 50.000 uniquement après le 19 janvier 2001.27(*)

    II.3 Conséquences des conflits armés en Ituri

    II.3.1 Sur le plan économique

    Les conflits armés en Ituri ont eu des conséquences néfastes aussi bien sur l'économie urbaine que sur l'économie rurale. Tous les facteurs de production, à savoir la terre, le travail et le capital ont été touchés par ces conflits.

    Concernant la terre, suite aux différents affrontements entre factions rebelles, la terre principale source des conflits a été abandonnée dans la plupart des territoires.

    Les attaques répétées et l'insécurité causée par les milices sur les villages ont diminué la productivité du travail : la population décimée ou contrainte à se déplacer massivement pour chercher un terrain d'asile ailleurs. Tous ces éléments ont pour conséquence que la main d'oeuvre soit affaiblie, déplacée ou carrément massacrée.

    Quant au capital, considérer globalement comme étant une somme que l'on fait valoir dans une entreprise, il y a lieu d'indiquer que suite à la guerre quelques unités de production qui étaient encore opérationnelles en Ituri ont été détruites, les magasins ont été pillés, les hommes d'affaires ruinés.

    En définitive, les conflits en Ituri Ils ont contribué à la destruction des champs, des fermes et des infrastructures de base, aux pillages, aux vols, mais surtout ils ont anéanti la population qui est le premier facteur de production. En effet, les conflits en Ituri ont décimé la population, détruit des villages, causé des déplacés massifs, anéantis des familles, laissant des blessés, des maladies, des effets psychiques qui ont une incidence négative dans l'avenir.

    II.3.2 Sur le plan social

    Comme il a été énoncé précédemment dans la section des ressources humaines, la population de l'Ituri était estimé à environ 3500000 en 1997 d'après le rapport annuel de l'administration du territoire 1997.

    D'après le rapport du Human Rights Watch 2003, plus de 3,5 millions de morts dans le pays entier et plus de 50.000 morts dans le district de l'Ituri par l'effet multiples des guerres.

    Les personnes vulnérables qui ont été le plus touchées sont les vieillards, les enfants de moins de 5 ans et les femmes qui sont soit fragiles, soit ont les moyens de défense limitée. Relevant les conséquences sociales, les cas suivants sont observés :

    - accentuation du taux de maladie sexuellement transmissible ;

    - destruction des infrastructures sanitaires et scolaires ;

    - destruction des logements de la population

    - non paiement des salaires et augmentation du taux de chômage ;

    - beaucoup d'enfants enrôlés de force dans l'armée et pour certain par goût d'aventure et plusieurs ont connu la mort ;

    - perte des parents, et certains enfants deviennent enfants de la rue à la merci des organismes humanitaires ;

    - divorces, séparations des époux, des enfants avec leurs parents, etc.

    II.4 CONFLITS ET VIOLENCE SEXUELLE FAITE A LA FEMME ET LA JEUNE FILLE

    Les conflits en Ituri ont été un moment des dures épreuves pour la femme et la jeune fille. Elles ont été la cible de tous les groupes armés qui les ont soumises à toutes les formes de violences sexuelles.

    Les violences sexuelles ont été largement utilisées comme arme de guerre durant le conflit en Ituri et restent aujourd'hui intimement liées à l'insécurité et à l'instabilité qui y prévalent encore. Même dans des parties du District d'Ituri aujourd'hui stabilisées, comme à Bunia, le viol est toujours présent. Il s'inscrit dans un climat de violence urbaine, étroitement lié à une situation fragile d'après-guerre.

    Selon le rapport de MSF, en deux ans et demi, c'est-à-dire entre juin 2003 et janvier 2005, plus de 3 500 femmes dont l'âge varie entre 8 mois et 80 ans, ont été victimes de violences sexuelles.

    Les motivations à la base de ces violences sexuelles sont multiples. Les objectifs présumés des violeurs, sont soit de détruire la cohésion, soit de briser tout élan de résistance des familles et de communauté en les humiliant, soit de se venger des violences subies par les leurs. D'autres viols ont été motivés par la superstition ou la recherche de la puissance, du sentiment de force et d'invulnérabilité. En violant une fille vierge ou une vieilli femme, l'agresseur prétend ou croit récupérer une quelconque force surnaturelle de domination ethnique ou réduire la fécondité du groupe antagoniste.

    Ainsi, les éléments des groupes armés qui se sont affrontés en Ituri, et même certains civils, ont dû pratiquer diverses formes violences à l'endroit des femmes et des jeunes filles. En mai 2004, des allégations graves d'exploitations à caractère sexuel des femmes et des jeunes filles par les membres civiles et militaires des organismes internationaux travaillant à Bunia ont été rendu public, et cela a été encore signalé par quelque unes de nos enquêtées en décembre 2006 et en janvier 2007.Les violences sexuelles ont pu être perpétrées par toute personne en position de pouvoir, d'autorité ou de contrôle.

    Nous pouvons indiquer ici quelques formes de violences sexuelles qui ont été couramment utilisés dans le District de l'Ituri. Il s'agit notamment de :

    - viols massifs ou individuels commis par des civils et des membres de groupes armés en public;

    -viols massifs ou individuels commis par des civils et des membres de groupes armés en brousse;

    - incestes forcés entre membres d'une même famille ;

    -rapports sexuels forcés entre les captifs  (prisonniers et prisonnières de guerre);

    - violences sexuelles telles que l'introduction d'objets durs en fer ou de

    bâtons dans le vagin, les tirs à balles réelles et à bout portant dans les

    parties génitales ;

    - rapts de petites filles à des fins d'esclavage sexuel ;

    - mutilations sexuelles après le viol ;

    - déportation des jeunes filles en vue de la prostitution forcée, d'où

    l'expression rapportée en Ituri « one dollar, one wife » ;

    -la traite des femmes: les violeurs ayant enlevés et violés les femmes exigent une rançon de 100 à 200$ pour la libération d'une victime après un délai bien déterminé, au delà duquel les victimes sont tout simplement tuées.

    Le tableau ci-dessous reprend quelques cas de violences sexuelles commises en Ituri entre 2004 et 2007

    TABLEAU SYNOPTIQUE DES VIOLENCES SEXUELLES FAITES A LA FEMME ET JEUNE FILLE EN ITURI (2004-2007)

    Etat matrimonial

    Age

    Date ou mois

    Lieu

    Circonstance (s)

    1

    Mariée

    35 ans

    Déc 2004

    A Komanda (75 km de Bunia)

    Violée par 4 militaires lors des affrontements

    2

    célibataire

    20 ans

    Déc 2004

    A komanda

    Enlevée par les soldats en présence de ses parents. Viols collectifs commis par plusieurs combattants, centre de santé pour être soignée.

    3

    Célibataire

    19 ans

    Déc 2004

    A komanda

    Violée par 3 miliciens combattants

    4

    Célibataire

    23 ans

    Déc 2004

    Komanda

    Viol collectif par des combattants

    5

    Mariée et divorcée après viol

    22 ans

    Déc 2004

    Dans la brousse par des inconnus près de chez elle

    Violée par 2 inconnus de tendance miliciens

    6

    Mariée et divorcée après viol

    45 ans

    Déc 2004

    Dans la brousses komanda

    Violée avec sa fille dans la brousse par des inconnus

    7

    Veuve

    34 ans

    Déc 2004

    Nyankunde (54 kms de Bunia)

    Violée par deux jeunes gens du quartier, devenus combattants

    8

    - ?

    16 ans

    Déc 2004

    Nyankunde

    Violée par les mêmes jeunes gens.

    9

    Célibataire

    14 ans

    Déc 2004

    Nyankunde

    Violée par les miliciens

    10

    - ?

    23 ans

    Déc 2004

    Périphérie de nyankunde

    Violée par des hommes non armé mais très arrogants.

    11

    -

    27 ans

    Janv 2005

    A balazara (40 km de Bunia)

    Rassemblées dans leurs cases puis violées collectivement en présence de leur père et de son mari, le père sera exécuté, suite à son refus d'observer la scène

    12

    18 ans

    Janv 2005

    idem

    Soeur au n°11

    13

    Célibataire

    18 ans

    Janv 2005

    idem

    Soeur au n°11

    14

    Célibataire

    25 ans

    Janv 2005

    idem

    Soeur au n°11

    15

    veuve

    25 ans

    Janv 2005

    idem

    Soeur au n°11

    16

     

    22 ans

    Janv 2005

    Balazara

    Violée par des miliciens

    17

     

    17 ans

    Nov 2004

    A mudjipela (Bunia)

    Violée après rapt à domicile par des soldats armées

    18

     

    22 ans

    Nov 2004

    A mudjipela (Bunia)

    Violée après rapt à domicile par des soldats miliciens

    19

    Célibataire

    24 ans

    Nov 2004

    A mudjipela (Bunia)

    Violée par des soldats après rapt à domicile

     

    Célibataire

    17 ans

    Nov 2004

    A mudjipela (Bunia)

    Violée après rapt à domicile par des soldats miliciens

    21

    Célibataire

    +- 34 ANS

    Nov 2004

    A Bigo

    Violée par des soldats après rapt à domicile

    22

    Célibataire

    23 ans

    Déc2004

    Cité de Bunia

    Violée par des miliciens en main armée

    23

    Célibataire

    21 ans

    Déc 2004

    Cité de Bunia

    Violée par des miliciens en main armée

    24

    Célibataire

    30 ans

    Déc 2004

    aéroport de Bunia

    Elle sera violée par des soldats non congolais et est victime infectée du VIH/SIDA

    25

    Célibataire

    29 ans

    Déc 2004

    Bigo a Bunia

    Dans la même situation que la précédente

    26

    Célibataire

    19 ans

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée avec ses deux amies par des soldats miliciens après avoir subit des tortures

    27

    Célibataire

    20

    Déc.2004

    A Bunia

    idem

    28

    Célibataire

    20

    Décemb. 2004

    A Bunia

    idem

    29

    Divorcée

    33 ans

    Décemb. 2004

    A Bunia

    Lors des fuites, prise avec ses autres soeurs dont une va décéder sur place pendant l'acte sexuel

    30

    divorcée

     

    Novemb 2006

    A Bunia

    Dans la brousse par des inconnus, en provenance de la source d'eau

    31

    divorcée

     

    Nov 2006

    A Bunia

    idem

    32

    -

    19

    Janv 2007

    A Bunia

    Violée par des jeunes gens miliciens profitant des troubles du 23 janvier 2007

    33

    Célibataire

    33

    Janv2007

    A Bunia

    Violée par des jeunes gens miliciens après avoir été pillée

    34

    Célibataire

    19

    Janv2007

    A Bunia

    Travailleuse de la victime précédente de 33 ans, violée dans la même circonstance

    35

    Célibataire

     

    Janv2007

    A Bunia

    Cas frais, subissant une forte dépression

    36

    Célibataire

    18

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée après avoir assisté à l'égorgement de leurs mère et père appartenant à l'ethnie recherchée par les milices

    37

    mariée

    24

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée par trois miliciens

    38

    39

    Célibataire

    Célibataire

    23

    Déc 2004

    A Bunia

    Violée par des combattants

    40

    mariée

    17

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée dans des situations compliquée qu'elle n'arrive pas à expliquer clairement et sur ce on suppose que l'acte a été posé plusieurs fois par plusieurs personnes

    41

    Célibataire

    27

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée dans leur maison en présence des parents

    42

    Célibataire

    26

    Déc.2004

    A Bunia

    idem

    43

    Célibataire

    23

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée par des inconnus lors des fuites

    44

    veuve

    36

    Déc.2004

    A Bunia

    Elle s'est vue pillée puis revenu, violée après avoir assistée à l'égorgement de son mari

    45

    veuve

    30

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée par des combattants

    46

    Célibataire

    14

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée par des combattants

    47

    Célibataire

    19

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée par des combattants

    48

    Célibataire

     

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée par des inconnus armés

    49

    mariée

     

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée par deux miliciens parlant lendu

    50

    Célibataire

    30

    Déc.2004

    A Bunia

    Violée a leurs domicile par des jeunes gens du quartier devenus miliciens.

    Source :

    Ce tableau montre que les violences sexuelles en Ituri ont indistinctement frappé les femmes de tous les âges et quel que soit statut matrimonial (célibataire, mariée, divorcé ou veuve). Mais, les jeunes filles ou dames de mois de 25 ans semblent avoir été particulièrement visées. Les violeurs appartiennent aussi bien aux milices locales, aux groupes rebelles que forces régulières.

    Toutes ces violences sexuelles ont entraîné plusieurs conséquences dont :

    - la prostitution des filles et femmes mariées ;

    - l'infidélité et insoumission des épouses envers leurs maris et filles envers leurs parents ;

    - taux de natalité élevé des enfants sans paternité déclaré ;

    - abandon des études par des jeunes filles pour s'enrôler da s'armée ;

    - exacerbation de l'exploitation de la femme par l'homme ;

    - violence excessif et sans mesure, les femmes et jeunes files sont devenues des cibles de choix lors des conflits armés et souffrent beaucoup plus ;

    - les femmes et jeunes filles ne sont pas seulement victime des conflits, elles en sont des agents actives ; elles peuvent choisi de participer aux conflits ou de fournir un soutien non militaire ou bien être manipulées ou forcées à jouer différents rôles. Elles sont contraintes de devenir esclaves sexuelles ou de servir de domestique aux groupes armés.

    - rejet par le conjoint en cas de viol ;

    - culpabilisation de la survivante abandonnée après viol ;

    - déstabilisation familiale où la femme est au centre ;

    - rejet sociale ou isolement après avoir être violée.

    C'est pour lutter contre ces conséquences que quelques organismes humanitaires apportent de l'assistance psychosociale aux femmes victimes des violences sexuelles à l'effet d'assurer leur réinsertion sociale. L'action de ces organismes et sa perception par les femmes bénéficiaires constituent l'essentiel du troisième chapitre.

    2.2.2. Les conséquences des violences sexuelles

    Elles sont multiformes. On note :

    § Des conséquences physiques : Les blessures , les lésions , les maladies l'infection sexuellement transmissibles, les VIH-SIDA , les grossesses non désirées, les troubles menstruels , les troubles gynécologies, l'hémorragie, la mort, le désespoir qui constitue l'une des attitudes des personnes ayant longtemps ou horriblement souffert. Cette altitude se manifeste à travers les cris de lamentation implorant un secours et se dit avoir perdu sa force) ;

    § . Des conséquences psychologiques : la peur, la honte, la souffrance morale, la dépression, le traumatisme, le dégoût, l'impuissance, l'insécurité ,la culpabilité (cela peut être vraie ou faux. Elle est vraie quand elle découle d'une expérience subjective faite par la victime réellement violée. Elle est fausse quand le sentiment de culpabilité devient exagéré et inutile. Par ce sentiment, la victime reconnaît a son viol une ouverture de part ses propres faiblesses), attitude de rester sur son passé c'est-à-dire sur l'acte quelle a subi. Elle est psychologiquement abattue si bien qu'elle a une apparence maladive bien qu'elle se manifeste par une lésion organique détectable par le médecin ; l'inquiétude (la victime est souvent agitée par la crainte de la mort suivant les dommages causées sur elle. Parce qu'aussi beaucoup de fois c'est l'incertitude au sujet de son avenir qui fera sa préoccupation. De même une régression psychologique bat record. Elle se trouvera dans un fossé dans lequel les intervenants devrant la faire des personnes victimes des viols. Cette solitude devient un problème quand la personne n'a pas une descendance. Il arrive aussi d'être porteuse d'un mauvais sort. Elle s'accompagne d'une hostilité manifeste à l'égard de la victime).

    Ces déverses attitudes de la victime face à son état de santé exigent des intervenants un esprit de discernement et forte observation, en vue de déterminer l'attitude exacte pour que leurs interventions ne plongent pas la bénéficiaire dans sa dépression ou culpabilité. Ce qui risque d'aggraver son état de santé physique et psychique.

    CHAPITRE III : LES OPINIONS DES FEMMES VICTIMES DES

    VIOLENCES SEXUELLES EN ITURI SUR LEUR PRISE

    EN CHARGE

    Les femmes et jeunes filles victimes de violences sexuelles de l'Ituri en général et de Bunia en particulier, bénéficient de l'assistance psychosociale leur apportée par quelques organismes qui opèrent dans le secteur humanitaire. Nous avons voulu dans ce travail voir comment ces femmes et jeunes filles apprécient la manière dont elles sont pises en charge par ces organismes. Avant d'y arriver, nous allons dans la première section présenter quelques organismes de prise en charge psychosociale des victimes des violences sexuelles en Ituri. Dans la deuxième section nous allons décrire notre démarche méthodologique. Dans la troisième section nous présentons les résultats de nos enquêtes qui sont interprétés dans la quatrième section.

    III. 1 : QUELQUES ORGANISMES D'ASSISTANCE PSYCHOSOCIALE

    Depuis le déclenchement des conflits en Ituri en 1999, quelques organismes se sont mis en branle pour apporter de l'assistance psychosociale aux femmes et jeunes filles victimes des violences sexuelles. De diverses natures, ces organismes sont locaux, nationaux et internationaux. Parmi eux, on peut dénombrer les ONG, les églises, certaines branches spécialisées du système des Nations Unies. Citons à titre indicatif la Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral (SOFEPADI), la Cooperazione Internazionale (COOPI), le Centre d'intervention Psychologique (CIP), le Médecin Sans Frontière (MSF), le Comité International de la Croix Rouge (CICR), le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), Centre Droits et Démocratie, la Ligue pour Lecture de la Bible, etc.

    Ces organismes ont un champ d'action assez large qui dépasse seule assistance psychosociale. Leur intervention comprend entre autres l'octroi à toutes les victimes de la guerre des équipements de première nécessité tels les bâches, les tentes, pour se protéger contre les intempéries ; la fourniture d'eau potable et de denrées alimentaires ; la prise en charge médicale par l'administration des soins médicaux et des médicaments, etc.

    Dans le domaine de l'assistance psychosociale proprement dite, ces organismes orientent leurs actions dans le sens d'offrir aux victimes des violences sexuelles des conditions psychologiques et sociales leur permettant de retrouver leurs statuts au sein de leurs familles et de leurs communautés.

    En somme, ces actions consistent notamment à :

    - l`identification des victimes de viols et violences sexuelles perpétrés par les miliciens, les civils et les militaires du gouvernement dans le contexte des guerres d'Ituri;

    - au transport des victimes de violences sexuelles du lieu du viol au Centre de Transit et d'Orientation (CTO) pour la prise en charge psychosociale ;

    - l'organisation des panels (entretiens multiples) en vue de libérer les victimes des violences sexuelles des traumatismes qui les accablent ;

    - la protection, encadrement et apprentissage de l'artisanat et autres métiers aux femmes et jeunes filles victimes des violences sexuelles ;

    - l'accompagnement judiciaire des victimes de violences sexuelles ; etc.

    Toutes ces actions visent à redonner aux victimes de violences sexuelles des conditions, psychologiques et sociales leur permettant de retrouver leurs statuts au sein de leurs familles et de leurs communautés. Il s'agit d'assurer une prise en charge holistique des victimes de violences pour leur garantir le recouvrement d'une santé psychique et le bien être social. Dans leur agenda, ces organismes visent également à appuyer les communautés dans l'adoption de mécanismes appropriés de protection des femmes et des jeunes filles, de réduction des risques de violences contre les femmes et les jeunes filles, de soutien et de solidarité avec les victimes et de changements socioculturels pour lutter contre ces violences sexuelles.

    Pour réaliser ces missions qu'ils se sont assignés, ces organismes ont adopté plusieurs stratégies, notamment la sensibilisation, l'animation à la base, la réinsertion socio-économique et la formation des femmes leaders communautaires.

    Par ces actions, ces organismes ont pu contribuer à soulager la plupart des femmes et les jeunes filles qui ont subi les violences sexuelles en Ituri en général, et dans la ville de Bunia en particulier. Nous avons cherché à connaître la perception qu'ont ces femmes et jeunes filles de l'assistance psychosociale qui leur est apportée par ces organismes humanitaires qui opèrent dans cette partie de la RDCongo. C'est l'objet des sections suivantes.

    III.2. ORGANISATION DE L' ENQUETE

    1. Univers d'enquête

    Le nombre des victimes des violences sexuelles commises au cours des conflits armés en RDC, et précisément en Ituri est estimé à des dizaines des milliers. Il est cependant difficile de parvenir à des chiffres exacts. Les seules données existantes sont celles fournies par Human Rights Watch pour la période allant de juin 2003 à janvier 2005 qui estime à 3.500 le nombre des femmes et jeunes filles victimes des violences sexuelles. Ces données constituent déjà une bonne base sur laquelle nous pouvions mener les enquêtes. Mais, elles doivent être relativisées étant données tenant compte de plusieurs facteurs influant sur les fiabilité. Remarquons que la période couverte par notre étude (1999 à 2007) déborde largement celle prise en considération par Human Rights Watch (2003-2005). Il en résulte que plusieurs autres cas de violences sexuelles échappent à la comptabilité établie à ce jour. Ceci pour plusieurs raisons.

    En effet, le manque de sécurité dans des nombreuses régions, l'inaccessibilité de certains lieux et l'impossibilité physique ou matérielle de certaines victimes de se déplacer, rend difficile l'obtention des données exactes.

    La peur de représailles de la part des auteurs des viols et le risque d'être rejetées par leurs familles ou méprisées par leur communautés empêchent souvent également les victimes de rompre le silence. Certaines victimes ne demandent des soins que des jours, des mois voire des années après avoir été violés ; ce qui rend difficile la tâche d'évaluer l'état actuel de la situation.

    Par conséquent, il est difficile de déterminer la taille de notre univers d'enquête. Quand bien même nous aurions de la taille exacte de l'univers d'enquête, l'étendue, la modicité de nos moyens matériels et financier et le bref séjour à Bunia ne nous auraient par permis d'entrer en contact avec chacune des unités faisant partie de l'univers d'enquête.

    C'est pourquoi, nous avons procédé par l'échantillonnage pour prélever quelques individus sur lesquels nous avons fait notre enquête.

    2. Echantillon du travail

    Bernard BEKELSON définit l'échantillon comme un choix scientifique dans l'ensemble d'une population.2(*) Il s'agit d'en prélever une portion, car la population toute entière ne peut être examinée en particulier parce qu'elle est trop nombreuse par rapport aux moyens dont dispose le chercheur.3(*) Il constitue une partie représentative de personnes à interroger au cours d'une enquête sondage. Jacques Maître abonde dans le même sens lorsqu'il parle de sondage, c'est-à-dire de recensements sur les questionnaires d'opinion. A ce sujet, il estime que la théorie statistique des jugements sur l'échantillon permet de résoudre pratiquement le problème que l'on traite.

    Pour constituer notre échantillon, nous avons fixé les critères de sélection ci-dessous :

    · Avoir été réellement victime de la violence sexuelle ;

    · Avoir bénéficié de l'assistance psychosociale.

    Etant donné que la taille réelle de la population mère n'est pas connue, nous avons accidentellement prélevé un échantillon de 50 unités. Etant donné les difficultés d'accessibilité, de disponibilité et de dénombrement de toutes les victimes, nous avons donc travaillé avec celles qui ont été disponibles au moment de notre passage.

    Outre ces 50 enquêtées auxquelles nous avons administré systématiquement notre questionnaire, nous avons eu des entretiens pendant notre stage au Centre d'Intervention Psychosociale (CIP/Ituri) avec quelques femmes et jeunes filles victimes des violences sexuelles sous la supervision des assistants sociaux. Nous avons aussi recueilli les avis et considérations des certains agents actifs au service de cette population victime.

    Notons qu'en dépit de toutes les stratégies mises en place pour la récolte des données, révélons tout de même que l'une des conséquences des violences sur les victimes est le développement chez les femmes et jeunes filles victimes des violences sexuelles d'une certaine méfiance vis-à-vis d'autres personnes surtout celles de l'extérieur. Cet état des choses n'a pas rendu facile nos entretiens avec les enquêtées.

    Instrument de travail

    Pour réaliser ce travail, nous avons fait appel à la technique du questionnaire administré sous forme d'interview. Les questions posées dépendaient de la situation d'une victime à une autre, dans le strict respect de sa personne. Nous avons adopté une attitude d'assistante sociale afin de mettre en confiance nos enquêtées pour obtenir le maximum d'informations utiles à la réalisation de notre étude.

    Récoltes des données

    Signalons que nous avons suivi une formation assurée par les agents spécialisés pour que notre façon de nous entretenir avec les victimes ne puisse pas constituer un autre problème pouvant les enfoncer dans les situations de choc ou pour certaines au retour à des situations stressantes précédentes.

    Comme la majorité des victimes se retrouve dans des milieux périphériques, nous étions obligée d'effectuer des très longs trajets pour une bonne conversation.

    Présentation des résultats de l'étude

    Pour des raisons de commodité du travail, il a paru pratique de présenter les données d'enquête recueillies sur terrain dans un enchaînement logique, impliquant toutes les victimes interviewées, leurs états matrimoniaux, leurs âges, même si quelques unes d'entre elles ne pouvaient pas décliner facilement leurs âges, les circonstances ayant favorisé l'acte de viol, les organismes de prise en charge et leurs opinions sur les actions de prise.

    Les résultats sont présentés dans des tables simples reprenant les opinions, les effectifs et les fréquences.

    .

    III.3. Présentation et interprétation des données

    II.3.1. Présentation des résultats

    a. Identification des d'enquêtées

    Tableau n°2 : Répartition des enquêtées selon l'âge.

    Tranche d'âge

    Fréquence

    Pourcentage %

    10 - 15 ans

    16 - 20 ans

    21 - 25 ans

    26 - 30 ans

    31 et plus

    Ne connaissait pas

    2

    15

    10

    7

    8

    8

    4

    30

    20

    14

    16

    16

    Total

    50

    100

    Source : nos enquêtes

    A la lumière de ce tableau, 15 sur 50 soit 30% de nos enquêtées se retrouvent dans la tranche d'âge qui varie entre 16 et 20 ans, 10 soit 20% entre 21 et à 25 ans, 8 soit 16 %, se situent entre 31 et plus 8 autres ne connaissent pas leur âge, 7 soit 14 % ont un âge qui varie entre 26 et 30 ans.

    Tableau n°3 Répartition des enquêtées selon le niveau d'études

    Niveaux d'études

    Effectifs

    Pourcentages %

    Primaire

    Secondaire

    Universitaire

    Apprenant (en cours d'alphabétisation)

    Sans instruction

    5

    11

    1

    29

    4

    10

    22

    2

    58

    8

    total

    50

    100

    Source : nos enquêtes

    De ce qui précède, 29 sur 50 soit 58 % de nos enquêtées sont en cours d'alphabétisation dans des centres de formation créés par quelques ONG; 11 sur 50 soit 22 % sont celles qui ont fait des études secondaires, 5 sur 50 soit 10 % ont fait les études primaires, 4 sur 50 soit 8 % ne savent ni lire ni écrire.

    Tableau. 4. Répartition des enquêtées selon l'âge selon les confessions religieuses

    Confessions religieuses

    Effectifs

    Pourcentage %

    Catholique

    Protestante

    Musulmane

    Autres églises

    4

    13

    3

    30

    8

    26

    6

    60

    Total

    50

    100

    Source : nos enquêtes

    Au regard de ce tableau, 30 enquêtées interrogées soit 60% sont dans des confessions religieuses autres que celles précitées, pour certaines parmi elles, la foi ne représente plus rien ; 13 sur 50 soit 26% sont des protestantes, 4 sur 50 soit 8 % sont catholiques, 3 sur 50 soit 6 % enfin sont musulmanes.

    Il ressort de ces données d'identification que la majorité de nos enquêtées sont des jeunes filles ou dames dont l'âge varie entre 16 et 25 ans ayant un faible niveau d'instruction et fréquentant d'autres églises que celles traditionnelles (catholique, protestant et islam).

    b. Opinions des enquêtées

    Tableau. 5. Personnes bénéficiaires de l'aide psychosociale

    Réponses

    Effectifs

    Pourcentage %

    Ayant été prise en charge

    En cours de prise en charge

    Au début de prise en charge

    30

    15

    5

    60

    30

    10

    Total

    50

    100

    Source : nos enquêtes

    Il ressort de ce tableau que 30 enquêtées soit 60% des enquêtées ont déjà bénéficié de la prise en charge psychosociale et réinsérées dans la vie sociale ; 15 sur 50 soit 30% sont en plein processus de prise en charge psychosociale, et 5 sur 30 soit 10 % sont au début de la prise en charge psychosociale.

    Tableau n°6. Appréciation de la prise en charge psychosociale

    Opinions

    Effectifs

    Pourcentage %

    C'est suffisant

    Ce n'est pas suffisant

    Cela dépend

    35

    12

    3

    70

    24

    6

    total

    50

    100

    Au regard de ce tableau, 35 sur 50 enquêtées sont 70 % semblent être satisfaites du service rendu par les intervenants, 12 sur 50 enquêtées soit 24 % ne sont pas satisfaites, 3 sur 50 soit 6 % n'ont pas un point de vue clair.

    Tableau 7 : Propositions des enquêtées pour une amélioration de leurs situation

    Réponses

    Effectifs

    Pourcentage %

    Avoir une activité rémunératrice

    Entrer dans le mariage

    Arrestation et sanctions contre les violeurs

    Quitter le lieu où l'on a subi le viol

    Intégrer un groupe armé en vue de représailles

    Aller à l'école, support pour éducation

    Rester aux côtés des assistants sociaux

    Obtenir une reconnaissance officielle de leurs souffrances

    Etre dédommagées

    Plusieurs besoins à la fois

    10

    10

    5

    2

    1

    7

    3

    3

    4

    5

    20

    20

    10

    4

    2

    14

    6

    6

    8

    10

    total

    50

    100

    Sources : nos enquêtes.

    Au regard de ce tableau, 10 sur 50 femmes soit 20% de nos enquêtées souhaitent avoir une activité personnelle génératrice des revenus et dans la même proportion sont celles qui souhaitent se marier, 7 sur 50 femmes soit 14 % souhaitent aller à l'école, mais aussi avoir un support pour l'éducation, 1 sur 50 femmes soit 2 % soutiennent la prise des armes pour participer au combat et dans la même proportion celles qui souhaitent qu'on tue les malfaiteurs.

    III.2.2. Interprétation des données

    a. Portrait des enquêtées

    Sur ce point, nous revenons sur les variables âge, niveau d'études et confession religieuse.

    A propos de l'âge, la majorité de nos enquêtées affirment avoir l'âge variant entre 16 et 20 ans. Cet état de chose peut s'expliquer par le fait que la jeune fille a été la plus visée par les combattants des différents groupes armés comme objet de jouissance ou encore comme le maillon le plus faible à partir duquel le camp ennemi pouvait être humilié. Il semble que l'objectif poursuivi par les violeurs est celui de détruire la génération future du camp ennemi représentée par la jeune fille.

    Ce constat se dégage davantage, lorsque 22 % seulement de nos enquêtées déclarent avoir atteint un niveau secondaire en matière d'instruction. D'ailleurs, la plupart n'ont pas une formation scoalaire. Cela témoigne la pauvreté de la plupart des parents de Bunia incapables d'assurer la scolarité des leurs enfants en général, et des leurs filles en particulier, surtout lorsque l'on sait que dans nos milieux ruraux les filles ne sont bonnes que pour le mariage. Cela démontre à plus forte raison combien il est difficile pour toutes ces femmes et jeunes filles de connaître en profondeur leurs droits et d'ester en justice contre leurs bourreaux.

    Nos statistiques démontrent que toutes nos enquêtées sont des croyantes et essentiellement chrétiennes. Nombre d'entre elles nous ont affirmé trouver le réconfort moral ou la paix intérieure dans les préceptes bibliques. Après avoir connu des situations très douloureuses, et face à l'impuissance, mieux à l'inexistence des structures étatiques, c'est l'église qui se charge de donner des réponses à leurs angoisses existentielles.

    b. Perception de la prise en charge

    Au sujet de la perception, il se dégage de données reprises dans le tableau 6 que la majorité des nos enquêtés sont satisfaites de l'assistance psychosociale leur apportée par les différentes structures interviennent dans ce domaine.

    Faisons remarquer que ces données obtenues à partir de notre questionnaire contrastent avec celles recueillies au cours de nos entretiens avec les mêmes enquêtées et même avec d'autres victimes des violences sexuelles n'ayant pas fait partie de notre échantillon. En effet, la plupart de nos enquêtées ont fustigé le fait que l'assistance psychosociale leur apportée se limite seulement à l'apprentissage et à l'exercice de quelques activités rémunératrices. Et là encore, ces activités sont entreprises dans la perspective communautaire alors que la plupart des bénéficiaires souhaiteraient exercer ces activités pour leur compte personnel. En plus, certaines enquêtées ont stigmatisé le fait que ces activités les mettent en situation de dépendance vis-à-vis de ces structures. Qu'adviendrait-il si les différents bailleurs de fonds arrêtaient leur financement, s'interrogeaient quelques unes de nos enquêtées. Relevons enfin le fait que les activités génératrices de revenus initiées par ces structures le sont sans consultation préalable des bénéficiaires. Ce qui fait qu'elles ne rencontrent pas souvent leur préoccupation ou n'intègrent pas le projet que chacune des bénéficiaires aurait initié si elle en disposait personnellement le moyen.

    En outre, il sied de noter que la prise en charge psychosociale des victimes des violences sexuelles à Bunia se limite aux aspects socioéconomiques ignorant les dimensions sociales et culturelles. Et pourtant, pour être efficace, cette prise en charge devait être holistique ou intégrale, c'est-à-dire prendre en considération toutes les dimensions de la vie en société. C'est cet oubli des aspects socioculturels qui justifient le sentiment d'insatisfaction ressenti par la plupart de nos enquêtés. L'analyse des différentes propositions émises par les enquêtées pour une amélioration de leurs situations nous le démontre.

    En effet, l'analyse des propositions émises par les enquêtées fait ressortir que l'assistance psychosociale leur apportée n'a pas effectué la catharsis psychique et sociale qu'elle était sensée réaliser. La plupart des enquêtées semblent encore être préoccupées par leur sort et leur devenir social. Certaines enquêtées éprouvent encore la honte, l'humiliation et l'indignité et ne se considèrent plus comme membres effectives de leur famille ou communauté. Elles souhaitent s'éloigner de leur milieu pour être à l'abri du regard critique de leur communauté. Nous voyons là que non seulement ces femmes victimes des violences sexuelles n'acceptent pas ou refusent d'intérioriser leur condition actuelle mais aussi leur communauté ne facilite pas leur réinsertion sociale en continuant à les stigmatiser. Dans ces conditions, la prise en charge psychosociale ne devait-elle pas être élargie à la communauté dans son ensemble (parce qu'elle a été aussi violée du fait de la transgression de certaines de ses valeurs) pour qu'elle accepte ces femmes victimes des violences sexuelles comme ses membres à part entière.

    Cette inquiétude face l'incertitude du lendemain transparaît dans la proposition faite par certaines enquêtées qui estiment que leur situation ne peut s'améliorer que si elles entraient dans le mariage. Comme nous le savons, dans la vision du monde africaine, la femme ne trouve sa plus noble expression que dans le mariage. Il est donc légitime que certaines de nos enquêtées trouvent dans le mariage le symbole de leur réinsertion sociale. Or celle qui a été violée et violentée apparaît comme souillée aux yeux de la communauté, et donc indigne pour être épouse. Une fois de plus, il appartient à ces structures d'assistance psychosociale de conscientiser les différentes communautés afin que ces femmes victimes des violences sexuelles ne pas également victimes de la discrimination matrimoniale.

    Aussi, pour la majorité de nos enquêtées, elles ne peuvent être réhabilitées dans leur dignité d'être humain sans que la société dans laquelle elles vivent reconnaisse qu'elles ont été agressées dans leur intimité et que ceux là qui se sont rendus coupables des violences sexuelles ne soient sanctionnés par la société. C'est pourquoi, nombreuses parmi nos enquêtées pensent que pour panser leur blessure il faille que l'on reconnaisse officiellement leur souffrance, que tous les coupables soient mis aux arrêts, jugés et condamnés et qu'elles obtiennent le dédommagement des violences sexuelles qu'elles ont subies.

    De tout ce qui précède, il apparaît que l'assistance psychosociale apportée aux femmes et jeunes filles victimes de violences sexuelles, louable en soi, n'est pas totalement efficace. Elle n'a pas réussi a extirpé tous les traumatismes qu'endurent ces femmes et jeunes filles qui continuent à vivre sous l'emprise des frustrations dues aux violences sexuelles. C'est ainsi que certaines parmi elles pensent intégrer elles aussi les groupes armés pour se faire justice en organisant de représailles contre leurs bourreaux qu'elles voient circuler librement et en toute impunité. Il y a là à craindre la persistance et l'escalade des conflits dans le District de l'Ituri.

    En définitive, l'approche psychosociale de prise en charge des victimes des violences sexuelles en Ituri en général, et dans la ville de Bunia en particulier, a bien montré ses limites. D'abord, elle ne prend en compte que les dimensions économiques. Ensuite, elle s'arrête aux individus. Or, comme nous l'avons mentionné plus haut, les viols n'ont pas concerné que ces femmes et jeunes filles, mais aussi et surtout la société tout entière qui a vu ses normes, ses moeurs et ses valeurs transgressées par ces viols. Il sied donc, au-delà de la prise en charge individuelle, étendre l'action à la société dans son ensemble pour que celle-ci se trouve réhabilitée.

    CONCLUSION

    Notre étude s'inscrit dans la conjoncture de recherche de solution au drame qui détruit la femme et la jeune fille en République Démocratique du Congo, et précisément en Ituri.

    Cette étude porte sur la situation de la femme, victime des violences sexuelles, celle d'Ituri.

    Notre interrogation s'est basée autour de deux petites questions à savoir :

    · Les interventions mises en place jusqu'ici par les diverses organisations sont-elles efficaces ?

    · savoir si des poursuites judiciaires ont été effectivement entamées afin de réprimander les auteurs de ces crimes ?

    En guise d'hypothèse, nous avons estimé que l'aide apporté aux femmes victimes des viols est importante pour quelques unes mais pour d'autres, cela ne fait que les enfoncer car, elles deviennent des dépendantes éternelles et ne savent pas oublier leurs remords. Aussi, les femmes victimes de viols ne veulent pas dénoncer leurs malfaiteurs, cas des quelques unes, et d'autres ne connaissent pas leurs droits et devoirs, ce qui fait que les auteurs soient libres de faire ce qu'ils veulent.

    Au regard de tout ce qui précède, la méthode systémique nous a aidé à mieux appréhender la situation sous examen. La récolte des données nous a été facilitée d'une part, par des techniques d'observation directe et d'autre part, par l'échantillonnage et la documentation. Cette technique de récolte des données s'est concrétisée sous différentes étapes dont l'expérimentation, la mesure, le contrôle et l'explication.

    Au terme de nos analyses et interprétation des données de terrain, il s'avère de noter que nos hypothèses ont été confirmées.

    Les principaux résultats auxquels l'enquête a abouti sont les suivants :

    · l'apport des intervenants pour la prise à charge des victimes des violences sexuelles est suffisant pour la majorité des bénéficiaires ;

    · La présente situation psychosociale des femmes victimes prises en charge est rassurante par rapport à celles qui ne sont pas intéressées par différentes interventions

    · La sensibilisation pour une prise de conscience pour que les malfaiteurs ou des responsables soient poursuivis et traduit en justice devra être prise en compte.

    · Comme suggéré par la majorité des nos enquêtées, la société devra être informée ou éduquée pour une bonne réception des victimes afin qu'après les soins médicaux, elles redeviennent très utile et recherchées.

    Ainsi en guise de suggestion, nous proposons aussi bien à l'Etat congolais, qu'aux organismes internationaux oeuvrant sur place en Ituri, aux Eglises qu'à toutes les autres organisations de prise en charge psychosociale, de travailler davantage dans le sens de l'efficacité dans le travail en faveur des victimes. Concrètement, l'Etat devra assumer sa responsabilité et ne tolérer aucun laxisme de la part du personnel judiciaire.

    Les ONG, les médias et les églises doivent former et sensibiliser la population sur les moyens de prévenir les violences sexuelles et sur leurs conséquences. Les facteurs de risque étant encore nombreux, il faudra aussi d'une façon pratique éduquer sexuellement les familles, restaurer les instances judiciaires et vulgariser les droits de la femme et de l'enfant. Pour ceux qui interviennent, il faudra écouter avec empathie et être à la hauteur de la confiance que la victime offre à celui ou à celle qui l'aide.

    S'il arrive que le drame survienne dans l'entourage, le rôle de chacun (conjoint, parents, communauté) est de soutenir la victime et non pas d'en faire une coupable et de la rejeter. Arrive aussi que la victime tombe enceinte et accouche, cet enfant n'y est pour rien. Il n'est pas responsable du drame qu'a connu sa mère. Il a alors droit d'être aimé, entouré, éduqué et lui transmettre toutes les valeurs possibles.

    Le nombre de cas des violences ne connaît pas de ralentissement car, les violences jusqu'au temps où nous étions sur terrain continuaient, ainsi nous pensons qu'une forte sensibilisation sur la promotion et la distribution des préservatifs féminins pourraient être une mesure de prévention efficace contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles.

    BIBLIOGRAPHIE

    I. OUVRAGE

    1. GAUTHIER de Villers et autres, guerre et politique, les trente derniers mois de Laurent Kabila, (Août 1998 - janvier 2001), l'Harmattan, 2001

    2. GAUTHIER, B, Recherche sociale, de la problématique à la collecte des données, Québec, PUQ, 2003

    3. Dictionnaire « le petit Larousse » Paris, 1995

    4. ISABELLE DROY, la femme et le développement rural, Paris, Karthala 1981

    5. LISETTE BANZA et CHRISTIAN HEMEDI, la femme dans la tourmente des guerres en RDC, le mémorial, Kinshasa, mars 2003

    6. MALANDA, N, F, la nouvelle constitution de la transition de la RDC : aspect juridique, politique économique et socioculturelle Konrad A, 2003

    7. MULUMA MUNANGA, le guide de chercheur en Sciences Sociales et Humaines, SOGEDES, Kinshasa, 2003

    8. PETRONILLE KAYIBA et Flavie MUZUMANGA, femme blessée, femme libératrice dans l'église famille, Baobab, Kinshasa, 1985

    9. SHOMBA KINYAMBA. Méthodologie de la recherche scientifique, Kinshasa, PUK, 2002

    11 LÉVIS STRAUSS c ; Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958

    II. ARTICLE, REVUE, JOURNAUX, ET SITE INTERNET

    1. CICR, l'impact des conflits sur les femmes, 2 mars 2001, lire sur internet le site www.CICR.Org

    2. CICR, la disponibilité des armés et la situation des civils dans les conflits armées, Genève, CICR, 1999

    3. Dominique MUNONGO, souffrance des femmes in périodique de la MONUC volume IV, n° 28, 2003

    4. KASSAY, J, Terrorisme sexuel et VIH/SIDA : violence faite à la femme africaine par les forces et groupes armées in Mouvements des Enjeux sociaux, Kinshasa.

    5. NZONZO Camille, lutte pour la femme in MONUC MAGAZINE, n° 09, 2004

    6. Périodique de la MONUC, vol IV, n°28

    7. RIGOBERT MUNANI, B, la violence faite à la femme in périodique de la MONUC, n° 09, 2004

    III. MEMOIRES ET TFC

    1. KAVUO MUHIWA, L, De la participation de femmes congolaise à la transition Démocratique en RDC, cas des celles du PPRD, RCD-K/ML et RCD-GOMA, TFC en S/A FSSAP, UNIKIN, 2004-2005

    2. KISEMBO RWAKAIKARA,S, Impact des conflits armés sur l'économie rurale de la République Démocratique du Congo, cas de l'Ituri, mémoire en économie FSSEG, UNIKIN, 2003-2004

    3. OGA UKELO, le conflit interethnique en Ituri dans la province orientale entre « Hema et Lendu ». Contribution à la recherche de solution, mémoire en SPA, FSSAP, UNIKIN, 2001-2002

    IV. SEMINAIRES 

    1. AMBOKO JEANNE, séminaire des formations des agents sociaux, Bunia-Ituri, Déc 2006, inédit

    V Wébographie

    - http://www.cnls.gov.rw/pdf/conference_recherche.pdf

    - http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre

    - 28 http://fr.wikipedia.org/wiki/Violence

    - ANNEXE

    Questionnaire guide d'enquête.

    NOM :

    AGE :

    RELIGION :

    STATUT MATRIMONIAL :

    NIVEAU D'ÉTUDE :

    ETHNIE :

    1. Etes -vous réellement victime des violences sexuelles ?

    2. Quelles sont les conséquences de ces violences sur vous ?

    3. Etes-vous prise en charge par une personne ou une ONG après ce drame ? Si non, aller au 6.

    4. Si oui, comment appréciez-vous cette prise en charge ?

    5. Pensez-vous que c'est suffisant pour votre bien être ?

    6. Avez-vous entendu parler de la Cour Pénale internationale ou d'une maison de poursuite judiciaire ? Si oui, comment ?

    7. Pensez-vous que la CPI ou autres maisons de poursuite peuvent arrêter les criminels ?

    8. Accepteriez-vous de parler ouvertement en public, comme une cour ou une audience publique, de ce qui est arrivé à vous et à votre famille ?

    9. Quelles sont vos propositions par rapport à votre situation pour une amélioration des choses.

    * 1 Banza,L, et Hemedi,C la femme dans la tourmente des guerres en R.D.Congo, le mémorial, Kinshasa, mars 2003, P.5.

    * 2 SHOMBA KINYAMBA, S, Méthodologie de la recherche scientifique, PUK, 2002, P.31.

    * 3 BANZA,L, et HEMEDI, C, Op.cit, P.13.

    * 4 MINANI BIHUZO,R, la violence faite à la femme in périodique de la Monuc, volume IV, n° 28, P.6

    * 5 MONUC, Rapport spécial sur les événements d'Ituri (Janvier 2002-décembre 2003), New York, 2004, p.5

    * 6 CICR, l'impact des conflits sur les femmes, 2 mars 2001, lire sur le site WWW.cicr.org consulté 12 avril 2007

    * 7 BANZA M.L et HEMEDI, C, La femme dans la tourmente des guerre en RDC, Kinshasa, 2003, P.11

    * 8 http://hrw.org/french/reports/2005/drc0305/2.htm

    * 9 Javeau, C, cité par Muluma M.A, Le guide du chercheur en sciences sociales et humaines, SOGEDES, Kinshasa, 2003, p, p 87-88

    * 10 Idem, p. 95

    * 11 Javeau, c, p 105

    * 12 Gauthier, B, Recherche sociale, De la problématique à la collecte des données, PUQ, 2003, p.273

    * 13 Dictionnaire, Le Nouveau petit Robert, Paris, 1995, P.1057.

    * 14 http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre

    * 15 http://fr.wikipedia.org/wiki/Violence

    * 16 Idem

    * 17 AMBOKO Jeanne, Séminaire de formation des formateurs des agents sociaux, Bunia, 2006.

    * 18 Dictionnaire « Petit Robert » Paris, 1995, p.905

    * 19 Dictionnaire le petit Robert, Paris, 1995, p.,798

    * 20 Isabelle Droy, la femme et le développement rural, Paris, kart hala, 1981, p.16

    * 21 Dictionnaire « le nouveau petit robert Paris, 1995, P. 439

    * 22 Idem, p2299

    * 23 OGA UKELO, le conflit interethnique en Ituri dans la province oriental entre « Hema et Lendu » contribution à la recherche d'une solution, Mémoire, L2 SPA, UNIKIN, 2001-2002.

    * 24 Association culturelle Lori, cité par KISEMBO,R,E, dans l'impact des conflits armées sur l'économie rurale de la République Démocratique du Congo, cas de l'Ituri, Mémoire, L2 économie, UNIKIN, 2003-2004.p.43

    * 25 Idem, p.50

    * 26 HRW, janvier 2001, contexte historique du conflit Hema et Lendu dans les zones sous contrôle ougandais, cité dans le livre Blanc, Kinshasa, p.58

    * 27 Rapport sur la situation des droits de l'homme en RDC, 1 février 2001, cité dans le livre Blanc, Kinshasa, p.58.

    * 2 BEKELSON B. : Programme de régularisation des naissances dans le monde, New York (une

    population concil), 1971, p. 24

    * 3 Reuchlin cité par Nentoto, Analyse du processus d'engagement à l'ONATRA à la planification

    d'éducation et d'emploi, mémoire de licence en sciences de l'éducation, EPSE, UNIKIN, 1993, p.32






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